Disclaimer : les personnages appartiennent à Tite Kubo
Pairing : Uryuu x Grimmjow
Précision : Ichigo n'a pas perdu ses pouvoirs, certains morts du manga ne le sont pas et d'autres, en revanche, le sont.
Pour une fois, ceci n'est pas une traduction. Cette prose sort tout droit de mon imagination (celle que je pensais ne pas avoir) et j'en suis pas peu fière. Je remercie Soul004 car c'est en lisant sa réponse à l'une de mes reviews, que j'ai décidé de me lancer dans l'écriture d'une fiction sur un couple pas ordinaire (sa fiction 'L'espace d'une nuit' abordait le couple Byakuya-Ikkaku). Bonne lecture!
Fallait bien se rendre à l'évidence. Kurosaki-kun par-ci, Kurosaki-kun par-là. Depuis la fin de la guerre d'hiver, il n'y en avait que pour le shinigami aux cheveux orange. Il est vrai qu'Ichigo en était ressorti auréolé du statut de héros. Il était devenu une figure emblématique aux yeux de la plupart de ceux qui avaient dû faire face de près ou de loin à cette terrible épreuve. D'ailleurs, même moi, je me devais de le reconnaître. Son combat acharné contre Aizen en était la preuve. Il avait vaincu la plus grande menace qu'est jamais connue la Soul Society, et qui sait, peut-être le monde réel.
La fin des hostilités avait été suivie par une phase de reconstruction. La dureté des combats et la force de nos ennemis avaient laissés des traces dont certaines ne pourraient jamais être effacées. La quatrième division, aidée d'Orihime, fit des miracles en guérissant la plupart des blessures physiques, même les plus graves. Mais que faire face aux meurtrissures de l'âme ? Malgré toute leur habilité, le capitaine Unohana et Orihime restèrent impuissantes face à la mort, et certains combattants durent se confronter à la perte d'êtres chers. Ce fut le cas de la dixième division en la personne de son capitaine et de son vice-capitaine. Le lieutenant Hinamori ne put se relever de l'attaque sournoise menée par Aizen. Voilà bien l'œuvre d'un démon que de manipuler un homme au point de lui faire porter le coup fatal à sa sœur de cœur. Rangiku quant à elle, laissa une petite partie d'elle-même après la mort de Gin. Surtout après avoir appris que ce dernier n'était pas le traitre que tout le monde imaginait, mais un homme qui avait décidé de combattre seul un monstre, et tout ça pour elle. Remarquez la mort peut parfois engendrer du bon : celle de Rukia permit à son frère adoptif et à son meilleur ami de se rapprocher définitivement. Maigre consolation, me direz-vous.
La phase suivante fut plus légère. Toute victoire se suit inexorablement par une célébration, et elle fût à la hauteur du danger qui avait menacé la Soul Society : longue et tonitruante! Les épreuves difficiles de la vie rapprochent les gens, surtout quand le saké coule à flot. L'alcool a ce don particulier d'annihiler une partie des barrières que nous érigeons autour de nous. C'est d'ailleurs pendant ces festivités que la Soul Society connut une recrudescence de couples plus ou moins inattendus. Mais, le seul qui eût à ce moment-là, un intérêt à mes yeux, fût bien celui formé par Ichigo et Orihime. Comment se réjouir du bonheur et de la joie autour de soi quand son cœur saigne ? Car c'est bien que je ressentais alors. Depuis plusieurs semaines, je ne voyais déjà plus Orihime comme une simple amie ou une camarade de combat. A ma grande surprise, je m'étais découvert éprouver de tendres sentiments à son égard. Bien sûr, j'avais compris que ces sentiments n'étaient pas réciproques, puisque les siens étaient tous tournés vers Ichigo Kurosaki. Cependant, l'attitude distante d'Ichigo vis-à-vis de ma rousse pulpeuse, et des autres représentantes du sexe opposé, m'avait laissé jusque-là entrevoir l'espoir de concrétiser un rapprochement avec celle que j'aimais silencieusement. Espoir piétiné lors de la deuxième soirée, quand je les vis tous les deux s'embrasser sous ce clair de lune parfait. Quelle ironie de voir son rêve se briser, dans une scène magique qu'on avait rêvée pour soi-même.
