Son paquetage sur le dos, Grey poussa la double porte du quartier général de la guilde et se retrouva aussitôt enveloppé par l'atmosphère chaleureuse du grand hall. La plupart des mages étaient là, attablés devant des chopes de bières – et un tonneau pour Kanna – et des bols de nouille. Il soupira de satisfaction. Las de perdre tout l'argent des missions en remboursant les destructions occasionnées par Natsu, il avait accepté une mission solo qu'il avait accomplie sans grandes difficultés, mais qui l'avait laissé épuisé et courbaturé. En le voyant arriver, Lucy s'illumina.
« Grey ! Tu es rentré ! C'était comment ?
— Humpf, grommela-t-il. Je dois reconnaître que c'est moins drôle sans toi et Erza. Et ce type », ajouta-t-il en désignant Natsu du menton, occupé à dévorer un repas gargantuesque. Natsu releva la tête.
« Qu'est-ce que t'as dit ? Un problème ?
— Abruti, répliqua Grey en réprimant un sourire.
— C'est bien ce que je pensais ! »
Natsu laissa tomber son repas et se leva, le poing en feu.
« Tu viens à peine d'arriver et déjà tu m'insultes ? »
Grey prit un grand plaisir à lui adresser son sourire le plus exaspérant.
« Tu veux te battre ? demanda-t-il posément.
— Et comment ! » hurla Natsu en se précipitant sur lui.
Mais le jeune mage se retrouva stoppé net dans son élan par un poing ganté de fer qui alla s'écraser sur son nez. Sonné, il tomba à terre.
« Vous allez arrêter ça. Tout de suite. »
Grey et Natsu pâlirent de deux tons.
« Oui, Erza », acquiescèrent-ils en chœur.
Erza tendit la main à Natsu pour le relever et prit place aux côtés de Lucy, sous le regard mi-effrayé mi-idolâtre de Happy. L'attention du chat ne tarda pourtant pas à dévier sur la magnifique assiette de poisson cru dont le fumet lui chatouillait les moustaches. Natsu se rassit sur son banc et regarda son propre repas d'un air vexé tandis que Grey s'asseyait à ses côtés en s'étirant.
« Tu n'es pas drôle, Erza, commenta-t-il. Mais tu as bien fait. Je suis vraiment crevé. »
Il entendit Natsu marmonner quelque chose d'incompréhensible, mais ne releva pas. Mirajane passa près de leur table et lui tendit une chope de bière.
« Contente de te voir, Grey », dit-elle en souriant.
Il la remercia et plongea le nez dans sa pinte.
« Ça fait pas de mal, commenta-t-il d'un air satisfait.
— Pourquoi tu es à poil ? » s'étrangla Lucy d'un air scandalisé.
Grey baissa les yeux.
« Merde... Tu sais, l'habitude. Je fais ça sans m'en rendre compte.
— Exhibitionniste, maugréa Natsu.
— Face de hareng, répliqua Grey.
— Glaçon sur pattes.
— Dégénéré.
— Ça va durer longtemps ? demanda Erza d'un ton menaçant.
— N-non... assura Grey en baissant les yeux.
— Désolé », compléta Natsu.
Grey lança un regard de biais à Natsu. Son camarade grimaça un sourire. Le mage de glace éclata de rire et lui donna une tape dans le dos.
« Allez, je voulais pas te couper l'appétit. On se battra demain, si tu veux. Quand Erza ne regardera pas, ajouta-t-il en chuchotant.
— Vendu », approuva Natsu en retrouvant son entrain.
Erza les regarda en fronçant les sourcils. Depuis que Natsu avait empêché Grey d'utiliser le sort de glace ultime contre le démon Deliora, ils se comportaient d'une manière différente. Elle ne savait toujours pas ce qui s'était passé exactement là-bas. Elle savait seulement que Grey avait voulu se sacrifier, à l'image de son maître autrefois, pour que Deliora ne nuise plus jamais à personne, et que Natsu l'avait arrêté. Ce qu'il lui avait dit pour y parvenir, elle l'ignorait. Bah, les garçons grandissent, pensa-t-elle en se concentrant sur sa part de gâteau à la fraise.
Quelques heures plus tard, le grand hall était presque vide. Les derniers buveurs bafouillaient entre eux en tanguant sur leurs bancs, et Natsu et Grey se racontaient pour la énième fois des souvenirs de mission en rigolant à s'en décrocher les côtes. Sur la table, Happy dormait à poings fermés.
Enfin, Natsu s'étira en bâillant et déclara d'une voix pâteuse :
« Faut que je rentre, moi. »
Grey acquiesça vaguement.
Le mage de feu passa une jambe de l'autre côté du banc, puis l'autre. Après un instant d'hésitation, il se leva. Il dut exécuter l'opération un peu trop vite, car il alla s'écraser sur Grey, qui s'écrasa sur sa pinte.
« T'es trop bourré, Natsu, dit le mage de glace en essuyant la bière sur son nez. Tu arriveras jamais jusqu'à chez toi.
