Auteur: Altaïr
Disclaimer: Pas grand chose ne m'appartient, sauf les faits et personnages que j'invente. Je n'écris toujours pas pour de l'argent et patati et patata...
Note: Non, je ne fumais pas la moquette lorsque j'ai eu cette idée. Oui c'est un crossover bizarre, mais j'ai essayé de restée vraisemblable, tout de même. Si par hasard quelqu'un ne connaît pas X-Files, je peux lui envoyer un petit résumé très succinct de la série, vu que c'est essentiellement du Sleepy Hollow… Oui, j'adore ce film, pourquoi ça se remarque à ce point ? )
Email: altair.ankaa@wanadoo.fr
LA CONFRERIE DES FELINS
Chapitre 1:
SLEEPY HOLLOW
Octobre 1996
« Une vague de meurtres sans précédent s'abattit il y a près de deux siècles sur la commune de Sleepy Hollow, dans l'état de New-York: on aurait décompté pas moins de seize morts, dont treize victimes du même tueur, en moins de trois semaines. Le coupable? Un fou qui décapitait ses cibles apparemment prises au hasard. Une légende particulièrement tenace prétend encore de nos jours que l'assassin serait un cavalier fantôme, mort durant la Révolution et aussi décapité que ses victimes...
«Les services de police de l'époque n'arrêtèrent jamais le coupable, réel ou fantôme, mais ils garantirent qu'il ne nuirait plus. Pourtant, environ un an plus tard, d'autres meurtres semblables eurent lieu dans la petite ville d'immigrants hollandais. Mystification ou véritable énigme? C'est le dossier que nous aborderons après une page de publicité.»
Arthur Sheridan baissa le son de sa télévision avec un grognement de mécontentement: pourquoi coupaient-ils toujours lorsque l'émission devenait intéressante? Surtout pour une fois que l'on parlait de sa petite ville sur une chaîne comme ABC à une heure de grande écoute...
Dédaignant une publicité pour des céréales qu'il trouvait infectes, Sheridan se leva et sortit sur sa petite terrasse. Il s'accouda à la balustrade et alluma une cigarette, contemplant d'un air pensif la rue principale de Sleepy Hollow. Des maisons simples de fermiers jalonnaient les alentours, certaines comme celles de Sheridan séparées de la route par un jardin. Il passa distraitement ses doigts dans ses cheveux grisonnants pour les remettre en place. Le vent soufflait un peu plus fort depuis quelques minutes, et il entendait des roulements de tonnerre se rapprocher. Une belle tempête se préparait.
Un éclair proche suivi d'un coup de tonnerre le fit soudain sursauter. Le flash de lumière avait fait ressortir une silhouette masculine aux yeux brillants, appuyée à la barrière de son jardin à un endroit que les lampadaires de la rue n'éclairaient pas. Fronçant les sourcils, Sheridan descendit de sa terrasse pour aller vérifier ce qu'il croyait avoir vu.
« Qui est là?»
Personne ne répondit. Un nouvel éclair illumina brièvement le jardin: la silhouette avait disparut. Sheridan hésitait encore lorsque l'éclairage public qui baignait la rue d'une lumière orangée se mit à vaciller, avant de s'éteindre pour de bon. Derrière lui, Sheridan vit les lumières de sa maison s'éteindrent toutes en même temps, le plongeant dans le noir. Un éclair le fit grimacer: la foudre avait dû tomber sur la ligne à haute tension.
Il allait faire demi-tour à tâtons pour aller chercher une lampe de poche dans la maison lorsqu'il se figea soudain au milieu de la pelouse. Il avait la désagréable impression que quelqu'un s'approchait dans son dos. Pour la première fois, Sheridan sentit un frisson de peur lui remonter le long de la colonne vertébrale.
Se tournant nerveusement dans l'obscurité, il essaya en vain de voir quelque chose. Mais la lune était cachée par les nuages et le jardin n'était illuminé que par les brefs flashs de lumière des éclairs. De plus en plus mal à l'aise, Sheridan se repliait rapidement vers la maison, lorsqu'un bruit de pas derrière lui le fit s'arrêter. L'homme qui s'avançait dans l'allée avait le pas lourd et lent.
Sans savoir pourquoi, Sheridan n'aimait pas ce qui s'avançait dans son dos. Il déglutit avec difficulté et s'aperçut qu'il transpirait à grosses gouttes. Rassemblant tout son courage, il se retourna d'un bloc pour faire face. Sa bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. Puis un éclair illumina plus clairement la silhouette qu'il avait devant lui, lui confirmant ce qu'il pensait être un jeu de l'obscurité.
