Bien le bonjour la compagnie ! Me revoilà avec une petite fic après de longs mois d'absence ! Alors, je vous préviens, elle va être un peu spéciale. Bon, d'abord pour le couple (merci à Gwenn pour cette idée magnifique !) mais ce n'est pas ça... Normalement, un second chapitre suivra. Je dis bien 'normalement' car j'ai promis d'écrire un lemon cette année (au moins un ^^') et que j'ai décidé de le faire sur le deuxième chapitre. Mais comme je n'en ai jamais écrit, je ne sais pas si j'en serais capable
Donc, jusqu'à nouvel ordre, considérer l'histoire comme fini ^^
Disclaimer: Je choque tout le monde si je dis que c'est M. Kurumada qui en est l'auteur de la série ?...
Bref, je blablate, je blablate... Merci à Laulaustory de m'avoir corrigé et bonne lecture à tous !
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Le Requiem de l'océan
Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait...
Quand il ouvrit les yeux, rien n'avait changé ou presque.
La chambre était toujours aussi froide et que le feu dans la cheminée se soit éteint n'arrangeait rien. De toute façon, les murs de pierres ne se réchauffaient jamais vraiment...
La chambre elle-même n'avait rien de chaleureuse. Une cheminée, un coffre en bois contenant ses maigres possessions et un lit... Oh ! Et un fauteuil près de l'âtre mais si rarement utilisé qu'il l'oubliait. Il n'était presque jamais ici. Il se servait généralement de sa chambre juste pour dormir alors il n'avait pas vu l'utilité de l'aménager selon ses goûts. Les autres l'avaient surement fait mais lui... Lui, il ne faisait jamais comme tout le monde. Pourtant, les Dieux seuls savaient combien on avait insisté pour qu'ils soient heureux maintenant. Comme si la joie de vivre à nouveau passait par leurs chambres...
Un léger étirement plus tard et il enfila la tenue blanche qui lui tenait lieu d'habits. Oh, ce n'était pas toujours le cas bien sûr mais comme il était de patrouille aujourd'hui, il allait devoir mettre son armure et supporter la conversation incessante de son camarade. Mais pourquoi il n'était pas tombé sur Fenrir lors des répartitions des duos la semaine dernière ?...
Un instant, il se demanda s'il ne pouvait pas tout simplement rester là, dans sa chambre. Ne plus bouger, juste rêver et surtout oublier. Juste qu'on le laisse un peu tranquille pour une fois... Oh ! Ce n'était pas comme s'il ne le pouvait pas vraiment. Flamme s'inquiétait déjà qu'il semblait continuellement mélancolique ses derniers temps. Hilda était redevenu la Prêtresse d'Odin bonne et compatissante comme elle l'était de nature, comme avant que l'anneau des Nibelungen ne fut passé à son doigt, il était certain qu'elle lui accorderait un jour de congé s'il le demandait. Mais une telle requête aurait entrainé beaucoup de questions, que ce soit avant ou après et il n'était disposé ni à répondre à sa princesse ou à sa sœur et ni à ses compagnons d'armes. Alors il serrait les dents et faisait comme si de rien n'était. De toute façon, tant que son comportement restait exemplaire et que ce qu'il cachait ne mettait pas en danger les autres, on ne pouvait pas lui faire de remarques. Tant qu'il veillait à dormir assez pour paraître en forme malgré ses nombreuses insomnies...
En un instant, son armure vient le recouvrir en douceur, lui fournissant ainsi un peu plus de chaleur. Il n'était pas naturellement frileux ! Mais à cause de son manque de sommeil, il avait quand même des frissons sur tout le corps. D'ailleurs, il passa une cape d'un vert foncé sur ses épaules. A l'origine, toutes les armures pouvaient en mettre, même si lui ne la portait pas généralement. Mais aujourd'hui... S'il tombait malade, on allait vraiment s'inquiéter pour lui et il détestait ça ! Grand solitaire, il n'aimait pas l'idée de dépendre des autres. Ou alors, c'était parce qu'il avait pris l'habitude de dissimuler ses émotions pour paraître non-violent et dénuer de haine envers le monde...
