Salut, j'ai décidé de reposter le 1er chapitre suite à quelques erreurs survenues lors de sa première publication et qui, je l'espère, ne se reproduiront pas. J'ai également changé deux-trois petits trucs de présentations. En revanche, sans que je sache pourquoi, il met impossible de changer ce résumé assez nul contre un meilleur – si vous savez comment faire, help !
Donc je reprends par le résumé : UA, Première année. Harry s'apprête à rentrer à Poudlard, mais il ignore encore que son passé tragique est lié à une Prophétie le désignant comme un Enfant de l'Ombre, ces enfants nés de la Mort destinés à devenir les Armes contre Voldemort, puisqu'ils sont les seuls à être à même de le vaincre, lors d'une nouvelle guerre déjà en marche... Problème : ces « Armes » ne sont que quatre gamins avec leurs propres petits ou gros problèmes, innocents, joueurs et qui, à l'heure actuelle, ne sont non seulement pas répartis dans leurs différentes Maisons, mais sont en plus incapables de se supporter !
Severus/Harry en mentor/élève Drago/Hermione (plus ou moins mais pas tout de suite) Harry/OC et quelques autres.
Cet UA est prévu pour couvrir trois ans de la vie d'Harry et des autres, de leur entrée à Poudlard à la fin de leur Troisième Année. Bien que les premiers chapitres dénotent plutôt une certaine légèreté en dépit des différents problèmes auxquels sont confrontés les enfants, cela va rapidement s'atténuer. En effet, vers la fin de la Première Partie et le début de la Seconde, des évènements de plus en plus sombres vont conduire les enfants à grandir beaucoup plus vite – voire beaucoup trop vite.
Pour des raisons préventives, je mets M en Rating pour des raisons futures de tortures, violences sur enfants, etc. J'ignore s'il y aura du slash, n'y étant pas spécialement allergique, mais quand bien même, ce ne sera qu'effleuré, car il ne s'agit pas du sujet principal. De même, toutes les éventuelles romances seront-elles aussi effleurées (bon d'accord, un peu plus que ça, peut-être) en raison du jeune âge des protagonistes, et elles ne seront pas pour tout de suite.
Sinon, je déclare solennellement que rien, hormis cette histoire et les personnages originaux que vous y trouverez, ne m'appartient. Cependant, je tiens à vous prévenir : il y en a pas mal. Ainsi, les dénommés Edmund, Jasper, Wyra, Loan, Klaus, Wolf (et son frère, que l'on ne voit pour ainsi dire jamais) et Luna-Jill (qui pour sa part n'apparaîtra que bien plus tard, si l'on excepte quelques allusions dans la première partie).
Enfin, je tiens à faire une précision : cet UA comporte trois Parties, chacune correspondant à une année à Poudlard et, à l'heure actuelle, deux Interludes, se déroulant entre les Parties une et deux et comblant l'espace temporelle laissé entre elles et opérant également un flash-back.
Partie 1 : La Pierre de Sang
UA de « L'Ecole des Sorciers ». Rencontre des enfants, recherche de la Pierre philosophale mais avec en fond les prémices d'un affrontement qui les dépasse.
Partie 2 : L'Œil du Serpent
UA de « la Chambre des Secrets ». Première rencontre des Enfants avec leurs « enseignants de guerre » et début de leur apprentissage / réouverture de la Chambre des Secrets mais pas par Ginny, révélations sur les enfants, etc. Beaucoup plus sombre que la précédente année.
Partie 3 : Les Fils
UA du « Prisonnier d'Azkaban ». Rassemblement des « Armes ». Cette Partie couvrira la guerre et sera de ce fait la plus sombre des trois.
Enfin, je dirais que vous devriez vous attendre à des morts de personnages. Pas nécessairement durant la Première Année, mais cela arrivera.
Alors bonne lecture et review, please ! :-)
PARTIE 1 : LA PIERRE DE SANG
PROLOGUE :
Quatre
Nés de la Mort, marqués par elle
Depuis toujours et pour toujours
Quatre
Pourquoi ne pouvait-il pas dormir ? Pourquoi la chambre lui paraissait-elle tantôt si froide, presque glaciale, tantôt brûlante, étouffante ? Pourquoi tremblait-il ? Pourquoi son corps était-il recouvert d'une sueur glacée et était-il tremblant, alors que rien ne menaçait dans l'ombre ? Quelle menace son corps avait-il enregistré avant même que son esprit ne la détecte ?
Quatre enfants
Celui qui le Seigneur des Ténèbres vaincra
Sera né quand mourra le Septième mois
Celui qui en lui porte la Vérité
En même temps sera né
Celui dont le sang à jamais souillé
Par le Seigneur des Ténèbres est marqué
Celui qui porte l'étendard de la Lumière
Devra un jour se retourner contre son Frère
Il serra les poings à s'en faire mal. Quoi qu'il se passât au-dehors, il était en sécurité… oui, il ne lui arriverait rien ici. Pourtant une saine terreur montait en lui, et l'envie, le besoin presque physique d'appeler au secours grandissait à chaque seconde. Mais qui viendrait ? Qui serait en mesure de lever le voile de peur qui le recouvrait ?
Ses mains glacées, presque translucides, se refermèrent en tremblant sur Len, son ''stupide'' loup en peluche, offert par celui qu'il se plaisait à appeler un ami. Bien sûr, ce n'était pas lui qui le qualifiait de « stupide, idiot et parfaitement inutile ». Cette formulation puait le mensonge. Non, pour lui, il s'agissait du seul rempart contre les cauchemars qui l'assaillaient et il ne pouvait s'empêcher, en dépit de son entrée imminente dans l'adolescence, de le garder toujours près de lui, parce que c'était la seule chose qui l'avait et à laquelle il pouvait se raccrocher quand venaient les cauchemars…
Quatre enfants
Des Ténèbres sont nés
Le garçon ouvrit subitement ses yeux noirs et balaya la pièce de son regard inquiet mais déjà sur le qui-vive, pour le cas où la chambre aurait révélé un aspect nouveau, dangereux, ou bien un élément étrange. Mais non, non, il n'y avait rien. Il se pelotonna contre sa peluche géante et remercia mentalement l'ami qui la lui avait offert. Presque plus grande que lui, elle avait la faculté de répondre automatiquement lors de certaines manifestations de son propriétaire dû à un sort assez simple dont la plupart des jouets magiques étaient équipés. Aussi, lorsqu'il se blottit contre elle, la peluche abaissa-t-elle la tête pour le recouvrir affectueusement.
Le garçon enfouit son nez dans la fourrure de l'animal et, tremblant, à la fois glacé et brûlant, s'abandonna aux larmes.
Quatre enfants
Des Ténèbres sont nés
La pluie torrentielle qui s'abattait sur Londres n'en avait pas finit de tremper et détremper la ville, et les bourrasques de vent d'agiter les volets grinçants et de faire s'envoler les tuiles des toits. Et rien, pas même la certitude qu'il se trouvait à l'abri de la tempête, ne pouvait bloquer les images qui l'assaillaient ni faire taire le bruit qui agressait ses oreilles. Sur l'encolure du loup, les doigts du garçon se crispèrent.
Le garçon gémit lorsqu'il sentit son épaule gauche prendre feu. Encore… Par Merlin…
La tempête n'était pas prête de se finir.
Et dans trois jours, ce serait la rentrée.
Quatre enfants, des Ténèbres sont nés
Et derrière eux devront se rallier
Les Porteurs d'Espoir et de Liberté
A soixante-dix kilomètres de là, le garçon qui se nommait Harry Potter se réveilla en sursaut dans son placard, couvert d'une sueur glacée, tremblant, la tête douloureuse.
EdO-EdO-EdO-EdO-EdO
CHAPITRE 1 : Rentrée
Le soleil brillait de mille feux, éclairant Londres en cette chaude matinée de septembre. Devant la gare King's Cross, une vieille voiture à la vitre arrière rafistolée au scotch double face se garait avec précaution entre un camion et un panneau de signalisation. A peine le moteur coupé, une fillette d'une dizaine d'année, les cheveux châtains ébouriffés, bondit de l'habitacle et se précipita jusqu'au coffre pour l'ouvrir et en sortir sa malle, énorme et pleine à craquer.
« Hermione ! » l'appela Klaus d'un ton raisonnable en la rejoignant pour extraire sa propre malle. « Arrête un peu, le train en part pas avant une bonne demi-heure. »
« On ne sait pas combien de temps on va mettre pour le trouver ! » rétorqua sa sœur. « Papa ! Qu'est-ce que tu fais ? »
« J'arrive, j'arrive. »
Mr et Mrs Granger sortirent de la voiture pour rejoindre leurs rejetons et les aider à porter leurs bagages hors du coffre. Les malles étaient presque aussi lourdes que les enfants, et il fallut beaucoup d'efforts à leur père pour emmener les affaires jusqu'aux chariots à bagages métalliques. Klaus ne quittait pas sa jumelle des yeux, conscient que celle-ci furetait du regard, cherchant une trace du quai sorcier inexistant. 9 ¾ ! Il n'y avait aucun quai de ce numéro dans cette gare, ils le savaient très bien, et c'est pourquoi Hermione avait potassé chaque livre portant sur les techniques de dissimulation magique pour les lieux de cette importance.
Klaus avait les mêmes cheveux châtains, mais soigneusement coiffés, les mêmes yeux noisette que sa sœur jumelle, dont il était d'ailleurs très proche, mais en dépit de sa curiosité et de sa soif d'apprendre maladive qu'il partageait également avec elle, ils étaient assez dissemblables. Klaus était bien moins angoissé à l'idée de ne pas trouver son train que la jeune fille, et c'est donc une main rassurante qu'il posa sur son épaule.
