Les ombres menaçaient déjà le septentrion, en Arnor, et lointain déjà était l 'éclat de la gloire de Numénor. Les jours de l'ancien temps avaient fait place une ère marquée par les relents d'antiques vestiges, et partout s'étendait la promesse de la victoire de Gorgoroth. Car voilà que les hommes, dans leur grande folie, avaient livré leur âme aux compromis du Mal, ne sachant discerner la vérité céleste, ils s'étaient fourvoyés, courant à leur perte tous ; Or, en ces temps reculés, vivait près d'Evendim, un jeune homme prénommé Tarsil, proche de l'entourage du roi Eärendur, de la lignée d'Isildur ; On aimait faire croire qu'il avait du sang d'Eldar car, en vérité , dans ses yeux se lisait une profondeur d'âme que les Valars n'avaient pas trouvé chez les derniers d'Iluvatar ; Il avait sur son front le sceau de la candeur qu'une vie simple procure, et le charme de ses traits, naissant de sa bonté , faisait la fierté de sa mère, Malaret. Ils vivaient ainsi tous dans dans ce monde, sans toutefois en être, loin des soucis des grands.
Mais un matin que Tarsil revenait de la chasse, portant sur ses larges épaules un jeune chevreuil, il vit, au-delà du vallon, une épaisse fumée montant vers les cieux en épais volutes noir ; Son coeur se serra cette vue funeste, et, pris d'une anxiété soudaine, il lâcha son gibier pour courir à pleine jambe vers ce présage néfaste. Dépassant en hâte la lisière d'une haute colline, il la vit, nichée au creux du vallon, et cette vue le glaça d'effroi. Dévalant la colline, il hurla Mère ! Mère ! Avec de déchirants accents de peur.
Devant lui, sa demeure, ou plutôt ce qu'il en restait : un amas de poutres et de pierres calcinées, jonché par les corps des enfants des domestiques.
Il tomba lourdement sur le sol, s'écorchant les genoux sur une aspérité rocheuse, et essaya de reprendre sa respiration haletante, en vain. A la douleur venait s'ajouter l'amertume de la désillusion face cette tragédie qui détruisait son monde. Aussi, après avoir fouillé l'amoncellement des ruines à la vaine recherche de sa mère, il s'effondra et resta prostré, versant de lourdes larmes de deuil ; Les orcs l'avaient emmenée ! Ils avaient emmené sa mère !
