Blabla : Voilà le tome 2 des Monstres de Serpentard qui commence enfin ! Je suis super contente parce que j'ai enfin ma structure quasi définitive de toute l'histoire qui devrait couvrir les 7 années… ça sera horriblement long, gloups ! 5 tomes en tout à priori, de 15 à 20 chapitres à chaque fois, sauf si j'arrive à raccourcir un peu.

Ce tome 2 se déroulera durant les deuxième et troisième années de Tom. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le tome 1 pour comprendre. Je ferai un résumé détaillé du tome 1 au prochain chapitre (ô joie, j'adore ça… ou pas -_- ). Les liens avec mes deux autres fics (Ridicule mon cher Riddle et Déboire d'apprentis Mages Noirs) se resserrent même si là encore, il n'est pas nécessaire de les avoir lues pour comprendre. À noter que la Michalina qui apparaît dans ce prologue EST la Michalina de DAMN.

Résumé : Voilà, c'est dit. Eutropia Grayson a révélé ses origines à Tom Jedusor. Dans une première existence, elle a vécu dans un monde où la magie n'existait pas, où Harry Potter est un best-seller. Et puis elle est morte, renversée par une voiture en 2005. Lui, il lui a parlé de Voldemort, ce spectre de mage noir qui le hante depuis des années et tue une personne chaque mois de juin dans ce qu'il appelle la Moisson. Sans parler d'Elisa Bishop qui elle a eu le privilège de vivre jusqu'en 2017 et donc de lire tous les Harry Potter (ouais, même l'Enfant Maudit dont la canonicité est plus que douteuse). Plus de secret entre eux, donc, ou presque. C'est déjà bien, mais est-ce que ça sera suffisant pour relever les défis qui les attendent ?

Au programme donc :

1. L'arrivée d'autres SI ou spiritame interdimensionnelle, c'est-à-dire des âmes venues d'autres dimensions et conservant les souvenirs conscients de leur vie passée (comme Elisa et Eutropia).

2. De nouveaux profs un peu suspects sur les bords (ils ont vraiment des problèmes de recrutement à Poudlard).

3. Des Barbares qui n'arrivent pas à rester séparés. Aquila Highclaw qui se montre plus fourbe que jamais.

4. Des cours d'éducation sexuelle (parce qu'il en faut bien).

5. Une probable moisson en juin si personne n'arrête Voldemort.

Ah oui, et Morfin Gaunt vient de s'échapper de prison en jurant la mort de Tom Jedusor.

Une scolarité normale, donc, dans Poudlard, l'école la plus dangereuse du monde !


Prologue : l'Aigle et l'Araignée

La forteresse sombre s'élevait au-dessus des flots déchaînés. Le ciel était bouché de gros nuages, l'air saturé d'embrun salé qui le rendait moite et poisseux. Juchée sur son balai, Michalina frissonna malgré la tiédeur de cette journée de juillet. Elle mit cela sur la proximité des détraqueurs.

Ca et peut-être aussi que la vue d'Azkaban.

Michalina n'avait pas encore trente ans, mais elle avait déjà commis suffisamment de crimes pour gagner une cellule à perpétuité dans la sordide prison. Elle aimait se dire qu'elle n'avait pas eu le choix, que la vie l'y avait contrainte lorsqu'elle était bien trop jeune pour y résister. Qu'elle se battait pour des idéaux qui méritaient bien quelques sacrifices. Que tout le bien qu'elle avait fait et qu'elle ferait contrebalancerait tout le mal qu'elle avait fait. Et qu'elle ferait. Oui, elle aimait bien se rassurer ainsi, caresser sa conscience de belles illusions pour mieux la rendormir.

Après tout, elle n'était pas pire que le Jedusor de sa dimension. Il n'avait que dix-sept ans lorsqu'elle l'avait rencontré et déjà plusieurs meurtres à son actif. Alors pourquoi ce mélange de remord et de colère qui lui serrait la gorge à chaque fois que Michalina pensait à lui ? Dans quel but se rendait-elle réellement à Azkaban ? Pour enquêter sur un ennemi ? Ou bien pour racheter ses fautes ?