« Ca va aller, déstresse. »
« J'aimerais bien » lui confia Hermione à mi-voix. « Mais j'ai tellement peur qu'on ne le trouve pas, qu'on loupe le train… Tu imagines ? »
« T'en fais pas, Mione » sourit Klaus en lui pressant affectueusement l'épaule. « Tout va bien se passer, tu verras. Dans quelques heures, on y sera, on verra enfin Poudlard. Non, tais-toi ! (Ils traversaient à présent la gare en passant devant chaque quai numéroté dans l'espoir d'apercevoir le leur.) Je te dis que ça ira. »
Sa sœur lui accorda un sourire de remerciement et recommença à fouiller la gare des yeux.
°0°0°0°
« Je t'enverrai des friandises trois fois par semaines, et je veux que tu m'écrives au moins autant, d'accord ? Dès ce soir, il faut que tu m'envoies une lettre. Quitte à avoir un de ces stupides oiseaux, autant qu'il soit utile, et le plus tôt sera le mieux. Et surtout ne te mêle pas aux Traîtres à leur sang et aux Sang-de-Bourbe, ils ne méritent pas que l'on pose les yeux sur eux. Garde la tête haute, et évite par tous les moyens ces horribles Gryffondors. Et… »
« Ne t'en fais pas, Mère, c'est bon » la coupa doucement Drago. « Je ferai attention, je te le promets. Et puis, Jasp sera avec moi, ne l'oublie pas. »
Ce faisant, le garçon aux cheveux d'un blond presque blanc jeta un regard à son frère, debout près de la barrière moldue, droit comme un piquet. Il avait les yeux dans le vague, cherchant sans doute à s'imaginer l'école qu'il découvrirait d'ici quelques heures pour ne pas prêter attention aux multiples recommandations et embrassades que sa mère dispensait à Drago mais auxquelles lui n'avait pas droit. Le blond s'extirpa avec peine de l'étreinte de Narcissa Malefoy et coula à nouveau son regard vers son frère, cette fois avec plus d'insistance, vu que sa mère n'avait pas réagi à l'emploi de son surnom.
Narcissa Malefoy jeta à Jasper un regard froid, et devant celui insistant de Drago, elle consentit à s'approcher du garçon et à déposer un bref baiser sur son front en lui adressant un « Bon voyage mon grand », qui sembla lui arracher la bouche. Jasper répondit en l'embrassant sur la joue avec affection et en lui souriant – de ce sourire tellement aimant, tellement plein de bonté, de compréhension, dont il avait le secret et qui donnait systématiquement mauvaise conscience aux gens. Pour son frère, ce sourire avait un autre effet : il lui donnait la nausée. Drago n'arrivait pas à imaginer que Jasper puisse ne serait-ce qu'un instant comprendre et accepter avec reconnaissance la froideur dont faisait preuve Narcissa à son égard. Jasp était tellement… tellement… non, il n'existait aucun mot pour décrire son frère. Aucun, ni dans cette langue, ni dans une autre.
« Dray, tu viens ? » lui lança-t-il d'un ton joyeux. Ou bien, s'il n'était pas réellement de bonne humeur, c'était une excellente imitation. « Il faut encore trouver Edmund. Au revoir maman » ajouta-t-il en se tournant vers Narcissa que le mot sembla presque brûler « je t'écrirai aussi, une fois par semaine, ou même une fois toutes les deux semaines, si tu veux. Ça te va ? »
Drago sentit monté en lui une colère sourde qui vint s'ajouter à sa nausée persistante. L'attention, la délicatesse et la patience dont Jasper faisait preuve à l'encontre de sa mère le perturbait, lui donnait une désagréable, très, très désagréable impression. Comment ? Comment pouvait-il… ? Et sa mère… Elle lâcha un « oui » à peine audible, mais qui sembla contenter Jasper qui l'embrassa une dernière fois avant de pousser les bagages et de prendre son frère par le bras pour l'entraîner vers le train. Une nouvelle fois, Drago se sentit submergé par la nausée. Jasp était si… si…
Il ne comprenait pas très bien pour quelle raison ses parents étaient aussi distants avec Jasper, qui n'avait pourtant rien fait pour mériter cela. Certes, il n'était pas vraiment leur enfant, mais enfin, ce n'était pas sa faute. Drago se souvenait parfaitement de la nuit où il était arrivé au manoir. C'était son parrain, Severus, qui l'avait amené par une nuit froide et pluvieuse de novembre, alors qu'il aurait déjà dû être endormi depuis longtemps. Mais l'orage le terrorisait, et comme son père n'était pas là pour lui rabattre les oreilles (« Avoir peur de l'orage est ridicule, il te faut combattre ce défaut avant qu'il ne soit trop tard. Je refuse de t'entendre te plaindre, ou bien tu feras connaissance de ma canne ! »), il avait décidé de rejoindre sa mère au salon. Il ignorait la raison de l'absence de son père, mais cela ne le gênait pas réellement, il ne s'en était même pas aperçu tout de suite. Il était petit, avait à peine deux ans, et lorsqu'il avait descendu silencieusement l'escalier, de telle sorte que personne ne s'était aperçu de sa présence, et qu'il avait eu tout le loisir d'observer son parrain, plus pâle que d'habitude, trempé, qui tenait dans ses bras un étrange paquet et s'adressait à sa mère d'un ton dur, catégorique.
« Narcissa, cela arrangerait tout le monde. »
« Dehors, Severus ! Sors immédiatement ! Je sais parfaitement dans quel camp tu es ! »
« Il ne s'agit pas de camp ! » avait répliqué son parrain sèchement. « Il est question de ton avenir, de celui de ton mari, et de celui de ton fils, qui est aussi mon filleul au cas où tu l'aurais oublié ! Cet enfant n'a plus de famille, plus rien, mais si jamais vous consentez à l'élever, Dumbledore et moi-même feront en sorte que Lucius échappe à Azkaban. Il sera sous surveillance, bien sûr, mais il sera en liberté. C'est le mieux que je puisse faire. »
« Et en quel honneur te préoccupes-tu de notre sort ? » avait hurlé sa mère. « Tu as abandonné tes amis, tu l'as abandonné lui ! Si nous avions su, jamais nous ne t'aurions accordé notre confiance ! »
« SILENCE ! Si je fais ça, c'est au nom de mon filleul, pour qu'il grandisse avec son père ! Prends cet enfant, convainc Lucius de l'élever comme son propre fils et donne moi un droit de visite à Drago et à ce petit, et je te jure que jamais plus je ne te poserai de problème. Aller ! »
Il avait tendu le bébé à Narcissa, et celle-ci, réticente mais de plus en plus convaincue qu'elle n'avait pas d'autre choix si elle tenait à protéger les siens, l'avait pris. Elle avait esquissé une moue dégoûtée à la vue de l'enfant et avait demandé du bout de ses lèvres pincées :
« Comment s'appelle-t-il ? »
« Jasper. »
« Jasper comment ? » Le ton avait quelque chose d'impatient, d'énervé.
« A partir d'aujourd'hui, il s'appelle Jasper Malefoy, son nom d'avant n'a aucune importance. » Encore aujourd'hui, Drago se souvenait du ton sec de son parrain.
C'est ainsi que Jasper était rentré dans sa vie et n'en était jamais ressorti. Lucius avait d'abord refusé d'en entendre parler, mais Narcissa avait fini par le convaincre que c'était leur seule solution. Cependant, il refusait de considérer le nouveau venu comme son fils et se montrait passablement désagréable envers lui, le rabaissant dès que l'occasion se présentait. Jasper avait été relégué dans une chambre deux fois plus petite que celle de Drago, sous les toits, dans un grenier à peine aménagé Lucius ne lui adressait pas la parole plus de deux fois par semaine, et ce n'était jamais pour lui faire un compliment Jasp avait été élevé davantage par les elfes de maisons qui pullulaient au manoir que par les Malefoy. Et encore, Narcissa se montrait presque aimable avec lui – comparativement à Lucius, il est vrai que ce n'était pas bien difficile.
Drago avait mis plusieurs années à s'en rapprocher réellement, tant son père s'assurait de les tenir éloignés l'un de l'autre, mais une fois que cela fut fait, ils ne se séparèrent plus jamais tout à fait. Lorsque, l'hiver, Jasper avait trop froid dans sa chambre qui ressemblait davantage à une mansarde, il descendait dormir dans celle de son frère, qui l'accueillait sans la moindre protestation à n'importe quelle heure. L'été, ils partaient tous les deux passer trois semaines chez Severus et c'étaient pour eux les meilleures vacances possibles, loin de leurs parents et de leur besoin maladif de les savoir séparés.
« Drake ! Oh, tu m'écoutes ? »
La voix de son frère le tira de ses pensées et il refit surface au milieu du quai.
« Q… Quoi ? Désolé… »
« Pas grave. Je disais juste qu'il allait falloir qu'on retrouve Edmund, et que visiblement ça n'allait pas être des plus faciles. »
Drago acquiesça puis aida son frère à hisser les malles à bord du train.
°0°0°0°0°
Severus Rogue leva les yeux de son parchemin, l'air particulièrement agacé, furieux même, mais quelqu'un qui le connaissait bien, comme sa collègue de Gryffondor, pouvait facilement déceler un éclat d'inquiétude dans son regard d'un noir d'encre.
« C'est une plaisanterie ? »
« Je crains que non, Severus. »
Grand, les cheveux noirs corbeaux graisseux, le nez crochu, vêtu de noir de la tête aux pieds, Severus Rogue détonnait dans le bureau de Minerva McGonnagall, directrice de la maison Gryffondor, les lions rouge et or. Lui, qui régnait en maître sur les cachots de Poudlard et les Serpentards, la maison des serpents vert et argent, le trouver ainsi dans le bureau de sa rivale de toujours depuis qu'il était devenu professeur, à quelques heures de la rentrée des classes, avait quelque chose d'assez étrange.
