Les personnages de l'histoire ne m'appartiennent pas, ils appartiennent à Stephenie Meyer
Apprivoisée
Chapitre I - Weirdo
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il y avait tant de suicides chez les jeunes ados ? Et bien disons que s'ils vivent la même histoire au lycée que moi, ils ont des circonstances atténuantes et je les comprends.
Mais bon, commençons par le commencement, je me présente. Je m'appelle Kim Conweller, j'ai tout juste 17 ans et je suis en dernière année à La Push High School. Dernière année de misère. En fait, je suis ce qu'on peut appeler une jeune fille banale, sans histoire. Je ne fume pas, je ne me drogue pas, je ne bois pas. Déjà, ça c'est fait.
Mes parents sont des gens charmants que j'adore et qui me le rendent bien. J'ai un petit frère un peu pénible mais bon dans l'ensemble, on s'entend bien. Je suis plutôt intelligente et studieuse et je ne suis pas si moche que ça. Non, c'est vrai. J'ai des longs cheveux noirs, des yeux bruns chocolat, une petite taille fine et même si je ne suis pas très grande, je fais quand même un bon mètre soixante dix. Croyez moi, y'a pire.
Alors, me direz-vous, pourquoi est-ce que je parle de suicides ? Et bien, c'est parce qu'à l'école, ils me prennent pour une attardée de première. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un sacré problème de communication entre nous ! Et pas que ça, ils sont ralentis de la cervelle aussi (d'accord pas tous mais bon une majorité d'entre eux quand même)
Tout ça, ça remonte à mon arrivée à La Push. Je suis née dans la réserve Quileute et j'y est passé mes premières années. Mais on a quitté La Push pour suivre mon père à New York pour son travail. Je devais alors avoir 3 ans et c'est là bas, que ma vie a basculé. Nous avons eu un grave accident de la route. On rentrait d'un spectacle de danse sur glace et j'en avais pris plein les mirettes. Mes yeux brillaient de bonheur et on avait passé un très bon moment en famille. Malheureusement notre route a croisé celle d'un chauffard ivre et nous nous sommes retrouvés, écrasés, la tête en bas, retournés sur le toit après que la voiture ait fait au moins trois tonneaux. J'ai arrêté de compter les tonneaux lorsque j'ai perdu connaissance. Mais dans notre malchance, on a été sacrément chanceux. On s'en est tous tirés et sans trop de gravité. Des côtes, des jambes et des bras cassés, de multiples plaies, un poumon perforé même (pour mon père) mais après chirurgie, rééducation et tout le reste, toute la famille a été remise parfaitement sur pied.
Toute… sauf moi.
Je suis la seule à avoir gardé une séquelle permanente. J'ai perdu l'ouïe. J'ai perdu l'usage de mes deux oreilles. Lorsque je me suis réveillée à l'hôpital, je n'entendais plus rien. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais seule, mes parents et mon frère étaient eux même en soins intensifs ou en chirurgie et j'ai passé les premières heures de mon réveil à me demander où j'étais, où étaient mes parents et pourquoi je n'entendais rien. Puis mes grands-parents sont restés à nos chevets respectifs (on formait une belle brochette de bras cassés) et ils ont tenté de m'expliquer que je ne pourrais plus jamais entendre. Lorsqu'au bout de 6 mois la vie a repris son cours, mes parents m'ont inscrite dans une école spécialisée pour les enfants mal entendants. J'avais alors 5 ans. J'y suis restée 7 ans durant lesquels j'ai appris le langage des signes, à lire sur les lèvres et à accepter que désormais je suis ce qu'on appelle une handicapée.
Le chauffard ivre s'était avéré être le jeune fils d'un personnage important et pour éviter un procès (car mes parents étaient déterminés à le faire payer pour tout ce qu'on avait enduré) le père de ce petit con a sorti son carnet de chèque et il a banqué. Beaucoup d'argent. Cet argent a payé nos soins respectifs et mon école. Malgré tout, on a raison de dire que ce qui nous tue pas nous rend plus fort et j'ai fait face à cette épreuve avec courage (il faut le dire) et surtout j'ai été très entourée, aimée et protégée. Ca m'a donné de la force et au bout de ces 7 années, il était difficile pour quelqu'un ne me connaissant pas de dire que j'étais handicapée. J'avais développé des qualités intellectuelles et artistiques et j'avais soif de vie. Je faisais tout ce que je pouvais pour me surpasser. Je voulais être normale et au bout de toutes ces années, j'y étais presque arrivée. Tant que les gens autour de moi me parlaient en me regardant fixement, j'étais capable de suivre une conversation à peu près normalement.
Je me sentais prête à intégrer une école normale et agir comme une enfant normale…enfin aussi normale que possible.
Et nous sommes retournés à La Push. J'avais 12 ans. Mes parents nous ont inscrit mon frère et moi au collège-lycée à la réserve parce que j'avais réellement insisté pour qu'ils me laissent y aller. Mais ils voulaient prévenir tout le monde, le directeur de l'école, le personnel enseignant et aussi les élèves. Mais moi, têtue, bornée, je ne voulais pas. J'avais déjà l'impression d'être l'extra-terrestre de service mais alors si en plus, on en faisait l'annonce publique, je n'aurais pas pu le supporter. Je n'arrêtais pas de dire à mes parents de ne pas s'inquiéter, que dès le début de la rentrée scolaire j'allais me faire des amis. Je les préviendrais de ma surdité et ils pourraient m'aider. Ca me permettrait de suivre une scolarité normale avec un petit coup de pouce et j'étais persuadée que tout se passerait bien. Finalement après un certain nombre de tergiversations, on a prévenu le directeur de l'école qui a promis de rester discret à partir du moment où je lui promettais que je l'interpellerai si je ne me sentais pas à l'aise ou si quelqu'un m'embêtait. Ce que bien entendu je n'avais pas l'intention de faire. Et que je n'ai pas fait.
