Cette fanfiction participe au concours Twilight n°1 de DAEDT.
Thème du concours : Les personnages secondaires
Date de rendu maximum : 1/12/2011
Correctrice : Minakato (merciiiiiiiii !)
Note : Minakato participe au concours avec son texte "Gianna", je vous invite à aller le lire !
Note 2 : "Paul" est une déviation de Twilight qui prend en compte tout les évènements jusqu'à ce que Bella gifle Paul. Les chapitres feront environ 2.000 mots et ils seront postés au gré de mon écriture et de la correction.
Note 3 : Pour les lecteurs de "Ne pas sombrer", pas de panique, je ne vous ai pas oublié. Cette fanfiction est en cours de correction, je reprendrai la mise en ligne des chapitres rapidement.
En espérant que cette histoire vous plaise, merci !
- Prologue -
Paul avait toujours été un garçon ennuyeux, sans intérêt. Un de ceux que l'on observe trois secondes avant de se détourner, persuadé d'avoir fait le tour de la question. Sous un air grognon – pas assez renfrogné pour avoir l'air ténébreux qui fait tomber les filles mais assez antipathique pour que personne ne l'approche – il cachait une histoire tristement banale. Des parents divorcés, un déménagement, la perte de tout repère... Il restait là, la bouche close. Il n'avait pas trouvé d'autre moyen de dissimuler sa colère. Il faut dire que tout, absolument tout, l'agaçait profondément.
Et un jour, alors qu'il ne s'y attendait pas, ce fut son corps qui lui fit défaut. Sa colère sortit de ses pores, son corps se métamorphosa, changea, muta en autre chose. Alors qu'un flot de pensées qui ne lui appartenaient clairement pas l'envahissait, il sut que plus jamais il ne pourrait cacher la noirceur de son cœur.
Il hurla à la lune. Des profondeurs de sa poitrine, le son sortit, déchirant, agonisant. Il grogna en dévoilant des crocs on ne peut plus tranchants lorsqu'ils l'approchèrent. Comment osaient-ils penser « famille » ? Savaient-il seulement ce dont il s'agissait ? Lui ne le savait pas. Il ne connaissait ni les bras d'une mère, ni le soutien d'un père. Il avait longtemps cru que son paternel était comme un chevalier, un justicier, présent pour que rien ne lui arrive. Il avait cru qu'il le protégerait... puis il avait compris. Le départ pour la réserve Quileute n'avait rien d'une protection, c'était un ultime abandon. Son père l'avait remis à une communauté, plutôt que de s'occuper de lui réellement.
Il se tassa sur lui-même, prêt à bondir, à attaquer ce grand loup qui approchait sans crainte. L'autre s'arrêta, sans doute surpris de sa résistance, la pensée d'une famille le percuta de nouveau, renforçant ses grognements menaçants. Il n'était définitivement pas prêt à intégrer une meute. Alors, il fit ce qu'on lui avait toujours appris, il fuit. Ses pattes foulèrent le sol, ses épaules chassèrent buissons, herbes folles et petits arbres, il ne contournait que les troncs les plus épais. Alors qu'il s'apprêtait à sauter une rivière, une pensée collective vint le balayer. S'il franchissait ce cours d'eau, il serait en danger. Il se retourna pour observer la forêt et il vit plusieurs loups monstrueusement grands... comme lui, surgir des ténèbres.
Depuis ce jour, chaque chasse, chaque ronde de surveillance, chaque contact lui tirait des grognements. Il avait beau être assailli de pensées « heureuses » concernant ce territoire – « sa maison » – ou encore cette meute – « sa famille » –, il n'y arrivait pas. La colère parcourait ses veines, ses muscles, s'enfouissait dans son cœur et son âme pour exploser à un moment ou un autre. Sam, l'alpha, le protecteur, celui auquel la meute devait se référer, lui a interdit d'aller au lycée de la réserve, lui a interdit de côtoyer d'autres humains. Seuls les loups, capables de se transformer pour lui faire face, avaient le droit de s'approcher de lui. Il était trop en colère, trop dangereux pour les autres. Bien entendu, cette décision, comme le reste, vint alimenter sa flamme de fureur. Les autres loups l'observaient sans comprendre. Comment osaient-ils le juger ? On ne pouvait décemment pas lui demander de leur faire confiance. Il savait, au plus profond de lui-même que tôt ou tard, il serait trahi par les siens.
Sam avait l'air si contrôlé, si calme, si sûr de lui que lorsqu'il vit l'accident dans la « conscience collective » de la meute, il n'y cru pas. Pourtant il faudrait bien l'admettre. Sam s'était mis en colère. Il avait commis l'irréparable. Il s'était transformé et s'était mis à attaquer son âme sœur. Cette femme à qui il avait toujours été lié. Cette femme qu'il aurait protégée, il l'avait défigurée. L'alpha avait fui dans la forêt, hurlant son désespoir face à cette rage qui l'avait envahi sans qu'il n'y prenne garde. Ces hurlements qui oscillaient entre douleur et terreur avaient marqué Paul à jamais. Sous forme humaine, il l'entendait chanter, chaque nuit, ces notes terribles.