— Peut-être bien, mais où d'autre j'irais ? »
Natsu leva les sourcils et une expression d'étonnement se peignit sur son visage. « Mais au fait, tu habites où, toi ?
— Nulle part en particulier, dit Grey en haussant les épaules. Je loue une chambre à la guilde. Tu peux y dormir, si tu veux.
— Je suis crevé... »
Grey se leva et fit passer le bras de Natsu par-dessus son épaule.
« Allez, je te ramène.
— J'ai pas besoin...
— Je sais, je sais. »
Grey, qui n'était pas très frais lui-même, tituba entre les tables pour atteindre l'escalier menant aux chambres de la guilde. L'escalier fut assez problématique, mais les deux mages finirent par s'en tirer. Grey négocia maladroitement le virage dans le couloir, le prit trop serré, ce qui résulta en une rencontre impromptue entre un lambris de bois et le visage de Natsu.
« Désolé, fit Grey en rigolant.
— Tu me le paieras, face de poulpe.
— C'est ça. »
Il fallut encore quelques ratés d'itinéraire et un retour en arrière quand Grey passa devant sa porte sans s'en apercevoir, et enfin, ils entrèrent dans la petite chambre qui abritait toute la vie de Grey. Juste un lit, une table, une bibliothèque, et un coffre qui renfermait quelques souvenirs. Le mage de glace se délesta de son fardeau sur le lit, et Natsu se tourna en grognant. Grey le regarda un instant, puis le poussa pour s'allonger à ses côtés.
« Eh, qu'est-ce que tu fiches ? T'es glacé.
— Et toi, t'es brûlant. Mais je suis trop crevé pour dormir sur une chaise, alors faudra qu'on s'y fasse. »
Natsu grogna quelque chose et s'endormit. Grey demeura un petit peu plus longtemps éveillé, à regarder le plafond. Puis, il ferma les yeux et s'endormit en dépit des ronflements sonores de son camarade.
Quand le matin arriva, Grey s'éveilla avec une drôle de sensation de chaleur. Il ouvrit les yeux et sursauta en découvrant Natsu qui dormait sur sa poitrine, un bras passé autour de lui. Le cœur battant, il s'efforça de ne faire aucun geste. S'il se réveille comme ça, je suis dans la merde... Il ferma les yeux et réalisa que la sensation était en fait plutôt agréable. Pourquoi, après tout, ne pas se rendormir ? Il céda à la torpeur qui revenait l'envahir et sombra dans le sommeil avec un léger sourire.
Il se réveilla de nouveau quelques heures plus tard. Natsu était parti, et Grey espéra qu'il ne garderait aucun souvenir de son geste de tendresse. Sinon, il pouvait dire adieu à ses dents. Il grogna et entreprit de se préparer pour la journée à venir.
Dans le hall de la guilde, il tomba sur Natsu devant le panneau des missions, qui observait les annonces d'un air concentré, Happy sur l'épaule.
« Bien dormi, Natsu ? » demanda Grey d'un ton goguenard.
Son camarade se frotta l'arrière du crâne en secouant la tête.
« Je sais pas. Je me sens un peu dans le coaltar.
— Ouais. Moi aussi. »
Grey l'observa. Apparemment, il ne se souvenait de rien. Son camarade arracha une annonce et la lui tendit. Grey plissa les yeux.
« Une bande de voleurs ? Ouais, facile. Pourquoi pas ? Demandons à Lucy. »
Et il partit avec l'annonce.
« T'es bizarre, Natsu. Pourquoi t'es tout rouge ? »
Natsu jeta un regard incendiaire à son chat.
« Je vais très bien, Happy. Allez viens, on va manger. »
Voyant que Natsu se dirigeait vers la sortie du hall, Happy protesta :
« Pourquoi pas manger ici ? Mirajane a fait des croissants !
— Oui, mais ce matin, j'ai envie d'une glace.
— Quel parfum ?
— Quelle importance ? s'agaça Natsu. Tu veux une glace, oui ou non ?
— Aye, sir ! »
Plus tard, dans la rue, le chat bleu reprit d'un air soupçonneux :
« Où tu as dormi, cette nuit ? Je me suis endormi sur la table et ce matin, tu n'étais pas là ! »
Natsu se mit à bouillir.
« Je... C'est pas tes affaires, Happy.
— C'est louche, Natsu. Tu caches quelque chose.
— Je t'en pose, des questions ?
— Ça va, pas besoin d'être désagréable ! »
Natsu secoua la tête et le duo poursuivit sa route vers le meilleur glacier de Magnolia. Le mage de feu ne put s'empêcher de rougir une seconde fois en se demandant ce qui pouvait bien lui donner envie d'un truc glacé à cette heure de la journée. La gueule de bois. C'était la gueule de bois.
La mission fut presque aussi aisée qu'attendu, et Natsu parvint à n'occasionner que des destructions mineures, ce qui leur valut de toucher la plus grosse partie de la récompense prévue. Il faut dire qu'il n'avait pas semblé y mettre tout son entrain...