Peu importait.

Jedusor était la clé.

Ca, Michalina en était convaincue depuis près de cinq ans. Peut-être pas le Jedusor de sa dimension. Celui-là était trop faible. Trop lâche. Incapable d'accepter le grand pouvoir qui était le sien, par crainte des responsabilités qu'il comportait. Mais le Jedusor local avait une histoire différente et Michalina avait besoin d'en comprendre les nuances.

Michalina atterrit au sommet de la tour prévue à cet effet. Un froid glacial la saisit alors même que des détonations et des cris résonnaient dans son esprit. Ca et la douleur cuisante du feu qui ravageait tout.

Expecto Patronum !

Un nuage argenté sortit de sa baguette pour prendre la forme d'un aigle qui vint se poser sur son épaule. Quelques secondes plus tard, le détraqueur responsable des visites venait à sa rencontre. Il s'immobilisa à un mettre d'elle cependant, tenu à distance par le patronus. Michalina fit donc voler jusqu'à lui son autorisation signée en bon et due forme.

Pour se rendre légalement à Azkaban, deux objets étaient nécessaires. Pour passer les sorts défensifs et se poser sur la tour, il fallait une amulette-clé (qui, comme son nom l'indiquait, avait la forme d'une clé) ensorcelé pour ne fonctionner qu'à une heure précise. Et pour passer les détraqueurs, il fallait un document signé. L'ensorcellement de l'amulette-clé faisait appel à un cryptage arithmancique d'une extrême complexité, ce qui rendait son décodage et plus encore sa reproduction presque impossible. Le document quant à lui était signé à l'aide d'une encre ensorcelée unique. En d'autre terme, pour se rendre par les voies légales à Azkaban, il fallait suivre le petit parcours du combattant de l'administration, la contrefaçon étant impossible.

Ce qui rendait l'exploit plus incroyable. Michalina savait que Grindelwald avait le bras long. Le gouvernement anglais, comme la majorité des gouvernement d'Europe, était infiltré en profondeur. Le mage noir avait ainsi pu fournir à Michalina une autorisation officielle de se rendre à Azkaban en un temps record. Encore une fois, Michalina se fit la réflexion que ce Grindelwald-là était bien plus dangereux que le Grindelwald de sa dimension.

On la conduisit à travers les couloirs sombres et humides d'Azkaban. Des cris, des lamentations et parfois des rires fous s'échappaient des cellules. Les cliquetis métalliques des chaînes aussi, et parfois le choc d'une écuelle contre le mur.

On l'installa dans un parloir. La pièce était étroite, mal éclairée, avec une substance poisseuse vaguement verdâtre qui couvrait les murs. A l'image donc, des conditions de détentions des prisonniers anglais. Les sorciers anglais se posaient souvent en parangon de la vertu, critiquant les pratiques des soviétiques. Critiquables, elles l'étaient bien sûr : des purges avaient aussi eu lieu côté sorcier, sans atteindre cependant l'ampleur des purges stalinienne. Michalina n'aimait pas les Soviétiques, eux qui enfermaient les enfants jugés perturbateurs dans un pensionnat d'une extrême dureté en Sibérie, eux qui avaient envahi son pays. Mais les anglais étaient d'une grande hypocrisie et ferait mieux de balayer devant leur porte pour commencer. Pour sanglante qu'elle fût, la révolution soviétique avait eu pour avancer positive de mettre à bas les privilèges des Sang-Purs, entériné par la loi du 6 janvier 1940.

Ah. Pas encore donc. Michalina se souvint de la date. Le 21 juillet 1939. Ici, la Pologne n'avait pas encore était envahie. Encore une fois, Michalina eut la tentation folle d'intervenir pour protéger son pays qui lui était si cher. Une tentation idiote : ni elle, ni même Grindelwald n'avait le pouvoir. Et le Grindelwald disait que ça serait un mal pour un bien. Parce que c'était le Grindelwald de cette dimension qui le disait, Michalina était tentée de le croire. Ce Grindelwald-là ne soutenait pas Hitler.