Pourtant, ce serait plus simple d'en parler... Il y avait parfois des fardeaux trop lourds à porter. Des secrets qu'il aurait mieux fallut révéler. Mais ce n'était pas son secret, quoi qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur, mais... Il ne pouvait pas. À qui d'abord ? Personne ne pourrait comprendre, même si la paix était en train de se rétablir. Et il ne supporterait pas que le regard que les autres portaient sur lui change. Tout simplement. Même s'il devait supporter en silence ses absences...
Un léger soupir franchit le barrage de ses lèvres. Puis, il se força à sourire pour paraître aussi joyeux que d'habitude envers ses compagnons d'armes. Pour ne pas qu'on lui pose de questions. Qu'est-ce qu'il détestait les questions !
Enfin, Mime de Benetnash prit sa harpe et sortit de sa chambre...
La neige...
Contrairement à ce que l'on pouvait croire, elle n'était pas blanche. Du moins, il n'y avait pas qu'un seul blanc. Comme les personnes qui vivaient aux Pôles Nord et Sud, les habitants d'Asgard pouvaient reconnaitre les différentes teintes que pouvait prendre la neige. Même à distance, ils pouvaient savoir si la neige était épaisse ou non, fraiche ou datant de la veille...
Ils avaient l'habitude du froid et du vent glacial. Ils avaient l'habitude de la précarité. Ils avaient l'habitude des morts dus au mauvais temps. C'était leur pays et leurs sacrifices permettaient au monde de connaître le Soleil. Ils ne se plaignaient pas... Ou presque.
Mime fit volter de la neige avec force en avançant, essayant de faire comprendre à Bud, son compagnon pour les patrouilles de cette semaine, qu'il ferait mieux de se taire. Depuis qu'il était officiellement un God Warrior comme eux, il était intarissable, surement parce qu'il avait dû cacher son existence une bonne partie de sa vie... Mais pourquoi il n'était pas tomber sur quelqu'un d'autre ? Même Albérich aurait fait l'affaire ! Mais Bud... C'était simple, s'il ouvrait encore la bouche, il lui lançait son « Stringer Requiem » !
Même la neige s y mettait ! Lourde et collante, elle ralentissait leurs allures et Mime voyait de minutes en minutes son calvaire se rallonger un peu plus... Ils avaient déjà déviés légèrement de leur chemin pour ne pas passer près des ruines... Mime s'y refusait toujours. Il avait trop de mal à supporter cet endroit. Celui où il était mort...
Tout gravitait autour de la mort à Asgard ! Les habitants, habitués au faible gibier des environs, savaient que beaucoup de personnes mourraient à cause du froid et de la neige. Quel pays ! Il le détestait... Ses parents y étaient morts. Son père adoptif aussi. Comme ses camarades. Comme lui. Mais il restait. Il n'avait nul part où aller en même temps. Et c'était le vœu de son père adoptif qu'il devienne un Guerrier Divin protégeant son Royaume. Même s'il n'y aurait normalement plus de guerres. C'était le pacte.
Hadès avait été vaincu par Athéna, la Déesse que lui et les siens avaient cherché à faire mourir. Les Chevaliers d'or avaient pu revenir à la vie sans qu'on en comprenne véritablement la raison. Et – ô ! Surprise ! - les guerriers d'Asgard et ceux du Sanctuaire sous-marin étaient revenus avec eux. À la condition qu'ils ne cherchent plus à prendre le pouvoir bien sûr.
Six mois étaient passés...
Et pourtant, les royaumes commençaient à peine à communiquer entre eux. Pour éviter les conflits soit disant. Cela avait failli en créer un quand il avait été décidé que pour rétablir le contact, le mieux serait de nommer un ambassadeur 'neutre' qui parcourraient les trois royaumes pour essayer de rétablir l'amitié entre les peuples et surtout essayé de trouver des arrangements qui plairaient à tout le monde concernant la Terre et leurs place dans le monde. Et bien sûr, chacun voulait que ce soit un membre de son pays qui soit désigné à cette tâche.
C'était Kanon qui avait fini par obtenir le 'poste'.
Il n'était pas le plus neutre possible mais il avait l'avantage de connaître les trois royaumes: Asgard pour avoir manipulé Hilda, le Sanctuaire pour avoir vécu là-bas et avoir porté l'Armure des Gémeaux et le Sanctuaire sous-marin où il était toujours – en théorie - le Général Dragon des Mers. De plus, adepte des voyages dimensionnels, il pouvait passer rapidement d'un royaume à l'autre, ce qui était un atout non-négligeable.