« Il y a quelque chose d'étrange, dit Lucy à Erza sur le trajet du retour. Tu n'as pas remarqué ? Grey et Natsu ne se sont pas disputés une seule fois au cours de la mission. »
Erza lui jeta un regard surpris.
« Tu as raison... En fait, ils ne se sont presque pas parlés.
— J'espère que ce n'est pas grave... Je me demande bien ce qui peut mettre Natsu en rage au point de lui ôter l'usage de ses cordes vocales...
— C'est plutôt inquiétant, en effet. Je lui parlerai quand on sera rentrés. »
Mais Erza n'en eut pas le temps. À peine eurent-ils déposé leurs affaires que le mage de feu avait disparu. Et Grey aussi, d'ailleurs.
« Et si jamais ils s'entre-tuaient, cette fois ? s'écria Lucy.
— Happy, tu sais où ils sont partis ? demanda Erza.
— Non. Natsu ne me parle plus beaucoup, à moi non plus », se plaignit le chat bleu.
Lucy sentit son cœur fondre en voyant les larmes remplir ses grands yeux.
« Allez, viens-là, dit-elle en le prenant dans ses bras. Ça ne peut pas être si grave. On va le trouver et voir ce qui se passe, c'est promis. »
Happy renifla et se nicha contre l'opulente poitrine de Lucy, qui lui gratta les oreilles en souriant.
« On y va, Erza ? »
La reine des fées acquiesça brièvement, et les deux femmes partirent à la recherche de leurs amis.
Ils n'étaient pas dans la guilde, et la maison de Natsu et Happy était vide.
« Hum... S'ils sont ensemble, je pense savoir où les trouver, déclara Erza avec un mince sourire. Depuis qu'ils sont gamins, ils ont un endroit favori pour se battre. Une plage isolée, à l'extérieur de la ville. Allons voir. »
« Bon. Je t'avais promis un combat, non ? Erza n'est nulle part à l'horizon. Qu'est-ce que tu en dis, Natsu Dragneel ? »
Grey fit craquer ses jointures en observant le chasseur de dragon, qui lui adressa un sourire carnassier.
« J'attendais ce moment depuis un petit bout de temps...
— Depuis, sans doute, que tu t'es réveillé collé à moi...
— Retire ce que tu viens de dire.
— Et pourquoi ? C'est la vérité, abruti. On le sait tous les deux. T'inquiète. Je l'ai dit à pers... »
Un poing flamboyant faucha le reste de sa phrase. Grey tomba lourdement dans le sable, la bouche en sang.
« Eh bien voilà, tu la retrouves, ton énergie ! »
Il se releva et joignit les poignets pour canaliser un sort de glace, son préféré. Il commençait tous ses combats ainsi. Évidemment, d'ordinaire, Natsu et lui y allaient aux poings, mais aujourd'hui, c'était différent. Les lances de glace se déployèrent dans les airs et fondirent sur Natsu. Le mage de feu s'enflamma et les pointes gelées se vaporisèrent dans l'incendie. Natsu rugit et se précipita sur lui. Balayé par la puissance de l'attaque, Grey s'effondra, le souffle coupé. À califourchon sur lui, Natsu leva le poing, mais le mage de glace l'intercepta et parvint à le repousser tout en congelant les flammes. Natsu le saisit par la chaîne qu'il portait autour du cou et lui releva la tête, préparant son autre poing pour frapper. Merde, pensa Grey. Trop tard pour esquiver. Il grimaça et ferma les yeux, tout son corps tendu pour encaisser l'attaque. Qui ne vint pas. Au bout de quelques secondes, il souleva les paupières. Les traits déformés par la colère, Natsu le fixait, à bout de souffle. Le combat ne faisait pourtant que commencer...
« Déjà... Déjà fatigué ? » demanda Grey.
Natsu ne répondit pas. Il tira sur sa chaîne jusqu'à ce que leurs visages se touchent presque. Puis, il fit le reste du chemin. Quand ses lèvres touchèrent les siennes, Grey eut soudain très, très chaud. En fait, il n'avait jamais eu aussi chaud de sa vie. Cela ne dura qu'une seconde, peut-être deux. Natsu le repoussa violemment et se releva.
Il parut hésiter une ou deux secondes, puis marmonna : « Oublions ça. »
Et il le laissa planté là, allongé dans le sable, en feu et la bouche en sang.
Au bout de quelques instants, Grey se mit à rire.
« Qu'est-ce que tu as à rigoler comme ça ? Et où est Natsu ? »
Grey se redressa d'un geste brusque qui lui fit tourner la tête. Lucy le regardait, poings sur les hanches, tandis qu'Erza fronçait les sourcils d'un air sombre.
Grey cracha du sang et s'essuya le menton d'un revers de la main.
« J'en sais rien. Mais qu'est-ce que vous foutez là ?
— On s'inquiétait, dit Erza.
— On a cru... Enfin, j'ai eu peur que vous vous entre-tuiez. Natsu était si silencieux, dernièrement...
