Chapitre I
Ser Loras, plus jeune fils de la Maison Tyrell, était sans nul doute un chevalier tant beau que redoutable. L'art de la joute et des combats à l'épée n'avaient aucuns secrets pour lui. Et quand il ne jouait pas de ses armes, c'était son charme qui faisait le reste.
Le jeune homme était svelte, blond aux yeux clairs, pourvu de traits fins et avantageux qui lui conféraient une beauté parfaite et peu commune. Le paraître, le raffinement, la virtuosité... tout tendait à faire de lui l'un des chevaliers les plus en vue des sept couronnes.
Cependant, comme toutes choses parfaites en apparence, Loras Tyrell avait, lui aussi, sa part d'ombre. Les femmes les plus belles de Westeros avaient eu beau lui faire des avances au cours des nombreux tournois de joute auxquels il avait participé, il n'en demeurait pas moins que ce qui faisait battre le cœur du beau chevalier de HautJardin n'était pas les femmes, mais les hommes un en particulier : Renly Baratheon, frère du roi Robert, lequel était décédé depuis peu, ayant succombé aux blessures infligées au cours d'une chasse qui avait mal tournée. Désormais la guerre du pouvoir faisait rage, et des hommes de tous les territoires n'avaient de cesse de se proclamer roi à tout-va. Mais le cœur de cette bataille résidait essentiellement entre les Lannister, les Stark, et les Baratheon. Stannis, frère ainé de Renly, voyant d'un très mauvais œil l'accession de son jeune frère à la tête de la Maison Baratheon, avait donc décidé de mettre en route son armée. Le ciel s'assombrissait, les vents se levaient, et à l'horizon, l'avenir s'annonçait sous les plus ternes augures.
Renly n'aimait ni le sang, ni la guerre, mais désormais, en tant que roi, plus rien ne semblait pouvoir lui éviter d'y être confronté. Loras, qui le servait vaillamment en ayant pris la tête de sa garde rapprochée avait, le soir venu, lorsqu'il se retrouvait seul un moment, toujours les mêmes doutes qui lui revenaient inlassablement à l'esprit. Comment allait-il parvenir à entretenir la flamme de son amour pour Renly s'il devait avant tout agir avec détachement, en tant que son commandant de la garde royale ? Les histoires d'amour éternel étaient juste bonnes pour figurer dans les livres de contes de fées. L'amour, le feu de la passion qui unissait deux êtres, pouvait s'éteindre à tout moment, Loras le savait bien et c'était bien en cela que résidaient toutes ses craintes. Depuis l'union de Renly à sa sœur Margaery, Loras sentait ses craintes grandir en son cœur. Certes il savait que Renly, tout comme lui, était bien plus sensible aux charmes masculins que féminins, mais il savait aussi que Margaery ne manquerait pas de se glisser dans le lit royal pour obtenir satisfaction, chaque fois qu'elle en aurait l'occasion. Etait-ce de la jalousie qui étreignait le cœur du Chevalier des Fleurs ? Peut-être bien... car après-tout, même si Loras éprouvait une grande affection à l'égard de sa sœur, il n'en restait pas moins profondément amoureux et possessif envers Renly.
Comme pour rassurer Loras, bien qu'officiellement unis, jamais encore Renly n'avait tenu à consommer sa nuit de noce avec Margaery, et la jeune femme n'avait émis aucune remarque à ce propos. Mais le beau blond n'était pas non plus sans savoir que tout ceci pourrait avoir de néfastes répercutions dans un futur proche. Entre ses sentiments et la dure réalité des temps présents, le jeune Chevalier se devait de préserver un équilibre, aussi fragile fut-il, mais il n'avait guère le droit à l'erreur...
