Auteur : misaogirl

Couple : Heero & Réléna

Genre : Romance, UA

Disclaimer : les persos ne m'appartiennent pas

COMMUNICATION WORLD

Lundi 2 avril, 13h

Quand on lui avait confié ce dossier deux heures plus tôt, elle avait été emballée. Elle avait pensé à un projet ambitieux qui allait faire beaucoup de bruit. Ce projet allait aussi représenter une masse de travail importante mais ça valait le coup. Alors elle s'était empressée d'accepter la proposition surtout que le donneur d'ordre n'était pas passé par la traditionnelle démarche de l'appel d'offre mais qu'il s'était directement adressé à son agence, directement adressé à elle ! Et ça, niveau fierté, c'était le must. Elle avait eu droit à un courrier sympathique, adressé à Mlle Peacecraft Réléna, qui vantait son travail de communication autour du projet solidaire de la Winner Corp, une des plus grandes multinationales dans le domaine de la presse magazine qui possédait plusieurs autres compagnies dans des domaines variés.

Ce dossier lui avait d'ailleurs était soumis par Quatre Raberba Winner au nom et pour le compte d'un de ses amis. Comme quoi, quand vous faisiez du bon boulot, vous étiez toujours récompensé ! Son travail était reconnu et apprécié, elle était aux anges.

Elle avait ensuite contacté M. Winner pour le remercier. Bon elle ne l'avait pas seulement contacté pour raisons professionnelles… Elle avait passé pas mal de temps avec le blondinet – en l'occurrence M. Winner – pour préparer cette campagne de relations publiques. Elle avait passé un très bon moment avec lui : il avait la vingtaine comme elle (bon ok elle en avait 22 et alors ?), il était courtois, gentil, galant, attentif aux autres et riche. Le gars idéal ! Le seul bémol c'est qu'il était blond alors qu'elle préférait les bruns et les asiatiques mais elle pouvait s'en accommoder !

Le jeune homme lui avait appris que le donneur d'ordre était Heero Yui , le PDG de la Yui Corporation, plus grand constructeur informatique et fournisseur de logiciels de micro-informatique. Et alors là, elle s'était retenue à grande peine de hurler sa joie et d'entamer une danse de la victoire. Heureusement qu'elle s'était retenue sinon elle aurait compromis ses possibles futures coopérations avec la Winner Corp. En travaillant coup sur coup pour la Winner Corp et la Yui Corporation, elle allait se faire un nom dans le domaine de la communication et des relations publiques. Elle allait pouvoir fonder sa propre entreprise et quitter ce patron qui lui cassait les pieds. Cet enfoiré avait voulu lui voler le projet Winner Corp ! Mais le blond avait bien compris que c'était elle qui avait eu l'idée du projet et qu'elle serait la mieux placée pour diriger l'équipe qui le mènerait à bien. Décidément, elle l'adorait ce blondinet.

Réléna était tellement excitée par ce nouveau projet qu'elle avait appelé Noin, sa meilleure amie, pour partager ce bonheur avec elle. Cette dernière travaillait également dans une agence de communication mais dans une plus grande structure. Généralement, c'était eux qui ramassaient les gros projets. Elle avait eu beaucoup de chances d'obtenir l'appel d'offre de la Winner Corp. A ce que lui avait dit Quatre, l'association humanitaire, pour laquelle elle avait créé un projet de solidarité autour de l'accès aux nouvelles technologies pour les personnes démunies, lui avait conseillé de faire appel à elle pour leur projet.

Cependant elle avait failli descendre de son petit nuage en entendant la réaction de son amie.

-Euh Noin ?

-Oui ?

-C'était quoi ce « OH MERDE ! » ?

-De quoi ?

-Noiiiinnnnnn !!!

-Oui oui, du calme ! Écoute, je ne voudrais pas t'inquiéter mais…

-Mais ?

-Une de mes collègues avait remporté l'appel d'offre pour un projet de la Yui Corp…

-Et ?

La blonde commençait sérieusement à s'impatienter et Noin savait à quel point il ne fallait pas la contrarier. Réléna pouvait être toute sucre puis se transformer en un véritable tyran l'instant d'après. Elle la soupçonnait d'être limite schizo comme sa prof de dessin au collège, Mlle Une : un coup elle était super sympa, elle t'encourageait et te félicitait pour ton travail. Et l'instant d'après, elle descendait ton travail et te traitait d' « idiote finie sans aucun goût artistique. »

-Noin !!

-Vi vi… Bon bah ma collègue n'a pas réussi à mettre en place ce projet.

-Pourquoi ?

-Elle a été internée pour dépression…

Un silence éloquent s'installa entre les deux jeunes femmes.

