Bonjour à vous et bienvenue!

Peut-être arrivez-vous ici par hasard, ou peut-être suivez-vous mon autre fanfiction: Un mauvais garçon sur cette même plate-forme (si ce n'est pas le cas, je vous invite à la découvrir aussi).

Vous l'aurez compris, vous vous trouvez sur ma seconde fanfiction (si on ne compte pas le mini OS que j'ai également publié sur ce site) qui s'intitule sobrement Monsieur et qui se déroule dans la deuxième moitié du XIX°, en Angleterre, mais sans magie (donc si vous vouliez découvrir une fanfic sur Poudlard, vous pouvez soit cliquer sur la croix rouge en haut à droite, soit cliquer sur mon pseudo et choisir mon autre fanfiction, soit découvrir celles que j'aime bien dans mes "Favorites Stories", ou simplement vous dire qu'en fait ça peut être pas mal d'essayer autre chose pour sortir des sentiers battus et mettre de la nouveauté dans son quotidien).

Maintenant que je vous ai expliqué le principe, je peux donc vous laisser sans crainte avec le premier chapitre de cette fanfiction que, poussée par une vague d'originalité sans nom, j'ai intitulé: Chapitre Premier.

Sur ces bonnes paroles je vous laisse donc à votre écran et j'espère avoir quelques retours au moyen des reviews (parce que ça fait toujours plaisir).

Je tiens par ailleurs à remercier Alexise-me qui a eut la gentillesse de lire ce chapitre en avant-première.

J'espère que l'histoire vous plaira et je vous souhaite une bonne lecture.

Les personnages appartiennent à JK Rowling.


Chapitre Premier

1870 – Le train ralentit enfin. Je savais qu'il s'agissait de mon arrêt, celui qui devait m'amener vers une nouvelle vie. J'avais quitté l'orphelinat des faubourgs de Londres où j'avais grandie quelques jours auparavant avec une lettre cachetée et à l'attention de mon futur employeur et un billet de train pour le Lancashire, une des régions industrielles du nord de l'Angleterre, juste avant l'Écosse.

Les freins du train sur les rails, dont le crissement désagréable m'était devenu familier depuis mon départ de Londres, provoquèrent un violent soubresaut avant que la machine de ferraille s'immobilise enfin dans un nuage de vapeur.

Je descendis prudemment les deux petites marches qui me séparaient du quai, tenant ma robe du mieux que je pouvais pour ne pas tomber en me prenant les pieds dedans.

Une fois sur les quais, poussée par la foule, au milieu de la cohue que provoquait les arrivées et les départs des trains je tentais de me situer et de repérer la personne qui devait m'attendre pour me conduire vers ma nouvelle vie.

Un grand panneau indiquait en lettres majuscules PRESTON et je savais que ce nom devrait désormais être pour moi celui de mon nouveau domicile car je n'avais jamais, à proprement parlé, eut de chez moi.

Quelques secondes ou quelques minutes étaient passées avant que je ne la remarque. Elle se tenait droite, appuyée sur un parapluie renversé, la mine sévère, drapée dans une robe noire foncée, sanglée à la taille, qu'elle avait encore gracile, par une ceinture de la même couleur. Un petit chapeau noir venait couronner sa tête ornée d'un chignon serré et la voilette de dentelle tombait devant ses yeux. Il ne semblait pas y avoir de doute possible, cette femme devait être celle qui devait m'accueillir ici et me conduire vers mon nouvel emploi.

Je m'approchais pourtant, hésitante, comme si je craignais déjà d'être réprimandée pour une faute, une vieille habitude de l'orphelinat.

Quand je fus arrivée à sa hauteur, je m'immobilisais. Elle me regarda des pieds à la tête et dit d'une voix rocailleuse :

« Miss Granger je suppose ? »

Je hochais la tête pour toute réponse en déglutissant difficilement. Elle avait l'air d'être une personne sèche et sévère et déjà, je l'avoue, elle m'effrayait un peu.

« Je suis Minerva McGonagall. C'est moi qui ai votre responsabilité à présent Miss et j'espère que vous saurez vous montrer reconnaissante de ce que l'entreprise fait pour vous. »

Elle leva son parapluie et l'attrapa à mi-manche, signal d'un départ imminent.

« Allons Miss, nous n'allons pas restée dans le froid de la gare et la vapeur des locomotives si nous voulons prendre le thé, il sera bien plus agréable de le faire dans mon salon. »

C'est ainsi que je la suivis dans les dédales sinueux de la gare, vers l'extérieur et la route. Les gares étaient, pour la plupart, située en périphérie des villes mais la révolution industrielle que connaissait l'Empire Britannique semblait avoir drainé tellement d'ouvriers dans les villes qu'il avait fallu construire tant et si bien que, désormais, les cités ouvrières bordaient les abords du chemin de fer.

