Merci à Manuka pour son amitié, pour son soutien et pour être ma correctrice préférée.

Ceci est le tout premier chapitre que j'ai rédigé quand j'ai pris la décision de me lancer dans l'écriture de fics. Je ne vous cache pas que j'ai encore du mal à trouver mon style et que je manque parfois d'inspiration, mais je ferai tout mon possible pour finir cette fic qui me tient à coeur. Toutefois je vous demande pardon d'avance si la suite tarde à arriver.

Les personnages appartiennent à Mr Kurumada.


Seika se trouvait au Sanctuaire, entourée par des personnes qu'elle ne connaissait pas mais qui pourtant semblaient l'apprécier. Elle se remémora comment elle en était arrivée là.

Elle était devenue amnésique et ne savait plus d'où elle venait, ni si elle avait une famille. Elle avait quelques fois des flashs. Comme si elle était en plein rêve, elle se voyait suivre un sentier dangereux et étroit, s'accrochant autant qu'elle le pouvait à la paroi de la falaise, pour éviter de tomber dans le précipice bordant l'autre côté du chemin. Puis tout devenait noir et elle avait alors le sentiment de tomber à une vitesse vertigineuse, une chute sans fin, puis une douleur dans la tête la refaisait revenir à la réalité. Tout ce dont elle était sûre c'était qu'elle s'appelait Seika, son nom étant marqué sur ses vêtements.

Elle avait été recueillie par un vieil homme habitant le village de Rodario et portant le nom de Cyriaque. Celui-ci tenait une petite épicerie et c'est lui qui l'avait trouvée évanouie suite à sa chute. Ne sachant pas où aller ni vers qui se tourner, elle était restée avec lui pour l'aider à tenir la boutique. Elle le considérait maintenant comme son grand-père. Et pour le vieil homme, Seika était un vrai rayon de soleil. La nouvelle vie de la jeune fille semblait parfois monotone, mais à part ses soucis de mémoire, elle était heureuse.

Souvent, après son travail du matin, elle partait se promener, ramassant des fleurs ou s'allongeant simplement dans l'herbe pour profiter du soleil, observer les nuages en imaginant qu'ils représentaient des animaux, des arbres.

Cela faisait six ans qu'elle vivait avec Cyriaque. Mais un jour, elle vit quelque chose de tout à fait inhabituel. Une chouette plus précisément. Mais que faisait-elle là, en début d'après-midi, alors qu'il s'agissait d'un animal nocturne ?

Lorsque la jeune fille se leva, la chouette, elle, descendit du ciel pour venir se poser sur la branche d'un arbre. Seika s'approcha tout doucement pour ne pas effrayer l'oiseau et fut alors éblouie par la beauté de l'animal au plumage aussi blanc que la neige. Jamais elle n'avait entendu parler d'une telle espèce de chouette. Seika se rappela alors ce que lui avait dit le vieil homme, un soir qu'il lui racontait des contes et légendes:

- On dit que quand un homme est vraiment désespéré, si la déesse Athéna le juge bon, elle lui vient en aide sous la forme d'une chouette nommée Pallas. Elle lui envoie alors des ondes positives, le guidant vers le chemin de la sagesse, lui rappelant que la vie est un cadeau extraordinaire, qu'il faut la vivre à fond et qu'en gardant espoir, aucun obstacle n'est insurmontable. C'est pourquoi, ma petite fille, tu dois chérir et respecter chaque être vivant, en pensant qu'il s'agit peut être d'un Dieu venu t'apporter son soutien.

Soudain, un bruit la sortit de ses pensées : la chouette venait de s'envoler. Seika fut d'abord déçue, mais en relevant la tête, elle s'aperçut que l'oiseau n'avait pas regagné les cieux mais qu'elle voletait juste devant elle. L'animal ne cessait pas de faire de petits allers-retours en piaillant, s'éloignant, puis revenant vers la jeune fille. Ce manège fit d'abord sourire Seika puis elle eut l'impression que la chouette l'invitait à la suivre. Se sentant en confiance comme jamais auparavant, elle se lança alors à la suite du magnifique animal dans une course folle. Elle était essoufflée et commençait à ressentir les méfaits d'un point de côté, mais elle ne pouvait pas se permettre de s'arrêter au risque de perdre la chouette de vue.