Afin d'instaurer quelques distractions en cette période de troubles, le roi Renly avait cru bon d'organiser un petit tournoi de joute, auquel quiconque le souhaitait pouvait prendre part. Et cela semblait en effet avoir quelque peu égayé les esprits des soldats de la garde. Les tours défilaient, avec eux les gagnants et les perdants. Sur une petite estrade montée pour l'occasion, assis aux côtés de Margaery Tyrell, son épouse, Renly, souriant, profitait du spectacle en applaudissant de temps à autre les exploits des combattants. Loras, habitué des joutes, avait lui aussi tenu à participer au tournoi. Il affronta plusieurs hommes, mais aucun n'avait son habileté à la lance, aussi il remporta de nombreuses victoire. Mais un dernier chevalier se présenta à lui. Ainsi, le blond monta sur son cheval, passa son heaume, saisit fermement sa lance, tandis qu'en face, son adversaire faisait de même. Le Chevalier des Fleurs n'eut cependant pas l'occasion de voir le visage de celui qu'il s'apprêtait à affronter, lequel ayant gardé son heaume depuis qu'il était arrivé. Lorsque les deux participants furent prêts, le roi leur ordonna de commencer. Alors les chevaux furent lancés au galop, les lances fermement tenues en avant, puis, ce fut le point d'impact. Loras, sans rien comprendre, se retrouva éjecté de son cheval et alla violemment heurter le sol. Une douleur dévorante s'était emparée de ses côtes, et son bras droit le lançait furieusement. Il en eut le souffle coupé quelques instants, et lorsqu'il senti sa cage thoracique se détendre un tant soit peu, il laissa échapper une plainte étouffée. Renly, sous le coup de la surprise et de l'inquiétude s'était aussitôt levé de son siège, Margaery également. Le chevalier victorieux resta immobile et silencieux, alors que des chuchotements et des exclamations s'échappaient d'entre le rassemblement de soldats. Quelques-uns vinrent d'ailleurs auprès de Loras pour s'enquérir de son état. Son heaume lui fut retiré et Renly le rejoignit rapidement.
- Votre Majesté...
Murmura le Chevalier des Fleurs, tout en tentant de se relever malgré la douleur, afin de sauver le peu d'honneur qu'il pouvait lui rester. Mais la douleur lui enserra à nouveau les côtes, le clouant lourdement au sol. Margaery s'accroupit auprès de son frère et lui caressa doucement la joue pour tenter de l'apaiser, mais elle-même demeurait inquiète. Le sang s'écoulant de la blessure au bras du jeune homme commençait à maculer le sol, et Renly sentait la panique monter en lui à l'idée de perdre Loras. Se reprenant un peu, il ordonna que des soins fussent prodigués au Ser Tyrell sans plus attendre. Le blond fut redressé par les serviteurs du roi, mais avait que celui-ci ne soit conduit ailleurs pour y être soigné, il agrippa le bras de Renly et serra les dents pour ne pas crier de douleur tant ses côtes, combinées à la plaie de son bras, le torturait.
- Je veux voir...son visage.
Murmura Loras, portant son regard sur le mystérieux chevalier qui se tenait toujours debout dans un parfait silence à l'autre bout de l'allée. Margaery observa son frère et tenta de l'en dissuader.
- Loras, tu as besoin de recevoir des soins tout de suite...
Mais si chez certains l'honneur était une notion abstraite qui pouvait aisément être mise de côté selon la situation, pour Loras Tyrell il était question d'une chose qui faisait partie intégrante de ce qu'il était. Et pour un Chevalier tel que lui, l'honneur et l'homme étaient deux choses indissociables. Quand bien même il devrait succomber à ses blessures si les dieux le voulaient, Loras tenait à voir le visage de celui qui l'avait vaincu. Ainsi, malgré les paroles de sa sœur, le jeune homme tenta à nouveau de se redresser par ses propres moyens, en répétant avec plus de volonté :
- Je veux le voir.
Renly se tourna donc vers le vainqueur de la joute et lui ordonna de s'approcher, ce que ce dernier fit, venant se poster face à son seigneur et s'inclinant avec respect. Le roi des Terres de l'Orage prit donc la parole, s'efforçant de mettre de côté ses sentiments pour Loras, afin de parler tel qu'un souverain se devait de le faire.
- Vous avez fort bien combattu Chevalier. Retirez votre heaume et déclinez votre identité afin que nous puissions, ma Dame et moi-même, vous féliciter à juste titre pour cette victoire.
Le heaume fut ainsi retiré et des chuchotements s'élevèrent alors aussitôt de la masse de soldats. Une femme. Sous ce heaume et cette imposante armure se cachait ainsi une femme. Celle-ci portait des cheveux blonds et courts, son visage était carré, ses épaules larges, et ses yeux étaient d'un bleu perçant. Tout en elle reflétait la dureté et l'honneur. Lorsqu'elle prit la parole, le son de sa voix forte et décidée ne surprit nullement Renly. Il comprenait qu'il avait à faire à une redoutable guerrière.
- Je me nomme Brienne de Torth, Messire.