-Euh Réléna, t'es toujours là ? Dis, t'as pas mouru1, hein ?

-Je suis là. Tu peux me donner des détails.

La brune soupira, son amie était inquiète. Qui ne l'aurait pas été après ça ?

-Écoute, je ne suis pas au courant de tous les détails mais visiblement Heero Yui est un vrai tyran. Il pousse les prestataires à bout, il est anormalement exigeant, il te fout une pression monstrueuse… Enfin c'est tout sauf un cadeau. Si tu veux tout savoir, après cet événement, notre agence n'a plus jamais répondu à un seul appel d'offre de la Yui Corp. Alors que tu sais pertinemment que cette entreprise vaut son pesant d'or.

La blonde soupira. On avait du la maudire à la naissance, c'était pas possible autrement ! Elle devait avoir une méchante marraine qui n'avait pas été invitée au baptême et qui lui avait jeté un mauvais sort !

-Noin, si je ne le fais pas, mon patron va me virer.

-Tu n'as qu'à la confier à quelqu'un d'autre. Envoie une de tes collègues au pilori ! T'es encore jeune, tu peux pas mourir maintenant !

-Je ne peux pas. C'est Quatre Raberba Winner qui m'a présenté le projet et il a demandé à ce que je m'occupe personnellement de tous les projets qu'ils soumettraient à notre agence. Je suis son unique interlocuteur au sein de l'agence.

-Bon bah, je vais aller m'acheter une petite robe noire sexy pour ton enterrement.

-Ah ! Ah ! Très drôle.

-Sérieusement Léna, c'est pas une bonne idée reprit la brune d'une voix grave et légèrement tremblante.

-Je n'ai pas le choix.

-Écoute, je suis sure que mon patron accepterait de t'embaucher si tu décidais de quitter ton agence.

-Peut-être mais dans l'immédiat, vous êtes au complet… Puis, si je refuse ce dossier, ça va compromettre mes futures collaborations avec la Winner Corp.

-Je ne sais pas quoi te dire…

-Ça va aller… Écoute, je vais me mettre à bosser sur ce dossier pour la Yui Corp. Si Heero Yui est vraiment un tyran, il vaut mieux que je lui soumette un dossier en béton.

-Ok bon courage. Tu m'appelles en cas de besoin, je t'interdis de faire des bêtises ou de te recroqueviller sur toi-même dans ton coin.

-Promis. Aller à bientôt.

Réléna soupira. Pourquoi ça tombait toujours sur elle ?! Elle ferma les yeux quelques secondes, le temps de prendre son courage à deux mains, et se plongea dans le compte-rendu du brief de la Yui Corporation pour s'informer des objectifs du projet et du public visé par la campagne de relations publiques.

Mardi 8 mai, 20h

Réléna tombait de fatigue, elle venait juste de finir ses recommandations pour la Yui corp. Elle avait passé plus d'un mois pour préparer une esquisse du projet. Elle avait consacré tout son temps à ce dossier.

Alors que si ce travail ne satisfaisait pas Heero Yui, elle ne recevrait pas de rémunération pour le travail effectué jusqu'alors. C'était le problème avec la phase des recommandations, si le projet n'était pas accepté, le travail s'envolait en fumée. Sans compter qu'elle avait mobilisé plusieurs de ses collègues pour travailler avec elle sur ce dossier. Son supérieur avait donc toutes les raisons d'être mécontent.

Elle s'étira, ses muscles étaient endoloris. Elle venait de passer tout un mois derrière un écran d'ordinateur à effectuer des recherches d'antériorité pour situer le contexte de l'action, à rechercher d'éventuels partenariats avec les associations ou les institutions publiques, à réfléchir aux médias qui pourront être utilisés pour promouvoir l'opération...

Mais l'important, c'est que les recommandations étaient prêtes, qu'elle s'était donnée à fond pour ce projet et que c'était de loin le meilleur travail qu'elle avait fourni jusqu'à présent.

Elle imprima et relia le tout sur un papier de bonne qualité avec une jolie couverture cartonnée à l'arrière. Si Heero Yui était vraiment un tyran, autant mettre toutes les chances de son côté et les détails pouvaient faire la différence.

Elle était prête pour leur rendez-vous de demain.

Mercredi 9 mai, 12h25.

Elle avait eu peur de se retrouver en tête à tête avec Heero Yui. Mais elle avait eu l'agréable surprise de voir Quatre Raberba Winner et son directeur adjoint, Trowa Barton, l'attendant devant le restaurant.