C'est ainsi qu'elle se retrouva à l'orée d'un bois. Elle n'avait jamais entendu parler de cette forêt et aurait dû être effrayée, mais ce fut tout le contraire. Elle se sentait étrangement bien, en paix avec elle-même et la nature. Une odeur agréable lui titillait les narines, mélange de fraîcheur et de noisetiers en fleurs, de pins et de lavande, comme une invitation à entrer dans ce domaine. Elle se laissa tenter et pénétra sous le couvert des arbres.

Au début, elle ne faisait pas attention au décor qui l'entourait, trop occupée à fixer la chouette. Mais peu à peu, la fatigue la força à ralentir le rythme de ses pas. La chouette, semblant ressentir l'épuisement de la jeune fille, ralentit elle aussi son vol, permettant à Seika de profiter de ce qui l'entourait. Grâce aux rayons du soleil, luttant pour s'infiltrer dans la forêt, elle put voir des champignons pousser sur la souche d'un vieux chêne sûrement centenaire, un lièvre sortir la tête de son terrier en vérifiant qu'il pouvait partir sans aucun risque, une biche allaiter son petit, des perles de pluie captives d'une toile d'araignée... Partout autour d'elle il y avait la vie, sous toutes ses formes. Elle-même se sentait plus vivante que jamais.

Elle était en train de vivre une aventure qui allait l'emmenait loin, beaucoup plus loin qu'elle ne l'aurait imaginé, même si à cet instant elle ne le savait pas encore.

Depuis combien de temps marchait-elle ? Elle ne le savait pas, elle avait perdu toute notion du temps. D'ailleurs celui-ci semblait s'être arrêté. Elle avait hâte d'arriver au bout du chemin, de pouvoir s'assoir un peu et sa prière fut exhaussée peu de temps après. L'excitation de la jeune fille augmentait au fur et à mesure que la luminosité se faisait plus importante. Elle allait enfin découvrir pourquoi la chouette l'avait amenée ici.

A la fin du chemin, la lumière était devenue trop éblouissante pour ses yeux acclimatés à l'obscurité. Elle les ferma puis les rouvrit tout doucement. Sa vision redevenue nette, elle fut face au plus beau spectacle qu'elle ait jamais vu. Elle se trouvait sur une colline surplombant une prairie magnifique, remplie de fleurs aux couleurs chatoyantes. L'herbe, la plus verte qu'elle ait jamais vue, dansait au gré de la brise qui soufflait. Des papillons blancs se tournaient autour comme dans une parade amoureuse. La chouette, elle, était allée se poser dans un sakura en fleur. Encore une fois la vie lui offrait un beau spectacle.

Mais que serait la vie sans la mort. En regardant un peu plus loin, Seika s'aperçut que cette clairière abritait un cimetière, six tombes exactement. Mais elles étaient si belles, d'une blancheur si éclatante, qu'elles se fondaient dans le paysage. Seika était assez loin et ne pouvait donc pas voir les noms mais ils brillaient tant qu'elle aurait juré qu'ils étaient gravé en lettres d'or sur du marbre blanc. Ce qui surprit la jeune fille fut les dessins sur les tombes. Sur l'une d'elle était gravé un arc et une flèche, sur l'autre on pouvait voir une épée. Sur la troisième on pouvait voir une sorte de crabe dessinée et sur sa voisine deux visages, l'un exprimant la joie, l'autre la tristesse. L'avant dernière était recouverte de roses toutes plus belles les unes que les autres. La dernière était la plus surprenante pour deux raisons. D'une part, on pouvait y voir des plaques de neige, chose rarissime en Grèce, mais surtout un cygne, paisiblement allongé sur la pierre tombale, semblait la garder.

De nombreuses questions lui vinrent à l'esprit. Que faisaient ces six tombes isolées dans cette prairie ? D'où pouvaient provenir les roses et la neige ? Qui pouvait bien reposer dedans ? Sans aucun doute des gens importants pour qu'elles soient aussi belles, se dit-elle. Elle pensa qu'elle trouverait toutes ses réponses auprès de son grand-père.

Comment pouvait-elle se douter que son frère été lié à ces morts puisqu'elle en avait oublié l'existence ?

Plus loin, à l'horizon, bâtis sur une immense falaise, plusieurs temples s'imposaient à ses yeux. On pouvait y accéder par un très long chemin sinueux qui partait de la prairie. Seika en compta treize, chacun de forme différente, chacune relié à un autre par des escaliers. Certains étaient en plus mauvais état que d'autre. Des morceaux de pierre gisaient au sol. Les colonnes s'effritaient. Le treizième temple était beaucoup plus imposant que les autres, mais dans un état tout aussi déplorable.