« De source sûre ? »
« On ne peut plus sûre. Deux Aurors et une étudiante Auror sont dignes de confiance. Albus les avait envoyés en mission durant tout cet été, et le rapport vient de me parvenir. Je pensais que vous deviez être mis au courant. »
Rogue n'était pas tout à fait en état de se montrer reconnaissant de l'attention de Minerva, mais il y songea tout de même brièvement avant de se laisser happer par des préoccupations autrement plus importantes. Car le rapport était inquiétant, fort inquiétant. Il avait quitté l'Albanie. Et apparemment, il venait vers Poudlard.
« Qui était chargé de le surveiller ? » s'enquerra-t-il d'une voix atone.
« Alastor Maugrey, Kingsley Shackelbot et Nymphadora Tonks» répondit Minerva d'une voix où perçait l'inquiétude. « Severus ? Ca va ? »
Malgré la peur et le malaise qui lui étreignaient le cœur, ainsi que cette désagréable impression de vaciller au-dessus du vide, il s'efforçait de conserver son calme et son assurance habituels, mais cela devait tout de même se voir. Quel piètre espion il faisait, si une de ses collègues pouvait lire à ce point en lui ! Non, il avait été pris au dépourvu, voilà tout. Avec la préparation de la rentrée, Edmund, Drago et Jasper, il s'était attendu à tout autre chose. En fait, il ne s'était attendu à rien de plus qu'à la cérémonie de Répartition et éventuellement à une discussion après-coup. A présent, les mauvaises nouvelles de Minerva et son ton inquiet, sa mine préoccupée lui donnaient le sentiment d'être faible, une chose qu'il ne pouvait en aucun cas accepter ni tolérer.
« Oui ! » répondit-il sèchement en la vrillant du regard. « Tout va bien ! Allez porter ce rapport au Directeur, il saura prendre les mesures qui s'imposent. »
Vexée de se voir repoussée de la sorte et congédiée par un collègue qu'elle avait fait venir dans son propre bureau, Minerva le foudroya du regard et lui tendit sèchement une liasse de parchemins.
« Les papiers à remplir au sujet de vos responsabilités cette année, et, j'ai croisé Albus il y a vingt minutes, il veut vous voir dans son bureau à seize heures. »
« Vous avez déjà vu le Directeur ? » s'étonna Severus en saisissant la pile de parchemins. « Et vous aviez déjà le rapport ? Pourquoi Albus ne m'a-t-il pas lui-même annoncé la nouvelle ? »
Minerva lui décocha un regard noir.
« J'ai jugé que vous méritiez d'être mis au courant le plus vite possible, mais je me suis probablement trompée, après tout, vous semblez être tellement rassuré que cela ne vous aurait probablement pas choqué plus que cela si vous n'aviez été averti que cet après-midi alors que je suis en possession du rapport depuis plus d'une demi-heure ! »
Le ton était sec, mais aussi sarcastique et affligé, tellement que Severus resta figé une seconde, juste assez pour que Minerva quitte le bureau en claquant la porte derrière elle.
Resté seul dans le bureau, Severus maudit sa collègue. Ne pouvait-elle donc pas se contenter de le laisser tranquille ? Il lui aurait suffi de se taire pour une fois… Depuis quelques temps, il la trouvait passablement casse-pieds, pour rester poli. En réalité, depuis le jour où il était venu travailler au château, elle n'avait pas cessé un instant de le garder à l'œil. Si au début c'était par pure méfiance, cela c'était mué au fil des années en une rivalité tantôt tendue tantôt presque aimable. Mais les rares fois où elle tentait, d'une quelconque manière, de se montrer plus agréable que ce qu'exigeait la politesse la plus élémentaire, lui se montrait désagréable. Il ne supportait pas l'idée de devenir ami avec une Gryffondor et il était convaincu qu'il n'y survivrait pas.
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Harry suivait le groupe de sorciers rouquins avec la bande de garçons qui suivait la petite femme boulotte et sa petite fille qu'elle tenait par la main. Il était complètement perdu, son train était supposé quitter la gare dans moins de dix minutes et il n'avait pas trouvé pour le moment la moindre trace du quai 9 ¾ aussi lorsqu'il avait aperçu la petite troupe, il avait presque sauté de joie, trop heureux d'avoir enfin une piste à suivre. Enfin, sauté au plafond lui était techniquement impossible : son jean trop grand était élimé et ne tenait que grâce à une ceinture percée de trous supplémentaires, il marchait sur un ourlait de vingt centimètres, ses baskets étaient dans un tel état qu'on les aurait cru sorties d'une poubelle, son t-shirt d'un bleu délavé lui allait jusqu'à mi-mollets, et sa chemise violette à carreaux était si longue – elle avait appartenu à l'oncle Vernon – qu'elle lui tombait sur les genoux. Comment aurait-il pu effectuer des mouvements précis avec un tel attirail ?
Remontant ses lunettes rondes devant ses yeux d'un vert brillant, Harry observa, médusé, l'aîné de la fratrie rousse passer au travers de la barrière séparant les voies 9 et 10. Les jumeaux suivirent, et ce n'est qu'après les avoir vus disparaître à leur tour que le garçon ramena ses cheveux noirs corbeaux sur sa cicatrice – il ne se souvenait que trop bien de l'épisode du Chaudron Baveur – et qu'il s'avança vers la petite femme replète et ses deux derniers enfants.
« Excusez-moi… madame ? Je… j'ignore comment… on se rend… »
« Comment on se rend voie 9 ¾ ? » compléta la femme avec un sourire bienveillant. « Ce n'est pas difficile. Ne t'inquiète pas, Ron aussi va à Poudlard pour la première fois. »
En disant cela, elle désigna le seul de ses fils encore présent, un rouquin aux yeux clairs et au visage constellé de tâches de rousseur, un peu plus grand que lui et qui lui souriait de manière sympathique.
« Tout ce que tu as à faire » poursuivit la femme « c'est de marcher droit sur la barrière qui sépare les voies 9 et 10. Et si tu as peur, le mieux c'est de marcher très vite. »
« Bonne chance » ajouta la fillette.
Harry hocha vaguement la tête, se positionna face à la barrière et jaugea le mur avec inquiétude. Qu'est-ce qui lui disait qu'il n'allait pas s'écraser contre les briques s'il fonçait dedans ? Mais après tout, les trois autres étaient bien passés, eux. Prenant une profonde inspiration, il commença à courir. La barrière se rapprochait dangereusement. A présent, il était trop tard pour freiner. Quarante centimètres, trente, vingt, dix… Harry ferma les yeux, attendant le choc.
Qui ne vint pas.
Ou tout du moins, pas tout de suite.
Car lorsqu'il fut sûr d'avoir dépassé la barrière et qu'il rouvrit les yeux sur la voie 9 ¾, il vit deux chariots à bagages très près, trop près. Il freina…
Trop tard.
Le chariot qu'il conduisait percuta de plein fouet les deux autres. Mais ceux-ci, que les propriétaires tenaient fermement, bougèrent un peu, mais pas suffisamment, et Harry se retrouva propulser par-dessus son propre chariot. Il atterrit douloureusement au milieu des bagages dans un cri à demi étouffé.
« Eh, ça va ? »
Harry se redressa péniblement en s'appuyant sur la cage d'Hedwige, le bras douloureux. Le garçon qui s'était adressé à lui avait des cheveux châtains et des yeux noisette, et il n'appartenait visiblement pas à la pure société magique – ou alors il était très calé sur les moldus – car sa veste et son jean étaient on ne peut plus passe-partout. Il se tenait penché par-dessus son chariot, miraculeusement resté debout alors que son contenu s'était répandu sur le sol. De l'autre côté, une fille de son âge, très semblable au garçon, lui tendit une main pour l'aider à se relever. Il accepta et se remit debout en grimaçant.
« Ca va ? T'as fait un sacré bond ! » lâcha le garçon.
Harry s'apprêtait à répondre lorsque brusquement il se souvint de l'arrivée imminente du rouquin.
« Il faut bouger ! » eut-il le temps de s'exclamer avant que l'autre garçon ne jaillisse de la barrière au pas de course.
Tout comme Harry quelques secondes plus tôt, il les vit trop tard et ne parvint pas à freiner. Les trois autres eurent tout juste le temps de s'écarter avec la cage d'Hedwige avant que le rouquin ne percute le chariot d'Harry. Ayant probablement pris moins d'élan, il ne passa pas par-dessus ses bagages mais heurta la poignée métallique en pleine poitrine.
« Aouch ! »
« Ca va ? »
Harry et les deux autres s'approchèrent de lui et il hocha la tête en signe d'acquiescement.
« La vache ! » lâcha-t-il. « Sympa le carambolage. »
« A qui le dis-tu ! » renchérit Harry en se massant le bras.
« T'as pas freiné ? »
« Pas assez vite. Je suis désolé » ajouta-t-il en se tournant vers le frère et la sœur. « Je vais vous aider à ramasser… »
« C'est plutôt toi qui a intérêt à te faire aider » dit la fille. « Ta malle s'est rouverte et toutes tes affaires sont par terre. »
Elle avait raison, et les quatre enfants passèrent les minutes suivantes à tout ramasser avant de se précipiter jusqu'au wagon le plus proche, la locomotive se mettant lentement en état de marche, prête à démarrer d'un instant à l'autre. Courbés sous le poids de la première malle, Harry et le garçon aux cheveux châtains haletaient sans parvenir à la hisser au-delà du troisième échelon. Le rouquin, un peu derrière eux, se pencha sur le côté, frappa à la fenêtre du deuxième compartiment sur leur gauche.
« Fred ! Viens nous aider ! »
Derrière eux, Harry entendit la voix de la mère des rouquins.
« Vous n'êtes pas encore montés ? »
« On a eu quelques petits problèmes » répondit son fils alors que le dénommé Fred apparaissait dans le champ de vision d'Harry et le soulageait, lui et l'autre, du poids de la malle en la hissant à bord du train. « Pourquoi vous n'êtes pas venues plus vite ? »
« Trop de moldus. »
Le jumeau de Fred déboula à son tour et ils prirent les malles restantes avant d'aller les mettre devant le couloir des compartiments.
