Titre : Automail

Auteuse : Mélie

Genre : Angst, Yaoi

Couple : GreedKimblee


Automail, chapitre 1

L'eau bout encore sur le feu. Mamie Pinako l'arrête juste à temps, avant que cela ne déborde. Elles n'avaient pas prévu cela. Comment auraient-elles pu prévoir ?

Scieszka est partie s'enfermer dans sa chambre. La pauvre petite n'a pas pu le supporter. Lire une description dans un livre n'est pas comme la voir en vrai…

Winry lui pardonne, bien entendu, elle la connaît. Et cela ne la dérange pas. Au contraire, elle préfère que son amie ne voie pas ça. C'est déjà suffisamment difficile ainsi.

Tout en faisant son travail, elle observe la personne qui a accompagné son "patient" et qui l'a presque agressée pour qu'elle l'aide.

Personne est bien le mot qui convient. Car ce qui est certain, c'est que cet être n'est pas humain.

Elle manque de frissonner quand les yeux violets se reportent sur elle, après avoir longuement contemplé l'homme allongé sur la table d'opération. Non, c'est faux : en fait, il ne le quitte presque pas des yeux. C'est à peine s'il regarde ce que fabrique la jeune Rockbell. Peut-être une marque de confiance. Ou peut-être pas. Mais après tout, elle n'en a rien à faire. Elle fait son boulot, c'est tout.

C'est très douloureux, bien entendu. L'homme sur la table d'opération ne s'est cependant pas évanoui. Quoique… difficile à dire. Ses yeux sont ouvert et il fixe le plafond de son regard doré, en silence, un sourire étrange aux lèvres. Il n'a même pas crié.

Même pas crié. Quel genre d'homme… même Edouard avait crié. Mais pas lui… on dirait presque que la douleur lui plaît.

Sans doute que ce sera autre chose lorsqu'il devra s'habituer à l'automail.


L'opération est terminée.

L'homme ne s'est pas évanoui, mais plutôt endormi, et celui qui n'est pas humain est assis près du lit et ne le quitte toujours pas des yeux.

Ni l'un ni l'autre n'a prononcé un mot, à part, pour l'être aux yeux violets :

"Soignez-le. Tout de suite."

En fait, il n'a même pas hurlé. Mais si Winry pense qu'il l'a agressée, c'est parce qu'elle a senti toute une menace dans sa voix.

Et depuis il n'a rien dit.

La jeune mécanicienne et chirurgienne s'asseoit en face de lui.

"Il s'en tirera."

Elle le dit à voix basse, mais elle en est convaincue. En fait, c'est la seule chose qu'elle ait trouvée à dire. Parce que c'est sans doute la seule chose qui intéresse l'être en face d'elle.

"Bien."

Lui aussi se met à sourire, comme son compagnon. Mais leur sourire n'est pas le même.

"Très bien. Merci, Miss Rockbell.

- C'est mon boulot, et je le fais.

- Et vous ne posez même pas de questions… voilà qui est très bien.

- Il n'y avait nul besoin que j'en pose.

- Vous faîtes ce travail depuis longtemps ?

- Pardon ?"

C'est inattendu. Le voilà qui démarre une conversation… comme si de rien n'était.

Cela n'empêche pas Winry de répondre à ses questions, sans en poser elle-même. Et finalement elle remarque que, tout en parlant, il caresse les longs cheveux de l'homme allongé.

Après un moment de silence, voilà que l'autre, celui au cheveux courts, celui qui n'est pas humain, se remet à parler.

"Vous ne m'avez même pas demandé comment il a perdu son bras.

- Pas besoin de le savoir. Tant que je peux… l'aider…

- Vous êtes une jeune fille très sage.

- Merci.

- J'espère que vous trouverez quelqu'un qui saura vous aimer autant que vous le méritez.

- Merci."

Un instant, un court instant, Winry pense à Sciezska, seule dans sa chambre, sans doute le nez dans un livre. Puis ses pensées redeviennent professionnelles.

"Il faut que vous restiez quelques jours encore. Le temps qu'il se rétablisse.

- Je ne comptais pas faire autrement. Combien de temps ?

- Je dirais… trois jours.

- Trois jours. Parfait. Ensuite, nous repartirons…

- Vous ne faîtes pas un long voyage j'espère ?

- Assez, si. Mais c'est en tr...

- Oubliez cette idée tout de suite."

Elle s'est levée pour la peine, et sa main cherche une clé à mollette. Mamie Pinako lui a déjà dit de ne pas frapper les patients, mais cet homme là n'est pas malade, à part peut-être dans sa tête.

"Il n'est pas en état…

- Je voulais juste revenir chez nous, à Dublith. Mais si vous dîtes que Kimblee ne le supportera pas…"

Kimblee. C'est donc là le nom de l'homme qui est allongé dans le lit.

Et l'autre sourit toujours.


Il fait nuit. Greed continue de caresser les cheveux de Kimblee, qui finit par ouvrir un œil, puis l'autre, puis refermer les deux. Il tente de se rouler sur le côté, mais la douleur l'en empêche. Il grimace. Greed dépose un baiser sur son front.

"Ca ira, va…

- Alors… j'ai perdu un bras, donc."

C'est tout ce qu'il dit. Il est toujours conscient, Greed le sait, mais il n'ajoute rien de plus.

Et ce n'est pas l'homonculus qui va entamer la conversation.

Il se contente de s'allonger sur le lit, plus près de lui, et de l'enlacer du mieux qu'il peut, poussant un long soupir.