Caroline Marcelle Yvette Malfoy

Bonjour à tous !

Pour en revenir à ce gros OS. Il s'agit d'un cadeau d'anniversaire pour Rin Uzumaki ! Je vous invite donc à le lui souhaiter, en review par exemple :D Et oui... notre chère Rin (il y a un lien vers son profil dans mon profil) a toujours rêvé d'avoir un Malfoy pour elle. Alors voilà pour elle : comment mettre une moldue avec notre cher Draco ? Et bien, c'est ce que j'ai tâché de faire :D

Quelques petites précisions avant de vous laisser lire :

- Rin est Caroline et je suis Morgane (la frisée) !

- Un grand nombre de personnage sont inspirés de la réalité, mais je n'ai utilisé aucun nom de famille, je n'ai pas raconter leur véritable vie, et la grande majorité sont au courant qu'ils apparaisent ici ! Et donc rien ne m'appartient : certains sont à J-K. R., d'autres à la réalité !

- Les persos d'Harry Potter (Draco en particulier !) sont tous plus ou moins dans le canons : ils ne sont pas vraiment OOC, mais j'ai eu tendance à accentuer leurs caractéristiques respectives, ou à m'en éloigner ! Sachez qu'à mon sens, le personnage qui réagirait le moins ainsi dans la réalité, c'est moi ^^

- C'est surtout une blague, à ne surtout pas prendre au sérieux ! Ce n'est d'ailleurs pas du tout mon genre d'habitude, mais finalement je m'y suis bien amusée !

- IMPORTANT : les dialogues sont parfois (assez souvent) en anglais : j'ai respecté l'antagonisme Sorcier/moldu, mais aussi le problème de langue ! Je ne pense pas que ce soit inaccessible, mais je vous préviens pour que vous ne soyez pas étonnés. Si vous voulez une traduction, je peux le faire, mais faudra me convaincre à coup de reviews :p LES CHAPITRES 3 et 4 SONT UNE VERSION ENTIEREMENT FRANCAISE, POUR CEUX QUI PREFERENT.

- Cette histoire sera suivie d'un petit bonus vraiment délirant appelé Grudfred l'Irritable : une histoire de gobelin à la mode médiévale !

- Je n'ai jamais voulu finir avec Blaise... Caro (Rin ^^) voulait que je finisse avec quelqu'un. Elle disait Théo... bah j'suis avec Blaise, mais c'pareil !

- Un SECOND CHAPITRE, vient d'être ajouté, car 2 ans plus tard, c'était... à nouveau son anniversaire !

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture, en espérant que cela vous plaise !

Chapitre 1 : Les Débuts.

Je suis jeune, beau, grand, plein de classe, riche et adulé. Blond et au top de la mode, personne n'égale ma démarche, personne ne surpasse ma beauté, personne ne me défie. Non, je ne suis pas Claude François, je suis Draco Malfoy. Je suis arrogant, sûr de moi, cruel quant il le faut… mais si j'ai conservé tous ces traits de caractère, je suis désormais libéré de la tutelle de mon père. Et cela, mes amis, ça se fête ! Aujourd'hui, en plus d'avoir dix-sept ans (ce qui dans la circonstance actuelle ne m'apportait guère), je n'ai plus à suivre les traces de mon père ou sa loi stricte, et je puis faire ce qu'il me chante de faire. Un procès l'a déshérité, et en prouvant mon innocence, m'a fait dépositaire d'une immense fortune dont je dispose entièrement, à l'exception d'une maigre rente (enfin, une rente dont je choisis le montant) pour ma mère. Bien sûr, reste le contrat de mariage déjà signé qui officialise mes fiançailles avec Astoria… mais j'ai encore beaucoup de temps avant de me préoccuper de l'épouser, et encore davantage avant de cesser d'aller voir ailleurs.

N'en doutez pas, je conserve certains des grands principes de ma famille, et avant tout ma supériorité : après tout, qui oserait en douter ? Mais, pour fêter cette liberté, j'ai choisi de frapper fort, et de me laisser aller totalement dans ce que mon père m'aurait toujours interdit de faire. Vivre dangereusement, d'accord… mais à l'époque, c'était vraiment trop dangereux : là, je vais juste me payer le plaisir de passer la soirée en boite. Mais bon… je sais que certains sang-purs n'apprécieraient pas, alors mon courage légendaire m'a fait choisir de faire ça à Paris. J'y vais avec quelques amis : Vincent, Gregory, Théodore, Blaise. Et puis l'autre pimbêche de Pansy qui espère vraisemblablement que je vais succomber soudain à son charme parce que je suis chez les moldus ! Enfin… elle n'aura qu'à supporter de voir toutes ces jeunes femmes m'aduler, c'est son problème après tout.

Comme vous vous en doutez certainement, je n'ai pas daigné m'occuper personnellement de faire des recherches et choisir une boite de nuit convenable : Blaise l'a fait juste comme il le fallait, et à grand renfort de galions changés en 'euros' (non, ne me demandez pas en quoi ça peut être de l'argent, ce nom bizarre !), nous avons désormais pour nous les portes grandes ouvertes d'une des boites les plus en vues et les mieux fréquentées de Paris.

Un Malfoy est toujours beau et est toujours parfait, et un Malfoy transpire toujours la classe… surtout Draco Malfoy. Mais il faut avouer que là, je me suis donné au maximum. Etre habillé à la moldu aurait pu être un problème, mais je suis assez génial pour que tout vêtement se fasse parfait pour moi, s'il est à ma mesure. Voyez-vous, s'il y a une chose qu'il faut accepter que les moldus fassent bien, ce sont les fringues ! Il n'y a qu'à voir ce qu'à pu dire Coco Chanel (une femme pleine d'intuition, je dois l'avouer) sur le fait qu'un beau vêtement ne devait pas faire voir le vêtement, mais le Malfoy qui le porte. Pas de doute, aujourd'hui, je suis parfaitement dans les normes, encore plus que d'habitude.

J'ai sorti les habits genre 'smart-casual', vous voyez ? Cet espèce de semi-costume, mais assez détendu, juste classe comme il faut. Noir et la chemise blanche, juste comme il faut. Je sais que je serais adulé toute la soirée, comme d'habitude… mais là il faut avouer que personne ne peut me résister.