Le blond lui avait présenté Heero Yui qui s'était incliné respectueusement pour la saluer. Elle avait fait de même sans hésiter. Elle avait toujours été passionnée par la culture asiatique et elle s'était initiée à certaines de leurs coutumes.

Elle avait eut du mal à détacher son regard des yeux cobalt d'Heero Yui.

Heero Yui était quelqu'un de discret, elle n'avait jamais vu sa tête dans un seul magazine. Tout ce qu'elle savait de cet homme, c'est que sa mère était une aristocrate anglaise et que son père était un businessman japonais. Et elle avait appris récemment qu'il était un tyran en affaires. Mais ce qu'elle ignorait, c'est que le PDG de Yui Corporation était un vrai sex-symbol !

Ce mec avait raté sa vocation, il aurait du être mannequin ! Enfin il était un peu petit mais, bon sang, ce qu'il était sexy !

Son cœur faillit la lâcher quand Heero Yui se comporta comme un véritable gentleman en poussant sa chaise pour qu'elle puisse prendre place à table. Elle le remercia et ce dernier la gratifia d'un sourire.

Réléna rougit et se détendit peu à peu. Dire qu'elle était contente aurait été un euphémisme… Non, elle n'était pas contente, elle était ravie, réjouie, heureuse, enchantée, charmée… Bref, elle était à court de vocabulaire et sur son petit nuage. Ce Heero Yui était un beau gosse avec beaucoup d'humour. Il semblait intelligent – il n'avait pas fait fortune si jeune pour rien- il participait à la conversation, il avait un sourire charmeur aux lèvres, il se montrait très respectueux des opinions des autres… Il était tout sauf un tyran.

Elle passa un moment très agréable en sa compagnie, enfin en leur compagnie, elle en revenait presque à regretter de ne pas être seule avec le métis. Ils étaient tous tellement pris par leurs conversations qu'ils n'avaient pas vu l'heure passé et qu'elle n'avait pu soumettre son projet au jeune PDG. Celui-ci s'excusa après avoir reçu un coup de fil urgent, visiblement on avait besoin de lui au boulot. Il lui offrit un sourire d'excuse avant de filer en apportant avec lui le dossier.

Réléna suivit le japonais du regard. Elle avait hâte d'avoir de ses nouvelles. Elle ne vit pas le sourire en coin que Quatre Raberba Winner adressa à son collègue.

Jeudi 10 mai 19h

Réléna grogna quand le téléphone se mit à sonner. Elle devait absolument finir ce dossier aujourd'hui. Le donneur d'ordre avait avancé la réunion car il partait en vacances. Résultat, elle avait passé sa journée à bosser sur ce dossier à la con.

Elle soupira et décrocha le téléphone.

-Allo ? dit-elle d'un ton qui annonçait clairement qu'on la dérangeait.

-Ne quittez pas Mlle, je vous passe M. Yui.

-Oh merde pensa Réléna. Je suis trop crevée psychologiquement pour lui parler.

-Mlle Peacecraft ?

-Oui je vous écoute M. Yui répondit Réléna avec une voix légèrement tremblante.

-J'aimerais que nous convenions d'un rendez-vous pour discuter du projet.

-Bien sûr.

-Lundi à 15h ?

-Aucun problème.

-Très bien, je vous souhaite un bon week-end et je vous dis à lundi.

-Également M. Yui.

Réléna ne savait pas quoi penser. La voix du Japonais était restée totalement neutre. Mais elle était heureuse d'avoir pu lui parler. Elle allait passer un bon week-end grâce à lui. Enfin elle allait plutôt stresser à mort et chercher tout un tas de contre arguments pour prouver que son dossier était un bon projet…

Lundi 14 avril, siège de la Yui Corp, 15h

Elle était pour le moins stressée, ses mains tremblaient alors qu'elles serraient ses documents de toutes ses forces… Il fallait qu'elle remporte ce contrat ! D'une part, parce que sinon elle serait virée. D'autre part, parce qu'elle voulait avoir une chance de connaître davantage Heero Yui. Elle devait se calmer et se montrer persuasive !

-Catherine, faites la entrer.

Enfin Heero Yui venait d'indiquer à sa secrétaire qu'il pouvait la recevoir. La secrétaire se leva avec grâce et se dirigea vers la porte du bureau l'ouvrant pour que Réléna puisse passer. Catherine fit un sourire encourageant à la jeune fille devant l'état de stress évident de cette dernière. La blonde la remercia d'un sourire tout en pensant que la vie était trop injuste, comment pouvait-elle rivaliser avec une rousse taille mannequin et sa dentition parfaite ?

Heero Yui devait se taper sa secrétaire, c'était pas possible autrement.