La porte s'ouvrit en grinçant, la tirant de ses pensées. Encadré par deux détraqueurs, le prisonnier arrivait. En loque, le teint cireux et le visage grotesque, il n'avait rien, absolument rien de cette élégance si charmante qui caractérisait Jedusor en toutes circonstances. Il s'agissait pourtant de son oncle, Morfin Gaunt. Les détraqueurs l'assirent sur une chaise. Des chaines se mirent en mouvement et s'enroulèrent comme des boas de métal autour du prisonnier.

Les détraqueurs sortirent. Il ne reste plus que Morfin Gaunt, Michalina et le ressac des vagues qui s'écrasaient contre la roche au dehors.

De ses yeux affectés d'un sérieux strabisme divergent, Morfin Gaunt dévisagea Michalina. Curiosité, inquiétude, intérêt, méfiance se disputait en lui. La méfiance l'emporta sans doute, car il garda le silence, attendant que sa visiteuse inconnue prît la parole. Ce qu'elle fit.

— Bonjour. Je suis Michalina. J'aimerais vous interroger sur les circonstances de votre emprisonnement. Vous avez été reconnu coupable du meurtre de votre père, Marvolo Gaunt, et de votre sœur, Meropée Gaunt.

— Michalina comment ? la coupa-t-il d'une voix rauque.

Depuis combien de temps n'avait-il pas adresser la parole à un autre être humain ?

— Quel est votre nom de famille ?

— Orzełzgóry.

Morfin Gaunt cilla plusieurs fois.

— C'est polonais. Je suis issue d'une petite mais très ancienne famille sang-pure de Pologne. Autrefois, c'était un nom qui imposait le respect et qui comptait dans la politique de mon pays. Mais, vous savez ce que c'est, avec ces sales Sang-de-Bourbes qui nous volent peu à peu nos richesses…

Une grimace de dégoût tordit la face hideuse de Morfin Gaunt.

— Cette sale vermine ! Elle est partout. Elle ronge notre société.

Michalina sourit intérieurement. Cette fois-ci, elle s'était soigneusement préparée à son entretien avec Morfin Gaunt, quitte à mentir un peu.

— Votre culpabilité sur le meurtre de Merope Gaunt ne fait à priori aucun doute, reprit Michalina. De multiples témoins vous ont vu lancer un feudeymon sur votre sœur alors enceinte et sur le point d'accoucher.

Morfin hésita. Ses yeux se baissèrent sur ses mains tremblantes.

— Cette sale traînée l'avait mérité, siffla-t-il d'une voix pleine de haine. Elle avait… couché avec un moldu. Son enfant, c'était un Sang-Mêlé. Ils méritaient tous les deux de mourir !

— Ah oui. Le père. Un petit bourgeois du coin, c'est bien ça ? Un certain Tom Jedusor ?

Morfin releva la tête choquée.

— C… Comment…

— Comment je sais cela alors que vous n'avez jamais mentionné son nom durant les interrogatoires ? D'ailleurs vous n'avez pas dit grand-chose. Pourquoi par exemple, ne jamais avoir accuser votre sœur du meurtre de votre père ? Car c'est pourtant la vérité, n'est-ce pas ?

Morfin devint blême.

— Méropé Gaunt a tué votre père. Elle a brûlé votre maison. Cela faisait deux bons motifs de meurtre, non ? Ta peine aurait été allégée. Peut-être même serais-tu dehors à l'heure actuelle.

— N… Non. Vous ne savez pas ce que vous dites.

Il était terrifié.

— Oh, je sais très bien de quoi je parle. Et tu sais ce qui est le plus fou ? C'est que tu as un alibi. Au moment du meurtre Marvolo Gaunt, tu étais…

— Non ! C'est moi qui l'ai tué, pas Meropé !

Michalina opina, se leva.

— Vous devez me croire !

Elle s'approcha du prisonnier enchaîné.

