C'EST LA RENTREEEEEEEE ! Et je suis de retour pour la suite de The Game ! Rated T-M, ça dépend des chapitres.

Sinon, je vais exploiter dans cette deuxième partie mes hypothèses du virus, ça risque de virer un peu SF, je vous le dis. Enfin, vous verrez bien. Tragédie, famille, bromance, humour (un peu), mystère, pas de couple. Voilà.

On reprend donc après la tragique "mort" des Ceara. Je ne sais pas quoi dire d'autre, à part que la chanson est Mama Says d'Ibeyi.

Alors voilà le premier chapitre. Je vous remercie de continuer de me lire malgré le temps qu'il s'est écoulé. So thanks, and enjoy ! :)

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Daryl Dixon fixa de ses yeux malicieux le petit James qui, les joues barbouillées de confiture, le regardait sans faillir, le doigt sur la bouche. A peine quatre ans, mais déjà bien diablotin, avec un air de pure innocence. Derrière lui, Tek aux fourneaux, préparant des pancakes avec la nouvelle cuisinière qu'il venait d'acheter. Il était aux anges, dans son appart', ou studio, qu'il louait à un ami.

« Dis donc, p'tit mec » gronda-t-il sur un ton faussement furieux. « Qui a mangé la moitié du pot de confiture pendant que j'étais aux chiottes ? »

« Mm-mm » nia James en secouant sa tête de gauche à droite.

Daryl se pencha, se retenant de rire, et tenta de prendre un air sombre. Mais il était trop heureux pour ça.

Oui, Daryl Dixon était heureux. Comme toute la Fratrie, d'ailleurs. Aujourd'hui, Phil fêtait ses seize ans, et Merle était sorti de taule au bon moment. Celui-ci se présenta d'ailleurs dans le dos du petit garçon, se cachant un peu, et Daryl réprima plus difficilement le rire aux bords de ses lèvres.

« Aaah bon… » Murmura-t-il, levant le petit doigt en l'air. « C'pas c'que m'dit mon p'tit doigt…il dit qu'un garçon aussi p'tit qu'lui a p'têt chopé la cuiller sans qu'on l'voie… »

James rit encore plus, sans ouvrir la bouche, qu'il avait encore pleine. Le petit doigt du jeune s'agita bien haut, avant de venir chatouiller ses côtes.

« P'moi ! » Finit-il par marmonner, postillonnant de la confiture.

Merle sortit de sa cachette et attrapa James en poussant un cri de monstre, le faisant hurler et rire en même temps.

« Punir les menteurs ! » Cria l'aîné de la Fratrie en le faisant voler en l'air, au plus grand plaisir du benjamin.

Phil vint embrasser son cousin, qui lui donna le premier pancake de prêt. Daryl finit de mettre la table, et Merle installa le gamin sur ses genoux en s'asseyant. Il était clean, ce matin-là. Phil savait que d'ici douze heures, malgré toutes ses promesses, il se glisserait hors de leur cocon pour se réfugier dans la drogue. Et quand elle le rejoindra, qu'elle feindra de condamner ses agissements, elle finira par consommer, comme d'habitude. Mais pour l'instant, elle voulait graver cette image dans la tête. Tek aux fourneaux, lui aussi bien clean, et calme. James dans les bras de Merle, probablement pour la dernière fois, et Daryl, les yeux pétillants, loin de la dépression qui le conduira à l'hôpital quelques temps plus tard. Ils étaient libres.

Elle porta la tasse de café à ses yeux, sourit à Daryl, persuadée d'être encore en plein rêve. C'était exceptionnel, elle le savait et elle n'oubliera jamais cet étourdissant tableau familial. Il fallait que quelqu'un s'en souvienne, et ce sera elle. C'était une promesse.

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Jour 1.

B les a enfermés dans une cave sans lumière, ni bruit, et très peu d'oxygène pour l'instant, ils hurlent ensemble et frappent contre les murs. Mains ligotées, yeux bandés, ils perdent peu à peu la notion du temps. D'ici ce soir, ils ne hurleront plus. Une petite vitre me permet de les voir dans le noir c'est ici que je ferai mes rapports.

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Jour 4.

La peur les affaiblit. Au deuxième soir, James s'est effondré, et n'a plus bougé jusqu'à ce qu'on le fasse boire un peu. Phil s'est recroquevillé dans un coin, a tenté durant dix-huit heures de retirer son bandeau, en vain. Le but de Brayne est de leur faire perdre tout repère, afin de mieux détourner leur conscience de ce qu'il appelle : « Le Grand Mensonge ». Je crois qu'il parle du monde d'avant, là où tout était beau. Maintenant, elle se balance lentement, murmurant d'une voix cassée des mots que je ne comprends pas.