- Eh bien félicitations pour cette victoire Lady Brienne, vous aurez tout le loisir d'être récompensée pour cela, j'y veillerais personnellement. Mais en attendant, il me faut régler d'importantes affaires, veuillez m'excuser. Margaery, je vous laisse accompagner votre frère, nous nous verrons plus tard. Courage Ser Loras.
Renly dû se faire violence pour prononcer ces paroles avec un air aussi sûr de lui. Il ne pouvait tout simplement pas tout abandonner pour rester aux côtés de Loras, bien que ce fut sans nul doute ce qu'il aurait désiré le plus au monde en cet instant. Son statut de roi l'appelait à rester stoïque et modéré, ainsi devait être sa conduite en public. Sur ces mots, Brienne s'inclina une dernière fois, Renly quitta la place de tournoi et Margaery accompagna son frère.
Seul, allongé dans un lit, Loras ouvrit péniblement les yeux. Des formes claires et dansantes se dessinèrent lentement devant son regard, jusqu'à ce que celui-ci s'habitue enfin à la lumière et que le Chevalier des Fleurs aperçoive les bougies qui éclairaient la pièce dans laquelle il se trouvait, ou la chambre pour être exact. La nuit était tombée et le jeune homme tenta donc de savoir combien de temps avait-il été plongé dans l'inconscience. Sa tête le faisait souffrir comme s'il s'était pris un coup de massue en plein dans le crâne, et il peinait à remettre ses idées en ordre. Puis, prenant une inspiration, Loras tenta de se redresser pour prendre une position assise, mais la douleur l'emporta sur sa volonté et il fut bien vite contraint de rester immobile pour ne pas aggraver ses souffrances. Le tournoi, sa chute, Brienne de Torth... tout lui revenait enfin à l'esprit. Le jeune homme tenta de respirer lentement et calmement pour se reprendre tout à fait, mais, dans la solitude de la chambre et malgré ses blessures, il ne pouvait s'empêcher de penser à Renly. Renly, qui d'ailleurs avait félicité ce monstre qu'on osait appeler une femme, après que celle-ci l'eut violement flanqué au sol. Son regard habituellement clair s'obscurcit et ses sourcils se froncèrent à cette pensée. Non, Loras Tyrell n'aimait pas perdre la face, et encore moins face à une femme, à plus forte raison encore lorsque l'homme qu'il aimait se permettait de féliciter ainsi l'auteur de sa défaite.
Sa tête lui tournait à force de se torturer l'esprit, et ceci mêlé au tournoiement des flammes de bougies et à la douleur qui lui enserrait les côtes, lui donnait la nausée. Le blond tenta de trouver une position moins douloureuse et ferma les yeux, espérant que le sommeil l'apaiserait. Mais il était seul, tellement seul que les craintes liées à sa présente solitude allaient probablement l'empêcher de dormir. Il n'y avait pas l'ombre de Margaery dans les parages, et encore moins celle de Renly. Celui-ci s'était-il d'ailleurs seulement inquiété de son état ? Ou bien avait-il trouvé mieux à faire, comme par exemple, féliciter encore Brienne de Torth en souriant, tandis que lui se morfondait dans cette chambre vide ? Loras ignorait lequel de ses blessures ou de sa colère était le plus douloureux à supporter. Si Renly s'était lassé de lui, peut-être aurait-il pu comprendre la raison de sa solitude, mais là...
C'est alors que la porte s'ouvrit, tirant Loras de ses sombres réflexions, lequel riva son regard sur l'arrivant, qui n'était autre que Renly. Le Chevalier des Fleurs aurait dû sourire, ou du moins émettre un signe de contentement face à la venue de son seigneur bien-aimé, mais au lieu de cela, il ne lui adressa qu'un regard empli de reproches, que toutefois Renly n'eut pas l'air de remarquer. Le brun vint s'asseoir sur le rebord du lit, venant caresser tendrement la joue de Loras du bout des doigts, comme s'il craignait de le briser.
- Je suis heureux de voir que tu es revenu à toi.
Déclara Renly, sans quitter le jeune Chevalier de HautJardin du regard. Mais il ne tarda pas à se heurter au ton mordant de celui-ci.
- J'imagine que tu avais certainement mieux à faire tout à l'heure plutôt que de venir t'inquiéter de mon inconscience.