Sheridan hurla. Il hurla comme il n'avait jamais hurlé de toute sa vie. Il n'eut même pas le temps de faire un geste pour se défendre. Quelque chose qui ressemblait à une vieille épée se leva dans le ciel orageux, avant de s'abattre sur lui. Il cria encore une fois juste avant que la lame ne lui tranche la tête.
*****
COMMISSARIAT CENTRAL
NEW-YORK
Octobre 1800
«Mais qu'est-ce que j'ai fait à Dieu pour être entouré d'une pareille bande de manchots?! Mais c'est pas possible d'être aussi maladroits! Comment avez-vous pu devenir inspecteurs, tous les deux?!»
Le commissaire Wilkes faisait les cent pas devant son bureau, hurlant contre ses deux interlocuteurs comme lui seul savait le faire. Le premier, un jeune homme blond d'environ vingt ans, baissait ses yeux bleus d'un air coupable. Son uniforme noir d'inspecteur était déchiré par endroits. Un bandeau maintenait un pansement contre son front et une canne l'aidait à marcher sans s'appuyer sur sa jambe droite, visiblement en morceaux. Il intervint d'une voix hésitante:
« Mais monsieur, nous n'avions pas prévu une guerre des gangs lors de l'arrestation. Nos hommes ont été pris entre deux feux, et...
- Gardez vos jérémiades pour vous, Witherspoon! cracha Wilkes. Regardez dans quel état vous êtes! Réalisez-vous que certains de vos hommes sont morts?! Morts!
- L'inspecteur Witherspoon pensait faire pour le mieux, monsieur...»
Celui qui venait d'intervenir était le second inspecteur, légèrement plus âgé que le premier. Il était de taille moyenne, les cheveux et les yeux noirs, le teint pâle et les gestes raides. Un coup lui avait fendu la lèvre inférieure et un hématome grandissait autour de son oeil droit. Il gardait son bras droit en écharpe contre sa poitrine pour ne pas aggraver la douleur qui brûlait son épaule cassée. Le commissaire lui jeta un regard assassin:
« Witherspoon n'avait pas à ordonner l'arrestation, inspecteur Crane, un point c'est tout. Il sera blâmé pour sa faute.»
Il se détourna et retourna s'asseoir derrière son bureau, signifiant ainsi que l'entretien était terminé. L'inspecteur Crane voulut protester, mais Witherspoon l'arrêta d'un geste et d'un murmure:
« Ne risque pas ton uniforme là-dedans, Ichabod. Ce n'est pas la peine.»
Le jeune inspecteur tourna les talons et sortit du bureau en boitillant, les épaules courbées par le poids de la sentence. Ichabod voulut le suivre, mais le commissaire l'arrêta:
« Restez Crane, j'ai à vous parler.»
Ichabod essaya de dissimuler ses soupçons. Qu'est-ce qu'il me veut? pensa-t-il avec méfiance. Wilkes le méprisait depuis toujours, officiellement parce que Ichabod menait ses enquête d'une manière très peu orthodoxe, officieusement parce qu'il était beaucoup plus intelligent que son supérieur, ce que ce dernier ne pouvait supporter.
« Ce n'était pas la faute de l'inspecteur Witherspoon, monsieur, tenta encore Ichabod. L'arrestation aurait dû se dérouler comme prévu, c'est un pur hasard si un gang adverse de celui de nos suspects s'est manifesté à cet instant. Glen Witherspoon a été d'un courage exemplaire en allant avertir lui-même les hommes qui s'étaient déjà engagés dans la bataille, c'est d'ailleurs pourquoi il a été aussi gravement blessé.
- Il y a eu des morts, Crane, martela Wilkes. Des morts. Et vous-même n'êtes pas dans un état bien brillant.
- J'ai pris quelques coups, reconnu Ichabod.
- C'est pourquoi je vous suggère de vous éloigner de New-York pendant quelques temps.
- Je vous demande pardon, monsieur?»
Mais qu'est-ce qu'il cherche à faire? Ichabod se sentait très mal à l'aise, redoutant la réponse de son supérieur. Wilkes s'enfonça dans son fauteuil et demanda lentement, en détachant bien les mots:
« Inspecteur, vous souvenez-vous de l'affaire de Sleepy Hollow?»