— Je l'ai t…

Schlak ! Une violente gifle le fit taire. D'abord sonné, Morfin eut un mouvement de recul devant l'air menaçant de la jeune femme. Maigre avec de longs bras et le nez aquilin, elle évoquait un rapace prêt à fondre sur sa proie.

— J'ignore de quoi tu as peur, Morfin. Ou de qui. Et peu m'importe. Aujourd'hui, c'est de moi que tu dois avoir peur.

Michalina sortit un couteau.

— Morfin…

D'un geste sec et précis, elle planta le couteau dans le bois de la chaise, juste à côté du bras de Morfin. Le prisonnier poussa un couinement pathétique.

— Dis-moi en quelles circonstances a été conçu le fils de Mérope.

Morfin battit plusieurs fois des paupières, perdu.

— Comment Mérope est-elle parvenue à ses fins avec Tom Jedusor ? Elle l'a séduite ? Elle a utilisé un filtre d'amour ? Elle l'a placé sous Imperium ?

Morfin tressauta à la mention de l'Impardonnable.

— L'Imperium, donc.

— Oui, l'Imperium, craqua Morfin. Ce sale Imperium. Elle en était fière la garce !

— Je vois…

Michalina marqua une pause, songeuse, puis reprit :

— Et elle aurait utilisé l'Imperium contre toi pour te forcer à utiliser le Feudeymon.

Cette fois-ci, Morfin perdit toute les couleurs qui lui restaient.

— Je prends cela pour un oui. Quant au pourquoi… J'ai quelques pistes.

Michalina se pencha sur Morfin dans une attitude dangereuse. Elle s'amusa à faire courir la lame affutée de son couteau contre le visage du prisonnier.

— Maintenant, dis-moi… pourquoi as-tu gardé le silence aussi longtemps ?

Les lèvres de Morfin frémirent, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Michalina accentua la pression du couteau. Une estafilade rougeâtre se dessina sur la joue du prisonnier.

— De qui as-tu si peur ?

Mais Morfin garda le silence.

— Qui ?

Silence, encore. Suivi d'un cri de douleur. Michalina venait d'écraser la main de Morfin avec le pommeau de son couteau.

— Qui ?

Silence, toujours. Autre cri, autre main.

— Morfin, reprit Michalina d'une voix pleine de condescendance. J'ai une autorisation d'interrogatoire sur ta personne. Tu sais ce que ça signifie ? Que personne n'interviendra quand tu crieras. Tu es vu comme un parricide doublé d'un fratricide, Morfin. Tu n'as plus aucun droit au regard de la loi.

Des larmes coulèrent sur les joues de Morfin.

— Vous… vous ne comprenez pas, bégaya-t-il. Il… il va me tuer si je parle.

— Oui. Peut-être. Sûrement. Je m'en fiche. Tu es peut-être innocent des crimes dont on t'accuse, mais tu en as commis bien d'autres qui te font mériter ta place ici. Je n'éprouve aucune pitié pour toi, Morfin. Je ferai ce que j'ai à faire pour obtenir mes réponses, quitte à ce que la mort devienne à tes yeux une douce délivrance… endoloris !

OOoOoOo

Des oiseaux pépiaient joyeusement dans les arbres. Une légère brise d'été emportait des fragrances sucrées de plantes et de baies. Et puis il y avait le rire joyeux des enfants. Ils jouaient dans la cours d'une vieille ferme, à côté des poules qui veillaient sur leurs poussins et d'un gros patou qui somnolait à l'ombre.

C'était paisible.

Dissimulée sous le couvert des arbres de la forêt toute proche, Michalina observait la scène. Elle reconnaissait deux des trois enfants. Tom Jedusor et Eutropia Grayson. Le troisième n'était pas important. Seulement une quantité négligeable.

