Manoir familial: Campagne Anglaise

DISCLAIMER : le merveilleux monde que j'utilise pour cette fanfiction appartient à JK Rowling et les personnages qui y apparaîtront sont également siens (mis à part les OCs). Je vous souhaite une agréable lecture !

(Je répondrai aux reviews anonymes en fin de page)

Roxane-James


***Chapitre 1***

Je me tenais assise droite comme un « i » depuis plus d'une heure sur un tabouret inconfortable tandis que Gengy, mon Elfe de Maison attitrée, tentait de dompter ma longue et épaisse chevelure blonde argentée sans un mot. Mère lui avait ordonné de faire de moi une « merveille » et si elle ne se jugeait pas satisfaite du résultat, elle se réservait le droit de renvoyer la petite Elfe du manoir familial ce qui, bien entendu, ne la réjouissait guère. Je fermai les yeux, dépitée. Rester immobile pendant de longues et silencieuses minutes avait toujours été un difficile exercice pour moi. Pourtant, mon éducation aurait dû m'y entraîner. Je faisais en effet partie de ce que l'on appelait l'aristocratie sorcière, portant sur mes frêles épaules l'imposant nom de « Allen » qui venait des divines contrées françaises où siégeaient quelques anciennes et nobles familles de Sang-Pur anglaises. Du fait de mon statut social, il était impossible que je fusse écartée des événements mondains tels que les dîners (longs et fastidieux), les bals et les « réunions Sang-Pur ». Autant dire que durant ces plaisantes heures, je me voyais obligée de faire la « plante verte » sur le sofa de la maîtresse de maison, souriant avec hypocrisie aux dires de mon voisin mais ne prenant la parole que lorsque Mère ou Père m'y autorisaient. Stupide étiquette.

Je pouvais cependant m'estimer heureuse d'être la seconde de ma fratrie, Père étant légèrement moins pressant avec moi qu'avec ma sœur aînée, Lucy. A vingt ans à peine, la jolie brune était mariée à un Sang-Pur faisant partie du cercle des « vingt-huit sacrés » (registre regroupant toutes les familles Sang-Pur établies en Angleterre au moment de sa publication) et s'était résignée à abandonner ses études de Médicomagie afin de s'occuper de ses futurs enfants. Après avoir passé sept années dans la Maison Serdaigle, à Poudlard, le nez plongé dans ses livres poussiéreux. Je doutais qu'elle en fut réellement ravie mais n'affichait jamais ses sentiments, que ce soit en public ou en privé. Et sur ce point, je lui ressemblais beaucoup.

- Vous êtes ravissante Miss Athéna, dit Gengy en laçant délicatement le corset de ma robe bleue givrée, de la même couleur que mes yeux encadrés d'une rangée de cils englués de rimmel sombre.

- Merci Gengy, répondis-je en souriant. C'est grâce à tes petites mains talentueuses.

L'Elfe rougit face au compliment et m'incita à me lever alors que la porte de ma chambre s'ouvrait, dévoilant la silhouette osseuse de ma mère. Maria-Louisa Allen était de mauvaise humeur, je devinais sans peine que mes sœurs cadettes, Priscilla et Judith, n'y étaient pas étrangères. Priscilla était âgée de quatorze ans et avait été répartie à Gryffondor deux ans après mon entrée à Serpentard - ce qui avait fortement exaspéré nos parents – et Judith qui venait d'atteindre ses treize ans avait rejoint les bancs de Serdaigle. Toutes les deux étaient extrêmement complices et l'exubérante Priscilla entraînait souvent la calme Judith dans ses manigances... Pour le meilleur ou pour le pire !

- Êtes-vous prête ? s'enquit la maîtresse de maison.

- Oui Mère.

- Approchez-vous que je vous regarde de plus près...

Je m'exécutai en retenant une grimace agacée tandis que ses doigts potelés se promenaient sur mon visage ou mon chignon tressé, une expression approbatrice se peignant sur les traits durs de sa physionomie.

- Votre teint est plus pâle que celui d'un fantôme, déplora-t-elle. Comment peut-on espérer vous trouver un mari si vous avez l'air d'une revenante tout juste sortie de St Mangouste ?!

- Voulez-vous que je repoudre Miss Athéna ? L'interrogea craintivement Gengy.

- Non, soupira Mère, cela n'arrangerait rien. Du reste, je crois me souvenir que Mr Evan Rosier n'aime pas les jeunes filles trop maquillées.

