Juste pour…
La
Lune brillait haut dans la voûte céleste.
L'heure des
rêves et des songes était arrivée, pourtant,
Mikan ne trouvait pas le sommeil. Mikan était une jeune fille
de dix-sept ans, un peu rêveuse, toujours émerveillée
par la moindre petite chose de la vie. Haute comme trois pommes, elle
avait de longs cheveux orange. La belle couleur chaude qui pouvait
réchauffer les cœurs, encore plus que le rouge. Elle avait
aussi de beaux yeux verts qui s'assortissaient joliment avec ses
cheveux colorés. On pouvait dire qu'elle était
relativement normale comme fille. Enfin, si la normalité
existe, ce qui est peu probable.
Les yeux perdus dans le plafond
de sa chambre, Morphée avait abandonné la jeune fille.
Elle ne voulait pas dormir. La cause ?
"…depuis peu…je
fais des rêves étranges…" murmura-t-elle, par
habitude.
Elle se mordit les lèvres. Cette phrase bien
connue de son répertoire mémoriel était sortie
toute seule. Elle laissa alors sa conscience parler, laissant liberté
aux phrases qui coïncidaient avec ses problèmes du
moment.
"…mais…je me demande s'ils sont réels…"
Ces
deux phrases tirées d'un jeu vidéo connu la firent
réfléchir. C'était vrai. Ces rêves qu'elle
faisait, bien plus qu'étranges, étaient parfaitement
réels. La douleur, elle la ressentait comme si tout se
déroulait vraiment.
Elle leva son bras droit, l'étirant
comme pour toucher le plafond. Un bandage de tissu blanc couvrait son
avant-bras. Un matin qui précédait ce jour de peu, elle
s'était réveillée avec cette énorme
cicatrice, venue de nulle part. Ou tout du moins…de ses
rêves.
Cette nuit là, elle avait rêvé de
monstres qui l'attaquaient. Elle les avait presque tous tués
sans problème, lorsque l'un d'eux l'avait attaqué par
derrière.
"Ce garçon…"
Oui. Au
moment où le pire allait se passer, ce rêve là,
un garçon de son âge, aux cheveux mi-longs coiffés
en bataille et aux doux yeux verts turquoise, était apparu. Il
avait tué le monstre, mais il en avait résulté
une large entaille sur le bras de Mikan qui avait hurlé de
douleur. Une véritable douleur.
Le garçon l'avait
regardée avec des yeux désolés, puis Mikan
s'était réveillée dans son lit, la plaie encore
saignante.
"…que m'arrive-t-il…je deviens folle ? Où
ces rêves seraient vraiment réel…"
Juste pour…te voir sourire…
Mikan ouvrit les yeux
brusquement. Elle s'était endormie et se réveillait à
nouveau dans un autre endroit. Une douce phrase avait été
murmurée dans ses oreilles au moment de son réveil.
Un
regard à droite. Un autre à gauche. Quel étrange
endroit.
La nuance principale était sans aucun doute le
vert. Pas de sol, pas de mur. C'était comme un Néant
colorés de différents verts.
"Où ai-je
encore atterrie. Il y a quelqu'un ? Hehoo !! Y a quelqu'un ?
Anybody's here ?"
Elle avait tenté les deux langues,
au cas où. Mais seul un silence lui répondit. Inquiète,
l'orangée se releva. Elle s'était endormie avec ses
vêtements de la journée, comme si elle savait où
elle irait en s'endormant. Accoutrée donc d'un jean déchiré
et d'une chemise blanche, elle fixa le sol, apeurée. Le vide
était sous ses pieds. Comment tenait-elle ? Elle leva un pied
et fit un pas en avant, toute tremblante. Son pied rentra en contact
avec quelque chose de dur. Il y avait bel et bien un sol invisible.
Un sourire s'esquissa sur son visage. Bien que la peur lui
tenaillait les entrailles, elle devait avouer qu'une telle expérience
était agréable.
Après quelques minutes à
s'être amusée à marcher sur le sol invisible
comme une enfant, elle se reprit en main. Il fallait qu'elle sorte de
là. Oui, mais voilà, sortir de ses rêves n'était
pas si simple.