Je suivais Mrs McGonagall sur la route, essayant de ne pas me faire écraser par la circulation dense au milieu des voitures légères tirées par des chevaux, ou des diligences plus lourdes. Ma guide passait au crible chaque fiacre, semblant chercher des yeux le sien bien qu'il me sembla peu probable qu'elle en eut un personnellement.

Elle pesta un instant mais je pu distinctement entendre : « Mais où est donc passé cet Argus Rusard ! » bien qu'elle l'eut dit à voix basse, sans doute pour elle.

Enfin elle sembla repérer ce qu'elle cherchait et me saisit par le bras un peu violemment avant de m'entraîner au milieu de la rue, me faisant lâcher un cri de surprise autant que de peur de me retrouver ainsi mêlée à la circulation.

« Argus ! » dit-elle alors que nous venions d'atteindre un fiacre léger estampillé des lettres « B&P » que tirait un cheval alezan léger pour les trajets courts et dont on appréciait la rapidité. Si j'étais surprise de sa familiarité avec l'homme qui tenait les guides, je m'efforçais de ne pas le laisser paraître. Elle continuait à lui parler de sa voix rocailleuse qui m'impressionnait par son timbre grave : « Mais où diable avez-vous été nous attendre ! Voyez comme nous avons du traverser la route, l'état de nos robes ! Et cette Miss qui doit rencontrer Monsieur ! Voilà que vous la mettez bien dans l'embarras ! ».

Je rougissais et baissais les yeux ne souhaitant pas soutenir le regard de l'homme qui me dévisageait à présent. Il avait une mine sinistre et semblait avoir été un client régulier des pubs et autres lieux de perditions, mais je savais comme il était malvenu de juger les gens à leur apparence.

L'homme grogna et Mrs McGonagall ouvrit la porte du fiacre avant de me pousser doucement à l'intérieur puis de s'y placer elle-même. Elle referma la porte d'un geste sec et fit signe au cocher pour annoncer que nous étions prêtes à partir. La voiture s'ébranla et nous rejoignîmes la circulation chaotique.

Assise en face de la vieille femme qui ne me quittait pas des yeux, je n'osais parler, baissant les yeux vers le sol en bois noir. C'est elle qui rompit le silence en disant.

« Il faudrait profiter du trajet pour vous rajuster Miss Granger, il est important de faire une bonne première impression à Monsieur si vous comptez poursuivre votre carrière à l'usine. »

Je la dévisageais sans comprendre. A Londres, on m'avait plus ou moins fait comprendre que la place était acquise et je pensais n'avoir qu'à donner ma lettre de recommandation au responsable de la section. Je commençais à penser que l'on s'était débarrassée de moi sans moyen de retour et je tremblais désormais à l'idée que ce Monsieur comme ils l'appelaient entre eux, ne veuille pas de moi dans sa manufacture.

« Venez mon enfant. » me dit-elle alors doucement, comme ayant perçu ma peur. Je me plaçait à côté et elle sortit une brosse de son sac avant d'entreprendre de défaire mon chignon pour dompter ma chevelure.

« Ne tremblez pas. » continua t-elle avec un ton maternel auquel j'étais bien peu habituée. « Monsieur, n'est pas un mauvais homme. C'est lui qui m'a envoyé vous chercher et qui a mis cette voiture et son chauffeur à notre disposition pour l'occasion. Monsieur s'investit beaucoup dans les actions en faveur des orphelins Miss. Chaque année, ses contacts lui envoient de nouveaux ouvriers à qui il offre un travail et un toit. »

Je fixais le sol imperturbable, essayant d'imaginer ce Monsieur dont cette femme faisait l'éloge. Je me rendais compte que j'avais été, non pas vendue, car je ne pouvais imaginer que l'orphelinat touche quelque chose de mon envoi là-bas, mais échangée contre une orpheline plus jeune, comme du bétail qu'on forme et qu'on exploite ensuite et cette femme essayait de me parer de la plus belle façon que ce soit pour qu'un homme décide si oui ou non, il allait me laisser travailler pour une usine de textile. Cette pensée aurait du me rendre malade, mais quel autre avenir lorsque l'on était dans ma situation ? Née sans fortune, sans famille. J'espérais au fond de moi que ce Monsieur aurait pitié de moi, au moins par charité chrétienne, et instinctivement, je portais la main à la petite croix qui ornait mon cou, celle-là même que l'on m'avait donné à l'orphelinat lors de ma confirmation et je me définissais moi-même comme une fidèle de l'Église Anglicane.