Le jeune Baratheon parut surpris et touché par cette réplique amère de la part de son amant. Certes il n'était pas sans savoir que le tempérament de Loras avait parfois ses défauts, mais de là à aller jusqu'à l'accuser d'être insensible à son état... Renly fronça un peu les sourcils et saisit doucement le menton de Loras entre ses doigts avant de prendre la parole.
- Si tu m'en veux parce que j'ai encensé la victoire de Brienne et que cela t'as vexé, je m'en excuse, je ne voulais pas te fâcher, mais ne dis pas que je ne me suis pas inquiété pour toi car c'est absolument faux et tu le sais très bien. J'étais mort d'inquiétude du moment où je t'ai vu chuter de ton cheval jusqu'à maintenant. Pas une minute je n'ai cessé de me faire du souci à ton propos, Loras...
Renly voulut déposer ses lèvres sur le front de son compagnon, mais celui-ci esquiva avec dédain et le darda d'un regard de glace. Le seigneur des Terres de l'Orage ne comprenait décidément pas ce qu'il avait fait pour le mettre dans un tel état d'énervement, si ce n'était d'avoir agi comme un roi.
- Ni toi, ni Margaery ne comprenez rien. Tu dis que tu t'es fait du souci pour moi, mais tu as tout bonnement applaudit la victoire d'une femme qui a failli me tuer et en public de surcroît, alors oui, votre inquiétude était flagrante Votre Majesté.
Ironisa Loras, qui se servait à présent de chacun de ses mots comme d'une arme, instruments invisibles de la tristesse et de la colère qu'il ressentait. Humiliation, ressenti, jalousie, crainte... tant de sentiments qui tournoyaient à une allure folle dans le cœur du jeune Chevalier, et qui lui donnaient l'impression qu'il allait exploser.
- Loras... dis-moi seulement pour quelle raison précise tu décharge toute ta colère sur moi ?
- J'ai perdu la face devant toute la garde par ta faute et par celle de Brienne de Torth, n'est-ce pas une raison suffisante ?!
Loras haussa rapidement le ton au fur et à mesure que ses mots s'échappaient d'entre ses lèvres. Il aurait voulu faire taire la colère qui grondait en lui, ou du moins la digérer seul et en silence, mais avec Renly qui remuait le couteau dans la plaie sans le vouloir, il ne pouvait en être ainsi. Le brun soupira tristement.
- Quoi que tu en dises, tu n'as rien perdu de ton honneur. Les hommes ont cru que tu étais mort, nous nous sommes tous inquiétés pour toi. Rien de ce qui s'est passé ne vaut la peine que tu te mettes dans un pareil état. Tu es en vie et à mes yeux c'est tout ce qui importe. Maintenant tu devrais te reposer.
- Je n'ai aucune envie de me reposer ! Il y a une guerre à préparer et...
Loras fut stoppé net dans l'élan de son propos, ayant remué trop vivement le bras, il fut vivement rappelé à l'ordre par la douleur de sa plaie. Renly, constatant que son amant luttait pour ne laisser échapper aucune plainte, ne fit aucune remarque, mais pris doucement son bras contre lui pour constater de l'état de la blessure. Celle-ci avait été correctement soignée, et un épais tissu la recouvrait. Rassuré, Renly tenta d'apaiser Loras qui s'agitait beaucoup trop à son goût. Sans prévenir, le roi vint sceller ses lèvres à celles de son compagnon, lequel se figea sous le coup de la surprise. Mais il ne demeura pas bien longtemps insensible aux assauts du brun qui se firent plus suaves, plus langoureux. Leurs langues se rencontrèrent, se caressèrent un long moment, puis, à court d'air, Loras recula un peu la tête, rompant ainsi le délicieux échange. Renly lui caressa la joue avec tendresse, avant de déclarer.
- Il n'y aura pas de guerre pour toi. Je me suis arrangé pour qu'il ne t'arrive rien de plus que ce qui s'est déjà produit aujourd'hui. Tu as déjà pris suffisamment de risques comme ça.
L'espace d'un instant, le jeune Chevalier cru, ou du moins espéra qu'il avait dû mal entendre les propos de son amant, mais le regard de Renly lui ôta tout doute à ce propos. Il fronça vivement les sourcils et son regard prit une expression de rage non dissimulée.
- Pas de guerre...pour moi ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
- Loras...
- Dis-le !