Je fronçais les sourcils. Ainsi donc, mes géniteurs me destinaient à cet abruti d'Evan Rosier ? J'aurais du le soupçonner, le jeune homme se montrait beaucoup trop avenant avec moi l'année précédente. Lui qui pourtant me méprisait depuis que nous avions l'âge de jouer dans un bac à sable. Nous nous connaissions depuis la naissance, étant nés à quelques mois d'intervalle mais ne nous étions jamais adressé la parole si ce n'est pour se lancer des piques au couvert de notre salle commune et cela me convenait tout à fait, je ne supportais pas ses airs arrogants et ses discours de bas niveau sur la pureté de son sang ou encore son petit groupe d'amis qui comprenait d'autres garçons de mon âge comme Regulus Black, Dicken Yaxley ou Rabastan Lestrange pour n'en citer que quelques-uns.

- Ne faites pas cette tête, Athéna, me réprimanda Mère d'une voix glaciale. Evan Rosier est un garçon charmant tout comme le sont ses parents.

- Certainement, répliquai-je d'une voix neutre. Je ne voulais pas vous offenser. Y'a-t-il d'autres prétendants ?

- Il se pourrait que Mrs Black soit également intéressée par une alliance mais je crains que ce ne soit pas réalisable en raison de l'affront que lui a fait son fils aîné, Sirius. Pour se laver de cette impudence, Regulus pourrait bien...

- Oui ? l'encourageai-je à poursuivre.

- Ce ne sont pas des discussions pour une jeune fille, conclut-elle sèchement.

- Bien.

Je soupirai intérieurement, énervée. Je ne désirais en aucun cas être mariée, cela signifiait la fin de ma liberté et, sans doute, l'éclosion de mes secrets. A savoir que je n'étais pas convaincue que la domination des Sang-Pur sur la société sorcière soit une bonne chose. Les moldus ne m'intéressaient pas, je me fichais royalement des nés-moldus, mais je trouvais ce système absurde et il entravait mes souhaits. J'aurais mieux fait de naître homme, être une femme dans une telle sphère sociale était un fardeau continuel.

- Rappelez-vous, faites bonne figure, souriez, si on vous le demande vous pourrez tenter de jouer quelques mélodies sur votre piano enchanté, et n'oubliez pas que vous devez vous montrer digne de votre rang.

- Et de mon nom, ajoutai-je par réflexe.

- Exactement, approuva Mère en touchant délicatement l'une des tresses, symbole de mon appartenance à la famille Allen, qui maintenait mon chignon en place.

- Quand devrai-je descendre ? M'enquis-je en baissant la tête.

- A vingt heures. Nos invités seront présents dès dix-neuf heures trente mais je veux que vous fassiez une entrée remarquée. Je vous quitte, Athéna.

Sitôt ma mère sortie, je poussai un profond soupir et me jetai sur mon lit sans la moindre distinction.

- Que c'est exaspérant toute cette mascarade ! pestai-je à voix haute.

- Miss Athéna désirerait-elle voir Miss Priscilla et Miss Judith pour se remettre d'aplomb ? fit Gengy.

- C'est une excellente idée ! Vous pouvez disposer, Gengy, je te remercie.

*.*.*

Le brouhaha des conversations m'enivrait déjà tandis que je dévalai les premières marches de l'escalier qui menait jusqu'aux appartements privés de ma fratrie et au salon que je devais traverser pour arriver à la Salle de Réception qui donnait sur un somptueux jardin fleuri. Arrivée en bas, je poussai un profond soupir et passai une main leste sur ma robe qui descendait jusqu'à mes pieds, tourbillon de soie bleue argentée, pour vérifier que tout était en place. Au moment où je poussai la porte du salon, je sentis une main puissante agripper à mon épaule légèrement dénudée et je sursautai.

- Athéna Allen... Comment vas-tu ?

Caspian Prewett était bien un des seul Sang-Pur que j'appréciais réellement, aussi accueillis-je son arrivée d'un grand sourire tandis que ses yeux pétillaient de bonheur.

- Très bien et toi ? Je suis enchantée de devoir supporter une soirée qui atteint un degré d'hypocrisie extravagant et je pense que je vais tenter étouffer Rosier ou Black s'ils ne la ferment pas mais à part ça tout va bien, lâchai-je ironiquement.