Puis vint enfin l'heure de la séparation, et le retour sur terre. Nous étions tous les quatre là, parlant encore de choses et d'autres, un peu comme s'il nous était devenu pénible d'aller chacun de notre côté. Chad fût le premier à partir après un bref salut. En même temps, on parle de Chad. Je me retrouvais donc seul face à ces deux personnes qui se tenaient tendrement la main. Je ne pouvais pas les détester. Elle était rayonnante, son regard amoureux tourné vers lui. Après tout ce qu'elle avait vécu suite à son enlèvement par les espadas d'Aizen, j'étais heureux pour elle, même si j'avais mal. Le plus curieux, reste son visage à lui : il irradiait de bonheur. Jamais auparavant, je n'avais vu Ichigo aussi heureux. Parti le froncement de sourcils, envolé l'air maussade qu'il affichait presqu'en permanence. Au fond, avant d'être mon rival, c'est mon ami, la personne qui m'a sortie de mon isolement et m'a permis de m'ouvrir aux autres. Je leur souhaitai bonsoir et tournai les talons. Il était temps de reprendre le cours de ma vie, même si je me sentais comme vidé de l'intérieur.
J'ai toujours pensé être quelqu'un de fort psychologiquement et maître de lui-même. La perte de mon grand-père et l'absence de Ryuken (je n'arrive même pas à prononcer ce qu'il est vraiment pour moi), m'ont fait grandir plus vite que la plupart des adolescents. Cela allié à mon intelligence, sans vouloir me vanter, j'étais sûr de pouvoir tourner la page facilement. Après tout, des tas de jeunes vivent des amours contrariés, et ils s'en sortent aguerris pour faire face au prochain. Mais rien ne se passe comme prévu. La blessure est bel et bien là, profonde et vicieuse, refaisant surface dès que je les vois ensemble. Et comment faire pour les éviter ? Ça m'est tout simplement impossible ! Je ne peux même pas tenter de m'éloigner. Ils ne le comprendraient pas. Et je peux encore moins leur en expliquer la raison. Alors je cache tant bien que mal ma souffrance, mais c'est dur.
Comme chaque jour, nous nous retrouvons à l'heure du déjeuner sur le toit de l'école. J'essaye de river mon regard sur mon bento, mais comme chaque jour, l'appétit n'y est pas. Et il est dit que rien ne me sera épargné aujourd'hui.
- « Tatsuki, tu pourrais m'accompagner samedi pour faire les magasins. J'ai une envie folle de shopping », s'exclame Orihime avec un grand sourire.
- « Euh… bah, tu vois, Hime,… j'ai… »
- « Y-a un problème, Tatsuki ? », demande alors sa meilleure amie.
- « Non, aucun problème. C'est juste que… ». Là, je relève les yeux. Une Tatsuki hésitante ne laisse rien présager de bon. Et quelle n'est pas ma surprise quand je vois Chad lui prendre la main.
- « Chad et moi, on va voir un film au cinéma », débite-t-elle d'un coup, encouragée par le grand brun, qui acquiesce d'un hochement de tête, somme toute très 'chadien'.
- « Oh, c'est pas vrai ! Vous sortez ensembles, mais c'est absolument fabuleux », s'écrie la rousse en joignant les mains de manière enfantine.
Aussitôt, Tatsuki se met à rougir comme une pivoine. Qui aurait cru ça de la part de ce garçon manqué ! Plus modérément, Ichigo félicite son ami de toujours, par une accolade bien virile. Tsst ! Voilà, le coup de grâce vient de m'être assené par nul autre que Chad. C'est officiel, je suis irrémédiablement et désespérément SEUL. Allez, pendant qu'on y est, y-aurait-il une bonne âme pour m'achever ?
- « Il ne reste plus qu'Uryuu à caser ! », décrète la douce Orihime.
Bon bah, ça c'est dit. Un truc à ajouter ?
- « Ça va pas être facile, on parle d'Uryuu, hein ? », me lance Ichigo en me faisant un clin d'œil complice.
Eh, quand je parlais d'une bonne âme pour m'achever, je plaisantais !
- « Uryuu se trouvera quelqu'un de bien quand il sera prêt » Il ne parle pas souvent le Chad, mais il faut reconnaître que lorsqu'il le fait, c'est efficace.
- « Ouais, une fille bien, j'en suis sûre », ajoute sa dulcinée. Je les aime bien finalement ces deux-là, même si, à cause d'eux, je reste le seul 'à caser'.
- « … ou un garçon », s'empresse de dire Orihime.