Réléna inspira un bon coup et s'avança pleine d'assurance vers le bureau du PDG de la Yui Corp qui l'accueillit avec une poignée de main ferme et l'invita à s'asseoir. Pour le coup, son assurance avait légèrement vacillé quand leurs deux mains étaient rentrées en contact et qu'elle s'était de nouveau noyée dans les yeux cobalt. Mais elle s'était reprise bien vite en dirigeant un sourire poli vers l'asiatique.

Elle devait rester elle-même. Ce n'était pas le premier contrat qu'elle négociait. Bon il était mille fois plus important que les autres mais il suffisait d'appliquer la même méthode que pour les contrats précédents : diplomatie et créativité.

En travaillant dans la communication, elle avait appris que le consensus était essentiel. Il fallait à la fois faire plaisir au donneur d'ordre et aux partenaires. Et il fallait quelquefois renoncer à ce qu'on considérait comme une idée innovante parce que le donneur d'ordre ne partageait pas votre point de vue. Le client était roi, mais ça n'empêchait pas le prestataire de sortir tous les arguments possibles pour le convaincre. Et de ce côté là, Réléna « assurait grave » selon ses collègues. La blonde travaillait tellement à fond ses dossiers qu'elle avait toujours un argument à avancer pour montrer la valeur ajoutée de son projet.

-J'ai étudié attentivement votre projet.

La phrase classique d'introduction, elle ne pouvait rien en retirer. Il fallait attendre la suite.

-Il est pour le moins original.

La blonde sourit pour cacher son stress, le « pour le moins » n'était pas franchement une bonne chose. Puis le regard de l'asiatique était insondable, ça s'était pas bon. Elle était pourtant passée maître dans l'analyse du langage corporel qui était aussi significatif que le langage oral. On disait toujours que le regard était le miroir de l'âme et Réléna avait appris à lire les impressions de ces interlocuteurs dans leurs regards. Mais là, rien. L'asiatique était insondable et impassible. Il ne montrait aucun intérêt, aucune joie, aucune incertitude, rien… Et ça la mettait mal à l'aise.

-Votre argumentation est parfaite, je vous l'accorde mais la logistique me paraît être un problème important dans ce dossier.

Aie… La logistique avait toujours été son point faible. Elle avait de l'imagination, de la créativité, le sens de la formule mais tout ce qui était détail technique, là ça coinçait. C'est pour cela qu'elle avait fait appel à ses collègues pour l'aider sur ce point mais visiblement M. Yui n'était pas convaincu.

-Je veux que vous revoyiez ce projet. Il est bien trop coûteux. Je ne vois pas pourquoi on devrait acheter un car2 pour l'équiper d'ordinateurs à l'attention des personnes démunies. Il suffit de donner du matériel à des associations qui prennent en charge les personnes en situation d'exclusion. On fait une bonne campagne de relations publiques autour de ces dons et c'est bouclé.

C'était un cauchemar, c'était forcément un cauchemar.

-M. Yui. Sans vouloir vous offenser, j'ai précisé dans le contexte que les dons aux associations étaient quelque chose de courant. Toutes les grandes entreprises l'ont fait.

-J'en suis conscient et elles en ont toutes retiré du prestige. Il suffit de faire un don plus conséquent avec du matériel plus performant voire même un don financier pour agrandir les cyberespaces. Le prix sera largement inférieur à celui que nécessite votre projet.

-Mais M. Yui. Il est important pour votre entreprise de se différencier de ses concurrents. Pour les campagnes de communication et de relations publiques, l'originalité est un mot-clé. Une action innovante marquera bien plus les esprits qu'un énième don.

-Elle marquera surtout les esprits par son coût exorbitant.

Touché. Cette remarque, elle ne l'avait pas vu venir. Elle s'était dit que la Yui Corporation avec les moyens de mettre en place une campagne de grande envergure. Elle s'était dit que son idée était tout simplement géniale et voilà que l'asiatique coulait son projet avec cynisme. Les rumeurs sur Heero Yui était peut-être fondées finalement…

-Écouter, M. Yui. Ce projet est ambitieux et il peut permettre à votre entreprise de bénéficier d'une forte exposition et d'une forte médiatisation. Faire un don de matériels informatiques à une association, c'est du déjà-vu. Créer un cyberespace pour les personnes en difficulté, c'est du déjà-vu aussi. Ces cyberespaces sont bondés, il faut prendre rendez-vous par téléphone longtemps à l'avance avant d'avoir une place.
Et ces espaces multimédias – même quand ils sont à l'intérieur des associations - ne permettent pas de toucher les gens les plus démunis, ni les étudiants ou les jeunes à la recherche d'un emploi qui n'ont pas accès à Internet dans les foyers d'hébergement ou les universités ou qui doivent se débrouiller avec du matériel vieillissant.

-Ces personnes ne vont pas prendre les transports pour sortir de leurs banlieues et se rendrent sur Paris ! Elles occupent déjà leur journée à leur travail universitaire pour les étudiants et à un boulot à mi-temps ou à l'étape éprouvante qui est celle de rechercher un emploi !
Il faut aller à l'encontre de ces personnes, c'est le seul moyen de les amener à s'initier aux technologies de l'information et de la communication pour les aider dans leurs recherches d'emploi ou dans leurs démarches administratives.

-Il semble que ce projet vous tienne à cœur.

Un test, c'était un test. Le japonais affichait maintenant un sourire en coin. Il voulait savoir si elle était prête à s'engager à 100 dans cette action.

--Oui, ce projet me tient à cœur. Et si votre entreprise ne souhaite pas le financer, je ferais en sorte de contacter un groupement d'entreprise pour le faire.

Le sourire du japonais s'agrandit alors que la jeune fille priait pour qu'il croit à son bluff car jamais son patron ne la laisserait mener une telle opération qui demanderait bien trop de temps et d'argent.

-Ce projet m'intéresse mais il est hors de question que j'achète un car et que je recrute un chauffeur à plein-temps. Il va falloir changer ça.

-Très bien, je vais réfléchir à une autre solution.

-Je vous donne dix jours.

-Cela sera suffisant déclara la jeune fille avec aplomb.

L'asiatique marqua la fin de l'entretien en se levant et en raccompagnant la blonde jusqu'à la porte avant de lui sourire d'un air malicieux et de lui souhaiter bon courage. Celle-ci lui dédia un sourire poli et fila sans demander son reste.

Il lui avait fait passer un test, c'était bien la première fois que quelqu'un avait autant d'assurance pour démolir un projet original soumis par une agence qui avait fait ses preuves grâce au projet avec la Winner Corp. En plus d'être intelligent, ce mec avait du culot et elle sentait qu'il allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais il était hors de question qu'elle se dégonfle ou qu'elle finisse en dépression, elle allait tenir tête au métis. Ce projet était son bébé et elle allait le défendre bec et ongles !

Mardi 15 avril

Réléna arriva de bonne heure. Elle avait été très prétentieuse en disant qu'elle règlerait les problèmes en dix jours. Mais il était trop tard pour revenir sur sa parole… Puis elle ne ferait pas ce plaisir à Heero Yui !

Il ne voulait pas acheter de car… Mais il fallait aménager l'espace, il fallait mettre des prises électriques et fixer une table et des tabourets… Elle ne pouvait pas louer un car ou un bus dans ces conditions. De plus, pour assurer la visibilité du projet, le car devait être décoré et comporter les logos et noms de l'entreprise. Alors comment faire ?

Réléna se mit à réfléchir mais elle ne trouva rien, s'il ne voulait pas acheter de car alors tout le projet tombait à l'eau. L'intérêt de ce projet c'était sa mobilité, le fait qui puisse aller dans les banlieues à la rencontre des personnes en difficulté…

Mercredi 25 avril, siège de la Yui Corp, 10h

-Mlle Peacecraft, ravi de vous revoir.

-De même, M. Yui.

Cette fois, la blonde ne trembla pas en serrant la main du japonais. Elle s'assit avec un regard plein d'assurance.

-Je vous écoute.

-J'ai pris en considération vos incertitudes face au prix du projet. J'ai donc pensé à une alternative.

La blonde s'assura d'avoir toute l'attention du japonais avant de continuer.

-J'ai pensé à acheter une remorque – une remorque d'occasion- et à louer un tracteur routier. Pour le chauffeur, on peut faire appel à une boîte d'intérim spécialisée. J'ai aussi pensé à modifié le temps de passage du « webcar solidaire. »

-« Webcar solidaire» ?

-Le nom du projet. Vous convient-il ?

-Il me plaît, oui.

-Bien. Donc pour reprendre ce que je disais sur l'organisation, je pensais à stationner le webcar en début de semaine dans une ville et d'y rester toute la semaine. Comme ça, le chauffeur n'aurait qu'à prendre le véhicule, le mener dans la ville et venir le chercher en fin de semaine pour le conduire vers un local sécurisé. Cela représentera deux jours de travail à payer. Il en va de même pour la location du tracteur routier, nous n'en aurons besoin qu'en début et fin de semaine.
Parcontre je ne souhaite pas changer ce qui était prévu au niveau de la sécurité. Le risque de vandalisme est très important dans les banlieues.

-Cela me semble être une bonne idée.