Aucun des deux n'a communiqué avec l'autre depuis deux jours maintenant. Ils sont aux extrémités de la pièce, comme de peur de se toucher, et s'ignorent. Ils ont du mal à rester éveillés, ou à ne pas devenir fou. Leur politique égoïste et égocentrique les empêche de réfléchir ensemble. Chacun va tenter de résoudre le problème de leur côté, sans essayer de s'aider ou se reposer sur l'autre. C'est, selon B, la faiblesse et la force de la Fratrie : ici, nous étudions la faiblesse, et son évolution jusqu'à la force. Nous ne les avons pas encore nourri, et B veut tester leur limite. Il dit qu'il doit voir quelle est la résistance de leurs appareils digestifs. Il est complètement fou, oui.

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Jour 11.

Ils ont mangé il y a deux jours, une soupe et du pain. Ils n'ont toujours pas retrouvé lumière ou vue, mais ils n'agressent plus les geôliers qui viennent leur apporter leur dîner. Ils se laissent faire, on les manipule sans problème. On ne les appelle déjà plus par leur prénom. Il n'y a que B qui a le droit de leur adresser la parole. Phil est devenue Fantôme, et James est dorénavant Fléau. Au départ, ils ont crié des insanités en se fichant de lui –ils ont été tabassés, puis affamés. B leur a parlé des règles :

On ne répond qu'avec son nouveau nom. Toute autre utilisation sera sanctionnée.

On remercie toujours B, même si c'est un coup qu'il donne.

On caresse du doigt la paume de B, pour dire merci.

La dernière règle est celle que les singes utilisent pour reconnaître la supériorité du singe en face. Celui qui signe est celui qui se soumet.

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Jour 20.

Cinq jours qu'on a retiré leur bandeau. Ils n'ont pas ouvert les paupières le premier jour, malgré l'obscurité de la pièce, et recouvrent peu à peu la vue. Phil…Non, Fantôme a ri en discernant le contour de ses mains. Fléau a d'abord pleuré d'effroi, persuadé que sa sœur allait le tuer, puis il a ri à son tour. Ils n'ont pas l'air d'avoir faim ni même de vouloir tenter une sortie, ils restent sagement dans leur coin sans bouger. Quand ils dorment, ils hurlent dans leur sommeil. Peu à peu, ils s'oublient, et on sent comme un vide immense lorsqu'on les observe.

Ils ne sont plus rien. Vingt jours, seulement vingt, et ils ont oublié jusqu'à la notion de liberté, chose qui leur revient de droit.

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Jour 24.

B m'a pris mon walkman, et y a enregistré quelques musiques que je n'ai pas eu la chance d'écouter. Je crois qu'il s'est enregistré lui. Maintenant, six heures par jour, il force les deux F à écouter inlassablement les mêmes morceaux, en s'accaparant une partie de l'électricité de la ville. Les gens râlent, au dehors, mais ils tiennent le choc.

On a dû les attacher pour les forcer à écouter les mots de B. Mes mains tremblent en écrivant ses lignes. Le scientifique laisse peu à peu place à l'homme, encore quelques instants, avant que la déception et l'impassibilité ne me rendent aussi froid que le cœur du Gouverneur.

Je ne sais toujours pas ce que dit ce walkman – je ne le reverrais jamais. Mais maintenant, au bout d'une semaine d'écoute intensive, ils l'appellent Dieu.

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Jour 32.

Ils sont devenus totalement dévoués à leur Dieu. Quand il n'est pas là, ils se lamentent et pleurent, mais au bout d'un moment, ils se taisent et fixent le vide.

Ils font ça depuis une dizaine de jours : ils fixent un point invisible droit devant eux, et ne bougent plus. Ils n'ont pas vu la lumière du jour depuis trop longtemps, maintenant, et leur corps commencent à le sentir. B dit que ce n'est pas assez, mais Philip craint qu'ils ne meurent et qu'ils ne puissent sauver sa fille. Il lui met la pression, B s'en agace, mais je sais qu'il l'écoute. Alors, il les nourrit un peu mieux, et ne les a pas battu depuis longtemps. Mais il les fait dormir debout, le visage tourné vers une lampe, et chaque heure, ils répètent leur ancien nom tandis qu'on frappe dans des casseroles. Dix fois, puis ils se couchent au sol. Ainsi, leur prénom devient un bruit indistinct, inutile, commun. Ils ont oublié leur identité, ils ont oublié qu'ils avaient une âme. Ils sont en train d'oublier qu'ils sont des hommes.

Car, en vivant dans une telle obscurité et saleté, ils adoptent des comportements primitifs, animaux, communiquent par grognements ou par gestes. Ils parlent encore, mais seulement à leur Dieu. Et, quand j'assiste à cela, le cœur lourd et l'âme en peine, je me rends compte que le monde est foutu.

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Jour 35.

