J'ai écrit cette fic dans le cadre d'un défi lancé sur le forum ¡El Cometa de Sozin! Et ATLA ne m'appartient pas. Heureusement XD

~~~1~~~

- Toi, moi, et Appa, nous sommes tout ce qui reste de cet endroit – dit Aang à Momo, perché sur son épaule, tandis qu'il contemplait la silhouette imposant du Temple de l'Air du Sud pour la dernière fois. Nous devons rester unis.

Sokka avait presqu'envie de ressentir de la compassion pour le jeune Avatar. Presque. Mais il était bien trop occupé à dévorer une pêche-lune pour penser à autre chose qu'à rassasier son pauvre estomac.

- Katara, Sokka – dit Aang en s'approchant. Dites bonjour au nouveau membre de la famille !

Soudain, le lémurien sauta de l'épaule d'Aang pour chiper la pêche de Sokka, avant de retourner à sa place pour y plonger les dents avec délice. Sokka en resta bouche bée, tandis qu'Aang et Katara éclataient de rire.

« Sale petit voleur… » pensa le jeune guerrier, certain que l'animal le narguait. « Tu vas voir ce que tu vas voir ! Tu vas finir dans mon assiette, un de ces jours ! »

~~~2~~~

- Il doit bien y avoir un moyen de sortir d'ici ! – déclara Katara, prête à fouiller chaque recoin de la cellule dans laquelle le roi d'Omashu les avait fait enfermer.

- Le système d'aération ! – s'écria soudain Aang, montrant du doigt une ouverture circulaire dans le mur.

- Si tu crois qu'on peut passer par là, tu es encore plus taré que le roi… - grogna Sokka, un peu irrité par la situation dans laquelle ils s'étaient fourrés.

- Nous pas : mais Momo peut le faire ! – répondit l'Avatar avec un grand sourire.

Momo, pour sa part, était étalé sur l'un des lits, le ventre prêt à exploser, et même pas capable d'achever la pomme qu'il était parvenu à emmener.

- Momo ! – dit Aang, s'approchant de l'animal. Il faut que tu trouves Appa et que tu nous fasses sortir d'ici !

Le lémurien le regarda avec des yeux ronds, et Sokka soupira. Comme d'habitude, Aang se laissait aveugler par son optimisme béat de petit moine isolé de la vie réelle, convaincu que le monde était beau et gentil et que tous les problèmes se résoudraient comme par magie. Il oubliait que Momo n'était qu'un animal, incapable de réfléchir à autre chose qu'à comment remplir son estomac. « Bon » se dit Sokka « j'imagine qu'on a ça en commun… »

Aang s'obstina avec son idée, et tenta de faire passer Momo par l'ouverture, en vain. Le lémurien resta coincé, et Sokka soupira à nouveau. « Continue à t'engraisser, seulement, ça fera plus à manger pour moi… »

~~~3~~~

- Je suis sûre qu'elle est là, Katara ! Je t'en supplie ! Regarde encore ! – geignit Sokka.

- Sokka, j'ai déjà regardé, et je t'assure que tu n'as aucune verrue au fond de la gorge… - soupira Katara, agacée.

- Mais puisque je te dis que je la sens ! – protesta Sokka.

Voyant Aang se fendre la poire un peu plus loin, le jeune guerrier vit rouge.

- Et toi ! C'était quoi, cette idée stupide de nous faire sucer des grenouilles ? Des grenouilles, Aang ! Sérieusement ?

- Mais la vieille guérisseuse m'avait dit que… ! – commença Aang, essayant de s'expliquer.

- Ça suffit, vous deux ! – les coupa Katara, exaspérée. Le fait de me réveiller avec une grenouille en bouche m'a plu aussi peu qu'à toi, Sokka. Mais on avait tous les deux besoin d'eau, et au moins le fait de sucer quelque chose a étanché notre soif. J'ai demandé plusieurs fois à Momo de nous ramener de l'eau, mais le pauvre petit ne me comprenait pas…

« Le pauvre petit, mais oui. Cet animal ne sert vraiment à rien ! Quand est-ce que les autres comprendront que Momo est fait de viande, et que la viande se mange ?! »

~~~4~~~

- Ça faisait deux jours qu'ils volaient, cherchant en vain la Tribu de l'Eau du Nord. Tout le monde était exténué, y compris Appa, à en juger par la façon dont il se laissait flotter à même pas un mètre de la surface de l'eau.

