Yo ! Voici un OS écrit pour la Nuit du FoF sur le thème 'Échanger' donné par Ahelya. Si vous avez des questions sur le déroulement des Nuits et autres, n'hésitez pas à me poser la question par review ou par MP, je serais plus que ravie de vous répondre !
Bonne lecture !
Une fleur sur un caillou
Edward s'abattit violemment sur le sol, tenant son épaule sans doute totalement défoncée. Au moins, ça ne semblait ni déboîté ni cassé. C'était juste horriblement douloureux. Bien vite et sans surprise, il vit Envy arriver à sa hauteur, toujours son air suffisant collé à la face. Il se mit en garde, et l'homonculus leva les mains en un signe de paix peu convaincant.
« Eh, eh, je suis venu en toute amitié, je te veux rien ! »
Edward fronça les sourcils, se demandant s'il devait le croire ou non. Envy n'avait aucun besoin de mentir, il était clairement en position de force, alors pourquoi feinter ?
« Dis ça à mon épaule.
— C'est pas ma faute si t'es susceptible. Tu me frappes, je te frappe, l'échange équivalent fonctionne comme ça, non ?
— Et donc ?
— Donc quoi ?
— Donc si t'es pas là pour me blesser, t'es là pour quoi ?
— Ah, ça. »
Envy haussa les épaules comme si c'était de peu d'importance, profitant d'avoir toutes les cartes en mains pour faire tourner le blondin en bourrique.
« Oui, ça.
— Je suis venu te faire une proposition.
— Si c'est pour me demander de rejoindre votre –
— Non, pas ça. En plus je me suis tiré, les autres me soûlaient. »
Edward le regarda attentivement, cherchant un signe sur le visage du monstre. Est-ce qu'il devait l'affronter encore ? Le fuir ? Ou, simplement, l'écouter ? Il soupira, sentant qu'il le regretterait plus tard, et baissa sa garde, redonnant à son automail une allure plus quotidienne.
« Quelle proposition ?
— Je suis venu te proposer un échange. »
Agacé, le blond se pinça l'arête du nez, jetant un regard impatient à l'autre.
« Et un échange de quoi ?
— Un échange de toi à moi.
— Ça j'avais compris.
— Vraiment ? Venant d'une si petite tête –
— Qui a une tête si minuscule que même un enfant de douze ans ne voudrait pas la mettre sur son porte-clés de casier ?
— Je ne vois pas pourquoi je répondrais à cette question quand ça me semble si évident.
— Oh, toi … »
Oubliant tout à coup son calme, Edward transmuta sa lame à nouveau, se jetant sur l'autre … Pour être à nouveau projeté au sol.
« Échange équivalent, fanfaronna Envy, échange équivalent …
— Je t'ai même pas touché !
— Et tu t'en vantes ? »
Les yeux dorés roulèrent dans leurs orbites comme Envy souriait d'un air content.
« Reprenons, fit finalement le blond.
— Je disais : je suis venu te faire une proposition.
— Je sais déjà ça, accouche !
— Je peux pas je suis pas vivant. »
Edward déglutit en entendant le ton – ironiquement – mortellement sérieux. Triste réalité, mais l'humain ne voulait pas ressentir d'empathie pour cette créature, qui de toute évidence n'avait rien en elle de bon à sauver. Envy eut une mimique étrange, qu'Edward aurait identifié chez n'importe quel être humain comme de la gêne, mais qui dans le contexte actuel n'avait pas le moindre sens.
« Je … »
Envy s'arrêta en cours de route, avant de darder ses orbes violine vers lui. Son regard était plus glaçant que jamais, empli d'une menace sombre et profonde, sans cruauté mais simplement agressive. Edward avait l'impression de regarder une porte blindée recouverte de piques d'acier – et il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que pouvait bien garder cette porte. Pour avoir besoin d'une telle force, il fallait être d'une grande faiblesse, n'est-ce pas ? Il le savait pour le vivre, que ses capacités n'avaient d'égales que la profondeur de sa culpabilité.
« Je te donne ma pierre. Et tu me donnes une raison de vouloir la récupérer, une raison qui ne soit pas la jalousie. »
Edward le regarda d'un air interloqué, totalement désarçonné par la requête. Ça n'avait vraiment aucun sens. C'était peut-être une caractéristique spécifique des homonculi, de ne pas avoir de sens. Après tout, ils n'avaient aucune raison d'être, alors c'était peut-être logique. Il nota cette théorie dans un coin de sa tête, se disant qu'il approfondirait plus tard. Pour l'instant, le monstre attendait une réponse.
« Euh … Je peux pas faire ça. »
C'était dur à admettre, d'être incapable de quelque chose, mais Edward n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait faire. Texto, Envy venait de lui demander une raison de vivre. Et, aussi triste que ça puisse sembler, Edward ne voyait aucune raison à la vie de l'homonculus, qui avait pour naître volé celle d'être humains emplis de sentiments et d'essence pure d'émotions.
« Pourquoi ? T'as l'alchimie, ta cervelle, tes sentiments … Trouve un truc, je sais pas, n'importe quoi.
— Mais je peux pas faire naître un sentiment autre que la jalousie chez toi, tu es juste de la jalousie ! »
Envy grimaça, l'air en colère, et Edward se dit qu'il n'avait pas forcément bien choisi ses mots. Il reformula, comme s'il s'adressait à un enfant.
« Tu n'es pas humain : je ne peux pas te donner envie de vivre autrement que par jalousie. C'est comme … Comme si je voulais faire pousser une fleur sur un caillou – je pourrais arroser autant que je voudrais, s'il n'y a pas de terre où elle peut planter ses racines, elle ne poussera pas.
— Tu me traites de caillou ? »
Edward haussa les épaules. Il trouvait sa comparaison assez pertinente.
« Un caillou des émotions, oui. »
Dans le regard sombre, Edward vit passer une jalousie furieuse, une colère sourde. Et, derrière, quelque chose comme une tristesse plus profonde, un puis sans fond où se jetaient des émotions trop fortes pour ce corps sans fièvre et sans vie. C'était douloureux, et étonnamment sincère. Edward n'aurait jamais cru qu'un être artificielle put le surprendre. Il toussota, cherchant à apprivoiser le déchirement qu'il devinait à l'intérieur du monstre – le monstre, vraiment ? C'était sale et cassé, pourtant, ça s'apparentait à de l'espoir pour leur cause. C'était peut-être un signe. Et Edward voulait bien, au moins essayer d'avoir une idée. Il n'avait qu'à prendre ça comme une expérience.
« Tu sais, commença-t-il … Dans le désert, il y a des fleurs qui poussent sur des pierres. C'est rare, et elles doivent creuser autour et dans le roc pour que leurs racines atteignent le sable, et ensuite la terre, et ensuite l'eau, mais … ça existe. »
Envy sourit, et la trace d'émotion disparut, remplacée par un orgueil de façade, un masque, un roc. Mais Edward savait à présent que tout ça gardait une graine, minuscule, mourante, mais réelle – aussi réelle qu'Edward avait cru qu'Envy était faux. Et ça comptait.
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Et voici ! Merci d'avoir lu ! Review ?