"Réfléchissons…il suffit de
trouver la solution à l'énigme du rêve, et je
pourrais sortir ? Je me rappelle qu'une fois les monstres de la
dernière fois tués, je me suis réveillée.
Je dois donc faire de même."
Mikan commença
alors à marcher dans cet infini. Elle se percuta soudain à
une sorte de mur. Pestant, elle comprit tant bien que mal la dure
réalité :
"Un labyrinthe…"
Elle
suivit le mur sur la droite. Peut être qu'ainsi elle
parviendrait jusqu'à la sortie, et au moins, elle pourrait
créer un plan dans sa tête de l'endroit.
Un rire se
fit entendre. La jeune femme sursauta.
"Il y a quelqu'un ?"
fit-elle à nouveau.
Le rire s'amplifia, la personne se
rapprochait. Mikan continua à longer le mur. Au détour
d'un tournant, elle se retrouva face à face avec
quelqu'un.
Une jeune femme aux longs cheveux châtains nattés
et habillée de rose. Mikan fit un bond en arrière,
étonnée. C'était irréel.
"Je rêve
ou quoi ?!"
Elle ne rit même pas de la phrase stupide
qu'elle avait émise, étant donné les
circonstances. La jeune femme qui lui faisait face lui souriait
doucement. Douceur et bonté émanait de sa
personne.
"Aerith…
-Tu me connais ?
-Si l'on peut
dire. Où suis-je ?
-Dans la rivière de la vie. Tu es
humaine, tu t'es perdue ?
-Humaine ?
-Vivante.
-Oui. Enfin,
non ! Je rêve !"
La marchande de fleur du célèbre
jeu vidéo eut une expression étonnée. Elle ne
semblait pas comprendre.
"Non, c'est la réalité…tu
es tombée dans la rivière de la vie, tout
simplement."
Mikan eut un mouvement de tête négatif.
Elle était tout simplement en train de rêver.
Au
même instant, elle sentit sa tête s'alourdir. Une douce
voix, toujours la même, lui murmura une nouvelle fois quelque
chose à l'oreille, alors qu'elle s'endormait…dans son propre
rêve.
"Juste pour…que tu te souviennes…"
Quel
étrange rêve. Cette fois-ci, il s'agissait bien d'un
rêve pour Mikan. Ou plutôt de souvenirs. Quelques images
passèrent devant ses yeux. Des brimades, des moqueries. Elle
se revoyait alors qu'elle n'était qu'une enfant. Elle pleurait
beaucoup à l'époque.
Un décors se planta : un
parc, des enfants qui la montraient du doigt.
"Tu n'es pas
comme nous, tu as les cheveux oranges !"
De douloureux
souvenirs pour une enfant. A l'époque déjà, elle
avait les cheveux de cette couleur. Ils n'avaient jamais été
teintés, c'était naturel. Une rousse quoi. Elle n'avait
jamais compris pourquoi, les autres l'avaient toujours détesté
pour ça.
Elle se voyait encore courir dans la forêt
la plus proche. Et la nuit qui commençait à tomber.
Essoufflée, la petite Mikan s'était assise sur un tronc
d'arbre mort et pleurait.
Finalement, il y eut un noir complet.
Elle pleurait et pleurait, se rendant compte qu'elle était
perdue.
"Je me souviens…je n'arrivais plus à
retrouver mon chemin, et il faisait froid et noir." Se rappela
la rêveuse.
Des bruits de pas se firent alors entendre. Un
jeune garçon était apparu soudain. Il devait avoir une
dizaine d'année, comme la petite Mikan qui pleurait à
chaudes larmes.
"…qui…est-il ? Je ne me souviens
pas…"
Le jeune garçon aux cheveux noirs des ténèbres
avait accouru jusqu'à la pleurnicharde.
"Mikan, Mikan
! Ne pleure pas, je suis là !" rassura le jeune
garçon.
"Il me connaît ?"
La petite
gamine cessa de pleurer aussitôt, comme rassurée par la
présence du garçon.
"Qui es-tu ?
demanda-t-elle pourtant.
-Ce n'est pas le moment. Je vais t'aider
à sortir de la forêt et à rentrer chez
toi."