Ichigo vient de s'étrangler avec son jus de fruit, Tatsuki regarde son amie avec des yeux ronds comme des soucoupes. Même Chad l'imperturbable, semble perturbé. Et moi, dans l'histoire ? Pourquoi je ne dis rien ? Peut-être parce que je n'ai rien à dire. Non, parce que je suis mort. Voilà, c'est ça, je dois être mort.
- « Orihime, qu'est-ce que tu racontes ? » Ichigo est le premier à se ressaisir.
- « Je ne vois où est le problème, si Uryuu aime les garçons ! » Elle le fait exprès, c'est pas possible autrement.
- « Tu as raison, Orihime », renchérit Tatsuki, avant d'ajouter sans pouvoir me regarder vraiment « Si Uryuu est … attiré par les mecs, ça ne change rien. Il reste notre ami ». Affirmation aussitôt confirmée d'un hochement de tête par le rouquin et le brun.
- « . .GAY ! », je m'écris soudainement. Tiens finalement, je ne suis pas mort.
- « Pas la peine de le prendre sur ce ton, Ishida. On t'a dit que ça ne changeait rien pour nous », se croit obligé de me répondre Ichigo. Qu'est-ce qu'il n'a pas compris dans ce que je viens de dire… euh, de hurler plus tôt.
- « Bon, faut qu'on retourne en cours », conclut alors celle pour qui bat mon cœur.
Ouais, c'est ça, sauvés par le gong. Retournez donc en cours comme si de rien était ! Gay, moi ? Non mais ça va pas la tête !
L'après-midi vient de défiler à une vitesse vertigineuse, et le comble, sans que je n'aie rien écouté du cours tellement je ressasse dans ma tête la conversation que j'ai eue, ce midi, avec mes amis. Enfin, conversation, est un bien grand mot. Converser suppose en effet un échange verbal entre différentes personnes et moi je me suis carrément exclu. Pourquoi cela m'affecte autant ? Au moins, ça a le mérite de me détourner de mes sombres pensées, même si c'est au détriment de ma réputation !
- « Oh, veuillez m'… »
- « Oi ! Regarde où tu mets les pieds le binoclard ! »
Ce n'est pas tant la voix, qui me fait soudainement frémir, mais plutôt l'aura qui l'accompagne, ou devrais-je dire l'énergie spirituelle. Une énergie spirituelle qui s'en est allée aussi vite qu'elle était apparue, mais qui ne laisse aucun doute quant à son propriétaire. Un espada. Je lève les yeux lentement, comme tétanisé, pour les écarquiller quand ils plongent dans un océan bleu. Bleu ? Tiens, ça me rappelle vaguement quelqu'un. Ce ne serait pas le sexta espada, le taré que Kurosaki a combattu a plusieurs reprises. Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Il n'est pas censé être mort, enseveli sous le sable du Hueco Mundo ?
- « Eh, t'écoutes ce que j'dis, Ducon ? J'aime pas parler dans le vide », commence-t-il à s'énerver.
- « Hein ? » Bravo Uryuu. T'es planté face à un hollow, doublé d'un tueur sanguinaire, et tout ce que tu trouves à dire, c'est 'Hein'. Y-a pas à dire, ça m'a retourné de découvrir que j'étais gay. Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? « . .GAY ». Merde, ne me dîtes pas que je viens d'hurler ce que je viens d'hurler devant l'un des espadas les plus hargneux d'Aizen. Bon sang, ça devait être écrit que cette journée serait une journée de merde pour moi.
- « Qu'est-ce-que tu racontes ? Tu m'fais une proposition, là ? »
Le plus hargneux, mais pas le plus intelligent. Il n'a rien capté, le schtroumpf. Et pourquoi, il me regarde comme si j'étais la dernière gâterie à la mode. Bon sang, ça sourit un hollow. Oh putain, si ça, ce n'est pas un sourire de carnassier, c'est que je ne suis plus le président du club de couture.
- « Mais j'te connais, toi ! », me dit-il en fermant légèrement les yeux, signe d'une profonde réflexion.
- « Non, on ne s'est jamais rencontré. C'est avec Ichigo… »
Une journée de merde, je vous dis. J'avais pourtant bien commencé et j'aurais dû finir en m'arrêtant au point après 'rencontré'. Mais non, il a fallu que je prononce le prénom du rouquin, et là, fini le sourire, la réflexion et les yeux fermés. Ils sont à nouveau grand ouvert, et je ne m'en plaindrai pas car ils ont une magnifique couleur. Un bleu turquoise comme l'eau près de certaines plages du pacifique. Oups, je m'éloigne encore et l'autre sourit à nouveau.