« Oh, m'man ! Te voilà ! » s'exclama l'un des deux. « On se demandait ce que tu faisais. Bah, Ginny… fais pas cette tête, t'en fais pas, tu iras à Poudlard toi aussi ! »
« Mais moi je veux y aller tout de suite ! » pleurnicha la petite.
« On t'écrira deux fois par semaine et on t'enverra un siège de toilettes de Poudlard ! » lança le second alors qu'un sifflement strident retentissait à leurs oreilles et que les quatre plus jeunes montaient derrière les jumeaux.
« George ! » s'offusqua la mère.
Mais la porte se referma avant qu'elle ait eu le temps de prononcer un mot de plus. Le train se mit doucement en marche et les jumeaux se tournèrent vers les plus petits. Ils s'apprêtaient probablement à dire quelque chose, mais cela resta coincé dans leurs gorges : en hissant les bagages à bord du train, les cheveux d'Harry s'étaient ébouriffés, dévoilant sa cicatrice aux yeux de tous.
« Mais t'es Harry Potter ! » s'exclamèrent les jumeaux d'une même voix.
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Edmund s'était installé dans le dernier compartiment du train, désireux d'avoir une certaine tranquillité. La seule compagnie qu'il tolérait était le plus souvent celle de ses « cousins » Drago et Jasper, mais ceux-ci n'étaient pas encore arrivés.
Il avait lourdement insisté auprès de son père pour que celui-ci le laisse prendre le Poudlard Express, lui qui refusait de l'exposer de quelque manière que ce soit à quelque menace que ce soit. « Mais je vais prendre le train ! » avait crié Edmund. « Que peut-il m'arriver ?» Finalement, il avait accepté, après deux longues heures de discussion. Ed avait bien du mal à comprendre la stupide inquiétude dont son père faisait preuve : enfin, il n'était pas en sucre, tout de même ! Certes, il avait une santé un peu chaotique, il lui arrivait de tomber malade presque sans raison et de rester alité une semaine entière, mais c'était plutôt rare, et cela n'exigeait pas de lui qu'il restât coincé chez lui, avec interdiction de sortie comme cela avait déjà pu être le cas. « Tu te fais trop de soucis » avait-il assuré à son père la veille encore. Oui, il fallait qu'il se détende. Mais bon, il est vrai qu'avec un passé comme le sien, on avait tendance à s'angoisser pour un rien, au point que cela devienne passablement énervant pour les gens de son entourage. En l'occurrence lui, puisque Drago et Jasper n'étaient pas venus à la maison depuis un mois.
Lui qui avait été habitué, durant des années, à ne voir aucune personne de son âge hormis ses deux cousins, il avait accueillis avec un soulagement sans borne la décision de son père, quatre ans plus tôt, de le laisser se confronter à d'autres enfants. Mais être le fils d'un enseignant de Poudlard ne lui permettait pas de discuter avec des enfants en bas âge, et il s'était rapidement retrouvé à devoir se faire des amis parmi les plus jeunes élèves de l'école. Enfin, des amis… des connaissances, plutôt. Difficile, avec les règles que lui imposaient son père, de se mêler aux autres. Cela aurait été trop dangereux, selon son avis. « Tu ne peux pas te comporter avec les autres comme si de rien était » lui répétait-il souvent. « On ne sait jamais ce qui peux se passer. » Les seuls enfants qu'Edmund voyait à peu près régulièrement – tout était relatif – étaient ses cousins, les seuls que son père jugeaient suffisamment importants pour le garçon pour qu'ils passent du temps avec lui en dépit des risques. De ses foutus, ô combien foutus risques... Oui, mais enfin, il était assez âgé à présent pour se contrôler… non ?
Edmund jeta un regard par la fenêtre. Le paysage défilait lentement, le train prenait progressivement de la vitesse. De ses yeux noirs, le garçon détaillait le paysage. En cela, il était identique à son père : cheveux noirs corbeaux, yeux noirs, grande taille… seuls son visage fin, allongé, son teint pâle et ses tâches de rousseur à la provenance inconnue le dissociait de son père. Un instant, le garçon songea que l'image de ce dernier risquait d'en prendre un coup une fois qu'il serait à Poudlard. Mais bon, d'un autre côté, ce pouvait être marrant d'avoir son père comme professeur… A condition que ce ne soit pas pire que lorsqu'ils étaient à la maison. Un bref instant, il pensa à Evy, l'elfe de maison qu'ils avaient et qu'il aimait énormément, et qui allait passer la majeure partie de l'année toute seule. La pauvre…
« Je lui écrirais » songea Edmund. « Au moins une fois par semaine. »
Edmund n'était pas de ceux qui considérait comme normal de se faire servir par des elfes de maisons et qui se plaisaient à les exploiter : il offrait chaque année quelque chose à Evy pour Noël, et l'attention était réciproque – une première chez les sorciers, à en croire Severus, qui trouvait la chose grotesque. Il n'acceptait cette « coutume » que parce qu'il avait l'assurance que le garçon n'offrirait jamais de vêtement à Evy, qui de toute façon n'en voudrait pas. Elle s'estimait heureuse de son sort et ne souhaitait pas quitter la maison, chose de plus en plus rare chez les familles aristocratiques.
Edmund ôta sa veste et vérifia qu'il avait suffisamment d'argent pour se payer quelque chose sur le trajet, lorsque passerait une vieille dame avec un chariot plein à craquer de friandise. Il ignorait s'il aurait de quoi se payer tout se qui lui ferait envie – c'est fou ce que les pères peuvent être radins quand ils sentent un gaspillage imminent.
Il sortit un livre de son sac et, appuyant sa tête contre la vitre, commença à lire…
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« Oui. »
Que pouvait-il répondre d'autre ? La réponse était évidente. Sauf qu'à présent, cinq paires d'yeux le dévisageaient d'un air ahuri. Mal à l'aise, Harry s'empressa d'ajouter :
« Mais je ne m'en souviens pas, et en plus je ne suis au courant de toute la vérité que depuis une semaine, alors ça m'arrangerais que vous arrêtiez de me regarder comme ça. »
La fille fut la première a se reprendre, suivie de près par son frère. Les rouquins, eux, furent bien synchronisés. La fille lui tendit la main sans façon :
« Je m'appelle Hermione Granger, et lui, c'est Klaus, mon jumeau. »
Harry leur serra la main à tous les deux, trop heureux que les regards se soient enfin détournés de sa cicatrice. Le cadet des rouquins lui tendit la main à son tour, l'air de ne pas trop bien savoir s'y prendre.
« Ron Weasley » marmonna-t-il dans sa barbe « et eux… »
« Mes hommages, très cher Mr Potter ! » s'exclama celui qui devait être Fred en exécutant une courbette alors que son frère faisait mine d'ôter son chapeau inexistant et, la main sur le cœur, posait un genou à terre, la tête baissée. « Votre Seigneurie se doit de faire preuve de clémence… »
« … nous ignorions votre identité » acheva George sans lever la tête. « Croyez bien que sinon nous nous serions empressé de nous incliner devant votre supériorité… »
« C'est bon ! » coupa Ron « je crois qu'il a compris l'idée ! Harry, Klaus et Hermione, c'est ça ? Si on allait trouver des places ? »
Ils prirent chacun leur malle et laissèrent là les jumeaux qui, partis dans leur délire, avaient décidé de jouer la même comédie à un dénommé Percy qui, d'après ce que cru comprendre Harry des quelques mots qu'il capta, ne possédait pas beaucoup de sens de l'humour.
Lorsqu'ils eurent traversé deux voitures sans trouver la moindre place assise, Ron se consentit à meubler le silence qui régnait en s'excusant de la conduite des ses aînés.
« Ils sont toujours comme ça, mais ils ne pensent pas mal » marmonna-t-il faiblement « à Poudlard, ce sont les farceurs en chef. »
« T'en fais pas » répondit Harry en avisant un compartiment, lui aussi bondé. « Je ne l'ai pas pris mal. »
« Tu dois connaître des tas de sortilèges ! » s'exclama Hermione.
« Euh, pas vraiment. En fait, j'ignorais même que j'étais un sorcier il y a quelques jours, alors connaître des sorts… Je suis sûr que je vais me ridiculiser lorsque nous serons à l'école. »
« Ca j'en doute » le détrompa calmement Klaus. « Hermione et moi savons pas mal de choses, mais nous avons tout appris en un mois, lors de nos lectures. Nos parents sont moldus, nous ignorions l'existence des sorciers il y a encore trois semaines. Beaucoup d'autres élèves sont dans le même cas que nous, d'après ce que j'ai entendu dire. »
Ces paroles rassurèrent quelque peu Harry, qui réalisa qu'il ne serait pas le seul à débarquer dans ce monde inconnu et que peut-être cela pourrait se passer un peu mieux qu'il ne le craignait. Ils avancèrent ainsi jusqu'au bout du train, et ce n'est qu'à ce moment là qu'ils dénichèrent enfin un compartiment à peu près vide. Seul un garçon au teint pâle y était installé et il leva les yeux de sa lecture à la vue des arrivants. A bien des égards, il se dissociait des jeunes sorciers qu'Harry avait pu voir jusqu'à présent : il portait un long short gris, une veste banale au tissu sombre et en dessous une chemise blanche à demi dissimulée sous un pull au col en V, lui aussi assez sombre. Tout en lui rappelait des vêtements anciens, un minimum élégants, assez proches d'un uniforme. En aucun cas il n'aurait pu ressembler à n'importe quel garçon qui portait aussi bien veste en cuir que sweat-shirt à capuche, ça non. Harry songea même qu'il y avait des chances pour que ses vêtements soient faits sur mesures.
« Les places sont prises » dit sèchement le garçon au teint pâle.