Ichabod se sentit pâlir et essaya d'ignorer tant bien que mal le frisson qui remontait le long de sa nuque. S'il se souvenait de l'affaire du Cavalier sans Tête? Il en rêvait presque toutes les nuits depuis un an. La seule chose positive qu'il avait ramenée de cette ville de cauchemar avait de fins cheveux blonds et de grands et profonds yeux bruns. Katrina était la seule chose qui l'avait empêché de se tirer une balle dans la tête pour arrêter ses cauchemars.
« Inspecteur? fit Wilkes d'un air gourmand. Vous sentez-vous bien?
- Oui, monsieur, répondit Ichabod d'une voix plus blanche que prévu. Très bien. (Menteur)
- Donc, vous souvenez-vous de Sleepy Hollow?
- Oui, monsieur.
- Dans ce cas, claironna Wilkes, vous serez heureux d'apprendre qu'une femme y est morte il y a deux jours. Une autre décapitation.»
Ichabod se mordit la lèvre pour ignorer la nausée qui remontait dans sa gorge.
« Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, j'en ai fini avec cette affaire.
- Apparemment pas. Sinon, pourquoi Mélodie Griffith aurait-elle perdu la tête?»
Ichabod grimaça, avant de suggérer d'un air peu convaincu:
« C'est certainement un imitateur...
- Vous vous en assurerez vous-même.»
Cette fois, l'inspecteur marqua un temps d'arrêt. Son cerveau paraissait fonctionner au ralenti, refusant de comprendre ce qu'il venait d'entendre. M'en assurer moi-même? Alors... Son épaule le brûla et il réalisa que ses mains tremblaient. Il demanda d'une voix lasse:
« Que voulez-vous dire, monsieur?
- Vous m'avez bien compris, inspecteur Crane: vous retournez à Sleepy Hollow.»
*****
SIEGE DU F.B.I
WASHINGTON D.C.
1996
« Dis-moi, ça te dis quelque chose la légende du Cavalier sans Tête?»
L'agent spécial Dana Scully, petite rousse au teint de porcelaine, fit pivoter son fauteuil pour faire face à son coéquipier. Grand, les cheveux bruns et les yeux verts, Fox Mulder, assis sur son bureau aussi encombré que le périphérique à une heure de pointe, lui souriait d'un air innocent. Scully soupira en lui jetant un regard réprobateur:
« Qu'est-ce que tu complotes encore?
- Scully! fit Mulder d'un air faussement vexé. Comment peux-tu me soupçonner d'un coup bas? T'ai-je jamais caché quelque chose?
- Oui.
- Oh, une ou deux fois, pas plus...
- Mulder, tu as trouvé le moyen de me cacher quelque chose dans presque chaque affaire que nous avons étudié depuis quatre ans.
- N'exagère pas, quand même... Bon, alors tu réponds à ma question?
- Si je connais le Cavalier sans Tête? répéta Scully en haussant les épaules. C'est une légende que mon père me racontait quand j'étais petite.
- Ton père te racontait des histoires pareilles? fit Mulder d'un air amusé.
- Quand il en avait le temps, précisa Scully. C'est-à-dire deux fois par an. Pourquoi?
- Et bien figure-toi que c'était une de mes légendes préférées, sourit Mulder. J'adorais cette histoire.
- Pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas? railla Scully.
- Et si j'en crois les dernières nouvelles, continua Mulder sans relever l'interruption, il se pourrait bien que la légende n'en soit pas une.
- Mulder!»
En guise d'excuse, il lui tendit le dossier qui reposait sur ses genoux. Scully l'ouvrit d'un air dubitatif et le parcouru rapidement avant de relever la tête:
« C'est ça ton Cavalier sans Tête? Un meurtre dans une petite ville à cinq cents kilomètres de New-York?
- Un meurtre par décapitation, précisa Mulder. Et regarde le nom de la petite ville en question...»
Scully baissa les yeux sur le dossier pour froncer les sourcils, avant de marmonner pour elle-même:
« Sleepy Hollow...
- La ville de la légende, compléta Mulder en descendant du bureau. Etrange, non?
- Coïncidence, fit Scully.
- Peut-être pas.
- Mulder, soupira la jeune femme en refermant le dossier, tu ne vas quand même pas croire qu'un meurtre commis il y a deux jours, en 1996, puisse avoir un lien avec des gens morts en 1800?!
- En 1799, rectifia Mulder en sortant un liasse de papier jaunie d'un tiroir du bureau. Regarde ce que j'ai trouvé dans les archives de la police de New-York: le rapport de l'inspecteur qui s'est chargé de l'affaire à l'époque.
