Certains habitués des fanfics de Rogue connaissent peut être déjà cette fic… cela fait deux ans que je l'ai écrite, et j'ai décidé de la remanier complètement, non pas vraiment au niveau du scénario, mais surtout au niveau du développement des personnages (surtout Rogue), les dialogues, le langage et les descriptions…
J'espère que le fait de reposter cette fic (qui garde le même scénario donc, mais qui changera sacrément au niveau de l'écriture) n'offensera personne !
Faites le moi savoir sinon !
En espérant que cela vous plaira !
Chapitre 1
« ENCORE ? »
La voix claironnante de madame Rosmerta résonna dans le pub des Trois Balais.
- C'est la combientième aujourd'hui ? cette fois tu vas les ramasser ! je n'ai pas le temps de crier « reparo » toutes les trente secondes!
- Pardon madame, mais je… » Nell ne savait plus que dire. Elle regarda piteusement la chope qui lui avait échappée des mains. « La cinquième. » Pensa t'elle en soupirant. « Je suis vraiment trop maladroite ». Elle rajusta ses grosses lunettes cerclées de vert sur son nez et entreprit de ramasser les débris de verre. Ah oui, quelle bonne idée Dumbledore avait-il eue en la confiant aux bons soins de madame Rosmerta ! Voila qui améliorerait ses problèmes de maladresse, qu'il disait ! trois mois s'étaient écoulés depuis son arrivée, et toujours autant de chopes, de tasses et de verres finissaient brisés. Jusqu'à présent, la patience de Mme Rosmerta restait inébranlable. Bien sûr, elle avait preuve d'une certaine autorité, sans pour autant tomber dans la tyrannie. Oui, elle devait s'estimer heureuse d'avoir échoué en ces lieux et non pas dans un sordide endroit miteux de l'allée des Embrumes.
Nell, les morceaux de verre dans les mains, lança un rapide coup d'œil alentours. Il n'y avait pas grand monde, quatorze heures venaient à peine de sonner à l'horloge du vieux morbier de chêne mangé par les termites qui traînait au fond de la salle. Les clients affluaient plutôt vers les six heures environ. Néanmoins, tandis qu'elle se penchait maladroitement sur les restes, elle remarqua quelques personnes qui la regardaient, un sourire moqueur au coin des lèvres. Un petit pincement au cœur lui fit serrer les mâchoires. Mais elle avait fini par s'habituer aux railleries d'ici. Surtout lorsqu'il s'agissait de comparer avec l'enfer qu'elle avait vécu à Poudlard. Oh oui, elle s'en sortait même bien mieux ici.
- Eh, toi, culs de bouteille sur le nez ! Une bièraubeurre ! Nell fut soudain tirée de ses pensées.
-Oui euh, tout de suite ! Elle se leva prestement, se précipita vers le comptoir, buta contre le pied d'une chaise et… tomba face contre terre. Une explosion de rire fusa dans le pub. Les joues de Nell rougirent sous le coup de la honte et de la douleur. Baissant les yeux vers ses mains, elle s'aperçut qu'elle s'était écorchée les mains avec le verre ramassé plus tôt. Madame Rosmerta l'aida à se relever. La jeune femme épousseta sa robe de sorcière, d'un noir délavé par un usage incessant, et constata alors que ses lunettes n'étaient plus sur son nez. Toujours accompagnée par un tonnerre de rires gras et méchants, elle plissa ses petits yeux bleus, s'agenouilla par terre en tâtonnant ça et là et les retrouva bien vite. Elles étaient dans un piètre état... Nell, sentant le feu de la honte lui brûler les joues, se releva précipitamment, la tête rentrée dans les épaules, les yeux baissés sur ses petites mains ensanglantées. Rosmerta lui attrapa le bras, puis l'accompagna dans la cuisine.
-Il faut que tu fasses un effort, Nell, murmura t'elle en agitant sa baguette sur les plaies de la jeune femme, qui s'était assise sur un petit tabouret. Si ça continue ainsi, je vais devoir te renvoyer même si Dumbledore lui-même t'a confié à moi, et en dépit de l'affection que j'ai pour toi pour toi.
-Je comprends, madame… Je suis vraiment désolée. Je ne sais pas pourquoi la maladresse me poursuit. Mais elle me rend la vie si dure ! J'ai l'impression de m'habituer aux railleries, mais dans le fond, ce n'est pas si facile…
-Je sais, Nell, mais il faudra un jour que tu t'acceptes telle que tu es. Les gens sentent lorsque l'on a confiance en soi. Le jour où tu ne seras plus gênée par ta nature de Cracmolle… Sur ces mots, Nell se dressa de toute sa petite taille, serrant les poings, renversant dans sa soudaine colère le tabouret sur lequel elle était assise.
