EDIT : J'ai retouché légèrement le texte en vue d'une impression en mode fanzine (le scandale n'a plus de limite) je remet la version finale ici, mais c'est grosso modo la même chose.

Bonsoir, chèr-e-s camarades de ship.

Je m'attendais à une vague incontrôlable de fic après le dernier Analyse de Pub et... Et non ! Trop choquée et déçue. Cela dit, j'ai sauté le pas. J'espère que ça vous plaira.

Cette présente fic est entièrement terminée en 4 chapitres et un (trop) long épilogue, je posterai un chapitre par semaine.

Rating T parce que le langage, les psychotropes, le drama, l'humour naze, toussa.

J'aime bien mettre des sons en liens donc chaque chapitre aura son "thème musical" (tout est sur youtube !)

On commence par "Plaid – Do Matter"

Les personnages ne m'appartiennent pas et leurs propriétaires le demande je supprimerai bien évidemment cette fic douteuse.

Sur ce, kiffez bien les khey.


Chapitre 1 : Nouvelle Lune

C'était la canicule, l'air était étouffant malgré la fenêtre entrouverte qui laissait filer une brise. Il était 5h17 du matin quand JDay vit son portable s'illuminer. Sa chambre était peu éclairée, ses pupilles dilatées par la fatigue et des cernes apparaissaient sous ses yeux. Seuls les cliquetis de la manette accompagnait la musique d'un énième hack de Super Mario 64. C'était un saut précis. Un goutte de sueur perlait sur son front, ses mains étaient moites. S'il mourrait ici, il lui faudrait refaire le niveau depuis le début. Niveau extrêmement long bien sûr, sinon c'est pas drôle. Il prit une grande inspiration et appuya sur le bouton, se lançant enfin.

– Allez, ça va pass... murmura-t-il pour lui même, interrompu par le vibreur de son portable qui le fit sursauter. Le rire de Bowser accompagna sa chute. Le joueur siffla d'exaspération.

– Évidemment.

JDay jetta un coup d'œil agacé à la source de son échec.

SMS de " ". Tss qu'est-ce qu'il voulait, celui-là, à cette heure-ci ?

"mec jpp jeux mor"

JDay répondit silencieusement en relevant un sourcil. Il était perplexe, tant par l'utilisation de "jpp" que par l'absence de sens des quelques mots sous ses yeux. Il avait pourtant fait "français-approximatif-du-net" comme LV2.

La réflexion laissa place à l'indifférence il avait un jeu à finir, il n'avait pas le temps de chercher.

Un deuxième bruit de vibreur retentit.

"je vemveeve"

Passablement agacé, le joueur répliqua promptement un "Mec, je pige rien à ce que t'écris."

"je;peu;pa;,m;izi"

La blague. Il était juste rébou en fait.

"IZI MONEY IZI LIFE TMTC" tapa JDay qui avait abandonné toute envie de comprendre.

De toute façon, il avait la flemme de refaire ce niveau, et pour une fois, il était crevé. L'autre margoulin n'avait qu'à faire le gros lourd bourré demain (enfin, plus tard quoi).

Le portable vibra une nouvelle fois et tira JDay du sommeil dans lequel il sombrait doucement. Après avoir soupiré un grand coup, le barbu tendit mollement la main vers le sol. Il chercha l'odieux appareil à tâtons dans le but de l'éteindre. Mais, face à l'écran, le nouveau SMS capta son attention.

"je vé cerver puain"

Bon, s'il était pas con, en inversant les "r" et "e", ça donnait "crever".

Son acolyte était premièrement, et il l'avait bien compris, dans un état second mais deuxièmement, en bad total.

Il lutta contre l'engourdissement, l'inquiétude le réveillant un peu, dans le but de passer un coup de fil, histoire de s'assurer de son état.

Ça sonnait. Longuement. Chacune des sonneries éloignait un peu plus le calme de son esprit. Un bourdonnement las résonna. Julien ne parlait pas mais on entendait clairement qu'il avait décroché.

– Allo, mec ? Ça va pas ?

Un soupir étouffé lui répondit, suivi d'un hoquet angoissé. Bon. Julien était dans le mal, mais aucun bruit ne l' n'était visiblement pas en soirée et il était 5h53. La "nuit" allait être longue.

– T'es où ? Je viens te chercher, lança le JDay.

– …

– 'Fais pas le gosse, je vois bien que tu es en plein décès, je te laisse pas comme ça, dis-moi où t'es.

– chuchémoi.

– Ok, t'es tout seul ? T'as pris quoi pour te retrouver dans cet état ?

