Une famille séparée

Harry se réveilla ce matin là avec un terrible mal de tête. Essayant de soulager son pauvre crâne douloureux, il se repositionna et se cogna le bras contre le mur du placard qui lui servait de chambre. C'était un très petit placard où le vieux matelas miteux sur lequel il dormait prenait tout l'espace disponible. Malgré le cauchemar encore présent dans son esprit et la douleur irradiant dans sa tête et dans son bras, il se fit le plus petit possible et ne fit plus aucun son, il ne souhaitait pas une punition si tôt le matin. Avec tout le bruit qu'il avait fait, il ne pouvait qu'espérer que personne ne l'ait entendu.

Le temps passa et aucun bruit ne se fit entendre, indiquant que personne n'était encore réveillé. Il soupira de soulagement et se redressa dans son lit avec précaution, ne voulant pas réveiller la personne à ses côtés. Il accota sa tête contre le mur en fermant les yeux et des flashs de son rêve lui revinrent à l'esprit, le terrifiant sur place. Depuis qu'il était tout petit, il faisait ses rêves horribles où des personnes étrangement vêtues se faisaient tuer par des hommes habillés de noir avec des masques blancs. Le plus bizarre, c'est qu'il ne pouvait voir qu'une intense lumière verte avant de voir les corps tomber.Tous étaient différents mais chacun se ressemblaient. Cela faisait bien peu de temps qu'il réussissait à retenir ses cris, au milieu de la nuit. À chaque fois qu'il ne pouvait empêcher la terreur de le submerger et qu'il réveillait un habitant de la maisonnée, il recevait une belle correction de son oncle. Il ne pouvait pas s'en plaindre car c'était ainsi qu'il avait été élevé, mais il voyait bien que c'était différent chez les autres enfants de son école. Alexis, son frère, essayait toujours de le consoler, mais se n'était qu'en se blottissant contre lui qu'Harry arrivait à retrouver le sommeil.

Son oncle était souvent violent, mais il ne lui avait jamais rien cassé. Il était toujours prudent, ne voulant pas avoir à faire un tour à l'hôpital. Pourtant, son oncle avait une préférence marquée envers Alex comme victime de sa colère. Peut être étais-ce parce qu'il était plus jeune ou parce qu'il était plus petit, plus fragile que lui et qu'il ressemblait à une fille lorsqu'on le regardait de loin. Il émanait de lui une grâce naturelle et une beauté que ces longs cheveux noirs ne faisaient qu'accentuer. Contrairement à lui, ces yeux étaient d'un vert tellement foncé qu'on pouvait le confondre avec du noir si on n'y regardait pas de près. Lui aussi avait une cicatrice en forme d'éclair, mais elle se situait sur la paume de sa main gauche. Personne ne savait et ce n'était pas comme si quelqu'un s'en souciait.

Depuis qu'ils étaient tout jeunes, ils n'avaient pu compter que sur eux-mêmes. Ils étaient encore très jeunes mais ils prenaient soin l'un de l'autre le mieux qu'ils pouvaient. On pourrait les qualifier de « autonome » malgré leur âge.

Son frère et lui-même partageaient la même « chambre ». Ils étaient assez coincés mais ils pouvaient se réconforter mutuellement dès qu'ils en ressentaient le besoin. Malgré le fait qu'ils soient frères, ils ne se connaissaient pas vraiment. Chacun aidait l'autre quand il le pouvait, mais leur instinct de survis empêchait toute autre forme de relation. C'était vraiment dommage. S'ils avaient vécu dans un autre endroit, sûrement auraient-ils pu développer leurs qualités et vivre pleinement leur vie.

Une douleur à la tête plus forte que les autres lui fit échapper un petit gémissement. Instinctivement, sa main vint se poser sur sa tempe, essayant de chasser tous ces mauvais souvenirs. Son frère, collé contre le mur opposé, lui faisant dos, grogna et tourna vers lui des yeux encore à moitié fermé et lourd de sommeil.

« Bonjour, mon ange. » lui dit Harry, en s'approchant et en frottant sa joue contre la sienne.