- Je ne veux pas me plaindre, mais… Appa ne pourrait pas voler un peu plus haut ? – demanda Sokka, éclaboussé pour la énième fois.

- J'ai une meilleure idée ! – fit Aang, se retournant avec colère. Pourquoi on ne monterait pas tous sur ton dos, pour que tu nous portes jusqu'au Pôle Nord ?

- Avec plaisir ! – répondit Sokka, sarcastique. En voiture, tout le monde ! Sokka est prêt pour le décollage !

Le jeune de la Tribu de l'Eau ne s'attendait pas à ce que quelqu'un monte réellement sur son dos, et il sursauta lorsqu'il sentit un poids lui atterrir entre les omoplates, avant de se rendre compte qu'il s'agissait de Momo. Sokka se retourna et empoigna le lémurien, bien décidé à lui tordre le cou pendant que personne ne faisait attention, mais Katara tourna la tête dans sa direction et Sokka dut feindre la plus parfaite innocence. « Ce n'est qu'une question de temps, crois-moi… Tu finiras dans mon estomac un jour ou l'autre ! »

~~~5~~~

Ça avait été un vrai choc de retourner à Omashu et de voir la ville dévastée, aux mains de la Nation du Feu. Au moins, et même si Aang n'avait vu aucune trace du roi Bumi, le reste de la population avait pu s'échapper grâce au plan ingénieux du Gaang.

- On a un problème – leur annonça un ex-soldat d'Omashu. On vient de compter tout le monde, et…

- Oh non ! – fit Katara avec préoccupation. Il manque quelqu'un ?

- Non. Ce serait plutôt l'inverse…

Le soldat pointa du doigt dans une direction, et ils virent Momo en train d'essayer de se libérer de l'étreinte d'un bébé. Un bébé de la Nation du Feu, à en juger par ses vêtements.

- Momo ! Où as-tu trouvé ça ? Remets-le à sa place ! – ordonna Sokka, feignant la sévérité.

En réalité, il avait presque fait dans son pantalon en réalisant la situation. Qu'est-ce qu'ils étaient sensés faire avec un bébé ? De la Nation du Feu, en plus ! Et si les soldats du Feu s'en rendaient compte et pensaient qu'ils l'avaient kidnappé, ou un truc du genre ?

- Sokka ! – le réprimanda Katara, s'accroupissant pour prendre le bambin dans ses bras. Tu vois bien que ce n'est qu'un bébé ! Et la nuit est déjà tombée ! On s'en occupera jusqu'à demain, et dès qu'il fera jour, on le rendra à ses parents. Ils doivent être si inquiets !

- Justement ! On ferait mieux de le leur rendre tout de suite ! On pourrait le catapulter par-dessus les murailles, ou quelque chose comme ça… - proposa Sokka, lui arrachant le môme des mains.

Aussitôt, une odeur infecte partit à l'assaut de ses narines. Quelle horreur ! Ce n'était pas… ?

- Ne sois pas ridicule, Sokka – se moqua Katara, croisant les bras sur sa poitrine. Mais maintenant que c'est toi qui l'as, si tu allais changer son lange ?

« Tout ça, c'est la faute de Momo… » grommela Sokka en s'éloignant avec le gniard. « Un de ces jours, je vais le transformer en civet ! »

~~~6~~~

- Qu'est-ce qui m'a pris ? Je n'ai pas besoin d'un nouveau sac ! – se plaignit Sokka. Pourquoi tu m'as laissé l'acheter ?

