Je ne sais pas comment je me suis embarqué dans cette histoire ou plutôt, je ne sais plus vraiment à quel moment j'ai commencé à creuser ma propre tombe. Est-ce que je le regrette ? Non pas le moins du monde.
15 h Central, Edward Elric se rendit au quartier général pour rendre une petite visite de routine au nouveau Führer qui n'était personne d'autre que son ancien supérieur Roy Mustang. Le temps était ensoleillé, le vent frai, le printemps envahissait l'espace de ses arbres fleuris et des cris d'enfants.
Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas revenu à Central. Depuis que son frère et lui avaient récupéré leur corps, les fameux frères Elric ne cessaient d'explorer les pays limitrophes dans des contrées les plus éloignées. Pourtant, malgré la distance, Edward et Alphonse se parlaient presque tous les jours par téléphone, en vu de ce fameux jour où ils rentreraient chez eux pour mettre en commun leurs recherches.
Edward était rentré le premier à Amestris, son voyage n'avait pas été de tout repos. La sérénité du pays ne semblait qu'une facette pour cacher les derniers conflits d'intérêts qui subsistaient dans ce pays. Il n'hésiterait pas à en toucher deux mots à Mustang.
Traçant dans les couloirs de la base, Edward saluait les compagnons qui le connaissaient par son ancienne réputation de meilleur alchimiste. Aujourd'hui, il ne lui était plus possible de faire jaillir un seul éclair de ses mains, c'était le prix à payer pour récupérer cette personne qui lui était la plus chère au monde.
Les bruits de ses talonnettes résonnaient dans le couloir, on ne pouvait pas ne pas l'entendre arriver. Certains se décalaient sur son passage, admirant la beauté de ce garçon aux cheveux d'or devenu un homme. Il arborait un sourire certain en s'approchant de son but, ce sourire que tant de gens espéraient voir apparaitre sur son visage autrefois. Arrivé devant la porte du centre de contrôle, Edward frappa trois coups distincts. C'était la première fois qu'il le faisait, jamais Ô grand jamais le célèbre Edward Elric ne s'était abaissé à suivre les bonnes manières de ce pays. Mais aujourd'hui était différent, lui-même était différent.
- Entrez, répondit une voix grave à l'intérieur.
Il la reconnut, impossible de le nier, c'était bien la voix de son supérieur. Sans attendre une seconde de plus, le Fullmetal pénétra dans le bureau et referma la porte d'un simple coup de pied.
- Tiens Boss, ça faisait des plombes ! S'exclama le nouveau sous-lieutenant Fuery.
A cette appellation, les autres militaires relevèrent le visage de leur dossier pour apercevoir celui qu'ils avaient vu grandir. La Team Mustang était presque au complet, seul manquait Havoc, probablement de corvée de ronde.
- Eh bien il semblerait que ton voyage t'ait enfin appris les bonnes manières, Fullmetal. Ma porte te remercie.
Edward grimaça à ce titre, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus appelé ainsi. Il avait insisté auprès de ses compagnons de trajet de l'appeler simplement Ed. Celui-ci déposa sa valise à l'entrée et se dirigea lentement vers Mustang. Contrairement à lui, il n'avait pas vraiment changé, Roy restait un bel homme dans la fleur de l'âge, ses yeux noirs en amandes rivés sur l'avenir de sa patrie. Edward pensa un court instant qu'il était fier d'avoir pu assister à la monté d'un tel homme mais se ravisa en se rendant compte qu'il s'agissait de son bâtard de colonel.
- Ne vous en faites pas, je compte vous la défoncer bientôt. Je suis uniquement ici pour savoir si vous aviez des nouvelles d'Alphonse.
Son excellence soupira, il aurait pu s'en douter. L'aîné Elric ne se serait jamais déplacé en personne pour leur rendre une simple visite de courtoisie.
- Ton frère a appelé Gracia ce matin, il sera à Central ce soir.
- Très bien.
Edward se prépara à tourner les talons et repartir en direction de son hôtel quand le Führer se leva de son siège pour l'en empêcher.
- Il va falloir que nous parlions de ton statut.
Le jeune homme s'arrêta net. Effectivement, il y avait pensé mais n'avait pas encore pris de décision. Il pouvait rester militaire mais l'idée d'être à nouveau envoyé aux quatre coins du pays pour vérifier que tout se passe bien n'était pas vraiment dans les plans du blond.
- Je reviendrai vous voir demain, répondit-il en ouvrant la porte.
20 h Central, Edward avait rejoint sa chambre d'hôtel et attendait patiemment l'arrivée de son frère simplement vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon noir. L'envie d'appeler Résembool pour le prévenir de son retour lui était vite passée. Winry lui poserait sûrement une centaine de question sur l'entretient de son automail et il n'avait pas la tête à ça ce soir.
Non, pour ça, Edward n'avait qu'une personne en tête en ce moment : Alphonse.
Il lui avait manqué pendant son voyage, ça, il ne pouvait pas le nier. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient séparés mais l'aîné ressentait l'extrême besoin de revoir son frère. C'était comme ça, il ne pouvait l'expliquer. Son ventre se tordait à chaque fois qu'on faisait référence à son cadet. Edward mettait ça sur le compte de l'alchimie qui les avait liés si longtemps.
