Bonjour à toutes!

Résolution 2012: revenir publier ce site, qui, avouons-le, et particulièrement doué pour nous faire passer d'innombrables nuits blanches.
En effet, j'avais à l'esprit depuis plusieurs mois une fic HG/SS (on ne se refait pas!) et, mettant ma procrastination naturelle de côté, j'ai commencé récemment à la coucher sur le papier.

Sauf que voilà, Draco, mécontent d'être laissé à l'écart cette fois-ci, s'est montré particulièrement subversif; d'où cette fic qui tient plutôt du divertissement neuronal et de l'exercice de style (Merlin sait à quel point je déteste écrire des dialogues -et ils me le rendent bien!)

Avant de vous laisser tranquille, quelques précisions s'imposent: cette fic se situe hors du monde de JKR: pas de Poudlard, pas de magie, etc...Je lui ai seulement emprunté deux personnages: Hermione et Draco.

Lasse des fics à l'eau de rose qui pullulent côté français, j'ai voulu traiter ici un sujet relativement peu abordé: le vieillissement d'un couple.

Donc, si vous espérez: une Hermione métamorphosée en mannequin (si, si, à 50 ans après trois gosses et sans l'aide du bistouri, c'est tout à fait possible, voyons!) / un Draco-Don Juan-Apollon-Colgate / une multitude de lemons torrides / des enfants trempant dans la guimauve / des petits-enfants déguisés en angelots; je n'ai qu'une chose à dire: passez votre chemin!

... Reste-t-il des lectrices?

Si oui, bonne lecture!

Chapitre 1:

Les yeux clos dans un simulacre de sommeil, Hermione écouta comme chaque matin le matelas se creuser dans un murmure vibrant, puis le gémissement sourd alors qu'il basculait adroitement ses jambes hors du lit conjugal, et enfin, le son mat de ses talons heurtant le sol à intervalle régulier.

Neuf pas exactement le séparaient de la salle de bains.

Quand elle fut certaine qu'il avait quitté la pièce, elle étreint doucement l'oreiller abandonné, s'abreuvant de son empreinte encore tiède, au milieu des draps défaits.

La chambre était déjà désertée depuis de longues minutes quand, à son tour, elle se dirigea chancelante vers la salle de bains.
L'Hermione prompte et enthousiaste s'était peu à peu effacée au cours de ces trente années de mariage, et c'est précisément ce que la glace lui souffla sournoisement en cette matinée de mai.
Peut-être aurait-elle pu trouver au fond de ses prunelles, quelques paillettes mordorées et quelques souvenirs pétillants, si leur recherche ne lui avait pas semblé tristement vaine.

Elle s'étira dans un long bâillement empli de lassitude et le marbre immaculé de la salle de bains parut se réveiller avec elle.

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres en repensant à une phrase d'Isadora, sa cadette:

« Le miroir ne reflète que nos peurs ! » avait-elle clamé innocemment en lui offrant une grande psyché, lors de son dernier anniversaire.

Pourtant, sa nouvelle apparence, modelée au fil des vicissitudes, n'était pas le fruit de son imagination.
Au contraire, rien ne lui paraissait aussi réel que ce reflet : ses rides, qui se propageaient comme une toile d'araignée de ses paupières à sa bouche, ses tempes légèrement blanchies, ou encore sa taille épaissie par trois grossesses, le départ de ses filles et son attrait irréversible pour le chocolat.

Et là, brusquement, elle sentit, du plus profond de son être, s'amplifier le grondement du passé, charriant toutes les peurs, toutes les fausses explications et tous les doutes qui l'avaient menée à l'Échec. Quelques déferlantes plus tard, les rancœurs s'étaient muées en certitudes.

Figée.

Des joues légèrement cuivrées par un doux soleil printanier, aux plis de sa robe de chambre satinée; tout était suspendu.

La constatation sonna comme un aveu déchirant : son couple était au bord du précipice et elle n'avait plus la force de le nier.


Draco Malfoy, 53 ans, le nez aquilin fendant l'air et le pas toujours aussi vif n'avait rien perdu de sa superbe.

Si ses cheveux soigneusement peignés étaient désormais mouchetés d'argent ses yeux avaient conservé leur éclat métallique si particulier, ce même éclat -conjugué à un excellent sens de la répartie- qui lui avait assuré en quelques années une réputation de fer dans les cours juridiques.

Pourtant, aujourd'hui, il avait lu, dans chaque regard, tantôt inquiet -ses collègues, ou bien inquisiteur -sa secrétaire- sa propre fatigue, inéluctable.
Seuls les stagiaires, immanquablement englués dans leur masque d'admiration, stupides arrivistes qu'ils étaient, n'avaient noté aucun changement.

Il démarra brutalement et éteignit la radio d'un geste hargneux.

En bref, la journée avait été longue, et on avait même fini par lui suggérer délicatement de prendre «quelques vacances bien méritées» tandis que son bras droit clamait haut et fort qu'il se chargerait du dossier Stephens pendant ce délai. À croire que, malgré tous ses efforts, la tristesse transpirait par tous les pores de sa peau.

À cette pensée, il appuya sur l'accélérateur, le visage déformé par un rictus douloureux, ses doigts agrippés au le volant, les jointures blanchies.

La vitesse était grisante, c'était comme si ses soucis s'évaporaient dans la brise du soir en cet instant précis, il eut même l'illusion de revivre.

