Un petit OS sur Minerva, qui m'est venu un jour de mars, pendant que je mangeait un pomme. ( Blabla inutile de l'auteur ).

Coquille vide

Vide. Tu es vide.

Toute ta vie a été tournée vers la victoire. Gagner, encore et toujours. Gagner, étaler ta force aux yeux du monde entier.

Gagner.

Mais quand tu as perdu ?

Qui es-tu quand on t'arrache ton masque victorieux ? Cette aura hautaine qui fait ton identité ?

Tu n'es personne. Quand le masque tombe, tu n'existe plus.

Il était déjà tombé avant, ton loup couleur de rien. Mais seulement dans l'intimité de ta chambre, où tu te savais seule. Quand tu étais sûre que personne ne serait témoin de tes larmes.

Car tu pleurais, une fois l'illusion dissipée. Tu te regardais dans le miroir et tu ne voyais qu'une coquille vide. Et les larmes coulaient.

Puis tu réendossais ta parure chimérique et la vie continuait.

Mais chaque chose a une fin.

Que vas-tu faire, maintenant que ton beau masque est en miettes, brisé par la fée aux cheveux écarlates ?

Titania a brisé ton masque. Devant le public. Devant les caméras. Devant le pays entier. Devant ton père. Devant ta guilde.

Devant lui.

Lui qui n'aurait jamais du voir ce que tu es vraiment.

Alors tu pleures.

Devant tout le monde. A quoi bon te cacher, maintenant ? A quoi bon essayer de recoller péniblement les morceaux du masque ? Cette fois, la vie ne continuera pas.

Tes pleurs redoublent d'intensité. Et le monde voit la coquille vide. La fille de rien aux yeux apeurés.

Le masque est tombé en poussière. Le masque, le voile qui cachait tes peurs. Peur de ton père. Peur du regard des autres. Peur du monde entier.

Peur de la peur.

Tout là-haut, les fées fêtent leur victoire. Elles rient, elles chantent, elles dansent. Pendant que toi, tu pleures.

Titania danse, et son ballet funeste t'emporte. Le combat fait rage. Les puissances s'affrontent. Enfin un adversaire à ton niveaux. Elle est forte.

Très forte.

Trop forte.

Sa chorégraphie fatale fait voler en éclats ton masque d'impassibilité cruelle.

La fée est belle, quand elle danse.

Pas toi. Tu n'es pas une danseuse.

Juste une coquille vide, dont les larmes creusent des rigoles salées sur ses joues.

Tu as vaguement conscience du fait qu'on te porte jusqu'à ta chambre. Ils auraient du te laisser sur le sol de l'arène, dans la crasse et la poussière. C'est la place d'une coquille vide.

Pas le miroir, non, pas le miroir ! Il te jette à la figure tout ce que tu as voulu cacher. Tes peurs, tes blessures, tes failles, tout.

Horrible image, méchante image.

A côté de cette glace de malheur, il y a les calmants, les somnifères et les antis-douleurs. Ces petites pilules qui permettaient au masque de rester en place.

Deux cachets, un verre d'eau et un sommeil sans rêve.

Deux cachets.

Est-ce que c'est facile, de briser une coquille vide ?

Oui. C'est facile. Il suffit de trois,

Quatre,

Cinq,

Six comprimés dans le verre.

Allez, un peu de vrai courage, au moins une fois dans ta vie.

1, 2, et …

« Non mais ça va pas la tête ! T'es pas bien ! »

L'eau se répand à terre, sur la moquette hors de prix. Deux bras t'entourent, et tu t'y abandonne. Deux prunelles turquoise te fixent, dans un mélange de peur, d'inquiétude et de colère.

« Ne me refait jamais un truc pareil, compris ?! Si t'y passe, j'te suis direct, et j'ai aucune envie de crever ! »

Radouci, il essuie tes dernières larmes.

« T'inquiète pas, ça va aller, Minerva. »

Tout va s'arranger, tu verras ...