Sans qu'il ne s'en rende compte, la porte de sa chambre s'ouvrit. Le jeune blond regardait assis en tailleur sur son lit la lune à travers la vitre. Une silhouette s'approcha lentement de lui et s'installa à ses côtés sans le déranger.
- Je suis rentré, grand-frère. Chuchota Alphonse en déposant sa main sur l'épaule de son aîné.
- AL ?! Cria Edward en sortant de sa létargie.
Il sursauta si fort que l'ancienne armure tomba lourdement à Terre, observant son frère les yeux ronds comme des billes.
- Ca va pas ?! Répondit-il en se frottant le fessier, tu m'as fait peur !
- C'est à moi de te dire ça ! J'ai failli mourir sur place !
Les joues d'Edward se teintèrent de rouge en remarquant ce qui venait de se passer. Son souffle s'accélérait sur la surprise, il ne pensait pas que leurs retrouvailles se dérouleraient ainsi. Il baissa la tête sur les draps défaits, il aurait voulu l'accueillir en d'autres termes.
- Bon, reprit Alphonse debout devant le lit. Je vais aller préparer à manger, j'imagine que tu n'as pas appris à le faire à l'ouest.
Edward hocha négativement de la tête, éberlué.
- Très bien, attends-moi, je reviens dans vingt minutes.
Alphonse lui offrit un large sourire, soulageant son frère, avant de disparaître dans la cuisine. Edward ne put s'empêcher de détailler son cadet, ses épaules étaient un peu plus large, il avait la carrure d'un vrai homme maintenant. Les yeux du blond descendirent jusqu'à son bassin, insistant légèrement sur la courbure de son fessier parfaitement mis en valeur par ce jean moulant. Edward secoua à sa tête avant de reprendre sa contemplation du ciel. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? D'accord, ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu mais de là à le mater comme une vierge effarouchée, il était son frère quand même !
Au bout d'une quinzaine de minutes, Alphonse appela son frère pour manger. Celui-ci rougit en se levant, comment allait-il le regarder dans les yeux après ce qu'il venait de se passer ?
Pas le choix, il prit le chemin de la cuisine en chassant toutes les idées dérangeantes qui lui traversaient l'esprit. Cependant, ces idées revinrent lorsqu'il aperçut Alphonse habillé d'un tablier beige en dentelle en train de servir ce qui ressemblait à un ragout dans deux assiettes en porcelaine. Une vraie femme au foyer, pensa-t-il en riant.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Alphonse en retirant ses maniques.
- Rien, je me disais que ce tablier rose ne t'allait pas si mal.
Contrairement à ce qu'il pensait, Alphonse ne fut pas gêné par son fau compliment et lui adressa un grand sourire amusé. Ce fut au tour d'Edward d'être décontenancé. Il s'installa sur sa chaise, fébrile.
- Alors, comment ça s'est passé à l'est ?
- J'ai revu May, Ling et Lan Fan. Tu sais Ling est empereur maintenant, alors il m'a aidé à me loger et à accéder aux travaux sur l'exirologie. C'était super intéressant ! Et toi, à l'ouest ?
- Creta n'était pas très enchanté de voir un ancien alchimiste sur ses terres alors les recherches ont été plus compliquée. Raconta Edward en avalant plusieurs bouchées du ragout. Mais c'était quand même intéressant, je te montrerai ce que j'ai trouvé tout à l'heure.
- Je suis content de voir que tu vas bien, grand frère.
Edward s'arrêta un moment de s'empiffrer et corrigea son attitude indécente. Il avait envie de donner une bonne image à son frère. Aussi se dépêcha-t-il de terminer son assiette de faire la vaisselle.
Sa réaction intrigua Alphonse, il l'observait du coin de l'œil. Jamais son frère n'avait pris l'initiative de faire la vaisselle auparavant. Peut-être était-t-il fiévreux ? Inquiète, le cadet se leva à son tour et passa derrière Edward en train d'essuyer ses couverts. Doucement, il déposa sa main droite sur le front bronzé de son frère. Sa réaction ne se fut pas attendre, le jeune blond sursauta et fit volte face, les mains encore couverte de mousse. Le temps était suspendu, aucun d'entre eux ne se décidait à briser le silence de corbeau régnant dans la cuisine. Le cœur d'Edward s'affolait par le peu d'espace entre Alphonse et lui. Mais oui, c'est cela, il était malade ! Il devait avoir choppé un microbe à Creta ou dans le train, il savait que ce contrôleur n'était pas au top de sa forme.
Il ne pouvait pas ignorer ce souffle parfumé chatouiller ses propres lèvres. Ses yeux dorés étaient plantés dans ceux d'Alphonse. Il devinait ses joues rouges par la chaleur qui se propageait dans son corps tel un virus.
- Ed…tu devrais te reposer, nous verrons demain pour nos recherches, dit Alphonse en souriant.
Peu à peu, il s'écarta du corps d'Edward, s'asseyant dos à lui pour terminer son ragout. Un froid envahit l'aîné, une sensation de vide rempli son espace vital. Il n'avait pas bougé d'un pouce. Que venait-il de se passer ? A quoi avait-il pensé quand leurs corps étaient si proches ?
Alphonse avait raison, il avait probablement besoin d'un peu de repos…