Remarquant mon geste, Mrs McGonagall eut un petit sourire compréhensif et continua doucement de tirer mes cheveux en arrière pour les monter en chignon.

« Vous serez parfaite Miss Granger. Je n'ai encore jamais vu Monsieur renvoyer des orphelins de là où il venait. D'autant que vous avez un peu d'expérience n'est-ce pas ? »

Je hochais la tête. J'avais l'impression d'avoir la bouche sèche tant l'angoisse me prenait et je commençais à me sentir mal malgré les paroles qui se voulaient rassurantes.

Je commençais à réaliser que plus rien ne serait jamais plus comme avant et que, même si je n'avais jamais eu l'impression de m'y sentir chez moi l'orphelinat avait été mon foyer pendant presque toute ma vie, ou du moins, d'aussi loin que mes souvenirs remontaient.

Je regardais par la fenêtre, le paysage urbain avait peu à peu laissé place à un environnement plus rural, la route connaissait quelques chaos due aux ornières et je me rendais compte que nous avions quitter la proximité de la gare et de la ville pour nous enfoncer vers des faubourgs ouvriers.

Je ne sais pourquoi cette pensée me remplit soudain de peur et d'une angoisse encore plus terrible que celle de rencontrer Monsieur.

La voiture s'immobilisa enfin pour nous déposer devant ce qui semblait être l'entrée de l'usine que je devinais être le gros bâtiment de briques rouges dont les hautes cheminées recrachaient dans l'air une épaisse fumée noire.

Je suivis Mrs McGonagall qui ne semblait pas encline à me laisser détailler l'architecture du lieu, et je me dis que j'aurai tout le loisir de me familiariser avec l'architecture du lieu lorsque je devrai m'y rendre quotidiennement.

Nous passâmes donc les gris ouvertes, estampillées, comme la voiture, des lettres B&P avant de pénétrer dans le bâtiment. Je suivais ma guide dans les dédales d'escaliers qui semblaient m'amener au plus haut du bâtiment.

Enfin nous arrivâmes. J'étais essoufflée par cette escalade mais mon accompagnatrice ne me laissa que peu de temps pour reprendre contenance et alla frapper à la porte de ce qui devait être un bureau.

Une voix d'homme lui répondit par un « Entrez » et nous pénétrâmes dans une pièce qui donnait sur l'intérieur de l'usine d'un côté et dont l'unique fenêtre bénéficiait d'une vue sur la petite ville autour.

Mon attention se reporta sur l'homme qui nous avait dit d'entrer. Il était assis derrière son bureau et remplissait des papiers avec sa plume. Mrs McGonagall le salua et dit :

« Monsieur, voici Miss Granger, elle vient pour le poste de couturière. »

L'homme ne daigna pas nous accorder un regard, et, sans quitter ses papiers des yeux il lui répondit :

« Bien, laissez nous je vous prie Minerva. »

Elle s'inclina brièvement et quitta la pièce, me laissant désormais seule avec lui.

L'homme qui se tenait derrière le bureau devant moi était mince, ses cheveux noirs, plus longs que ce qui était communément admis pour un homme de sa position, paraissaient gras, il avait deux favoris impeccablement taillés qui descendaient sur ses joues, l'ensemble contrastait avec le teint cireux qu'avait son visage, mais ce qui retint le plus mon attention fut son nez crochu.

J'attendis en silence qu'il eut fini avec ses papiers, essayant de ne pas le perturber en respirant trop fort pour ne pas briser ce silence pesant qui s'était installé. Enfin, il se leva et il me dominait maintenant de toute sa hauteur.

Il portait un costume noir, avec une chemise blanche avec un gilet sans manche noir par dessus, bien ajusté, qui lui donnait l'air encore plus maigre que lorsqu'il était assis, son visage, posé sur son col où était impeccablement noué un nœud papillon, était creusé, et j'aurai pu penser qu'il était malade si je ne l'avais pas entendu me parler avec ce ton ferme, assuré, envoûtant, avec lequel il s'adressa à moi durant tout l'entretien.

C'est d'ailleurs lorsqu'il me parla pour la première fois en me demandant comment je m'appelais que je pu voir ses dents jaunes, de longueur inégale qui complétait ce portrait déjà effrayant qui me fit penser que, si je l'avais rencontré dans d'autres circonstances, je crois que je me serai enfuie. Mais je me devais de décrocher cet emploi et j'espérai être le moins souvent possible appelée à le rencontrer à nouveau.