Ils grognent dans leur sommeil. Ils raclent de leurs ongles le sol, et ils lâchent de temps en temps un prénom : Emily, Trevor, Mary. Dean, Charles, Jackie. Tim, T-Dog, et Shane. Je ne sais pas qui sont ces personnes, certains seraient de leur premier groupe. B dit qu'ils ne rêvent pas, mais qu'ils entrent dans le monde des morts. Leur peau beaucoup trop pâle, leurs os saillants, leurs lèvres sèches, tout porte à croire qu'ils vont bientôt mourir. Et c'est le cas : ainsi, selon B, ils se rapprochent des morts tout en restant en vie. Déboussolés, torturés, leur esprit et cerveau finissent par voir, penser, et analyser des choses que l'on ne pourrait voir ou comprendre. Ici, dans cette cave, n'étant en contact qu'avec leur frère, ils oublient le monde, les gens, la société. Et B…B a déposé un cadavre dans la pièce.

C'est un Mordeur à peine mort, et son odeur les étouffe. En présence du mort, B pense qu'ils pourraient être « touchés » par le virus sans pour autant se transformer. Sans le savoir, inconscients, ils adoptent des attitudes caractéristiques du Mordeur, n'ayant pourtant même pas conscience du cadavre à leurs pieds. C'est l'assimilation.

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Jour 38.

Ils ont supplié pour de la viande : B leur a apporté un seau de lapin cuit, et un autre de cochon cru, issus de notre élevage. Ils ont dédaigné le lapin et se sont jeté sur le porc, dévorant en quelques minutes les 450 grammes de viande. B a demandé à remplacer le cadavre par Penny, ce que le Gouverneur a accepté. Au départ, Fléau ne l'a pas accepté, et a passé trois heures à grogner sans oser l'approcher. Fantôme, elle, est allée lui parler. Si Penny a voulu la manger les six premières heures, elle a fini par se calmer et écouter la fille. Fantôme lui raconte toutes sortes d'histoires incroyables et fantaisistes, sans queue ni tête, et Penny écoute. Elle reste debout, la tête penchée vers la fille, comme hypnotisée, et grommelle de temps à autre. La voix de Fantôme est rauque, sifflante, méconnaissable, et elle baragouine en anglais et espagnol comme une enfant de quatre ans, comme si elle avait oublié. Penny est attachée au mur, et emprisonnée dans une camisole, pas de danger.

Philip est resté avec moi durant ces trois dernières heures. Il sourit, et pleure, et moi je me terre dans un coin pour me faire oublier. Philip souffre et espère, il a cette once d'humanité que beaucoup ont oublié, et j'ai peur que ma présence lui fasse perdre tout sentiment. Ce carnet, c'est notre histoire. Je ne veux rien omettre, rien cacher. Ce carnet, c'est mon héritage.

Je le savais, j'avais raison. Ils existent encore quelque chose dans les Mordeurs, ils se rappellent encore certaines choses de notre passé. Alors que nous…

Au final, sur cette Terre désolée, il ne reste que de pauvres hommes sans espoir, alors que les Mordeurs, eux, ont encore quelque chose d'humain, très enfoui en eux. Horrible ironie qu'est-ce là, non ? De toute notre existence, c'était l'Homme contre la nature. Ici, c'est l'homme contre sa nature. Un combat perdu d'avance.

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Jour 40.

B est là depuis hier, ayant apporté de l'eau et de la nourriture. Nous avons mangé en silence, laissant Martinez et Andréa gérer Woodbury, incapables de sortir de la pièce. C'est incroyable.

Fléau a lui aussi commencé à converser avec Penny. On lui a retiré la camisole car si elle ne grogne pas, elle s'exprime avec des gestes. Parfois, elle lève un peu le bras, secoue la tête, et même si elle ne peut pas aller au-delà d'un mètre (elle reste ceinturée au mur par vigilance), les F conçoivent ou perçoivent ses réponses, riant ou pleurant, ayant retrouvé une totale appropriation de leur langage au contact de la morte.

Ils ont évoqué son enfance, ont parlé de ses parents, et le Gouverneur est collé à la vitre, appelant désespérément sa fille. Il ne peut pas descendre, de peur de tout interrompre dans cette évolution, et il ronge son frein en attendant mieux. Mais la véracité des dires des F nous laisse sans voix et, pour la première fois, me fait peur. Parce que ça va vite, très vite. Trop, et B rit silencieusement en fixant ses ainés sans ciller. Le Gouverneur est aveuglé par sa fille, et B a le champ libre pour faire ce qu'il veut. Parce que ce que je vois moi, c'est le contrôle. Les F prennent peu à peu le contrôle physique de Penny, qui ne semble plus vouloir les manger. Fantôme a même caressé ses cheveux sans rencontrer d'objection, souriant évasivement. Ce sont encore des humains, de la viande fraîche, Penny devrait se jeter sur eux, mais ils communiquaient avec elle à la place. J'ai la nausée depuis deux jours, et j'ai besoin d'air (les aérations suffisant à peine pour autant de monde), mais je n'ose pas sortir, de peur de ne jamais revenir. Tout cela me dépasse, mais je vois l'avantage que les immunisés peuvent avoir sur les hommes.