– viensteup

– Bon, bah, j'arrive, 'fais pas de conneries avant que je sois là.

– oké

– Même après, en fait.

Sur ces mots, il raccrocha, souffla un bon coup et tituba paresseusement jusqu'au frigo. Il y attrapa une canette de boisson énergisante et la bu d'une traite. Une fois rhabillé, il mit machinalement sa casquette à l'envers avant de quitter son appartement.

Dehors, le jour commençait à se lever. Rien de plus déprimant que de voir l'aube après une nuit blanche. C'était la promesse d'un réveil au crépuscule, la lassitude l'envahissait déjà. Dire qu'il avait presque réussi à se recaler…

Une grosse demi-heure après le coup de fil, le soleil était bien levé. Ébloui par ses rayons, JDay se protégea les yeux d'un revers de main. Il rit intérieurement de son geste en se souvenant ensuite de l'utilité première d'une casquette, avant de remettre la sienne à l'endroit. Autour de lui et malgré les vacances d'été, des passants allaient au boulot, encore dans les vapes d'un réveil à l'aube.

Il arriva devant l'immeuble où logeait son comparse et prit une grande inspiration pour se préparer à affronter l'état de son acolyte. Une fois calmé, la sonnette retentit. Le brun bâilla rapidement en attendant que Julien n'arrive.

Le battant s'ouvrit, découvrant un jeune homme blond-un-peu-roux-un-peu-châtain-on-sait-pas-trop en simple bas de jogging. Il était coiffé de son fameux chignon et ses non moins fameuses lunettes de soleil. Un malaise s'installa. Après quelques secondes, Monsieur Connard brisa le silence.

– T'as mis tune casquette alors qu'il faisait encore nuit y'a un quart d'heure ?

– Tu portes des lunettes de soleil, mec. En intérieur. Je me permet de te faire remarquer que niveau "item bien inutile" tu te pose là.

– J'ai les yeux ken, dit le concerné se massant les yeux avec deux doigts, soulevant légèrement les montures.

– On dirait que ça va mieux que tout à l'heure en tout cas.

– J'ai dessoûlé. Entre.

JDay se passa rapidement la main sur le visage, tant par agacement d'être potentiellement venu pour rien que par fatigue.

– On se prend une bière ? lança Julien en désignant le clic-clac à son invité, l'invitant implicitement à s'asseoir.

– T'es sûr que c'est une bonne idée, là ? demanda JDay, se vautrant dedans.

– J'essayais juste d'être accueillant, mec.

Les volets fermés plongeaient le studio dans l'obscurité. Quelques lampes çà et là créaient une ambiance tamisée, teintant la pièce d'une lueur orangée. L'analyste avisa la table basse devant lui le portable de Julien, des bouteilles de bière vides et leurs capsules, un cendrier affichant complet, un vieux magazine de Chasse et Pêche déchiré pour faire des toncars, un tract pour appeler "le professeur SIDIYA célèbre voyant, medium et exorciste du Burkina Faso" et un livre sur Kubrick. Un désordre relatif mais représentatif.

– Tu peux virer tes lunettes, je vais pas juger tes yeux.

– Mouais...

L'hôte rejoignit le convertible à son tour et ses lunettes, elles, le désordre sur la table. JDay ajouta finalement sa casquette au chaos, posa ses coudes sur ses genoux et tourna la tête vers M. Connard, une main soutenant son menton.

– Si tu me disais ce qui s'est passé, du coup ?

– Bah en fait... Bah en fait pas grand chose.

JDay acquiesça avec un air dubitatif, invitant silencieusement son ami à développer.

– Chépa, j'étais à une soirée avec des potes, tranquillou, à danser sur de la musique beaucoup trop forte, quelques coups dans le nez, toi-même tu sais. J'ai trop bu, j'ai badé, pas de quoi faire un story time.

– Crache le morceau, il s'est passé quoi ?

– Heeeeeeeysalutàtousleyzamiiiiiiis ! Aujourd'hui, on se retrouve avec une vidéo un peu spéciale, je vais vous raconter ma grosse vie de merde de sale alcoolo cynique !

Sur ces mots les mains de Julien se mirent à trembloter tandis qu'il extirpait péniblement une clope de son paquet. Son sourire ironique mourut doucement en un rictus. Il la porta maladroitement à sa bouche et sortit un briquet de sa poche. JDay ne répondit pas et le regarda tenter vainement d'allumer son cancer en barre, sans savoir si c'était l'anxiété ou le briquet vide qui le faisait galérer. Au bout de quelques dizaines de secondes à le contempler provoquer des étincelles, le brun sortit son zippo et le tandis au fumeur.