C'est ainsi que la véritable Mikan vit devant
ses yeux, se rappelant des ses lointains souvenirs, elle et le jeune
garçon avancer dans la sombre forêt. Il la tenait par la
main, et marchait devant elle pour la rassurer. Au bout de quelques
minutes de silence, la petite orangée prit la parole
:
"Pourquoi tu m'aides ? Tu ne me détestes pas ?
-Bien
sûr que non. Je t'adore.
-Et…mes cheveux ?
-C'est très
joli. Les autres sont simplement jaloux de ta couleur de cheveux."
La
petite sourit et continua à suivre le garçon jusqu'à
la sortie de la forêt. Là, des gens de la police les
attendaient. Aussitôt Mikan fut prise en charger par les
ambulanciers inquiets et ses parents.
Mais lorsque la petite fille
s'était retournée, le jeune garçon avait
disparu.
Même la Mikan actuelle l'avait perdu de vue. Sans
comprendre, elle se réveilla.
Doucement, Mikan ouvrit
les yeux. Encore endormie, elle eut du mal à reprendre ses
esprits. Lorsqu'elle eut parfaitement conscience, elle se rendit
compte qu'elle était toujours dans la rivière de la
vie. Aerith était penchée au dessus d'elle,
inquiète.
"Tu vas bien ? Tu t'es réveillée
?
-Faut croire que non, je rêve toujours…
-Tu ne rêves
pas, c'est la réalité."
La marchande de fleur
releva soudain la tête, inquiète.
"Oh non. Tu
dois partir, vite. Il arrive ! Seule je ne peux rien contre eux
quatre."
L'orangée ne savait pas du tout ce qu'il se
passait. Elle se leva d'un coup, les sens aux aguets. La rivière
de la vie devint plus noire. Aerith avait disparu, courant déjà
à travers les couloirs.
"Qu'est-ce que c'est que…"
Une
poussée d'adrénaline fit réagir Mikan. Une épée
longue et fine venait de frôler son visage. Elle l'avait évité
en faisait un léger bond en arrière.
Là,
devant elle, dans ce noir obscure plus profond que le néant,
un homme aux longs cheveux argentés venait d'apparaître.
Un homme dénué de sentiments positifs envers les
autres. Un homme devenu fou en comprenant une fausse vérité.
Mikan
laissa échapper un cri de stupeur.
"KYA !"
Elle
ne voulait pas mourir. Ses jambes partirent toutes seules, voulant
échapper à l'ex-général Sephiroth.
"SORTEZ-MOI DE CE CAUCHEMAR !"
C'en était
fini de jouer. Elle ne voulait plus. Elle courrait dans le labyrinthe
à en perdre son souffle. Dans sa cage thoracique, son cœur
battait si fort que cela lui en faisait mal. Si elle s'arrêtait,
elle mourait.
A nouveau, une douce voix lui murmura des mots à
son oreille.
"Juste pour…rire…"
Prise
de colère, Mikan hurla à travers tout le labyrinthe
:
"JE NE RIS PAS DU TOUT ! Sors-moi de là, la voix !
Je ne veux plus jouer ! Je veux me réveiller."
Mais
personne ne lui répondit. Une épée la frôla
à nouveau au niveau des jambes. Son jean se déchira au
niveau de sa jambe droite.
"AERITH ! A L'AIDE !!"
Au
détour d'un couloir, elle entendit un bruit sourd derrière
elle. Lorsqu'elle se retourna, elle vit l'ex-général
effondré sur le sol. Il s'était pris une énorme
épée broyeuse dans la tête, du côté
plat. C'était assez puissant pour le faire tomber dans les
pommes.
Mikan suivit le long de l'épée, pour arriver
jusqu'au manche, puis jusqu'à une main, et enfin une tête
de porc-épic brun.
"Zack !" cria la jeune femme,
rassurée.
Le mort lui répondit avec un sourire, et
lui fit signe de continuer à courir avec lui.
"Je sais
pas comment tu me connais, mais c'est pas le moment de rester planter
là. Les trois autres vont rappliquer.
-Les trois autres
?
-Kadaj, Yazoo et Loz.
-C'est toujours comme ça dans la
rivière de la vie.
-Non, ça faisait quelques années
qu'ils ne s'étaient pas réveillés. Ca leur
arrive de temps en temps, surtout quand ils sentent quelqu'un
d'humain à l'intérieur de la rivière.