Tom Jedusor en particulier attirait l'attention de Michalina. Ici, il n'était encore qu'un enfant de douze ans à l'apparence bien innocente. Mais innocent, l'était-il réellement ? Grindelwald lui avait assuré que oui. Il n'était ici qu'une victime de plus de Voldemort. Peut-être. Ou peut-être pas. Quelque chose sonnait faux. Grindelwald ne lui disait pas tout à propos de Jedusor. Et puis, Jedusor, innocent ?

Jedusor avait cessé de jouer. Il fixait la forêt. Avait-il senti la présence de Michalina à cette distance ? C'était impossible !

L'air franchement inquiet, Jedusor se frotta son avant-bras avant de lancer quelques mots en Fourchelang à Grayson. Grayson se figea. Elle tourna la tête dans la même direction, une expression pas commode sur le visage et la baguette en main.

Comme d'habitude Jedusor, tu te caches derrière tes amis pour assurer ta sécurité, songea Michalina avec mépris.

Peu désireuse cependant d'être surprise en flagrant délit d'espionnage, Michalina s'éloigna d'un pas souple. En quelques foulées silencieuse, elle atteignit une petite clairière au sol étrangement desséché. Un souffle glacial lui caressa la nuque. La jeune femme s'immobilisa. Un corbeau croassa. Michalina fit volteface, baguette à la main et tous les sens en éveil.

Un grand oiseau agita ses ailes sur les branches d'un chêne. Un aigle royal. L'aigle dévisageait Michalina. La jeune femme porta la main à son pendentif qui s'échauffait. L'aigle étendit ses ailes, prit son envol, atterrit presque aussitôt. A une enjambée de Michalina. Et il se métamorphosa. Oh pas de beaucoup. S'il avait pris une forme vaguement humanoïde, il conservait ses plumes, son bec et ses serres.

— Bonjour, Michalina Orzełzgóry.

Sa voix était aigue, sifflante. Il s'exprimait cependant dans un polonais parfait.

Le cœur battant à tout rompre, Michalina répondit :

— Bonjour Voldemort.

La créature hocha de la tête d'un air satisfait.

— Tu sais qui je suis… bien. Cela nous économisera du temps.

Il s'avança vers Michalina qui recula d'autant. La créature esquissa un sourire amusé.

— Je ne suis pas venu t'attaquer, Michalina. Seulement te mettre en garde.

— Me mettre en garde ?

Elle osait à peine respirer.

— Oui, te mettre en garde.

Il perdit son sourire.

— Peu m'importe que tu t'acoquines avec ce bon à rien de Grindelwald. Peu m'importe que tu interroges Morfin Gaunt. Mais ne t'avise pas de menacer Tom Jedusor et Eutropia Grayson. Ils sont sous ma protection.

— Vous avez une curieuse façon de les protéger.

— Leur vie m'appartient.

— Soit. Faites-en ce que vous voulez, je m'en moque. Je n'étais venue que par curiosité. Mais puisque vous êtes là, je vais en profiter pour vous mettre en garde également.

— Me mettre en garde, vraiment ? releva Voldemort d'une voix moqueuse. Contre qui ?

Il avança d'un pas, elle recula.

— Contre Grindelwald ? Oh, ça ne serait pas sa première tentative pour m'abattre.

Il avança encore.

— Contre toi ? Une petite morveuse sortie de nulle part ?

Il avança. Le talon de Michalina heurta un caillou. La jeune femme tomba à la renverse pour se réceptionner durement sur le sol poussiéreux.

— Contre l'Ombre !

Voldemort s'immobilisa immédiatement. Peut-être qu'une lueur de peur traversa les yeux du rapace possédé.

— Tu mens, siffla-t-il. L'Ombre n'est qu'une légende.

— L'Ombre est bien réelle. J'ai déjà eu à faire à ses sbires !

— Ah oui, vraiment ? Et quand ça ?

— La dernière fois que je les ai affronté, c'était en 1949…

Michalina sourit intérieurement. Voilà, elle avait capturé l'attention de Voldemort.

— Je viens d'une autre dimension, ajouta-t-elle.

Elle se releva.

— Et j'ai des informations qui pourraient vous intéresser.

La voilà, la véritable raison de sa venue. Oui, elle éprouvait de la curiosité pour le Tom Jedusor de cette dimension, mais s'il était aussi faible que le premier qu'elle avait rencontré, il n'avait aucun intérêt. Il ne compterait que comme une quantité négligeable, un pion sacrifiable sur l'échiquier qui l'opposait à l'Ombre. Voldemort en revanche…

— Ca, c'est à moi d'en juger, répliqua Voldemort d'un ton sec. Mais avant, une question : si tu viens d'une autre dimension, je suppose que tu y as rencontré mon double.

Ah, la question délicate. Michalina grimaça légèrement. Elle devait y répondre avec prudence pour ne pas le braquer. Et toujours lui donner un sentiment de supériorité, aussi illusoire fût-il.

— Oui, je l'ai rencontré. Nous ne nous sommes pas très bien entendu. Le Jedusor de ma dimension est un faible, qui se refuse à faire ce qui est nécessaire pour le plus grand bien. Il juge mes méthodes trop brutales.

— Trop brutales ? Releva Voldemort en la fixant avec intensité.

Michalina acquiesça d'un air ennuyé.

— Apparemment, ce n'est pas correct d'exploser un wagon rempli d'innocents otages pour tuer un ennemi, répondit-elle laconiquement.

Comme espéré, Voldemort lâcha un rire glacial. Bien. Mage Noir qui rit, Mage Noir à moitié dans ses griffes.

— Oui, je le reconnais bien là.

Il marqua un silence. Son sourire disparut.

— Cela étant, je trouve moi aussi que cela manque d'élégance.

— L'élégance est un luxe que je ne possède pas.

Sa voix gagna en dureté.

— Le bien du plus grand nombre demande des sacrifices. Pour tuer l'Ombre, je serai prête à brûler Poudlard tout entier si cela s'avère nécessaire.

oOoOoOo

Voldemort se considérait comme le survivant ultime. Il avait traversé les siècles et les époques troublées. Il avait vaincu chacun de ses ennemis et seul le diable savait à quel point ils avaient été nombreux. Il avait enfin dompté la condition délicate de ceux qui errent sans corps et l'âme brisée.

Il avait su tirer des leçons de ses erreurs, mais aussi des erreurs des autres. Avec le temps et les épreuves, Voldemort avait compris que la toute-puissance était une illusion. Il y aurait toujours un plus gros poisson pour vous meurtrir et vous dévorer dans un moment d'inattention. Toujours. Et si à chaque déconvenue, Voldemort avait réussi à s'extraire du croc de ses prédateurs, cela s'était fait non sans mal, non sans peine.

Il avait appris la survie dans le sang, les larmes et la douleur.

Voldemort était désormais une créature de l'obscurité. Il aimait la discrétion, agissait avec prudence, tissait ses toiles avec patience. Des toiles pour jouer avec ses proies, des toiles pour le prévenir de l'approche ses prédateurs. Voldemort était une araignée des recoins sombre : froid et cruel, affectionnant la discrétion, fuyant la lumière qu'il savait dangereuse.

Des ses antres, dans la sécurité des ténèbres, Voldemort aimait observer les mages noirs. Les années, les générations et les siècles se succédaient, mais le schéma était toujours le même. Un ou une jeune imbécile un peu plus douée que la moyenne se lançait à l'assaut du pouvoir, ne reculait devant rien, multipliait les exactions. A force de crimes commis aux yeux de tous, ils généraient une coalition contre eux. Tôt ou tard, ils étaient défaits. Et Voldemort leur survivait. Encore. Toujours.

Il ne cherchait plus vraiment le pouvoir. Trop dangereux. Trop d'attention. Il fuyait lorsque le danger devenait trop grand. Certains pouvaient le voir comme lâche, comme faible. Voldemort ne le considérait pas ainsi. C'était sa plus grande force : celle qui le maintenait en vie, en liberté, encore et toujours, au contraire des esprits plus faibles qui se laissaient aveugler par leur fierté quitte à s'y brûler leurs aîles. Comme il l'avait dit à la jeune Eutropia Grayson, il fallait apprendre à choisir ses combats : ceux que l'on pouvait gagner et ceux que l'on devait accepter de perdre pour survivre.