Ceux qui avaient le moins pris cette nomination étaient les habitants d'Asgard et en particulier les Gods Warriors. Kanon était responsable de leurs morts ! Et il allait revenir chez eux la bouche en cœur pour garantir la paix dans le monde ? Mais c'était une idée utopique et suicidaire !
Bien que Hilda leur ait adjoint à lui pardonner, à l'instar de Athéna pour les fautes de ses Chevaliers, la première visite de Kanon avait failli tourner à la bataille rangé. Et avant même qu'il arrive ! Certains pensaient qu'il fallait suivre les ordres de leur princesse et oublier les fautes passés pour repartir sur de bonnes bases pour cette nouvelle vie. Les autres étaient d'avis de lui faire payer ces mêmes fautes. Tout cela sans savoir que le même dilemme avait secoué le Sanctuaire sous-marin. Seul le Sanctuaire de Athéna avait bien pris cette nomination. Peut-être parce que le Gémeau s'était battu à leurs côtés lors de la guerre contre Hadès...
Quoi qu'il en soit, le Dragon les avait quand même tous surpris. Il s'était avancé dans la salle du trône, droit et digne, vers Hilda et ceux qui l'entouraient, à savoir ses guerriers et sa sœur... Il s'était agenouillé devant eux et avait pris la parole avant qu'ils ne puissent réagir. Et quelles paroles ! Chacun des mots de la conversation qui avait suivi étaient gravés dans leurs mémoires à tous:
- Je suis Kanon des Gémeaux, récemment nommé ambassadeur auprès des trois Royaumes. Avant de commencer véritablement cette audience, je voudrais d'abord m'excuser pour ce que je vous ai fait et essayer d'obtenir votre pardon.
Un lourd silence avait suivi cette déclaration. Le Chevalier n'avait amorcé aucun mouvement pour se relever, attendant simplement... Quoi ? Qu'ils se décident à parler ? Mais pourquoi ? Son statut ne l'obligeait pas à se courber devant eux, ni même à demander des excuses !...
- Ambassadeur, avait commencé Hilda, votre pardon vous a déjà été accordé et...
- Sauf votre respect, princesse, je sais que vous m'avez pardonné. C'est le pardon de vos guerriers que je cherche à obtenir désormais. On m'a nommé ambassadeur pour essayer de construire la paix entre trois peuples et pour avoir une chance d'y parvenir, il faut qu'ils me pardonnent de leur plein gré pour commencer. Même s'ils prennent du temps pour y arriver, je veux qu'ils croient au pardon qu'ils m'accordent et non qu'ils le fassent par rapport à un ordre.
Son discours était surprenant. Se doutait-il qu'ils n'acceptaient pas le poste qu'il avait obtenu ? Avait-il réagit de la même manière avec les Marinas de Poséidon ?
- Pourquoi vouloir obtenir un pardon de ce genre ? Avait demandé Flamme.
- Parce que je n'accepterais véritablement de me libérer de mes pêchers que quand ceux qui ont supporté le poids de mes fautes me pardonneront du fond de leurs cœurs. C'est seulement grâce à cela que j'obtiendrais ma rédemption.
Le silence avait repris alors que chacun de leur côté, les Gods Warriors s'interrogeaient sur la suite. Kanon ne semblait pas prêt à commencer les négociations, mais pourtant, il n'y avait aucune menace dans ses paroles. Juste une demande. Alors, qu'est-ce qu'ils devaient faire ? Pardonner ? Continuer à lui en vouloir alors qu'il avait lui aussi payé pour ses erreurs ? On leurs avait raconté ce qui c'était passé pendant leurs morts. Il s'était quand même sacrifié volontairement pour aider les Bronzes !
Siegfried avait été le premier à s'avancer. En même temps, cela n'avait rien de bien étonnant. Il était plus que jamais fidèle à la Prêtresse d'Odin. Il avait fait... Quoi ? Deux pas ? Puis, il s'était immobilisé et s'était adressé d'une voix grave à l'ex-Marina:
- Que tu reconnaisses tes fautes et demandes ainsi le pardon est tout à ton honneur. Mais crois-tu que cela soit facile ? Nous avons payés de nos vies tes manipulations ! Tu ne souhaitais que le contrôle du monde ! Tu ne vaux guère mieux que Hadès ou que tous les autres dieux qui veulent la Terre pour l'asservir ! J'ai du mal à croire que tu feras tout pour rétablir la paix maintenant !