- Pourquoi suis-je une cracmolle ? On croirait que la magie elle-même cherche à me fuir ! Même mes propres parents n'ont pas voulu de moi !
- Ne dis pas ça, Nell ! Tes parents ont disparu, personne ne sait ce qui leur est arrivé. Ce n'est pas parce que leur sort nous est inconnu qu'il faut tout de suite que tu penses qu'ils t'ont abandonnés !
Nell soupira. Ses parents ne lui avaient jamais manqués. ils avaient disparus trop tôt pour qu'elle s'en souvienne, mais en cet instant précis, elle aurait donné n'importe quoi pour une vie normale.
- Des fois j'ai vraiment l'impression d'avoir subi un sort. Sa tête retomba sur sa poitrine. Rosmerta lui prit le visage entre les mains et vit ses lunettes fêlées. «Oculus Reparo ! » dit-elle en faisant tournoyer légèrement sa baguette. Les lunettes reprirent leur forme originale. Nell esquissa un petit sourire de remerciement. « Aller, va te reposer un moment, reviens dans une heure. Je suis sûre que ça te fera du bien ». « Merci, madame », répondit-elle d'une petite voix. Puis elle tourna les talons et monta dans sa chambre, située deux étages en dessus. Dès qu'elle fut à l'intérieur, elle s'étendit sur son lit, et ne tarda pas à s'endormir.
Nell se réveilla peu de temps après. Il lui restait une demi-heure avant de retourner travailler. S'asseyant sur le rebord de son lit, elle se frotta les yeux, et ressassait les évènements qui avaient eu lieu plus tôt. Une journée comme une autre, en somme. Sa condition ne s'améliorait guère. Toujours aussi maladroite, toujours aussi raillée, toujours aussi… inutile, seule, maladroite. N'avoir aucun pouvoir dans le monde des sorciers était considéré comme une honte infâme, une anomalie, une difformité. Il n'y avait pas de place pour les cracmols dans ce monde, ni dans l'autre, ces parias, ces étrangers à la fois pour les sorciers et pour les moldus, incapable de s'adapter ni de s'épanouir chez l'un ou chez l'autre. Regagner le monde des moldus, où, au moins, la magie n'était pas nécessaire, lui avait été interdit pour l'instant, par Dumbledore lui-même. Pour l'instant, il lui fallait demeurer dans ce monde hostile, à servir des boissons et casser des chopes… Nell n'avait même pas de baguette ! Un professeur la lui avait confisquée lors qu'elle était encore à Poudlard, il avait quelques années de cela. Mais, en y repensant, elle comprenait ce geste. Une baguette à la main avait fait d'elle un parfait danger public.
Nell s'assit sur le rebord du lit et passa une main dans ses cheveux courts et noirs. Il fallait retourner au travail. Rosmerta ne pourrait pas tenir longtemps face à la horde des élèves de Poudlard, qui avaient droit à leur sortie trimestrielle à Pré au Lard. Sa première expérience face aux élèves, lors de leur première sortie avait été désastreuse... Bientôt, ils allaient prendre d'assaut le bar et les dévaliser de Bièraubeurre. Ces petites canailles en avaient de la chance, eux, de pouvoir étudier la magie en toute quiétude ! Qu'est ce qu'elle ne donnerait pas pour être à leur place… Elle caressa alors du plat de la main la reliure bordeaux d'un gros livre posée sur la table de chevet. Heureusement, Dumbledore lui avait permis « d'emprunter » quelques livres, afin d'avoir la possibilité d'apprendre quelques notions basiques. Elle lui devait beaucoup, à ce vieux barbu déluré ! Son seul bon souvenir de Poudlard, la seule personne qui lui manquait. Tous les autres n'étaient que des crétins, qui ne perdaient pas un instant pour se moquer d'elle. Peu importe. Elle était plus ou moins heureuse aux cotés de madame Rosmerta. C'était toujours mieux que rien. Nell se leva et se dirigea vers la porte. Elle lança un dernier regard derrière elle, comme si elle s'attendait à voir quelque chose de spécial enfin débarquer dans sa triste vie, puis sortit en traînant la patte, la poitrine soulevée par un long soupir.