-Merci. Pour l'habillage de la remorque, j'ai fait appel à une société avec laquelle j'avais déjà travaillé. Comme c'est une opération humanitaire, il nous exonère des frais. Le budget est ainsi diminué de 60

-Cela me convient, je souhaite être informé régulièrement des avancées du projet.

-Bien entendu.

-Dans ce cas, je pense que l'on en a fini pour aujourd'hui. Je vous invite à dîner.

-Ce serait avec plaisir, malheureusement j'ai un dossier urgent à préparer.

-Déléguez le travail à un collègue.

-C'est malheureusement impossible. C'est un projet que je me suis engagée à mener personnellement. Merci beaucoup pour votre invitation mais je ne peux malheureusement me libérer.

-Une prochaine fois dans ce cas.

-Avec plaisir.

Réléna se permit de souffler une fois le bâtiment de la Yui corporation hors de vue.

Elle avait menti. Elle n'avait pas de dossier urgent à préparer. Mais elle avait eu tellement de mal à trouver une autre idée pour le projet et à paraître sure d'elle devant l'asiatique alors qu'elle était terrifiée qu'il refuse à nouveau le projet, qu'elle ne pouvait pas se permettre de tout gâcher en acceptant cette invitation. Elle avait réussi à prendre le dessus et il fallait qu'elle continue dans cette voie pour mener ce projet à terme.

Heero Yui était un homme dangereux car il était insondable et imprévisible. Et car il lui plaisait…

Elle était prête à parier que la collègue de Noin n'était pas partie en dépression parce que le japonais était exigeant mais parce qu'elle était tombée sous son charme et qu'elle avait délaissé le travail. Or Heero Yui mettait un point d'honneur à ce que ses « employés » s'impliquent dans leur travail.

Elle devait se montrer prudente et ne surtout pas mélanger vie privée et vie professionnelle. Ce mec était un requin, c'est pour ça qu'il était PDG si jeune. Il savait dominer les gens. Il savait manipuler les gens. Et si on se laissait tromper par son air charmeur, on allait droit vers la dépression…

De toute façon, elle s'était promis de ne jamais plus mélanger vie privée et vie professionnelle à la suite des nombreux déboires qu'elle avait expérimenté avec certains de ses collègues de travail. Quand elle travaillait dans le milieu bancaire – secteur qui ne lui plaisait pas du tout car elle n'avait aucune marge de manoeuvre et on la poussait à vendre sans considérer les situations spécifiques des clients, le seul objectif étant de réaliser ses ventes – elle tombait sans cesse sous le charme de ses collègues masculins dès lors qu'ils avaient moins de la trentaine et qu'ils étaient mignons.

Elle s'était retrouvée dans la banque par hasard, elle avait commencé par un stage faute de mieux. Puis elle y avait travaillé en tant qu'auxiliaire d'été 3 ans de suite avant de chercher un stage de fin d'études ailleurs pour conjurer le sort des petits amis de passage.

Le problème quand on commençait à flirter avec un collègue c'était que les autres fourraient leurs nez dans votre histoire, résultat : des rumeurs à n'en plus finir et des tensions dans le groupe. Conséquence : ambiance de travail pourrie, pas envie d'aller bosser, mauvaise humeur.

Elle avait connu un enfer dans la dernière agence bancaire où elle avait été employé : elle était tombée amoureuse d'un de ces collègues – Wufei - mais il était plutôt timide et discret malgré son air sûr de lui et son charme naturel. Il savait qu'il plaisait, qu'il lui plaisait, et il en jouait restant ambigu sur ses intensions. Il était gentil mais pas très doué côté sentiment. Elle lui en avait beaucoup voulu sur le moment mais elle se rendait compte qu'ils étaient tous deux dans une situation particulière et qu'il n'était pas facile de se voir en dehors du boulot sans qu'il n'y ait des rumeurs. Et ça avait capoté. Les rumeurs avaient tout gâché. Ils n'avaient pas pu apprendre à se connaître.

La blonde soupira, décidément elle ne faisait que ça depuis quelques jours. Elle ne devait pas céder à la tentation. Heero Yui était un client, un gros poisson. Elle allait rester professionnelle, préparer un projet d'envergure et monter sa boîte. Comme ça, elle n'embauchera que des nanas et choisira ses clients avec soin !

Deux mois plus tard

Réléna fulminait, ce Heero Yui se foutait littéralement d'elle ! Du calme, le secret c'était de rester diplomate. Elle était naturellement diplomate alors tout ira bien.

-M. Yui, je vous rappelle que votre don se fait sous forme de mécénat. Or le mécénat implique que vos salariés participent au projet. Nous étions d'accord sur ce point.