Lorsque j'arrive au lieu de rendez-vous que nous nous sommes fixé, je constate que mes quatre amis sont là, tous habillés pour paraître moldu, mais il faut avouer qu'aucun n'est aussi bien mis en valeur que moi ! Pansy en retard, comme d'habitude –d'ailleurs, qui songerait encore à s'en étonner ?-, finit par apparaître et là… horreur. Imaginez le summum du mauvais goût, aux antipodes de la discrétion : je ne peux pas amener ça avec moi en boite, c'est inadmissible, elle va tout me détruire rien qu'à son apparence. Et le pire, à son regard, c'est qu'elle est persuadée que ses fanfreluches roses vont me séduire : elle ferait peut être mieux d'aller créer un groupe avec Ombrage plutôt que de venir à cette soirée avec nous ! Lui lançant un regard assassin, j'agitais négligemment ma baguette, et elle se retrouva en jean et top court. Pas de quoi séduire le monde entier, mais je lui en demande pas tant : juste être présentable.

Ce premier problème réglé, nous transplanons là où Blaise a indiqué que nous devions le faire, puis marchons quelques instants pour quitter la rue sombre où nous nous trouvions et atteindre l'entrée scintillante d'un lieu en vogue. Vous voyez, cette chose apparemment habituelle chez les moldus, avec les lettres qui clignotent en vous détruisant les yeux, sur un fond bariolé. De chaque côté d'une énorme double porte, deux types baraqués en costards noirs impeccables : le cliché parfait qui vous donne l'impression (même si dans mon cas c'est la plus pure vérité) que vous êtes quelqu'un d'important. Il faut avouer que comme ça, ça ressemble beaucoup à un lieu de luxure, ou du moins de débauche : bon, ce n'est pas non plus totalement pour me déplaire !

Entrée grandiose, sans même montrer nos passes VIP (Blaise est vraiment bon en organisation), et l'on débouche dans une énorme pièce obscure, ou des projecteurs de toutes les couleurs tournent, et dedans deux ou trois coins avec des tables ou les gens se prélassent devant des boissons chères, ainsi qu'une grande piste de danse. Et, en plus, même pas la peine d'aller à la recherche d'une nana : j'ai à peine fait un pas qu'une fille aux formes juste bien (je ne doute pas que vous me compreniez) et habillée juste comme je les aime (pas trop habillée, pour tout vous dire) vient carrément me chercher. Pas de doute, cette soirée commence bien.

Inutile de vous dire qu'après cette pulpeuse blonde, il y en a une autre, puis une troisième, et entre chaque un bon cocktail et des embrassades plus qu'amicales. Ce petite jeu m'a mené jusqu'à 4 heures du matin, où le 7ème Martini me fait perdre en partie mes moyens, et je m'affale sur une moelleuse banquette, un verre renversé dans la main, avec allongée sur moi une autre de ses poupées maquillée qui avait elle aussi succombé à la fatigue et à l'alcool. A ma droite, Blaise semble encore capable de tenir une conversation civilisée (chose admirable) : il faut dire que lui, c'est un intellectuel, et qu'il a passé sa soirée à ne danser qu'un peu, et surtout à absorber des coupes de champagnes haute-gamme. Il semble en grande discussion avec une fille, un peu moins bête que la moyenne, d'une quelconque nouveauté moldue, mais je vois bien dans son regard et son attitude qu'il conserve à son égard le plus profond dédain. On était là pour s'amuser, par pour se lier : on ne se lie de toutes manières pas avec des gens dépourvus de don… De l'autre côté, Pansy a heureusement constaté que j'étais inatteignable, et se fait un devoir de couvrir Vincent de baiser langoureux : moi, s'il est heureux avec la sang-su, ça ne me fait rien. Quand à Gregory, il doit encore arriver à se trémousser sur la piste. Theodore git comme inanimé à mes côtés.

Je tente de lancer un regard suggestif à la créature lascive qui s'appuie sur moi, et n'obtient que ce qui, sans doute, est assez lubrique pour m'attirer ses attention : je me retrouve à embrasser une parfaite inconnue. D'accord, ce n'est pas la première fois. Mais là où c'est drôle, c'est que j'embrasse allégrement une moldue pour la première fois : par le passé, mon père ne m'avait jamais laissé la possibilité de le tenter. Cela a ce petit goût d'interdit qui est si enivrant (quoique cela je le suis déjà), et le fait que ces lèvres me soient inférieures en terme de rang leur donne un attrait étrange. Décidément, et de manière générale, s'il y a une chose que les moldus français font bien, c'est les femmes.

Quelques heures plus tard, et un peu dessoulé, le grand Draco Malfoy que je suis sort de la boite à danse et à roulage de pelles et marche en titubant dans la rue. A côté de moi, Pansy est pendue au bras de Vincent, et je dois avoir encore un minimum de bon sens, parce que franchement j'arrive encore à me demander comment il fait pour la supporter. Gregory a décidé de transplaner chez lui avec Théodore, parce qu'ils ne tiennent plus debout (ce que je peux concevoir) et Blaise, quant à lui, marche à côté de moi d'une démarche qui s'efforce d'être noble. Mais bon, même lui qui y est allé avec modération, ça se voit qu'il n'est pas totalement dans son état naturel. Et le problème avec Blaise, c'est qu'il ne tient pas l'alcool : on a l'impression qu'il ne ressent rien, jusqu'au moment où il s'étale par terre. Or là, j'aimerais autant éviter ça, parce que je ne suis pas en état de vérifier s'il y a des moldus autour, ni même de transplaner avec quelqu'un. Autrement dit, il a intérêt à tenir le coup le Blaise, sinon moi, je campe ici cette nuit. Enfin, le temps qu'il décuve quoi… parce qu'on ne peut plus vraiment parler de nuit. La vérité est qu'il est 7 heures… ou 8. Non, 7. C'est que j'ai quelques difficultés à identifier le nombre de coups de la cloche. Mais là je suis sûr, c'est 7 heures du matin qu'il est. Enfin bon : je pense que je ne vais pas m'appesantir sur le sujet.

En marchant de notre pas assuré, on arrive devant des escaliers sous-terrain. Un truc pas net, à mon goût… mais en même temps, je ne suis pas dans mon état normal parce qu'il faut que ce soit moi l'imbécile qui lance :

'- Do we go in? Let's live dangerously...'

'- Draco, you are awfully drunk,' arrive à balbutier Vincent qui tangue entre les bras inutiles de Pansy.

- I am drunk, yes I am!' que je lui réponds fièrement. 'We are a funny group, aren't we?' Que j'ajoute à voix basse. 'But we could try out, still.'

'- Maybe it's dangerous', me fait la trouillarde à côté qui n'arrive pas à se tenir non plus. 'I don't think that…'

'- And?' fais-je convaincu.

'- But we don't even know what it is!'

'- I do know', sommes-nous interrompu par un docte Blaise dont seule la voix sérieusement éraillée montre l'état anormal (enfin, avec sa démarche et son regard quoi…). 'It's named a metro, it's written on it!'