– Cimer, remercia le blond comme pour se donner une contenance.

Aux vues de sa performance avec un briquet plein, c'était effectivement l'anxiété le facteur merdifiant.

– Donne, tu vas jamais arriver à l'allumer sinon, dit JDay en enlevant la cigarette de la bouche de son comparse pour la porter à la sienne. Il récupéra le feu dans la main agitée de Julien et fit briller les cendres au bout de son indus'. Il tira une taffe avant de la rendre à l'angoissé. Ce dernier inspira une longue bouffée de fumée, ses traits auparavant tirés semblant se relâcher légèrement.

– Et du coup... ? risqua JDay, Si tu veux pas parler, pourquoi tu m'a appelé ?

– Je t'ai pas forcé à venir, hein. J'ai dessoûlé, ça va mieux, c'est marre.

JDay se passa la main dans la barbe en regardant le sol. Il finit par relever les yeux sur son ami qui, lui, regardait le mur face à eux, le rictus gêné tirant toujours ses lèvres. Le cadreur massa son visage avec la main tenant sa cigarette et aspira une nouvelle bouffée.

– Est-ce que par hasard ça a un lien avec les crises d'angoisses que t'avais au lycée ?

Les commissures des lèvres du fameux Monsieur Connard retombèrent totalement. Il marqua une pause avant de faire des ronds avec sa fumée.

– ...

Son silence était lourd de sens, JDay posa sa main sur l'épaule de son collègue cherchant à capter son regard. Julien tourna brièvement les yeux vers le barbu avant de les replanter sur la table basse avec un mouvement de sourcil dépité. Il porta sa main tremblante à son front, cachant ses yeux.

– J'suis vraiment une victime, putain.

Le spasme de sa main s'intensifia et sa cigarette lui échappa. JDay plongea rapidement pour la rattraper et ainsi éviter de laisser le feu s'emparer du tapis En relevant la tête, il surprit le regard de Julien qui était visiblement assailli d'une nouvelle crise. Il éteignit à la hâte l'indus' dans le cendar bien trop plein et attrapa le blond juste avant qu'il ne fasse un malaise. Malaise qui aurait pu lui valoir quelques points de suture, vu la proximité de la table basse.

– MEC, ça va !? s'exclama le brun dont l'anxiété avait augmenté d'un coup. Il voyait bien que "non ça n'allait pas" mais c'était sorti tout seul.

Julien, pantelant, tremblait énormément dans ses bras. Le contact des mains froides de JDay sur son dos nu le fit d'autant plus frissonner. L'analyste souffla un grand coup et serra plus fort sa prise. L'angoissé avait le front posé au creux de son cou. Tout était trouble autour de lui, il se sentait très confus comme perdu dans un cauchemar.

– Ça va aller Julien, je suis là. Tu vas fermer les yeux et penser à un truc qui t'apaise. Genre... Chépa, la montagne, le lac, une décapotable de fonction, le vent sur ton visage, une sieste couché dans l'herbe, une piscine remplie de champagne…

Tandis qu'il listait des trucs un peu au pif, JDay essayait d'être le plus réconfortant possible tant par la douceur de sa voix que par la force avec laquelle il serrait son acolyte. Cependant ce dernier n'entendait qu'un brouhaha vague et lointain qui n'avait aucun poids face à la tempête qui le traversait. Sa tête tournait tellement qu'il avait du mal a estimer l'espace autour de lui. La prise de JDay lui permettait certes de rester à peu près droit, mais elle était surtout étouffante et oppressante. Il crispa ses mains sur le tee-shirt du barbu et rassembla ses esprits au maximum.

– Lâ... Lâche-moi, c'est… C'est pire, articula-il tant bien que mal.

– Ok, désolé mec... dit JDay, en s'écartant et se demandant si c'était un relent de "j'ai besoin de personne" ou une vraie demande sensée. Il laissa malgré tout sa main sur son épaule ayant peur qu'il ne vacille.

Julien se lassa tomber dans le canapé les yeux écarquillés et le souffle saccadé. JDay se leva nerveusement, partant à la recherche d'un moyen de le calmer. Figé sur place dans un équilibre instable, il cherchait du regard, essayant de ne pas trop bouger pour éviter d'ajouter au stress de son camarade. Son regard capta finalement un sac en papier contenant de l'encens qui traînait sur le bureau derrière eux. Il le vida à la hâte, cassant un bâton dans l'entreprise et murmurant un "putain" entre ses dents serrées. Il l'apporta immédiatement à son ami, pour qu'il puisse y respirer.