- « T'as pas peur. C'est la deuxième fois que tu plonges dans tes pensées en ma présence. J'me rappelle t'avoir vu sur les écrans à las Noches. T'es le souffre-fifre du shinigami rouquin. »
- « Moi, le sous-fifre de Kurosaki ? Je savais que les espadas d'Aizen ne brillaient pas par leur intelligence, mais sache, espada, que je suis un quincy, le dernier Quincy et que je n'ai rien à voir avec les shinigamis ! ». Et toc, prend ça dans les dents.
Oh kami, ça y est, je suis devenu suicidaire car je viens d'insulter un espada sanguinaire, hargneux …etc… Au moins, quand je serai mort, je ne souffrirai plus de voir Ichigo et Orihime ensembles. Même dans les situations désespérées, faut toujours voir le bon côté des choses.
- « Putain, tu l'fais exprès ! T'étais encore plongé dans tes pensées ! »
Sauvé, il ne s'est pas rendu compte que je viens de l'insulter.
- « Dis-donc, j'ai rêvé où tu viens de dire que j'étais idiot »
Merde, il est moins bête que je ne le pensais.
- « Je n'ai jamais dit 'idiot'. J'ai… juste dit… ». C'est moi ou je suis en train de m'enfoncer ?
- « Ouais, continue tu m'intéresses »
Comment ça je l'intéresse ?
- « Je ne suis pas attiré par les hommes », dis-je avec beaucoup de détermination.
- « Pourquoi tu rougis alors ? », me demande-t-il en se rapprochant de moi au point que j'ai mal au cou à force d'avoir la tête relevée pour le regarder dans les yeux.
C'est vrai ça, pourquoi je rougis ? Ressaisis-toi Uryuu ! Je respire un grand coup avant de déclarer :
- « Je ne sais pas. J'ai eu une journée de merde, mes soi-disant amis veulent me caser avec un mec. Alors, je veux… juste rentrer chez moi. »
Il me regarde intensément et reste silencieux. Putain, qu'est-ce que j'ai encore dit ? Puis, soudainement il s'écarte de mon passage. Son sourire n'est plus carnassier, mais plus doux et mystérieux, ce qui me fait déglutir. Sans rien ajouter, je me mets en marche. J'accélère le pas, si bien que je n'entends pas les derniers mots de Grimmjow Jaggerjack.
- « J'crois que j'vais adorer vivre ici. »
Je me réveille en sursaut. Je viens de passer la nuit à rêver d'un gars musclé avec des cheveux turquoise, des yeux turquoise, se promenant à poil sur une plage bordant une mer turquoise. A poil ? Kami, je suis censé être amoureux d'une rousse avec des seins comme des obus, alors pourquoi j'ai rêvé d'un gars à la chevelure bleue et dans le plus simple appareil ? N'obtenant aucune réponse à ma question existentielle, je sors de mon lit pour m'apercevoir de suite qu'il y a un truc qui cloche au niveau de mon entrejambe. Pas de panique, Uryuu, la gaule du matin est un phénomène bien connu chez les jeunes gens, pas besoin d'y voir une corrélation avec mon adonis turquoise. Alors pourquoi, à cette seule pensée, je durcis encore plus ? Une douche froide fera l'affaire. Cela rectifiera mon petit 'problème' et en plus, ça me remettra les idées en place. Je me saisis donc d'une serviette et me précipite hors de ma chambre, et là je percute… Ryuken. Je suis maudit !
- « Uryuu, tu es malade ? », me demande-t-il devant mon air embarrassé et mon empressement à gagner la salle de bain.
- « Je vais parfaitement bien », je lui réponds avec le plus de dignité. Du moins avec autant de dignité que ma position me permet, à savoir la serviette collée le long de mon entrejambe pour masquer la protubérance qui s'y trouve.
- « Le déjeuner est prêt. Ne tarde pas trop sous la douche », ajoute-t-il avec un petit sourire. Il est devin ou quoi ?
Je m'enferme à double tours dans la salle de bain, et après avoir ôté prestement mes vêtements, je fonce sous la douche. Mais là, je ne peux me résoudre à n'ouvrir que l'eau froide. Je laisse couler l'eau chaude sur mon corps et machinalement, je me saisis de ma verge et commence de longs va-et-vient. Je n'ai qu'une seule image en tête, et malheureusement, elle n'a rien de féminin. Vient un moment où il faut être fataliste : c'est avec le nom de Grimmjow sur les lèvres que je me libère.