« Votre nom ? » me demanda t-il une nouvelle fois m'arrachant à ma réflexion.

J'étais surprise de sa question, Mrs McGonagall m'avait présentée à lui dès notre arrivée dans son bureau, mais je répétais mon nom, de peur que ce temps d'attente ne me fasse passer pour une fille un peu simplette.

« Hermione Granger, Monsieur. »

Il se pencha en avant pour l'écrire sur un bout de papier et il continua son interrogatoire.

« Votre âge ? »

Je répondais mécaniquement :

« Dix huit ans Monsieur. »

Il posa ses yeux sur moi et je me sentis rougir tandis que je sentais son regard me détailler physiquement. Sans doute devait-il essayer de voir si mon physique pourrait convenir au travail qu'il souhaitait me confier. Ou du moins c'est ce que je préférais penser.

« Dans quelle maison avez-vous travailler à Londres ? » continua-t-il à me questionner lorsqu'il eut fini de m'observer.

« J'ai effectué quelques ouvrages à l'atelier Malefoy Monsieur. » répondis-je en tendant ma lettre de recommandations.

Il nota ma réponse et s'approcha de moi et me tourna autour, je sentais son regard peser sur moi et m'efforçais de ne pas trembler en pensant que les prédateurs sentent la peur des proies et que c'est à cause de cela qu'elles sont choisies.

Il finit par saisir la lettre que je tendais toujours et il la décacheta avant d'y jeter un rapide coup d'œil.

« Et pourquoi êtes-vous partie de chez Malefoy ? »

Je répondis ce que je pensais être le plus juste possible :

« Nous n'avons pas vocation à rester chez Monsieur Malefoy. Monsieur Malefoy a la gentillesse de bien vouloir nous former à un métier pour que nous puissions gagner notre vie ailleurs et il en va ainsi pour chacune des filles de notre orphelinat Monsieur. »

Je ne mentionnais cependant pas les avances faites par le fils de Monsieur Malefoy aux filles qui passaient à l'atelier et auxquelles il faisait espérer un avenir meilleur contre quelques faveurs le père avait ainsi pris l'habitude de ne garder qu'un an ou deux les orphelines, espérant éviter les scandales d'un bâtard né hors mariage qu'on aurait aisément pu attribuer à son héritier. Une place dans un atelier pour la mère et le placement de l'enfant étaient souvent suffisant à faire taire les filles. Je n'avais pas fait partie des élues qui avaient partagées la couche du jeune Malefoy, mais il m'avait fait partir, comme les autres.

« Bien. » finit-il par dire. « Nous allons faire un essai Miss Granger. Vous serez à la couture puisque c'est ce que vous savez faire de mieux. Cependant vous pourrez être amenée à changer d'ateliers au gré des demandes et des besoins. Vous logerez chez Mrs McGonagall. J'attends de vous un comportement irréprochable Miss Granger, que ce soit dans l'entreprise ou à l'extérieur. Nous ne saurons tolérer le moindre écart. »

Je l'écoutais sans rien dire. Il se dirigea vers la porte de son bureau qu'il ouvrit et appela la dame qui était venue me chercher à la gare et qui m'avait accompagnée jusqu'ici : « Minerva, s'il vous plait. »

Mrs McGonagall nous rejoignit dans le bureau et il continua :

« Minerva, Miss Granger logera chez vous avec les derniers arrivés ces Irlandais si je ne me trompe pas ? Weasley ? »

La dame hocha la tête et corrigea.

« Il n'y a que la fille qui dorme chez moi. Les trois garçons sont chez le vieux Dumbledore. »

L'homme ne sembla pas se soucier de cette correction et se contenta d'ajouter comme si je n'avais pas été dans la pièce:

« Je vous laisse le soin d'expliquer à cette jeune personne ce qu'elle devra faire dès demain et de lui trouver un binôme pour la première semaine. Trouvez quelqu'un qui ne ralentisse pas la production en l'aidant. »

Je vis la vieille dame acquiescer à la demande de l'homme qui venait de m'embaucher puis il nous fit signe de sortir avant de regagner son bureau. Mrs McGonagall ferma la porte derrière nous et nous redescendîmes les marches pour nous diriger vers la petit ville sur laquelle donnait le bureau du Monsieur dont j'ignorais alors encore le nom. Prise d'une soudaine curiosité, je m'arrêtais un instant et tournais la tête vers la grosse bâtisse rouge. Il me sembla voir la silhouette de l'homme nous observant derrière la fenêtre mais, lorsque je voulu vérifier, je ne vis qu'un encadrement vide. Sans doute me l'étais-je imaginé tant son image m'avait marquée.