-
Pardon, je ne voulais pas !
-T'en fais pas, ça anime les
journées !"
Le duo continua son sprint jusqu'à
une salle. Plus de labyrinthe, juste une pièce blanche. Zack
s'arrêta alors.
"Et bien…tu es endurante, je pensais
que tu tomberais avant d'arriver ici.
-Merci. Nous sommes en
sécurité.
-Oui. Nous sommes dans le seul endroit où
ils ne pourront pas nous atteindre ! dit une douce voix.
Aerith
les attendait déjà. Mikan se laissa tomber par terre,
épuisée.
"Comment t'appelles-tu ?
-Mikan…
-Et
que fais-tu ici ?
-Je rêve…et je veux me réveiller.
-Je
ne crois pas que tu rêves. Réfléchis, tes
blessures te font mal ?"
A la réflexion de Zack,
l'orangée eut une grimace. Oui, elle avait mal. A ses
blessures, mais aussi à la tête et au cœur. Elle ne
comprenait rien, et cela avait le don de la mettre hors
d'elle.
"Ah…on dirait que tu as trouvé ce que tu
veux, tu rentres…"
Une nouvelle fois, Mikan ne comprit pas
la réflexion de Zack. Elle se regarda, et vit ses mains
transparentes.
"AH ! Qu'est-ce que…
-Ne t'en fais pas.
C'est simplement que tu es rappelée en haut par quelqu'un.
Reviens quand tu veux."
Elle rentrait, enfin. Elle s'allongea
sur le dos, attendant de rentrer enfin dans son lit. Etrange. Au
dessus d'elle, un garçon de son âge avec un doux sourire
et aux cheveux noirs en bataille lui souriait. Encore lui.
Elle
vit ses lèvres bouger et lui murmurer :
"Juste pour…m'amuser…"
Elle
s'effondra dans le sommeil et se réveilla quelques instants
plus tard dans une immense plaine déserte. Au loin, le soleil
se couchait.
"Ce n'est donc pas fini ?
-Ne t'en fais pas,
tu vas rentrer bientôt."
Mikan sursauta.
Derrière
elle, alors qu'elle était toujours allongée sur le sol
qui était formé d'herbe cette fois-ci, le garçon
aux cheveux bruns. Il arborait un doux sourire. Mikan ne se releva
pas. Elle n'en n'avait pas peur, elle ne savait pas pourquoi.
Alors
qu'il venait de s'asseoir à ses côtés, fixant le
soleil couchant, elle lui souffla :
"…je te connais…tu
m'as sauvée une fois, lorsque j'étais
petite.
-Oui.
-…et…"
Elle eut un temps d'arrêt.
Ses souvenirs étaient flous, mais quelque chose venait de lui
revenir en mémoire.
"…et tu es toujours dans mes
rêves depuis que je suis enfant.
-Tout à
fait.
-Pourquoi ?
-Juste pour…te voir sourire
?
-Sérieusement.
-Tu ne me croirais pas."
Mikan
eut un soupire. Il était têtu. Mignon, mais têtu.
Elle lui attrapa la manche du blouson. Il était accoutré
d'un long manteau noir, et avait des gants de cuirs blancs comme de
la neige, sans doigts. Des sortes de mitaine de cuir. Ses yeux
étaient d'un joli vert turquoise.
"Dis moi…est-ce un
rêve ?
-Oui…et non…
-Dis-moi la vérité….
-Crois-tu
à l'irréel ? A des entités venues d'un autre
monde et qui régulent le votre ou l'influence grâce à
leur pouvoir.
-Que veux-tu dire ?"
Le jeune homme se
mordit les lèvres. Depuis tout ce temps, il n'avait pas osé
la regarder en face.
"Si je te dis que je contrôle les
rêves des gens, en emmenant leurs âmes dans d'autres
mondes, ou bien plus rarement leurs corps entiers dans ces mondes, me
croirais-tu ?"
Une expression étonnée se peint
sur le visage de Mikan. Elle resta silencieuse quelques instants.
Trop sans doute. Le jeune homme eut un soupire en baissant les yeux.
Il se releva alors, s'éloignant d'elle. Il partait.
"…je
m'en doutais. C'est dur à croire."