— Qu'est-ce que j'en sais, de ce qui se passe dans son crâne, à ce nabot ? grogna Grey en se relevant. Il a dû rentrer chez lui, j'imagine. »
Les filles ne semblèrent pas convaincues. Erza examina les alentours d'un œil expert.
« Vous avez utilisé la magie... Mais enfin, c'est quoi, votre problème ?
— À mon avis, rien qui vous concerne. »
Grey renfila sa chemise et s'éloigna.
« Je rentre à la guilde. Ne vous inquiétez pas. C'est entre Natsu et moi, d'accord ? »
Les filles le regardèrent partir sans échanger une parole.
« Je sais ! s'écria soudain Happy.
— Quoi ? » dirent les deux magiciennes en se tournant vers lui d'un bloc.
Happy se cacha le museau derrière ses deux pattes pour étouffer un gloussement.
« Je peux pas vous le dire. Natsu serait très en colère si je vendais la mèche. »
Et le chat se remit à pouffer de façon exaspérante. Erza lui lança un regard noir, puis se radoucit.
« Bon, très bien. J'imagine qu'on aura bientôt le fin mot de l'histoire. »
Lucy ouvrit la bouche pour protester, puis se ravisa. Inutile d'essayer d'arracher des confidences à ce chat têtu. Quand il s'agissait de Natsu, c'était l'ami le plus loyal dont on puisse rêver.
La vie reprit son cours normal jusqu'à ce qu'un jour, la guilde Phantom Lord attaque subitement le QG de Fairy Tails. Les intentions du maître de guilde, José, se révélèrent rapidement au grand jour. Il avait dans l'idée de s'emparer de la fortune familiale de Lucy, pas moins, espérant ainsi faire de sa guilde la plus puissante de Fiore. Il travailla très dur pour y parvenir, et ce jour-là, il passa près de détruire Fairy Tail pour de bon. Ce fut le jour où Grey rencontra Jubia, la fille de l'océan. L'un des éléments les plus puissants de Phantom Lord, Jubia était une fille triste aux grands yeux mélancoliques, que la pluie accompagnait où qu'elle aille. Elle trouva Grey sur son chemin et les magies complémentaires des deux combattants entraînèrent un duel équilibré. Jubia aurait probablement gagné si elle n'avait pas été victime d'un authentique coup de foudre au moment où elle avait posé les yeux sur Grey. Saisi d'un mauvais pressentiment, le mage de glace la laissa sur place aussitôt le combat terminé, avant de se précipiter en direction du dernier étage de la guilde de Phantom Lord. José s'en était pris à Lucy, à Erza, et au vieux Makarov : Natsu allait foncer tête baissée, or, le maître de Phantom Lord ne jouait pas dans la même cour que lui. Il allait se faire tuer.
Grey trouva Natsu en mauvaise posture. Le mage de feu était en train de flancher, subissant assaut sur assaut sans parvenir à toucher son adversaire. La magie ténébreuse de maître José avait un goût, une odeur, et presque un texture. Elle rendait l'air étouffant et créait une sensation de panique chez ses adversaires. Désorientation, confusion et terreur étaient les maîtres atouts du chef de Phantom Lord. Il en fallait plus pour décontenancer Natsu, mais ses flammes se noyaient dans les ténèbres du mage, et il perdait en énergie à chaque minute qui passait. Grey vit le maître de guilde canaliser un sort puissant qui rayonna entre ses mains aux ongles soigneusement taillés en pointe. Une boule d'énergie d'un noir violacé grandit, projetant une lueur vacillante sur le visage grimaçant. Un éclat de pure folie brillait dans ses yeux. Tout en sachant que cela ne suffirait pas, Grey joignit les mains et invoqua un bouclier de glace avec toute la puissance qui lui restait en réserve. Le barrage magique se dressa au moment où José lançait son attaque. Le bruit sourd du choc magique emplit l'atmosphère, mais le mage de glace et le mage de feu étaient indemnes. Étonné, Grey regarda la glace se fendiller... Son bouclier avait résisté à l'assaut ! Il jeta un coup d'œil de côté. Natsu se relevait déjà.
« Grey... Qu'est-ce que tu fiches là ?
— Je viens te donner un coup de main, évidemment. Tu crois vraiment pouvoir battre ce type ?
— Après ce qu'il a fait à Fairy Tail... Je peux en battre cinq comme ça. »
Grey ne put s'empêcher de sourire.
« Abruti... » murmura-t-il.
Natsu bondit par-dessus le bouclier de glace et fondit sur son adversaire.
« Natsu, non ! »
Je n'ai plus d'énergie. Qu'est-ce que j'espérais accomplir ? Je ne peux pas l'arrêter.
Grey se remémora toutes les fois où il s'était retrouvé au pied du mur, sans ressources, quand tout son corps lui criait de renoncer. Sa volonté avait toujours refusé de plier. Natsu ne l'avait jamais battu : ils n'avaient jamais réussi qu'à se faire perdre mutuellement connaissance. Le souvenir de ces bagarres le revigora. Après tout, même sans magie, il me reste toujours mes poings...
Grey bondit à l'assaut.