Il s'était tu un instant, espérant sans doute une réponse de la part de Kanon mais il n'en fut rien. Le Chevalier n'avait pas bougé.
- Pourtant, reprit Siegfried d'un ton plus calme, tu es revenu à la vie en promettant de respecter le même pacte que nous et ton Cosmos est teinté de bonté. Dans ce cas... Je ne peux que t'accorder mon pardon.
Ses paroles avaient agi comme un déclencheur. Mime avait été le premier à rejoindre son camarade pour s'adresser à Kanon de sa voix douce:
- Ikki du Phénix m'a montré mes fautes pendant notre combat. Je sais que les Chevaliers de Athéna assurent la paix dans le monde et je crois que c'est ton cas aussi. Je te pardonne donc.
Et un à un, leurs camarades étaient venu à leur tour pardonner à Kanon. Quand le Grec s'était enfin relevé, il brillait dans ses yeux la flamme de la fierté d'avoir obtenu leur confiance mais aussi la flamme de la détermination, promettant ainsi silencieusement qu'il ne gâcherait pas cette confiance.
Alors, les négociations commencèrent véritablement...
Mime reprit brusquement conscience avec la réalité quand il s'enfonça jusqu'à la taille dans une couche de neige fraiche. Ce fut l'occasion pour Bud de relancer son discours – qu'il avait enfin abandonné en voyant que son camarade ne l'écoutait pas - sur les risques qu'on encourait quand on ne regardait pas avec attention la couleur de la neige. Mais Mime s'en foutait.
Il apercevait le point de rencontre au loin, ce qui signifiait que son calvaire allait prendre fin ! Il serait toujours de service, mais plus de patrouille, ce qui signifiait qu'il allait se rendre dans les villages aux alentours pour s'assurer que personnes n'avait besoin d'aide ou les aider le cas contraire. Et il n'aurait plus Bud sur le dos ! Restait à espérer que leurs remplaçants soient à l'heure et les attendaient déjà...
Heureusement, c'était le cas. Avant d'entamer la dernière descente, il aperçut une chevelure jade en bas, lui indiquant que Syd, le jumeau de son camarade, les attendait. Fenrir était à ses côtés, silencieux comme à son habitude. Il commençait à peine à accepter la compagnie des hommes et non celle des loups mais il restait quand même très effacé, ne parlant que quand c'était nécessaire et observant ses compagnons le reste du temps. Mais il n'était pas questions de le sous-estimé pourtant !
- Rien à signaler ? Demanda Syd quand ils furent face à eux, un peu essoufflés par leurs descente mais content tout de même que cela soit finit.
- Rien ! S'exclama Bud. Nous avons fait le tour de...
Derrière lui, Mime roula silencieusement des yeux, déclarant ainsi aux deux autres que le seul danger des environs était le bavardage incessant de Bud. Syd eu un léger sourire pour signifier qu'il avait compris le message, tout en écoutant d'une oreille distraite son frère pour pouvoir lâcher dès que son souffle se fut tarit:
- Et bien, nous allons y aller...
- Passer près des ruines, leur lança Mime alors qu'il s'éloignait avec son silencieux partenaire. C'est le seul endroit où nous n'avons pas été.
Le guerrier de Zeta hocha brièvement la tête avant de disparaître à leurs vues. Sans prêter plus attention à Bud qui avait recommencé à parler et qui manifestement allait lui demander la permission de le suivre dans les villages, il tourna les talons et partit, ne tenant compte d'aucunes des politesses élémentaires envers les Gods Warriors. Il lui demanderait de l'excuser ce soir, mais là, il savait que si Bud avait eu le temps de formuler sa requête, il n'aurait pas pu la lui refuser. Il aspirait au calme...
La fin de l'après-midi approchait à grand pas. Mime profitait de ses derniers instant de solitude avant la soirée à venir sur les remparts Nord du Palais. Assis sur les créneaux, le regard perdu dans les montagnes au loin, les genoux repliés contre sa poitrine et sa harpe sur le sol à portée de main, il songeait. À tout. À rien.
