Merci à Whitewolf pour la correction.

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Ma très chère Hermione,

Cela fait aujourd'hui six mois que nous ne nous sommes pas vus. Tu me manques énormément. Si tu étais là, j'avancerais certainement plus vite dans mes recherches. Parfois, je me surprends à regretter d'avoir refusé de t'emmener, mais tu sais combien cette quête est périlleuse.

Grâce au Polynectar que tu m'as envoyé dernièrement, je suis allé rendre visite à Mr Barjow et j'ai pu lui poser quelques questions sans éveiller ses soupçons – du moins je l'espère. Je me suis fait passer pour un client, un riche collectionneur passionné par les objets ayant appartenus aux plus anciennes familles de sorciers.

Ce qu'il a essayé de me vendre ne m'intéressait évidemment pas, mais il n'a pas pu résister à l'envie de fanfaronner sur le fait qu'il avait un jour vendu un médaillon ayant appartenu à Salazar Serpentard. Je lui ai posé des questions, mais tout ce qu'il m'a dit sur ce médaillon, je le savais déjà – notamment qu'il l'avait obtenu pour une bouchée de pain auprès d'une fille enceinte qu'il pensait être une voleuse.

Avant que je ne m'en aille, il m'a dit que puisque je collectionnais les objets ayant appartenus aux anciennes lignées, je serai probablement intéressé par la marchandise que proposait – devine qui – Mondingus Fletcher. Il m'a dit où il s'était réfugié, j'y ai couru.

Comme tu le sais, Mondingus est en sale posture maintenant que l'Ordre a été dissout et que Dumbledore n'est plus là pour veiller à sa petite sécurité. Il s'est exilé en Espagne et n'a pas perdu de temps à remonter ses petites affaires douteuses. Je l'ai trouvé dans un bordel de Cordoue. Il avait l'air bien misérable, crasseux et puait l'alcool. Beurk !

Tu te souviens de la dernière fois où nous l'avons vu ? Il traînait avec lui toute l'argenterie des Black qu'il avait pu récupérer après ménage que nous avions fait en été. Comme je n'ai pas pu régler nos comptes à l'époque, je m'en suis donné à cœur joie…

Bien sûr, comme j'étais toujours sous l'effet du Polynectar, il ne m'a bien sûr pas reconnu – j'avais pris soin d'en reprendre avant de partir, et d'ailleurs, pourras-tu m'en envoyer un peu plus, la prochaine fois ? Je risque d'en avoir encore besoin. Bref, il m'a dit qu'il ne vendait plus rien, que le marché noir, il avait définitivement tiré un trait dessus pour se consacrer à d'honnêtes activités. Mensonges bien sûr, il avait un médaillon sur lui, le dernier objet de Sirius qu'il n'avait pas encore réussit à refourguer- je ne sais pas si tu te souviens, c'est le médaillon que nous n'avions pas réussit à ouvrir et qui a été balancé avec les autres « ordures » dont Sirius voulait absolument se débarrasser.

Bon, bien sûr, Mondingus n'a pas voulut me le vendre et j'ai été obligé de le menacer de le faire rapatrier en Angleterre dans une boîte en bois. Du coup il me l'a donné. Il est gentil le petit quand il veut. Maintenant, aussi moche que soit ce médaillon, je le garde toujours dans ma poche – c'est en quelque sorte un souvenir de Sirius, après tout.

Enfin voilà, je suis rentré, et je me réside actuellement dans l'auberge d'un minuscule village perdu du Pays de Galles. C'est sombre et miteux ici, mais au moins, on ne pensera pas à venir m'y chercher. Et je n'y resterais que quelques jours.

J'ai été surpris et très touché par ta dernière lettre. Je l'ai lue et relue, le cœur serré. J'ai souvent pensé aux mots qu'elle contenait le soir, quand le sommeil ne venait pas. Je n'ai pu m'empêcher de me dire qu'il y avait erreur sur la personne que ta lettre n'était pas pour moi mais pour quelqu'un d'autre.

Je ne sais ce que serait ma vie sans toi, Hermione. Il est vrai, je l'avoue, que je te trouvais un peu prétentieuse au début, lors de notre première année. Mais les sarcasmes venaient surtout de Ron, moi, je me contentais d'approuver bêtement. Et puis il y a eu l'épisode du troll. Un jour béni, selon moi, et je le pense vraiment.