Caspian éclata d'un grand rire sonore avant de me répondre d'une voix rocailleuse :

- Je te cherchais mais tu n'étais pas dans ta chambre, Gengy m'a dit que tu étais avec Priscilla et Judith.

- Oui, elles arrivent.

Caspian avait un an de plus que moi et était avec Priscilla à Gryffondor, par ailleurs, lorsque ma sœur avait été répartie chez les Rouge et Or, je l'avais sommé d'en prendre soin. Il n'avait jamais faillit à son devoir.

- Alors allons-y.

Il me prit par la main et nous traversâmes ensemble le salon désert jusqu'à la Salle de Réception où tous les regards se posèrent sur nous. Je sentis mes entrailles se serrer mais affichai une expression assurée avant de m'avancer jusqu'à Klaus Allen, mon père, au bras de Caspian.

- Athéna, te voilà enfin ! S'exclama Père. Caspian, je te souhaite la bienvenue parmi nous.

- Bonsoir, Père, répondis-je. Vous vouliez me voir ?

- Va rejoindre les camarades de ton âge, m'intima-t-il en désignant un petit groupe de garçons installés sur des fauteuils disposés en cercle dans un coin de la pièce. J'ai à discuter avec les Rosier.

Je tirais Caspian dans mon sillage, ignorant délibérément ses mimiques affolées. Le Gryffondor avait en horreur la troupe de Black. Evan Rosier, Regulus Black, les frères Lestrange, Rowle et Yaxley nous accueillirent d'un air neutre, tandis que Caspian m'attirait sur un fauteuil et me fit asseoir sur ses genoux. Je ris en croisant son regard faussement meurtrier.

- Bonsoir Allen, commença Yaxley de sa voix puissante, tu es ravissante aujourd'hui.

- Parce que je ne le suis pas les autres jours ? répliquai-je effrontément.

- Nous dirons que l'uniforme de Poudlard ne te met pas forcément en valeur, rétorqua-t-il, un sourire graveleux étirant ses lèvres pâles.

- Dans ce cas, j'ai hâte de retourner à Poudlard, Yaxley. Je serai assurée que ton regard ne porte pas sur moi.

Ma pique sournoise déclencha le début des hostilités et la tension qui s'était installée entre nous se fit plus épaisse. J'affichai un sourire arrogant qui pouvait passer pour poli auprès de mes géniteurs et me tournai vers Regulus Black qui se tenait assis bien droit sur le fauteuil, les mains crispées sur les accoudoirs et le regard flou dirigé vers ses pieds.

- Tu n'as pas l'air très à l'aise, Black.

- Et toi, tu n'as pas l'air de réaliser que nous ne sommes pas à l'abri des regards. Tu devrais être plus prudente...

- C'est une menace ? demandai-je d'une voix sourde.

- Non, un avertissement.

Ses yeux métalliques vinrent heurter de plein fouet mes iris bleus givrés et un sourire dédaigneux rehaussa ses pommettes émaciées. Je ne répondis rien, me contentant de l'observer d'un air neutre.

- Tu veux boire quelque-chose ? S'enquit Caspian en posant sa tête contre mes omoplates.

- Du pétillant, s'il-te-plaît.

Caspian me fit lever et se dirigea d'un pas assuré vers le buffet, tandis que je reprenais ma place sur le fauteuil.

- Miss Athéna !

Une petite voix s'éleva dans mon dos. Gengy, sur la pointe des pieds, s'approcha de moi et me tendit une enveloppe dépourvue de cachet en souriant.

- Ouvrez-la, Miss Athéna. C'est la lettre que vous attendiez depuis plusieurs jours.

- Merci Gengy, la congédiai-je gentiment.

Gengy effectua une petite courbette et disparu dans un « pop » sonore. Je soupesai la lettre et, n'y tenant plus, la déchiquetai en ignorant mes camarades. Une minuscule fiole de potion aigue-marine se trouvait à l'intérieur, accompagnée d'un petit bout de parchemin sur lequel était écrit en rouge vif « n'oublie pas d'où tu viens, fais-en bon usage. Je t'aime. L ».

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Rosier en lorgnant avidement sur le contenu de l'enveloppe.

- Une potion de soins contre la toux, mentis-je.

- Impossible, me coupa Regulus. Elle ne serait pas de cette couleur.

- C'est une nouvelle potion inventée par ma sœur Lucy.

