Très bon anniversaire Charles ! Je profite de cette occasion pour te remercier pour ta présence sur la toile, j'aime nos conversations, nos délires… C'est tellement agréable de se sentir compris par des gens qui nous ressemblent ;)

Voici un petit cadeau un peu particulier, mais comme nos goûts se rejoignent sur certains thèmes j'espère que tu apprécieras ta lecture autant que je me suis régalée à écrire ceci :) (le titre n'a rien a voir avec le contenu, juste que j'ai écouté cette belle chanson en boucle pour venir à bout de certains passages^^) Quelques scènes un peu limites, du drame... mais je n'en dis pas plus, je ne vais pas tout te révéler et gâcher la surprise Charles XD

Bonne lecture!

ooOoo

Contemplant sa main ensanglantée, ignorant la douleur sourde qu'il avait appris à ne pratiquement plus ressentir à force d'y être confronté, Steve posa ensuite son regard sans une once d'émotion vers le mur, qui portant la marque visible de son poing et cette fois encore cela n'éveilla pas grand-chose en lui quant aux raisons de cet acte qu'il venait de commettre. C'était justement le cœur du problème, qui allait en empirant à mesure que les semaines passaient. Le jeune homme avait de plus en plus de moments où il n'éprouvait pour seul sentiment que la plus sourde des colères, qu'il ne parvenait à annihiler, celle-ci anesthésiant peu à peu toute autre sensation. Même la patience de son compagnon n'arrivait plus à l'aider à s'apaiser, au contraire Tony sans le vouloir était le plus souvent celui qui provoquait ses sautes d'humeur. C'était ce qui effrayait tout particulièrement Steve, que son amour pour Tony ne parvienne effectivement plus à le calmer, et surtout que ces moments où il perdait le contrôle ne finissant par empirer, lui faisant un jour commettre le pire. Il sentait la colère monter, sa volonté s'effriter et avait bien le temps de s'isoler pour en être la seule victime, mais c'était évidemment sans compter sur Stark, qui faisait tout pour rester à ses côtés. Une preuve d'amour à n'en pas douter, mais le blond ne voulait pas qu'on l'approche dans ces moments-là.

Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et cela en devenait plus qu'effrayant. A l'époque pourtant le docteur Erskine avait été plus que rassurant, affirmant qu'en plus de ses muscles le sérum exacerbait ses émotions, d'où l'importance du choix du cobaye. Un homme bon le deviendrait davantage là où un homme mauvais risquait de devenir dangereux. Steve était un homme bon, du moins l'avait-il toujours pensé, mais ces sentiments violents qui remontaient parfois tendaient à affirmer le contraire. C'était comme si tout son être s'affolait par moment et ne savait plus comment réagir aux stimulations extérieures. Se pourrait-il qu'il devienne dangereux ? C'était justement ce qu'il craignait. Il n'y avait qu'à voir la façon dont tout avait dérapé ce soir.

Il passait effectivement un bon moment avec Tony. Blottis l'un contre l'autre sur le lit, ils bavardaient tranquillement en échangeant à l'occasion quelques baisers, quelques caresses… Puis le ton était monté sans véritable raison. Tony avait parlé des récents articles qu'il avait lus concernant les derniers progrès en chirurgie, lui laissant bon espoir de se débarrasser enfin de son réacteur ARK, qu'il n'avait jamais réussi à accepter vraiment. Or justement ce bout de métal Steve s'y était attaché. Il aimait son léger bourdonnement, qui l'aidait toujours à trouver le sommeil, sa lueur bleutée, surtout lorsqu'il n'y avait aucune autre source de lumière…

Pour lui ce réacteur faisait partie de Tony et il avait tendance à le trouver d'autant plus sexy grâce à lui. Il avait donc dit qu'il ne souhaitait pas cette intervention, mais Tony, tellement désireux de redevenir un homme normal selon ses propres mots, avait tenté de défendre son point de vue. Rogers y avait vu là un affront qu'il ne pouvait supporter. Sans parvenir à faire baisser la pression, il s'était levé en haussant le ton et quand il s'était senti proche du point de non retour il avait obligé son compagnon à quitter la pièce. Après d'âpres négociations il s'était enfin retrouvé seul, à faire les cent pas pour tenter de se détendre et retrouver un semblant de maîtrise. Cela avait semblé fonctionner, jusqu'à ce que Tony ne revienne à la charge, frappant à la porte en s'enquérant de son état. Cela partait évidemment d'un bon sentiment et Steve n'en voulait pas sciemment à son compagnon. Mais cette présence à un moment où il était aussi vulnérable avait eu un effet désastreux, comme le mur pouvait en témoigner.

La brève douleur avait fait du bien, lui donnant l'impression de renouer avec sa condition humaine alors que bien souvent ces derniers temps il se faisait l'impression d'être une enveloppe vide, presqu'une machine, incapable de ressentir la moindre émotion. Comme si le sérum l'avait vidé de tout ce qu'il était, ne laissant que la force, et la colère.

Un temps Tony l'avait aidé, l'avait apaisé. Mais ça fonctionnait de moins en moins. Quand ils se bécotaient comme des ados, quand ils regardaient un film ou dînaient dehors, rien de compliqué en somme, tout allait bien. Mais dès qu'ils commençaient à se confier, à songer à l'avenir, à aborder des sujets profonds, immanquablement Rogers luttait. Colère, énervement, désintérêt… Les seules émotions qu'il éprouvait la plupart du temps étaient négatives, ce qui était pire que pas d'émotions du tout. Il craignait désormais le moment où les quelques instants de paix n'existeraient plus non plu. Parce qu'alors il n'aurait plus rien à faire avec Tony, devenant infréquentable et probablement dangereux à terme. Ce jour arriverait tôt ou tard même s'il se refusait à y penser, probablement dans un ultime soupçon d'humanité.

Parvenant finalement à reprendre le dessus après un long moment – clairement plus long que précédemment, mais cela aussi allait de mal en pis – Steve retrouva enfin son compagnon, qui ne savait pas vraiment comme réagir après ce qui s'était passé.

« Je suis désolé, murmura Stark en prenant son Captain dans ses bras. On parlera de cette histoire de réacteur une autre fois. »

Steve hocha la tête avant de déposer un baiser sur le front de l'autre homme. Cette réaction de la part de Tony lui correspondait tellement peu, le blond s'en désolait bien souvent, à plus forte raison qu'il se savait seul responsable de cette attitude. C'était comme si Tony avait peur de lui. Pourtant il avait beau faire, il n'avait aucune idée de la façon d'améliorer cette situation malsaine.

« Ton réacteur, c'est comme mon sérum, dit-il d'un ton qu'il espérait doux après sa colère précédente. Il fait partie de toi et tu dois l'accepter. Je t'aime comme ça alors tu ne dois jamais vouloir changer. »

C'était d'une mauvaise foi honteuse tant lui-même ne supportait plus ce sérum qui l'avait tellement transformé, et pas en bien, mais comme toujours après ce genre de tempête Tony semblait y croire. Ou peut-être faisait-il simplement semblant pour ne pas risquer d'envenimer à nouveau les choses quand ça se calmait à peine.

Les deux hommes allèrent finalement se coucher et le milliardaire ne mit pas bien longtemps à s'endormir tout contre son amant. Il avait cette facilité à lui faire à nouveau confiance en se laissant ainsi aller à être vulnérable mais Steve justement trouvait cela dangereux. Il craignait un jour être capable de lui faire du mal, il aurait préféré dans ces conditions savoir Tony capable de se méfier et se défendre en toute circonstance.

Tandis qu'il le regardait dormir, semblant serein, détendu, il fut presque paniqué de n'éprouver aucune tendresse à cette vision. Il n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil depuis sa petite sieste au pays des glaçons, ayant dormi bien assez pour toute une vie, et au début de leur relation il avait passé bien des heures la nuit venue à observer son amant, ne se lassant jamais de ce spectacle ô combien plaisant. Ce soir pourtant, pour la toute première fois, cela ne lui faisait aucun effet. Un étranger aurait été présentement blotti contre lui que ça n'aurait pas été différent.

Levant la main, il glissa les doigts dans les cheveux d'ébène et si des souvenirs de sensations revinrent bien dans sa mémoire il n'en éprouva aucune. Cela ne paniqua. Repoussant doucement Stark pour ne pas le réveiller, il fila s'enfermer dans la salle de bain. Un peu d'eau sur le visage pour tenter de se détendre et calmer les battements de son cœur puis il fixa son reflet dans le miroir. Ses yeux clairs lui apparaissaient tout à coup bien trop froids, le rictus qui déformait ses lèvres semblait dédaigneux. Il n'aimait pas ce qu'il voyait, il n'aimait pas ce qu'il devenait. Une sorte de monstre alors qu'il avait pourtant tout pour être heureux. Tony n'était pas facile à vivre tous les jours, mais il était disponible, concerné, et surtout il l'aimait. Et lui, aimait-il l'ingénieur en retour ? Il n'en était plus certain, la sensation d'avoir un étranger dans ses bras quelques minutes plus tôt n'allait effectivement pas dans ce sens. Oh il avait bien sûr été amoureux à un moment, les premiers mois avaient été parfaits. Ils avaient passé du bon temps, avaient fait des projets, mais si Tony était resté semblable par la suite ce n'était pas son cas.

Aujourd'hui il se faisait l'impression de rester auprès du brun plus par habitude qu'autre chose. Il y avait encore de bons moments bien sûr et le sexe était toujours génial, mais c'était devenu justement du sexe mécanique où Steve faisait ce qu'il avait à faire comme il s'en serait acquitté avec un inconnu. Il baisait Tony plus qu'il ne lui faisait l'amour. Le plaisir était là bien sûr, mais quid de la tendresse, de la proximité ? Son amant ne s'en plaignait pas, il prenait son pied, mais il n'en sortait plus aussi satisfait que par le passé, ça il était bien incapable de le cacher. Steve s'en voulait dans une certaine mesure mais n'avait pas l'envie ni la motivation d'arranger les choses. Ces détails ne l'intéressaient pas.

Conscient qu'il ne parviendrait pas à dormir et qu'observer Tony, occupation qu'il avait tant aimé par le passé, risquait bien de l'ennuyer, Steve retrouva dans la chambre le plus discrètement possible et fouilla rapidement dans l'armoire jusqu'à trouver un survêtement à enfiler. Se défouler quelques heures dans la salle de sport, voilà exactement ce dont il avait besoin. Lorsqu'il était épuisé, son corps était moins à fleur de peau.

ooOoo

Quelques semaines plus tard Steve courrait sans relâche depuis plusieurs heures dans Central Park encore désert, n'étant pourtant ni fatigué, ni même essoufflé. Il ne dormait pratiquement plus, de se détendait plus, son corps tout entier semblait n'avoir plus besoin de repos, comme s'il devenait peu à peu une machine. Plus de sentiment, ou si peu, plus de fatigue, pouvait-il seulement se qualifier encore d'être humain ? C'était quelque chose de vraiment effrayant alors même qu'il avait longtemps mis la vie humaine au centre de ses préoccupations.

Son état empirait c'était indéniable, et pourtant il ne cessait de croire à un miracle, à ce moment où tout rentrerait dans l'ordre comme si ça n'avait été qu'un affreux cauchemar. Ce matin une nouvelle fois il y avait cru. Il était demeuré toute la nuit allongé auprès de Tony à fixer le plafond. S'il n'avait rien éprouvé de particulier à l'égard de son amant endormi au moins n'avait-il pas ressenti la moindre colère. C'était suffisamment rare pour être apprécié. Et puis Stark, matinal comme toujours, avait émergé. Comme s'il avait senti son compagnon dans de bonnes dispositions pour une fois, il s'était empressé de l'embrasser. Le sexe était devenu si mécanique entre eux, Rogers avait apprécié de se sentir gagné lentement par l'envie, et pas juste pour son côté bestial.

Exceptionnellement il voulait prendre son temps, y mettre de la tendresse. Il avait laissé Tony se frotter lascivement contre lui, faisant augmenter leur désir à tous deux, alors que les mains étaient caressantes, les baisers se faisaient amoureux. Une fois les quelques vêtements retirés, le blond avait finalement repris les rennes, savourant d'aimer ce qu'il faisait. Tony s'était retrouvé allongé sur le dos, nouant les jambes à ses hanches, ses yeux résolument plantés dans les siens, soumis et heureux de l'être, heureux comme il l'était au début, lors de leurs premières fois tellement satisfaisantes. Steve avait pris possession de son corps, se délectant de sa chaleur, de ses gémissements, de sa facilité à l'accueillir. Enfin il s'était senti à nouveau amoureux et rassuré surtout de retrouver ce plaisir simple.

Enfoui en Tony jusqu'à la garde, se délectant de la vision de son visage rougi par le désir et ses paupières closes alors que sa bouche restait entrouverte, le regard de Steve avait dérivé jusqu'à son cou pâle. Il avait observé le ballet de la pomme d'Adam, la chair de poule qui irisait la peau et la fine pellicule de sueur qui la recouvrait. Il avait porté les mains vers cette gorge offerte, sentant le pouls cogner sous ses doigts. C'était beau, c'était enivrant… Et tout à coup il s'était senti l'envie de serrer. Il ne s'agissait en rien d'un fantasme sexuel dans le genre asphyxie érotique, non il voulait bel et bien étrangler Tony, voir ses yeux s'ouvrir brusquement pour se voiler peu à peu à mesure que la vie le quittait, sentir son corps se débattre vainement sous le sien avant de se révulser, impuissant. S'il ne souhaitait pas spécialement la mort de Tony, même si d'un autre côté celle-ci ne l'atteindrait pas particulièrement non plus, il réalisait qu'il était excité par l'idée de la lui donner.

A cette réflexion il avait réellement eut peur et avait débandé dans l'instant, s'écartant de son amant malgré les protestations de ce dernier. Il avait quitté la Tour au pas de charge et depuis lors il courait, réalisant peu à peu que cela ne lui faisait que peu d'effet. Lui qui avait espéré que tout finirait par rentrer dans l'ordre devait admettre que c'était plutôt le contraire qui se passait. Il avait espéré trouver un palliatif dans le sport, ça n'avait agi qu'un temps, son corps s'adaptant trop bien quand il lui en demandait toujours plus. Alors il se défoulait auprès de Tony quand la pression montait, ce qu'il ne voulait plus. Il devenait dangereux et ne voulait pas que son compagnon paye pour cela. Il y en avait d'autres qui pourraient lui être utiles pour passer sa frustration.

ooOoo

Il était extrêmement tard, ou très tôt c'était selon, quand Steve rentra enfin. Ses sorties nocturnes étaient de plus en plus longues et s'il prenait plaisir à ce qu'il faisait sur l'instant il ne se sentait pas plus apaisé pour autant lorsqu'il reprenait ensuite sa vie. Pire, il avait définitivement l'impression de perdre pied, ses nouvelles occupations ne venaient que le confirmer. Et pas sûr que les excuses qu'il parvenait à se trouver à chaque fois ne compensent ce côté monstrueux qui se faisait toujours plus intense. La première fois n'était pas préméditée. Enfin pas vraiment… Son activité de super-héros était la seule chose dont il pouvait encore être fier. Mais on avait besoin de lui si rarement que c'en était frustrant. Alors il avait décidé d'utiliser autrement sa force, auprès de ceux qui en avaient besoin.

C'est comme ça qu'il avait atterri une nuit dans un quartier réputé dangereux. Evidemment vu sa carrure personne n'avait été assez bête pour lui chercher des noises. Mais rapidement il avait vu un type violenter sa copine. Ni une ni deux, Captain America avait fait son grand retour, éloignant la demoiselle en détresse et tombant sur le malotru. Mais il s'agissait d'une version nouvelle de Captain America, tellement plus brutale. Alors il avait frappé son adversaire, encore et encore, savourant ses gémissements de douleur, se délectant de voir le sang gicler, n'entendant à aucun moment les cris affolés de la jeune femme le suppliant d'arrêter.

Il n'avait ensuite éprouvé aucune culpabilité, mais rien que de très normal puisqu'il ne ressentait plus grand-chose. Au moins avait-il trouvé là une façon de canaliser sa colère et ainsi être patient avec Tony, dont il refusait de s'éloigner, sans en comprendre la raison. Quelque part le milliardaire était la dernière chose qui le raccrochait encore à son humanité et cela le réconfortait autant que cela l'effrayait. En effet, que se passerait-il lorsque les derniers liens qui le raccrochaient encore à cet homme s'envoleraient ?

Depuis quelques semaines cependant il y pensait le moins possible, passant presque toutes ses nuits dehors à la recherche de sales types à corriger. C'était ainsi qu'il se donnait bonne conscience. Il se défoulait de la façon la plus malsaine certes, mais toujours avec des hommes qui ne méritaient pas mieux selon son point de vue. Et, bonus non négligeable, jusque-là il était de surcroît parvenu à préserver les apparences, Tony ne soupçonnant rien de ses virées nocturnes. Il attendait effectivement que son compagnon soit s'endorme, soit s'enferme dans son labo pour plusieurs heures, ça évitait ainsi pas mal de questions gênantes. Il n'aurait plus manqué que Stark ne se pose des questions, tiens. Steve avait bien assez de choses à gérer.

Quand il entra silencieusement dans la chambre qu'il partageait encore avec l'ingénieur, le blond sut que la chance avait finalement tourné. Assis au milieu du lit, le regard flamboyant, Tony semblait l'attendre. Et tout dans son attitude confirmait que les minutes à venir seraient douloureuses.

« Eh bien, je commençais à croire que tu avais oublié l'adresse, grogna Stark.

- Oh c'est bon, hein ! Je suis majeur et vacciné que je sache.

- Et je peux savoir où tu étais ? »

Il n'y avait pas si longtemps, Steve aurait compris que son compagnon s'était simplement inquiété de son absence et il l'aurait simplement rassuré. Ce soir pourtant il était seulement énervé d'avoir des comptes à rendre. Il n'était plus un gosse nom de dieu ! Sentant la rage augmenter, il contempla un instant sa main abîmée d'avoir trop servi ce soir durant sa virée punitive. Mais avait-elle suffisamment servi ?

« Ça te regarde pas, aboya-t-il.

- Ben voyons. Alors on en est là ? C'est censé être moi le play-boy mais au final c'est toi qui va voir ailleurs…

- Tony, tu n'as aucune idée de ce dont tu es en train de parler. Alors ferme-là ! »

L'interpellé s'était levé et marchait résolument vers lui sans détourner le regard.

« J'espère simplement pour lui que tu le traites mieux que moi.

- La ferme !

- Ote-moi d'un doute d'ailleurs, c'est lui ou elle ?

- Tony…

- Comme si ça avait de l'importance, marmonna comme pour lui-même le brun avec un haussement d'épaules. Dans tous les cas tu es un beau salaud. Tu me baises puis tu files recommencer avec quelqu'un d'autre… On dirait une pute.

- Tony ! »

Cette fois le ton avait été brutal et pour faire bonne mesure le soldat leva un poing menaçant. Il ne parvint à se retenir qu'au dernier moment.

« Quoi ? Tu vas me frapper ? Vas-y, te gêne pas. Au point où on en est c'est la seule chose que tu ne m'as pas encore infligée alors ça doit te démanger. »

Tony s'était à peine tu que le coup partit avec une violence qui les surprit tous les deux. Sous le choc Tony tomba au sol, sonné, et Steve se contenta de contempler silencieusement son œuvre, n'éprouvant pas la moindre émotion. Il venait de cogner l'homme qu'il avait longtemps aimé et ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Pas à cet instant en tout cas.

Stark secouait la tête pour reprendre ses esprits tandis que la douleur irradiait dans tout son visage. La pommette était déjà enflée et il se fit la réflexion que ce serait plus difficile à dissimuler que les marques sur ses poignets. Il fixa à nouveau son amant, qui n'avait pas bougé et pour la première fois il eut vraiment peur. Ça faisait un moment que Steve avait commencé à changer, mais ce soir il était devenu vraiment dangereux. Il était grand temps d'agir.

Tony se leva avec difficulté, secoué d'un rire triste.

« Bravo Cap ! Tu te sens mieux ? Ça devait faire un moment que tu en avais envie… C'était qu'une question de temps vu ce que tu m'as déjà fait. »

Steve le fixa sans comprendre et dans d'autres circonstances Stark se serait amusé de son air stupide. Cette fois pourtant il se contenta de remonter sa manche pour montrer les traces violacées autour de son poignet. Il réitéra l'opération avec l'autre bras.

« Quoi, tu ne sais pas ce que c'est ? C'est ce que tu m'as fait il y a deux jours quand on a "fait l'amour", expliqua-t-il en mimant des guillemets à la fin de sa phrase. J'appelle pas ça faire l'amour pour ma part, mais soit. »

Steve se contenta de hocher la tête. Il s'en souvenait parfaitement. Alors qu'il le pilonnait brutalement sans une once de douceur il n'avait tout à coup plus supporté que Tony le caresse alors il avait saisi ses deux bras pour les immobiliser au-dessus de sa tête. Il n'avait pas le souvenir d'y avoir mis autant de force, mais cela ne l'étonna même pas.

« Et ce n'était qu'une mise en bouche, reprit le milliardaire en soulevant ensuite sa chemise pour exhiber un bleu dans son dos. Ton dernier cadeau en date. Ce soir quand tu m'as maintenu contre la porte pour faire ta petite affaire. J'ai pas arrêté de te répéter que la poignée me faisait un mal de chien mais ça n'a pas eu l'air de t'émouvoir. Et tu veux que je te dise ? Ça a même pas été le pire. Non, le pire c'est que pour la première fois je n'ai pris aucun plaisir à ce qu'on a fait mais tu ne t'en es même pas aperçu. Tant que monsieur jouit le reste n'a pas d'importance, hein ? »

A nouveau ce rire douloureux, celui derrière lequel Stark se dissimulait pour ne pas craquer tout à fait et qui eut pour mérite de faire réagir au moins un peu Rogers. A la vérité celui-ci ne culpabilisait pas spécialement, pas particulièrement ému mais il sut qu'il devait s'excuser, et y mettre les formes pour paraître au moins un peu sincère.

« Je suis désolé, dit-il d'un ton qui n'aurait pu être plus froid.

- Tu parles, maugréa Tony en s'éloignant.

- Je ne comprends pas ce qui m'arrive – et ça c'était la vérité – mais tu ne mérites pas d'en faire les frais.

- On est au moins d'accord là-dessus.

- Laisse-moi un peu de temps. Que je comprenne et que je me reprenne. »

Il y avait bien longtemps qu'il avait compris que ça se s'arrangeait plus mais il avait encore besoin d'y croire. Et Tony surtout devait y croire, parce qu'il avait beau ne plus l'aimer, il se refusait à le perdre. Peut-être par fierté, peut-être pour pouvoir baiser à volonté quand l'ennui se faisait sentir, les détails étaient sans importance…

« Oh mais pas de problème, renchérit Stark d'une voix qu'il avait un mal fou à empêcher de trembler. Tu vas avoir tout le temps que tu veux. Je me fous de ce qui t'arrive, j'ai assez donné ! Alors tu vas régler ta putain de crise tout seul et tu te casses !

- Tony…

- C'est fini, ok ? J'ai pas l'intention de te servir de punching-ball et de poupée gonflable, alors tu te tires ! Je veux plus te revoir ! »

Les deux hommes s'affrontèrent du regard et Steve réalisa combien il aurait été facile de faire la peau à ce petit avorton qui semblait crever de trouille malgré les grands airs qu'il se donnait. Ça aurait été tellement simple pourtant il n'en avait pas envie. Une petite voix dans sa tête, vestige d'une conscience qu'il avait oublié depuis bien longtemps, n'avait de cesse de lui répéter que Tony ne méritait pas ça. Alors sans prendre la peine de rassemblée des affaires et risquer du même coup de commettre l'irréparable en restant davantage ici, il tourna les talons et claqua la porte derrière lui. Il venait de se faire jeter comme un malpropre et tout ce qu'il éprouvait c'était la plus intense des humiliations. Un bon point pour Tony cependant, il ne l'aurait jamais pas cru capable de lui tenir ainsi tête.

Une fois seul l'ingénieur se laissa tomber à genoux, ses jambes bien incapables de le soutenir plus longtemps. C'était fini, se dit-il avec soulagement. Enfin il allait pouvoir passer à autre chose.

ooOoo

Quelques jour plus tard Tony était allongé entre les draps froissés et contemplait sans vraiment le voir le levé du soleil à travers la baie-vitrée. Il était épuisé, honteux et se sentait bien incapable de faire le moindre mouvement. Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre nom de dieu ? Steve était pourtant parti sans opposer la moindre résistance, s'installant dans une autre partie de la Tour en lui faisant savoir par Jarvis qu'il filerait pour de bon au plus vite, juste le temps de se trouver un appartement bien à lui. Tony avait enfin réussi à se débarrasser de lui, et ça avait été plus simple que prévu. Tout avait été pour le mieux pendant trois jours. Et voilà que cet enfoiré de Captain avait commencé à lui manquer. Mais bon sang c'était quoi son problème ? Comment pouvait-il être encore amoureux de ce type qui semblait prendre son pied à lui faire mal, à le traiter comme un chien ? Parce que c'était bien le cas, il l'aimait encore. Il était aussi pathétique que ces épouses violentées qui pardonnaient sans cesse à leur bourreau. Et pourtant il n'était pas une bonne femme, il était Iron Man, il pouvait attirer dans son lit n'importe qui, alors pourquoi ne vouloir que celui qui le blessait tant ?

Il avait lutté autant que possible, se rappelant sans cesse la peur éprouvée quand Steve l'avait frappé, le beau cocard qui s'était rapidement formé lui renvoyant ce souvenir chaque fois qu'il croisait son reflet dans un miroir. Il avait ignoré les regards inquiets de ses amis, qui avaient heureusement vite compris que mieux valait éviter les questions. Il avait tenté de rependre sa vie. Mais c'était peine perdue parce que Steve lui manquait. Il lui manquait tellement que ça lui faisait mal à en crever. Alors évidemment le Steve qui lui manquait réellement c'était le Steve d'avant, le Steve aimant, attentif, patient, le type parfait dont il était tombé amoureux. Mais ce Steve là n'existait plus, alors se contenter de ce qu'il restait de lui n'apparaissait pas si mal.

Vaincu, la veille Tony était allé frapper à la porte de la chambre que Rogers occupait provisoirement et lui était tombé dans les bras dès qu'il lui avait ouvert. Il n'en était pas fier rétrospectivement, mais il l'avait supplié de lui pardonner, de le reprendre. Comme si c'était à lui de s'excuser alors que c'était bien le soldat qui s'était conduit comme un enfoiré. Tellement heureux d'être à nouveau près de lui, Stark n'avait même pas prêté attention au sourire condescendant et aux yeux froids, presque dénués de vie. Il ne s'était préoccupé que des baisers, des caresses et de l'empressement dans les gestes de son amant, qui rappelaient agréablement le passé, quand faire l'amour était leur unique préoccupation.

Ils avaient un peu parlé, pas beaucoup, Tony n'était pas venu pour ça après tout. Le blond s'était une nouvelle fois excusé pour sa conduite et avait promis de rependre le dessus. Stark avait décidé de le croire sincère, parce que c'était plus facile de cette façon.

Ils avaient rapidement fini nus, enlacés au beau milieu du lit. Et quand ils avaient fait l'amour Tony avait tout oublié. Ça avait été presque aussi bon qu'à époque où tout allait bien, comme s'il avait finalement retrouver son Steve. Presque, parce que Rogers avait été par moment un peu trop empressé, avait murmuré des mots crus que longtemps Tony l'aurait cru seulement incapable de connaître, mais cela avait suffi à Stark pour croire que tout rentrait enfin dans l'ordre. Ils avaient eu l'un et l'autre un orgasme des plus satisfaisants avant de se blottir simplement l'un contre l'autre et le milliardaire, rassuré, se sentant à nouveau en sécurité entre ses bras qu'il ne voyait plus comme une menace, n'avait eu aucun mal à s'endormir, pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité.

Le réveil avait été une autre paire de manches. Tony avait été dérangé dans son sommeil tandis que Steve essayait de le prendre par derrière, se fichant pas mal qu'il dorme. Il avait bien essayé de le repousser, de lui reprocher son manque de considération, ça avait été sans effet. Le blond selon ses propres termes avait envie de baiser et rien n'aurait pu le détourner de cette "mission". Malgré toute la résistance dont il avait fait preuve, et ce n'était pas grand-chose face à un super soldat gavé au sérum et accro à la salle de gym, le milliardaire s'était retrouvé à quatre pattes et n'avait pu que subir. Et dieu sait si cette fois Steve ne s'était pas donné la peine d'y mettre les formes. Il avait envahi l'intimité contractée sans préparation, n'utilisant qu'un peu de salive, pour se faciliter la tâche plus que par respect pour son conjoint, et avait semblé prendre chaque cri de protestation pour une manifestation de plaisir. Et il avait pris son pied, ce qui avait été loin d'être le cas de Tony.

A peine avait-il fini sa petite affaire qu'il s'était levé, manifestation tout à fait satisfait de lui et de sa performance, pour annoncer qu'il allait courir. Le brun ne s'était même pas donné la peine de répondre. A quoi bon ? Comme si son avis pouvait bien compter de toute façon.

Depuis lors Tony était allongé, immobile, à tenter d'ignorer la douleur autant qu'à essayer de comprendre ce qui clochait chez Steve. Parce qu'il était clair qu'il y avait vraiment quelque chose. Jamais son compagnon – aussi dingue que ça semblait il était incapable de le considérer autrement malgré ce qui venait de se passer – ne se serait conduit de la sorte s'il avait été en possession de ses moyens. Tony ne voyait qu'une explication à tout ça, une explication qui tenait en un mot : sérum. Tout venait forcément de là, un espèce d'effet secondaire qui avait transformé le parfait Steve Rogers en une sorte de monstre dénué de la plus élémentaire des émotions. C'était rassurant quelque part, ça signifiait que tout n'était pas perdu. Tony était un putain de génie, il n'y avait donc personne de mieux placé pour faire ce qu'il fallait pour arranger les choses et retrouver ainsi l'homme dont il était tombé amoureux.

Ravi d'avoir enfin un but à atteindre pour se sortir de là, Stark se leva, non sans retenir difficilement un cri de douleur. Le salaud ne l'avait pas raté, comme pouvait en témoigner les traces de sang à présent séchées sur ses cuisses. Il se traîna maladroitement jusqu'à la salle de bain et se glissa sous la douche, bien décidé à effacer autant le sang et le sperme qui le souillaient que son humiliation de n'avoir su se défendre. Nul doute que pour cette dernière ce serait plus difficile. Mais qu'importe, puisque Steve n'était pas responsable de ses actes autant effacer tout ça de sa mémoire.

Il se traîna lamentablement jusqu'à la cuisine ensuite. Restait à espérer qu'il ne croise personne mais il voulait bien le risquer tellement il avait envie d'un café. Pour Steve il avait diminué l'alcool, il avait même repris un rythme de travail à peu près normal en évitant de passer ses nuits dans son atelier ou l'un des labos, mais le café restait une drogue dont il n'avait aucune intention de se passer. A plus forte raison après une nuit comme celle qu'il venait de passer. Il devait avoir les idées claires s'il voulait aider Steve, or désormais c'était son unique but dans la vie. Comprendre ce qui n'allait pas avec ce foutu sérum pour retrouver son compagnon d'antan.

Savourant l'odeur du breuvage chaud, il posa sa tasse pleine et sa tablette sur le comptoir, mais lorsqu'il s'assit sur l'un des tabourets il se releva immédiatement avec un cri de douleur. Putain, même sa première fois ne lui avait pas fait mal à ce point, mais bon l'amant en question n'était pas un surhomme plus que généreusement doté. Il en était à se demander s'il pourrait seulement à nouveau s'asseoir un jour quand il réalisa que c'était finalement le cadet de ses soucis. En effet Bruce venait d'entrer dans la pièce et la mine préoccupée qu'il arborait n'annonçait rien de bon.

« Tony tu vas bien ?

- Pourquoi, j'ai l'air d'aller si mal que tu t'inquiètes de mon état sans même te donner la peine de dire bonjour ? »

Bruce remonta ses lunettes sur son nez d'un geste nerveux.

« Ecoute, c'est pas facile pour moi, reprit-il ensuite en allant s'adosser au plan de travail. Natasha et Clint ont pensé que j'étais le plus compétent pour t'en parler mais si tu pouvais me faciliter le travail…

- Je vais bien, d'accord ? »

Le ton ne faisait guère illusion, pas plus que sa mine pitoyable mais il n'était pas du genre à se plaindre et encore moins lorsque ça touchait un sujet aussi sensible.

« On a tous vu la façon qu'avait Steve de te traiter ces derniers temps, plaida Bruce, d'autant qu'il n'est pas mieux avec nous. C'est comme s'il ne supportait plus rien ni personne. On pouvait l'accepter mais… enfin on a tous vu le cocard que tu as essayé de dissimuler.

- Il a pas fait exprès l'interrompit Tony sans même se donner la peine de nier.

- Tony…

- Non, c'était pas méchant. C'est juste que par moment il perd le contrôle, c'est tout. Il l'a admis lui-même… Il essaye de gérer… Il a besoin d'un peu de temps. »

Il, il, il… S'entendant parler Stark se trouvait pathétique. Il n'y en avait décidément que pour Steve, alors qu'il était temps que lui prenne les choses en mains.

« Ne m'en veut pas pour ça, continua Bruce, mais je me suis pas mal interrogé à ce sujet et j'ai fait quelques recherches. Steve est tellement différent de ce qu'on connaissait de lui au début… Je crois que le sérum n'y est pas étranger. J'ai fouillé du côté des archives du Shield et j'ai trouvé les notes de ton père et du docteur Erskine…

- Je pense aussi que ça vient du sérum, c'est pour ça que je sais qu'il n'est pas responsable de ses actes.

- Il faut pourtant agir. Et je suis là pour vous aider. On va devoir retravailler la formule. Il avait déjà montré ses limites lors des premières études. Apparemment il finit par transformer totalement le sujet en machine de guerre, annihilant chez lui peu à peu jusqu'à la plus petite émotion. Erskine pensait avoir finalement contourné le problème avant les injections faites à Steve. D'après ses conclusions, ce nouveau sérum devait plus simplement exacerber les sentiments, le bon devenait meilleur, le mauvais pire…

- Ce qui faisait de Steve le candidat idéal.

- C'était louable en effet, mais Erskine est mort avant de chercher plus loin. Ton père pourtant, quelques années après la disparition de Steve, a remarqué quelques anomalies. Il a prédit ce qui est en train d'arriver. C'est pour ça que le sérum n'a plus été testé sur qui que ce soit. Il a continué à l'étudier au milieu d'une foule d'autres projets. Il n'en a jamais vu le bout avant de… enfin tu sais.

- Et tu penses que nous on peut y arriver ?

- On n'a surtout pas le choix. »

Voilà qui était très rassurant, jugea Tony mais il eut le bon sens de ne pas commenter. Au moins à présent il avait un allié, un allié qui ne le jugeait pas. C'était rassurant, lui confirmant du même coup que tout rentrerait bientôt dans l'ordre. Parce qu'ils n'avaient pas le choix, comme l'avait justement dit Bruce.

ooOoo

Steve sortait du vestiaire après s'être débarrassé de son uniforme, fier du devoir accompli. En compagnie de Black Widow et Hawkeye il venait de mettre un terme à une prise d'otages qui durait depuis plusieurs jours et il en était plus que satisfait. Ce n'était plus le simple plaisir d'avoir sauvé la vie d'innocents mais plutôt la sensation d'avoir fait ce pourquoi il était là. Il se contentait de cela, c'était de toute façon à ça que se résumait désormais sa vie. Le travail et encore le travail. Le reste du temps il s'entraînait pour être toujours le meilleur et ça s'arrêtait là. De quoi aurait-il besoin d'autre ? En cela il pouvait remercier le sérum qui avait su le débarrasser de tout sentiment inutile. Bien sûr parfois la période où il était amoureux de Tony lui manquait, mais pour pallier à ça il avait justement gardé le milliardaire dans sa vie, bien qu'ils ne fassent plus grand-chose ensemble. La plupart du temps Tony l'énervait avec ses regards énamourés et sa façon de lui répéter que bientôt tout irait mieux, comme s'il avait besoin que quoi que ce soit change. Un temps il l'avait espéré, mais c'était loin derrière lui désormais.

Il ne passait de toute façon plus guère de moments ensemble, Tony travaillant sur un projet quelconque avec Banner ces dernières semaines. Il n'avait rien dit sur ce qu'il faisait et Rogers n'avait rien demandé, s'en fichant totalement. Il n'allait le trouver que lorsqu'il était trop frustré et avait besoin de faire l'amour. C'était un problème récurrent, ce désir charnel, dont il allait devoir apprendre à se débarrasser tant ça l'obsédait parfois. Heureusement Tony se prêtait au jeu sans émettre la moindre plainte, même s'il semblait y prendre de moins en moins de plaisir. Incompréhensible dans ces conditions qu'il accepte chacune des lubies de son amant si elles ne le satisfaisaient pas, mais après tout Tony était encore amoureux alors pourquoi pas… Chaque fois qu'il songeait à ça le blond était plus que ravi d'avoir laissé ce genre de sentiments derrière lui, il n'y aurait rien eu de pire pour le ralentir dans son travail.

