Tout le monde veut sa chaise...
Les corps se tendirent, les murmures s'amplifièrent... La chaise maudite recommençait son manège infernal. Severus Snape venait d'entrer dans la salle. Or, depuis 2 semaines, le professeur de potions ne pouvait plus entrer dans une salle sans que la seule chaise libre (on ne savait pas trop pourquoi, mais il y avait toujours une chaise libre qui attendait son heure) se mette à grincer horriblement. Severus Snape étant un professeur, c'était le plus souvent ses élèves qui en profitaient. Cela durait depuis tellement longtemps, et tout le monde en était tellement lassé, que notre devait maintenant manger seul, dans ses appartements, afin que tous puisse être tranquille. Ce que tout Poudlard ne savait pas, c'est qu'une fois seul, Snape ne pouvait plus entendre le moindre petit bruit de chaise. Il continuait un peu lorsque les robes de Snape entraient tout juste dans le salon, puis, progressivement, la chaise s'apercevant que personne n'accompagnait l'homme, elle cessait tout bruit.
En 2 semaines, Snape avait fini par percer ce mystère, mais pensait, que décidément, cette chaise était bien possessive. Un peu comme une femme un peu trop jalouse. Il s'approcha de la chaise qui ne cessait son barouf lorsqu'il n'était pas seul. Il avait, au début, remarqué des petites choses qui le faisaient presque rire, maintenant, sur cette chaise. Soyons clairs, la chaise bruyante n'était jamais la même en fonction de la pièce où était notre protagoniste. Cependant, le professeur avait vite remarqué que la chaise « changeait d'apparence » pour toujours être reconnaissable.
D'une simple chaise en bois banale et accordée au reste du mobilier poudlardien, l'objet beige revêtait d'abord une magnifique couleur noire et luisante. Puis elle s'ouvrageait lentement, révélant toujours plus de gravures magnifiques. Des arabesques qui s'entremêlaient comme deux corps. Plus le temps passait et plus Snape trouvait les dessins érotiques.
Il ne savait d'où lui venait cette idée, et il avait peur de se découvrir, d'un moment à l'autre, une attirance pour les chaises...
La dernière étape de la métamorphose constituait en un coussin, qui , en fonction du temps, se teintait d'un vert sombre ou éclatant, émeraude ou jade. Parfois, même, quand le temps était vraiment magnifique, il arrivait que de petits motifs marron doré apparaissent sur la soie du coussin. Enfin, au centre de ce moelleux attribut, brillait un bijou noir, puissant et intense qui captivait Snape.
Si il n'avait pas eu devant lui une chaise, mais quelque chose approchant le règne animal, il aurait juré voir un œil vert et vif avec, en son centre, une pupille parfaitement ronde et noire. Une éclipse au milieu d'une aurore boréale (aux dominances vertes, évidemment).
-Potter, je ne suis pas sûr qu'il soit judicieux que vous vous transformiez tout de suite... J'attends la visite de notre chère directrice.
La chaise couina. Déçue. Snape la vit se tourner sur elle-même pour lui présenter son dossier. Voilà qu'elle boudait maintenant. L'homme soupira en hochant la tête. Il savait pertinemment que Potter lui ferait payer sa négligence. Soudain une voix jaillit dans son esprit :
-Si tu le sais, pourquoi tu joues pas le jeu ?
Snape tourna lentement sur lui-même, de cette façon qui effraie même les plus courageux. Le regard peu amène qu'il balança à la chaise aurait tué n'importe qui.
-Si il ne s'agit que d'un jeu pour vous, vous pouvez quitter cette pièce immédiatement.
La chaise pivota lentement, sur trois pieds. Le bruit qu'elle émit alors pouvait se rapprocher d'un rire. La chaise se volatilisa alors que la grande directrice McGonagall entrait dans le salon du grand professeur de potion...
