« Retrouve-moi, revois-moi et aime-moi de nouveau
Mêmes sens
Même vie
Même moi.
Aime-moi comme si on ne s'était jamais arrêté, comme si tu t'étais couché chaque jour dans mes bras, que tu avais vu ta réserve de dentifrice diminuer à deux
Comme si j'avais laissé chez toi mes traces de pieds humides
Comme si chacun de nos regards avait été tendre.
Aime-moi à n'en plus finir,
Parce que j'en peux plus de finir, d'arrêter ce qui n'était pas censé. »
Et c'était le seul poème d'Hermione, perdu au milieu d'un grand carnet. Toutes les pages étaient restées intactes sauf celle-ci, rapidement griffonnée. Pourtant elle s'était juré d'écrire, un peu, de temps en temps, quand l'envie l'en prendrait. Une seule page d'écrite, un grand appel qu'elle n'enverra jamais. Elle avait saigné pour écrire ces mots et jamais celui à qui ils étaient destinés ne les verrait, elle préférait rester passive et se morfondre que de prendre un risque. Elle était lâche, et se le répétait, mais là non plus, toujours pas d'action, jamais elle ne se rebellerait contre elle-même, s'engager contre les autres lui était pourtant si simple.
Une femme forte, sûre de ses convictions, ils ne voyaient que ça.
Et pourtant ce matin j'ai trouvé ce carnet et il ne vient que confirmer ta faiblesse, tu ne m'as jamais envoyé ces mots, tu ne m'as jamais dit regretter notre séparation, tu étais bien trop fière, c'était toi, oh grande Hermione qui m'avais quitté car moi, stupide créature, j'avais osé ne pas correspondre à tes critères : « tu es violent et égoïste ». Combien de fois j'ai entendu ces mots ! Pourtant tu m'aimais et tu sembles m'aimer encore, on aurait pu devenir de radieux amants, une idylle impossible enfin réalisée, mais tu as préféré ta fierté à nous, madame-je-sais-tout n'avait pu avoir tort sur mon compte. Je devais être un salaud, je le suis devenu, la laissant seule, elle et son fichu poème.