Voldemort était une araignée. À force de toiles et de temps, il avait développé un sens aigu du danger et sentait son approche bien avant le reste du monde. Ses toiles s'agitaient depuis quelques temps. Pourtant Voldemort ne s'en était pas vraiment inquiétait : ses projets avec Tom Jedusor l'exposaient un peu plus que de coutume. Ça et le fait d'avoir un peu trop joué avec Grindelwald. Et s'il se trompait ? Et si c'était l'Ombre ?

Peu probable. Kronos n'était qu'une légende. Un conte d'horreur qui accompagnait les horcruxes et fait pour effrayer ceux qui se lançaient dans la quête d'immortalité. Vraiment ? Était-ce prudent de méprisait un tel avertissement ? Non, absolument pas. Voldemort devrait enquêter, tisser d'autres toiles.

Et puis il y avait Michalina. Voldemort savait reconnaître les personnes dangereuses… et dangereuses, cette jeune femme l'était assurément. Voldemort n'était pas dupe. Derrière ses airs de ne pas y toucher, Michalina avait provoqué la rencontre par intérêt pour ses pouvoirs. Elle n'était pas la première à vouloir s'en emparer. Mais peut-être la plus déterminée. Elle disait la vérité, lorsqu'elle affirmait être prête à brûler Poudlard si cela s'avérer nécessaire. Alors oui, sans honte (cela faisait bien longtemps qu'il s'était élevé au-dessus de la honte) Voldemort craignait Michalina. S'il avait joué devant elle le rôle du Mage Noir qui riait fort et imbu de sa toute puissance, c'était pour endormir sa méfiance. Ce n'était qu'une façade.

Michalina représentait un réel danger. Mais aussi, peut-être, son unique échappatoire face à Kronos.

Voldemort se laissa porter par les courant. Comme souvent, il n'était que sous sa forme éthérée, un demi-fantôme sans enveloppe charnelle à porter. Certains voyaient cela comme une malédiction Voldemort voyait cela comme une expression de la plus pure liberté.

Il s'agrippa entre les branchages d'un saule et jeta un coup d'œil dans la cours de la vieille ferme des Grayson. Les enfants y jouaient encore, profitant des dernières lueurs du jour. L'espace d'un instant, Voldemort songea à les prévenir du danger qui les menaçait. Michalina avait réussi à obtenir un poste de professeur à Poudlard (ils embauchaient décidément n'importe qui).

Non. Voldemort ne les préviendrait pas. Trop dangereux. Rien dans son comportement ne devait laisser ses ennemis deviner qu'il avait flairer le danger. Voldemort continuerait donc à agir comme à son habitude… en apparence du moins.

Et puis, il avait prévu de joyeux divertissements pour les deux années à venir. Oh oui, il allait bien s'amuser. Depuis le temps qu'il préparait ces retrouvailles ! Il s'en réjouissait d'avance !

Eh bien, Tom, comment vas-tu affronter ton héritage ? Songea-t-il avec délectation.

Même inquiété par des dangers à venir, Voldemort restait une araignée cruelle qui prenait un malin plaisir à faire souffrir ses proies. Ses proies à lui. Uniquement à lui.


Voilà, j'espère que ça vous aura plu ! J'avoue avoir hésité sur l'animal que Voldemort devait posséder pour se manifester à Michalina. Aigle comme son patronus à elle ? Serpent pour le lien avec Serpentard ? Araignée parce c'est l'animal qui le représente le mieux ? Bon, le premier jet était à l'aigle et j'avais la flemme de changer donc voilà.

La suite dans trois semaines. On y retrouva des mômes en vacances et un poussin nommé Nugget. Entre temps, je vais essayer de me motiver pour poster des chapitres de mes deux autres fics (surtout que j'ai juste à relire et poster quoi, ce n'est pas un gros effort).