La réalité le rattrapa au détour de Kensington High Street. Là se dressait sa demeure cossue, entourée d'un jardin non moins cossu où l'attendait probablement une femme de papier glacé.

Or affronter l'indifférence d'une femme qu'il avait jadis chéri, une femme qu'il ne reconnaissait plus, était très certainement la dernière chose dont il était capable.

Ce fut pour cette raison, et mille autres difficilement avouables, qu'il bifurqua adroitement vers les quais de la Tamise, tranquille sous le ciel crépusculaire.


Les hurlements stridents de la petite Livie -sept mois, une dent, et deux cordes vocales particulièrement actives- se mêlèrent aux sonneries répétées du téléphone.

« J'arrive, j'arrive ! » s'exclama Diana en saisissant le combiné d'une main, le bébé dans les bras.

« Je te dérange? » demanda une voix familière au bout du fil.

«Aïe maman, tu tombes mal» grimaça la jeune femme «Livie a encore une poussée dentaire, elle ne mange rien...je rentre à peine du boulot, et vraiment, je suis épuisée.»

«Carl n'est pas là ?»

«Il est en séminaire à Manchester jusqu'à demain» soupira Diana.

«Eh bien, que dirais-tu que je vienne m'occuper de ma petite-fille?» s'enquit Hermione d'un ton faussement joyeux.

Quelques crissements de pneus plus tard, Hermione surgissait dans l'appartement, un sourire placardé sur les lèvres.

Diana ayant hérité de son père sa réserve légendaire -sans compter une blondeur solaire- les embrassades ne dépassèrent pas la durée protocolaire et les deux femmes s'affairèrent vite dans la cuisine sous les regards intrigués de Livie.

«La petite est endormie» souffla la grand-mère attendrie en fermant doucement la porte, «elle a bien grandi, c'est tellement adorable à cet...»

«Maman, si tu me disais plutôt ce pour quoi tu es réellement venue me voir?» coupa un peu sèchement Diana.

Hermione se sentit soudain ridicule. Elle était sincèrement désemparée mais de-là à se confier à sa propre fille...

«Loin de moi l'idée que tu te désintéresses de ma fille», ajouta posément Diana, «mon instinct me dit simplement que...»

«Tu as raison» interrompit-elle. «Livie n'est effectivement pas ma première préoccupation en ce moment. Le problème, c'est ton père.»

«Papa?» répéta Diana, interloquée.

Hermione hocha lentement la tête. Elle prit une grande inspiration:

- «Je crois...je crois que nous devrions nous séparer...nous sommes devenus des étrangers, depuis quelques années déjà – je refusais juste de l'admettre...mais aujourd'hui, j'ai compris que ce n'était plus viable. Je l'ai compris avec mes tripes, tu vois?»

Diana se prit les tempes entre les mains, les coudes en appui sur ses genoux.
Oui, elle avait remarqué leur distance; oui, elle avait perçu quelques tensions...mais était-ce donc grave à ce point?

«C'est une mauvaise passe, maman. Cela arrive à tous les couples, une mauvaise passe.» assura-t-elle avec un peu trop de conviction. «Et puis, vous formez un beau couple, ce serait du gâchis.»

Hermione sourit faiblement.

«C'est vrai, nous formions un beau couple.»


Il était un peu plus de minuit quand James Lowell fut réveillé par une sonnette intempestive. Valentina ne bougeant pas outre mesure, il se résigna à quitter la chaleur moelleuse du lit et se dirigea à tâtons vers la porte d'entrée.

Dans la lueur aussi lointaine que jaunâtre du lampadaire, James reconnut avec stupéfaction son futur beau-père. Après une brève hésitation, ils se saluèrent à mi-voix et se serrèrent la main -une poignée amollie par l'heure tardive.

Si James nota les yeux gonflés, le teint brouillé, et les vagues relents d'alcool, il ne dit rien.

«Désolé pour le dérangement» laissa tomber Draco au bout d'un moment – la lumière crue du vestibule n'incitait guère à la loquacité.

Son interlocuteur hocha la tête.

«Un verre, peut-être?» proposa-t-il dans une tentative de courtoisie.

«Oh, ce n'est plus la peine» répondit Draco dans un rire sans joie. «Valentina est là?» demanda-t-il un peu plus fort.

«Elle dort.»

Le silence reprit ses droits.

«Vous permettez que je reste ici pour la nuit?» lâcha-t-il enfin.
Ce n'était pas vraiment une question et il n'avait pas l'intention de se justifier.

James haussa les épaules.

«La chambre d'amis est au premier, deuxième porte à gauche. Maintenant, vous ne m'en voudrez pas si je vous fausse compagnie mais j'aimerais dormir encore quelques heures avant de retrouver mes patients.»

«Bien» murmura simplement le concerné.

«Au fait, Val' ne travaille pas demain matin» commenta le futur gendre laconiquement.

Draco acquiesça sans se retourner et disparut dans les escaliers.


Comme toujours -on ne le répétera jamais assez- vos commentaires et vos critiques sont plus que bienvenus!

En ce qui concerne la publication, je vais faire au mieux pour poster un chapitre par semaine -le week-end de préférence.
Pour celles qui s'interrogeraient, cette fic se veut plutôt courte (néanmoins, sachez que le mot "court" englobe chez moi les fictions contenant entre 1 et 30 chapitres: voilà qui vous laisse une marge raisonnable!)

Merci de m'avoir lue et à bientôt j'espère!

Ilda