Il s'éloigna
dans le noir. Il ne voulait pas qu'elle le voie pleurer. Pourtant, la
voix de Mikan le rappela.
"Je te crois."
Il s'arrêta
net, étonné. Lorsqu'il se retourna, Mikan put voir les
larmes qui coulaient sur ses joues. Elle sauta sur ses deux jambes et
le rejoins.
"Eh ! Ne pleure pas."
Il eut un rire
nerveux :
"C'est toi qui me dis ça ? On dirait que
cette fois-ci, nous avons inversé les rôles.
-Tu
parles de quand j'étais petite, dans la forêt ?
-Oui.
Je débutais à peine dans l'art de contrôler les
rêves. Je t'ai rencontré ce jour là, dans la
nuit. Je me demandais bien ce qu'une enfant faisait dans un tel
endroit, et je t'ai ramené.
-Tu connaissais mon nom.
-Je
connais les noms de tout le monde. Cela faisait aussi parti de mon
pouvoir. Je suis logiquement le gardien de cette planète pour
les rêves, comme l'avait été mon père. Il
y a bien d'autres gardiens, pour tous les autres mondes qu'il existe,
et aussi pour tous les animaux doués de pensées.
-Pour
cette époque…merci…
-Juste pour…te sauver tu
sais…je ne pouvais pas te laisser comme ça.
-Idiot."
Mikan
émit un petit rire. Elle se rassit, et le jeune homme en fit
de même.
"Et ton nom à toi, quel est-il ?"
Le
jeune homme se tut. Il se mordit les lèvres. Il ne pouvait pas
lui dire.
"Je…ne peux pas…
-Hein ? Pourquoi ?"
Mikan
ne comprenait pas pourquoi il lui était impossible de donner
son nom. Elle pensa d'abord à une blague, mais la tête
du jeune gardien des rêves n'allait pas avec cette solution. Ou
alors il était très bon comédien.
"Bon…je
suppose que je ne dois pas poser d'avantage de question, c'est ça
?
-Pardon.
-Autre chose…pourquoi m'emmener faire ces rêves
dangereux.
-C'est le genre de rêve que voulait ton cœur. Tu
rêvais sans cesse à ses personnages lorsque tu étais
éveillée. Alors…je me suis décidé à
t'y emmener lorsque tu dormais.
-C'est là où on se
rend compte à quel point on est étrange…
-Juste
pour plaisanter, cela ne t'a pas plus ?
-En regardant de
loin….si…mais j'avais vraiment peur de…mourir.
-Juste
pour te sauver…
-Tu l'as déjà fais. Et tu as
un problème avec l'expression "juste pour" ?
-Ah
pardon…tic de langage…"
Il acquiesça avec un
sourire. La question sur son prénom qui semblait l'avoir
perturbé avait perdu son effet sur lui. Tant mieux, pensa
Mikan.
Une dernière question lui revint en tête.
"Pourquoi
moi ?"
Il ne lui répondit pas sur le coup, tournant le
visage. Mikan fit le tour du jeune homme pour voir son visage, mais
ce dernière tourna la tête à nouveau. La scène
se répéta plusieurs fois, et au bout d'un moment, Mikan
attrapa le visage du gardien.
"Regarde-moi !"
Il se
laissa alors faire. Mikan tenait dans ses mains son doux visage qui
était devenu soudain rouge. Troublée, elle mit du temps
à comprendre.
"…je…depuis la fois où tu
t'es perdu, j'ai toujours voulu assister à tes rêves. Je
voulais toujours être là, et te voir. Tu étais si
mignonne…et tu l'es encore plus maintenant."
Ce fut au tour
de Mikan de virer au rouge cramoisi. Elle lâcha le visage du
jeune homme. Celui baissa la tête.
"Pardon…ça
fait sans doute un beaucoup d'un coup. Je m'en vais, tu vas pouvoir
te réveiller."
Il se releva à nouveau, comme
pour partir. Et à nouveau, Mikan s'agrippa à son
blouson noir.
"Rêve ou pas, cette déclaration
était bien réelle, non ?"
Le jeune gardien se
retourna vers elle. Il fut surpris de voir Mikan pleurer. Il s'affola
aussitôt.
"Non, ne pleure pas. Je ne voulais pas
!