« Toutes ? »
« Pourquoi ? »
« Il n'y a plus de place nulle part » expliqua Hermione.
« Et moi j'attends mes cousins » répliqua le garçon au teint pâle.
« Ce n'est peut-être pas la peine d'insister » fit prudemment remarquer Harry.
« Combien sont-ils ? Nous, nous ne sommes que quatre. »
« Deux » répondit le garçon avec réticence. « Mais ça m'étonnerais beaucoup qu'ils acceptent de partager le compartiment avec des Moldus et des 'Traîtres à leur sang' – n'y voyez rien de personnel. »
« QUOI ? »
Harry n'avait pas tout bien compris de la réponse du garçon, mais au cri de Ron, il comprit qu'elle n'était pas un gage de sympathie. Le rouquin s'était rapproché et avait désormais les poings serrés.
« Retire ça tout de suite ! »
« Sinon quoi ? Écoute moi bien, crétin, j'ai dis que ce n'était pas à prendre comme une insulte personnelle. Seulement, toi tu as des cheveux roux et des vêtements qui mériteraient bien d'être jetés, alors j'en déduis logiquement que tu es un Weasley. Or quelle famille de sorciers par excellence est considérée comme traître à son sang ? Je n'attends pas de réponse, inutile de t'en donner la peine. Et ceux-là portent presque le mot Moldu gravé sur le front.»
Il s'interrompit un instant pour les toiser d'un air narquois.
« Excuse-moi d'être attentif » dit-il encore en vrillant Ron du regard.
Harry songea que si lui-même était regardé de cette façon-là, il détournerait probablement le regard honteusement, ou tout du moins en étant mal à l'aise. Bien au contraire, Ron soutint le regard noir d'encre de l'autre garçon, et ses poings étaient tellement crispés qu'on l'aurait cru sur le point de lui sauter à la gorge. Mais non. Il respira profondément à plusieurs reprises, les yeux toujours posés sur le garçon aux cheveux noirs, et finit par demander, d'une voix à peu près calme :
« Alors, on peut s'asseoir, oui ou non ? »
Un instant, le garçon ne su que répondre, et Hermione songea qu'il était bien inutile de rester plantés là si personne ne voulait d'eux dans le compartiment, mais elle n'eut pas le temps d'exprimer son point de vue car deux garçons choisirent précisément cet instant pour faire leur entrée.
Tous deux blonds, ils étaient pourtant légèrement différents. L'un avait un visage légèrement pointu, l'autre allongé, avec des cheveux tirant sur le châtains, des yeux clairs et limpides. Le premier, au visage pointu et aux cheveux plus clairs, avait des yeux gris acier, comme une barrière infranchissable, ou, songea Hermione, comme une tempête. Oui, une effroyable tempête retenue par une digue de mépris. Car c'est bien du mépris qui filtra au travers de son regard lorsqu'il se posa sur elle. Leurs regards se croisèrent, mais le garçon se tourna si rapidement vers celui aux cheveux noirs que la fillette crut rêver. Tout cela n'avait duré qu'une seconde. Deux, tout au plus.
« Ed, je croyais que nous avions un compartiment pour nous seuls ? »
« Désolé Drake, mais il semble que nous devions partager avec eux, ils n'ont trouver de place nulle part. »
« C'est hors de question. Ils puent le Moldu à plein nez ! »
Harry, Ron et Klaus s'apprêtaient à intervenir lorsque le deuxième garçon blond s'interposa avec calme.
« Ce n'est pas la peine d'en venir aux mains. Drago ne pensait pas ce qu'il disait, n'est-ce pas ? Retire ce que tu as dis, et puis tant pis, nous voyagerons plus nombreux que nous le pensions, mais il n'y a aucune gravité, n'est-ce pas, Edmund, Drago ? »
« Te fatigue pas » cracha Ron. « On ne va pas vous déranger plus longtemps. »
« Et vous allez passer tout le trajet dans le couloir ? Hors de question. Allez, quoi… Pour un premier voyage vers Poudlard, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux… »
C'est probablement la moue désolée de ce garçon étrangement calme qui convainquit Ron de rester dans le compartiment en dépit de l'autre blond répondant visiblement au nom ô combien stupide de « Drago ». Ça, et puis son ton patient et l'impression qu'il donnait à vouloir absolument que tous parviennent à s'entendre au moins le temps du voyage.
Harry, Klaus et Hermione acceptèrent avec plus ou moins de réticence, eux aussi convaincus par l'attitude de cet étrange garçon qui se présenta bientôt comme Jasper Malefoy. L'autre garçon blond, le désagréable, était son frère, Drago Malefoy. Et le garçon aux cheveux noirs marmonna entre ses dents :
« Edmund Rogue. »
Ils se serrèrent tous la main au fil des présentations, mais Drago fit une moue dégoûtée en serrant la main des jumeaux Granger et de Ron – seul le regard persuasif de son frère le poussa à s'exécuter. En revanche, il évalua longuement Harry du regard lorsque ce fut à son tour de décliner son identité.
« Ainsi donc, voilà le Survivant… » dit-il narquoisement.
Harry se sentit rougir et s'en maudit intérieurement. De quoi devait-il avoir l'air ? Enfin, il ne fallait pas qu'il se laisse un tant soit peu intimidé par ce garçon avec ses airs princiers. Mais il ne voyait pas quoi répondre… Il n'en eut d'ailleurs pas besoin, car Ron s'en chargea pour lui.
« Et toi tu es bien l'héritier des Malefoy. Blond, vaniteux, prétentieux et stupide. »
« Je t'interdis de me parler sur ce ton, Weasley ! Je n'ai aucun ordre à recevoir d'un Traître comme toi ! Toi aussi tu es bien le digne descendant de ta lignée : les Weasley sont tous roux, pauvres et trop crédules ou idiots pour se ranger du bon côté des sorciers ! »
« DRAGO ! »
Le cri soudain de Jasper sembla calmer son frère. Harry s'était placé à côté de Ron et s'apprêtait à le retenir pour qu'il ne se jette pas sur Drago. Cependant, cette fois ce fut au tour d'Edmund d'intervenir :
« Je ne crois pas que parler de nos convictions, très différentes j'en suis sûr, soit une bonne idée pour passer un voyage tranquille. Drago, soit patient, tu auras tout le temps de te défouler une fois descendu du train. Pour le moment assis-toi et reste calme. »
Le blondinet s'exécuta à contrecœur sous le regard furieux de son frère. Lentement, Ron et les autres firent de même. Hermione et Klaus s'étaient rarement sentis aussi mal à l'aise. Harry quant à lui, avait la désagréable impression que le dénommé Edmund le fixait, comme s'il l'étudiait. Il sentait son regard sur sa cicatrice, sur son visage. Bon sang ! Qu'avait-il à l'observer ainsi ? Finalement le garçon au teint pâle sortit de sa sacoche un exemplaire de La Gazette du Sorcier et la feuilleta rapidement.
« Etrange » dit-il au bout d'un moment. « Personne ne parle de l'arrivée d'Harry Potter. Ça devrait pourtant faire les gros titres : 'Le Survivant commence sa scolarité'. »
« Je… euh… » bafouilla Harry sans savoir quoi dire. « Je n'ai vu aucun journaliste… »
« Mmmh. Il n'empêche, Fudge devrait être content que tu arrives à l'école durant son mandat. Il lui suffit de se montrer gentil avec toi, et il est sûr que ça l'aiderait à faire remonter sa cote de popularité. »
« Pourquoi ? » s'enquerra Harry. « Elle est en baisse ? »
« Oh, un peu. Disons que certains sorciers ne sont pas d'accord avec sa manière de traiter avec les gobelins. Quand on sait que c'est eux qui possèdent et contrôlent la quasi-totalité de l'or du pays, on est en droit d'attendre du Ministre un minimum de diplomatie. Mais il semble que notre bien-aimé Fudge en soit incapable. »
Harry assimila toutes ses informations, se demandant avec anxiété quand il se sentirait enfin à la page. Visiblement, ce ne serait pas pour tout de suite. Hermione et Klaus semblaient eux aussi un peu perdus et cela le réconforta. Ron en revanche se sentait pleinement dans son élément.
« Mon père dit que Fudge est bien mais peut-être pas pour un poste aussi important. »
« Depuis quand les sous-fifres se permettent-ils d'évaluer les gens importants ? » rétorqua Drago d'un ton glacial.
« Drago… » dit Jasper d'un ton menaçant et son frère se laissa aller contre son dossier, les yeux au ciel. « Je n'ai pas vraiment d'avis » poursuivit-il en se tournant vers Ron, « mais c'est vrai que Fudge fait preuve de… disons… »
« Peu de discernement ? » proposa Klaus.
« Quelque chose comme ça, oui » sourit Jasper.
« J'ai entendu dire qu'il envoyait un hibou tous les jours à Dumbledore pour lui demander des conseils » risqua Harry.
Jasper haussa un sourcil étonné, Drago émit un ricanement moqueur, Ron fronça les sourcils et Edmund fit la moue, guère étonné. Hermione quant à elle, bondit soudain de son siège.
« Dumbledore ? Le Ministre doit le tenir en très haute estime pour lui demander sans arrêt des conseils ! Il paraît que c'est le plus grand sorcier de tous les temps ! »
« Eh bien… » dit prudemment Jasper en jetant un regard furtif à son frère. « Disons que ça se discute. Tout le monde n'est pas de cet avis, mais en tout cas c'est un très grand sorcier, ça c'est sûr. »
« C'est vrai qu'il a anéanti le mage noir Grindelwald il y a soixante ans ? » questionna Klaus, soudain avide de connaissance.