Laissant sa sœur courir après les garçons qui avaient parlé du Championnat de Jet de Pierres, 6ème édition, pour essayer de leur soutirer plus d'informations, Sokka tendit le bras pour passer le sac à Aang. Il se sentait coupable d'avoir dépensé autant d'argent pour une chose inutile, et il voulait que le jeune Avatar le rassure et lui dise qu'il avait bien mérité de se faire plaisir de temps en temps, après le lourd labeur qu'il abattait chaque jour… Ou bien, que le sac mettait en valeur le bleu de ses yeux… Même si le sac était vert, et qu'il ne mettait rien en valeur si ce n'est sa maudite addiction au shopping. Oh, et puis zut ! Il voulait seulement qu'Aang dise quelque chose, n'importe quoi, pour le réconforter ! Mais l'Avatar resta muet, et ne fit pas un geste pour s'emparer de la besace. Sokka finit par la jeter par terre, se sentant encore plus coupable d'avoir cédé à la tentation.

Momo, qui ne perdait par le Nord, en profita pour plonger sur le sac et s'installer bien confortablement dedans. « Ohlà, mon ami, tu crois vraiment que je vais te porter toute la journée ? Tu sais voler, bon sang ! Mais quel paresseux ! Tu as de la chance d'être la ration de survie, et que je ne sois pas particulièrement affamé pour le moment, ou qu'on ne se trouve pas perdus sans nourriture au milieu de nulle part. Mais tu ne perds rien pour attendre ! »

~~~7~~~

Sokka ne désirait qu'une chose : dormir. Dormir, dormir, dormir ! Ce n'était pas trop demander, n'est-ce pas ? Mais cette nuit, tout se liguait contre lui pour l'empêcher de sombrer avec bonheur dans le sommeil. D'abord, il y avait cette étrange machine… chose… truc, qui les poursuivait, et qui les avait obligé à se déplacer deux fois d'affilée, déjà ! Et en plus, Toph et Katara n'arrêtaient pas de se disputer ! Sérieusement, il y avait un complot universel pour Empêcher-Sokka-de-Dormir, ou quoi ?!

- Bon, qui que soit la personne qui nous poursuit, il ou elle n'aura pas pu nous suivre jusqu'ici – déclara-t-il, pour mettre un terme aux conversations sans fin. Donc, est-ce que tout le monde pourrait juste… CHHHHUT ?

Sur ce, il s'enfouit à nouveau dans la chaleur douillette de son sac de couchage, et décida que cette fois, rien ni personne ne pourrait l'en sortir. C'était sans compter sur Momo, qui sauta sur son estomac et commença à babiller.

- Non, Momo… Chhhhht – soupira Sokka. C'est l'heure de dormir.

« Et si tu continues, tu vas finir rôti au fond de mon estomac… » ajouta-t-il en son for intérieur. Le lémurien, loin de l'écouter, bondit sur son visage. « Ca y est ! Cette fois-ci, je l'embroche ! » se dit Sokka, se redressant pour laisser libre cours à sa fureur. Il vit Momo courir jusqu'à l'extrémité de la terrasse naturelle où ils s'étaient installés pour la nuit, poussant des cris de plus en plus aigus et se montrant très agité.

- Oh non, ne me dis pas que… - se lamenta le jeune guerrier de la Tribu de l'Eau.

- C'est impossible ! – s'écria Aang. Comment ont-ils pu suivre notre trace ?

Sokka pressentit que la nuit allait être longue. Très longue.

~~~8~~~

Sokka ne se souvenait pas très bien de comment ils avaient atterris au beau milieu du désert. Ils ne se trouvaient pas en plein milieu de l'océan, juste avant ? « Huuum… » pensa Sokka, essayant de se concentrer. « De quoi je me rappelle ? » Voyons un peu. Katara avait voulu prendre des mini-vacances à l'Oasis des Palmiers dans le Brouillard. Oui, il se rappelait parfaitement des cocktails fruités qu'ils avaient pris. Et ce barman, qui coupait les fruits avec ses katanas ! Il aurait peut-être dû rester un peu, et lui demander quelques tuyaux… Mais ils avaient rencontré ce professeur bizarre, là, l'archéologue – c'était quoi son nom, déjà ? – et ils avaient décidé que leur prochaine destination serait la bibliothèque. Quelle idée débile, vraiment ! Qui prenait des vacances dans une bibliothèque, sérieusement ?

