-Liu c'est à ton tour ! S'écrie Tomas qui marche avec la pointe des pieds sur l'arbre voisin.
-Allez Liu ! T'es la plus courageuse de nous trois, fais pas ta dégonflée ! Rit Pansy déjà deux arbres plus loin.
-Je ne suis pas aussi grande que vous, me défendis-je.
Je frôle tout juste le un mètre soixante et pourtant je viens d'avoir quinze ans, Xiao Chen ma grand-mère me répète souvent que ce sont dans mes gènes, qu'elle n'a connu personne dans la famille de grand. Je ne peux que lui faire confiance puisque la seule famille qui me reste c'est elle avec évidement Tomas et Pansy, mes deux acolytes fou amoureux l'un de l'autre.
-D'ici on peut voir l'hôtel de ville ! L'estrade est pratiquement prête ! S'exclame Pansy qui monte toujours plus haut.
-Tu as d'autres bonnes nouvelles comme ça ? Lui demande Tomas la taquinant.
Le rire de Pansy est une mélodie à mes oreilles, elle s'enroule autour d'une branche, tête à l'envers ses cheveux d'ors forment une cascade. Tomas tire dessus la faisant légèrement paniquer.
-Alors Liu ? On n'a pas tout notre temps. Si je l'ai fait, tu peux le faire. M'encourage Pansy, ses lèvres roses s'étirant en un délicat sourire.
-Ok, mais si je ne m'en sors pas vivante, dites à Xiao Chen que je l'aime et que tout est votre faute.
-T'es malade, si on lui dit ça, on finit mort et enterré.
-Pas forcément dans cet ordre, corrige Tomas penseur.
J'expire un bon coup, fais craquer mes articulations comme j'ai vus mes amis le faire et fléchis les genoux. Et je saute. Je n'ai même pas le temps de ressentir la peur que je suis déjà à côté de Tomas qui me maintient fermement.
-Waouw ! Liu ! Ta première fois et tu n'as même pas crié ! Bravo ! S'écrie Pansy.
-Oh oh, soufflais-je en voyant des adultes arrivaient.
-Merde ! Jure Tomas avec moins de classe.
Ce que nous appelons « arbre » au district cinq, ce sont ces poteaux gigantesques, dans leurs prolongements ils se ramifient en divers câbles solides que nous surnommons « branches ». Ici, c'est notre forêt, électrique certes, dangereuse certes et interdite je l'admets aussi. Si on se fait pendre, notre tête sera accrochée en haut d'un de ces poteaux pendant des siècles.
On essaie de se faire le plus petit possible, pour moi, c'est assez facile mais pas pour Tomas qui mesure presque deux mètres. De là où nous sommes, nous pouvons voir trois pacificateurs un habitant du District, cheveux châtains et des vêtements déchirés. Que s'est-il passé ?
-Papa, souffle Tomas.
Avec Pansy nous tournons notre tête en concert vers notre ami qui a les larmes aux yeux, son poing entre ses dents. Je détaille de nouveau l'homme accompagné des pacificateurs, il ne se fait aucun doute qu'il s'agit de Mr Wank, je le connais depuis toujours, un homme honnête et travailleur. Que fait-il dans cet état pitoyable accompagné de ces monstres ?
Tomas amorce un mouvement pour descendre mais je lui tire son bras pour qu'il reste à mes côtés, ses yeux bleus humides me lancent un regard de détresse auquel je réponds en raffermissant ma prise même si Tomas pourrait se libérer facilement, enfin s'il le fait nous tomberions tous les deux. Comme nous avons beaucoup de chance, les pacificateurs s'arrêtent juste en dessous de nous, poussant Mr Wank à terre, son visage est mutilé.
-Alors, vas-tu enfin avouer ? Clame un pacificateur, je crois qu'il s'agit de Peter mais avec le casque difficile à dire.
-Réponds ! S'énerve un autre.
-Peut-être que ta femme et ton gosse pourront nous dire la vérité, reprends le premier.
J'avale difficilement ma salive avec Pansy et Tomas.
-Je vous jure que je ne sais pas de quoi vous parlez, je n'ai jamais envoyé de messages de rébellion. Se défends Mr Wank
Un long silence prends place, des messages de rebellions ? Mr Wank a toujours subvenu aux besoins du Capitol sans se plaindre, cela aurait été peut-être la dernière personne du district que j'aurais pu soupçonner de se rebeller. Mr Wank est électrotechnicien, j'admets qu'il a les connaissances pour pirater certains systèmes pour envoyer des messages, mais à qui ?
-Nous n'avons jamais évoqué la contenance des messages, ricane le pacificateur qui n'avait pas encore pris la parole. Il lève son arme vers Mr Wank et je m'attends au pire.
-A qui les avez-vous envoyés ? Vous êtes finis, autant essayer de sauver un minimum votre peau.