L'attaque de Natsu fut balayée d'un revers de la main par le maître de Phantom Lord. Le chasseur de dragon fut violemment projeté contre un mur, qui se fissura sous l'impact. José avança dans sa direction tout en canalisant son sort suivant. Grey comprit qu'il n'avait plus le temps. Il dévia sa course et se planta sur la trajectoire de l'attaque.
« Natsu, bon sang, dégage de là ! cria-t-il à son camarade. À quoi tu serviras à la guilde si tu es mort ? »
Il n'entendit pas la réponse. Un choc écrasant comprima sa poitrine. Il sentit plusieurs côtes se rompre. Il tomba et perdit connaissance.
En voyant Grey à terre, Natsu changea de couleur. Pourquoi s'était-il interposé ? D'un autre côté, en regardant les blessures sur son torse, le mage de feu se dit que son camarade venait peut-être de lui sauver la vie.
« Merde ! » s'écria-t-il.
Au même instant, une lumière dorée aveuglante envahit la pièce. Makarov franchit le seuil de la pièce, apportant avec lui l'aura chaude et consolatrice de sa magie.
« Natsu ! Emmène Grey et laisse-moi m'occuper de ça. »
Le chasseur de dragon acquiesça et releva Grey. Le mage de glace entrouvrit les yeux.
« Natsu... Vas-y doucement, d'accord ? Je crois que j'ai les côtes cassées.
— Désolé, pas le temps pour ça. T'inquiète, on va te rafistoler. »
Et il le traîna hors de la pièce où les deux maîtres de guilde se toisaient, prêts à en découdre. À l'extérieur, le soleil était encore haut dans le ciel. Une belle journée ensoleillée, comme si tout allait pour le mieux. Happy apparut devant les deux mages.
« Happy ! Emmène Grey, tu veux ? C'est urgent, d'accord ? Si personne ne fait rien, il va mourir.
— Aye, sir ! »
Natsu regarda le chat bleu s'envoler avec le mage de glace et s'assit par terre.
« Merde ! » répéta-t-il. Il se frotta le visage avec lassitude. À quoi je servirais à la guilde si je suis mort ? Et tu as pas pensé que ça te concernait aussi, petit con ?
« Explique-moi ce que tu as voulu faire au juste, hein ? Tu es comme Erza : quand la situation se complique, vous ne pensez qu'à mourir en héros !
— Je vais bien, merci... »
Le mage de feu fixait son ami qui venait de reprendre connaissance d'un air furieux. L'infirmerie de fortune qu'ils avaient dressé sous des tentes, puisque toute la guilde avait été détruite, était remplie de mages salement amochés. Makarov avait gagné, et tout était terminé, mais Natsu bouillait toujours de rage.
Grey voulut se redresser, mais le mouvement lui arracha une grimace de douleur.
« Tu vas devoir rester immobile un petit bout de temps, remarqua sèchement Natsu. Pas la peine d'essayer de bouger. Contente-toi de répondre à la question.
— Je n'avais pas plus de plan que toi quand tu as foncé tête baissée pour affronter José, soupira Grey. Seulement, moi, je savais que tu ne pouvais pas le vaincre. Que tu le veuilles ou non, tu n'es pas encore prêt pour ça, Natsu. »
Le chasseur de dragon fut pris d'une furieuse envie de lui taper dessus, mais dans son état, il risquait tout bonnement de le tuer. Il crispa les poings.
« Admettons que j'ai fait une erreur. Ce n'était pas à toi de la réparer.
— Natsu... Je ne voulais pas réparer quoi que ce soit. Je n'ai pas réfléchi. J'y suis allé à l'instinct. Tu devrais comprendre ça, non ? Ce qui te met en colère, c'est de savoir que tu as déconné, c'est tout. Maintenant, s'il te plaît, fiche-moi la paix. »
Natsu sentit monter une telle rage qu'il s'enflamma littéralement. Le rire de Grey coupa court à sa colère.
« Me fais pas rire, abruti. Je t'assure que ça fait mal. »
Un sourire inattendu illumina le visage de Natsu.
« Bon, ça va. Tu as gagné. Pour le moment. On réglera ça quand tu seras en état de prendre un coup de poing.
— Ouais... »
Natsu sortit de la tente, et se heurta à Lucy.
« Natsu ! Tu vas bien ? Tout le monde s'inquiète. Depuis ta confrontation avec maître José, on dirait que tu es sur le point de détruire le monde. »
Natsu sourit d'un air gêné en se passant une main dans les cheveux.
« Ça va, Lucy. Je m'en veux, c'est tout. »
Lucy ouvrit de grands yeux.
« Mais pourquoi ?
— Je n'étais pas prêt. Ça a failli coûter la vie à Grey.
— Tu ne pouvais pas savoir...
— Si. Lucy... Laisse tomber. Je suis content que ces peigne-culs de Phantom Lord s'en soient pris plein la gueule. Au moins, tu es en sécurité, maintenant. »
Lucy rougit.
« Merci, Natsu... »
Le chasseur de dragon s'illumina.