C'est à nouveau l'heure du déjeuner, et nous voilà encore tous réunis sur le toit de l'école, notre endroit. J'ai toujours les yeux rivés sur mon bento, mais mes pensées sont cette fois entièrement tournées vers l'espada aux cheveux bleus. C'est étrange, mais ce n'est que maintenant que je me pose les questions qui auraient dû aussitôt me venir à l'esprit après notre rencontre hier. Que fait-il dans le monde réel ? Les shinigamis sont-ils au courant ? Kurosaki est-il au courant de quelque chose ?
- « Kurosaki, sais-tu s'il y a toujours des espadas en vie ? ».
La question est sortie toute seule, et je dois avouer qu'elle fait l'effet d'une bombe. Chad relève la tête et Tatsuki concurrence les poissons quand on les sort de l'eau. Mais le pire reste tout de même Orihime. Son beau regard vient de se voiler d'inquiétude. Bon sang, qu'est-ce ce que je viens de faire ! Moi qui prétend l'aimer, je viens de lui faire de la peine en lui remémorant un passé qu'elle veut à tout prix oublier.
- « Pourquoi cette question, Ishida », me demande Ichigo un soupçon de colère contenue dans la voix.
- « Oh, comme ça pour rien », j'essaie de me rattraper en baissant les yeux. Pas très courageux pour le coup.
- « Je ne te crois pas, Ishida. Tu n'es pas le genre de gars à poser des questions pour rien. »
Je croise son regard et je lis parfaitement qu'il ne me lâchera pas avant que je ne lui dise pourquoi j'ai posé une telle question.
- « Hier, j'ai cru ressentir l'énergie spirituelle d'un espada. »
Tous se sont subitement tendus et Orihime émet un petit cri d'effroi qui fait de la peine à voir. Je me sens mal de briser la bonne ambiance de la journée.
- « Tu as cru ou tu as ressenti, Uryuu ? », me demande Chad.
- « Je ne suis pas sûr », je lui réponds.
- « Pour répondre à ta question, Ishida, je ne sais pas », me dit Ichigo. « Mais on peut aller voir Urahara après les cours. Ce vieux briscard sait toujours tout sur tout. »
C'est donc décidé, nous irons chez le vendeur bariolé après les cours.
Nous sommes maintenant face au magasin de l'homme au bob. Ça fait bizarre de se retrouver une nouvelle fois dans cet endroit. La dernière fois, c'était juste avant de partir pour le Hueco Mundo délivrer Orihime. J'ai l'impression que cela fait une éternité. Peut-être tout simplement parce que c'était avant eux, quand j'avais encore l'espoir qu'elle soit mienne.
- « Oh mais que voilà ! La joyeuse équipe au grand complet. Que me vaut l'honneur de votre visite, jeunes gens ? Mais entrez-donc », demande un Urahara sorti de nulle part.
Égal à lui-même, il se tient bien droit sur ses pompes en bois, son éventail déployé sur son visage et son éternel bob vissé sur la tête. Nous entrons dans le magasin et nous nous installons en tailleur, en cercle comme auparavant. Les habitudes ont la vie dure.
- « Bonjour, Urahara-san », dit Orihime dans un sourire.
- « Bonjour à toi aussi, Orihime-chan. »
- « B'jour, Urahara. Vous savez s'il y a des espadas encore vivants ? » Ichigo Kurosaki vient de parler et le moins que l'on puisse dire à son propos, c'est qu'il va toujours droit au but.
- « Toujours aussi direct, Kurosaki-kun ! », me fait écho Urahara.
- « Ouais, ouais, ça ne vous empêche pas de ne pas répondre comme d'habitude », renchérit Ichigo.
- « Avant de vous répondre, pourrais-je connaître le pourquoi d'une telle question ? »
Nous échangeons entre nous un coup d'œil et, devant l'hésitation de chacun, je décide de me lancer. Après tout, c'est moi qui en ai parlé le premier.
- « Hier, il m'a semblé ressentir l'énergie spirituelle d'un espada. » Bien entendu, je me contente de la même version que celle donnée à mes amis hier. Pourtant, le regard que me jette Urahara, et le petit sourire qui s'ensuit, m'amène à penser qu'il en sait déjà beaucoup, et certainement plus que ce qu'il nous dira aujourd'hui.