Ma sœur avait en effet confectionné cette potion mais, et je m'abstenais de le dire, non pas pour soigner une irritation de la gorge mais pour se rendre invisible pendant quelques heures. Je la lui avais demandée peu avant les vacances d'été, considérant qu'elle me serait utile lorsque je voudrais me rendre à la Réserve sans avoir à passer par un professeur et en pleine nuit. J'avais en effet découvert une sélection de livres intéressants parmi les rayonnages qui contenait divers sorts de défense particulièrement difficiles.

- J'espère que tu ne mens pas, reprit Rosier d'un ton glacial. Ma future épouse se doit de tout me dire.

- Le mariage n'est pas encore arrangé, Rosier. D'ailleurs, je doute que tu veuilles réellement de moi, tu as déjà tellement de mal à m'adresser correctement la parole...

- Cesse immédiatement tes impertinences, intervint Rabastan Lestrange.

Je l'ignorai délibérément et me penchai un peu plus vers Evan, retenant un rictus méprisant.

- La discussion entre tes parents et les miens comprenait certainement une certaine somme d'argent, glissai-je, furieuse.

- Allons ma chère, croyais-tu seulement que nous allions évoquer la finesse de tes traits et ton excellent rang social ? répliqua-t-il avec dédain.

- Je te déteste, fulminai-je.

- Je sais, répondit-il tranquillement. Mais c'est ainsi que va la vie. Ta place est à la maison, à t'occuper des enfants que nous aurons et lorsque tu seras mienne, je ferai en sorte que plus un mot ne puisse sortir de ta charmante petite bouche...

Je détournai la tête, dissimulant avec peine la colère qui s'emparait de moi et sentis Caspian me tendre ma coupe d'alcool translucide sans un mot. Je m'en emparais avec rage et avalai tout son contenu sans reprendre ma respiration puis je me levai et me dirigeai vers le piano magique qui trônait fièrement au centre de la pièce. Laisser courir mes doigts sur le clavier me calmerait. J'inspirai profondément pour dissiper les brumes de l'alcool qui se propageaient dans mon esprit et ouvris la partition. Lorsque la première note résonna, le reste de l'assemblée se fit plus silencieuse et enfin, une délicate mélodie retentit dans la pièce. Je jouais bien, concentrée uniquement sur le sens des caractères noirs et blancs qui recouvraient les lignes de la portée et oubliant ma frustration et ma colère, bercée uniquement par la musique qui émanait de moi. Je jouai ainsi durant des heures, faisant parfois valser les sorciers et les sorcières et enfin, lorsque les derniers invités disparurent, je m'arrêtais.

*.*.*

Le Chemin de Traverse était bondé ce jour-là. Je devais prendre le Poudlard Express le lendemain et j'avais décidé de faire mes achats de fournitures scolaires la veille de la rentrée. Je sortais de chez Gringotts la bourse pleine à ras-bord et entrai chez Miss Guipure qui prit mes mesures et renfloua mon stock de robes de sorcière. J'achetai par la même occasion une nouvelle paire de gants en cuir de dragon et me dirigeai ensuite chez l'apothicaire. Je venais à peine de rentrer dans la petite et sombre boutique que j'entendis le son de la cloche annonçant l'arrivée d'un nouveau client.

- Bonjour monsieur ! s'exclama une jolie rousse de Septième Année en souriant au vendeur.

- Lily Evans, je suis enchanté de vous revoir ! J'ai reçu des nouveautés, voudriez-vous y jeter un coup d'œil ? demanda-t-il, bienveillant.

- Avec plaisir.

Je souris discrètement, continuant mes achats en songeant que si Evans se trouvait ici, James Potter et sa bande de débiles mentaux ne devaient pas être loin. Tout le monde à Poudlard savait que Potter courrait après la sorcière depuis leur cinquième année ne recevant de sa part que des gifles magistrales qui ne l'avaient cependant pas découragé. Je ne connaissais pas Evans – nous ne faisions pas partie du même monde – mais j'avais du respect pour la jeune fille qui parvenait à endurer Potter, Black (Sirius), Lupin et Petitgrew sans devenir folle. Les « Maraudeurs » étaient vraiment insupportables.

Après avoir passé une petite heure dans la librairie Fleury et Bott pour acheter mes nouveaux manuels scolaires et d'autres ouvrages en tous genres, j'entrais dans la Ménagerie Magique, Au Royaume du Hibou, attirée par le bruit qui y régnait. Une dizaine de personnes se tenaient adossées au comptoir et observaient les animaux en vente, discutant avec les vendeurs. Je me frayais un chemin jusqu'au guichet le plus proche où j'avais repéré une chevelure brune familière.