Quand Nell eût atteint la salle principale, elle se retrouva entourée d'enfants et d'adolescents qui chahutaient, riaient, discutaient dans une ambiance parfaitement chaotique. « Et voilà, c'est parti… » Pensa Nell. Elle déglutit, rassembla tout son courage, et se concentra sur ce qui l'attendait. D'un pas décidée, elle se dirigea vers le comptoir, la tête haute, essayant de paraître sûre d'elle. « J'ai la situation en main ! » fit une petite voix enjouée dans son esprit
- Eh les gars, c'est le crapaud à lunettes ! Nell se retourna. Elle reconnut cet infâme garçon blond platine qui s'était déjà moqué d'elle la dernière fois. Un certain Draco Malfoy… Il la désignait du doigt à ses deux acolytes lourdauds qui l'accompagnaient, agglutinés a sa personne comme deux grosses verrues au nez d'une vieille sorcière rabougrie.
- Neville, j'ai retrouvé ta bestiole ! Des rires éclatèrent ça et là dans le pub. Ce sale garnement savait se donner en spectacle.
- Potter, regarde, elle a les mêmes lunettes débiles que toi ! Nell reconnu ce nom. Potter. Harry Potter. Le gamin qui aurait quasiment anéanti Voldemort, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Elle se tourna dans sa direction, et ne put s'empêcher de le fixer, oubliant les moqueries dont elle venait de faire l'objet. La première fois, Nell ne l'avait pas remarqué… Puis détournant le regard, elle tourna les talons, crispant les traits de son visage rond afin de lui donner une allure fière et assurée.
- Alors, l'affreux matou de ta grande amie « Vermione » a avalé ta langue ? relança le blondinet, dont les paroles furent accompagnée par les applaudissements et les rires gras de ses compagnons.
- Et si tu te noyais dans ta bièraubeurre, Malfoy ? répliqua Potter qui, visiblement cherchait juste à rester tranquille à discuter avec ses amis. Nell, qui avait repris sa place derrière le comptoir, ne pu s'empêcher de ressentir de la sympathie pour Harry Potter. Les cheveux noir, la peau pâle, ses yeux cernés par de grosses lunettes à monture noire, elle se reconnaissait en lui. La seule différence majeure : le sort avait fait de lui un jeune sorcier mondialement renommé, et d'elle une pauvre serveuse cracmolle... « Aie ! » madame Rosmerta venait de lui donner un coup de coude. Des élèves réclamaient à boire. Reprenant ses esprits, elle encaissa, puis mis les boissons sur un plateau. « Faites que tout se passe bien pour une fois, faites que tout se passe bien pour une fois… »
Elle se dirigea vers la table en prenant bien son temps. « Fait attention… regarde ou tu mets les pieds, fait gaffe aux croches pattes. ». Elle réussi à éviter un sac qui traînait sur le sol et s'en félicita. Elle déposa le plateau sur la table puis leva les yeux. Harry Potter la regardait. Elle se sentit gênée et se redressa, s'apprêtant à quitter la table.
« Hey, ne fait pas attention à eux, ce sont des crétins. » Elle le regarda par-dessus ses lunettes, un peu surprise. « Euh, oui, merci. » dit elle en s'éloigna et… tomba avec fracas sur le dos. Une douleur aiguë lui transperça le coccyx. Elle se mit sur son séant et vit à travers ses yeux plissés par la douleur le visage mauvais de Malfoy, debout en face d'elle, un sourire moqueur scotché sur ses minces lèvres blanches.
- Mais regardez-moi ce déchet ! Même pas capable de marcher ! » Et se penchant vers elle :
«Tes parents ne t'ont pas appris à marcher ? » Nell sentit une bouffée de colère et de honte lui monter au visage. Comment osait-il s'en prendre à elle, ce petit insecte !
- Sors de mon bar, ordure. » Siffla t'elle entre ses dents serrées.
- Moi, sortir de ce bar, alors que la moitié de ce village appartient à ma famille ! Quoi, tu ne le savais pas ? Tu ne peux rien contre moi. »
« Mais nous, oui ! » Malfoy se retourna brusquement. Il avait reconnu la voix d'Hermione Granger. Elle se tenait devant lui, Harry et Ron à ses côtés, tous trois la baguette à la main, le regard menaçant et défiant.
- Laisse la tranquille et il ne t'arriveras rien, dit Ron, ses oreilles rougies par la colère.