« S'lut » répondit simplement son frère avant de venir se blottir contre Harry et de se préparer à se rendormir.

« Ho non ! Ce n'est plus le moment de dormir. Ils se lèveront bientôt et tu sais très bien qu'aujourd'hui c'est ton tour de faire la cuisine, alors soit près quand ils viendront ouvrir la porte. »

Malgré le fait qu'Harry avait voulu dire cette dernière phrase sur un ton sérieux qui ne lui allait pas du tout, il l'avait plutôt murmuré doucement à l'oreille de son frère en lui jouant joyeusement avec les cheveux, s'amusant à faire des tresses. Il était encore tôt, mais il ne voulait pas que quelqu'un soit blessé ce matin.

Il s'extirpa des couvertures, découvrant par la même occasion l'autre corps à ses côtés, et commença à s'habiller ne se souciant pas du regard d'Alex, qu'il savait, l'examinait sans aucune gêne. Entre eux, il n'y avait aucun secret et aucune honte. Il mit un chandail et un jean déchirés trop grands pour lui. Ce n'était pas bien difficile de voir qu'ils ne lui avaient appartenus qu'à jusqu'à récemment. Harry avait 10 ans et malgré sa jeunesse, il faisait toutes les corvées de la maison en alternant avec Alex. Ce dernier était plus jeune d'un an. Les Dursleys prenaient un malin plaisir à les faire travailler jusqu'à l'épuisement et à les frapper s'ils n'avaient pas fini le ménage.

Ils allaient à l'école pendant la journée et l'un faisait les devoirs de l'autre lorsque se n'était pas son tour de travailler. Leurs journées n'étaient qu'une ennuyeuse routine où la peine et la douleur se côtoyaient durant la journée et l'amour et la tendresse venaient consoler ses deux frères la nuit venue. Tant qu'ils étaient ensemble, rien ne pouvait les atteindre, ils se sentaient invincible. C'était pourtant une toute autre histoire une fois séparés. L'oncle Vernon ne se gênait pas pour leur faire regretter d'être venu au monde. Cela pouvait être physique aussi bien que verbale. Harry savait endurer mais son ange était tellement fragile. Il était tellement facile de le briser. Il était étonné que personnes n'aient encore rien remarqué, les voisins comme les professeurs, avec toutes les ecchymoses couvrant leur corps. Vernon ne frappait jamais le visage, espérant sauvegarder les apparences le plus longtemps possible.

Alors qu'Harry était pris dans ses pensées, la porte s'ouvrit d'un coup et une immense main passa devant ses yeux. Elle empoigna son frère, encore en pyjama, et le jeta durement sur le sol, hors du placard. La porte se referma aussi vite qu'elle s'était ouverte et il entendit le bruit familier du verrou. Étais-ce à cause du sommeil qu'il ressentait encore ou cette scène s'était-elle passé à une telle vitesse qu'il n'avait même pas eu le temps de réagir pour sauver son frère ?

Il finit par réaliser que son frère venait tout juste de lui être enlevé sous les yeux. Bien sûr, le bruit que faisait Alex pour se soustraire à leur oncle le fit paniquer et il frappa la porte et recommença encore et encore, espérant qu'elle s'ouvre pour qu'il puisse enfin aider la seule personne qui comptait pour lui.

« Alex !! Alex !! » cria-t-il de toute ses forces. Peut-être les voisins l'entendrait-il et viendrait aider Alex, pensa-t-il avec espoir.

Par une minuscule ouverture, il vit son frère couché par terre, son oncle au-dessus de lui en train de le frapper au visage. Du sang coulait de sa bouche et il arrêta de se débattre. Il paraissait étourdi et malade. Son regard croisa le sien et il murmura quelque chose avant que son oncle ne l'emmène hors de sa vue.

