Voici un premier texte écrit sur un coup de tête. J'espère que vous me donnerez des avis bienveillants et constructifs si vous êtes amené(e)s à le lire, afin que je puisse m'améliorer :)
Pour l'instant je le considère comme un one shot, mais une amie m'a conseillé d'écrire une suite. Je verrai si j'en trouve une!
Bonne lecture!
Disclaimer : les personnages de One Piece appartiennent à Eiichiro Oda.
Il fixait froidement son adversaire, les mâchoires serrées, la main sur le pommeau du Wadô Ichimonji.
Quant à elle, Shigure dans la continuité de son bras, elle le toisait intensément, sans davantage de chaleur que dans son regard à lui, une lueur de défi brûlant au fond de ses pupilles et bouillante de rage.
«Tu ne t'enfuiras plus cette fois-ci, Roronoa.» pensa-telle, déterminée comme jamais. «Je t'aurai, je remettrai tes armes entre des mains vierges de tout crime. Je te vaincrai, même si je dois y rester aussi.»
De son côté, le bretteur se sentait fait comme un rat. Se battre, il n'en avait pas une once d'envie, mais pour parvenir à sortir de ce cul-de-sac, il lui faudrait en libérer le passage, obstrué par une Tashigi qui n'avait pas l'air d'avoir envie de bouger. La Lune seule éclairait la sinistre ruelle dans laquelle ils se trouvaient. Un immense clair de pleine lune. Un flash le déstabilisa un instant. Qui se trouvait en face de lui, brandissant un sabre, un air provocateur sur le visage? Ces cheveux bleu nuit, ces grands yeux noirs... Kuina...? Comment était-ce possible?
Il secoua violemment la tête pour se reprendre. C'était un sergent-chef de la Marine. Il fallait à tout prix qu'il garde son sang-froid. Bien que l'ambiance du moment soit similaire avec la nuit qui avait précédée la mort de sa meilleure amie, la situation était totalement différente, et il devait garder l'esprit clair, fixé sur son objectif.
Il s'en voulait d'être si faible face à elle, autant qu'il lui en voulait d'être si obstinée. Pourquoi s'acharnait-elle ainsi? Leur duel avait déjà eu lieu, il l'avait vaincue à Logtown. Tenait-elle si peu que ça à la vie, ou était-elle totalement inconsciente?
Tout en se mesurant du regard, ils reprenaient leur souffle, devenu haletant et irrégulier après la longue course-poursuite qu'ils avaient menée auparavant.
Cette escale s'était résumée à un interminable jeu de chat et de la souris, à sans cesse fuir et se cacher. Il ne le supportait pas, il n'était pas dans ses habitudes de tourner le dos à l'adversaire. Il fulminait, se maudissant de ne pas être resté dormir sur le bateau en attendant que le logpose se recharge, comme il avait pensé le faire au départ. Non, il avait fallu qu'il lui vienne la lumineuse idée d'aller se balader, pour tomber nez à nez avec cette Marine, plus collante qu'un vieux bonbon resté au fond d'une poche. Alors qu'il enrageait de plus en plus, le bruit d'un pas sur le pavé le fit sortir de sa réflexion.
Tashigi, l'ayant elle aussi perçu, tourna vivement la tête, juste le temps d'apercevoir une lame fendant l'air. Tout se passa en une fraction de seconde, Zoro profita de cette chance inespérée, sa réaction provoquée à la fois par la chute d'attention de la jeune femme, et par la révolte qui l'avait envahi devant la scène prête à se dérouler sous ses yeux.
Un corps tomba.
Le Shûsui glissa dans son fourreau.
L'homme qui avait détourné l'attention des deux épéistes gisait désormais sur le pavé, une grande croix rouge lui barrant le torse.
Sous les yeux d'une Tashigi encore immobile sous le coup de la stupeur, cherchant à comprendre ce qui s'était passé, Zoro se redressa de toute sa hauteur, et regardant le corps inerte avec un air de mépris mêlé d'un profond dégoût, il cracha : «n'attaque jamais un adversaire dans son dos.»
Pour faire face à l'inconnu qui s'était apprêté à transpercer la jeune Marine par derrière, Zoro avait contourné cette dernière, alors qu'elle avait la tête tournée. Il était à présent en bonne posture pour s'enfuir de nouveau. Chose qu'il ne manqua pas de faire.
Une goutte d'eau coula le long du verre de lunettes de Tashigi. Une autre ne tarda pas à s'écraser sur le haut de son crâne. Une menaçante masse de nuages noirs obscurcissait peu à peu le ciel, prêts à déverser sur cette île paisible, des trombes d'eau.