- « Je vois », dit-il enfin.
Un silence pesant s'installe pendant lequel tout le monde semble retenir son souffle en l'attente d'une hypothétique réponse. Viendra, viendra pas ? Nous sursautons quand la porte glisse et que Tessai en franchit le seuil, le bras chargé d'un plateau avec du thé. Urahara a le chic pour entretenir le suspense.
- « En effet, il reste bien des espadas en vie », lâche-t-il d'un seul tenant.
Les réactions sont diverses. Ichigo sert les poings, Orihime met sa main devant sa bouche, l'air effrayé, ce qui fait réagir Tatsuki, qui la prend par les épaules pour la réconforter. Chad reste impassible même si on voit clairement s'afficher dans son regard un soupçon d'inquiétude. Pour me donner une contenance, je remonte mes lunettes.
- « Comment est-ce possible ? Et pourquoi la Soul Society ne fait rien s'il y en a dans le monde réel ? », demande alors un Ichigo passablement énervé. Je le serai probablement aussi si ma petite amie avait été kidnappée par des espadas, et que j'apprenais comme par hasard qu'il en reste envie et qu'ils se baladent librement.
- « Mais qui te dit que la Soul Society n'est pas au courant, Kurosaki-kun ? »
- « Vous êtes en train de nous dire que le commandant Yamamoto a laissé en vie des espadas ? » Là c'est moi qui viens de parler. La situation me semble tellement inhabituelle, pour ne pas dire surréaliste, que je n'ai pas pu m'empêcher de couper l'herbe sous le pied du rouquin.
- « Je ne vois rien d'étonnant à cela. Vous semblez oublier qu'Aizen a manipulé la Soul Society tout entière. Est-ce donc si compliqué d'imaginer qu'il en ait fait de même avec les espadas. Il ne les a créés que pour en faire de la chair à canon, si je puis dire. Voyez ce qu'il est advenu de la Tercera. Aizen l'a frappé à mort quand il a compris qu'il n'en avait plus besoin. »
A nouveau, le silence s'installe. Ce que vient de dire Urahara est tellement juste que la réalisation de notre intolérance nous submerge. Seule la peur nous a fait réagir. Et maintenant, c'est la honte qui nous prend. Moi le premier, j'aurai dû savoir avant les autres. Mon peuple a été décimé, par manque de compréhension, à cause de la différence.
- « Vous savez qui est en vie, Urahara ? », demande alors timidement Orihime.
- « Grimmjow Jaggerjack, le sexta, Coyote Stark, le primera. Oh et Neliel, bien sûr. Elle a retrouvé sa forme d'adulte et vit avec Stark à la Soul Society. »
- « Grimmjow est vivant », Ichigo semble presque soulagé.
- « Je suis contente. Grimmjow m'a sauvé la vie quand les fraccions d'Aizen ont voulu s'en prendre à moi », finit par dire Orihime.
- « A moi aussi, il a sauvé la vie. Il s'est interposé quand Nnoitra … » Ichigo ne termine pas sa phrase, son esprit semble s'être envolé vers un passé pas si éloigné que ça. Orihime lui prend la main et lui sourit. Mon cœur fait un bond. J'en sortirai peut-être un jour.
- « C'est la pression spirituelle de Grimmjow que vous avez ressentie, Ishida-kun », ajoute Urahara. Toujours ce sourire et ce regard lourd de sens. Il sait quelque chose, c'est certain.
- « Grimmjow se trouve actuellement dans le monde réel ? », demande Ichigo revenu parmi nous.
- « Oui, oui, tout à fait. Il ne souhaitait pas rester à la Soul Society et, après quelque temps, il lui a été permis de venir ici. Une réhabilitation, en quelques sortes. Bien entendu, il a été placé sous ma responsabilité. Il travaille dans un restaurant dans le centre depuis presque trois mois, et habite dans un petit appartement pas très loin d'ici. »
- « C'est bien », vient de décréter Chad, et tout le monde acquiesce.
- « Bon, je crois qu'il est temps pour nous de rentrer. Merci Urahara d'avoir répondu à nos questions », dit Ichigo en se levant.