« Oh oui » répondit Edmund. « C'est une des raisons pour lesquelles il est si célèbre. »
« Oui, j'ai lu l'intégralité de sa biographie dans Les Sorciers qui marquèrent l'histoire, de Sya Hisoruyl. C'est tout simplement fascinant… »
Klaus regarda sa sœur puis les autres en les suppliants du regard de se montrer indulgents. Ce type de situations était fréquent, lui aussi était un peu comme ça. En fait, la seule différence entre lui et sa sœur, c'était l'exubérance dont la fillette faisait preuve. Lui-même ne s'était-il pas jeté sur tous les livres parlant des lois et règlements de la communauté magique ? Sur son histoire et celle de sa future école ? Lui et sa sœur avaient dévoré L'Histoire de Poudlard en un rien de temps. Alors oui, il comprenait parfaitement l'état de surexcitation de sa sœur, mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'un peu de calme ne ferait pas de mal à Hermione.
Edmund se pencha un peu en avant et entama avec Hermione une longue discussion sur leur nouvelle école et la politique, allant même jusqu'à lui prêter son exemplaire de La Gazette. Mais il ne détacha pas son regard d'Harry.
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Dumbledore s'éclaircit la gorge puis balaya sur le corps enseignant son regard brillant.
« Vous tous ici savez ce que représentent les informations contenues dans ce rapport. Loin de moi l'idée de remettre en cause nos informateurs, cependant nous n'agirons pas pour l'instant. Non que je n'accorde pas crédit à nos amis, mais je ne pense pas que Lord Voldemort portera une attaque dans l'état qui est le sien. En revanche, je demande à tous et à toutes de faire preuve de la plus grande prudence. Nous mettrons également en place des rondes avec les différents membres de l'Ordre si jamais il se rapproche. Pour l'heure, je ne peux que vous recommander d'attendre du nouveau. »
Les professeurs hochèrent la tête ou acquiescèrent de vive voix, puis s'éparpillèrent dans le hall. Dumbledore fit un geste discret à l'intention de Rogue qui s'immobilisa avant de revenir sur ses pas. Lorsqu'il fut face au vieil homme, il remarqua que celui-ci regardait un point derrière lui. Se retournant, Severus aperçut Minerva qui les observait, l'air inquiet. Il lui décocha un regard noir et la regarda s'éloigner d'une démarche un peu raide, sans doute sur ordre de Dumbledore, puisqu'il lui demanda de le regarder. Severus s'exécuta.
« J'aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi » dit Albus en le transperçant du regard.
« Quoi donc ? »
Rogue avait dit cela d'un ton impatient mais il savait aussi bien qu'Albus que quoi que celui-ci lui demanderait, il le ferait.
« Gardez un œil sur Quirrell. Et, à son arrivée, essayer de tenir Harry à l'œil lui aussi. »
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Les murs de pierres étaient humides, noirs, glacés. La pièce, guère plus grande qu'un studio, et meublée pauvrement : une armoire, un lit, une table de chevet et une commode. Une petite fenêtre magique donnait sur le terrain de Quidditch de l'école. La pièce était également pourvue d'un lavabo et d'un cabinet de toilettes, séparés du reste par un paravent de bois simple. Pas la moindre affiche, le moindre tableau. La seule touche personnalisée de cette pièce résidait dans une série de portraits photos posés sur la commode. Tous ou presque représentaient un jeune garçon aux cheveux noirs, très maigre et au visage émacié passant lentement de l'enfance à l'adolescence, puis à l'âge adulte. Sur certaines photographies, il était accompagné d'un autre jeune garçon à peine plus grand que lui, mais plus costaud et aux cheveux plus longs de quelques centimètres. Ils se ressemblaient énormément, et étaient à n'en pas douter frères.
Karl McWolfen, se détourna de la fenêtre et son regard tomba sur l'une des photographies, la plus récente vraisemblablement. Comme Ulrich avait l'air heureux alors ! Qui alors aurait pu croire que moins de trois semaines plus tard il invoquerait sa vie faite de regards méprisants et apeurés pour disparaître subitement et rejoindre le camp de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ? Qui aurait cru ensuite, qu'ils devraient se combattre ? Puis qu'Ulrich disparaîtrait dans la nature ? Pas lui, ça, sûrement pas. Il se laissa tomber sur son lit et prit l'un des livres qui traînaient sur sa table de chevet. Il n'avait pas lu trois pages qu'un bruit discret en provenance du mur du fond lui fit lever les yeux de sa lecture. La pièce était dépourvue de porte, pourtant dès qu'il eut marmonné « Entrez », un pan de mur d'une hauteur d'environ deux mètres et d'une largeur d'un mètre s'effaça pour laisser apparaître un garçon de treize ans.
« Salut Wolf. »
« Salut Loan » répondit l'homme en reposant son livre sur sa table de chevet. « Qu'est-ce qui t'amènes ? »
« Je me fais chier. »
Le garçon se laissa tomber sur le lit tandis que le mur se re-complétait tout seul. De petite taille pour son âge, Loan avait des yeux sombres, des cheveux noirs en épis et un teint cuivré qui à lui seul indiquait qu'il n'était pas d'origine anglaise. Vêtu d'une veste et d'un pantalon de jean, il détonnait avec le château dans cette tenue de Moldu, mais qui s'accordait bien avec celle de Wolf, habillé d'un t-shirt délavé et d'un jean banal usé jusqu'à la corde.
« Je croyais que tu prendrais le train. »
« Tu rigoles ? Mes vieux m'ont lâchés à Dumby y a à peine une demi-heure ! Trop contents de se débarrasser de moi, encore une fois… »
Wolf ne trouva rien à dire et se contenta d'observer son jeune ami qui, les poings serrés, luttait de toutes ses forces pour conserver son calme.
« Ils n'ont qu'à pas me reprendre pour l'été si ça les embête tellement ! » cracha-t-il, haineux. « Comme ça je resterais avec toi et Hagrid ! »
« Loan… » dit patiemment Wolf. « Ce n'est pas possible, tu le sais aussi bien que moi. Et puis, je ne peux pas sortir ! »
« L'été, tu peux ! »
Le garçon avait presque crié ces mots, tout à sa fureur.
« J'en ai assez de rentrer tous les étés ! J'en peux plus ! Ils veulent pas de moi là-bas ! Je ne veux plus y retourner, t'entends ? »
« Ça c'est si mal passé que ça ? »
« Pire ! » hurla Loan en se levant brusquement. « J'ai passé l'été à me tenir éloigné des gens d'au moins trois mètres, parce qu'ils avaient peur que je les bouffe ! Je… J'EN AI MARRE!»
« Écoute, je comprends très bien ce que tu ressens… »
Mais Loan ne le laissa pas poursuivre. Il se mit à hurler, et Wolf reconnut aussitôt les signes d'une crise : veines apparentes, électricité statique, yeux d'un noir d'encre…
« ET COMMENT TU POURRAIS ? TES VIEUX T'ACCEPTAIENT TELS QUE T'ES ! TU N'AVAIS PAS À TE TENIR À DISTANCE PENDANT DES SEMAINES, TU… »
Il se tu brusquement et se laissa choir à même le sol, la tête entre ses poings serrés. Il respirait difficilement et il sembla à Wolf qu'il étouffait même quelques sanglots, pourtant il ne chercha pas à s'approcher de lui pour le réconforter. Il savait parfaitement que cela pouvait très mal tourner si jamais Loan n'était pas suffisamment calme et il n'y avait pas assez de place ici pour se battre. Lorsqu'enfin le garçon leva les yeux vers Wolf, ses yeux étaient secs et ses joues également.
« Excuse-moi, Wolf. Venir te voir et gueuler comme ça… Désolé. »
« Aucune importance, tu en avais besoin. Mais rassure-moi, tu n'as pas fait de bêtises durant cet été ? De conneries comme tu aurais pu en faire il y a un instant. »
« N… Non. Ecoute, j'suis vraiment désolé. Je t'ai même pas demandé si ça allait… »
« Et pourquoi cela irait-il mieux ou plus mal que d'habitude ? Dumbledore n'a pas besoin de mes services pour le moment, je n'ai donc pas mis les pieds dehors de tout l'été, si l'on excepte les deux ou trois fois où Minerva m'a laissé sortir. »
Loan eut un pâle sourire. Aussi désagréables qu'aient été ses vacances, au moins avait-il pu sortir, lui. Depuis combien de temps Wolf logeait-il ainsi au château dans l'anonymat ? Il ne pouvait se risquer dehors que lorsque l'on était sûr que personne ne pourrait le voir, à l'exception bien sûr de Dumbledore, McGonnagall, Rogue et Hagrid. Cela n'avait décidément rien de bien envieux, il fallait en convenir.
« Ils sont vachement tendus » dit le garçon en fixant la fenêtre. « Je crois pas que le rapport de toute à l'heure leur ai beaucoup plût. Peut-être auront-ils bientôt besoin de toi. »
« Tu écoutes aux portes maintenant ? »
« Pff ! Pas besoin. Suffit de tendre l'oreille, je les aurais perçus à deux cents mètres, et j'étais juste de l'autre côté de la Grande Porte. »
« Alors tu sais ce que disait le rapport ? » fit Wolf d'un ton moqueur.
« Euh, non. » avoua Loan en souriant brièvement. « Dumby avait insonorisé la Grande Salle. Je n'ai capté que des brides. »
Wolf sourit à son tour.
Quoi que l'on puisse dire sur leur espèce, ils étaient parfaitement dotés de sentiments comme les autres, et Wolf était d'avis qu'il serait devenu fou sans les fréquentes visites du garçon. Avant qu'il n'entre à l'école, Dumbledore le laissait parfois sortir pour des missions sans grands dangers mais qui nécessitaient ses compétences et quand ce n'était pas le cas, Hagrid le conviait à venir avec lui dans la Forêt. Minerva lui rendait parfois visite, aussi. Mais quand Loan était arrivé à Poudlard et lui avait été présenté, il avait su que désormais il ne pourrait plus se passer de son jeune ami. Jamais.
En quelques sortes, le jeune Indien était le petit frère qu'il n'avait plus.