Ce que je n'avais pas prévu à l'époque, c'est que je ne me ferais pas d'amis. J'avais espéré me faire au moins une amie (j'en demandais pas plus mais au moins un ou une) mais malheureusement ça ne s'est pas passé aussi bien que je l'avais cru. J'ai eu du mal à m'intégrer. Les autres élèves parlaient vite, tournaient la tête et me reprochaient de ne pas leur répondre quand ils m'appelaient. Du coup, ils ont commencé à me prendre pour quelqu'un de bizarre car je répondais à coté ou carrément pas. Il y a donc eu entre nous des quiproquos, des erreurs de compréhension et une communication en berne. Puis petit à petit, ils se sont moqués de moi et ils m'ont appelé la «weirdo » Chaque fois que mon frère a voulu me défendre, je l'ai arrêté. Pourquoi ? Parce que j'étais têtue. Je me disais 'ils ne font pas d'efforts mais il y a bien quelqu'un qui va prendre la peine de venir me parler, de prendre la peine de me connaitre et de m'écouter et alors, cette personne sera précieuse car elle sera vraiment une amie'
Mais cette personne je ne l'ai jamais rencontrée.
Au fur et à mesure, je me suis mis en retrait, au point de devenir invisible et j'ai refusé à chaque fois de dire que j'étais sourde. Et je ne voulais pas non plus que mes parents ou mon frère le fassent. Je commençais à croire que j'étais vraiment bizarre et je commençais à en avoir honte. Je commençais à avoir honte de ce que j'étais…comme si j'avais été responsable de cet accident et de l'état dans lequel j'étais aujourd'hui. Je lisais sur leurs lèvres les commentaires qu'ils faisaient sur moi et j'attendais d'être bien tranquille et seule dans mon lit le soir pour laisser éclater ma peine et couler mes larmes.
Mes parents et mon jeune frère ont tout tenté pour me faire changer d'avis mais je restais obstinée. Je ne voulais pas que les gens sachent que j'étais sourde, je ne voulais pas qu'ils me prennent en pitié. Je ne voulais pas être à part. Ce que je ne réalisais pas, c'est qu'à force de ne rien vouloir dire à personne à propos de mon handicap, je suis bien malgré moi devenue différente à leurs yeux. Tout ce que je voulais éviter d'être je le suis devenue par la force des choses (et aussi… d'accord surtout… à cause de mon obstination)
Je me suis renfermée sur moi-même et me suis réfugiée dans le dessin. Je faisais des croquis pendant la récré ou à la pause déjeuner de tout ce que je voyais que j'aimais et j'essayais de gommer ce qui n'allais pas. Dans ma vie. Dans mes relations avec les autres. Mes peines. Ma détresse.
Je suis devenue la cible favori de certains « caïds » du lycée, si on pouvait vraiment les appeler comme ça. Ils faisaient partie de l'équipe de foot de l'école, avaient un fan de club d'oies piailleuses, avaient des muscles mais pas une once de cervelle. Ceci étant, je ne faisais pas le poids et à chaque insulte ou à chaque fois qu'ils me faisaient une crasse, je ravalais ma fierté et ma peine et je rentrais chez moi, frustrée, en colère et triste.
J'ai pris l'habitude d'être de seule et de me débrouiller. De temps en temps, je déjeunais avec mon frère et son meilleur ami, Seth Clearwater, un garçon adorable qui se doutait bien que je n'étais pas comme les autres mais il était assez fin et assez intelligent pour ne pas poser de questions. Jacob Black aussi était gentil avec moi. Enfin, disons qu'il me disait bonjour lorsqu'il me croisait et me souriait de temps en temps. Mais, bon il n'était pas mon ami pour autant. En réalité, la plupart des gens m'ignorait. Si je mourrais demain, personne au lycée ne s'en apercevrait.
Alors, lorsqu'a débuté cette première année, je me suis blindée et je me suis préparée à une année longue et difficile mais par rapport aux années précédentes, je l'ai abordée différemment. Primo parce que c'était la dernière et que quoi qu'il arriverait, je serai partie à la fin de l'année. Ca, ça me remontait considérablement le moral. Et secondo, je n'avais plus aucun espoir quand à la possibilité que j'avais de me faire des amis. Tous les ans depuis que j'étais revenue de NYC, je me disais que cette année était la bonne, que je ne serais plus seule avec moi-même et que je pourrais enfin vivre une scolarité normale. Et chaque année, j'étais de plus en plus seule, de plus en plus isolée, de plus en plus déçue. Et plus j'espérais, plus j'étais déçue.
En fait, ce que je ne savais pas, c'est que cette année allait à nouveau changer ma vie… et de manière irrévocable.
Bon, c'est une petite fanfic qui me trotte dans la tête.
Merci de me donner votre avis.