Il pointe d'un doigt qui ne tremble même pas (et là, si je n'étais pas un Malfoy, je l'admirerais) un panneau en vert étrange. On se met donc tous en devoir de plisser difficilement les yeux, tentant de déchiffrer…

'- Métropolitain, it means nothing', fait Vincent avant d'éclater d'un rire gras.

'- Yes it does ! It's a muggle way to travel underground', tente d'expliquer Blaise qui a manifestement lui-aussi des problèmes avec les mots.

'- So, do we go in?'

De toutes façons, je ne leur laisse pas le choix : je commence à dévaler les escaliers, manquant une ou deux fois de m'écraser par terre et de rouler jusqu'en bas : le gardien des Malfoy doit veiller sur moi. Et puis, je suis satisfait de voir que les autres me suivent : c'est ça aussi de représenter ce que je suis… On arrive, on passe impunément par-dessus des barrières bizarres etc. tout en se marrant comme des tarés. De toutes façons, on s'en fiche il y a personne. Et s'il y avait, ils nous trouveraient trop avinés pour s'en préoccuper. On débouche devant un truc qui a une vague ressemblance avec un train, et je décide de m'y engouffrer, suivit de près par les autres. On s'affale en constatant avec plaisir que le wagon est vide.

Tout va pour le mieux jusqu'à ce qu'un bruit strident vienne me percer les tympans et réveiller un immonde mal de tête. Et là on démarre. Le truc va vite, ensuite doucement, on s'arrête plusieurs fois. Je vois Pansy morte de trouille (ce qui ne change pas de d'habitude) et complètement accrochée à un Vincent nauséeux. Mais jusque là tout va bien… ou c'est en tout cas ce que je constate lorsque Blaise, le si droit, vomit à littéralement deux centimètres de mes chaussures (encore que dans cette état j'ai du mal à discerner les distances correctement). Et merde… je fais quoi là ? Je vous l'avais bien dit que ce type il fonctionnait bizarrement. Enfin bon… Comme on est seuls dans le wagon, je demande à Pansy de surveiller que personne n'entre (qu'est-ce que je sais moi ? Ce serait plausible…) pendant que je nettoie. J'avoue, oui, j'ai quelques difficultés à me souvenir du sort à faire, mais finalement c'est bon : je lance un sort un peu mou, mais ça fera l'affaire, et je fais de même sur Blaise qui apparait moins sale, mais le visage décomposé. Quelle horreur. Moi, j'ai le mal de tête qui redescend doucement, et ça fait du bien ! Quand le truc étrange dans lequel nous sommes s'arrête, on décide de sortir pour changer de wagon, mais le truc ne bouge plus. Enfin… plus du tout : au bout de 10 minutes, on est toujours statique. Il y avait eu un message oral, mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse moi, dans l'état où je suis ? Je parle même pas français.

Et là, Blaise nous fait :

'- We must be at the end…'

C'est qu'il est insupportable ce mec… même au bord du coma éthylique il faut qu'il sache tout ! Et puis mince alors… il n'devrait même pas être en état de parler. Pas croyable. Mais bon, ça ne change rien au fait qu'il a raison, le bougre. Donc on sort, d'une démarche aussi assurée que nous sommes sobres, et on débouche en plein trafic moldu (parce que ça, quand même, je reconnais !), paumés. Je me mets à marcher au hasard, et au bout d'un moment je me rends compte que nous sommes sur un pont.

'- Hey, look! It's a bridge…'

'- Is it?' demande Pansy en se précipitant pour s'appuyer contre la barrière et regarder d'un air vide l'eau qui coule.

'- Yeah, it is…' renchéri la voix avinée de Vincent qui ne tient que par la clémence de Merlin.

'- I, I may say it's a big river, because there's a lot of water…'

Après cette remarque hautement intellectuelle, et intéressante, vous en conviendrez, de ma part, on se met à rire comme les derniers de cons. Heureusement qu'eux aussi sont faits, parce que je ne supporterais pas que quelqu'un se souvienne de Draco Malfoy dans cet état lamentable d'ébriété.

Puis, on reprend notre marche laborieuse, et laborieuse est un bien faible mot. Sincèrement, je n'sais pas du combien de mètres à l'heure on fait, mais c'n'est pas glorieux. Et surtout, par je ne sais quelle impulsion, on décide de monter les escaliers. Un truc, on aurait dit Poudlard, mais en plus vieux et encore moins praticable. Franchement, je sais pas quelle est la hauteur de ce truc, mais c'est impressionnant. La première marche est impressionnante, déjà, alors imaginez les 157 autres… Enfin, ça c'est d'après moi, parce que maintenant qu'on est en haut, on confronte nos comptes, et j'avoue qu'il y a divergence. Mais quelque part, on n'est pas en état de faire des calculs arithmétiques. Ca varie de 157 à 133. Moi, je vous dis 157, et comme je suis un Malfoy, ils finissent par se ranger à mon avis. Normal, dans le fond… Bon, déjà, la première étape à constitué en l'atteinte d'un banc au milieu. On s'est affalé dessus. Et puis on a regardé les gens passer. Parce qu'il faut pas croire : cet endroit incroyablement resserré est super fréquenté, et une horde de moldus nous passe devant. Ils nous regardent bizarrement, et je pense que c'est à cause de l'alcool : on soit sentir de très loin. Et j'avoue que l'alcool moldu, on peut tous se porter caution, c'est tout aussi efficace qu'autre chose.

Enfin, quoiqu'il en soit, on a du reprendre notre escalade ardue et je sais même pas comment on est arrivés en haut. Parce que là, franchement, c'était une épreuve de force. Mais nous voilà, à regarder passer encore quelques personnes. Ils vont tous au même endroit : je me demande ce que c'est ce truc. Certes, ils ont tous l'âge d'être en lycée, mais là où ils vont ressemble davantage à une carcasse de bâtiment qu'à autre chose. Enfin, je cite Blaise. Moi, je ne suis pas en état de fournir d'aussi belles phrases. Enfin, bon. On en est là, quoi. Et là on est vraiment sur le point de s'ennuyer plus que fort. Sur le point, parce qu'elle apparait. Sérieusement, j'avais jamais vu ça.

D'abord, c'est pas mon type. J'aime les nanas plantureuses, vous voyez le genre… Et bah, elle c'est l'opposé, mais qu'est-ce qu'elle est sexy. Bon, j'avoue, mon vocabulaire est limité, je suis bourré. Mais avec les rares mots dont je dispose, je vais vous faire quelque chose d'aussi clair que possible. Elle est de taille moyenne, fine, les cheveux courts au carré, et… euh… elle est belle. Oh, et puis allez vous faire voir ! Je ne peux pas faire mieux ! C'est pas possible ça. Elle me plait quoi. Faut que je l'ajoute à mon tableau de chasse, c'est obligatoire. Je fais un signe à la bande à côté de moi de pas bouger (donc c'est peine perdue) et je m'approche de cette fille qui marche à toute vitesse. C'est pas vrai… c'est pas permis de marcher si vite ! Faudrait que je la rattrape, déjà, pour la faire succomber à mon charme.

