Il était considéré comme un grand écrivain.

Tous ceux qui lisaient un de ses livres tombaient sous le charme de son style d'écriture de ses belles métaphores de ses mots choisis avec soin.

Mais personne ne « tombait amoureux de l'auteur ».

On aimait ses livres.

Point.

Beaucoup de personnes se disaient fan et voulaient le rencontrer, mais il savait que ce n'était pas pour en apprendre plus sur lui. C'était pour ses livres.

Il n'intéressait personne.

Bon, pas que cela le dérangeait, au contraire.

Il préférait rester dans l'ombre. La preuve, il pouvait s'enfermer dans sa chambre, avoir des cernes sous les yeux, être déshydraté, affamé seul sa manager le voyait. Et encore, si le manuscrit était posé sur la table basse du salon avec un mot, pas une seule parole échangée entre eux deux.

Presque une vie d'ermite.

Ses romans, son exutoire quand il était enfant, lui permettait de subvenir à ses besoins. Il écrivait, c'était tout ce qu'il demandait.

Mais petit à petit, des idées étaient apparues. Spontanément, sournoisement, il ne savait le dire. Il ne pouvait pas les inclure dans ses livres.

Alors un beau jour, il s'était mis à écrire des choses plus coquines, moins sages que les précédents écrits. Il avait remarqué que c'était une seconde forme d'exutoire.

Plutôt des penchants inassouvis, de vieux fantasmes, qui sans qu'il s'en rende compte tournaient autour de la même personne.

Il était devenu un écrivain de Yaoi.

C'était arrivé aussi naturellement que quand il avait commencé sa carrière d'écrivain : un beau jour, on lui avait demandé si on pouvait publier ses écrits.

Il n'avait jamais vraiment communiqué à vive voix, préférant la solitude et l'écriture. Il était donc à se moment, et jusqu'à présent, un auteur de romans, dont l'écriture était peut être personnelle, mais où il manquait quelque chose pour qu'ils aient une partie plus profonde et soient autre chose qu'un moyen de gagner de l'argent.

Que cela redevienne presque vitale pour lui d'écrire.

Une motivation.

Sa vie parallèle, normale, quand à elle était source de dépression. Son meilleur ami, et accessoirement le seul, était un amour caché.

A sens unique.

Il y avait tous les ingrédients nécessaires à quelqu'un pour se sentir mal. Avoir besoin de réconfort et d'un but dans la vie.

Et c'est ce qu'il a trouvé. Chez se même ami, habitait le petit frère de se dernier. Ils s'étaient retrouvés à cohabiter dans l'appartement de l'écrivain.

Faites vivre ensemble un homme accro aux ours, ayant de fâcheuses manies dignes d'un vieux pervers aimant les câliner et un jeune homme voulant rentrer dans une université assez prestigieuse avec des notes très moyennes et ne voulant pas inquiéter personne. Joyeux bazar en perspective.

Surtout si l'on rajoute un amour naissant entre eux.

L'un acceptant cette idée, profitant et abusant de la situation (ainsi que de sa victime) l'autre refusant tout en bloc, ou du moins essayant de refuser, subissant les assauts répétitifs.

Et qui niait d'être amoureux du plus vieux avec le meilleur argument possible : ils étaient deux hommes.

Mais les sentiments, les réactions du corps, ne trompent pas.

Depuis cette rencontre, les romans ont de plus en plus de succès. Ils sont encore plus encensés qu'avant.

Et ses romans Yaoi… Et bien, ils concernent toujours autant les fantasmes, en y rajoutant une part de réel nommée désire. Au plus grand dépit de sa moitié.

Qui, une fois tombée devant l'un desdits livres, c'étaient vu obligé de faire au moins l'une des idées décrites…

L'écriture est devenue presque secondaire, par rapport à sa source d'inspiration.

Son éditrice lui a demandé si c'est parce qu'il a changé de style.

Il ne l'a pas remarqué.

Et qu'est ce qu'il l'a fait changer, alors ?

Misaki.