-Hihi…idiot…je suis tout simplement contente. J'ai retrouvé
le garçon qui m'avait sauvé, j'ai retrouvé mes
souvenirs, j'ai retrouvé la personne qui m'épiait dans
mes rêves, et j'apprends qu'elle m'aime. Et tu voudrais que je
sois malheureuse ?!"
Il le tira alors vers elle et l'embrassa
doucement. Il vira au rouge à nouveau, et lui sauta dans les
bras.
"Ah ! Hihihi, tu as des réactions
enfantines.
-Pardon, c'est l'émotion. Je te regardais
depuis tout ce temps, mais je pensais que tu allais me rejeter parce
que je n'étais pas comme toi.
-Peut importe, non
?
-Merci…"
Mikan avait fini par terre lorsqu'il lui
avait sauté dans les bras. Il resta allongé sur elle,
comme dans un rêve. Il l'embrassa à son tour, les larmes
aux yeux.
"Pardon Mikan…tu vas s'en doute m'en
vouloir…mais je veux que tu connaisses mon nom.
-Pourquoi je
t'en voudrais ?"
Le jeune gardien se releva de sur elle. Il
avait pris sa décision.
"Ecoute, Mikan…quand un
gardien comme moi donne son nom à un humain…le gardien…le
gardien disparaît."
Le ton était devenu froid.
Mikan se pétrifia, comprenant enfin pourquoi il ne voulait pas
lui donner jusqu'à présent.
"Je
m'appelle…
-TAIS-TOI ! JE NE VEUX PAS SAVOIR ! JE VEUX QUE TU
RESTES AVEC MOI !"
Elle avait hurlé de tous ses
poumons, suppliant le gardien de ne pas le lui dire. Les larmes
coulaient le long de ses joues. La donne avait changé. Elle ne
voulait pas le voir disparaître.
Il se tut alors, l'attrapa
dans ses bras.
"Pardon...
-Ne le dis pas…je m'en fiche
de ne pas le savoir…je veux juste que tu restes…"
Il ne
répondit rien, la poussant en arrière doucement en
l'embrassant. Après ce baiser, il posa sa tête sur son
ventre, comme pour dormir.
"Mikan…, murmura-t-il doucement
?
-Oui ? fit-elle sur un ton plus calme, rassurée.
-Je
t'aime."
Mikan sourit. Il s'avança jusqu'à son
cou, et commença à lui laisser une marque rouge.
La
nuit était tombée à présent. Elle regarda
les étoiles. Si jolies et brillantes. Un véritable
paradis.
Soudain, elle entendit la voix du jeune gardien murmurer
un mot.
"Utopya.
-Pardon ?"
Au moment même
où elle posait sa question, la jeune fille comprit. Son échine
se glaça, et elle se releva d'un coup, hurlante.
"NON
!"
Mais le jeune gardien, nommé Utopya, disparaissait
devant elle, comme un doux rêve éphémère.
Le
cœur de Mikan éclata en morceau, tendit qu'il l'embrassa pour
la dernière fois.
"Pardon…mais je dois te rendre à
ton monde, désormais… …c'est mieux pour toi…"
La
silhouette d'Utopya disparut devant les yeux en larmes de l'orangée.
Au même moment, le décor disparaissait, et Mikan
retournait dans la dure réalité.
Mikan se
réveilla en sursaut.
Le soleil était déjà
haut dans le ciel lorsque le cauchemar prit fin. Rêve ou
réalité ? Utopya avait-il réellement existé,
où juste son imagination lui jouait des tours.
Elle se leva
en sursaut et se dirigea vers la glace de la salle de bain d'à
côté. Une marque rouge ornait son coup.
Ce n'était
pas un rêve.
Les larmes coulaient le long de ses joues et
son cœur n'était plus qu'un puzzle de mille et une pièces
déchirées…
Elle hurla de douleur, abandonnée.
Elle ne rêvera plus jamais.
La sonnerie de fin des
cours retentit. Cela faisait plusieurs jours que Mikan errait sans
but précis de cours en cours, à son lycée.
Un
nouveau cours arriva. Machinalement, Mikan s'y rendit et s'assit à
sa chaise. Elle ne faisait pas attention aux autres étudiants
qui l'entouraient.