Ses heures de « services » étaient passés rapidement. Il y avait eu une chute de neige dans un des villages les plus éloignés et plusieurs maisons en avaient souffert. Il avait donc passé la journée à déblayer avec les villageois, même quand ses heures de travail avaient pris fin. Il n'allait quand même pas leur dire de finir seuls et partir en les laissant ce démerder ! Et puis, entre s'isoler et ruminer des idées noires et les aider, il préférait la seconde solution. Il était partit tard mais cela avait eu au moins l'avantage de lui éviter de se joindre aux autres. Alors que ses derniers se battaient amicalement entre eux, il avait contourné l'aire d'entrainement pour venir ici. Un peu de calme pour pouvoir affronter la fin de la journée...
Attrapant sa harpe, il entama machinalement le requiem qui berçait son existence depuis de longues années. Ses yeux se fermèrent alors que ses doigts parcouraient de façon automatique les cordes de son instrument. Il aurait voulu pouvoir faire comme ses notes de musique... Naître pour mourir dans la seconde qui suivait, se laisser porter par les vents pour transmettre sa mélodie, être capable de faire sourire ou de faire pleurer grâce à son chant... Mais il était homme et obligé de rester sur la terre ferme. Obligé de supporter Asgard jour après jour...
Il revit son père lors de ses entrainements. Dur, brutal, sauvage... Et pourtant si doux pour soigner ses blessures, si attentif quand il lui racontait ses journées d'enfant... Deux visages pour le même homme... Et puis, il avait appris la vérité. Ses vrais parents assassinés par l'homme qu'il croyait être son père. La mort qu'il lui avait donné... Son père voulait juste qu'il devienne un Guerrier Divin respectable ! Et lui, il n'avait pas réussi à protégé le royaume d'Asgard comme il le voulait... Il était mort...
Le noir...
Le froid...
La douleur...
Ses pleurs et ses cris en Enfers alors que toutes les fautes qu'il avait commises lui étaient renvoyés à la figure...
Parricide...
Traitre...
Assassin...
Il n'avait pas accepté son retour à la vie comme les autres. N'était-ce pas normal de payer pour ce qu'ils avaient fait ? Ses péchés ne pouvaient espérés être lavés dans sa souffrance. Pourquoi les autres ne le comprenaient-ils pas ? Comment faisaient-ils pour vivre ?...
Ses camarades acceptaient si facilement cette renaissance... Alors que lui... Combien de jours avait-il passé à leur retour, assis à regarder le vide sans un mot ni geste ni même un seul contact avec la réalité ? Il avait conscience de l'inquiétude de ses frères d'armes mais qu'y pouvait-il ? Ses fautes ne pouvaient être pardonnées ! Pourquoi était-il obligé de revenir et de souffrir encore de ce qu'il avait fait ?...
Hagen l'avait surement sauvé. Il s'était assis à côté de lui un jour et s'était mis à parler lentement. Il lui avait dit combien il avait souffert de s'être battu contre Hyoga, d'avoir blessé Flamme... Au début, il n'était pas sûr qu'il l'écoutait vraiment et puis Mime avait légèrement tourné la tête pour le regarder. Son premier vrai mouvement depuis des jours ! Encouragé, Hagen avait continué, sautant d'un sujet à l'autre mais parlant toujours de sa douleur sans le lâcher des yeux. Il ne s'était tu qu'en fin de journée, la voix brisée et sèche d'avoir tant parler...
On aurait presque pu croire que ses efforts avaient été vains. Le harpiste avait reporté son regard dans le vide comme s'il n'existait pas. Pourtant, intérieurement, il réfléchissait. Et soudain, une décharge traversa son corps quand il comprit. Bien sûr qu'il pouvait vivre à nouveau ! Il devait profiter de cette vie pour réparer ses erreurs ! Faire en sorte que son père adoptif ne soit pas mort en vain, devenir le guerrier dont il pourrait être fier et protéger Asgard comme lui l'avait fait !
Il avait croisé les bras sur sa poitrine et s'était mis doucement à pleurer, évacuant ainsi le trop plein d'émotions dans lequel il se débattait ses derniers jours... C'est à peine s'il sentit Hagen le prendre dans ses bras pour le serrer contre lui tandis que son Cosmos, qui était inexistant depuis leur retour, s'enflamma soudain, signifiant aux autres que le God Warrior avait réussi. Mime de Benetnash était de retour.