Julien regarda JDay s'affairer et lui tendre le sachet, se voulant rassurant malgré l'inquiétude qu'on lisait au fond de ses yeux. Il l'interrogea du regard, toujours haletant, comme pour dire "qu'est-ce que tu veux qu'j'en foutes de ton sac puant l'encens, sale merde ?" mais l'anxiété grandissant, il capitula. Il saisit le sac, toujours malhabile, et y prit une grande inspiration. La forte odeur lui arracha une expression dégoûtée. Après quelques bouffées, il commençait à se calmer un peu. Le coté négatif, c'est que ça lui laissait le répit de penser. Et les idées le submergeaient peu à peu. Les yeux fermés, le parfum entêtant de l'encens plein le nez, il fit abstraction du monde autour de lui. Et notamment d'un certain jeune homme brun, féru de Mario 64.

Les crises d'angoisses lui avait pourri une bonne partie de son adolescence. Un psy, des médocs, du temps, des clopes, un autre psy, des soirées, d'la weed, du sexe... Et il en était toujours au même point, bordel. Quand enfin, il pensait être débarrassé de cette angoisse, voilà t'y pas qu'il se la reprenait sur le coin du pif. Elle et un désir dévorant pour son meilleur ami en prime. Gratos, cadeau de la maison.

Car oui. Ce qui s'était réellement passé plus tôt dans la soirée... C'était une simple pensée. Une phrase toute bête. Une innocente suite de mot qui, au milieu de tout ses potes, l'avait fait s'écrouler dans un coin en haletant.

"J'aurais préféré être avec JDay ce soir, y'a qu'avec lui que je peux être moi-même."

Et lorsque cet enfoiré l'avait pris dans ses bras, une nouvelle pensée l'avait traversé. Moins innocente. La vibration de sa voix dans son corps. Cette envie lui retournant l'estomac quand ses mains rugueuses l'avait touché. Bordel. C'était juste son pote. Son pote un peu négligé qui glandait sur les forums jvc. Son pote passionné par des trucs dont, lui, se foutait. Son pote avec qui il avait joué à chat et regardé ses premiers porno. Son pote introverti, fuyant la foule tandis que lui s'y jetait. Son pote avec qui il pouvait discuter et rire des nuits entières.

Son pote qui était surtout un putain de mec. C'était quoi les bails, là ? Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient nés et là, il fallait que soudainement l'envie de le plaquer sur un lit le prenne ?

Peut-être que c'était la faute de ces saloperies de vidéos, en fait. Toutes ces journées à écrire. À tourner. Toutes ces putains de nuits à monter... Pendant toutes ces heures éclairées par la lune, à se moquer d'un peu tout et rien, s'était installée une promiscuité inattendue.

Le silence, les teh familiaux, les vieilles vannes, les engueulades, les regards complices, les bides et les fous rires, les clopes partagées et les premiers rayons de l'aube tombant sur la barbe épaisse de son collègue. Un truc qui existait vaguement dans un coin de son esprit mais qui n'avait guère de place. Jusqu'à ce soir.

Ces sentiments avaient en fait une putain de place.

Peut-être que c'était pour ça qu'ils avaient un peu de mal à écrire ces derniers mois. Ou plutôt, soyons réalistes, qu'ils étaient "grave québlo sa race".

Peut-être qu'au fond, il l'avait déjà compris. Que lorsqu'un sourire illuminait le visage de son ami, il se sentait fasciné. Que lorsque leurs yeux se rencontraient, quelque chose se tordait dans son ventre. Peut-être que ça le reposait juste de continuer à faire semblant de ne rien voir.

Ils n'arrivaient plus à écrire. Il n'arrivait plus à le voir. Il n'arrivait plus à supporter cette page blanche fadasse et l'odieux brundinet qui tentait vainement de la remplir.

Il avait tout fait pour l'éviter ces derniers temps. Mais ce soir, la vodka l'avait visiblement décidé à sortir du déni. CT mieu avan.

Ce sac lui permettait de laisser tomber toutes ces pensées. Il en avait la nausée mais l'odeur piquante de l'encens couvrait celle, enivrante, de JDay. Il souhaitait à demi-mot que la source de son agonie disparaisse. S'il n'était plus là lorsqu'il ouvrirait les yeux, il pourrait enfin se calmer.

Il prit une dernière grande inspiration, s'exécutant avec appréhension.


#Joie

À la semaine prochaine les girls ! Et n'hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir !