Ça n'arriverait jamais dans les épisodes - tournage impossible et effets spéciaux hors de prix - et encore moins du fait que les choses entre Rose et Tenth sont poussées plus loin que la bonne tenue des choses le voudrait.

Mais que voulez-vous, l'image était irrésistible!

Alors voici une aventure du Docteur et comment il convertit temporairement ses Converses en une jolie queue de merman.

Comme d'habitude, le Docteur et le Tardis ne m'appartiennent pas et je fais cela pour le simple bonheur de le faire courir - nager - avec Rose.

Bonne lecture!

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La planète Shouaï avait ceci de particulier qu'elle était entièrement recouverte d'eau à l'exception d'une demi-douzaine d'îles moins grandes que l'Angleterre. Le sable était froid et étincelait dans des tons de roses et de bleus et le Docteur expliqua distraitement que le sable n'était pas - en fait - formé de sable, mais de poussière de coquillage, qui ne chauffait pas au soleil et qui produisait cette iridescence.

« Langage très technique pour un endroit aussi magnifique. » dit Rose en déposant son attirail de plage.

Le Docteur renifla devant les tongs, la serviette aux motifs Nemo et, surtout, devant le maillot de bain de la jeune femme. Il ne l'avait jamais vue aussi… aussi peu vêtue et l'effet était étrangement déconcertant. Pour sa part, il avait simplement retiré ses chaussettes et ses Converses et roulé (légèrement) les bords de son pantalon.

« Vous ne voulez pas enlever votre veste? »

« Pour que j'attrape un coup de soleil? Non merci. »

« Vous avez une chemise en dessous. » fit-elle d'un ton moqueur.

« Peut-être plus tard. » répondit le Docteur en plantant le parasol avec un soin exagéré.

Un bruit d'éclaboussure le fit se retourner, mais Rose avait déjà plongé dans les vagues. Il ne s'inquiétait pas. Pas trop. Il n'avait pas à s'inquiéter. Elle savait très bien nager et ils avaient passé des heures dans les récifs australiens. C'était peut-être parce qu'ils portaient alors des bouteilles d'air comprimé et l'attirail complet du plongeur (tuba, masque, etc.) qu'il n'avait pas été si nerveux.

Ou peut-être était-ce l'effet de la combinaison de plongée qui l'habillait un peu plus que ce maillot.

Il se laissa tomber à l'ombre du parasol et étira chacun de ses orteils, se demandant encore pourquoi il cédait à tous les caprices de la jeune femme. Il sourit aussitôt : il aimait céder à tous ses caprices. Il adorait son rire et l'étincelle dans ses yeux quand il la mettait au défi et qu'elle renchérissait.

« Elle est extra, Docteur! Vous êtes sûr que vous ne voulez pas faire trempette? »

« Certain! »

La tête blonde redisparut sous une vague.

Et puis, de toute façon, c'était ridicule de dire que l'eau était « bonne ». Comment l'eau pouvait-elle être autrement que bonne? Dure? Amère? Triste? Coléreuse? L'océan était l'océan et il ne fallait pas chercher plus loin.

Une goutte d'eau puis plusieurs autres tombèrent dans son col et il glapit de surprise, se levant d'un bond et faisant face à… une Rose qui se tordait de rire d'avoir pu le surprendre. Ses cœurs manquèrent un battement. Oui, c'était à cause du maillot, définitivement.

Et puis, son rire mourut et elle pointa le large. À une centaine de mètres, on voyait poindre une tête et des bras qui leur faisaient signe. Si loin de toute civilisation, ce n'était certainement pas un simple « hello ». Rose s'élança, mais le Docteur la dépassa, la laissant bouche bée devant la vision d'un caleçon aux motifs écossais (alors il n'était pas seulement adepte des rayures bleues finalement?). Elle retint un fou rire en voyant la cravate, toujours nouée.

Rose comprit rapidement que le Docteur nageait beaucoup plus vite qu'elle et elle s'avança jusqu'à ce qu'elle ait de l'eau jusqu'au menton, prête à lui donner un coup de main pour les derniers vingt mètres. Il avait presque atteint la personne et elle sautilla d'impatience.

Elle ressentit une piqûre sur son mollet et sa première pensée fut qu'un serpent l'avait piquée. L'eau était d'une transparence de cristal et elle n'apercevait rien, pas même un rocher ou des algues urticantes. Et puis soudain, la piqûre devint une brûlure, quelque chose la heurta par derrière et elle but la tasse. On la piqua plusieurs fois sur les bras et les jambes et elle se débattit, sans pourtant que l'assaut ne cesse. Elle prit son élan et creva la surface en criant. Elle fit face au large, criant de plus belle pour attirer l'attention du Docteur et le prévenir d'être prudent. Mais la mer était calme, les vagues avaient même cessé leur roulis.

Le Docteur avait disparu.

Une nausée la saisit et elle essaya de rejoindre la plage, toujours en bute aux piqûres de son ennemi invisible. Elle se traîna jusqu'au Tardis, pleurant de douleur, trébucha jusqu'à l'infirmerie et s'évanouit dans le lit diagnostic.

Le Tardis mit quelques secondes à établir un traitement approprié. Il n'avait pas besoin d'un commandement précis pour prendre soin de Rose, il aurait agi de même avec n'importe quel compagnon du Docteur. Pourtant, les circuits véhiculant l'énergie particulière du vortex du temps vibraient avec une tendresse particulière, reflétant celle du pilote de la boîte bleue.

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Le Docteur avait l'impression de flotter. La tête lui tournait. Sa gorge le démangeait, mais il était incapable de se gratter. Quelqu'un lui disait de rester calme, qu'il ne fallait pas déranger ses soigneurs. Il se sentait détaché de son corps, comme s'il était en apesanteur et à des kilomètres de son propre cerveau. Il aurait pu avoir peur (même si un Seigneur du temps souffre rarement de la peur), mais quelqu'un lui disait d'avoir confiance. Alors il avait confiance. C'était si simple.

Il se sentait léger et… dense, autant qu'une brique d'uranium enrichi. Ses deux cœurs battaient lentement, régulièrement, et il sentait toujours le grain de beauté sur son omoplate. Le reste… le reste se consumait. Il comprit que sans les soins qu'on lui prodiguait, cette chaleur aurait été une brûlure insoutenable.

Mais il y avait autre chose d'insoutenable… une absence… celle d'une jeune femme.

ROSE!

Quelqu'un poussa sur son épaule pour l'obliger à se calmer. Il fallait qu'il se remette et le calme l'aiderait.

Mais Rose l'aiderait. Rose le retrouverait.

Quelqu'un lui demanda qui était cette Rose, s'il s'agissait de la jeune femme qui se baignait non loin de l'île.

La simple image de la jeune femme effaça complètement la douleur durant quelques secondes. C'était une drogue de penser à elle. C'était perturbant de la savoir loin de lui.

Quelqu'un lui demanda s'il s'agissait d'une personne importante, s'il fallait la retrouver pour les réunir.

Il aurait pu répondre dans cinq milliards de langages, mais tout se résumait à un « oui ».

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Rose trouvait son lit beaucoup trop étroit et n'arrivait pas à se tourner de côté. Quand elle ouvrit les yeux sur le plafond de l'infirmerie, sa première réaction fut de chercher le Docteur. Puis ses idées s'éclaircirent. Le Docteur. Il devait être encore dans la mer. Le Tardis se plaignit quand elle se leva et courut dehors malgré sa faiblesse. Rose se retint au parasol, puis l'arracha et s'en servit comme d'une béquille pour arpenter la plage. Trois heures plus tard, elle tremblait de fatigue et n'avait trouvé aucune trace. Il ne restait de lui qu'une pile de vêtements dont il s'était débarrassé en trois secondes pour aller secourir… Rose étouffa un gémissement. Elle enfouit son nez dans les plis du costume rayé et de la chemise. Les odeurs lui donnaient des papillons dans l'estomac et elle réalisa qu'elle était seule. Toute seule. L'horizon était dégagé, la mer s'étirait à l'infini. Mais le paysage idyllique était devenu un désert plat parce qu'Il n'était plus là.