Ah… Ça avait peut-être été son idée, en fait. Ses souvenirs étaient assez flous, mais… oui, il était même certain que la proposition était venue de lui. Oh, bon. Ca n'avait pas été une si mauvaise décision, tout compte fait : évidemment, Appa avait disparu, et Aang en avait été tout retourné, et il avait hurlé sur Toph, et l'archéologue était sûrement mort, mais… Ils avaient rencontré un hibou géant, et ça c'était super génial ! Pas vrai ? Peut-être qu'il mangeait les champignons géants qui poussaient dans le désert, et que c'était pour ça qu'il était si grand. Sokka aurait voulu le lui demander, et il l'aurait sûrement fait si ce maudit piaf n'avait pas insulté son intelligence, ne s'était pas fâché sur eux, et n'avait pas décidé d'enfouir la bibliothèque dans le sable. Comme quoi, il avait beau être grand, il n'était pas très sympa.

« J'ai l'impression que j'oublie quelque chose d'important… » songea Sokka, se creusant un peu plus les méninges. Ah, oui ! Et ils avaient découvert qu'une éclipse solaire se produirait dans pas longtemps, laissant la Nation du Feu complètement vulnérable pour quelques minutes ! Ça, c'était super important ! C'est pour ça qu'ils traversaient le désert, après tout. Pour prévenir le roi de la Terre, à Ba Sing Se. Ah ben oui. Tout était beaucoup plus logique, maintenant. Et Sokka était très fier de ses facultés de déduction. Au moins, ses réflexions l'avaient distrait de la soif dévastatrice qu'il éprouvait. Bon sang, comme il avait soif ! Quand avait-il bu pour la dernière fois ? Il y a très longtemps, sûrement. Sinon, il n'aurait pas aussi soif. Oh, attends… Est-ce qu'il n'avait pas bu du jus de cactus, à un moment ? Huum… Impossible d'en être sûr. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait toujours soif, et pas qu'un peu !

- Est-ce qu'il reste de l'eau ? – demanda Toph, lui coupant l'herbe sous le pied.

- C'est tout ce qu'il reste – répondit Katara, en faisant sortir de l'eau de son outre. Tout le monde peut en boire un peu.

Momo, assoiffé lui aussi, sauta dans la bulle d'eau pour se rafraîchir, la faisant exploser et arroser le sable en dessous.

- Momo, noooooon ! – fit Sokka, désespéré. Tu viens de nous tuer tous !

- Non, pas du tout – soupira Katara, qui semblait exaspérée pour une étrange raison.

« Mais pourquoi donc ? Bah, ça ne sert à rien de chercher une logique aux filles… » se dit Sokka, soulagé de voir sa sœur extraire l'eau du sable grâce à sa maîtrise de l'élément.

- Sokka, montre-moi ce que tu as pris à la bibliothèque – lui demanda Katara en s'accroupissant devant lui.

- Quôa ? Je n'ai rien volé, moi ! Qui t'a dit ça ? – se défendit le jeune guerrier, en serrant contre lui la besace contenant les rouleaux qu'il avait dérobés.

Voyant Momo bondir de derrière sa sœur, la réponse lui parut évidente.

- TOI ! C'est toi qui m'as dénoncé !

- Sokka, j'y étais – répondit Katara en soupirant.