- Black ?

- Allen, me salua Regulus en se tournant vers moi sans afficher la moindre émotion.

- Que fais-tu ici ?

- Je vais acheter un hibou, grogna-t-il en réponse.

- Tu n'en pas déjà un ? m'enquis-je en m'adossant au comptoir à ses côtés.

- Non, il appartient à la famille. Et toi, que fais-tu ici ?

- Je ne...

Je fus interrompue par une énorme boule de plumes noires aux éclats argentés qui me rentra dedans violemment, me projetant sur le sol carrelé de l'échoppe. Visiblement apeuré, le volatile s'agrippa à moi, ma lacérant les épaules.

- Aaaaah ! criai-je en me débattant.

Black se jeta sur moi à l'aide du vendeur et ils saisirent l'oiseau, me libérant de ses serres acérées.

- Merci, fis-je, haletante pendant que le vendeur enfermait la chouette en s'excusant platement.

- Il n'y a pas de quoi, répondit le garçon aussi essoufflé que moi, les cheveux en bataille et la cape de travers.

- Miss Allen, je suis vraiment navré, se répandit le pauvre homme, les yeux larmoyants. Elle est très agitée, elle en a assez d'être enfermée en cage...

- Ce n'est rien, monsieur ! Depuis combien de temps cette chouette est-elle là ?

- Trois ans maintenant. Elle s'ennuie.

J'observai la chouette avec attention avant de me tourner vers Regulus.

- Tu devrais la prendre, décrétai-je. Elle a la même couleur que tes cheveux et tes yeux.

Le garçon jaugea la chouette du regard et tendit une main soupçonneuse à la chouette qui la mordilla affectueusement. Les traits de son visage se détendirent soudainement et le vendeur sourit.

- Je crois que vous avez trouvé votre chouette, Monsieur Black. Elle a l'air de vous apprécier.

- Je la prends, répondit Black en sortant sa bourse. Et un sachet de nourriture aussi s'il-vous-plaît.

- Bien sûr. Et vous Miss Allen ?

- Je ne sais pas vraiment, répondis-je, mal à l'aise.

Black se tourna vers moi, un sourire aux lèvres et montra la vitrine du doigt. Un minuscule petit chaton au pelage aussi noir que l'étaient les plumes de sa chouette miaulait, couché sur le coussin de sa cage.

- Ce chaton t'observe depuis tout à l'heure, déclara-t-il. Tu devrais le prendre.

Le miaulement de la boule de poils m'attendrit et lorsqu'il tourna ses yeux d'un bleu semblable au mien, je décidai de le prendre.

- Excellent choix, Miss Allen, dit le vendeur. Je vous offre un sachet de croquettes pour les désagréments causés par la chouette de Monsieur Black.

- Merci Monsieur.

Je ressortis de la boutique avec un panier contenant mon chaton sous le soleil éclatant de la fin du mois d'août.

- Comment vas-tu appeler ta chouette ? demandai-je à Black qui s'était arrêté à côté de moi.

- Enetari, répondit-il après un instant d'hésitation. C'est un nom elfique pour désigner la reine des étoiles.

- Tous les Black sont aussi obsédés par les étoiles ? plaisantai-je.

Le jeune homme se renfrogna.

- Et toi ? Comment vas-tu appeler ton chaton ?

- On va rester sur le registre des noms elfiques, ris-je. Ce sera Anar.

- « Soleil » ?

- Oui. La nuit et le jour, pas vrai, Black ? soufflai-je.

- Je dois y aller. Ma mère m'attend.

- Dans ce cas, à demain.

Regulus partit sans le moindre regard, le visage fermé et je le regardais disparaître plantée en plein milieu de la rue.

*.*.*

La nuit tombait sur le Chemin de Traverse, les magasins fermaient et les rues se vidaient. Je m'apprêtais à retrouver Mère un peu plus loin au réseau de cheminée en commun lorsque j'entendis une voix paniquée.

- Maman ! Maman ! hurlait une voix terrifiée derrière moi.

Je me retournais vivement, découvrant une fillette d'une dizaine d'années penchée sur le corps d'une femme étendue dans l'allée piétonne. La rue principale était pratiquement déserte. Je me ruais jusqu'à la fillette et sortis ma baguette magique. Une flaque de sang s'étendait à côté de la mère de l'enfant.