« Ha…rry. Je t'aime »

Alex sentit qu'on l'agrippait par le bras et qu'on le traînait dans la maison. Le tapis brûlait la peau qui avait la malchance d'être à découvert. Puis, il sentit le vent froid sur son visage. Le mois d'avril était arrivé il y avait peu de temps et Harry et lui se préparait à fêter son anniversaire, le 9 avril. Le vent joua dans ses cheveux et il en oublia presque ce qui arrivait. Il remarqua que son oncle l'avait lâché parterre, à ses pieds et qu'il discutait avec une grande femme à l'air stricte… ils discutaient de lui ! Il écouta la conversation, un air horrifié sur le visage. Puis la femme se pencha sur lui, qui était toujours couché sur le sol et lui souleva le menton de ses doigts. Elle le regarda. Il avait l'impression d'être une marchandise, un objet qu'on évaluait avant d'acheter. Elle parla finalement en lâchant son visage.

« On ferra avec. »

L'oncle Vernon fit un grand sourire et prit l'argent que la femme lui tendait. Il le regarda une dernière fois avec dégoût avant de lui donner un dernier coup de pied dans les côtes, de tourner les talons et de rentrer. Alex regarda à son tour cette femme qu'il lui disait de se lever, ce qu'il fit. Il était trop sonné et confus pour réagir quand elle l'empoigna brusquement, l'enferma dans sa voiture et démarra. Ce n'est que lorsqu'il vit sa maison disparaître qu'il commença à pleurer. Il venait de réaliser qu'il ne reverrait peut être jamais son frère.

La femme lui dit : « Tu travails pour moi maintenant. Tout se passera bien si tu obéis docilement. » Elle lui jeta un regard méchant par-dessus son épaule avant d'ajouter « sinon… » et de laisser la phrase en suspense.

« Et en passant, ajouta-t-elle, tu ne reverras probablement jamais ton frère. Alors aussi bien commencer à l'oublier tout de suite, cela sera moins difficile pour la suite, car tu sais très bien qu'il ne viendra pas te sauver. »

Ses larmes redoublèrent quand il entendit cette phrase. Que ferait-il sans Harry, son gardien… son protecteur ?


Des larmes coulaient sur le visage du jeune garçon dans le placard. Il détestait se sentir si impuissant. Il entendait des brides de conversations qui venait de dehors, son oncle ayant sûrement laissé la porte ouverte. L'espoir lui revint un moment, peut être étais-ce juste quelqu'un qui voulait qu'Alex travail pour eux dans leur jardin ? Mais ce qu'il entendit lui enleva bien vite cette idée de la tête.

« Le garçon… l'argent… avons fait un bon marché…le reverrai jamais. »

Harry, désespéré, continua de frapper dans la porte jusqu'à ce qu'il ne sente plus ses mains. Du sang coulait… son sang coulait mais tout ce qu'il voulait était son petit frère, son ange ! Pourquoi le lui avait-on enlevé ? Où était-il parti ? Qu'est-ce qui se passait ici !! Prit d'un élan de folie, il cria son nom, le nom de celui qu'il était sensé protéger.

« ALEX !! »

Puis, il s'effondra sur le matelas, laissant les larmes couler sur son visage déformé par la douleur. On venait de lui enlever son frère… sa dernière famille ! Dans un dernier sanglot, il s'essuya les yeux. Mais ses yeux qui avaient toujours brillés, malgré les difficultés, venaient de brusquement s'obscurcir. On ne pouvait même plus y voir cette étincelle de vie. En fait, on ne pouvait plus y voir quoi que se soit.


Alors voilà, après une super belle review de Les 2 patates, j'ai retrouver le courage de retravailler mes premiers chapitres… et si je continuer à avoir de belles reviews, la suite n'arrivera que plus tôt !

J'espère que ce chapitre plaira !!

Je vais vite poster ce chapitre avant de commencer à aller trop en longueur… pas besoin de commencer à décrire une journée normale pour les 2 frères à l'école et tout. Enfin… si ça intéresse quelqu'un, je peux toujours placé un flash back à un moment stratégique un peu plus tard.

P.S. Si quelqu'un pouvait être assez gentil pour me dire comment garder mes accents circonflexes et autres bidules du genre, je leur serais infiniment reconnaissante... je commence à frustrer devant mon ordi et me dit que peut-être il serait plus beau incruster dans le mur derrière.

REVIEW