Bienvenue sur cette nouvelle créature 'Suivi'. C'est un bébé né hier soir, tramé le jour de sa naissance (du début à la fin) et rédigé le lendemain (jour de sa publication). Un TBC avec Tony, et tout le NCIS. J'espère que ça vous plaira. Gros gros gros bisous !
ps : Je vous laisse entre de bonnes mains, ne vous inquiétez pas.
Il y avait quelque chose d'anormal dans le climat au NCIS. Leon le sentait. L'atmosphère était lourde, trop lourde. Comme si quelque chose de terrifiant allait se produire. Or, un homme aussi important que le directeur du NCIS se devait d'ignorer jusqu'à la signification du mot «terrifiant ». Mais ce jour-là, Leon Vance ne se sentait plus tellement de l'étoffe des héros, sous la chape de plombs que le destin venait d'abattre sur le quartier général de la Navy. C'était dans ce genre de situation, quand même ses cure-dents ne pouvaient rien faire pour l'apaiser, que Gibbs débarquait en aboyant un de ses classiques « DiNozzo a disparu ! » et que toute l'Agence se retrouvait sans dessus-dessous. Alors, devant sa tasse de thé au jasmin -une idée d'Hetty pour faire face à la pression qu'un poste comme le sien pouvait malencontreusement apporter- Leon se massait les tempes, humant le parfum fleuri de ce thé que Jared qualifiait de « boisson de fille » tout en essayant de chasser Gibbs et DiNozzo de ses pensées.
Il ferma les yeux, imaginant Jackie à la plage, comme lors de leurs premières vacances en amoureux. Elle portait cette petite robe blanche à motifs fleuris -il aurait été bien incapable de nommer les fleurs, ou même de les décrire, c'était pour lui un détail futile- et elle ramassait des coquillages pour « faire un collier ». Finalement, Leon n'avait jamais vu le collier, ni revu les coquillages. Mais Jackie et lui étaient si bien sur cette plage. C'était bien avant le mariage, avant les enfants et les difficultés que son travail pouvait représenter. C'était une belle époque. Ils étaient bien, tous les deux. Le sable de la plage leur volait dans les yeux au moindre coup de vent, et Jackie poussait ses petits cris aigus qu'il n'avait plus entendu pendant des années, avant que Kayla ne se fasse tirer les cheveux par son frère...
Cette plage était si belle. Il y faisait délicieusement bon, le soleil léchant le drap de bain qu'ils avaient étendu en amont des vagues. C'était comme une couette bien chaude au coin d'un feu. Aah... les vacances à Big Bear. Ce joli petit chalet en Californie... Il y avait même eu de la neige ! C'était là aussi un séjour mémorable. Ils n'avaient pas pu sortir se promener tant il avait fait froid. Les pieds cachés par trois paires de chaussettes, les mains gluées à leurs tasses de chocolat chaud, ils étaient restés blotti l'un contre l'autre pendant tout le week-end. Jackie s'était même endormie sur son épaule. Il avait eu le souffle coupé un instant, et était tombé amoureux d'elle pour la seconde fois. Ca lui avait d'ailleurs fait tout drôle de découvrir que l'on pouvait tomber amoureux plusieurs fois de la même personne, sans même qu'il y ait eu de ruptures ou autres choses. Mais il avait vite comprit qu'avec Jackie, ce serait comme ça...
La plage était si belle... Jackie était si belle... Il n'avait jamais eu qu'un seul regret dans sa vie : ne pas pouvoir passer autant de temps qu'il le souhaitait avec sa femme. Il ouvrit les yeux. Mais il n'était plus dans son bureau. Pensant à un léger assoupissement, Leon se frotta les paupières d'un geste disgracieux mais qu'on lui pardonnerait aisément : n'était-il pas humain ? (et puis, ce que le monde ignorait, personne ne le lui reprocherait), seulement, lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, son regard se posa sur une salle sombre, poussiéreuse et humide. Perplexe, Leon Vance posa une main sur le mur qui lui était le plus proche. Une sensation désagréable de froid, associée à un toucher granuleux lui fit comprendre qu'il s'agissait de béton.
Fronçant les sourcils, Leon ramena ses mains à sa veste, parcourant d'un geste méthodique ses poches à la recherche de sa boîte de cure-dents. D'un mouvement assoupli par des années d'entraînement, Leon fit glisser le couvercle en carton et attrapa un cure-dent qu'il porta à ses lèvres. Jackie trouvait que c'était préférable à la cigarette. Sa mère trouvait que c'était idiot. Mais lui trouvait que tout était mieux que de se ronger les ongles comme il avait pu le faire par le passé. Mâchonnant son cure-dent, la petite boîte de carton rangée à sa place dans la poche intérieur contre son cœur, le directeur du NCIS tendit l'oreille. Peut-être un son pourrait-il lui indiquer la route.
Il fit quelques pas en longeant le mur, mais aucun son ne lui venait. Rien. Inquiet, Leon continua à longer silencieusement le mur jusqu'à ce que le mur atteigne... un autre mur. Le directeur ne baissa pas les bras et, dans la pénombre à laquelle ses yeux ne s'habituaient toujours pas, il s'avança à nouveau. Toujours aucun son. Si ce n'était celui de sa propre respiration, mais on ne pouvait pas vraiment dire que celui-ci comptait. Mais par contre, son pied venait de rencontrer une masse molle. Une masse molle ? Leon s'agenouilla au niveau de la masse molle, ignorant jusque-là de quoi il s'agissait.
-D...di...
-Qui est-là ?
-Di...directeur ?
-DiNozzo ? DiNozzo, c'est vous ?
A ce moment-là, ses yeux s'ajustèrent à la pénombre et Leon put voir. Et ce qu'il vit fut loin de le ravir. DiNozzo était étendu au sol, le visage et le corps recouvert de sang. Il n'était ni assit, ni allongé, mais répandu par terre comme une loque, une vieille poupée de chiffon éventrée.
-DiNozzo, mais, qu'est-ce qui vous est arrivé ?
-Suis...suivi.
Tout devint noir. Vance tenta d'attraper le bras de DiNozzo, mais tout se mit à tourner alors que le bruit de la circulation se mêlait aux détonations. Se réveillant en sursaut, Leon s'assit, au bout milieu de son lit. Il retint le cri qui lui brûlait les lèvres. DiNozzo...
Une main toute fraîche vint lui caresser le front.
-Ca va mon chéri ?
Il ne répondit pas, encore perdu dans la terrible vision qu'il venait de recevoir.
-Leon, ce n'est pas ta faute. Vous allez le retrouver. Vous allez retrouver ton agent.
-Oui, mais dans quel état ?
Cette fois, ce fut Jackie qui garda le silence. Anthony DiNozzo n'avait pas le droit de mourir.