Je cours à moitié dans sa direction, passe à travers une grille bleue particulièrement immonde, et constatant qu'elle ne m'a même pas remarqué (alors que les quelques autres spécimens autour de moi oui !), je prends ma décision :

'- Hi !'

Pas de réponse… Enfin, elle tourne la tête et me lance un regard étonné. Elle est vraiment mignonne. Vraiment. Il n'faudrait pas qu'elle m'échappe, celle-là. Sauf que bien sûr, elle se retourne avec un simple hochement d'épaule, et accélère même le pas après avoir jeté un œil à son poignet. Pourquoi son poignet ? J'en sais rien, et honnêtement, là, je m'en fiche. Alors je me mets à courir un peu plus vite (enfin, je fais ce que je peux !) et je réitère mon appel.

'- Hey, you !

- Pardon ? me demande-t-elle en se retournant.'

Bon, au moins, elle a compris que je lui parle. Mais… Merlin ! J'avais oublié que je suis en France ici. Je parle pas un mot de français moi, et hors de question d'appeler Blaise qui ne sais dire que trois mots et qui n'est vraiment pas présentable. Non, merci. Ils me suivent s'ils veulent (c'est ce qu'ils font !) mais alors non, ils ne vont pas me déranger dans ma drague imparable. Je la rattrape. Déjà, il faudrait qu'elle me comprenne.

'- You understand me ?'

Elle s'est arrêtée maintenant, et elle me regarde bizarrement. Elle semble hésiter. Je lui fais mon sourire-spécial de chez Malfoy-production, un peu altéré par l'alcool je l'avoue, et apparemment ça la décide.

'- Yes, me dit-elle.' ça c'est une bonne chose de faite ! Maintenant, entamer la conversation avec les compliments qui font rougir les filles. Ca ne rate jamais.

'- Where are you going, dear beauty?

- Who are you?' demande-t-elle. Elle ne m'a pas l'air séduite, juste un peu agacée. Faut que j'y aille à fond. Le problème, c'est que là, en la circonstance actuelle, mon nom ne va pas suffire à faire tomber dans mes bras une moldue.

'- I'm Draco Malfoy, to serve you, Princess.' Je lui offre le plus beau sourire que je puis. Le truc du prince charmant, ça marche toujours. Mais bon, elle ne réagit pas. Je vais devoir en rajouter une couche. 'Can I go with you?' dis-je en lui offrant mon bras.

Elle se met à rire. J'avoue que je ne comprends pas pourquoi, mais elle a un rire à la fois si joli et drôle que je l'imite. Et puis, normalement, les faire rire ça marche toujours. Finalement, elle acquiesce mais refuse mon bras, et je lui fais une courbette en l'invitant à passer devant.

'- It's up to you,' dit-elle, 'but I can't swear you'll be well received. It could be funny though.'

Je hoche la tête, mais si je n'ai sincèrement pas la moindre idée de ce que ça peut vouloir dire. Règle numéro une, ne jamais les contredire. Je continue à marcher, pas très droit, et finalement on commence à descendre.

'- Were do you go?'

'- I have maths class… But, who are they?' me demande-t-elle en lançant un regard vers Blaise, Pansy et Vincent qui se tiennent debout et immobiles un peu plus loin.

'- Oh, they are just friends, I'll tell them to wait for me here. It's okay, isn't it?'

Elle hoche la tête pour me signifier que c'est bon, et je reviens vers mes débris d'amis pour le leur dire. Ils ne protestent même pas : de toutes manières, entre nous, c'est moi le chef. Blaise se fiche un peu de ma tête, en me disant que je ferais bien d'éviter de lui vomir dessus si je veux qu'elle finisse dans mon lit. Je l'envoie voir ses propres hippogriffes, mais il faut avouer qu'il a raison, le bougre.

Je reviens vers elle en tentant de paraître plus assuré que je ne le suis, et m'approchant d'elle je reprends tout de suite la conversation. Maintenant que j'y pense, elle a une voix vraiment jolie. Et puis, elle parle bien anglais mais elle a ce petit accent français si mignon. Plus je lui parle plus j'adore. Cette nana, il faut vraiment qu'elle finisse dans mon tableau de chasse.

'- Where are we?'

'- At the lycée de S.' me dit-elle sérieuse. Je me mets à rire. Décidément, le français à des consonances très étranges.

'- Can you say that again?' Elle me regarde comme si j'étais totalement fou. Je dois avoir un rire ridicule. C'est souvent comme ça quand j'ai trop bu.

'- What do you mean? Lycée de S.?'

Non, décidément, cette langue est hilarante et elle, elle est super mignonne. On débouche devant un grand bâtiment, excessivement laid. A croire que ça va tomber en morceaux. On dévale quelques marches, je manque de m'affaler à terre et elle se met à rire à nouveau. Je l'entends marmonner du français, 'Mais qu'est-ce que je fous avec ce type ?' mais je ne comprends pas, et je ne suis pas en état de lui demander. Je me mets à rire de plus en plus fort et m'apprête à entamer une descente encore plus laborieuse de l'escalier suivant lorsque je constate qu'elle s'est arrêtée. Ne pas perdre l'objectif de vue : mon tableau de chasse. Draco Malfoy, cesse de rire comme un imbécile et pense à ton tableau de chasse auquel tu dois impérativement ajouter cette moldue.

Je me redresse avec autant de classe que possible et lâche même la rampe pour me diriger hésitant vers elle. Elle s'est arrêtée et parle en français avec des amis. Un type à l'allure plutôt sympa, le genre qui supporterait Pansy, pour vous donner un ordre d'idée. Encore qu'à ce niveau, il y a vraiment que Vincent ! Et puis, à côté, une nana qui ne s'arrête pas de parler, je n'sais pas comment elle fait. Moi qui dois me concentrer pour faire des phrases sensées et séduire ma belle ! Elle à une coupe de cheveux étonnamment similaire à celle du chanteur des Bizarr'sisters, et de l'autre imbécile de Granger : le genre que vous vous demandez comment elle fait pour retrouver les différentes parties de son visage. Ils parlent, et je les vois me jeter des regards.

'- C'est qui ce type ?' demande la frisée, un sourcil levé. D'accord, je ne comprends pas le français, mais il y a qu'à voir le sourcil de cette moldue : elle me dédaigne. Je hais l'alcool, au final.