-Allez-vous faire foutre.
Une balle entre les deux yeux et son corps s'affale à terre.
Tomas mord à sang ma main que j'ai plaqué à temps sur sa bouche, tout son corps tremble, ses larmes salés finissent leurs courses sur ma main. Pansy sanglote en silence, les mains devant les yeux. Moi, je regarde les trois pacificateurs s'en allaient, je retiens que celui qui a tiré boîte légèrement.
-Je vais les tuer, tous ! Je vais tous les tuer ! Ces ordures ! Grogne Tomas, son corps bouillonne littéralement.
-Bon sang ! Ils sont fous ! Reprends Pansy qui n'est pas prête de s'arrêter de pleurer, j'aimerais pouvoir la prendre dans mes bras et plonger mon nez dans ses cheveux qui sentent le jasmin pour la consoler. Mais la priorité est Tomas. Il est descendu et donne des coups à terre, à côté du corps de son père. Du sang coule le long de son visage blanc, qu'avez-vous fait Mr Wank ?
-Il faut, il faut que je rentre. A toute à l'heure. Bégaie Pansy se rongeant les ongles à sang.
-Quoi ? Rugit Tomas
Mon cœur se brise lorsqu'elle prend la fuite mais je ne le montre pas, elle est censé être une amie pour moi, pas mon amoureuse. Tomas accuse le choc et contemple son père, je m'agenouille à ses côtés.
-chi de chi o arau, dis-je dans la langue de mes ancêtres.
-Je ne suis pas d'humeur à essayer de te traduire Liu, se moque Tomas à travers ses larmes
-Laver le sang par le sang. Traduisais-je arrivant à lui faire faire une grimace qui se rapproche d'un sourire.
Nous avons dû revenir les mains dans les poches, faisant comme si de rien était pour que personne ne sache où nous étions et ce que nous avons vus. Fort heureusement nous n'avons croisé aucun des trois pacificateurs, nous n'avons pas vus leurs visages mais je peux reconnaître le tireur par sa démarche bancale. Tomas a les yeux gonflés et rougis mais par ce jour de moisson, c'est chose courante. Nous devons attendre demain, pour que les électriciens découvrent par eux même le corps, même si Mme Wank va s'apercevoir de l'absence de son mari d'ici quelques minutes. Elle est sur la place avec les autres parents la mine triste, Tomas juge plus prudent de ne pas aller la voir avant la moisson, nous remplissons la paperasse habituelle avant de rejoindre nos rangs respectifs. Pansy est à quelques centimètres de moi, de dos je vois son corps qui est encore parcouru de spasmes, sa voisine lui sert la main. Il y a moins d'une heure j'aurais envié cette fille.
J'aperçois ma grand-mère au loin, je lui adresse un signe de tête à peine imperceptible mais je sais qu'elle le voit, d'ailleurs elle me le rend.
Davio notre hôte entre en scène, je ne fais même plus attention à sa peau verte pomme et aux deux diamants qui lui servent d'oeils.
-Je suis plus qu'heureux de retrouver le district cinq pour les soixante-treizième Hunger Games. Tonne-t-il. Il enchaîne devant notre manque de réaction :
-Parmi vous se trouve les deux futurs tributs du district et peut-être même le vainqueur de ces Jeux. Avant le tirage au sort, je vous prie d'écouter ce message qui vous ait adressé.
La vidéo commence, encore et toujours la même. Peu d'entre nous la regardent, tous la connaissent par cœur. Tomas fixe Pansy avec tant de haine que je m'étonne qu'elle ne meurt pas sous le poids de son regard, je sens aussi un regard sur ma personne, pas besoin de me poser milles questions pour savoir qu'il s'agit de ma grand-mère, elle me connaît pas cœur, je suis la chaire de sa chaire, elle sait que je cache quelque chose.
-Nous allons commencer par les messieurs pour terminer en beauté avec nos mademoiselle ici présentes, puisse le sort vous êtes favorable évidemment.
Il y en a deux d'entre nous qui n'auront pas un sort favorable. Ce qui est bien avec Davio c'est qu'il ne fait pas traîner la cérémonie pendant des heures, il plonge sa main dans le bocal en verre, sort un nom et le lit aussi vite :
-Vinci Clamed.
Ce nom me dit quelque chose, un jeune garçon sort du rang des douze ans, sa tignasse frisée associée à son nom de famille ne laisse aucun doute de quelle famille il provient, les Clamed s'occupent du gaz. Il s'agit d'une grande famille, ce garçon doit avoir au moins trois sœurs et trois frères, divers oncles et tantes. Et pourtant, il avance vers l'estrade seul, personne ne se porte volontaire. Ce sont les Hunger Games. Qui voudrait y aller ?
-Bien mon garçon, maintenant voyons quelle est la demoiselle qui t'accompagneras.