-Les circonstances ont changé, notre entreprise développe en ce moment même une nouvelle technologie. Mes salariés ont du travail.

-Mais nous avions conjointement décidé que vos salariés devaient s'impliquer sinon le rôle de votre entreprise s'arrêterait aux dons ce qui ne la différenciera pas des actions des autres constructeurs informatiques. Votre valeur ajoutée sera la participation de vos salariés qui assureront l'accompagnement du personnel des associations dans la maîtrise des logiciels et dans la maintenance du matériel. A leur tour, le personnel des associations dispensera un enseignement auprès des personnes en situation d'exclusion. Ils pourront ainsi effectuer leurs démarches administratives et rechercher un emploi en utilisant les avantages apportés par les technologies de l'information et de la communication. C'est toute une chaîne de la solidarité que l'on mettra en place.

-Je vous le répète, mes techniciens sont occupés. Ce n'est pas pour rien que nous sommes leaders sur le marché, mlle.

Il se fiche de moi… Il se fiche de moi… Respire Réléna. C'est peut-être encore un test…

-Quoiqu'il en soit, trouvez une solution, mlle. C'est pour cela que l'on vous paye. Maintenant, veuillez m'excuser, j'ai du travail.

Enfoiré, enfoiré, enfoiré… Ok, on respire… Respire ma vieille, respire. Bon pensons à une alternative, ce n'est pas la peine d'essayer de convaincre l'autre enfoiré.

Trois jours plus tard

-Bonjour, j'aimerais parler à M. Yui, je vous prie.

-De la part de ?

-Réléna Peacecraft.

-Je vous demande quelques minutes.

-Bien sûr.

Quelques minutes plus tard.

-Mlle Peacecraft ?

-Oui ?

-M. Yui est indisponible pour le moment.

-Très bien, pouvez vous prendre un message ?

-Bien sûr.

-Dites lui que Mlle Peacecraft a appelé concernant l'opération « web car solidaire » et qu'elle aimerait lui soumettre les changements du projet.

-Je lui dirais.

-Merci. Bonne journée, Mlle.

-Pareillement.

10 jours plus tard

-Bonjour, j'aimerais parler à M. Yui.

-Il n'est pas disponible pour le moment.

Réléna soupira, ce projet commençait vraiment à la saouler.

-J'ai demandé à prendre contact avec lui il y a plus de 10 jours pour une opération de communication or il ne m'a pas appelé. J'ai besoin de son consentement pour poursuivre ce projet.

-M. Yui est très occupé pour le moment. Mais je transmettrais votre message.

-Je vous remercie. Je vais aussi lui envoyer un mail avec les changements.

-Certainement.

Ce gars m'énerve. Il dit que le projet l'intéresse, qu'il veut être tenu au courant. Et hop, il est trop occupé pour me recevoir et ses salariés ne participent plus au projet. Et moi je perd un temps précieux à essayez de le joindre.

15 jours plus tard

Ok, c'est bon, là ça suffit. Il va arrêter de me prendre pour une conne. Je me suis investie à fond dans ce projet, j'ai trouvé des partenaires prestigieux, j'ai contacté des célébrités pour assurer la promotion, j'ai dessiné moi-même les motifs du train et j'ai contacté les associations. Il me manque juste son aval et lui refuse de me recevoir !

Je ne vais pas laisser tomber cette action sans me battre !

-Mlle Peacecraft ?

-Catherine.

-Je ne savais pas que vous aviez rendez-vous avec M.Yui.

-Je n'en ai pas.

-Excusez-moi ?

-Vous m'avez comprise. Je n'ai pas rendez-vous mais je dois parler à M. Yui et c'est urgent. Il est dans son bureau, n'est-ce pas ?

La blonde s'avança vers le bureau du PDG de la Yui Corp mais la secrétaire l'en empêcha.

-Mlle, je suis désolée mais M. Yui est vraiment occupé.

-Un mois… J'essaye de m'entretenir avec lui depuis un mois.

-Je suis désolée mais il a beaucoup de travail.

-Je ne peux pas continuer à m'investir dans cette action si je n'ai pas l'aval et le soutien de la Yui corporation.

-Malheureusement, c'est impossible…

-S'il vous plait, Catherine. Juste deux minutes…

-Vous risquez de le regretter.

-Je prends le risque.

La rousse se décala sur le côté laissant passer la blonde. Cette dernière frappa à la porte du bureau et entra sans attendre la permission.

-Ce mariage a beau être programmé, je refuse tout simplement de m'y soumettre père ! Nous développons une nouvelle technologie et nous garderons notre monopole ! Ce mariage n'a pas lieu d'être, je regagnerais notre honneur !