« Mais pas de quoi. Tu es de Fairy Tail. Tu sais ce que ça veut dire, pas vrai ? »
Lucy acquiesça, les larmes piquetant ses yeux noisette. Natsu posa une main amicale sur son épaule, puis s'éloigna.
Quelques semaines plus tard, la « meilleure équipe de Fairy Tail » était de retour sur les routes. Rétabli, Grey avait voulu repartir en mission le plus vite possible. « J'en ai marre de ne rien faire », avait-il déclaré, bruyamment approuvé par Natsu.
Alors qu'ils traversaient une forêt hantée par de grands singes particulièrement stupides et agressifs, Natsu se figea.
« Je sens une odeur bizarre, dit-il en humant le vent.
— Comment ça, bizarre ? demanda Lucy.
— Hum... » Natsu se gratta la tête. « Ça sent comme s'il allait pleuvoir, reprit-il.
— Mais il fait un temps superbe !
— C'est pas le temps... C'est... quelqu'un.
— Quelqu'un qui sent comme la pluie ? »
À son tour, Grey se figea. Il se retourna et fouilla les fourrés du regard. Natsu n'attendit pas et bondit dans les buissons, desquels il ne tarda pas à ressortir avec une fille aux cheveux bleus et aux vêtements sages un rien surannés.
« Jubia ! » s'exclama Grey.
La jeune fille rougit jusqu'aux oreilles.
« Grey-sama... murmura-t-elle.
— Tu la connais ? demanda Natsu.
— C'est une mage de Phantom Lord.
— Hein ? » Le chasseur de dragon la saisit par le col et se mit à la secouer. « Qu'est-ce que tu fiches ici ? Vous nous cherchez encore des noises, après la raclée qu'on vous a mise ? »
La pauvre Jubia, qui semblait terrifiée, garda le silence.
« Natsu, arrête ! » Grey s'approcha. « Je ne crois pas qu'elle nous veuille du mal. »
Natsu contempla sa proie un petit moment, apparemment indécis. Puis, il décida qu'elle ne représentait aucune menace et la relâcha.
« Pourquoi tu nous suis ? voulut savoir Grey.
— Jubia... Jubia a quitté Phantom Lord. Je voulais... Je me demandais...
— Ah, je vois ! Tu veux rejoindre Fairy Tail, c'est ça ? demanda Natsu avec un grand sourire. Je te comprends ! »
Jubia se tritura les doigts et dansa d'un pied sur l'autre, désemparée par le brusque changement d'attitude du mage de feu.
« C'est vrai ? demanda Grey. Tu veux rejoindre notre guilde ? »
La fille de l'océan baissa la tête.
« Oui... »
Natsu éclata de rire. « Super ! Dans ce cas, tu devrais aller voir le vieux à Magnolia. Nous on a du boulot, alors si tu veux bien nous excuser... »
Il tourna les talons et s'éloigna en sifflotant.
« Grey-sama... Vous pensez que...
— Natsu a raison. Va voir le vieux. »
Jubia chercha l'approbation des autres. Lucy lui sourit, et Erza hocha la tête d'un air grave.
« Va à Magnolia. Fairy Tail ne refuse jamais les gens de bonne volonté, déclara la reine des fées.
— Merci. »
Jubia rougit encore, fit un petit signe de la main, et partit sans rien ajouter. Perplexe, Grey la suivit des yeux.
De retour à la guilde une semaine plus tard, Natsu retrouva une humeur sombre qui ne lui ressemblait guère. Comme il avait l'air de couver la crise de rage du siècle, personne n'osait plus guère s'approcher de lui. Ce jour-là, avachi sur la table, il toisait d'un air malveillant Jubia, assise au comptoir en compagnie de Grey. Quelque chose le dérangeait chez cette fille, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
« Tu ne l'aimes pas beaucoup, hein Natsu ? » demanda Happy, qui dégustait un poisson près de lui.
Le mage de feu grogna en guise de réponse.
« Grey semble bien l'aimer, lui. Ils sont souvent ensemble, pas vrai, Natsu ? »
Natsu frappa la table du poing avec une telle force qu'il envoya valser Happy et son poisson.
« Pourquoi t'as fait ça ?!
— Je sais pas trop... Désolé, Happy. Allez viens, on part en mission. J'ai besoin de bosser.
— On n'emmène pas Lucy ?
— Pas cette fois, Happy. »
Le chasseur de dragon ne prit pas la peine de prévenir qui que ce soit, et personne n'eut de nouvelles de lui pendant une semaine. En rentrant, il semblait de bien meilleure humeur. Les mages de Fairy Tail soupirèrent de soulagement : la fin du monde n'était pas encore pour aujourd'hui.
« Hé, Natsu ! l'alpaga Grey aussitôt qu'il l'aperçut. Où tu étais ? »
Natsu haussa les épaules et s'attabla face à lui.
« Je meurs de faim, annonça-t-il.
— Lucy se faisait un sang d'encre, espèce d'emmanché.
— Dans ce cas, c'est à Lucy que je dois des excuses, pas à toi. Et sape-toi un peu, tu veux ?