« Vous êtes Rose Tyler. Le Docteur vous réclame. »

« Quoi? »

« Je suis là. Dans l'eau. »

Rose stoppa net. La vision était déconcertante. Il s'agissait d'une femme plutôt séduisante, dans le milieu de la trentaine, aux cheveux si pâles qu'ils en paraissaient blancs. Oh… et c'était une sirène, une vraie sirène avec une queue de poisson et des nageoires translucides. Une sirène.

La sirène portait un collier directement sur la gorge et appuya légèrement dessus pour parler.

« Je m'appelle… »

Et la créature mythique prononça une longue suite de syllabes fluides. Rose hocha la tête avec politesse.

« Mais vous pouvez m'appeler Adara. Le Docteur a pensé que ce serait plus facile à prononcer. »

« Pourquoi l'avez-vous enlevé? »

« Pour le protéger. Et le soigner. Il existe des prédateurs microscopiques dans l'eau et ils s'attaquent à la chair de créatures semblables à vous. »

« Pourquoi l'avoir attiré dans l'eau dans ce cas? Nous étions hors de danger. »

« Vous êtes naufragés ici. Tôt ou tard, vous auriez été attaqués. C'était une mesure de précaution. C'est vous qui auriez dû venir en premier, mais nous n'avons pas été alertés immédiatement de votre venue. Vous avez eu beaucoup de chance de n'avoir pas été blessée. »

« Non, pas de la chance. Il y avait un traitement dans le Tardis. »

« Qu'est-ce qu'un Tardis?... Oh, je comprends. Il ne l'avait pas mentionné. Il a surtout parlé de vous, Rose Tyler. »

« Dites seulement Rose. »

« Il vous appelle Rose Tyler. »

« C'est une manie à lui. »

« Il a beaucoup de manies. » fit Adara d'un ton sentencieux.

Rose éclata de rire, puis serra les dents : « Attendez une seconde. Vous lisez dans mes pensées! »

« Oui. Il a dit que ça vous poserait problème, mais je ne lis que dans votre esprit public. J'entends votre réponse au moment où vous la formulez dans votre tête. Rien de plus. Ce ne serait pas moral de faire autrement. »

« Merci. » répondit automatiquement Rose. « Maintenant, si vous vouliez bien ramener le Docteur, il y a un traitement dans le Tardis et nous pourrons… euh… nous occuper de nos affaires et vous laissez… euh… aux vôtres. »

« Oh, oui… j'y arrivais. Il n'a pas pu venir parce que le traitement n'est pas tout à fait complété et il s'inquiétait. Il avait peur que vous vous sentiez seule. Alors je dois vous guider vers lui. Et vous pourrez probablement bénéficier du traitement. »

« Merci, mais le Tardis y a pourvu. »

« Permettez que je vérifie? Tendez-moi votre bras. »

Adara palpa le poignet, effleura le creux du coude et tapota deux ou trois points stratégiques. Elle hocha la tête avec surprise : « Le traitement est très efficace. Je suis surprise que vous n'ayez pas d'effets secondaires. »

Rose fronça les sourcils, pensant au Docteur : « Quels effets secondaires? »

« Oh, rien de grave. En fait, nous nous sommes adaptés à ces effets. On pourrait même dire que sans eux, nous ne serions pas ainsi. » Adara désigna le bas de son corps.

« Et est-ce que le Docteur… souffre… des mêmes effets secondaires? »

« Bien entendu. Mais il faut s'en féliciter. Nous avons eu beaucoup de difficulté à travailler avec son système cardiovasculaire double. »