'- Un type bourré et manifestement anglais qui veut venir en cour et…'

Ma future dulcinée (dans le fond, je sais que je l'aurais !) continue à s'expliquer un peu et à parler, mais je ne comprends rien. Alors je décroche, qu'est-ce que vous voulez. Je vais finir par me demander ce que je viens faire là. Mais, idée soudaine : je ne connais pas son nom. Incontinent, je m'approche, lui frôle le bras, et m'affalant sur son amie parce que je n'arrive pas à tenir droit, je lui demande.

'- What's your name, creature of my heart?' L'autre nana se met à rire : je sens qu'on ne va pas s'apprécier. Elle me repousse un peu violemment et s'époussette avant de me dire.

'- I doubt that you are a real English visitor, but please, don't give me this horrible alcoholic smell to… smell. And… she's named Caroline.'

Mais elle m'énerve déjà. Enfin, il me reste un point résolument positif, je connais le nom de cette fille si jolie ! Je hoche vigoureusement la tête et tente d'amorcer une conversation avec Caroline. Un joli nom. Enfin, j'en sais rien, c'est peut être l'alcool qui me prend la tête. Malheureusement, un homme, grand et… grand arrive et ouvre la porte d'une pièce en me lançant un regard bizarre. Les gens qui étaient ici entrent, et l'autre insupportable moldue me fait :

'- Try not to show you are completely drunk, and say you are a pen pall if you want a chance to stay. Which I would rather not see happen actually.'

Je rêve, ou elle se fout de moi ? Mais, je vais la tuer sérieusement ! De quel droit est-ce qu'elle me dit ça ? J'entre, l'air digne, trébuche sur une chaise : ils ne savent pas ranger les chaises ici ? Je m'assois, et le prof (oui, c'est manifestement le prof) m'interpelle en français. Ils ne pourraient pas être compréhensibles aussi ? Pff.

Sans rire, j'ai pas tenu plus de 2 minutes. Je me suis fait virer par l'autre type. Incompréhensible en plus. Non, mais, vraiment ! comment voulez-vous que je comprenne que 'plize, go aout' signifie 'Please go out!' Bah j'ai rien compris ! Et puis Merlin, je suis bourré moi. D'ailleurs, je commence à sérieusement plus tenir debout. Levé depuis… hier matin ! Quelle connerie… Vaillamment, je suis le chemin que j'ai pris à l'aller, je me paume dix fois, et je retrouve mes trois amis (enfin, mes deux amis et la pimbêche) qui m'attendent. Et bien sûr, Blaise commence par se foutre de ma gueule.

'- You already lost?'

'- Ho, please, do shut up…' lui dis-je avant de tituber avec difficulté. 'I'm tired.'

'- And so do I', fait Pansy.

Je lui lance un regard tout sauf compatissant, et prends une décision. Je lui dis, incluant Vincent dans mon assertion, qu'elle peut y aller si elle veut. Mais que je veux que Blaise reste.

'- You want me to help you seducing her?' me demande-t-il en se moquant plus que visiblement de moi.

Bien sûr, je fais comme si je n'avais pas entendu… mais avouez que c'est pas facile. Pansy et Vincent ne demandent pas leur reste, et partent en faisant de grands moulinets de bras vers un endroit où on ne les verra pas transplaner. Blaise et moi, on s'assoit sur une espèce de rebord en pierre, et je lui explique en me répétant un peu que je veux absolument l'ajouter à mon tableau de chasse, qu'elle est superbe, et que j'aurais besoin qu'il fasse taire sa pote insupportable, lui qui parle tout le temps, aussi. Mais, surtout, je veux absolument l'ajouter à mon tableau de chasse, elle est superbe, et j'aurais besoin qu'il fasse taire son amie insupportable, lui qui parle tout le temps, aussi. Blaise m'écoute, ou dort debout –assit !-, je ne sais pas. Mais bon, moi je continue jusqu'à ce que :

'- It's all right Draco. I think I've got it. Don't say it another time or I'll drive mad.'

Franchement, ce mec n'est pas drôle pour une noise ! Mais bon, je me résous à me taire pour être certain qu'il fera ce que je lui ai demandé sans bouder… et je pense que je me suis endormi. Je dis ça parce qu'une espèce d'alarme suraigüe m'a fait sursauté tellement soudainement que je pense que je dormais. Je jette des regards autour de moi, et je vois des moldus partout sortir du bâtiment. Je secoue Blaise.

'- Be ready! I think she'll come now!'

Il me lance un regard profondément désabusé, ou peut être est-ce simplement que lui n'est pas sorti de sa léthargie, et il hoche la tête comme il peut. Attente de quelques minutes, et je la vois arriver. Pliée de rire, manifestement, à échanger à toute vitesse avec les deux autres de toute à l'heure. Franchement, faut vraiment qu'elle me plaise, parce que moldue et avec des amis comme ça…! Je m'avance et pris d'une idée qui me semble très intelligente, j'arrache une pâquerette et la lui tends fièrement. Elle me regarde, immobile, tandis que son amie imbécile se met à rire et lance en français :

'- Il est fêlé, l'amour de ta vie…'

Moi, personnellement, je n'ai rien compris, mais je vois Blaise ouvrir grand les yeux, et je lui lance un regard qui se veut plein de sens. Je ne sais pas s'il y a vu 'aide-moi-tout-de-suite-sinon-je-te-tue', ou la version plus avinée qui fait 'SOS-paumé-help', mais il s'est approché. Moi, je continue à brandir ma fleur assez abimée pour tout dire, et elle finit par la prendre. Elle me fait :

'- Thank you very much! But, what is it for?'

'- Well, it's a present!'

'- Is it?' arrive à dire son amie toujours hilare, parce que Blaise n'a manifestement pas encore réussi à accaparer son attention. Elle, je ne peux pas la voir en… rien du tout !

Finalement, Blaise lui dit quelque chose en français. Un français maladroit parce qu'elle lui répond que s'il veut, ils peuvent parler en anglais. Blaise, que sa fierté Serpentarde soutient heureusement, refuse d'un signe de tête, et commence une discussion mémorable. Tellement drôle que l'on arrête de parler avec ma Caroline. Enfin, moi je ne comprenais pas tout, mais à côté ma dulcinée est tordue de rire, et les expressions de Blaise et madame je-ne-sais-pas-ce-qu'est-une-brosse valent le détour.

'- Vous êtes ?' demande-t-elle.

'- Blaise.'

'- Alcooliques anonymes ?' demande-t-elle particulièrement moqueuse sous l'air d'incompréhension de Blaise. 'You drank too, no?'

'- Well, yes.'

'- You are friend to le Dom Juan de ces dames?' fait-elle. Je n'ai pas compris, mais le regard de Blaise s'illumine, et je crains soudain qu'ils n'aient trouvé un sujet de conversation.

'- Draco est plutôt… Casanova. A mon avis…'

Il a apparemment un accent extrêmement ridicule, parce qu'elle se met à rire. Ou c'est juste l'alcool. Ou ce qu'il a dit… qu'est-ce que j'en sais, moi.

'- Casanova amoureux de Caroline ? Ca promet…'

Elle a dut dire quelque chose de pas sympathique, parce que celle que je convoite la menace du doigt en prononçant : 'Toi et Monsieur T. !' Puis elle se met à rire, et tandis que l'autre prend un air renfrogné, elle semble avoir besoin de me prendre pour confident. J'avoue, ça m'arrange bien. Il faut juste avoir l'air d'être d'accord.

'- It's that she's got some illicit love affairs she won't recognize!' Je hoche la tête, me promettant de m'en souvenir pour une conversation ultérieure. Puis, comme la conversation semble plus virulente à côté, je me retourne vers les deux autres : s'ils peuvent me servir de sujet de conversation, parfait !

'- Pas pire que M. de Valmont ?' dit-elle à mon ami visiblement déboussolé.

'- Qui dis-vous ?' Blaise à vraiment l'air paumé, et Caroline à côté de moi rigole comme si elle n'avait jamais rien vu de si drôle. Elle me regarde et me dit :

'- I'm sorry, I have a rather ridiculous laugh.'

Je lui dis que non, mais pas très convaincu… je suis vraiment trop fatigué, et j'ai comme l'impression que Blaise aussi faiblit sensiblement.

'- Et bien, le personnage des Liaisons dangereuses, le livre de Laclos. C'est français, mais quand même…'

Blais soupire, et il lui répond :

'- Oh, un muggle livre ?'

Moment de pause : on se regarde tous les deux : il vient de faire une grosse bêtise. Enorme ! Une immense bêtise… Pendant un instant, j'ai l'espoir qu'elles n'aient remarqué, mais ça s'envole vite.

'- A what?' demande l'autre frisée. Non mais franchement, c'est pas possible. Elle ne pourrait pas éviter les questions. Blaise reste silencieux, comme paralysé.

'- Nothing, nothing!' dis-je. 'It's just alcohol, I think…'

'- No, you seem to be hiding something!' s'exclame Caroline. Merlin, Merlin, Merlin, vient nous en aide. Il faut… partir. Je reviendrais une autre fois, il faut que je la mette sur mon tableau de chasse ! Mais là, on va juste continuer à laisser échapper des bêtises. Il ne faut surtout pas. J'attrape Blaise par la manche et tente de le tirer. Forcément, nous sommes tous les deux instables, et on faillit s'écraser à terre.

On commence à monter laborieusement vers les grilles si laides de l'entrée, et je me retourne et lance :

'- I'll come back, for you, my dear…'

'-Both of you will be back?' demande Caroline tandis que son amie lance : 'Drunk ? Or maybe sober, this time!' Ah ! S'il y a une chose que les amies moldues françaises de jolies filles sont particulièrement, c'est insupportables !

On s'enfuit rapidement, en courant comme on peut, et puis après avoir encore marché un peu en titubant, plus de fatigue qu'à cause de l'alcool, on transplane ensemble devant chez moi. Le manoir Malfoy va accueillir deux saouls en mal de repos !


Je déteste le matin. Il fait toujours trop jour, trop tout… c'est insupportable. Mais en plus, ce matin, j'ai un mal de tête affreux. Affreux, et encore, c'est peu. J'ai la tête qui éclate, j'voudrais seulement dormir… Et je viens de dormir.

Je m'appuis sur un coude, me relève comme je peux, et vois Blaise qui dors encore, affalé à même le sol. Moi, j'ai réussi à marcher jusqu'au canapé. Je veux dormir… et… et je veux une potion contre les mal des têtes. J'appelle de toutes mes forces un elfe de maison, ce qui a pour premier effet de réveiller Blaise.

'- Would you please shut up, Draco…'

'- No,' lui dis-je, puis j'ajoute pour l'elfe. 'Bring me something for the headache… and… Well, you see!'

Il hoche la tête, revient avec deux fioles, et m'en tend une. Je l'absorbe avidement tandis que Blaise fait un effort surhumain pour se mettre dans une position qui lui permette de boire. Finalement, il s'en sort comme il peut et au bout de 5 minutes, on est à nouveau dans un état normal. Je me lève, encore fatigué malgré le départ de la gueule de bois et du mal de tête. Je dis à Blaise qu'il peut aller dans la chambre d'amis la plus proche s'il veut prendre une douche, et me dirige vers mes propres appartements. J'ouvre l'eau chaude au maximum, entre dans ma chambre pour prendre de quoi trainer à la maison (autrement dit, de la marque, mais confortable), et rentre à nouveau dans la salle de bain.

Lorsqu'une heure plus tard je quitte la salle de bain, les cheveux relativement en désordre, je tombe sur un Blaise assit sur mon lit qui s'impatiente manifestement. Bah quoi, je peux encore me détendre, non ? Et puis, déjà, il a de la chance que je n'ai pas pris la peine et le temps de me coiffer : je pense que Blaise est le seul qui m'ait vu dans mon état véritable au lendemain d'une soirée. Bien à mes dépends d'ailleurs ! Mais bon, il ne m'embête pas trop, alors…

'- Oh, little Draco Malfoy didn't take one more hour to brush his hair!'

Oui, bon… j'ai dis pas trop, il ne faut pas s'imaginer qu'il me fiche totalement la paix. Je lui envois un regard assassin, aussi noir que tout autre Malfoy l'aurait fait, et je passe devant lui comme s'il n'était pas là pour aller dans la salle à manger, avec la ferme intention de prendre mon petit déjeuner. Il me suit et, alors que je m'apprête à appeler l'elfe, il m'apprend avec un sourire moqueur qu'il est 4 heures de l'après-midi. Je pense n'avoir jamais regardé quelqu'un avec autant d'incrédulité. Pas que ce soit si terrible, s'entend ! Non, c'est simplement que mon esprit n'est pas encore totalement clair. Je change donc mes plans, et demande une collation hybride, avec du pain, des gâteaux, du thé, et un sandwich poulet-mayonnaise. Et non, vous ne vous moquez pas… j'ai toujours aimé les sandwichs comme ça, même si je ne le montre jamais, bien sûr !

Tout cela pour vous dire que nous nous installons dans deux fauteuils, devant une table basse, et je me mets à dévorer mon sandwich pendant que Blaise se sert négligemment une tasse de thé. Très sincèrement, je n'ai pas encore repensé à la soirée (et surtout la matinée) d'hier et d'aujourd'hui, et c'est Blaise qui relance la conversation en se servant largement en muffins.