Emily était rentrée à la réserve quelques jours plus tard, le visage couvert de pansements, la peau bleuie et déchirée. Elle avait écouté les chants de tristesse du loup en silence, comme pour se recueillir une dernière fois avant de s'engager dans la forêt. Cette forêt, elle l'a connaissait aussi bien qu'aurait pu la connaitre une louve. Elle n'avait pourtant pas ce genre de capacité. Elle y avançait simplement, sans peine ni rancœur, le cœur léger et le pas sûr. Sur sa route se tenaient certains loups de la meute, elle ne le observait pas, elle avançait simplement. Les feuilles mortes du début de l'automne craquaient sous ses chaussures. Elle s'enfonçait dans les bois et soudain, il fut là. Elle lui sourit tendrement, d'un demi-visage. Sans aucune crainte, elle s'approcha et prit son énorme tête entre les bras frêles que la nature lui avait donnés. Paul s'était rejoué la scène des centaines de fois, sans comprendre pourquoi elle lui avait pardonné. Sam lui avait fait l'une des pires choses qu'on pouvait faire à une femme et elle était simplement revenue en souriant tendrement. Qu'avait-il donc fait à sa mère pour qu'elle parte sans un regard en arrière ? ... Il ne pouvait pas penser que sa mère était moins vertueuse, moins belle ou moins courageuse qu'Emily. Son esprit ne pouvait que retourner sa haine sur lui-même.
Après ça, Sam avait été différent. A la fois plus dur envers lui et ses excès de colère mais également plus compréhensif. Comme s'il comprenait à présent que cette décharge emplissait le corps sans que la conscience n'y puisse rien. Après tout, il l'avait ressentie lui aussi. Paul essayait toutefois de se discipliner. Il n'avait pas besoin de défigurer les personnes qu'il aimait pour les faire fuir à jamais, alors il ne pouvait qu'espérer que son contrôle tout relatif lui permettrait de ne pas les effrayer encore davantage. C'était un espoir sans nom, ni raison, mais il était le seul à ne pas s'en rendre compte.
Les années passèrent avec leurs instants de doute, de désillusion, de terreur nocturne, de souffrance... et de joie aussi. Sam était devenu comme un frère, le mot famille n'avait toujours aucun sens mais il comprenait maintenant ce que signifiait vivre en meute. Les autres loups le toléraient, lui et son air patibulaire. Paul n'espérait rien de la vie, si ce n'est pouvoir profiter de ces quelques instants au coin du feu ou de ces parties de chasses en compagnie de ceux qui l'appelaient leur frère. Une vie simple, somme toute.
Il souriait même légèrement en sortant, ce matin-là, de la forêt. L'air s'emplit d'une odeur toute humaine mais il n'y prit pas garde, ils approchaient des habitations et de nombreux humains vivaient là. Le devoir de la meute était d'ailleurs de protéger cette population. Plus tard, il rejouerait cette scène des dizaines de fois dans sa tête. Il revoyait encore et encore cette claque partir, sa tête n'avait fait aucune résistance et avait volé sur le côté. Il avait observé le vide deux secondes avant que l'enfer ne se déchaine dans son corps. Il entendait la voix de Sam, la voix de l'Alpha qui lui grognait après de se calmer. Se calmer ! Une vague de fureur s'abattait à peine sur son corps, qu'il le sentit, décuplé par la transformation. La fille fuyait, elle courait comme n'importe quelle proie, pourtant ce n'était pas les instincts de prédateur qui déferlaient à présent dans son corps. Elle courait et criait à Jacob de fuir. Que croyait-elle ? Qu'il courrait pour la protéger ? Elle n'avait rien compris et lui ne comprenait que trop bien. Il avait osé se mettre en colère sur elle. Il n'y avait plus rien à prétendre, plus rien à espérer, tant est qu'il y ait eu la moindre chance... Il avait tout perdu à nouveau.
Les regards des loups se tournèrent d'un seul mouvement vers lui, ils avaient compris. Jacob bondit, se transformant dans le même instant pour l'attaquer. Trop surpris pour réagir, Sam les laissa s'affronter sans un mot. Alors que Jacob y mettait rage et fureur, Paul ne se défendait pas vraiment. Il l'avait mérité. Il méritait de mourir pour lui avoir fait peur, pour n'avoir pas su se contrôler. Son corps méritait d'être déchiré. Au loin, il entendit la fille crier, elle s'inquiétait pour Jacob. Elle ne s'était pas rendu compte et quelque part, ça le rassura. Il ne pourrait lui manquer si elle ne connaissait pas son existence. Elle pouvait toujours être heureuse loin de lui ou pourquoi pas avec Jacob ? Pourtant l'idée le fit rugir et il se défendit un peu plus brillamment. Lorsque Jacob finit par prendre l'avantage, rendu fou de colère, il referma sa gueule sur sa patte et serra, serra jusqu'à l'entendre se briser. Paul se retourna et laissa échapper quelques coups de crocs qui déchirèrent profondément la peau de son adversaire. Le ton avait fini par monter, c'était devenu un combat à vie. Un combat à mort.
Sam ne cherchait pas à comprendre lorsqu'il se rua sur l'enchevêtrement de loups. Il les sépara aussi brutalement qu'efficacement. Jacob n'avait pas le droit de tuer son frère. Il n'avait d'ailleurs rien à redire à ce qui s'était passé. Et Paul n'avait pas à se sentir aussi minable, après tout, il ne l'avait pas blessée ! En voyant Jacob se relever plus calmement, il se tourna vers Paul, attendant qu'il soit lui aussi sur ses quatre pattes pour lui faire la morale. Il attendit quelques instants avant de comprendre qu'il était intervenu trop tard. Les tâches sombres sur le pelage de Jacob étaient bel et bien du sang. L'angle étrange que formait la patte de Paul était bel et bien une fracture ouverte que la transformation endommagerait encore plus. Le souffle du loup gris était saccadé, sec, visiblement douloureux. Il fallait le transporter de toute urgence, il avait besoin de soins pour survivre.
L'alpha releva la tête en appelant mentalement chaque membre de la meute à la rescousse. Alors qu'il cherchait à lancer l'appel le plus clair possible, il ne pouvait s'empêcher de penser amèrement que jamais, au grand jamais une imprégnation ne s'était déroulée d'une façon aussi catastrophique.