Ses pensées étaient rivées
sur Utopya. Elle ne pouvait pas l'oublier. Qu'importent les efforts
qu'elle faisait pour se concentrer sur autre chose, ses pensées
la remmenait toujours à lui.
Le cours débuta. La
prof parlait, Mikan ne l'écoutait pas.
Sur son cahier de
cours, elle dessinait des croquis.
Un ange ailé au long
manteau de noirs qui avait si longtemps hanté ses rêves
fut bientôt visible sur la page blanche de cours. Un ange au
sourire doux.
Sourire qu'elle ne verra plus.
La prof continuait
à parler. Mikan réagit à ses propos en entendant
son prénom :
"…il y a encore une place vide à
côté de Mikan. Tu peux t'y asseoir."
Mikan
releva un peu la tête et aperçut les cheveux longs noirs
et un peu longs d'une fille de dos. Une nouvelle élève
sans doute.
Elle continua à dessiner.
La nouvelle élève
s'assit à ses côtés, et remarqua les
croquis.
"Drôle d'ange que tu dessines ?"
Mikan
sursauta. Par réflexe, elle ferma son cahier de cours. Mais
autre chose venait de la perturber. Ce n'était pas une voix de
femme.
Etonnée, elle se retrouva face à face avec un
jeune homme aux cheveux noirs mi-long, qui de dos les cheveux
pouvaient se confondre avec ceux d'une femme, bien qu'en bataille.
De
ses doux yeux verts, le nouvel élève lui
sourit.
"UTOPYA !" hurla Mikan, sous le choc.
Il lui
répondit avec un sourire. La prof les regarda avec de grands
yeux.
"Mikan, qu'est-ce qu'il te prend d'hurler comme ça
? Tu as de la fièvre ?"
Utopya posa sa main sur le
front de son amie. Il confirma les paroles de la prof.
"Oui,
Madame. Ma voisine a le front chaud. Je vais l'emmener à
l'infirmerie, comme ça je saurais où s'est.
-Très
bien. Mais revenez vite, tous les deux."
Utopya ne se fit pas
prier et attrapa son amie dans ses bras pour sortir dans le couloir.
De son côté, Mikan était comme changée en
pierre. Une fois dehors, elle retrouva l'usage de la parole.
"Crétin
! Idiot ! Stupide gardien ! Je croyais…je croyais que…"
La
jeune étudiante s'effondra en larmes. Utopya l'attrapa dans
ses bras, et la serra très fort contre lui.
"Pardon,
je ne voulais pas te faire de mal, mais le jour était haut, et
je devais te réveiller. Je n'ai pas eu le temps de t'expliquer
que "disparaître" est dit lorsque le gardien devient
humain à par entière. Je ne suis plus gardien.
-Je
te déteste…comment as-tu oublié de me dire ça
!
-Je n'ai pas eu le temps. Et puis…jusqu'à ce que je te
dise mon prénom, je n'étais pas prêt pour ça.
Mon père m'a engueulé, je ne te dis pas. Du coup, c'est
mon frère qui est gardien. Et moi…et moi je peux vivre avec
toi."
Il l'embrassa alors, puis lui attrapa l'une de ses
mains.
"Je t'aime, Utopya."
Il sourit, puis engagea
le pas.
"Allez, direction l'infirmerie.
-Eh ?!
Mais…pourquoi ?
-Tu es vraiment fiévreuse…"
Tous
deux éclatèrent de rire. Plus jamais ils ne seraient
séparés…
"Juste pour…t'aimer…"
Notes
de l'auteur stupide :
Bonjour, c'est encore Kity
(Mandarine). J'ai fait cette histoire "juste pour" m'amuser
et me changer les idées de mon projet de roman qui prend du
temps à mon pauvre cerveau. Je m'y remets très bientôt,
ne vous inquiétez pas.
De temps à autre, vous verrez
quelques petites oneshots du même genre, lorsque j'en ai trop
marre de bosser sur le même truc.
Celle-ci résulte de
certains de mes rêves. C'est assez romantique, désolée
les gars et ceux qui n'aiment pas ça Oo
Ah, j'ai légèrement
changé aussi mon style d'écriture, mais c'était
juste pour l'oneshot, je voulais marquer le changement.
J'espère
que cela vous a plus.