C'est dit si gaiment qu'on pourrait se demander s'il parle bien des Hunger Games.
Il tire un papier et je remercie ma grand-mère de m'avoir appris de rester calme, d'être en paix avec mon esprit parce que toutes celles qui m'entourent ont leurs dents qui s'entrechoquent de peurs.
- Liu Chen, clame-t-il. Avant de rajouter en fronçant les sourcils :
-Un nom rare qui cache une perle j'en suis sûr.
Il ne croit pas si bien dire, Liu Chen c'est moi. Tous les yeux du district se tournent vers moi, il n'y a pas dix mille Liu Chen. Oui, je remercierais jamais assez ma grand-mère de m'avoir appris à rester sereine en toute circonstance. Mon cœur ne bat pas plus vite, mes mains ne sont pas plus moites que d'habitude. J'avance d'un pas léger vers l'estrade où Davio m'accueille :
-Je l'avais dit non ? Un prénom rare cachant un visage rare.
Il me sourit, réellement je pense, peut-être même qu'il veut que j'ai de l'avance sur les autres tributs, me démarquant alors je lui souris en retour. Il est vrai que mes traits fins, mes yeux bridés et ma couleur de peau sortent de l'ordinaire.
-Serrez-vous la main les enfants.
Je m'exécute, la poigne de Vinci Clamed est tremblotante.
-District cinq, Liu Chen et Vinci Clamed vous représenterons pour les soixante-treizième Hunger Games.
Un pacificateur m'a accompagné dans une petite pièce, une fenêtre vue sur la gare, un train en attente. La porte s'ouvre sur Pansy, ses yeux que je trouvais pétillant ressemblent à ceux d'un chien battu.
- Liu, souffle-t-elle le cœur au bord des lèvres.
-Pansy, dis-je d'une voix égale.
-Tu es ma meilleure amie Liu, tu vas me manquer.
Elle amorce un mouvement pour me prendre dans ses bras mais je l'en empêche.
-Je t'aimais Pansy et je t'aime encore.
-Moi aussi, souffle t'elle émue.
-Non, pas comme tu le penses Pansy. Je t'ai toujours aimé, plus qu'une amie ou qu'une meilleure amie.
Son visage exprime le dégoût même si elle se force à le cacher.
-Je suis avec Tomas, Liu.
-Pour l'instant, soufflais-je.
Elle se renfrogne.
-Soit, tu es aussi bizarre que lui de toute façon. Tous les deux étranges, je serais tranquille maintenant.
A peine est-elle sortie que Tomas et ma grand-mère entrent, le premier retenant tant bien que mal ses larmes alors que Xiao Chen fidèle à elle-même est sereine.
-Tomas m'a tout dit, clame Xiao. Elle me regarde avec un air désapprobateur, elle n'aime pas que je joue les cachotières.
-J'en apprendrais peut-être plus au Capitole, dis-je.
-Non ! Ils te tueront ! S'exclame Tomas mort de peur. Il reprend à s'adoucissant :
-Merci d'être là mais inutile de prendre des risques, concentre toi sur tes jeux.
Ah oui, c'est vrai les Hunger Games … Je les avais presque oubliés.
-Tomas a raison, ne vaut mieux pas avoir l'esprit ailleurs pendant le combat.
-Je ferais comme je peux, consentis-je.
Un pacificateur entre et aboie qu'il est temps de partir, Tomas est directement rouge de colère, après tout il s'agit peut-être du meurtrier de son père mais il en est rien je le sais. Le meurtrier de son père boite et je compte bien le démasquer.
- toki ni aeba nezumi mo tora to naru, dit Xiao me prenant dans ses bras.
-Il faut que le rat se transforme en tigre ? Reprit Tomas nous faisant éclater de rire.
-Quand il le faut, la souris peut devenir un tigre, dis-je en sautant presque dans ses bras.
-Quand tu reviendras, je prendrais deux fois plus de cours.
-Cela ne sert à rien, tu seras juste deux fois plus dissipé.
Nous nous sourîmes une dernière fois avant que je sois contrainte de rejoindre la gare.
Qui dit que je ne suis pas déjà un tigre ? Cette pensée me fait sourire.
Salut les lecteurs ! Nouvelle fiction qui j'espère vous donne envie de la lire. Comme d'habitude, des nouveaux personnages qui risquent d'être mélangés avec des anciens de mes précédentes fictions : 71 HG Juste un Jeux de plus,mes Jeux et 72 HG Une renaissance.
Alors que pensez-vous de Liu ? Ses amis ? Sa grand-mère ? Et le chapitre en général ?
PS : Il était temps de briser les habitudes, écrire sur un tribut de couleur de peau blanche, un tribut hétérosexuel etc ... Brisons ensemble les règles !
J'ai hâte d'avoir vos avis,
A bientôt,
FleurEncre