— Tu disparais comme si de rien n'était pendant une semaine et c'est comme ça que tu me parles, espèce de barbecue chouineur ?
— C'est un congélo en caleçon qui ose me dire ça ? »
Les deux mages se regardèrent en fulminant.
« Alors quoi, Natsu ? Tu oses plus m'affronter ? » le provoqua Grey en voyant que Natsu ne réagissait pas. Il attendit quelques secondes, puis se leva en soupirant.
« Quand tu seras décidé à grandir et à assumer un peu, tu sais où me trouver. »
Natsu serra les dents.
« Qu'est-ce que tu... Qu'est-ce que tu entends par là ?
— Tu le sais très bien. Compte pas sur moi pour te faciliter la tâche. »
Le mage se détourna et s'éloigna avec l'air de la dignité outragée, quand bien même il était toujours en caleçon.
« Grey t'a cassé en beauté, commenta Happy qui n'avait pas perdu une miette de la scène.
— Il sait pas de quoi il parle, cet abruti.
— Tu sais, Natsu, si tu ne fais rien, la situation peut durer encore très longtemps, assura le chat bleu d'un air docte. Grey est coriace, et il est beaucoup plus patient que toi.
— Mais de quoi tu parles ? Il n'y a pas de « situation ».
— Si tu le dis, Natsu... Mais les gens vont finir par remarquer quelque chose, tu sais. Tu devrais prendre les devants avant de devenir comme Jubia. »
Le visage de Natzu devint aussi écarlate que les cheveux d'Erza.
« Depuis quand tu es devenu un puits de science, toi ? »
Happy se rengorgea. « Les gens tiennent mes conseils en haute estime, Natsu. »
À ces mots, le mage de feu éclata de rire. « Ben voyons. » Soudain, il fronça les sourcils. « Attends... Tu veux dire... Tu crois que... Tu crois que j'en pince pour Grey ou un truc comme ça ?
— Natsu, ne me dis pas que tu viens toi-même de le réaliser...
— Hein ? Mais c'est... C'est complètement débile ! Je sais bien qu'il y a eu cette fois où... Mais c'était un... une sorte d'accident. » Natsu réfléchissait avec une telle intensité qu'on aurait presque pu voir les rouages s'enclencher dans son cerveau. « Attends une seconde, Happy ! Cette fois-là... Il m'a laissé faire.
— Laissé faire quoi, Natsu ?
— Peu importe, oublie ça.
— Je veux savoir ! Tu l'as embrassé, hein, dis, Natsu ?
— Mais enfin, boucle-la ! J'ai pas envie que toute la guilde soit au courant !
— Ouah, des amours secrètes ! Super romantique !
— Il a dit « assumer »... Merde ! J'ai compris ! »
Happy ferma les yeux à demi.« C'était pourtant pas sorcier... » commenta-t-il d'un ton blasé.
Natsu se gratta la tête et contempla sa chope de bière d'un air perplexe.
« Mais... Je suis censé faire quoi, maintenant ?
— Pff, je croyais que tu trouvais mes conseils nuls, dit Happy en croisant les pattes avec dédain.
— S'il te plaît, Happy !
— C'est pourtant pas compliqué ! rétorqua le chat bleu. Tu vas le voir et tu lui dis que tu en pinces pour lui.
— Mais je peux pas lui dire un truc pareil ! Après, il va plus jamais me prendre au sérieux ! Sans parler d'avoir les chevilles qui enflent...
— C'est le risque à prendre, affirma Happy en reprenant son air docte.
— Le risque à prendre, tu parles », marmonna Natsu, buté.
Puisque Happy ne donnait pas que de mauvais conseils, Natsu prit le temps de la réflexion. Après tout, le chat bleu n'avait pas tout à fait tort. De plus, la guilde de Fairy Tail était un vrai repaire de commères, et effectivement, s'il ne faisait pas attention, les rumeurs allaient commencer à enfler. Autant éviter que celles-ci ne le dépeignent comme un amoureux transi.
Un soir, peu avant minuit, il alla frapper à la porte de Grey.
En le découvrant sur le seuil, le mage de glace parut très surpris.
« Natsu ! Il y a un problème ?
— Je ne sais pas trop. J'ai à te parler. Tu me laisses entrer ? »
Grey s'écarta du passage. Natsu entra et commença aussitôt à faire les cents pas.
« Ce que tu m'a dit l'autre jour... Je crois que j'ai compris. »
Grey croisa les bras sur sa poitrine nue et haussa un sourcil : « Déjà ?
— C'est pas le moment de te foutre de moi, idiot ! »
Le mage de glace sourit mais s'abstint de poursuivre.
Natsu stoppa sa déambulation et se retourna vers son camarade. « Qu'est-ce qui se passe, Grey ? Qu'est-ce qui a changé ? »
Grey alla s'asseoir à côté de la petite table près de la fenêtre et se prit le visage dans les mains en soupirant. « Je suis sûr que tu vas trouver tout seul, murmura-t-il.