Quand il entra dans la chambre qu'il partageait encore, pour il ne savait trop quelle raison d'ailleurs, avec l'ingénieur il fut satisfait de découvrir celui-ci installé sur le lit, occupé à pianoter sur son portable. C'était parfait, songea-t-il tandis que son regard s'assombrissait. Chaque fois qu'il revenait d'une mission l'adrénaline courait encore dans ses veines pour un moment et dans ces conditions rien de mieux qu'une bonne partie de jambes en l'air. Pourtant cette fois une part inconsciente de lui-même lui intima d'y aller mollo tout de même. La dernière fois dans le feu de l'action il n'avait pu s'empêcher d'étrangler Tony, l'emmenant jusqu'à la suffocation avant de se reprendre. Et s'il y avait pris un plaisir malsain même lui avait compris qu'il avait dépassé les bornes. Stark comme à son habitude n'avait rien dit ensuite – à croire qu'il se faisait un devoir d'encaisser avant de voir le vent tourner, comme s'il allait tourner – se contentant les jours suivants de porter des cols roulés afin de dissimuler les marques sur son cou, détail qui avait semblé inquiéter ses amis.

A la vérité le milliardaire était insupportable à ne plus se plaindre, comme une épouse toute dévouée qui n'avait à l'esprit que le bonheur de son homme, aussi malsain soit-il. Steve aurait voulu qu'il se rebelle, qu'il le fiche dehors une nouvelle fois… Parfois il se faisait la réflexion que s'il le traitait aussi mal c'était justement pour le forcer à réagir, à prouver qu'il en avait dans le pantalon. Une nouvelle fois il voulait provoquer cette étincelle.

Tony devait avoir compris ce qu'il avait en tête parce qu'il avait déjà refermé son portable.

« J'ai envie de toi », grogna le soldat.

Oui, définitivement Stark savait ce que ça signifiait. Avec un hochement de tête il se leva et entreprit de se déshabiller. Steve se sentit frustré de le voir agir aussi naturellement, sans prétendre avoir mieux à faire. Tony ne comprenait-il pas combien cette attitude de soumission était insupportable pour lui ? Comme souvent dans ces moments-là Rogers se sentait prêt à perdre la tête simplement pour le faire réagir.

Ils furent rapidement nus l'un et l'autre, se frottant l'un contre l'autre. Tony était décidément un homme bien compliqué car s'il brillait toujours dans ses yeux une lueur d'inquiétude, tout dans ses actes démontraient l'amant passionné. Ses mains étaient partout sur le corps musclé, n'imaginant pas un instant combien il se rendait désirable. Mais aurait-il agi différemment quand bien même il l'aurait su ? Bien sûr qu'il avait peur, avec Steve c'était en permanence une lutte entre le bien et le mal. Parfois tout se passait bien, d'autres fois à l'inverse il était d'une violence rare. Tony luttait pour faire la part des choses et pardonner, trop bien conscient de cette dualité qui ne devait pas être facile à vivre. L'essentiel était de ne pas le contrarier, parce qu'alors qui sait ce qui en aurait résulté ? Il devait maintenir ce fragile statu quo jusqu'à ce que Bruce et lui trouvent une solution, or ils étaient sur la bonne voir.

Alors il faisait ce qu'il fallait, acceptant chaque lubie, la froideur permanente. Ce n'était pas si difficile à faire à la vérité, être amoureux arrangeait bien les choses, et tant pis si c'était très malsain comme situation, il se savait prêt à faire face aux conséquences.

Ce soir c'était un bon soir, constata-t-il avec satisfaction. Steve effectivement venait de l'allonger avec ce qui s'apparentait le plus à de la douceur et se faisait désormais un devoir d'embrasser tout son corps. C'était si bon quand son compagnon prenait ainsi son temps, ça lui redonnait l'impression d'être aimé, d'être désiré pour autre chose qu'une pulsion physique. Et quand il fut enfin en lui Stark apprécia ce semblant de douceur. Bien sûr il n'y avait plus comme avant les regards tendres, les murmures amoureux, mais au moins il n'y avait pas non plus la douleur, ce qui était un progrès. Steve était lent, prenait tout son temps… Probablement le faisait-il seulement pour lui-même mais Tony savait tout de même apprécier. Tout à son plaisir il ne sentit guère la morsure dans son cou tandis que son amant accéléra la cadence. Il avait toujours aimé quand Rogers le marquait ainsi dans sa chair, ne laissant aucun doute quant au fait qu'il lui appartenait, ce qui avait toujours été le cas. Dès le premier baiser, le premier regard un peu plus marqué, c'en était fait de Tony Stark. Il avait mis longtemps à l'accepter, lui l'homme si fier et tellement indépendant, mais c'était ainsi. Sans Steve il n'était pas grand-chose.

Regardant le beau visage au dessus de lui se crisper sous l'effet de l'orgasme, il eut cette révélation qui couvait depuis un moment déjà. Que la situation s'arrange ou pas, que l'effet du sérum puisse être estompé ou non, il serait toujours là, supportant, subissant même, tous les outrages. Parce que vivre ainsi était mieux que vivre sans Steve. Il s'abandonna à ce constat, criant son extase en ne songeant plus aux dangers encourus. Rien n'avait d'importance tant que Steve était à ses côtés, même s'il s'agissait de ce nouveau Steve souvent effrayant. Avec le temps le côtoyer deviendrait forcément plus facile, c'était à ça qu'il fallait se raccrocher à tout prix.

Il ne fut même pas spécialement triste lorsque Steve, se fendant malgré tout d'un compliment pour marquer son appréciation, lui tourna le dos avant de s'endormir presque immédiatement. Les petites étreintes affectueuses lui manquaient bien évidemment, mais se dire qu'il avait réussi à apaiser son compagnon au moins pour quelques heures, c'était une sensation agréable, à plus forte raison que ça n'arrivait pas bien souvent ces derniers temps.

ooOoo

Debout au milieu du salon, Steve regardait ses mains tâchées de sang, sachant pertinemment que la grande majorité ne venait pas de lui, mais n'en éprouva aucune émotion. Baissant les yeux il contempla le corps allongé à même le sol, presque surpris de découvrir sa présence, comme s'il avait oublié ce qu'il venait de faire. Là non plus il ne ressentait pas d'émotion particulière. Il avait vaguement conscience qu'il avait fini par passer le point de non-retour, que ce qu'il venait de faire était pire que tout, mais là encore il n'avait aucune culpabilité. C'était fini, il n'avait plus rien d'humain, et comme il l'avait longtemps soupçonné il était du même coup devenu dangereux. La parfaite machine à tuer, que le Shield serait ravi d'utiliser à tout va. Un vieux reste de conscience lui rappelait que de cette manipulation il ne sortirait rien de bon, mais là encore cela ne l'émeuvait guère. Il venait de toute façon de commettre le pire de ce qu'il pouvait faire, tout le reste semblait bien dérisoire en comparaison. Il n'avait pas voulu ça. Il avait beau ne rien éprouver de spécial il savait que Tony n'avait pas mérité du finir ainsi.