Sans attendre sa réponse, elle s'empara des rouleaux et s'éloigna avec eux. Sokka, désormais seul avec le lémurien, se rendit soudain compte de la faim intense qui le taraudait. Il y avait si longtemps qu'il avait mangé… Et Momo était si près, et si appétissant… Mais Sokka était très fatigué, et il n'avait même plus l'énergie de tendre le bras pour s'en saisir. « Oh, tant pis, je le mangerai demain » se dit-il avant de s'endormir.

~~~9~~~

Ça avait été une mauvaise journée. Sokka avait passé plus d'une heure à dessiner Appa, encore et encore, dans l'optique de transformer ces dessins en avis de recherche, qu'ils placarderaient un peu partout dans Ba Sing Se. Momo n'avait pas cessé de lui tourner autour, intrigué, et Sokka l'avait repoussé plusieurs fois, craignant que le lémurien ne mette sa queue ou une patte dans l'encre encore fraîche pour ensuite en mettre partout. Il n'avait pas été si loin du compte, finalement : seulement, Momo avait carrément décidé de renverser l'encrier sur l'entièreté de son œuvre.

- Noooooon ! Maintenant tout est à refaire ! avait gémi Sokka, découragé avant même de commencer.

Pourtant, après avoir nettoyé le désastre et demandé à Toph de surveiller le lémurien, il s'était remis à la tâche, convaincu de l'importance de ce qu'il était en train d'accomplir. Jusqu'au moment où Katara et Aang étaient rentrés, avaient annoncé à la volée qu'ils avaient trouvé un imprimeur, et ne s'étaient moqué de ses talents de dessinateur. Evidemment, que ses dessins n'étaient pas parfaits ! Mais il avait dû se dépêcher pour tout refaire, après la catastrophe que Momo avait provoquée !

Après cela, ils avaient passé un long moment à coller les affiches un peu partout en ville, et Sokka avait proposé à Toph de faire une pause et de prendre un rafraîchissement. Seulement, aucun établissement ne voulait les laisser passer avec un animal !

- Momo n'était pas censé rester avec Aang ? ronchonna Sokka, après avoir été expulsé de la quatrième taverne d'affilée.

- Visiblement, il préfère notre compagnie – gloussa Toph, en caressant le lémurien perché sur son épaule.

« Mouais. Ou alors, il le fait exprès pour me pourrir la vie… Ça ne m'étonnerait même pas… » se dit Sokka, irrité. Au détour d'une ruelle, il avisa un salon de thé et se dit qu'il essayerait une dernière fois d'entrer avec Momo. Et ce coup-ci, si on les chassait encore, il attacherait Momo à l'extérieur, peu importe ce qu'en dirait Toph !

Néanmoins, il n'eut pas à avoir recours à de telles extrémités. Ce patron-ci adorait les animaux, et il possédait plusieurs chaméléons lui-même. Ce fut avec bonheur que Sokka put (enfin) s'asseoir à une table.

- Aaah… On est mieux assis que debout, hein Toph ? fit-il en soupirant d'aise.

Le répit fut de courte durée, hélas. Momo trouva le moyen de déclencher une bagarre avec les chaméléons du gérant, qui se mirent à le poursuivre dans tout l'établissement, sautant sur les tables et renversant au passage les consommations, voire même les clients. Ce fut bientôt la pagaille générale, et le patron ne parvint à y mettre fin qu'en attrapant le lémurien au vol. Voyant le regard qu'il leur lançait, tout en tenant Momo à bout de bras, Sokka se dit qu'il valait sans doute mieux ne pas s'attarder, et il opta pour une retraite stratégique, poussant Toph devant lui en direction de la sortie.

- Décidément, Momo ! Tu n'en rates pas une, aujourd'hui ! le sermonna-t-il, à nouveau dans la rue.

Toph parut sur le point de dire quelque chose, mais elle n'en eut pas le temps, interrompue par des bruits de lutte et la voix de Katara, visiblement en colère. Le sang de Sokka ne fit qu'un tour et il se mit à courir en direction de sa sœur, craignant qu'elle ne soit en difficulté. Il ne s'attendait pas à la trouver nez à nez avec Jet, cloué au mur par des pieux de glace. Les évènements s'enchaînèrent rapidement à partir de là.

Ce fut seulement le lendemain, sur l'île où le Gaang s'était réfugié après s'être échappé du complexe du Lac Laogai, grâce au sacrifice de Jet et à l'aide inespérée d'Appa, que Sokka se rendit compte de la tragédie qui le frappait. C'était la goutte qui faisait déborder le vase, le dernier clou à son cercueil. Sokka savait déjà qu'il n'aurait pas dû se lever la veille, car la journée n'avait été qu'une longue suite d'incidents malencontreux. Mais là, c'était le pompon ! Le jeune guerrier tomba à genoux, tout espoir envolé à jamais. Cependant, une idée lui traversa l'esprit lorsqu'il vit Momo passer devant lui en sautillant, et Sokka ne put s'empêcher d'empoigner le lémurien par la peau du cou et de le regarder droit dans les yeux, une lueur d'insanité dans le regard.

- Tu vois, Momo ? Appa est un compagnon utile, lui. Bien sûr, il pue, il bave et il perd ses poils, mais au moins, il peut nous transporter, et nous venir en aide en cas de coup dur. Toi, par contre, tu ne sers à rien si ce n'est à nous attirer des ennuis ! Tu n'as même pas osé nous suivre sous le lac, espèce de froussard ! Donc, si je devais faire un choix entre vous deux, il serait vite fait. Et je suis au regret de t'annoncer que… – Sokka prit une grande inspiration, car ce qu'il devait dire était difficile. – …ma réserve de viande de phoque séchée est épuisée. J'ai vraiment essayé de la faire durer, depuis le Pôle Nord, mais… Même les meilleures choses une fin, n'est-ce pas ?

Le jeune homme laissa échapper un petit rire désabusé, avant de resserrer sa prise sur le lémurien qui gigotait.

- C'est aujourd'hui ton jour de gloire, mon petit Momo. Dis-toi que c'est pour la bonne cause…

De sa main libre, Sokka alla saisir sa machette dans son dos, pour ensuite l'approcher lentement de Momo, qui se mit à pousser des petits cris frénétiques.

- Sokka ! Qu'est-ce que tu fais ? – l'interrompit Aang, d'un ton surexcité. Tu ne veux pas faire un câlin à Appa, toi aussi ?

- J'arrive… - soupira l'adolescent, rangeant son arme. Mais dis-toi bien que ce n'est que partie remise, Momo ! Si j'étais toi, je ferais très attention !

A voir la façon dont le lémurien agitait les oreilles, intrigué, tout en penchant la tête sur le côté, Sokka ne fut pas certain qu'il avait bien compris.