Et, pour la première fois de ma vie, je ne crains pas les Mordeurs. Je crains les immunisés. Parce que si Fantôme, B et Fléau peuvent contrôler les morts, alors ils auront toute puissance sur notre vie. Ils pourront nous anéantir.

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Jour 43.

Ils…Ils se sont laissé mordre. Ils l'ont fait. Fantôme a tendu le doigt vers la bouche de Penny, et Fléau lui a fait une brève étreinte en pleurant. Les morsures sont peu profondes, mais suffisantes, et maintenant, ils suffoquent, hurlent, tentent d'enfoncer la lourde porte, en vain. Leur réaction est violente, Penny est hystérique, et nous devons interrompre l'expérience.

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Jour 45.

Fléau a vomi trois fois, et il transpire abondamment. Nous ne sommes pas sûrs qu'il survive, mais B a ordonné qu'on les soigne et les nourrisse en permanence par intraveineuse. On les a installés dans une chambre reculée de Woodbury, les stores baissés pour ne pas les aveugler, où ils respirent mieux et voit un semblant de lumière du jour. B a laissé brûler un bâton d'encens pour parfumer un peu l'endroit, et a ouvert une fenêtre pour que l'air frais les soulage un peu. Il les a complètement chamboulé en ramenant tous leurs sens dans notre monde, et on perçoit quand même un doux bruit de ville et des cris d'enfants. Ainsi, alors que le poison enflamme leurs veines, la mort pulsant au rythme de leur cœur, la vie reprend peu à peu ses droits à travers tout ce qu'ils sentent et reçoivent (la nourriture), pour les aider à combattre le virus. Ils sont entre la vie et la mort, ils doivent le rester. Ils seront plus vivants-morts que morts-vivants, comme B. Il reste à leur chevet et les assiste sans relâche. Il a grandi, j'ai l'impression. Il n'a plus du tout l'air d'un enfant maintenant, mais plutôt d'un garçon de quatorze ans, un peu petit. L'autre jour, je l'ai surpris à arracher des cheveux blancs sur son crâne. Il a l'air épuisé, malade. On dirait que ses frères lui prennent de l'énergie –je ne saurai l'expliquer autrement. Fantôme, surtout, respire mieux quand il est assis sur son lit –mais lui, il tousse et inspire avec une légère difficulté. Et je comprends alors à quel point ils sont faibles, entre eux. Ils sont dangereux, et certainement puissants, mais ensemble, seuls dans une pièce, l'un épuise forcément l'autre.

Si B continue sur cette lancée une semaine de plus, il sera mort –mais les deux autres, eux, se réveilleront. Et j'en viens à croire que cela pourrait être la solution.

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Jour 46.

Ils se sont réveillés. Ils ont survécu. En ce moment, ils dorment, depuis douze heures environ, et B mange tout ce qu'il peut. Il est très pâle, mais ses cernes disparaissent et son souffle reprend le rythme. Lentement, il se rétablit, seul de son côté, et Philip garde la chambre.

Le majeur de Fantôme a les veines qui se colorent d'un violet sombre, tout le long de la première phalange. Fléau, lui, a été mordu au niveau de la clavicule, sur l'os. Pour l'instant, l'os redevient lisse, à l'air, mais la peau ne devrait pas tarder à passer par-dessus, la plaie ne s'étalant que sur cinq centimètres. Autour de la plaie, nous retrouvons les mêmes veines bleues violacées.

Durée de l'expérience : quarante-six jours et trois heures. Les sujets Fantôme et Fléau ont survécu au virus qui a décimé l'humanité. Ce sont bien des immunisés.

Dans leurs veines coule le sérum, l'espoir de ce qu'il reste de notre Nation.

Et, à partir de ce jour, je ne réponds plus des conséquences de cette découverte.

Milton Mamet.

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TROIS MOIS PLUS TARD

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Andréa tremblait. Les jumelles glissaient entre ses doigts moites, et le Gouverneur reprit sa possession en fronçant le nez.

« Alors, nostalgique ? » Ricana-t-il à son oreille, lui arrachant un frisson. « Vos retrouvailles risquent d'être épiques, tu ne crois pas ? »

Il braqua son arme dans son dos, et elle leva la tête, inspirant un coup.

C'était la première fois qu'elle voyait la prison, et elle la trouvait réellement glauque. Peut-être était-ce la tension qui régnait, mais la femme n'arrivait plus à déglutir ni même cligner des yeux lorsqu'elle fixait le pénitencier.

« Je n'ai pas peur de ton arme, Philip. » Réussit-elle à chuchoter, le faisant sourire.