Là encore, elle ne pouvait pas se douter que son frère avait participé à la destruction de ces piliers. Elle pensa qu'il devait s'agir d'un site archéologique et que tous les dégâts étaient l'œuvre du temps qui passe.

Puis, elle voulut s'approcher un peu. Pas monter jusqu'au sanctuaire, mais juste pénétrer dans la prairie. Mais, au bout de quelques pas, elle eut à nouveau une sorte de flash. Tout devint noir autour d'elle. Mais cette fois-ci, au lieu de revoir sa chute, elle se vit dans un endroit rempli d'enfants. Elle était assise sur un banc, en train de pleurer, quand une main se posa sur son épaule, répandant en elle une douce chaleur. Elle entendit alors la voix d'un petit garçon la réconforter :

- Seika, ne pleure plus, je t'en supplie. On va s'en sortir, il faut garder espoir.

Elle releva la tête pour voir qui était près d'elle, mais elle ne vit qu'une ombre qui s'éloignait. Elle essaya bien de se lever pour lui courir après, malheureusement ses jambes refusaient de lui obéir. Son corps se mit à trembler, un frisson lui parcourant le dos. Tout se mit à tournoyer autour d'elle. Elle ressentit de la nausée avant de s'effondrer.

Quand elle revint à elle, la chouette se trouvait à ses côtés. Elle se releva tout doucement et resta un moment à regarder les temples, le temps de reprendre ses esprits. Quand elle vit que le soleil commençait à se coucher derrière les piliers, elle songea qu'il se faisait tard et qu'il était temps de rentrer. En voyant la jeune fille repartir vers la forêt, la chouette passa devant et la guida jusque chez elle, où elle se mit à hululer frénétiquement avant de partir. Il faisait maintenant nuit.

En entendant le bruit, le vieil homme sortit de la cabane :

- Seika, te voilà enfin ! Je me suis fait un sang d'encre ! Je croyais t'avoir perdu ! Mais enfin, que faisais-tu avec cet animal ?

Seika se lança alors dans une grande explication, en parlant tellement vite qu'elle en oubliait de reprendre sa respiration.

- Grand-père je viens de vivre une aventure fantastique, je me promenai puis j'ai vu une chouette blanche comme la neige, je l'ai suivi et je me suis retrouvée dans une forêt et…

-Tu me raconteras tout ça après manger, lui dit le vieil homme, l'interrompant pour qu'elle retrouve son calme. Tu dois reprendre des forces après tout ce que tu as dû vivre. »

C'est ainsi qu'après un bon repas, elle raconta toute l'histoire : sa rencontre avec la chouette, la traversée de la forêt, la prairie. Et le grand-père écoutait, souriant, emporté par l'enthousiasme de la petite fille.

Mais cet instant de bonheur fut rompu lorsqu'elle évoqua les tombes et les temples. Le visage de l'homme s'était soudainement assombri. Il ne la laissa même pas finir l'histoire et, sentant la colère monter en lui, il cria :

- Je t'interdis de retourner là-bas, tu m'entends ? C'est dangereux ! Les hommes qui vivent dans ce Sanctuaire ne sont que des sauvages et une fille aussi innocente que toi serait une proie bien facile pour eux !

Sans s'en rendre compte, il avait posé ses deux mains sur les frêles épaules de Seika en serrant sa prise. Il était maintenant en train de la secouer.

- Jure-moi que tu ne retourneras pas là-bas, tu entends ? Jure-le-moi !

Seika, qui ne l'avait vu jamais vu dans cet état, était pétrifiée par la peur et bien incapable de lui répondre.

C'est en voyant cette angoisse dans ses yeux que Cyriaque comprit qu'il avait été trop loin. Il desserra aussitôt son étreinte, lui sourit et lui demanda de lui pardonner. Il la prit ensuite dans ses bras, l'emmena jusqu'à sa chambre, la posa délicatement sur son lit et s'assit près d'elle.

- Pardonne-moi, Seika, je n'aurais pas du réagir aussi violement. Mais j'ai tellement peur qu'on te fasse du mal ! Je ne supporterai pas de te perdre, tu es ma seule famille à présent. Promets-moi que tu ne retourneras pas là-bas !