~~~10~~~

Sokka en avait assez. Depuis qu'il avait acheté Hawky, le faucon n'arrêtait pas de se battre avec le lémurien, et c'était toujours lui qui devait séparer les deux animaux, récoltant des coups de bec et des morsures au passage. Et est-ce que quelqu'un le remerciait pour ça ? Non, évidemment ! Au contraire, tout le monde les accusait, lui et son pauvre faucon. Eh ben tant pis pour eux : la prochaine fois, il laisserait Momo se faire mettre en pièces ! Il ne savait même pas pourquoi il prenait la peine de sauver ce stupide animal, d'ailleurs !

- Eloigne ton maudit piaf de Momo ! – cria Aang, furieux après avoir remarqué que le lémurien saignait d'une blessure à l'oreille et d'une autre à la queue.

- Hawky n'a fait que se défendre ! C'est Momo qui l'a attaqué ! – rétorqua Sokka, tentant tant bien que mal de calmer un volatile hystérique.

Hawky aussi était blessé, mais qui s'en souciait ? Personne ! Sokka s'assit un peu plus loin et essaya de soigner le pauvre faucon comme il le pouvait, entendant Aang qui se plaignait et Katara qui plaignait Momo de l'autre côté du campement. Evidemment, sa sœur avait choisi l'autre camp… Et où était donc fourrée Toph ? Encore en train de mijoter une arnaque en ville ? En tous cas, elle n'était jamais là quand on avait besoin d'elle ! Sokka souffla, et appuya un peu trop fort sur une blessure avec son mouchoir. Avec un cri de protestation, Hawky étendit son long con et lui donna un coup de bec sur la main.

- Aïe ! C'est pas une façon de traiter ton unique allié, ça, Hawky ! Tu vois bien que je fais ce que je peux ! Je ne suis pas soigneur profes…sionnel, tu sais – geignit Sokka, s'interrompant en voyant une ombre s'étirer devant lui.

Le jeune guerrier se retourna pour se retrouver face à sa sœur, qui le regardait avec les poings plantés sur les hanches.

- Quoi ? Toi aussi tu vas me reprocher d'avoir acheté Hawky ? – fit Sokka, sur la défensive.

- Je pourrais – répondit Katara en haussant un sourcil. Après tout, c'était une dépense inutile.