— Grey, espèce de... »
Natsu le souleva de sa chaise avant de le projeter contre le mur adjacent. Grey ne bougea pas, gardant ce sourire exaspérant dont il avait le secret. Natsu le fixa, désorienté par les émotions contradictoires qui luttaient en lui pour la suprématie. La colère se mesurait à une puissante attirance qui l'empêchait de prendre une quelconque décision.
« Alors, Natsu, on se dégonfle ? » demanda Grey. Il posa une main froide et conquérante sur son entrejambe, serrant doucement. Natsu se figea, le souffle coupé par la soudaineté du geste.
« Hum... pas tant que ça, apparemment », commenta le mage de glace. Profitant de la confusion temporaire de son camarade, il inversa la position et poussa le chasseur de dragon contre le mur. Puis, il se pencha pour l'embrasser. Natsu ne chercha pas à se dégager. Grey passa une main dans son pantalon et s'empara de sa verge. Natsu hoqueta et se raidit, résistant à l'envie de défenestrer le mage de glace aussi bien qu'à celle de se jeter sur lui. Grey coupa court à ces délibérations en l'attrapant par la taille et en le balançant sur le lit. Il bondit à sa suite, à quatre pattes au-dessus de lui, les genoux plantés entre ses cuisses, et recommença à l'embrasser. Avant que Natsu ne réalise ce qu'il était en train de faire, il se retrouva à défaire la ceinture de Grey d'une main tremblante.
Quand ils furent entièrement nus, ils s'arrêtèrent, le mage de glace surplombant le mage de feu. Grey regarda Natsu dans les yeux et sourit, mais pas à sa manière exaspérante habituelle. Natsu lubrifia sa verge et la guida en lui. Il s'arqua sur le matelas tandis que Grey le pénétrait avec lenteur. Sa main se referma sur la nuque de son ami, tirant sur les racines de ses cheveux, récoltant des gouttes de sueur. Un gémissement lui échappa quand Grey s'enfonça en lui plus profondément à la suite d'un solide coup de rein. Ses hanches se balancèrent d'avant en arrière, créant une onde de plaisir dans le bas-ventre de Natsu qui renversa la tête sur l'oreiller comme s'il cherchait de l'air. Le bout de la croix que Grey portait autour du cou lui chatouillait le torse au rythme des coups de boutoir, un effleurement glacé qui lui hérissait les tétons. Le mage de glace sembla bientôt à son tour à court d'air et accéléra le mouvement, son souffle entrecoupé balayant le cou de Natsu. Celui-ci resserra les cuisses, enserrant les hanches de son compagnon pour suivre leur mouvement. Il passa une main entre leurs ventres qui se frôlaient et commença à se masturber. Peu de temps après, Grey donna un puissant coup de rein et Natsu put presque sentir son sexe vibrer dans ses entrailles tandis que l'orgasme lui arrachait un cri étouffé.
Grey se retira et se laissa tomber sur le matelas, hors d'haleine. Au bout d'une ou deux minutes, il murmura :
« Putain... Ça donne un tout nouveau sens à mon insulte préférée.
— Laquelle ? demanda Natsu d'un air circonspect.
— Emmanché... »
Le chasseur de dragon siffla d'exaspération, mais sourit dans la pénombre.
« Je l'avais bien dit à Happy.
— Quoi ?
— Que si je laissais tout ça se produire, je n'aurais plus jamais fini d'en entendre parler. Tu as déjà les chevilles qui enflent.
— T'inquiète, Natsu, tu auras ta revanche, dit le mage de glace en riant.
— J'y compte bien... Tu baises comme tu combats, après tout.
— Ce qui veut dire ?
— Oh, tu sais, douceur et délicatesse, plein d'effets esthétiques.
— Abruti ! Tu aimes bien ça.
— Comme je ne suis plus à ça près, je peux bien l'avouer : j'ai toujours trouvé ta magie presque... poétique.
— Comme ma façon de baiser ?
— En un sens.
— Je vois... En ce qui te concerne, si tu te bats comme tu baises, j'ai peur pour mon cul. »
Ils éclatèrent de rire, mais, épuisés par toutes ces émotions, s'endormirent à peine une minute plus tard.
Plus tard dans la nuit, Natsu passa à l'attaque. Avant de comprendre ce qui lui arrivait, Grey se retrouva à quatre pattes, en train de s'agripper à la tête de lit, tandis qu'une main brûlante enserrait ses testicules dans une étreinte qui courtisait à la fois le plaisir et la douleur. Il encaissa comme on encaisse un coup de poing, mais cette fois, le choc se mêlait subtilement à un plaisir croissant qui gomma bien vite tout réticence. Il subit un assaut en règle, tandis que main décidée maintenait une emprise ferme sur sa verge. Il perdit rapidement toute notion de contrôle, mais il lui resta juste assez de réserve pour ne pas réveiller tous les autres pensionnaires avec des cris de jouissance.
Quand ce fut terminé, les deux mages s'endormirent tout aussi lourdement que la première fois, et une fois le matin venu, aucun des deux n'entendit les coups répétés à la porte.
