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Tome 2 Et le Ciel nous pleurera un jour...
PROLOGUE
C'était un vendredi comme un autre. Le souk était balayé par les vents du Sahara et les marchands époussetaient patiemment le sable de leurs étals, une habitude si ancrée qu'ils ne faisaient même plus attention à ce geste devenu machinal. Le Soleil était de plomb aujourd'hui et je m'inquiétais pour la santé de maman, j'espérais qu'elle était restée au frais dans notre maison de pierre. Je regardais derrière moi vers les grandes étendues de sables, l'horizon était incertain et dansait sous forme de vagues. Cette vision là on ne connait que cela lorsqu'on est né dans cette terre.
Il fallait des herbes. Elle me l'avait spécifiquement recommandée. Un frisson me vient dès que je pense à cette créature. Dès que je ferme les yeux je revois ses yeux, ce regard si pénétrant et si horrible à la fois. La Créature est arrivée dans nos terres comme une bénédiction.
Le Mal s'était répandu à plusieurs pays voisins et même jusqu'aux régions voisines. Nous étions les prochains et on priait chaque jour avec ferveur Dieu de nous sauver ou de nous donner la force nécessaire de combattre le Mal.
Le village voisin, à plus de cent kilomètres du notre, fut touché. Un marchand avait fui et nous avait raconté, apeuré. C'est par lui que nous apprîmes que Ouchkra avait été tué avant que le village ne fut réduit en cendre par le feu.
Seul le marchand et une petite fille qu'il avait sauvé avait réussi à s'enfuir. Ma mère s'était écroulée au sol en hurlant en apprenant la mort de son frère et depuis elle était fragile, presque hagarde. Oumnek, mon mari, avait alors relié les soldats de la Lumière, un mouvement qu'avait créé notre village pour contrer la Bête.
Mais ce fut le soir de cette malheureuse nouvelle que la Créature arriva. Terrifiante. Elle lévitait. Sa longue robe violette ondulait autour d'elle, presque éthérée, d'un autre monde. D'apparence elle est comme nous, certains disent même qu'elle est née humaine. Seuls ses yeux n'ont rien d'humain, d'un noir parfait. On a tous senti la magie suinter d'elle, que l'on soit prédisposé chaman ou pas.
Sa magie a quelque chose de similaire au Mal, c'est pour cette raison que certains soldats de la Lumière l'avait menacée. Soupçons qui se sont accentués lorsque nous vîmes dans le ciel les Foudres Vertes. Ça y est l'attaque était venue et certains pensaient qu'elle allait tous nous exterminer.
Or, elle leva les mains sans même regarder la Foudre fondre sur nous, ses yeux devinrent noirs et je sentis une énergie colossale me traverser. La seconde d'après les Foudres s'écrasaient sur quelque chose d'invisible dans le ciel. C'était incontestable, la Créature avait protégé le village des feux du Mal.
Beaucoup la regardait perdu, les soldats prêt à attaquer avait baissé leurs armes et discutaient entre eux en lui lançant des regards. Personne ne savait comment réagir. Mais une deuxième salve de Foudre fut envoyé par le Mal, mais comme pour les premières, elles s'écrasaient sur un mur transparent.
C'est à ce moment que la Créature se retourna, fluide, et on l'entendit prononcer quelque chose dans une langue que je ne connais pas. Elle brandit les bras et nous vîmes la Lumière sortir du sol, entourant le village à plus d'une centaine de kilomètres au moins. Le temps fut comme suspendu, la Créature se figea, la Lumière également quand tout d'un coup la Lumière explosa jusqu'aux étoiles dans un bruit tonitruant. J'étais abasourdie. Elle était chamane et prophète. C'était l'El Chaiki.
Je me mise à genou devant elle et prononça une prière de remerciements à Dieu qui nous avait envoyer cette Créature, qui de sa magie avait déterré la Lumière, chose que l'on ne pensait pas voir de nos yeux un jour.
C'était un jour béni, un jour saint et tous le savait. Tous avaient le genou ployé à Terre attendant qu'El Chaiki daigne se retourner à nouveau vers nous. Lorsqu'elle le fit, ses yeux n'étaient plus noirs mais d'un vert comme on ne connait pas dans le désert. C'est alors que j'aperçus dans la pénombre le monstre, grande silhouette noire, à plusieurs mètres derrière elle.
La Créature nous regarda tous et prononça un étrange langage. Sabbah, une amie qui avait eu la chance d'aller à l'école en Algérie, lui répondit dans ce même langage. C'est ainsi qu'elle devint la porte parole d'El Chaiki.
Avec peur dans sa voix, elle répéta ses paroles : personne ne devait connaître l'existence de la Créature dans nos Terres, que si quelqu'un demande, la Lumière est apparue grâce aux habitants en grande majorité prédisposé chaman. Ce fut le pacte.
Tous les habitants avaient alors consentit silencieux, d'un mouvement de tête. La Créature sembla satisfaite et commença à partir sans ajouter un mot. Certains désiraient la suivre mais la vue du monstre les arrêtaient.
El Chaiki s'était installée dans les sables plus loin, à plusieurs dizaines de kilomètre du village. Depuis ce jour saint, la nouvelle s'était répandue dans le Sahara que les habitants du village avaient fait apparaître la Lumière, protection ultime. Depuis les survivants aux âmes pures pouvaient traverser la Lumière, aujourd'hui invisible à l'œil nu.
Beaucoup d'habitants s'était mise au service de la prophétesse qui vivait dans un vieux ashram perdu dans le désert. Avec sa magie elle avait fait réapparaître l'eau qui coulait vive et fraîche dans les multiples bassins et fontaines. Le lieu était étrange, il y régnait une atmosphère particulière comme si le Temps ne faisait plus effet. Je devais y retourner tout à l'heure avec les herbes.