- Grand-père, tu veux bien qu'on en reparle demain ? Je suis épuisée. J'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil pour y voir plus clair, balbutia Seika.

- Bon d'accord, lui répondit-il, un peu contrarié. Repose-toi.

Il se releva, recouvrit la jeune fille avec une couverture et sortit après lui avoir déposé un baiser sur le front.

La porte de la chambre à peine refermée, Seika fondit en larme. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser tant les questions qu'elle se posait fourmillaient dans son cerveau. Elle ne comprenait pas la réaction de cet homme qu'elle croyait si bien connaitre après tout ce temps. Sa sagesse était connue dans le village et personne ne l'avait jamais vu en colère. Alors pourquoi s'était-il emporté ainsi ? Est-ce que cela avait un rapport avec la vision qu'elle avait eu de ce petit garçon ? Non, ça ne pouvait pas être ça, elle n'avait pas même pas eu le temps de lui en parler. Alors le problème venait de ces temples. Mais pourquoi ? Elle n'avait rien fait de mal, sinon les admirer. Et puis le vieil homme lui avait parlé de sauvages. Comment des hommes pourraient-ils vivre dans un droit aussi délabré, tombant en ruine ? En parlant du petit garçon, qui était-il ? Elle s'était sentie si bien en sa présence. Et puis… ? Et puis… ? Et c'est ainsi qu'elle finit par s'endormir, épuisée physiquement par sa folle aventure et mentalement par toutes ces questions qui la hantaient.

L'esprit du vieil homme était tout aussi tourmenté. Sa colère avait fait place à la peur, celle de la perdre, de perdre celle qu'il aimait appeler « son rayon de soleil ». Il s'était déjà inquiété la dernière fois qu'elle lui avait demandé des informations sur Athéna. Comment aurait-il pu lui parler du Sanctuaire sans lui avouer que c'est justement par là-bas qu'elle semblait se rendre au moment de sa chute. Il repensa au jour où il l'avait trouvé.

Il était à ce moment là dans une période difficile. Il avait perdu sa femme, décédée d'une terrible maladie, quinze jours auparavant. Il avait eu tellement mal qu'il avait décidé de la rejoindre. Mais avant cela, il avait quelques affaires à régler, notamment une dernière livraison à effectuer au Sanctuaire. C'est lui qui fournissait la nourriture et les vêtements dont les apprentis avaient besoin.

Bien sur, puisqu'il comptait mourir, qu'il n'aille pas aux temples aurait pu paraître sans importance, mais il voulait revoir une dernière fois l'endroit où il avait rencontré sa femme. A cette époque, elle était cuisinière là-bas et ils avaient appris à se connaitre au fil de ses livraisons. Il avait aussi découvert l'existence des chevaliers, l'entraînement des apprentis et il avait dû signer un contrat de confiance stipulant qu'il devait garder le secret.

Il se rendait donc au Sanctuaire lorsqu'il entendit soudain un grondement sourd, suivi d'un appel au secours. Il se dirigea vers le cri aussi vite que possible et découvrit une jeune fille, gisant par terre, entourée de morceaux de falaises. Pourquoi se trouvait-elle sur un chemin si dangereux ? En tout cas, si elle était tombée de là-haut, le pire était à craindre. Sa première réaction fut donc de prier pour qu'elle ne soit pas morte. Lui, il voulait mourir, mais cette gamine ne le méritait certainement pas. Puis, il s'en approcha, s'agenouilla près d'elle et la prit dans ses bras le plus délicatement possible. Il poussa alors un soupir de soulagement : miraculeusement, elle était en vie. Apparemment ses blessures étaient sans gravité, malgré l'incroyable chute qu'elle avait faite : quelques égratignures, et peut être un poignet foulé. Ce qui l'inquiétait était plutôt l'extrême maigreur de cet enfant. Ça devait faire longtemps qu'elle errait comme une âme en peine. Elle était épuisée, sale, et tremblait de tout son corps. Son front était chaud, et elle était en proie à une terrible fièvre qui la faisait délirer. Elle n'arrêtait pas de se débattre et un nom revenait sans cesse parmi ses gémissements : Seiya.