Il avait cependant fallut attendre 24 heures de sommeil avant que leur camarade ne recommence à se joindre à eux, sourire aux lèvres. Un sourire de façade...
Il y avait des périodes où il était triste et d'autres où il était joyeux. Et même s'il paressait heureux, ses amis n'étaient pas dupes. Mais Mime ne se confiait pas à eux. Ils ne pourraient pas comprendre...
En fait, tout son caractère depuis quelques temps était rythmé par lui. Il lui suffisait d'un sourire de sa part pour qu'il soit aux anges tout le reste de la journée – et la nuit car il y avait de fortes chances alors pour qu'il le rejoigne. Au contraire, quand il ne le voyait pas, ses journées étaient trop longues, fades... Il ne vivait plus que pour le voir, le toucher, le sentir... Mais c'était des moments rares, une tendresse qu'ils vivaient caché car peu de gens étaient à même de comprendre cet amour... Et ses moments étaient d'autant plus rares qu'ils n'étaient pas nécessairement au Palais en même temps...
Mime était fou amoureux. D'un autre homme qui avait le même amour pour lui. Il le savait... Ils détestaient leurs séparations plus ou moins longues. Ils détestaient être obligés de faire semblant de rien quand ils se croisaient dans la journée. Il n'y avait que la nuit qu'ils pouvaient être eux-mêmes, dans sa chambre aux murs de pierres épais... Des nuits bien trop courtes...
Le harpiste pouvait dire qu'il ne vivait que pour leurs moments ensemble. Quand ils ne se voyaient pas, il portait un masque, faisait semblant d'être heureux, travailleur et charmant. Mais il ne dormait presque pas la nuit, loin des bras chaud et protecteurs de son amant, et rien n'avait vraiment d'intérêt à ses yeux dans la journée. Alors que ses sourires étaient véritable et ses nuits paisibles quand il le savait proche...
Mais dans un pays aussi froid et inhospitalier comme l'était Asgard, l'homosexualité était mal acceptée. Il fallait des enfants pour remplacer ceux qui mourraient faces aux rudesses des hivers, des enfants pour aider leurs parents à survivre... En gros, il fallait une descendance pour renouveler le peuple du royaume. Et comment ce serait possible avec des couples homosexuels ?... C'était l'une des principales raisons qui faisait que personnes n'étaient au courant. C'était lui qui l'avait demandé et il avait accepté. Car seul son bonheur comptait pour lui...
Mais son bonheur était en miette à cet instant. Cela devait faire maintenant plus de trois semaines qu'il ne l'avait pas vu... C'était long, trop long... Il voulait pouvoir se réchauffer dans ses bras, il voulait pouvoir embrasser ses lèvres si douces et sa peau si tentante, il voulait...
- Mime ?
L'interpellé ouvrit les yeux pour regarder l'homme qui se tenait à ses côtés. Les notes de musique se turent et Mime prit soudain conscience que la nuit était tombé depuis longtemps. Depuis combien de temps était-il ainsi perdu dans ses pensées, laissant le son de son requiem perturber la nuit ? Si on en croyait les odeurs de nourritures qui lui parvenaient, au moins deux heures...
- Oui Hagen ?
Son ami resta un moment silencieux, l'observant de ses yeux bleus, semblant presque lire au fond de son cœur. Puis, il déclara doucement:
- Ça ne va pas.
Ce n'était pas une question, plutôt une affirmation. Ce qui n'empêcha pas Mime de plaquer sur ses lèvres son faux sourire joyeux et de répliquer:
- Bien sûr que si !
Sa voix tremblait légèrement pourtant mais il y avait peu de chances pour que Hagen le remarque. Enfin, normalement...
Si son camarade ne fit aucunes remarques par rapport à son mensonge, il avança la main vers lui pour lui caresser la joue. Le geste surpris le harpiste qui abandonna son sourire pour écarquiller les yeux. Jusqu'à présent, seul l'homme qu'il aimait avait fait ceci un jour et il trouvait bizarre que son frère d'arme le fasse aussi. Et si c'était pour lui faire comprendre qu'il avait des sentiments pour lui ? D'accord, c'était bien peu possible mais bon... Qu'est-ce qu'il ferait dans ce cas-là ? Son cœur lui appartenait !