- Qui a fait ça à ta maman ?! demandai-je à la petite-fille apeurée.

- Des hommes en noir, sanglota-t-elle. Maman voulait m'acheter une sucette sorcière parce que je rentrais à Poudlard cette année et... trois hommes sont sortis juste derrière elle... Et ils lui ont lancé un sort et après ils ont disparu...

- Calme-toi, lui ordonnai-je de ma voix la plus douce. Je vais aider ta maman, d'accord ? Mais d'abord il faut que tu me dises comment tu t'appelles...

- Alya Oospore.

- Bien Alya, tu vas m'attendre dans la Ménagerie Magique, d'accord ? C'est juste en face. Reste avec le vendeur. Je vais m'occuper de ta maman. Je viens te chercher juste après.

La fillette acquiesça, ses yeux verts se remplissant de larmes contenues. Je détournais la tête, gênée et la poussais vers l'échoppe. Quand je la vis enfin disparaître à l'intérieur, je m'agenouillais à côté de sa mère. Sa peau était blême mais son cœur battait encore. Son bras droit en revanche avait un drôle d'angle et la tache de sang venait de cet endroit. « Ne panique pas Athéna », pensai-je. « Réfléchis à ce que ferait Lucy ». Je décidai de remonter la manche de son pull moldu et découvris une entaille profonde qui partait de l'épaule et parcourait tout son bras jusqu'à son poignet. « De la magie noire » devinai-je en regardant la plaie suinter d'un drôle de liquide noir mélangé au sang. « Je ne peux pas appeler Mère, elle laisserait mourir cette femme sans regret ». Je cherchais en vain une solution quand mes yeux se posèrent sur la boutique, encore ouverte, de l'apothicaire. Lui qui s'entendait bien avec Lily Evans, une moldue, pourrait sûrement m'aider. Ses potions seraient d'une grande aide à cette femme jusqu'à l'arrivée des infirmiers de St Mangouste !

Ma décision prise, j'effectuai un sort de lévitation avec application et transportai la blessée jusqu'à la boutique en faisant très attention.

- MONSIEUR L'APOTHICAIRE ! hurlai-je. J'ai besoin de votre aide !

Le petit homme replet sorti de l'arrière-boutique et dès qu'il me vit en présence de la blessée, il poussa un cri strident.

- C'est vous qui lui avez fait ça ?!

- Bien sûr que non ! répliquai-je. J'ai trouvé cette femme blessée dans la rue, sa petite-fille était avec elle lorsqu'elle s'est faite attaquer.

- Dans ce cas où est l'enfant ?!

- Je l'ai envoyée au Royaume du Hibou, pour qu'elle y soit en sécurité.

- Très bien... Je vous crois. Je vais alerter les secours, allez chercher la petite, Les Guérisseurs ne devraient pas tarder.

Sans un mot, je couru chercher Alya et la ramenai avec moi dans la boutique. Les Guérisseurs étaient déjà présents et attendaient Alya pour se rendre à St Mangouste.

- Merci d'avoir prévenu les secours, dis-je à l'apothicaire.

- C'est normal, répondit-il en me serrant brièvement la main. Et moi je suis désolé de vous avoir si mal jugée, Miss Allen.

- Je ne vous en veux pas, vous ne pouviez pas savoir...

Vous ne pouviez pas savoir que je ne partageais pas tous les idéaux de tous les Sang-Pur. Que j'espérais être différente.

- Merci ! souffla Alya à mon oreille avant de partir.

- Ce n'est rien. On se voit à Poudlard, jeune fille !

Un maigre sourire apparut sur ses lèvres puis soudainement, elle disparut.

La pluie commença à tomber sur les pavés de l'allée principale et je sentis ma gorge se serrer. Tous les Serpentard ne sont pas insensibles. Tous les Sang-Pur ne sont pas mauvais. Tous les Gryffondor ne sont pas courageux. Tous les Poufsouffle ne sont pas justes. Tous les Serdaigle ne sont pas intelligents. Et pourtant, je me sentais prise au piège avec l'unique impression d'être délaissée.

« La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes. »

KHALIL GIBRAN


Merci d'avoir lu ce premier chapitre. J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me laisser vos avis :)

Dans le prochain chapitre nous retrouverons Athéna à Poudlard.

A bientôt!

Roxane-James