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« Je refuse d'avaler ça ! »
« Allez, Drake » insista Jasper. « Je te jure que c'est très bon ! »
« J'ai dis NON ! »
L'après-midi était bien avancé à présent. Malgré quelques regards noirs qu'échangeaient fréquemment Ron et Drago, le trajet s'était jusque là plutôt bien déroulé. Edmund et Jasper déployaient des talents de diplomatie et se montraient relativement curieux envers les Granger – mais Harry restait tout de même le centre de leur attrait. N'était-il pas le Survivant ?
Peu de temps auparavant Hermione avait sortis de sa valise un lot de meringues et de nougats à différents parfums que lui avait acheté sa tante avant le départ. Elle en avait distribué à tous en dépit des regards anxieux de Ron, Edmund et Jasper, et tous avaient trouvé cela délicieux. Seul Drago refusait d'y toucher. Par Merlin ! N'avait-il pas promis à sa mère de se tenir éloigné des Sang-de-Bourbe et des Traîtres à leur sang ? Et voilà qu'en plus de partager son compartiment avec eux, on voulait qu'il accepte de la nourriture de Moldu ! Et Jasper qui s'y mettait ! Que diraient leurs parents ?
Jasper lui servit son sourire le plus charmeur, le n°2, celui que Drago détestait par-dessus tout parce qu'il forçait toujours quiconque le voyait à obéir. De mauvaise grâce, l'héritier Malefoy piocha un morceau de nougat et le mordit du bout des dents, comme s'il craignait d'être empoisonné.
« Alors ? » s'enquerra Hermione.
Faisant preuve d'une mauvaise foi toute malfoyenne, Drago prit un air dégoûté et s'écria :
« C'est dégueulasse ! »
La fillette parut déçue et Jasper leva les yeux au ciel.
HP-HP-HP
« Ton père est professeur ? »
« Ouais » répondit Edmund. « Directeur de la maison Serpentard. »
« Serpentard ? » répéta Harry.
« L'une des quatre maisons de Poudlard. Tous les sorciers et les sorcières qui ont mal tournés étaient à Serpentard » dit Ron.
« Parce que seule cette maison sait fournir des sorciers un temps soit peu intelligents » fit Drago d'un ton narquois en regardant le rouquin avec insistance.
Celui-ci se sentit devenir écarlate, pourtant il répliqua immédiatement.
« Au moins, tu ne risques pas d'y aller. »
Drago perdit toute couleur et foudroya Ron du regard. Il aurait aimé lui rétorquer quelque chose de bien senti mais ne trouvait rien, et le regard de son frère suffit à lui ôter de manière provisoire ses envies de meurtres.
HP-HP-HP
« …quelle maison tu seras ? »
« Probablement Serpentard. Avec mon père dirlo de la maison, ça paraît normal. »
« J'ai entendu dire que les Serdaigles étaient les surdoués de l'école » poursuivit Hermione.
« Ouais. Ils raflent toujours les premières places » grommela Edmund. « Insupportable, si tu veux mon avis. »
« Tu crois que Mione et moi serons séparés ? »
« J'sais pas. »
« Toute ma famille est à Gryffondor » répondit Ron. « Ça m'étonnerais qu'ils séparent les frères et sœurs, jumeaux encore moins ! »
Drago jeta un bref regard à Jasper et sentit sa gorge se serrer. Les deux Sang-de-Bourbe étaient unis par le sang, il y avait donc peu de chance pour qu'ils soient séparés mais qu'en serait-il pour eux ? Non, il fallait qu'ils aillent tous les deux à Serpentards. C'était peut-être la solution pour que Lucius et Narcissa acceptent enfin Jasper au sein de la famille…
HP-HP-HP
« … super fort ! »
« Tu devrais jouer contre mon oncle » sourit Jasper en avançant sa tour restante. « C'est lui qui m'a appris, et il est dix fois plus fort que moi. »
« Ton oncle… » répéta Ron en déplaçant sa reine. « Tu veux dire son père ? »
Il désigna Edmund d'un signe de tête. Celui-ci ne broncha pas, en grande conversation avec les jumeaux Granger. Le soleil déclinait, cela faisait à présent une demi-heure que Jasper avait sorti de sa valise un jeu d'échec sorcier flambant neuf.
« Ouaip. C'est un excellent joueur. »
« C'est vrai que tu joues bien… Il a dû bien t'apprendre » (il bougea son fou blanc) « Échec et mat. »
HP-HP-HP
La manière qu'avait cet Edmund de le regarder même quand il parlait aux autres avait une très nette tendance à le mettre mal à l'aise. Bon, d'accord, sa cicatrice semblait faire cet effet là à pas mal de sorciers, mais là c'était vraiment trop insistant. Il se sentait vraiment de plus en plus mal, à mesure que le regard d'un noir d'encre s'attardait sur son front.
Le train ralentissait et les enfants revêtaient leurs robes de sorciers en continuant de discuter. Dans l'ensemble, Harry devait bien admettre qu'ils semblaient sympathiques. Si l'on faisait abstraction bien sûr de Drago et des regards insistants d'Edmund.
Plus impressionnant encore que d'habitude dans la nuit noire, Hagrid salua les Première Année de sa voix tonitruante et donna à Harry une tape sur l'épaule si monstrueuse que le garçon sentit ses genoux fléchir sous le choc.
« Tous aux barques ! » tonna Hagrid en désignant les frêles embarcations qui attendaient sur la berge d'un vaste lac aux limites indéfinies. Comment aurait-il pu en être autrement ? Les eaux du lac étaient aussi noires que la nuit.
Harry monta à bord de la même barque que les jumeaux Granger et Ron, laissant Edmund et ses cousins entre eux sur l'embarcation à leur droite. Lorsque tous les enfants eurent pris place les barques filèrent toutes d'un même mouvement sur la surface du lac. Cramponné à la lanterne, Klaus fut le premier à l'apercevoir. Dressé sur ce qui ressemblait à une petite montagne, haute silhouette pleine de mystère aux fenêtres éclairées, le château de Poudlard dominait le lac et les nouveaux élèves de toute sa hauteur. Harry, comme la plupart des élèves, ouvrit de grands yeux éberlués.
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Loan contempla les embarcations qui filaient en direction du château, le visage dénué de toute expression. Un nouvel arrivage… Un nouveau lot de gamins qui allait lui casser les pieds… Pff ! Comme s'il avait besoin de ça.
L'Indien avait troqué ses vêtements de Moldu contre son pantalon et sa chemise d'uniforme. Sa cravate, défaite, pendait de chaque côté de son cou et, loin d'être incommodé par la fraîcheur nocturne, il avait retroussé ses manches jusqu'aux coudes. Cependant, ce n'était pas là le plus surprenant – du moins pour quiconque connaissant peu Loan, soit tous les membres de l'établissement à cinq ou six exceptions près. Le plus surprenant, c'est que Loan se trouvait assis sur un des rebords du toit, au-dessus du bureau de Minerva McGonnagall, soit à une hauteur approximative de trente mètres. Il préférait de loin escalader les tours, mais à moins de dix minutes de la Répartition, cela lui avait été refusé par une Minerva préoccupée, juste avant qu'elle ne parte accueillir les nouveaux élèves.
Le bureau de la directrice de Gryffondor donnait sur le parc, et si Loan était monté sur le toit par la fenêtre, il l'avait vite traversé pour pouvoir contempler le lac recouvert de barques aux lanternes scintillantes qui lui rappelaient des lucioles.
Il songeait à Wolf, enfermé dans sa chambre sans autorisation de sortie, pas même sous l'effet d'un sort pouvant dissimuler sa véritable apparence. Au moins, lui pouvait aller plus ou moins où bon lui semblait. Mais il n'y avait pas que cela. La vue des barques lui rappelait également sa première rentrée à Poudlard lorsque, son teint encore pâle et maladif, ses cernes et ses dents serrées avaient bâtis un mur entre lui et ses camarades. Mais il fallait bien s'y attendre à cette époque, il se contrôlait encore moins bien qu'aujourd'hui. « Je finirais comme Wolf » songea-t-il en fermant un instant les yeux. Un cri le tira de ses sombres pensées :
« LOAN ! »
Le garçon rouvrit les yeux, se releva en soupirant, traversa le toit et se pencha au-dessus de la fenêtre du bureau de McGonnagall. Une tête allongée, hérissée de cheveux auburn qui partaient dans tous les sens, était passée au-dehors et le regardait sévèrement.
« Tante Minerva m'a demandé de te dire que Filius voulait que l'on te dise qu'il souhaitait que tu participes au banquet et que par conséquent tu étais attendu pour dans cinq minutes. »
Loan esquissa un sourire.
« Dans ce cas inutile de les mettre en colère le jour de la rentrée. Gare-toi, j'arrive. »
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Le plafond enchanté était tout simplement fascinant et Harry ne parvenait pas à en détacher les yeux. Le professeur McGonnagall, la directrice adjointe et directrice de Gryffondor selon Ron, qui les avait accueillis leur présentait à présent un tabouret et un chapeau qui, d'après ce que le garçon comprenait, devait se charger de les répartir dans les différentes maisons. Harry se sentait mal rien que de penser au moment où il devrait s'asseoir sur le tabouret et se coiffer du chapeau – « Non, du Choixpeau » se morigéna-t-il– devant tout le monde. Les Granger étaient tout aussi inquiets que lui, Ron paraissait soulagé et en tournant la tête il pu voir qu'Edmund semblait on ne peut plus à l'aise. Les jumeaux Malefoy étaient cachés derrière deux mastodontes à la mine patibulaire et Harry ne pouvait voir leur expression.
« T'en fais pas » lui murmura Edmund en faisant fi du discours de McGonnagall. « Ça n'a rien de si terrible. »
« Qu'est-ce que tu en sais ? »
« Potter, je passe la moitié de mon temps dans cette école depuis des années. J'ai assisté à quatre Répartitions de débuts d'années, crois-moi. »
Tout en parlant, son regard avait glissé jusqu'à l'une des extrémités de la table des professeurs et un petit sourire s'étira sur ses lèvres. L'ayant remarqué, Harry fronça les sourcils.