Il n'avait jamais réfléchit au problème dans ce sens-là. D'accord, lui savait qu'il l'aimait... Mais comment réagirait-il si quelqu'un, d'autres lui avouait ses sentiments ? Pas spécifiquement un homme ! De nombreuses familles lorgnaient sur les Guerriers Divins en espérant pouvoir les marier à leurs filles. Il aurait été impoli de refuser une offre de ce genre-là, pourtant, ce serait ce qu'il ferait sans hésiter, quitte à se mettre tout le royaume sur le dos...
Heureusement, la main de son ami ne resta pas longtemps et ce fut quand elle quitta sa joue que Mime réalisa que le geste de Hagen avait simplement été réalisé pour s'assurer que c'était bien des larmes qui avaient trempés ses joues.
Depuis quand pleurait-il donc ? Concentré sur ses pensées, envoûté par son requiem, il n'avait même pas remarqué qu'il s'était mis à pleurer. Il était si désespéré d'être éloigné de son amour qu'il n'était même plus capable de retenir ses larmes...
- Mime... Commença Hagen.
Mais son compagnon avait déplié ses jambes pour se mettre debout à ses côtés. Un bref étirement plus tard et il s'éloignait déjà, lançant juste par-dessus son épaule avec un rire:
- Si on arrive après Thor, on n'aura plus rien à manger ! Dépêche-toi !
Hagen secoua la tête avec un léger sourire. Il pouvait comprendre que son ami ne veuille pas parler de ce qui le tourmentait mais il n'aimait cependant pas qu'il s'isole ainsi d'eux. Il agissait déjà comme ça avant sa mort, cachant sa haine et souffrant silencieusement. Il ne voulait pas que ça recommence...
- Hagen !
- Je viens !
Il se dépêcha de rejoindre Mime. Il trouverait le moyen de lui rendre véritablement le sourire plus tard...
Mime, quand à lui, essayait de se donner un peu de courage. Ce n'était que deux bonnes heures... Un repas et quelques temps dans la salle principale à écouter les conteurs... Après, il pourrait retrouver sa chambre et retourner à sa solitude... Juste deux heures... Ce n'était pas trop long...
Pas trop long ! Il avait pensé qu'il pourrait être au calme rapidement ! C'était rêver ! Il était resté le double de ce qu'il voulait ! Si ce n'était pas abuser...
Pourtant, tout était allé bien. Le repas s'était déroulé dans le calme et la bonne humeur et c'était sous des rires et des applaudissements que les bardes étaient entrés. Lui-même était prêt à s'éclipser à la fin de la quatrième chanson quand Albérich – qui n'était plus très sobre – avait lancé que Mime était meilleur conteur qu'eux. Si les troubadours n'avaient fait aucunes remarques, les autres Gods Warriors avaient quasiment poussé Mime pour qu'il prenne leur place.
Le Guerrier de Eta avait d'abord fermé les yeux. Jouer son requiem ? Sa mélodie ne convenait pas vraiment à l'ambiance. Si lui-même ne partageait pas la joie de ses amis, il n'avait pas envie de leur gâcher la leur. Car s'il se servait de sa musique comme d'une arme, il n'en appréciait pas moins de jouer...
Rouvrant les yeux, il avait commencé avec une certaine tendresse à jouer avec sa harpe une mélodie envoûtante. L'air qu'il jouait se prolongea quelques minutes mais il fut suffisant pour faire tomber le silence dans la salle.
Puis Mime s'était mis à chanter.
Il le faisait rarement, préférant la sonorité de ses notes à celles de sa voix. Pourtant, il n'hésita pas une seule seconde, chacune de ses paroles résonnant sur les murs de pierres. Le temps sembla se suspendre et même les serviteurs n'osaient plus bouger. La chanson requérait l'attention de chaque sens et le moindre bruit aurait brisé la magie du moment...
- C'est l'histoire de la belle Brunehilde, jadis Walkyrie, déesse vierge et immortelle, qui abandonna son statut pour se rallier à la cause des hommes...
Et Mime chanta, plus pour raconter une histoire que dans les années passées, racontant comment la déesse était devenu mortelle pour aider Odin et une branche de sa descendance. L'histoire était à la fois belle et triste car si elle y trouvait l'amour, elle fut à jamais séparé de ses sœurs. Pourtant, le chant n'appelaient pas à la tristesse et même l'évocation de l'Anneau des Nibelungen ne fit pas disparaître l'atmosphère joyeuse de la salle.
