La guerre faisait rage à Ikebukuro. Après de longs mois de manigances en tous genres, Izaya avait enfin atteint son objectif : la guerre totale. Masaomi, toujours aussi facilement influençable, s'était détourné de Mikado. En apprenant qu'il était le chef des dollars, il avait pris peur, et avait mal interprété tout ce qu'Izaya voulait qu'i interprète mal. Il l'avait cru responsable de l'attaque de l'éventreur qui avait failli blesser Anri car il avait cru que l'éventreur faisait partie des dollars. Il s'en voulait tellement de ne rien avoir fait quand Saki s'était retrouvée en danger qu'il s'état juré de tuer ou tout au moins capturer l'éventreur pour faire d'Ikebukuro un quartier sûr où son amie serait en sécurité.
Mikado, lui, quand Izaya lui avait dit que pour échapper à l'ennui qui menaçait de l'engloutir chaque jour, il devait évoluer, il s'était mis à réfléchir profondément. Les dollars renvoyant une mauvaise image à cause de certaines mauvaises graines, sous l'influence d'Aoba, il avait mal tourné, décidant de purger les dollars de ses éléments perturbateurs par la violence. En plus de cela, les Yellow Scarf s'agitaient et attaquaient les membres de son gang sans réelle raison apparente. Selon certaines rumeurs, l'éventreur faisait même partie dudit color gang jaune, et Mikado restait fidèle à lui-même : il aimait Anri et voulait la venger de l'éventreur qui l'avait attaquée.
Anri, quant à elle, n'avait plus rien à faire : ses deux amis s'autodétruisaient et elle, l'éventreur, en cherchant à arranger tout ça, utilisait le contrôle qu'elle exerçait sur les âmes des enfants de Saika. Malheureusement, ces âmes appartenaient aux des autres gangs et cela ne faisait que renforcer l'idée que l'éventreur, en plus de faire partie du gang adverse, essayait de s'infiltrer dans l'autre pour le saper de l'intérieur.
Ainsi avait éclaté une guerre généralisée à Ikebukuro, comme il l'avait prévu. Maintenant devait avoir lieu l'étape finale de son plan : la réconciliation de Celty avec sa tête.
Il jeta un coup d'œil au verre de sa monstre. Ça ne devrait plus tarder. Dans quelques instants, Mamiya, ayant volé la tête de la dullahan dans son appartement quelques jours plus tôt, allait tomber sur Shizuo. Ce très cher barman qui contrôlait sa colère aussi bien qu'il était intelligent allait inévitablement s'énerver et vouloir récupérer la tête de son amie, et dans la foulée, Celty allait débarquer et finir, par un moyen ou un autre, par entrer en contact avec sa tête et les deux fusionneraient à nouveau.
Il n'aurait alors plus qu'à stopper cette petite guerre comme il était le seul à pouvoir le faire et sa valkyrie l'emmènerait tout droit au Valhalla. Quoi qu'il ne savait pas s'il fallait qu'il meure pendant cette même guerre ou non, mais ce n'était que détail.
Il s'apprêtait d'ailleurs à passer un coup de téléphone à un de ses contacts pour savoir où cela en était mais on l'interrompit en frappant deux brefs coups contre la porte de son appartement.
Qui ça pouvait être ?
Il n'en avait aucune idée. A cette heure-ci, tout le monde était censé être trop occupé pour lui rendre visite. D'ailleurs, il n'y avait personne dans le salon de discussion. Il se leva, curieux, et rejoignit la porte d'entrée, qui s'ouvrit sur la fameuse dullahan, sa tête sous le bras, absolument imperturbable.
Que fait-elle ici ? La guerre n'a pourtant pas cessé.
Il ne fit pas paraître sa surprise et l'invita à s'installer sur le canapé.
- Je t'en prie ! Prend donc place.
Mais elle se contenta de rester debout, sans ciller.
- Ça faisait longtemps, Loki. Je vois qu'où que tu ailles, tu sèmes encore et toujours le chaos.
Izaya ne put empêcher ses sourcils de se hausser d'étonnement mais cette émotion passagère fut bientôt remplacée par un sourire confiant, presque carnassier.
- Qu'entends-tu par là, dullahan ? Ou tu préfères que je t'appelle Celty ?
- Ne joue pas au plus malin avec moi, tu détournes la conversation.
- Détourner de quoi ?
La mine de Celty se fit soucieuse.
- Tu aurais donc perdu la mémoire…
Izaya fronça ses sourcils dans un rictus agacé.
- Et qu'ai-je donc besoin de me souvenir ?
Son regard sembla s'illuminer.
- Sa mémoire… Elle l'a retrouvée en même temps que sa tête. Evidemment, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? murmura-t-il pour lui-même.
Izaya se réfugia dans son fauteuil. De sourire intéressé, il dévisagea la dullahan.
- Et bien ? C'est si long que ça à raconter pour que tu refuses de me le dire ?
Elle ne fit pas affront de son arrogance et l'interrompit.
- Le Ragnarök, ça te dit quelque chose ?