« Seiya » : ce nom résonnait dans sa tête. Il l'avait déjà entendu au Sanctuaire, il en était certain. Oui c'est ça, comment aurait-il pu oublier cet apprenti si différent des autres ? A chaque livraison, ils voyaient ces pauvres enfants s'entraîner, encaisser les coups sans se plaindre. Il y avait deux catégories, les plus forts dont le regard traduisait de la haine, une envie de détruire l'autre sans faire de sentiments et les plus faibles. Eux, ils n'avaient plus rien dans le regard, si ce n'est une lueur de tristesse de temps à temps. Ils avaient compris que la seule solution pour partir d'ici était la mort.

Seiya, lui était différent. Cyriaque revoyait encore son visage : un petit garçon brun, les cheveux ébouriffés, le regard pétillant, l'air malin. Comme on dit, tête d'ange, mais diable au corps. D'ailleurs il semblait ne pas tenir en place. Quand ils s'étaient rencontrés, l'enfant courait dans tous les sens, essayant de trouver une cachette pour échapper à son maître, sans regarder devant lui. Et ce qui devait arriver arriva, Seiya lui rentra dedans telle une tornade et il fit tomber la cargaison de fruits qu'il portait. Cyriaque était sur le point de crier s'attendant à ce que l'enfant regrette, ayant peur d'une éventuelle sanction mais il se ravisa en voyant son attitude.

- Oups, désolé m'sieur, ce que je peux être maladroit parfois, lui dit-il en tirant la langue. Attendez, je vais vous aidez à ramasser. Je m'appelle Seiya, ravi de vous rencontrer.

Le grand-père avait été tellement abasourdi qu'il était resté sans bouger, à regarder Seiya faire. D'ailleurs l'enfant avait presque fini de tout ranger lorsqu'ils entendirent une voix féminine, visiblement en colère :

- Seiya, reviens ici tout de suite ! Je te promets que si tu loupes ta leçon, tu feras le double de pompes ce soir.

- Oh non ! Je l'avais complètement oubliée. Désolé m'sieur, je dois partir. Si elle me trouve ça va être ma fête.

Le grand-père, touché par cette joie de vivre n'avait pas pu se résoudre à le quitter comme ça :

- Attends, attrapes ça, lui dit-il en lui donnant ses deux plus belles pommes. Mets-les dans tes poches, ça te donnera du courage pour affronter ton maître.

- Merci m'sieur.

Et l'enfant, après lui avoir fait un clin d'œil, reprit sa course folle. Il avait à peine disparu de son champ de vision qu'il vit arriver une femme qui cherchait partout en appelant Seiya. Comme toutes les femmes chevaliers, elle portait un masque qui cachait autant son apparence physique que sa personnalité. Le vieil homme ne put s'empêcher de penser :

- Alors c'est à elle qu'incombe la lourde tâche de briser l'innocence de Seiya, de lui faire quitter le monde de l'enfance pour le plonger dans celui de la violence.

Sorti de ses pensées, Cyriaque était maintenant face à un dilemme. Que devait-il faire de cette jeune fille ? Il était tout près du sanctuaire, le plus simple aurait été de la porter là-bas. Mais que serait-elle devenue une fois soignée ? Bien sur, elle pourrait peut être revoir Seiya mais quel preuve avait-il que c'était bien ce garçon qu'elle cherchait ? Et puis sa rencontre datait d'il y a presqu'un an, dans quel état devait être l'enfant maintenant ? Non, il ne pouvait pas l'emmener dans cet univers de violence où elle devrait subir un entrainement difficile et où elle serait condamnée à porter un masque. La seule solution qui lui vint à l'esprit était de l'emmener chez lui et de la soigner. Lui qui voulait mourir, il pensa que c'était un signe d'Athéna qui lui montrait que la vie était belle et qu'il devait rester en vie.

Quand Seika se réveilla après sa chute, elle était très perturbée mais surtout, elle ne se souvenait de rien. Cyriaque, en la soignant, s'était attaché à elle et il ne voulait pas la voir partir, se retrouver à nouveau seul. Il décida donc de lui cacher la vérité sur l'endroit où il l'avait trouvé et surtout de ne pas lui parler de Seiya. Il avait aussi arrêté les livraisons prétextant être trop vieux pour continuer à porter de lourdes charges.

Mais voila que le destin se jouait de lui et que le passé le rattrapait. Pourquoi cette chouette l'avait-elle amenée là-bas ? Etait-ce la représentation d'Athéna ? Mais alors pourquoi la déesse lui avait-elle envoyé Seika si c'était pour lui reprendre ? C'est avec toutes ces questions dans la tête qu'il s'endormit.