- Après le tournoi, lorsque je t'ai vu blessé et à demi conscient, j'ai eu peur pour toi, peur de te perdre, et je ne veux en aucun cas revivre ça. Nous nous mettons en route demain dès l'aube et je refuse que tes blessures s'aggravent lors des combats qui suivront. Brienne prendra la tête de la garde. Quant à toi, je veux que tu te reposes ici afin que tu recouvres tes forces.
Ainsi, la bombe venait d'être lâchée. Emmagasinant lourdement les informations qui émanaient de Renly, Loras cru défaillir. Comment l'homme qu'il aimait pouvait-il lui faire autant de mal en quelques mots... Brienne...encore Brienne. Sa défaite ne l'avait-elle pas déjà assez humilié pour que Renly croit bon de mettre cette sauvage à la tête de sa garde ? Contenant sa douleur et malgré sa migraine, le Chevalier de HautJardin se redressa dans son lit et fixa Renly avec défiance.
- Si tu imagines que je vais rester sagement ici à t'attendre en laissant Brienne de Torth se pavaner à la tête de la garde royale, tu te fourvoie complètement.
- Je fais ça dans ton propre intérêt mais tu refuses obstinément de le comprendre. Quoi qu'il en soit, tu ne partiras pas avec nous demain. Mais je peux te faire raccompagner à HautJardin si tu le souhaites, peut-être seras-tu plus serein là-bas.
- Parfait. Puisque je ne suis là que pour te servir de câtin attitrée je préfère m'en-aller. Mais n'imagine pas que mon père va continuer à financer ta petite guerre si tu laisses cette femme dans ta garde.
- Loras...
Renly voulu apaiser la colère de son compagnon en venant l'embrasser au coin des lèvres, mais Loras le repoussa sans ménagement, faisant comprendre à son roi qu'il n'obtiendrait rien de lui ce soir.
- Sors d'ici. Tu ferais mieux d'aller t'occuper de Margaery.
Le ton glacial du blond blessa Renly. Sa décision ne remettait pourtant pas en cause l'amour qu'il portait au Chevalier des Fleurs, mais celui-ci avait tendance à prendre farouchement la moindre de ses paroles au premier degré, ce qui ne facilitait pas les choses. Se disant, pour se rassurer, que ce devait être la fatigue qui devait influencer l'humeur de Loras, Renly se leva et se dirigea vers la porte de la chambre, puis il prononça une dernière parole avant de sortir.
- Tu devrais te reposer, tu seras plus calme demain. Et sache que ma décision a été prise dans l'unique but de te préserver, parce que je t'aime. Il n'a jamais été question que tu sois ma câtin, Loras.
La porte se referma sur le brun, et le jeune Chevalier se retrouva à nouveau seul dans la chambre. Une nouvelle forme de douleur poignait à présent en lui. Ce n'était plus uniquement ses côtes ou son bras, maintenant il pouvait sentir comme une boule qui lui enserrait l'estomac. Etait-ce la colère ? la tristesse ? Mais à peine eut-il le temps de se poser la question, que des perles salées vinrent déjà rouler le long de ses joues. Renly allait partir faire la guerre contre l'armée de Stannis sans lui, et tout ce qu'il pouvait faire était de rester cloîtré dans cette chambre sombre à se morfondre dans sa souffrance. Mais Loras Tyrell n'était pas le genre d'homme à se laisser abattre. Son honneur, bien qu'ayant été mis à mal, était toujours là, en son cœur, et il ne tarderait pas à prouver sa valeur au reste du monde. Depuis son enfance, il avait appris qu'une chute ne constituait pas une défaite pour autant, et qu'il fallait se relever coûte que coûte. Effaçant rageusement ses larmes traitresses d'un revers de la main, le jeune homme repoussa les couvertures et se mit debout. Une violente douleur, tel un courant électrique le traversa, mais il ne renonça pas. Un Chevalier vivant était un Chevalier qui se devait de se battre pour son seigneur. Loras fit quelques pas, mais soudain il vacilla et dû se retenir contre le mur le plus proche pour ne pas tomber. Il avait l'impression que sa cage thoracique allait se fendre d'un moment à l'autre, mais il s'efforça tout de même de rejoindre le siège du fond de la pièce sur lequel avaient été déposés ses effets personnels. Tout y était. Et puisqu'il pouvait se tenir debout, rien ne l'empêcherait plus de démontrer sa force et son courage, et surtout pas une femme telle que Brienne de Torth...