Combien de fois ne m'as-tu pas aidé ? Tu es quelqu'un de brillant – pour une fois ce n'est pas un professeur qui te le dis. Tu as toujours tout découvert avant tout le monde, tu résolvais toutes les énigmes en un rien de temps, tu pratiquais les nouveaux sorts avec une facilité incroyable. C'est toi qui as résolu l'énigme des potions en première année. C'est toi qui as découvert que le monstre de Serpentard était un Basilic. C'est toi qui as su faire le rapprochement entre les maladies de Lupin et la forme de son épouvantard pour déduire qu'il était lycanthrope…

Et aujourd'hui, tu es toujours là. C'est grâce à toi que j'ai pu avancer autant dans la recherche des Horcruxes. Sans ton aide, je serai en train de patauger lamentablement en perdant un temps infiniment précieux.

Il est vrai qu'avec le temps, je me suis beaucoup attaché à toi. Mais je crois que cela n'a jamais pu dépasser le stade de l'amitié à cause de Ron. Vous vous tourniez autour, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais ce crétin n'a pas été fichu de faire le premier pas. Enfin je ne vais pas le blâmer, je ne suis pas vraiment mieux. Mais vous passiez votre temps à vous disputer, comme si chacun en voulait à l'autre de ne pas se déclarer. La situation était pénible, aussi bien pour vous que pour moi, et je suis soulagé de savoir que tu aies enfin tourné la page.

Je suis très touché des sentiments – nouveaux ? – que tu me portes, mais quand bien même ces sentiments seraient réciproques, une histoire entre nous serait impossible. Pardonne-moi ces mots, je sais qu'ils te feront beaucoup de peine, et je m'en veux énormément.

Soyons honnêtes l'un envers l'autre. Il reste encore trois Horcruxes à détruire : le médaillon, le serpent et l'objet mystérieux dont nous n'avons toujours pas découvert la nature. Autrement dit, il reste encore beaucoup à faire et le pire reste à venir.

Durant notre scolarité, tu m'enseignais plus de choses que des professeurs comme Rogue ou Binns pouvaient arriver à faire entrer dans ma tête. Grâce à toi, je maîtrise des sorts qui pourront m'être utiles, grâce à toi, je suis mieux préparé. Mais contrairement à ce que tout le monde pense, je ne suis qu'un sorcier banal. Que puis-je réellement faire face à des pouvoirs et à une expérience que Voldemort a mit plus d'un demi-siècle à rassembler ?

Tu sais, il m'arrive de douter. Souvent, même. Evidement, je me pose beaucoup de questions, elles tournent dans ma tête sans arrêt. Jusqu'à présent j'ai eu de la chance que Voldemort ne découvre pas que je me suis mis en tête de détruire ses précieux trophées. S'il l'apprend avant que je n'aie achevé ma tâche – et il y a de fortes chances – tout sera définitivement perdu.

J'ai essayé d'élaborer un plan qui me permettrait de mettre des bâtons dans les roues de Voldemort, même une fois… Enfin tu vois. Mais pour le moment je dois rester très discret pour la raison évoquée plus haut.

En fait, dès que j'aurai détruit le dernier Horcruxe, je compte crier partout que Voldemort est redevenu mortel. Je pense que malgré sa très grande puissance, beaucoup reprendront espoir. Peut-être que les Mangemorts eux-même s'attaqueront à leur maître, soit pour tenter de prendre sa place, soit pour se venger de leurs années d'esclavage. Enfin, ce n'est pas vraiment sur ces derniers que je compte, ne nous faisons pas trop d'illusions.

En fait, il est très probable qu'aussitôt Voldemort se lance à ma poursuite pour me faire taire, sachant que ce serait aussi l'occasion pour lui d'asseoir sa supériorité et rappeler à tous que même mortel, il reste puissant. Je me battrais, bien sûr, mais si je… tu vois… j'espère pouvoir compter sur un successeur. Il y aura bien quelqu'un, quelque part qui soit suffisamment courageux et suffisamment rusé pour mettre un terme définitif aux agissements du Seigneur des Ténèbres.

Pour cela, Hermione, je t'en conjure, ne t'attache pas à moi. Ne te laisse pas emporter par ces sentiments, ils te détruiraient lentement mais inexorablement. Je vois un avenir noir, mais je sais qu'un jour, l'aube percera à nouveau à travers ces épais nuages. Je ne serais pas là pour y assister, mais je veux que toi tu puisses voir la fin de cette guerre. Je veux que tu puisses avoir la chance de vivre dans un monde de paix et y être heureuse. Tu auras un métier glorieux où tu pourras t'épanouir. Peut-être auras-tu l'occasion de tomber amoureuse d'un homme qui vaut mieux que moi et que tu te marieras avec lui, que tu auras un petit bout de chou qui te ressemblera.

J'espère que tu comprends que je ne peux pas t'offrir le bonheur que tu mérites. Mais je peux essayer t'aider à trouver ce bonheur en participant à la destruction de Lord Voldemort.

Amitiés,

Harry

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A SUIVRE