Nous lui emboitons le pas tout en souhaitant le bonsoir à Urahara et à Tessai qui vient de réapparaitre comme par magie. Comment un type taillé comme une armoire à glace peut-il apparaitre et disparaitre comme un courant d'air ? Alors que je suis perdu dans mes pensées (une mauvaise habitude !), j'entends derrière moi Urahara :
- « Ishida-kun, pourriez-vous s'il vous plait, rester quelques instants ? »
Tiens, tiens, serais-je sur le point d'avoir l'explication à ces regards constamment posés sur moi.
- « Vous n'avez pas que ressenti l'énergie spirituelle de Grimmjow. Vous l'avez rencontré. Vous lui avez parlé. Ce qui m'étonne, c'est pourquoi ne pas en avoir parlé à vos amis ? », me demande-t-il avec un air de hyène.
- « Ça ne regarde que moi, Urahara-san. Je vous souhaite le bonsoir. »
Je tourne aussi sec les talons mais j'entends tout de même son petit rire. Je suis bien conscient que ma réaction est parfaitement puérile, surtout que je suis rouge comme une tomate, et ce jusqu'à la racine de mes cheveux. Mais que voulez-vous, ça a été plus fort que moi.
Je rentre chez moi de mauvaise humeur. Et le pire, c'est que je ne sais pas pourquoi. J'ai obtenu les réponses à mes questions, et à quoi ça m'avance. La personne que j'aime est toujours dans les bras d'un autre. Retour au point de départ. Uryuu Ishida, quincy et seul, j'en pleurerais si… BAM
- « Ah non, ça ne va pas recommencer… »
- « Si tu regardais où t'allais Quincyman, tu s'rais pas arrêté tous les dix mètres ! », me dit de sa voix gutturale Grimmjow Jaggerjack en chair et en os. « J't'ai manqué à ce point ? », ajoute-il en affichant à nouveau ce sourire carnassier, qui me fait soudainement me sentir petit, mais alors vraiment tout petit.
- « Certainement pas », je lui réponds en mettant le plus de fermeté possible dans ma voix, ce qui est loin d'être facile tant je sens mes jambes flageoler.
Bon sang, il faut que je me ressaisisse. J'ai affronté ce taré de Kurotsuchi, alors je ne vais pas flancher devant un espada. Cela dit, le capitaine de la douzième division est loin d'avoir un corps aussi sublime que celui qui est si proche du mien. Trop proche d'ailleurs. Et il n'a pas non plus des yeux comme ceux qui sont en train de sonder en moi.
- « T'es sûr que t'es pas content de m'voir ? T'es tout rouge, et j'te sens trembler comme une jeune fille à son premier rendez-vous », continue-t-il tout en se rapprochant. Comme si on n'était pas déjà assez proche.
- « Q…Quoi ? » Et maintenant, je bégaye. Décidément, je ne m'épargnerai plus rien !
- « T'sais que j'ai bien envie de t'embrasser, là tout de suite », me susurre-t-il doucement.
Bouge de là, frappe-le, t'es un mec et tu sais te battre Uryuu ! Alors qu'est-ce que t'attends pour réagir ? Trop tard. Des lèvres viennent de se poser sur les miennes. Et c'est comme si le temps venait de s'arrêter. Je n'entends plus rien, même plus mon autre moi qui doit maintenant me hurler de mettre les voiles. Je ne vois plus rien parce que je viens lentement de fermer les yeux. Je ne ressens plus rien sinon ces lèvres tellement douces. Je sens alors une langue venir lécher avec une infinie délicatesse mes lèvres, et dans un soupir je les entrouvre. Une langue vient aussitôt s'insinuer dans ma bouche, venant jouer avec la mienne. Je suis le mouvement lent au début, puis plus rapide, chargé de passion. Et là je ne peux retenir le gémissement au fond de ma gorge. Nos lèvres se séparent malgré elles, l'air s'étant par la force des choses, raréfié. Je tombe à nouveau sur ce regard, qu'accompagne encore ce sourire.
- « Ça t'a plus, on dirait ? », me demande avec un œil coquin Grimmjow.
Et là, plutôt que de répondre, mon moi intérieur se rappelle à son bon souvenir en prenant la direction des opérations. Je repousse de toutes mes forces l'opportun, et je prends tout bonnement les jambes à mon cou. Je sais, ce n'est pas très reluisant !
Alors qu'est-ce que vous en avez pensé ? Dois-je persister dans cette voie ? De toute façon, même si ça ne vous plait pas, il y aura une suite. Et une fin aussi, ne vous en déplaise !