- Comment as-tu trouvé ça? fit Scully en prenant avec respect les papiers plastifiés. Des archives qui datent de deux siècles?!
- J'ai un très bon ami aux archives, avoua Mulder avant de sourire. Ce qui est sûr, c'est que le pauvre policier qui s'est retrouvé avec cette affaire sur les bras n'était pas un habitué des phénomènes paranormaux! Plutôt étonnant d'ailleurs à une époque où tout le monde faisait la chasse aux sorcières...»
Scully parcouru rapidement le rapport écrit soigneusement au porte-plume sur cinq pages. Elle releva certains détails étranges, notamment le dernier paragraphe:
« Lady Van Tassel désirait de son propre aveu se venger des personnes lui ayant fait du tort. Mais son complice avait vraisemblablement d'autres intentions, si bien qu'il s'est rebellé contre celle qui le commandait pour la tuer. Je n'explique pas le fait que cet homme soit si fort, ni la technique qu'il utilisait pour paraître sans tête. Le coupable s'étant enfui, il est probable que ces questions ne trouveront jamais aucune réponse.
New-York, 14 octobre 1799
Inspecteur Ichabod Crane»
Scully releva les yeux pour rencontrer le regard brillant de Mulder. Elle parla après un certain temps de silence:
« Tu es sûr de la date?
- Certain. Pourquoi?
- Cet inspecteur parle dans son rapport de ce qui ressemble à une autopsie. Mais si mes souvenirs sont exacts, les premiers examens post-mortem sérieux sont plus récents d'au moins un demi-siècle.
- Un détail, trancha Mulder. Scully, est-ce que tu réalises que tu tiens dans tes mains ce qui est certainement une des première affaires non classées de l'histoire des Etats-Unis? fit-il en attrapant son manteau. Tu te rends compte?
- Mulder, hésita Scully, je ne crois pas que...
- Allez, viens! De toute façon, nous devons nous rendre à Sleepy Hollow pour l'affaire de 1996. Et si ces meurtres étaient liés, Scully? Et si cet inspecteur n'avait pas trouvé d'explication parce qu'il n'y en pas?
- Mulder, je t'en prie...»
Mais son coéquipier avait déjà mis fin à la conversation à sa manière: il avait quitté le bureau en courant.
*****
Le noir. Profond. Eternel. Démoniaque. Deux silhouettes qui s'avancent. Un homme et une femme. Non, trois silhouettes. La femme a un chat sur l'épaule. Ils sont vêtus de longues tuniques noires.
L'homme est grand. Ses yeux et ses cheveux sont noirs comme de l'ébène. Une tête de tigre noire est tatouée sur son front. Son nom est Kafel. La femme est à peine plus petite. Ses yeux et ses cheveux sont aussi sombres que ceux de son compagnon. Une tête de panthère orne son front. Son nom est Proxima. Le chat a les yeux verts. Sa fourrure est d'or. Son nom est Deneb.
Kafel la prend dans ses bras. Le chat ronronne et saute à terre. Il se frotte aux jambes des deux humains. Proxima se dégage tendrement:
« Tu m'as manqué.
- Toi aussi.
- Comment vont nos affaires?
- Pas très bien, ma douce.
- Comment va Sheridan?
- Il est mort. Décapité.
- Mélodie également.
- Tu n'as vraiment rien pu faire?
- Kafel, je n'ai pas retrouvé sa tête.
- Et tu ne pouvais la faire... «repousser»?
- Non, pas plus qu'aucun autre membre.
- Mais qui a pu faire ça?
- Le Conseil soupçonne le Hessois.
- Encore lui?!
- Oui Kafel, encore lui.
- Mais seul un membre de la Confrérie aurait pu...
- Je sais.
- Mais qui Proxima, qui?
- Je ne sais pas, Kafel, je ne sais vraiment pas.
- Que devons-nous faire?
- Pour l'instant, nous méfier.
- Je m'en doutais un peu...
- J'ai peut-être trouvé une nouvelle dépositaire.
- Moi aussi, mais j'ai peur pour lui.
- Surveille-le bien, je sens le malheur venir.
- Je te fais confiance ma chérie.
- Tu as parfaitement raison.
- Je sais. Je dois y aller.
- Je t'aime Kafel.
- Je t'aime Proxima.
- Sois prudent.
- Je le serai.
- A bientôt.»
Il l'embrasse passionnément, avant de la relâcher. Deneb saute sur l'épaule de Proxima et ils disparaissent. Kafel ferme les yeux et il disparaît. Noir. Silence.
*****