« Mais tu as peur de moi. Et de Brayne, si petit qu'il est. »

« Hé. » Grogna ce dernier en écrasant sa cigarette dans la terre. « Je fais près d'un mètre soixante-trois, maintenant. Et qui n'a pas peur de moi ? »

Le Gouverneur lui jette un regard condescendant, et ajuste les jumelles sur son nez. Hershel et Carl discutant dans la cour, face aux Rôdeurs…si idyllique et horrifique, il n'arrivait pas à s'empêcher de frémir des lèvres, amusé. Tout l'amusait, ces temps-ci. Il était heureux, et cela se sentait.

Andréa avait bien perdu quelques kilos. Le teint pâle, les yeux fatigués et les cheveux abîmés, son regard clair dardait une pupille terrorisée sur l'horizon. Ils étaient en hauteur, bien cachés derrière les arbres, mais elle ne cessait de prier pour que Daryl ou Rick revenant de chasse, les démasquent. Menottée, le Gouverneur collée à son dos, elle ne pouvait rien faire, à part attendre…et prier.

« Oh ! Voilà la star de l'année ! » Lança gaiement le Gouverneur, tressaillant. Il aurait bien envie de descendre et passer le bonjour aux Prisonniers. Tâter du flingue le corps du Shérif…marcher sur celui de son fils.

Andréa ferma les yeux, les rouvrit avec détermination. Il fallait croire. Il restait encore Daryl.

« Ah, j'ai Daryl en visu. » Grogna une nouvelle fois Brayne, tenant ses propres jumelles.

Putain. Andréa leva les yeux au ciel dans un profond soupir, observant son dernier espoir s'envoler. Dieu cessera-t-il un jour de se moquer d'elle ?

« Vas-y, Andy. » Ordonna Brayne sans la regarder. Derrière eux, le bruit de la batte de base ball de Martinez retentit sur un crâne, mais ils n'y prêtèrent guère l'oreille. « Tu dois être pressée de les revoir. Hâte de voir leur réaction. » Termina-t-il plus pour lui-même, se tournant pour inspecter les environs. « Deux autres en approche, par là. »

Il brandit le bras vers la droite d'un geste mou et vague, et ignora de nouveau l'Hispanique. Celui-ci jeta un regard sombre à Andréa, une foule de questions dans les yeux, puis se détourna à son tour pour tuer quelques morts.

« Tu sais que mon sniper éclatera ton crâne au moment où tu ouvriras la bouche. » La prévint-il. « Alors fais gaffe à tes propos. »

« Et comment pourrais-tu m'entendre, hein ? » Elle finissait peut-être bien suicidaire, avec le temps.

Il leva les yeux, exaspéré par sa naïveté. Puis il sortit de son sac un petit caisson noir, ainsi qu'un appareil d'écoute en plastique, et enfin un casque.

« Il y a deux semaines, on a découvert la planque d'une fille qui disait se protéger en écoutant les alentours. Elle pouvait entendre à 100 mètres. Largement suffisant pour savoir qui ou quoi éviter. Sauf que ce jour-là, elle ne l'avait pas encore utilisé, et qu'on venait de plus loin. Devine à qui elle a bien voulu donner ce trésor… »

Malgré la chaleur matinale, la blonde frissonna. Il se lécha la lèvre inférieure, une folle étincelle dansant dans ses yeux, puis il reprit un masque impassible, quoique nasillard.

« Allez, wouf wouf, on se bouge ! » Et le Gouverneur la poussa en direction de la prison, fredonnant.

Une seconde. Il me faut une seconde d'inattention, et je pourrais crier. Rick m'entendrait et…

Non. Brayne ne relâchera jamais son attention. Fantôme et Fléau m'attendent à Woodbury. Je ne peux pas lâcher maintenant. Il faut que je reste lucide. Qu'est-ce que je peux faire pour gagner du temps ? Que ce soit Philip ou Rick, l'un d'eux me tuera aujourd'hui.

Elle descendait lentement, prenant le temps d'inspirer profondément. L'oxygène allait lui sauver la vie. Si elle se mettait à paniquer, son cerveau ne serait plus irrigué et la lucidité ne serait plus de mise.

« Brayne…pourquoi une rencontre maintenant ? Nous sommes en temps de paix. Vous êtes assez occupés par la ville, alors... » Blake la plaqua soudainement contre un arbre, lui arrachant un petit cri.

« Depuis quand tu poses des questions, toi ? On ne t'a pas appris ça… » La voix rauque la blesse plus qu'elle ne le pensait, et les doigts sur sa gorge aussi. Il la repoussa en avant et elle manqua de tomber.

« On peut y aller ? Je me lasse de vos stupidités. » Se plaignit le plus jeune, les yeux mi-clos, la tête renversée dans une attitude de profond ennui.

