Ca y est, elle y était, elle vivait l'Instant, celui que tous redoutent sans pouvoir l'éviter. Le plus long -et pourtant au combien fugace- de sa courte existence.

Elle sentait la vie peu à peu se retirer de son corps dans le même temps elle découvrait le Temps et elle se voyait, poussière dans l'infinité de l'Univers, âme éphémère parmi tant d'autres et cette vision, loin de l'effrayer, la remplissait d'un sentiment de complétude : elle n'était plus qu'harmonie avec le Monde. Au dessus d'elle était la lumière paisible tentatrice. Elle savait que bientôt elle la rejoindrait, ce serait sa Grande Aventure, la dernière –à moins que ce ne fût celle-ci ? –

L'oxygène emplit une dernière fois ses poumons, ses yeux s'écarquillèrent brièvement tandis que le rayon vert transperçait son corps. Un dernier moment à penser, un dernier espoir à avoir, une dernière faute à expier. Dans les méandres de son esprit, les souvenirs entament une danse infernale, fatale avec les émotions. Mélancolie et joie, déception et extase, tout se lie.

Puis c'est la fin, le rideau tombe, un noir complet.

Au loin, un homme aperçoit la silhouette tomber pleine de grâce sur le sol souillé.

Lui aussi il sait. Il sait que désormais il ne reste plus que ce corps vide et inutile, une ombre.

Le reste, tout ce qu'il a jamais chéri, est déjà parti.