Le mouvement brusque qu'avait effectué le jeune homme aux cheveux verts pour reprendre sa course avait fait réagir le sergent-chef, à qui il suffit d'une fraction de seconde pour se lancer, une fois de plus, à sa poursuite.
Elle avait manqué son but. Il se trouvait bloqué au fond d'une impasse, complètement à sa merci, et il avait fallu qu'elle détourne son attention. Elle était furieuse contre elle-même. Elle n'était pas encore suffisamment forte, suffisamment concentrée. Elle n'aurait pas dû tourner la tête, elle n'aurait pas dû attendre autant avant de se décider à l'attaquer. Mais toutes ces poursuites avaient fini par lui peser, et elle commençait à en sentir le poids sur ses épaules. Déjà, le souffle commençait à lui manquer. Elle courait pourtant, à chaque foulée plus déterminée à atteindre son objectif. Elle ne savait pour quelle raison profonde elle nourrissait une telle obsession, mais il lui fallait ce sabre, elle devait vaincre cet homme. Il était un pirate. Il ne méritait pas un trésor pareil. Il la narguait sans cesse, la rabaissait dans son amour-propre. Elle le haïssait. Elle courait. Où trouvait-elle autant la force de le haïr. Comment pouvait-elle lui en vouloir à ce point? Une rage incommensurable s'était emparée de son coeur. Elle courait toujours, les yeux emplis d'une fureur terrifiante. Elle le voyait, juste devant elle, à seulement quelques mètres. Elle devait, réussir.
«RORONOA !»
Zoro s'arrêta net dans sa course folle. Le cri déchirant qu'il venait d'entendre derrière lui l'avait atteint en plein coeur. Il y avait entendu sa détermination et sa colère, mais aussi, ce qui le troubla davantage, une grande souffrance, beaucoup de rancune, et un fond de peur. Tant de sentiments mêlés dans un seul hurlement, poussé par la voix d'un corps qui épuisait tout ce qui lui restait de force.
Il n'en pouvait plus lui-même. Courir. Courir encore en encore, courir pendant des heures. Se cacher. Il ne voulait plus fuir. Il voulait faire face à cette fureur hystérique qui le poursuivait sans relâche. Qu'elle le laisse en paix, c'était tout ce qu'il souhaitait. Il se sentait à la fois poursuivi par un fantôme, et traqué par la justice. Hanté à la fois par l'image d'une femme au tempérament de feu et celle d'une jeune adolescente, à présent disparue. Toutes ces voix se bousculaient dans sa tête, il n'arrivait plus à réfléchir, il n'arrivait plus à savoir ce qu'il fallait qu'il fasse. Pourquoi était-il tellement troublé. Lui aussi bouillait de rage, de se sentir si désarçonné face à cette Marine.
Il se tourna, lentement. Le bruit de ses pas avait cessé. Elle se tenait de nouveau face à lui, prête à bondir. La pluie tombait à grosses goûtes, de plus en plus fort, formant un rideau opaque. Ils ne se trouvaient qu'à quelques mètres l'un de l'autre.
Et soudainement, un son de lames qui s'entrechoquent se fit entendre. Rapide comme une lionne, Tashigi avait brandi Shigure au dessus de sa tête, prête à l'abattre sur son ennemi. Celui-ci, plus vif que l'éclair, avait sorti le Wadô Ichimonji de son fourreau pour parer le coup mortel. Elle avait progressé, depuis leur précédent affrontement, mais surtout, la colère qu'elle ressentait décuplait ses forces. La puissance de ses coups avait d'abord fait ployer de bretteur, surpris par sa toute récente maitrise du sabre, mais rapidement, il reprit le dessus. Tashigi se battait avec hargne, mais la fatigue eut raison de son ardeur, Shigure s'envola dans les airs avant de retomber sur le pavé dans un bruit métallique, tandis qu'elle-même se retrouvait plaquée contre un mur de pierre, la lame du sabre à la garde blanche placée sous son menton.
Elle ne ploya pas pour autant, fixant le sabreur avec la même résolution et le même air de défit qu'auparavant.
Zoro soutint ce regard, et décela au fond des pupilles de la jeune femme, une petite étincelle qu'il n'arrivait pas à nommer. Cette flamme qui brûlait et alimentait la haine qu'elle éprouvait à son égard. «Et maintenant?» murmura-t-il.
«Tue moi»
«Non.»
Tashigi lui cracha au visage.
Accusant le coup, le Pirate posa sa main droite sur le mur, à côté de la tête de la Marine, et pencha son visage vers le sien.
«Tu es si déterminée à mourir?» souffla-t-il, incrédule.