Le Gouverneur eut un rictus, et se tourna à demi vers lui.

« Des stupidités, tu dis. » Ce n'était même pas une question, presque une agression verbale, tant les mots étaient crachés avec véhémence.

« Philip. Nous sommes proches du but, là. Ne peut-on pas jouer à ça plus tard ? Nous ne pouvons pas nous attarder ici. »

Blake soupira, mais céda. Ce n'était que partie remise, et Rick l'enchantait plus que la vulgaire Andréa.

Andréa qui, reprenant la marche, se forçait à contrôler sa respiration et sa panique. Il allait la tuer, Rick n'hésitera jamais. Elle les avait trahi. Elle n'était pas partie avec Michonne, elle n'avait pas sauvé Glenn et Maggie, ni même Merle bien sûr, elle n'y était pour (presque) rien, mais la chose était différente pour Grimes.

Ils l'abandonnèrent à son sort, allant se cacher plus loin, là où elle ne saura pas où les trouver.

Et si Brayne mentait ? Si son truc ne fonctionnait pas, s'il ne pouvait entendre le moindre son ? Allait-elle prendre le risque ?

Comment se présenter ? Salut Rick, dis ça fait un bail nous deux, depuis la ferme ! Tu te souviens ? Sinon, le Gouverneur aurait bien envie de te rencontrer officiellement. Oui, celui qui a exterminé les Ceara. Enfin ! Selon la version officielle, bien sûr.

La grande porte approche, ses mains sont libres et tremblent. Si elle voulait vivre…Rick avait intérêt à faire vite.

Elle se baisse, observe les Rôdeurs collés aux grilles. Ils ne sont pas encore sur elle, mais ils l'apercevront bientôt. Et si Rick la laissait aux morts, savourant le spectacle de ses cris et sa chair déchirés par des mains avides ?

Si seulement Shane pouvait sortir et la voir…il l'aiderait, lui. Il était son ami. Leur dernière rencontre datait de si longtemps, hélas ! Etait-il seulement encore en vie ?

L'avocate continue son avancée, cherchant des yeux une arme. Elle n'était peut-être plus menottée, mais…

Mais un Rôdeur se tourna vers elle. Il la fixa quelques secondes, et les deux s'observèrent en chien de faïence. Il était si immobile qu'elle crût qu'il ne l'avait pas vu. Puis il grogna, et cinq nouvelles têtes vinrent percuter son regard bleu acier. C'était la fin, elle allait y passer.

Andréa se détourne et fonce vers la grille, espérant que Rick l'aperçoive. Elle crie son nom, elle crie contre les Rôdeurs qui commencent à la poursuivre, et le policier lève ses yeux durs et francs.

« Rick ! Aide-moi ! » Pas de réponse. Il continue de la fixer en silence, interdit. Il est à quoi, cinquante mètres ? Largement assez proche pour l'aider.

Elle attrape le premier attaquant par les épaules, le fait tomber. Elle saute sur lui avec rage, explose sa tête à coups de Doc Martens, poussant des petits cris d'efforts et de rage concentrée.

Le monde se fit flou, les bruits sourds, et Andréa s'enferma dans son monde intérieur.

Ça lui arrivait souvent, depuis les trois derniers mois. Il fallait dire que les choses avaient si vite mal tourné qu'elle n'avait pu faire autrement. L'arrivée de Brayne avait autant gâché et embelli sa vie. Il avait pris le pouvoir à Woodbury si vite et si bien que personne ne s'était inquiété. Il venait de la prison, celle qui avait attaqué la ville ? Il était immunisé, et ses frère et sœur se joignaient au groupe ? Oui, oui définitif, ils étaient acceptés. Grâce à un joli discours du Gouverneur, d'ailleurs. Ce garçon est venu nous trouver pour nous informer de l'attaque. Lui et sa famille ont beaucoup subi par les sauvages qui nous ont attaqué. Et toutes sortes d'autres conneries. Les habitants avaient tout gobé par lâcheté, sans poser de questions, abrutis et terrorisés par cette tragique confrontation. Même Milton avait lâché l'affaire, préférant être l'ami obéissant du jeune prodige qu'était Brayne.

Le deuxième agrippa sa manche déjà bien sale, elle se détache en hurlant. Pire, elle attire son bras et lui brise violemment l'épaule, détachant même quelques morceaux de chairs pourries. Elle lui administra des coups de poings furieux, imaginant la figure de Blake. Elle était tombée amoureuse de cet homme aussi vite qu'elle s'était mise à le haïr, au point de vouloir sa mort. Elle se demandait souvent si elle l'avait vraiment aimé un jour – mais il lui fallait alors repenser à sa haine.

Pourquoi vivait-elle encore là-bas ? Ne devrait-elle pas rejoindre les siens ?

Non, elle ne pouvait pas. Les F avaient besoin d'elle. Andréa était encore utile à quelqu'un, malgré tous les morts qu'elle traînait.

Un autre grognement, un autre mort, une autre vague de haine qui la prend. La panique, aussi, parce que c'est un beau morceau du groupe de Rôdeurs qui est devant elle. Rick n'apparaît plus dans son champ de vision, alors elle hurle. Andréa ! Un cri monstrueux plus fort que le sien, et c'est Maggie qui, du haut de la tour de contrôle, commence le massacre et tire de son sniper des balles qui font toutes mouche. L'avocate continue de reculer, mais d'autres dans son dos lui bloque toute porte de sortie.

« Ne tire pas ! Tu vas tous les attirer, stop ! MAGGIE ! » Rick est rouge à force de s'époumoner, et il a l'air ridicule en gesticulant ainsi des bras.

Carl court vers eux, et Andréa se colle à la porte grillagée, à quelques mètres de lui. Des clous ! La distance entre eux s'étend entre la vie et la mort !

Et il la fixe donner des coups de pieds, crier, l'implorer, prier. Se battre, aussi, pour rattraper toutes ses défaites à Woodbury.

Maggie descend, accompagnée de Glenn. Ses mains accrochent désespérément les épaules de Rick, elle tente de le raisonner. Elle est des nôtres ! C'est la famille, Rick !

Mais le regard si froid, si arrêté du policier la glace jusqu'aux os.

C'est la fin. Pas même de rancœur ou de regret, Andréa avait déjà tout perdu et n'avait plus personne sur qui compter. Ah ! Les F…ils n'avaient pas besoin d'elle. Ils vivaient dans ce monde avec l'aisance d'enfants divins à qui la Terre entière était un cadeau des Cieux. Andréa n'était que la misérable indésirable, et la voici qui tombait sous le poids des morts, n'ayant plus la force de crier. Du bout des bras, esseulée et abattue, elle fixa de son regard paniqué le mort qui, déterminé, avançait ses dents vers son visage.

Mais une balle pénètre son crâne, le faisant tomber sur elle : le deuxième assaillant est pulvérisé par une flèche dont la pointe ressort par l'œil droit. Son cadavre est soulevé et jeté plus loin –le visage de Daryl sonde le sien.

Un éclat argenté, une tête qui vole, Michonne danse. Sans s'arrêter, d'un pas endiablé et furieux, avec son fidèle danseur qui découpe et tue de sa lame décidée. Le chasseur la relève d'une main puissante et chaude, la fait glisser dans son dos, et empoigne son arbalète, silencieux comme un vieux loup solitaire.

Il s'avance, et plante la crosse de son arme dans des têtes et des mâchoires, se joignant à la danse macabre de Michonne, avec pour seul rythme les grognements. Deux danseurs hors-pair, hypnotisants et efficaces, massacrant à tour de bras. Et lorsque tout fut fini, Andréa était encore passionnée, haletante et paniquée, le regard vif et mouillé.

La grille s'ouvre et Rick se découvre, la main sur le holster, Maggie aux basques. Son sniper regarde aux alentours, de même que celui de Glenn, remonté dans sa tour. Deux gros chiens-loups, l'un noir et l'autre gris, se frottent aux jambes du chef et grondent. Le regard assuré et vide de Grimes fixe les pupilles de l'avocate, sa bouche s'ouvre.

Mais déjà, la blonde se précipite sur lui, et le gifle.

« T'as pas ouvert. Tu m'as pas ouvert, merde ! » Crie-t-elle. Le plus gros chien s'avance mais Daryl l'attrape par le cou. D'une tape sur le museau, les deux bêtes s'enfuirent, avec un dernier regard méprisant pour l'intrus.

Un autre juron, deux pas en arrière, inspirations profondes. Elle le savait, mais l'endurer était différent. Il était prêt à la laisser crever. Ce regard froid et insondable qui ne le quittait pas, comme s'il puisait sa force directement dans les deux puits sans fond qui lui servaient de prunelles. Elle s'approche à nouveau, le pousse de ses mains. Il recule à peine, et elle recommence.

« Tu m'aurais laissé comme ça, une seconde fois ? Comme à la ferme ? Comment tu peux faire ça ?! »

« Tu n'es pas des nôtres. Tu n'es personne. Nous ne te devons rien. »

Michonne, Maggie et Daryl s'échangent de longs regards, tels des loups perdus tentant de deviner le moment où ça pétera. Carl attend, bien en retrait, observant d'un oeil curieux la confrontation. Mais Rick reste impassible, à peine railleur et méprisant, la main sur le holster. Blessée, Andréa recule définitivement, perdant toute sa verve. Mais qu'est-ce qu'elle avait cru ? Il n'y avait pas de prince charmant pour elle. Pas de fin heureuse. Pour qui se prenait-elle, pour avoir de l'espoir ?