Izaya secoua la tête.
- Approche ta main, lui intima Celty, intransigeante.
Il la fixa, interdit. Il n'avait aucune idée de ce qu'il lui arriverait lorsque sa main entrerait en contact avec Celty, pourtant, il n'hésita pas une seconde : la curiosité était bien trop forte. Il fut alors comme traversé par une longue secousse et s'écroula dans son fauteuil quelques secondes plus tard.
Alors comme ça, tout avait été détruit… L'îlot paisible sur lequel il avait vécu si longtemps avait tout simplement été rayé de la carte, tout comme ses habitants.
Il se remit difficilement des effets de ce contact et dans une folle tentative, observa longuement sa main, guettant le moindre changement, mais rien ne se passa.
- Ne crois pas être en mesure d'utiliser tes pouvoirs comme bon te semble, Loki. Asgard n'est plus et tes pouvoirs en dépendaient.
Izaya se fit plus pressant, suspicieux.
- Alors comment as-tu pu me faire voir tout ça ? Et tes pouvoirs ? D'où les tiens-tu ?
- Tout cela est bien compliqué…
Evidemment. Il fallait une source d'énergie… La source originelle était Asgard mais il en existait d'autres. Sans crier gare, le visage d'Izaya se fit malsain et il se leva de sa chaise, impérial.
- Agenouille-toi devant ton roi, valkyrie.
Celty ne broncha pas, se cantonnant au silence. Il lui répondit par un rire.
- Je n'aurais pas pensé que tu le ferais vraiment. Alors comme ça, ta loyauté te lie à moi même encore maintenant… Pourtant, je ne suis plus roi de rien.
Celty redressa la tête.
- Loyauté, ce mot est bien grand. Je n'ai juste plus de but. Je m'en remets donc à toi, Loki.
Izaya grimaça. Il ne faisait pas à cette nouvelle appellation.
- Tu as pourtant dit que je n'étais bon qu'à semer le chaos autour de moi. Qu'espères-tu donc d'un homme qui ne se complaît que dans le désordre et la destruction ?
- Qu'il change.
Izaya soupira, balayant sa dernière phrase du revers de la main comme s'il s'agissait de la plus belle ineptie qu'il lui ait été donné d'entendre.
- Relève toi, valkyrie. Je doute que tu sois venue me dire tout cela gratuitement. Qu'es-tu venue chercher en échange ?
Celty se redressa de toute sa hauteur.
- Asgard doit renaître de ses cendres. En tant que roi, c'est un travail qui t'incombe.
Izaya partit dans un grand rire.
- Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ça ! Moi, je règne sur des nations, je ne les crée pas. Et puis comment voudrais-tu que l'on fasse ? Le peuple d'Asgard n'est plus.
Les doigts de la dullahan se comprimèrent, sa main de refermant. Elle n'allait pas abandonner pour si peu.
- Ses héritiers existent toujours sur Terre.
Izaya fit tourner son siège, faisant face à la baie vitrée. Il admira un instant les minuscules fourmis qui s'agitaient en contrebas.
- Ecoute. Je n'ai pas les épaules pour ce genre de tâches. Tu ferais mieux de demander à Thor. Lui, il s'en ferait un devoir de toute une vie de reconstruire Asgard. En parlant de lui, il a pris quelle forme sur Terre ?
- Tu n'avais donc pas déjà deviné… C'est Shizuo.
Pendant un instant un instant, il parût décontenancé. Lui ? Son très cher frère ? A croire qu'ils étaient nés pour se haïr. Déjà du temps de leur père, il l'avait toujours détesté. Quoi qu'il fasse, tous les mérites lui revenaient, à lui, le fils fier et orgueilleux d'Odin, et on ne parlait jamais de l'autre, raisonné et patient, qui restait dans l'ombre, comme toujours.
De ses deux fils, Odin avait de toute façon toujours préféré son ainé. Il aurait pu exterminer un peuple entier que son père n'en aurait rien eu à faire. Enfin… si. Il se serait servi de ça comme excuse pour l'enfermer dans une prison pour l'éternité en prétextant le crime contre sa propre patrie, alors que si Thor avait été le coupable, il aurait fait passer cela sur le compte de son impulsivité et lui aurait vaguement fait la morale avant de passer à autre chose.
Il claqua sa langue sur son palais.
- Assez, Celty. J'ai beau avoir été un jour dieu de la malice, ce temps est révolu. Je ne sais même pas si je suis censé t'appeler Celty ou par je ne sais quel autre nom, et tout ceci n'a plus rien à faire avec moi, alors laisse-moi seul. Si tu tiens vraiment à obtenir quelque chose de quelqu'un, tu n'as qu'à aller voir Tho… Shizu-chan.
Les lèvres de Celty se pincèrent dans un rictus contrarié.
- Tu n'as qu'à m'appeler Celty. J'ai beau être valkyrie, je reste la même.
Elle se détourna d'Izaya et quitta l'appartement.
- Je reviendrai, Loki, conclut-elle en mettant l'accent sur son nom.