« Mon père » articula silencieusement Edmund alors que le professeur McGonnagall achevait ses explications et appelait le premier élève.
Harry suivit le regard de son camarade et rencontra celui sombre, glacial, presque venimeux, de l'homme qu'Edmund lui désignait. Le teint pâle, les cheveux noirs, vêtu tout de noir, il rappela à Harry une chauve-souris. Le garçon n'eut cependant pas davantage le temps de poursuivre son examen car le sentiment qui filtrait désormais dans les yeux de l'homme lui glaça les entrailles : c'était de la haine, de la haine pure et simple. L'enfant détourna vivement le regard.
Au même instant, McGonnagall appela :
« Hermione Granger ! »
Klaus lui sourit et elle s'avança, plus anxieuse que jamais. Tout irait bien, tout irait bien… Pourquoi donc craignait-elle que quelque chose tourne mal ?
Lorsqu'elle se coiffa du Choixpeau, la voix de ce dernier s'insinua dans sa tête.
« Hm… Beaucoup de qualités intellectuelles, pas mal de courage… Une grande hâte de montrer que tu as ta place à Poudlard… Hm…Oui… J'ai trouvé. »
« GRYFFONDOR ! »
Une salve d'applaudissements accueillis la fillette lorsqu'elle se rendit à la table que Minerva lui indiquait. Les jumeaux Weasley émirent des sifflements enthousiastes.
« Klaus Granger ! »
Le garçon posa le Choixpeau sur sa tête.
« Ah ! Un deuxième Granger. Oui… Toi aussi tu as de grandes qualités intellectuelles, ça ne fait aucun doute. Du courage aussi… Mais tu as également beaucoup de calme, et très fidèle. Oui… Beaucoup de loyauté… Serdaigle te conviendrait très bien… »
« Mione » eut le temps de penser Klaus, la gorge soudain sèche, avant que le Choixpeau ne hurle :
« SERDAIGLE ! »
Le sourire radieux d'Hermione se figea tandis que son frère gagnait lentement la table des Serdaigles en lui adressant un sourire désolé. Harry et Ron échangèrent un regard, consternés:
« Il les a séparé ! » chuchota Harry.
« Je ne savais pas que c'était possible. »
Un mètre sur leur gauche, Drago sentit son pouls s'accélérer. Les Sang-de-Bourbe avaient été séparé, alors qu'ils étaient du même sang. Combien de chance y avait-il à présent pour que Jasper et lui soit dans la même maison ? Sans qu'il y fasse attention, McGonnagall en arriva aux noms commençant par M.
« Drago Malefoy ! »
Drago jeta un dernier regard furtif à son frère et s'avança d'une démarche qui, l'espérait-il, pouvait passer pour assurée. A peine le Choixpeau eut-il frôlé son crâne qu'il sentit une voix s'insinuer dans son esprit. Il l'entendait aussi bien que si une personne en chair et en os s'était trouvée à coté de lui, à lui parler normalement.
« En temps normal, je t'aurais expédié à Serpentard sans réfléchir » fit le Choixpeau. « Mais je sens aussi qu'au-delà de toutes les qualités de Serpentard, il y a quelque chose. Hm ? »
« Jasper » songea Drago en se crispant légèrement. « Il faut que nous soyons ensemble. Il faut que vous l'envoyiez à Serpentard. »
« Ton frère ? Oui, oui… nous verrons, il y a des choses qu'on ne peut changer comme ça. »
« SERPENTARD ! »
Le garçon ôta le Choixpeau, le tendit à McGonnagall et descendit les marches jusqu'à la table des serpents, un peu raide. Il remarqua à peine Severus qui applaudissait, un de ses rares demi-sourires sur le visage. Qu'est-ce que cette espèce de vieux chapeau tout rabougri avait bien pu vouloir dire ?
« Jasper Malefoy ! »
« Tu n'es pas un Malefoy » dit aussitôt le Choixpeau. « Oh non, tu es loin d'en être un. Et ce n'est sûrement pas Serpentard qui pourrait te convenir, ça non. Mais quoi alors ? Je vois du calme, du souci pour ton frère, une dose certaine d'humilité et beaucoup, beaucoup de cette gentillesse qui te perdrait à Serpentard. Non, décidément il vaut mieux… »
« POUFSOUFFLE ! »
L'annonce retentit comme une explosion dans la Grande Salle, surprenant tout le monde. Un Malefoy à Poufsouffle ? Durant quelques infimes secondes qui parurent à Jasper une éternité la salle fut plongée dans le silence. Puis, lentement mais allant crescendo, les acclamations se firent entendre. Un Malefoy qui échappait à Serpentard, cela méritait d'être fêté !
A la table des Serpentards, Drago était figé. Non… ce n'était pas possible… De leurs cotés, Edmund semblait moins surpris, bien qu'un peu ébranlé, et Severus avait appliqué sur son visage un masque de marbre dissimulant ses pensées.
Huit autres enfants furent appelés sans qu'Harry y prêtât attention. Il était tellement désolé pour les jumeaux Granger et Malefoy qu'il fallut l'appel de McGonnagall pour le rappeler à la réalité.
« Harry Potter ! »
« Hm… Encore un choix difficile… Des qualités intellectuelles, le souhait de faire vite tes preuves, un grand courage… mais je voix également une part d'ombre, oh oui… Une grande part d'ombre… Et la grandeur… l'ambition, la ruse… Serpentard peut-être… »
« NON ! » hurla Harry si fort mentalement qu'il redouta un instant d'avoir crier pour de vrai.
« Pas Serpentard ? »
« Non, par pitié… Tout mais pas Serpentard… »
« Pourtant Serpentard te ferait aller loin sur le chemin de la grandeur… tu es assez rusé, et puissant, cela ne fait aucun doute… Oh non, aucun… »
« Tout sauf Serpentard » implora Harry, les doigts crispés sur les rebords du tabouret.
« Dans ce cas… »
« GRYFFONDOR ! »
Le hurlement du Choixpeau se répercuta dans la Grande Salle mais fut bientôt couvert par un tonnerre d'applaudissements en provenance de la table des Gryffondor. Harry s'y précipita, trop heureux d'échapper à Serpentard.
Une dizaine d'autres enfants furent répartis avant que ne retentisse :
« Edmund Rogue ! »
Beaucoup d'élèves – en fait, la quasi-totalité de l'école – restèrent muets de stupeur. Rogue ! Cela voulait-il dire... Non, c'était impossible ! Severus conserva son masque d'impassibilité alors que des murmures se propageaient dans la salle. Il ne laissa rien transparaître, sinon un mince sourire satisfait lorsque le Choixpeau, sans délibération aucune, envoya Edmund à Serpentard. La tête haute, droit comme un i, Edmund alla s'asseoir à coté de Drago et adressa à Jasper un sourire encourageant, faisant mine de ne pas s'apercevoir que toutes les têtes ou presque étaient tournées vers lui. C'est ainsi que, quelques minutes plus tard, Ron fut envoyé à Gryffondor sans que quiconque ou presque ne s'en aperçoive. Jasper applaudit en premier à sa table, déclenchant les applaudissements polis de ses nouveaux camarades, et le rouquin lui adressa un sourire reconnaissant.
McGonnagall réclama le silence et Dumbledore se leva, bras écartés comme s'il voulait serrer contre lui l'ensemble de la salle, et clama :
« Que le festin commence ! »
Aussitôt de la nourriture à profusion apparut dans les assiettes, faisant pousser aux Première Année des exclamations réjouies et surprises. Tous se ruèrent dessus, affamés, mais plusieurs personnes retournaient dans leur tête les évènements pour le moins étranges qui s'étaient produits au cours de la Répartition. Et Loan était de ceux-là.
Bien sûr, il connaissait Edmund depuis des années, à force de le croiser dans les couloirs et de jouer avec lui lorsque la perspective de se rendre en cours le rebutait trop. Il avait d'ailleurs attendu son retour avec impatience, après son absence de l'année passée. Sa répartition à Serpentard, bien qu'un peu surprenante de par sa rapidité, n'était pas choquante en soit. Ce qui l'était davantage, c'était ce Malefoy envoyé à Poufsouffle, ce long instant de réflexion avant la décision du Choixpeau durant le tour de Potter. La surprenante camaraderie qui semblait déjà unir Edmund, Jasper, le dernier Weasley, le Survivant et le gamin de onze ans assis à coté de lui, Klaus Granger. Et enfin, la présence de Potter à Poudlard.
Loan jeta un regard à la table de Gryffondor pour apercevoir Wyra, à six places de Potter, qui jaugeait le Survivant du regard. L'Indien adressa à la jeune fille un bref sourire et la nièce de Minerva McGonnagall, l'ayant aperçu, lui désigna la table des professeurs en articulant sans bruit « Filius ». Loan tourna aussitôt les yeux vers le directeur de sa maison, et au regard de Flitwick il comprit que l'absence de sa robe de sorcier aux couleurs de Serdaigle et que le port de sa cravate (toujours pendante de chaque coté de son cou) était en cause. Jugeant inutile de se mettre à dos son directeur de maison dès le premier jour, le garçon noua rapidement sa cravate et leva discrètement les mains comme pour se défendre. Ce geste n'échappa ni à Flitwick, ni à Dumbledore qui le regarda d'un air amusé. A bien des égards, il trouvait le jeune Indien d'un rare amusement – en particuliers lorsqu'il décidait de n'en faire qu'à sa tête.
Mais pour l'heure Loan était bien loin de toutes ses considérations. Le bref regard qu'il avait échangé avec Wyra suffisait amplement. Tous deux étaient du même avis : cette année, il y avait finalement assez peu de chance pour qu'ils s'ennuient.