Brayne et Blake devaient bien rire, cachés dans les fourrés.

« Rick. » Daryl vint près du chef, lentement, comme s'il lui faisait peur. Ce dernier tourna doucement sa tête vers lui, menaçant, mais le chasseur ne s'arrêta pas. « C'est Andréa…Elle a essayé de montrer à Merle la ferme pour qu'il me retrouve. R'garde-la, elle n'a même pas un couteau suisse sur elle ! P'têt que »

« Non. Elle a choisi Blake. Elle reste avec Blake. »

« Je ne suis pas là pour ça. » Cracha plus que de raison l'avocate. « Je ne veux pas de ta pitié. »

« Alors pourquoi vouloir être sauvée ? Tu m'as l'air en fuite…alors pars. Passe ton chemin. Rien ne peut t'arrêter ici. » Lâcha-t-il en pointant la forêt du bras. Daryl s'éloigna pour éliminer les quelques morts, mais Rick bloquait toujours le passage de la porte pour Andréa.

« Je suis là parce qu'on m'a forcé. On m'a traîné ici pour… »

Elle ne peut finir sa phrase. C'est scandaleux, toute cette histoire est scandaleuse. Et glauque. Elle ne pouvait pas dire une chose pareille. Un tel deuil qu'il faudrait nier, alors qu'il était enfin derrière eux…Tout ça pour les plans obscurs de Brayne.

« Traîner, tu dis ? Mais où est donc ta laisse, alors ? »

Au moment où il prononce ses mots, Rick comprend. Les autres aussi, et Maggie lève son sniper, Michonne empoigne le bras de son amie, coulant sur elle un regard furieux.

« Où sont-ils, Andréa ? Où ? »

« Tu me fais mal ! »

« Dis-moi où ! »

Andréa pue la peur, et par réflexe, Michonne resserre l'étau. Son expression dure la heurte, Andréa n'en peut plus d'avoir peur. La main sur le katana, l'autre l'emprisonnant, Michonne n'est plus qu'un Dieu qui doit décider de son sort.

« Vas-y. » chuchote d'une voix éraillée la plus faible. « Fais-le. J'n'ai plus rien à perdre, de toute façon. »

Le ton si vrai, l'air si fatigué, Michonne ne détecte aucune trace de mensonge en elle. Andréa qui, pour une illusion, l'avait laissé tomber, l'avait poussé à l'exil, après des mois dans la maison des Ceara, un hiver où elles dormaient ensemble pour se tenir chaud…

« Tu n'es qu'une traîtresse ! » Siffla-t-elle avec rage. « Pourquoi t'es là, hein ? »

« Une rencontre ! Blake veut vous voir ! » Finit-elle par crier sous la pression.

Comme électrifiée, la samouraï relâcha sa proie. Un Rôdeur se présenta devant Andréa qui l'évita, et Michonne effectua une pirouette meurtrière. Le mort tomba, la tête tranchée sur toute la moitié du crâne.

« Qu'est-ce que tu dis ? »

« Il veut vous voir…discuter. Essayer de calmer les choses, délimiter les territoires. »

« Un de ses chasseurs a blessé Daryl. »

« Et Daryl l'a tué… ça risque de dégénérer. »

Et c'était vrai. Les Woodburyens commençaient à vouloir chercher des noises à la prison, pour se venger du meurtre de John, le chasseur. Mais la ville ne pouvait se permettre d'attaquer maintenant, alors qu'ils construisaient quelque chose de beau et fort au sein de murs.

« On les tuera tous. »

« Non, et tu le sais. Michonne… » Elle tendit ses doigts dans l'espoir de l'attirer à elle, mais l'Afro-Américaine se dégagea avec dégoût.

La forêt était juste dans son dos, d'autres morts approchaient, et ne restaient que Rick pour couvrir les arrières de Michonne.

« Ecoutez…moi aussi, j'aurais refusé si on me l'avait proposé. Mais malheureusement…il faut que vous veniez. »

« Pourquoi ? Ce n'est qu'un piège pour nous tuer. »

« Parce qu'un jour ou l'autre, vous risquez de tous vous entretuer. Je ne veux pas voir ça arriver. Dans trois jours, à la grange abandonnée sur la N19. Et il n'y aura que le Gouverneur, Milton, et Martinez. Vous choisissez qui vous voulez. On peut encore arranger les choses. »

« Va donc dire ça à James au fond de sa fosse. » Andréa baissa les yeux. Ils la piquaient déjà.

« Je te demande de me faire confiance…un dernière fois. Je ne vous jetterai pas en pâture, merde ! » Vraiment ? Elle était peut-être bien en train de le faire, en fin de compte.

« Va-t-en, Andréa. Tu n'es pas chez toi, ici. »

Elle jeta un dernier regard à Rick, qui la fixait avec une totale indifférence, puis se détourna et courut dans la forêt.