- Hawky n'est pas inutile ! Il peut porter des messages ! Dis-moi quand Momo a fait quelque chose d'utile ? Jamais ! – s'emporta Sokka. On devrait l'avoir mangé depuis longtemps, au moins il aurait servi à quelque chose !

- Sokka ! – le coupa Katara sur le ton du reproche. On s'en fiche de savoir si Momo est utile ou pas. C'est le dernier survivant du Temple de l'Air du Sud, et tout ce qu'il reste à Aang de son peuple. Mais surtout, Momo est notre ami.

- Le vôtre, peut-être… - grommela Sokka, frottant une éraflure qui commençait à picoter sur son bras. Mais certainement pas le mien. Il fait tout ce qu'il peut pour me rendre la vie impossible !

Katara ouvrit des yeux ronds.

- C'est vraiment ce que tu penses ? Sokka, mais enfin ! Momo t'adore ! Il joue avec toi parce qu'il se sent à l'aise en ta présence ! Comment peux-tu croire un seul instant qu'il cherche à t'ennuyer ?

- C'est l'impression que j'ai, c'est tout – grogna Sokka en détournant le regard, un peu coupable.

Katara soupira et posa une main sur la sienne.

- Allez, laisse-moi regarder les blessures de ton oiseau – proposa-t-elle. Et je regarderai les tiennes après.

- Tu ferais ça ? – balbutia Sokka, surpris.

- Evidemment ! Que j'aie soigné Momo ne veut pas dire que je suis de son parti. Je suis guérisseuse, et je soignerai tous ceux qui en ont besoin – expliqua Katara, l'air un peu vexé.

Sokka lui tendit Hawky, qui semblait s'être calmé sur ses genoux, grâce aux caresses qu'il lui avait données tout en parlant. Katara fit disparaître ses blessures en les effleurant, et le volatile ne fit que lever la tête avec curiosité, intrigué par le changement de mains. Sokka sourit avec soulagement, et laissa sa sœur s'occuper de ses mains et de ses bras ensuite.

- Ecoute – lui dit Katara en achevant. Je sais pourquoi tu es tellement obsédé par l'idée d'être utile à notre groupe. Et je te le répète : ce n'est pas parce que tu ne maîtrises aucun élément que tu n'as pas d'importance. Tu sais manier plusieurs armes, tu es le roi de la planification et des bonnes idées, et tu remontes le moral de tout le monde avec tes blagues. Et même sans ça, on t'aimerait quand même, parce que tu es un ami extraordinaire et le meilleur des frères. Et personne ne peut penser le contraire. Même pas Momo. D'accord ?