- Ha ! Vous ne pouvez rien contre moi ! s'exclama Draco Malfoy Si vous touchez à un seul de mes cheveux, je vous ferais expulser !
-D'où ? La moitié la plus importante de ta famille croupit en ce moment même à Azkaban. Tu n'as aucune autorité sur nous, tu n'es pas préfet. Mais Ron et Hermione, oui, alors réfléchis à deux fois avant de raconter n'importe quoi.
Les yeux verts de Harry flamboyaient. Nell se souvint d'avoir lu dans la gazette du sorcier, qu'Harry avait accusé Lucius Malfoy, le père de Draco, d'être un Mangemort, et maintenant, celui-ci se retrouvait à Azkaban. Il avait aussi perdu son parrain, Sirius Black, le présumé serial killer, dans une lutte qui l'opposait à une douzaine de Mangemorts. Pauvre Harry. Il avait de quoi être furieux. Malfoy fit un pas en avant. Les trois baguettes en face de lui se firent plus menaçantes. Nell se leva, et passa à côté de lui. Elle se rangea aux côtés de Harry, ne sachant pas s'il fallait intervenir, ou laisser les adolescents régler cette histoire à leur manière. Elle savait pourtant qu'il valait mieux éviter une bagarre à l'intérieur du bar, mais elle ne se sentait pas la force de les interrompre. Le pub baignait dans un silence de plomb. Nell chercha Mme Rosmerta des yeux. Elle ne la vit nulle part. Tournant la tête en direction de Draco, elle vit un sourire naître sur son visage pointu. Il fixait un point derrière Hermione. Nell se retourna, et vit dans l'encadrement de la porte, une silhouette noire et menaçante.
-Que se passe t'il ici ? Tout le monde se retourna. Severus Rogue, le professeur de Potions à Poudlard venait d'entrer dans le pub. Nell le reconnut immédiatement. Même si elle n'avait passé que deux mois à Poudlard il y avait déjà dix ans de cela, elle n'aurait jamais pu oublier celui qui lui avait brisé son existence. Severus Rogue avait été le premier à exiger son renvoi… En reconnaissant les traits durs et acérés de ce visage froid et fermé, un frisson de haine lui brûla l'échine. Son visage pris la couleur d'une tomate bien mûre. « oh non, pas lui ! » souffla t'elle entre ses dents.
- Potter, Weasley et Granger
ont tenté de m'attaquer, professeur ! dit Draco de sa voix
nasillarde.
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le
vase…
- Espèce de !... Nell ne tint plus. Prise dans un
élan de fureur incontrôlable, elle s'abattit sur
Draco et l'étendit par terre, lui martelant le visage de ses
poings serrés.
- Arrête ! hurlèrent Hermione et Harry en même temps. Ils se précipitèrent sur elle, et avec beaucoup de mal, la séparèrent de Draco. Il se releva, un peu abasourdi, se massant les joues, et lança un regard furieux à Nell. Le souffle court, le visage brûlant déformé par la fureur, elle le toisait du regard. Inspirant profondément, elle se laissa envahir par la délicieuse sensation de l'adrénaline qui se diluait dans ses veines. Malgré toutes les conséquences désastreuses que son comportement allait engendrer, elle se sentait nettement mieux…
Severus Rogue n'avait pas eu le temps de réagir. Selon Draco, il s'agissait d'une histoire entre lui et Harry, Ron et Hermione. Mais il y avait cette jeune femme. Il s'avança vers elle. Nell était encore retenue par Harry.
- Tiens tiens tiens, fit-il d'une voix mielleuse, empoisonnée par le sarcasme… Mais ne serait-ce pas la petite Nell Angelrest, qui nous a fait don de ses nombreux talents de Cracmolle de premier ordre à Poudlard il y a quelques temps déjà ? (Rogue avait parlé spécialement fort. Des rires éclatèrent partout, celui de Draco résonnant plus fort que les autres.) Nell baissa la tête, dissimulant une larme de fureur qui tremblotait au bout de son nez. Elle se dégagea de l'emprise de Harry et enfonça la tête dans ses épaules.
- Professeur, ce n'est pas de sa faute, elle… tenta d'expliquer Harry.
- Taisez-vous Potter ! Restez en dehors de cela, j'en ai vu assez vu pour me passer de vos commentaires!
- Vous avez vu comme elle m'a frappé, professeur, cette femme est dérangée !
- Tu va la fermer, Malfoy! Fulmina Harry.