Tout avait commencé il y avait 3 ans, après la guerre, lorsque Potter avait déboulé, sanguinolent et inquiet, dans sa chambre d'hôpital. Il était alors interné à St Mangouste des suites de ses blessures. Quelques sorts inconnus avait donnés du fil à retordre aux médicomages, et ils avaient pris la décision de faire appel à Potter pour en connaître la teneur exacte. Celui-ci avait alors dix-neuf ans et venait de tuer Voldemort. En fait les spécialiste de l'hôpital pensaient que ce petit idiot à la crinière sombre pourrait aider, compte tenu de sa... « Promiscuité » avec Voldy et ses adorateurs. Il se trouvait que Potter avait été son compagnon de cellule pendant près de deux mois, mais que ses séances de tortures étaient beaucoup plus violentes, rapprochées et longues, que les sienne. Bref, il avait donc déboulé sanguinolent, inquiet et en robe d'hôpital, pour venir lui demander comment il allait. Snape avait sourit... Enfin, étiré ses lèvres vers ses oreilles (Snape ne sourit pas). Ils avaient commencé à se connaître vraiment en cellule.
Un certain respect s'était instauré,et malgré tout, un lien... Amical s'était tissé. Chacun était le confident de l'autre. Lorsque l'autre était blessé l'un le soignait du mieux qu'il pouvait... Ils avaient subit les même choses, et Snape craignait que Potter ne lui renvoie son image de torturé. Il avait tout fait pour rester distant et froid, mais les assauts mangemoréens l'avait fait céder. Il était glacial, pas inhumain, et sa solitude n'avait pas fait long feu lorsqu'une nuit, après deux jours de tortures, le jeune Harry s'était blotti par réflex contre lui, cherchant chaleur et réconfort. Il n'avait pas dormi cette nuit-là, tendu et... Dégouté. Il ne pouvait pas le nier, cela ne lui avait pas semblé franchement agréable de se retrouver avec un chiard à ses basques. Puis, nuits après nuits, il avait laissé tomber. Bon, il ne prenait pas non plus Potter dans ses bras, mais ils dormaient... Ensemble, quand Potter cauchemardait, il le réveillait et le rassurait. Bien des fois, le jeune homme avait éclaté de rires devant ses tentatives maladroites, ses mots absurdes et ses bafouillages. Jamais le maître de potion ne s'était sentit si... Con.
Toujours est-il que lorsque Potter avait déboulé ce jour-là, l'inquiétude que le professeur avait décelée sur son visage l'avait surpris. Le jeune homme avait demandé à rester seul avec son maître des potions, pour un examen qu'il ne pouvait mener entouré par une horde de blouses blanches. Les médicomages, plus que réticents, avaient finalement cédé. Une fois seuls, il l'avait regardé noir et hurlé dessus. Une blessure dont il ne lui avait pas parlé, un sortilège qu'il avais omis... Des détails ridicules qui l'avait choqué. Un « STOP » sec de la part du professeur l'avait arrêté net. Essoufflé et les yeux exorbités, il avait détourné son regard. Snape avait attrapé sa main et demandé ce que signifiait ce comportement idiot et affligeant.
Alors Potter était repartis, mais sur un autre registre. Ses joues s'étaient colorées sous sa colère et il avait hurlé que si son affection lui semblait affligeante et idiote, il n'avait qu'à le dire !
Honnêtement, Snape avait éclaté de rire pour la première fois en... longtemps. En fait, cet Harry Potter lui faisait redécouvrir des gestes depuis longtemps oubliés. Des gestes que Lily lui avaient appris. Oh ! Il était bien différent de sa mère, mais... Severus sentait malgré tout, naître des sensations étranges...
Ils avaient continué à se côtoyer. Après délibération, et avec l'accord de tout l'ordre, Harry avait emménagé avec Severus.
La cohabitation avait été et était... Difficile. Les disputes s'enchaînaient, le matériel brisé commençait à couter cher au deux partis, lorsqu'une de leur dispute les avait laissé essoufflés et en sueur, se fixant en chien de faïence. Puis Potter l'avait détaillé de haut en bas, rapidement, puis plus lentement. D'un seul coup,il avait détourné le visage, gêné par la rougeur chaude qui enflamma ses joues. Et Snape avait compris la signification de l' « affection » de Potter. C'était surprenant, c'était violent et c'était irrésistible. Severus, l'inébranlable Snape, en avait tremblé de tous ses membres.
Désarroi.
Désir
Peur.
Envie.
Enivrement.
Et tout avait changé...
Rasta : vila la nouvelle fic, celle que je couve dépouis... Longtemps. Bref, humour et tristesse, j'aime plutôt bien. Vous aurez la suite de l'histoire de la chaise au deuxième et dernier chap; Normalement c'est un two-shots !