'- Why did you suddenly had the wish to seduce that girl?'

'- Well…' commençais-je. Puis je me tus, me rendant compte de ce que j'avais fait ce matin même, repassant les événements en boucles dans mon cerveau. Comment avais-je pu être aussi peu digne de moi-même ?

Déjà, j'avais titubé tout du long de ma conversation. Et puis ma pâquerette sans pétale si ridicule, les conneries que j'avais sorties… Comment j'allais faire, maintenant, pour séduire cette fille. Je veux dire… je serais parti sur le bon pied, comme je le fais toujours, ça aurait roulé tout seul ! Mais là, elle conserverait très certainement l'impression que j'avais donné : un type bourré et sans manières. Un con. Mais je suis le digne et dernier représentant des Malfoy ! Ce n'est pas parce que je m'autorise des petites frasques que je ne suis pas quelqu'un plein de classe et de superbe. C'est ce que je vous disais au début… Tout ça pour dire que j'étais dans la merde.

'- Merlin, Blaise, do something for me… Tell me why I acted like a stupid… like a stupid muggle and not the noble Malfoy I am!'

'- Does the fact that you were completely drunk remind you of something?' se moqua-t-il. Je vous jure qu'il va se faire étriper avant d'avoir eu le temps de me refaire une remarque comme ça !

Bien sûr que je me souviens ! Franchement, qui ne s'en souviendrait pas ? Mais il faut avouer que même saoul, j'y suis allé fort. Jusqu'ici, le pire que j'avais fait en ayant trop bu, s'était me montrer entreprenant avec Pansy : avouez que c'est quand même pas mal… Cette fois-ci, je me suis ridiculisé devant des moldus ! J'ai réussi à en arriver à un tel degré que l'autre malotrue là c'est payé ma tête tout du long. Oh… et bah voilà, je suis vraiment mal. Je ne peux et ne veux pas lâcher le morceau : cette fille me plait décidément trop. Je ne suis juste pas au bout de mes nombreuses peines. Foi de Malfoy, il faut que je reprenne les choses en main et en un rien de temps elle me tombera littéralement et symboliquement dans les bras. Malheureusement (ou peut être heureusement…) mes réflexions sont arrêtées dans leur cours par la voix de Blaise.

'- That's just one less Draco, don't get yourself sick about that girl…'

Je le regarde comme s'il avait totalement perdu la tête… Celui que je pourrais considérer comme mon meilleur ami a-t-il perdu la tête ? Je ne sais pas, mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Ce que je sais, c'est que ce n'est pas une question de choix : je me dois de remettre mon honneur en bonne place. Il est absolument hors de question qu'une moldue conserve une opinion si dédaigneuse à mon égard.

'- Of course not, Blaise, I have to come back and seduce her. It's my whole reputation you're insulting now!'

'- Is it? Well, it just depends on you, but let me tell you're going to have a hard time doing this.'

'- Please tell me why?' Je demande cela à Blaise avec un air tellement outré qu'il éclate de rire en se payant carrément ma tête. Comme je ne peux pas le laisser une fois de plus se payer ma tête, je sors ma baguette que je brandis fièrement, et je le mets au défi de continuer à se rire de moi aussi ouvertement. Il arrête, reprends assez difficilement sa respiration, et me réponds plus sérieusement :

'- Because all she'll remember of you is a drunk guy. You don't have a chance, I think.'

Je me mets à bouder mon ami, prenant un air dédaigneux et plissant le nez comme le fait si bien ma mère. Ca me laisse suffisamment de temps de battement pour réfléchir à ce que je vais lui dire, et comme un éclair de génie traverse mon esprit parfait, je me retourne vers lui et lui dis d'un air condescendant :

'- I hope you don't expect you'll be able to seduce her friend. Let me tell you looked as drunk as me… And this loving creature seems to love mocking people. I'm so sorry for you…'

Blaise me regarde, complètement incrédule, comme si je venais de lui sortir la plus grosse énormité qui soit, et esquisse un sourire. Parce que lui, avec ses sourires moqueurs et faussement moralisateurs, il ne faut surtout pas qu'il croit que je n'ai pas remarqué son manège. Oui, oui, j'avais légèrement trop bu et je n'avais pas les idées claires, et je ne suis pas certain de tous mes souvenirs… mais je suis pratiquement sûr qu'il flirtait ouvertement.

'- You really thought I wanted to go out with this unbearable talkative girl? No, Draco, not her! She's too much of a crazy muggle for me!'

Nous nous mettons à rire… ce qui ne veut pas dire que je l'ai cru. Non, non. Pas du tout. Je ne l'ai pas cru du tout. Je vais même le piéger le bougre. Parce qu'il va y revenir avec moi et si, foi de Malfoy, il ne finit pas par faire de cette folle sa nouvelle conquête, je sors avec une moldue… Non, non. Vous oubliez ce que je viens de dire. Vous… je n'ai rien dit. Et puis, d'abord, je veux juste l'ajouter à mon tableau de chasse. Oui, c'est vrai, c'était mon objectif. Je commence à hocher la tête dans le vide, et Blaise me fait.

'- I never thought I would see this, and even more knowing who she is!'

'- Hum… what?'

'- Ladies and gentlemen,' fait-il avec un large sourire, 'the great Draco Malfoy is in love with a muggle named Caroline.'

Très drôle. Je pousse un soupir et secoue la tête d'un air désespéré. Ce type est franchement grave. Comme si je pouvais être amoureux ! Ce n'est pas dans mes principes. Je suis un homme à plaisir, comme mes prédécesseurs. Oui, les plaisirs. Le plaisir personnel. Les femmes, je m'en fiche éperdument lorsqu'elles ne sont pas dans mon lit. Enfin…

Je me lève d'un coup, et Blaise, lui aussi perdu dans ses pensées, sursaute. Il est temps de me préparer à repartir demain matin à la chasse. J'attrape un dernier muffin avant de quitter la pièce, suivit de mon ami. Nous nous installons dans ce qui fut un jour le bureau de mon père et que j'adore utiliser pour faire des choses futiles. Qu'y puis-je ? Je reste un adolescent qui tente de faire une crise qu'il a du cacher comme il le pouvait… et puis, je me venge un peu. C'est sans doute puéril, mais comme personne (et j'insiste sur le fait que même Blaise n'a pas percé ce point à jour) ne connait mes motivations, je peux me faire ce plaisir… Tout cela pour dire que je m'assois à la place de mon père avec un sourire ironique, sors ma baguette, et lance un 'accio « Les moldues »' sous le regard incrédule de mon ami. J'avoue que moi-même, la première fois que j'ai trouvé cet ouvrage posé dans le bureau de mon père, j'ai cru que c'était une erreur. Mais non, même mon père a eu des conquêtes de ce côté-là. Ou peut être était-ce pour les torturer mieux… qu'est-ce que j'en sais ? Je préfère ne pas le savoir.