- Vingt points vous seront ôtés, Potter, pour grossièretés dites en présence d'un professeur, dit Rogue, un sale sourire sur les lèvres. Potter soutint son regard. Nell remarqua à son expression qu'il devait probablement le haïr autant qu'elle, ce qui semblait aussi être le cas de ses deux amis. Draco, lui, souriait malgré ses lèvres en sang. Nell le détesta encore davantage.
- Bien, revenons à vous, chère petite. Vous savez ce qui va vous arriver, n'est-ce-pas ? Vous vous êtes attaqué à un des élèves de Poudlard, et un élève de ma maison, de surcroît.
- Ecoutez, je n'y puis rien si les élèves de votre maison sont aussi mal élevés, dit Nell, le plus calmement possible. Ce garçon s'est montré insolent, fourbe et menteur, dans mon établissement.
- Et vous vous jetez sur lui pour lui apprendre les bonnes manières. Quelle intéressante façon de concevoir l'éducation vous avez là, répondit Rogue en croisant les bras, triomphant.
- Vous pouvez parlez. Humilier des étudiants, les briser, broyer leurs rêves, vous en servir comme paillasson pour y essuyer toute votre propre frustration, vous appeler ça de l'éducation ? Jamais Nell n'avait osé parler à qui que ce soit de cette manière. Le soir, dans son lit, après une grosse humiliation, elle n'avait aucune peine à imaginer de cinglantes répliques, mais jamais n'avait-elle été aussi courageusement loquace devant un supérieur... Elle entendit un « bien dit » qui venait de ce jeune garçon un peu enveloppé, Neville. Severus Rogue la regarda, les yeux plissés par une colère contenue qui fit saillir les muscles de ses mâchoires serrées sous ses joues pâles et cireuses. Il allait répondre, quand une voix s'éleva derrière eux.
- Que se passe t'il ? Nell ? Mme Rosmerta venait d'apparaître en face d'eux. Professeur Rogue ? Mais que faites vous ici ?
- Il se passe que votre employée s'est jetée sur un de mes élèves, l'a humilié, puis s'est permise de me faire la morale ! cracha Rogue en pointant un index sur Nell. Mme Rosmerta lança un regard horrifié à la jeune femme. Celle-ci acquiesça en baissant le regard.
- Ainsi j'exige que vous expulsiez cette Cracmolle impertinente de votre établissement.
- NON ! Vous n'en avez pas le droit! Cet endroit est ma maison ! hurla Nell, agrippant le bras de Rogue, ne pouvant plus retenir ses larmes.
- Vous n'auriez pas du vous prendre pour ce que vous n'êtes pas… gronda la voix sourde de Rogue, qui lui fit sèchement lâcher prise. Nell sentit son estomac tomber dans ses talons. Qu'allait-elle faire ? personne ne l'attendait au-delà des murs des Trois Balais. De grosses larmes roulaient sur ses joues rondes. A travers ses pleurs, elle entendit des ricanements, des exclamations de stupeur et quelques expressions d'indignations. Mais plus rien n'importait. Mme Rosmerta allait répondre à la demande du professeur. Elle leva ses yeux rougis vers sa bienfaitrice. Son regard était tourné vers Rogue.
- Je ne peux pas la mettre dehors. Où irait-elle ? Je ne peux pas la laisser à la rue et je n'ai pas de quoi pouvoir l'héberger plus longtemps.
- Eh bien elle va devoir se débrouiller pour trouver un travail ailleurs et avoir de quoi se payer une chambre. Vous êtes une grande fille non ? Et cessez de pleurnicher ! Nell releva brusquement la tête, et renifla, serrant les poings. Elle s'en voulait déjà de s'être montré aussi faible.
- Ce n'est pas aussi simple. Dumbledore m'a confié cet enfant. Elle est à ma charge. Et malheureusement, personne ne voudra d'elle, elle est aussi maladroite qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et c'est une cracmolle.
Nell, en entendant sa protectrice parler d'elle en ces termes, sentit le peu de fierté qui lui restait lui gonfler le cœur d'une colère nouvelle.
- Très bien. Je vois. Je m'en vais. Voilà, chère Madame, cher Monsieur, ce fut un plaisir, vous ne m'aurez plus dans les pattes ! Nell sentit toute la rage de la tristesse se déverser dans son corps et dans son esprit. Un mélange de désespoir, de haine et de résignation dans les yeux, elle se précipita hors du pub, sans regarder derrière elle, et claqua la porte.