Le milliardaire avait tout fait ces dernières semaines pour lui faciliter la vie. Il supportait sans se plaindre sa froideur, sa distance, ses accès de colère. Et Steve quelque part avait apprécié cette stabilité, ce sentiment de pouvoir toujours compter sur l'autre. Il n'était pas pour autant retombé amoureux de Stark – la seule idée de l'amour était de toute façon devenu un concept totalement étranger pour lui – mais il s'accommodait volontiers de sa présence, comme on le ferait d'un animal de compagnie fidèle.

Il avait pourtant découvert ce soir que tout ceci n'était qu'une façade. Tony effectivement l'avait rejoint un peu plus tôt, tout sourire, lui annonçant qu'enfin tout allait s'arranger. Alors Rogers avait compris qu'il avait été manipulé, que l'apparente compréhension de son amant n'était rien de plus qu'une façade pendant qu'il faisait des cachoteries dans son dos. Ça il ne pouvait le tolérer. Les mensonges gangrénaient jour après jour le Shield, ces même mensonges avaient ruiné les hauts rangs de l'armée américaine dans les années quarante et leur aurait fait perdre la guerre sans les actes quotidiens de braves soldats anonymes, les mensonges encore avaient fait de la société actuelle ce qu'elle était, permettant aux gouvernements, aux plus riches, de manipuler la masse. Tout ça Steve en était témoin chaque jour et ne le voulait certainement pas au sein de son couple.

Mais c'était pour son bien avait affirmé l'homme qui venait de le trahir. Lui et Banner avaient travaillé sans relâche – Steve n'avait pas écouté les inévitables explications scientifiques, il était un homme d'action, certainement pas un intello – pour lui rendre sa vie, faire de lui l'homme qu'il était avant. Cela n'excusait rien ! Et puis d'ailleurs pourquoi se donner cette peine ? Pourquoi Steve aurait-il voulu redevenir l'homme qu'il était avant ? Pour s'émerveiller devant une peinture ? S'émouvoir à la lecture d'un livre ? Pour simplement aimer son compagnon ? A quoi bon ? Il était désormais la machine de guerre parfaire, sauvant des vies, punissant ceux qui le méritaient sans la moindre hésitation. Toute sa vie les sentiments n'avaient fait que le ralentir, lui mettre des bâtons dans les roues. Ils étaient inutiles et Steve ne voulait certainement pas s'en encombrer.

Voilà ce qu'il avait tenté d'expliquer à Tony. Mais celui-ci avait rejeté chacune de ses objections, l'insultant pratiquement que pour incapacité à accepter de voir qu'il y avait un problème.

Le premier coup, s'il ne l'avait pas apaisé, avait fait du bien à Rogers et avait tout bonnement fait sortir Tony de ses gonds. Peut-être que si celui-ci avait fait marche arrière à ce moment-là, s'excusant ou au moins fermant sa grande gueule, la suite aurait été différente. Mais il avait fallu que ce foutu mégalo choisisse justement le plus mauvais moment pour enfin se défendre. De toutou fidèle il était devenu chien enragé et ce n'était certainement pas étranger dans la façon dont la situation avait dramatiquement dérapé.

Tony, sans imaginer un instant les conséquences, s'était débattu, avait frappé en retour. Bien sûr sans son armure il était bien incapable de faire le poids et n'avait pas fait grand mal à son adversaire du moment. Mais cela avait en revanche envenimé les choses. Steve avait continué à frapper, y mettant de moins en moins de retenue et ainsi excité il n'avait pas cessé quand le milliardaire était tombé puis n'avait plus esquissé le moindre geste pour seulement se défendre. Rendu fou le blond avait frappé encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin, comme elle était venue, la colère avait reflué brutalement. Soulagé, il eut un regard neutre et sans émotion pour le corps inerte, le visage ravagé… Sans surprise il n'avait trouvé aucun pouls lorsqu'il s'était donné la peine de s'y intéresser. Il avait été étonné que même un tel acte, avec pareille conséquence, ne l'émeuve pas plus. Ce fut finalement cette froideur qui le toucha le plus.

Il était définitivement devenu un monstre et même si cela ne le touchait guère il avait conscience qu'on devait l'empêcher de nuire. S'il avait été capable de tuer l'homme qu'il avait tant aimé où seraient ses limites ? Pour le bien de tous il devait disparaître. Fixant sans ciller le beau visage à présent ravagé, il s'assit près de Tony à même le sol, attendant que quelqu'un, n'importe qui, le trouve ici et agisse enfin. C'était trop tard pour Stark, et un homme lui manquerait cruellement à cette société qu'il avait tant aidé, mais pas pour les autres. Pour le bien de tous il était prêt à payer le prix.

Il soupira de soulagement lorsque ce fut Bruce qui entra dans la pièce. Au moins avec la menace Hulk, Steve se laisserait faire d'autant plus facilement. Sans la moindre émotion il vit le docteur tenter de réanimer vainement son ami puis il comprit vaguement que Natasha, qui avait suivi le scientifique de près, l'invectivait, il n'enregistra pas pour autant quelque parole que ce soit. Quand Banner le fit se lever sans la moindre douceur, il ressentit sa véritable première émotion depuis bien longtemps. Il allait avoir ce qu'il méritait, et cette fois il était content pour cela.

Avant de s'engouffrer dans l'ascenseur – il avait vaguement accepté d'être conduit jusqu'au Shield où là-bas on saurait peut-être quoi faire de lui – Rogers se tourna une dernière fois vers Tony. Se souvenant de cette période où la vie était si belle avec son compagnon, où tout avait enfin un sens, il détesta pour la première fois celui qu'il était devenu. Tony avait eut tort de croire en lui, c'était fini, il était désormais à damner.

THE END.