Sokka put seulement hocher la tête, trop ému pour parler. Mais plus tard, en voyant Momo et Hawky se bagarrer de nouveau, il ne put s'empêcher d'être irrité. « Momo a sûrement des tendances suicidaires s'il attaque ainsi un faucon à répétition. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas lui faire plaisir et laisser Hawky en faire son casse-croûte. Au moins, quelqu'un profiterait enfin de toute cette viande gâchée ! »

~~~EPILOGUE~~~

Sokka se sentait très fatigué, et encore plus déprimé. Il se laissa couler au sol, le dos appuyé contre un pilier, et son regard se posa tout autour de lui. Quel endroit magique ! Le Temple de l'Air Occidental… Entièrement construit à l'envers. Il lui faudrait un peu de temps pour s'habituer à ce décor renversé, et Sokka avait toujours le vertige quand il s'approchait trop du bord, mais les autres avaient l'air conquis par le lieu. Teo, Haru et le Duc étaient directement partis explorer, Aang s'était échappé avec son planeur, et Katara et Toph étaient occupées à visiter, histoire de choisir les pièces où ils dormiraient et de déjà y installer leurs affaires. Sokka les aurait bien accompagnées, mais jouer la comédie était au-dessus de ses forces. Les autres attendaient de lui qu'il soit toujours de bonne humeur et qu'il sache exactement quoi faire, mais Sokka pour l'instant se sentait abattu, et n'était pas convaincu que ses idées soient les meilleures.

Son plan avait échoué de la pire des manières. Pour commencer, Sokka n'avait pas été capable de l'expliquer clairement à tous ceux qui avaient accepté de les aider, et son père avait dû intervenir et le faire à sa place. Sokka s'était senti humilié et honteux, mais ce n'était rien comparé à ce qui allait suivre ! Ils avaient huit minutes pour vaincre le Seigneur du Feu. Soka avait suffisamment insisté là-dessus. Huit minutes seulement : donc pas de temps à perdre. Et pourtant, Sokka s'était laissé distraire par Azula lorsque celle-ci avait commencé à lui parler de Sukki. Par sa faute, ils avaient perdu un temps précieux, qui aurait peut-être permis à Aang de trouver Ozai et de le battre. Par sa faute, son père avait été blessé. Et tous les adultes s'étaient sacrifiés, prêts à encourir la prison et les tortures de la Nation du Feu, pour permettre aux jeunes de s'échapper. Sokka ne méritait pas de partir avec eux : il n'était plus un enfant, et il était l'unique responsable de la défaite. Mais il savait qu'on comptait sur lui pour motiver Aang, et pour le pousser à aller de l'avant plutôt que de baisser les bras. On comptait sur lui pour trouver une nouvelle manière d'arrêter le Seigneur du Feu avant que la comète ne s'abatte. Pour cela, et pour cela seulement, Sokka avait accepté de les suivre jusqu'au Temple de l'Ouest, laissant d'autres souffrir à cause de ses erreurs.

Toutefois, pour le moment, Sokka n'avait aucune idée géniale à proposer, et ne se sentait pas l'énergie de motiver les autres. Comment leur inspirer confiance en l'avenir, quand lui-même n'en avait aucune ? Sokka enfouit son visage entre ses mains, pris d'une furieuse envie de pleurer. Soudain, il entendit un bruit et se redressa rapidement, s'essuyant le coin des yeux et priant pour que personne ne l'ait vu. Mais il ne s'agissait que de Momo, qui le regardait avec la tête penchée d'un côté.

- Ah, Momo – soupira Sokka. Je n'ai pas le courage de te supporter maintenant, en plus du reste. Va-t'en.

Etonnamment, le lémurien s'exécuta. En deux bonds, il fut parti, et Sokka esquissa un sourire triste, à la fois soulagé et anéanti d'être à nouveau seul. Il aurait voulu que son père soit là pour le réconforter et lui dire quoi faire. Mais son père était loin, et Sokka ne savait même pas s'il était encore vivant. Sentant une fois de plus ses yeux se remplir de larmes, Sokka baissa la tête et se mordit la lèvre, tentant de rester silencieux. Un autre bruit le fit sursauter, et le jeune guerrier se retrouva à nouveau face à Momo, qui était en train de poser des fruits devant lui.

- Allez, Momo, ce n'est vraiment pas le moment – protesta Sokka, avant de renifler bruyamment. Qu'est-ce que j'ai dit ? Fiche le camp !

Le mammifère, au lieu d'obéir, sauta cette fois sur l'épaule de l'adolescent et se mit à frotter sa petite truffe humide dans son cou, le chatouillant.

- Momo ! Qu'est-ce que tu fabriques ? s'exclama Sokka, riant et pleurant en même temps.

Et alors, Momo fit quelque chose qui surprit énormément le jeune guerrier : avec un petit bruit que Sokka put que qualifier d'inquiet, le lémurien se mit à lécher ses larmes avec une infinie douceur. Sokka resta figé, les yeux grands ouverts. Est-ce que par hasard, Momo essayait de le… consoler ? Le lémurien émit un autre petit cri, le regardant dans les yeux avant de frotter son nez contre celui de Sokka. L'adolescent sentit un sourire étirer les coins de sa bouche, et prit l'animal dans ses bras, sentant un certain réconfort dans la chaleur et la douceur du petit corps qu'il serrait contre lui. Le lémurien ne fit aucune tentative pour s'échapper et, au contraire, se roula en boule contre sa poitrine. « Katara avait raison » pensa Sokka, se sentant tout de suite plus détendu. « Momo est bien mon ami. »