Le japonais était tellement emporté par son discours qu'il n'avait pas entendu rentrer Réléna.

-Heero, je t'ai déjà dit que le linge sale se lave en famille.

L'asiatique fronça les sourcils ne comprenant pas les paroles de son père. Ce dernier lui fit un signe de la tête et le japonais tourna la tête. Son regard rencontra le regard azur perdu et embarrassé de la blonde. Réléna regrettait sérieusement de ne pas avoir écouter Catherine. Mais pourquoi la rousse ne l'avait pas prévenu de cette réunion de famille !

-Qu'est-ce que vous faites là ?

Aie… Aie… Oh la boulette…

-Je… Je…

-« Je, je » quoi !

Réléna recula d'un pas. Heero Yui était en colère. Heero Yui faisait peur à voir quand il était en colère. Et elle était la cible de cette colère… Mauvaise idée, mauvaise journée…

-Heero, ce n'est pas ainsi qu'on traite une jeune fille le réprimanda son père.

-Père, cela ne vous concerne pas.

-Allons, allons. Je ne peux pas te laisser manquer de respect à une si jolie fille.

Le père du japonais s'avança vers Réléna et lui fit un baisemain. Celle-ci rougit. Elle comprenait d'où Heero tenait son charme. Elle avait devant elle un Heero quadragénaire. Dommage qu'il n'avait pas les même yeux que son fils.

-Père, nous reprendrons cette discussion plus tard mais ne décide rien sans moi.

-Allons allons. Mlle, vous entendez ça ? Voilà que je devrais demander la permission de mon fils avant d'agir. Avez-vous déjà entendu pareilles absurdités ?

-Père !

Le japonais serrait les dents et la blonde comprenait aisément pourquoi. Le patriarche de la famille Yui ne lui semblait plus aussi sympathique désormais.

Yui senior fit un dernier sourire que Réléna jugea déplacé. Visiblement il était fier d'avoir rabaissé son fils et de l'avoir mis en colère.

-A bientôt Mlle. Heero, je te ferais changer d'avis.

-Cela m'étonnerait.

-Tu n'es encore qu'un gamin, je te ferais ouvrir les yeux.

Yui senior referma la porte derrière lui. Réléna se sentit soudain très mal à l'aise. Elle garda son regard obstinément fixé vers la porte close refusant le regard colérique que le japonais allait sûrement lui adresser. Elle s'était foutue dans la pétrin, elle avait agit avec aplomb en pénétrant dans le bureau sans y être invité et elle avait fourré son nez dans une réunion familiale. Elle était mal…

-Comment avez-vous osé ?

Réléna frémit, sa voix vibrée de colère contenue. Elle décida d'affronter le regard colérique. Elle plongea son regard dans le regard ombrageux de l'asiatique. Ses yeux cobalt viraient vers le noir.

-Je suis désolée. J'avais besoin de vous voir pour le projet.

-Oublier le projet l'interrompit le japonais.

-Comment ? demanda Réléna la voix blanche.

-Vous m'avez très bien compris.

La blonde, interloquée, regarda le japonais. Elle était déçue. Elle pensait réellement qu'il voulait concrétiser ce projet, qu'il était intéressée par le sort de ses personnes démunies qui allaient être les bénéficiaires de ce projet.

-Bien M. Yui. Mais laissez-moi vous dire une chose : ce projet est comme mon « bébé », je lui ai consacré beaucoup de temps, je l'ai fait naître, j'ai mis toutes les chances de son côté et je me suis dévouée à lui. Si vous êtes incapable de faire une distinction entre vie privée et vie professionnelle et que vous vous découragiez sans vous battre, très bien mais sachez que ce projet verra le jour avec ou sans vous.

-Comment osez-vous ? Vous ne me connaissez pas !

-Je constate les faits. Jusque là, jamais je ne vous avez vu vous dépassé par vos émotions. Vous étiez toujours maître de vous. Alors qu'il y a encore quelques minutes, vous étiez totalement désemparé face à votre père. Vous aviez l'air d'un gamin perdu et désireux de voir son père être fier de lui.

-…

-Enfin peu importe. J'irais soumettre mon projet à quelqu'un d'autre. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée M. Yui.

La blonde partit sans laisser le temps au japonais de reprendre ses esprits. Elle se sentait mieux, elle lui avait dit ses quatre vérités et il l'avait amplement mérité. Il était temps pour elle de tourner la page, ça n'allait pas être facile mais elle allait devoir trouver plusieurs entreprises pour pouvoir financer le projet. Et qui dit plusieurs partenaires dit nécessité que chacun y trouve son compte et nécessité de faire des consensus… En clair, elle allait galérer.