Mime lui-même oublia pour un temps sa tristesse. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et l'histoire se termina avec la voix du conteur. Comme éveillé d'un rêve, l'ovation avait été exceptionnelle...
Mais après cela, il lui fut impossible de s'éclipser discrètement, ce qui expliquait ce retour tard dans ses quartiers. Il tituba légèrement en entrant enfin dans sa chambre, non pas à cause de l'alcool – il ne buvait pas – mais de la fatigue. Il envoya son armure se recomposer dans un coin de la pièce, lança négligemment sa harpe sur le fauteuil et s'approcha du feu... Qui n'aurait pas dû brûler.
Il était certain que le feu était éteint ce matin, il ne tenait jamais la nuit... Et personne n'avait le droit de venir dans sa chambre et lui-même n'y était pas retourné... Conclusion très logique, quelqu'un était entré pour l'allumer. Pas un serviteur du Palais, tous obéissant. Mais un assassin – il y avait bien des assassins au Sanctuaire, non ? - n'aurait pourtant pas commis l'erreur grossière de faire remarquer sa présence... Et puis d'abord, pourquoi vouloir le tuer ?
Pas très rassuré, mais pas terrifié non plus, Mime s'approcha du fauteuil pour y récupérer son instrument... Mais deux bras puissants jaillir de l'ombre pour lui entourer la taille et plaquer son dos contre le torse de leurs propriétaires.
- Que... ?
Le Guerrier Divin se raidit, prêt à se débattre pour échapper à son adversaire, quel qu'il fut ! Puis, il réalisa qu'une seule personne pouvait être dans sa chambre à cette heure-là...
Rassuré, il ferma les yeux, laissant la chaleur qui se dégageait du corps derrière lui le réchauffer, respirant cette légère odeur de sable chaud et de sel qui le caractérisait tant...
- Tu m'as fait peur...
- Désolé, murmura une voix près de son oreille avant de déposer un léger baiser sur sa nuque. Tu dois vraiment être fatigué pour ne pas avoir senti ma présence...
Mime ne répondit pas, se laissant doucement aller au calme et à la sérénité. Ses peurs et ses doutes, sa fatigue et sa douleur, tout ce qui avait miné son moral ses dernières semaines semblaient s'envoler d'un seul coup, chassé par sa seule présence. Il se laissait peu à peu gagné par la torpeur, comme si le sommeil cherchait à se faire pardonner de l'avoir fui ses derniers temps. Tant qu'il serait dans ses bras, il irait bien...
Il se sentit doucement allongé et comprit que son amant l'avait couché dans son lit. Oui, il devait vraiment être fatigué pour ne pas avoir senti le mouvement avant que son corps ne fut en contact avec le matelas. Ce qui ne l'empêcha pas de s'agripper fermement à sa main pour être sûr qu'il ne le quitte pas.
- Comme si je comptais partir, chuchota-t-il avant de se glisser à ses côtés et de le prendre dans ses bras.
Mime soupira légèrement de bonheur, savourant se retour tant attendu et ne résistant pas à l'envie d'embrasser la gorge qui lui faisait face, arrachant par la même occasion un léger frisson à l'homme de sa vie.
- Tu m'as manqué...
- Toi aussi... Je ne voulais pas rester absent aussi longtemps...
Mime le savait. Ils détestaient tous deux leurs séparations.
- Tu restes longtemps ?
- Une semaine. Mais il y a de fortes chances pour qu'on se voie encore deux semaines après. Au minimum.
Le musicien sourit largement. Trois semaines pour compenser son absence... Se redressant, il embrassa cette fois-ci les lèvres si douces de son vis-à-vis. Léger et bref mais démontrant tout son amour... Il s'appuya ensuite sur un coude pour l'observer sans se départir de son sourire:
- Tu es toujours aussi beau, Kanon...
- Mon ange des neiges, personne n'est aussi beau que toi, répliqua l'ambassadeur en lui rendant son sourire... Et son baiser mais avec une passion non-dissimulé.
Mime rougit légèrement, de joie et de plaisir. Leur nuit ne faisait que commencer après tout...
- Je t'aime tellement...
A suivre...
Merci beaucoup de m'avoir lue ^^
Tiny ~