Pourquoi lui posait-il une telle question? Elle n'avait bien sûr aucune envie de mourir. Mais elle avait encore moins envie de subir le déshonneur. À cet instant précis, ce dont elle eut envie, ce fut de lui hurler toute sa rancoeur.
«BIEN SÛR QUE JE NE VEUX PAS MOURIR ! JE VEUX QUE TOI, TU MEURS, JE VEUX TE REPRENDRE CE SABRE D'EXCEPTION QUE TU POSSÈDES, NUL NE SAIT POURQUOI ! JE VEUX TE RÉGLER TON COMPTE UNE BONNE FOIS POUR TOUTE, SALE PIRATE DÉNUÉ DE TOUTE MORALE, DE SENS DE LA JUSTICE ET DE ... ! »
Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la stupeur en sentant les lèvres du jeune homme sur les siennes. Le seul moyen qu'il avait trouvé pour arrêter sans la blesser ce hurlement de désespoir, ç'avait été de l'embrasser. Sauvagement, il avait plaqué ses lèvres sur les siennes, ne sachant pas trop pourquoi, ne sachant non plus trop ce qui l'attendait. Tout se bousculait encore dans son esprit, et il agissait sans réfléchir.
D'abord surprise, Tashigi ne réagit pas, mais au bout de quelques secondes, sans non plus savoir pourquoi, elle lui rendit son baiser en lui attrapant la nuque, de manière bestiale et passionnée. Enfin, entrant totalement en contradiction avec son premier instinct, elle le repoussa violemment et lui asséna une gifle retentissante. Les bras ballants, les sabres à terre, tous deux restèrent à se fixer ainsi durant plusieurs secondes.
Son expression à lui était impénétrable.
La sienne, à elle, n'était que rage.
Le temps d'un éclair zébrant le ciel, il y lut de nouveau cette petite étincelle innommable qu'il avait déjà perçue les minutes précédentes.
Ils étaient complètement détrempés, à bout, tant physiquement que psychiquement, l'un comme l'autre.
Ce fut Tashigi qui rompit le silence. D'un ton froid, presque cruel et pourtant fébrile, elle souffla, quasiment inaudible :
«Barre toi.»
Le bretteur l'entendit parfaitement. Il était abasourdi. Il n'avait aucune attente, mais reçu quand même un impact violent en entendant ces deux mots. Il mit quelques instants à faire un premier pas en arrière, sans quitter le regard de son adversaire. Puis soudainement, il se retourna, ramassa le seul souvenir qui lui restait de Kuina, et s'enfuit à toutes jambes.
Sous la pluie battante, Tashigi ne bougeait pas. Elle restait là, dans un état second. Les minutes s'écoulaient lentement. Une brûlure sur ses lèvres. Son coeur se fendait en deux. Elle n'avait encore jamais ressenti ce qu'elle éprouvait à cet instant.
D'un coup, elle se laissa glisser le long du mur, ramena ses genoux sur sa poitrine, et enveloppa sa tête dans ses bras. Elle se mit à trembler violemment, et sa respiration devint de plus en plus saccadée. Une boule se forma au fond de sa gorge, douloureuse, accusatrice. Elle ne voulait pas pleurer. Elle ne devait pas pleurer.
Une larme unique coula le long de sa joue.
Il courait. Presque par chance, il se retrouva rapidement en vue du navire. Il grimpa à bord dans l'élan de sa course, et se retrouva presque nez-à-nez avec Sanji.
«Qu'est-ce que tu foutais Marimo, tu t'es encore perdu?» lança celui-ci d'un ton ironique.
«Occupe toi de ce qui te regarde et ferme là!» glapit le garçon aux cheveux verts, dans un état indéfinissable. Toujours animé d'une colère monstrueuse contre cette femme, contre lui-même, il brandit son sabre sous le nez du cuistot. Il s'apprêtait à entamer une bagarre quand le capitaine, attiré par les cris, s'interposa.
Il toisa son second avec un air presque grave, celui qui s'affichait sur son visage lorsqu'il ressentait que les choses étaient sérieuses. Il ignorait ce qui avait mis Zoro dans cet état, et il ne voulait pas le savoir. Mais il ne voulait pas non plus que quoi que ce soit d'irréparable soit commis sur un coup de colère.
«Va te calmer, Zoro» déclara Luffy d'un ton calme.
Sanji regarda son capitaine, un peu déstabilisé. Le sabreur, quant à lui, disparut dans la vigie en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il commença à se déchainer sur ses appareils de musculation, en frappant toujours plus fort avec ses poings, jusqu'à ce qu'ils soient recouverts de sang. Enfin, il se laissa choir sur le sol, abasourdi, ne comprenant toujours pas comment, il avait pu ainsi perdre le contrôle de lui-même.