J'invite Blaise à s'assoir, sort une feuille, ouvre la livre au chapitre qui m'intéresse, et commence à faire une liste avec une certaine excitation. C'est la première fois que je fais ça, et ça me donne une sensation très étrange. Excessivement étrange pour tout dire. C'est à la fois interdit et possible. Il n'y a plus d'amende si j'enfreins ce règlement implicite.

Blaise semble interloqué, puis se met à lire à l'envers, manifestement assez intéressé. Finalement, je ferme le livre et regarde mon parchemin. Dans le fond, ça ne m'avance pas beaucoup : on séduit les femmes moldues comme on en séduirait de sorcières, mais en évitant toute allusion à la magie, et en essayant de paraître naturel. Pas de problème.

Voilà. Je suis près. Je porte un énorme bouquet de fleur et je m'apprête à transplaner. Il est presque 9 heures, parce que Blaise m'a dit qu'il valait mieux attendre le lendemain : ça ferait suspect d'arriver le jour même, totalement dessaoulés et frais comme des roses printanières (roses joliment blanches et roses comme celles de mon large arrangement floral). J'ai pris soin de me munir d'argent moldu, et cela fait 5 minutes que je me remémore l'endroit qu'elle m'a nommé, afin de ne pas me tromper. Je me concentre fort sur le 'lycée de S.' en repensant aux immondes grilles bleues. Blaise me tient le bras : il préfère qu'on atterrisse ensemble, puisqu'il n'est là que pour m'accompagner, me dit-il.

Nous apparaissons dans un lieu public ! Mais à quoi je pensais… A mon grand soulagement, personne n'a rien vu (ce qui se repère en général par l'abondance de cris effarés), et je me dépêche de me poster là où il me semble qu'elle devrait apparaître, et…

Et là, j'attends pendant presque une heure. Non, mais, sérieusement ! Je pense que dans cet espace temps j'ai lancé au moins 10 sortilèges de rafraichissement à mes fleurs qui donnaient des signes de faiblesse. C'est qu'il fait chaud, et ce n'est pas particulièrement indiqué pour des fleurs que la magie n'a pas raffermies. Or ça, je ne peux pas me le permettre. Cette attente devient vite lourde, et soudain je demande à Blaise de m'apprendre le français. Il ne prend même pas la peine de me répondre, se met à rire tout seul, et me dit que je suis un cas désespéré. Non mais franchement, vous parlez d'un ami… C'est à en pleurer.

A un autre moment, une nana s'est approché et nous a demandé quelque chose. Avant que je n'ai le temps de lui dire qu'elle polluait mon air (ce n'est pas parce que je fais une exception de j'en fais mille !), Blaise avait fait un signe négatif de la tête en disant non, et elle est partie en hochant les épaules.

'- She asked for fire… I don't know what it can be for!' Je hoche la tête et reprends ma réflexion ; et lorsqu'après un bruit strident j'aperçois des hordes de moldus sortir du bâtiment et j'ai une lueur d'espoir.

La voilà. Si belle, si jeune, si inhabituellement séduisante. Décidément, je ne m'étais pas trompé, même le jugement gâté par les vapeurs de l'alcool, et je suis certain que mes roses sont nécessaires, comme la séduction de cette beauté l'est. Il reste de la malchance dans mon bonheur, puisqu'elle est visiblement avec madame-touffe-de-cheveux (qui, en plus, ne sait pas s'habiller). Il faudra faire avec. De l'autre côté de ma princesse, et visiblement en train de se chamailler avec elle, une autre jeune fille. Celle-ci est vraiment jolie. C'est exactement le type que j'aime d'habitude. Mais, aujourd'hui, il y a la plus belle jeune fille du monde à ses côtés… tant pis !... Attendez, je ne viens pas de dire que je n'avais jamais vue de femme plus belle que cette moldue. Enfin, oui. Mais non. Vous m'avez compris… et sinon, vous allez effacer mes paroles de votre mémoire, merci d'avance.

Elles sont maintenant très proches de moi, et je me lève. Je me dirige vers elles avec davantage de dignité que la dernière fois, et je mets tous mes gènes de belles manières à mon service. Arrivé à leur niveau, je prends la main de Caroline et y dépose un baiser. Madame parlotte reprend la parole.

'- Tiens, c'était lui dont je parlais. Il a quand même l'air moins con quand il n'est pas bourré.' C'est dit à l'adresse de l'inconnue, puis elle se tourne vers Blaise (je savais bien qu'il y avait quelque chose entre eux). 'Already? And not even drunk…'

Il se renfrogne légèrement, et l'inconnue prend la parole. Elle a un accent bizarre, sûrement américain. Pas mon style ça par contre, mais bon…

'- You are Caroline's new lover, aren't you?'

Je hoche la tête, et lui réponds que c'est ce que j'espère. L'autre imbécile se met encore à rire, et je me retourne vers ma beauté pour lui donner le bouquet. Elle ouvre grands les yeux et me fixe étonnée. Je lui fais un sublime sourire et je la vois me répondre : je semble plutôt bien parti, au final. Elle se tourne vers ses amies puis dans ma direction.

'- You know I have class, and I have flowers now!'

'- Well, I didn't know that…'

Elle se met à rire. Un rire plus doux que d'habitude, moins étrange que celui que je lui avais entendu jusqu'ici. Ca lui va à ravir. Je prends une décision sur un coup de tête. Et j'inclus avec moi Blaise qui se met à bouder ouvertement. C'est que j'ai décidé qu'il fallait qu'il aille avec cette autre moldue folle. Et puis, avec ses amies, elle acceptera peut être de venir.

'- Please accept to have lunch with us!'

'- Well…' fait Caroline.

Elle regarde ses amies, puis elles se mettent à discuter en français, quelque chose que je ne comprends pas. La brune, plus sympathique que l'autre folle (tiens, j'ai compris à qui elle me faisait penser… à Trelawney ! Merlin, sauvez-moi… et Blaise !), semble en désaccord avec les deux autres. Ma jeune future-amante est tellement naturelle et mignonne. Agréable à regarder dans sa querelle. Finalement, elles semblent tomber d'accord.

'- A McDonald would be alright. Are you okay?'

Je lance un regard profondément désespéré à Blaise. Qu'est-ce qu'un 'McDonald'. Blaise, le pauvre, ne semble pas plus au courant. Aucun d'entre nous n'avait pris étude des moldus ! Un Serpentard, même curieux, s'abstient de s'informer des mœurs moldus : ce serait indécent. Tout cela pour dire que nous ne comprenons pas. Je vois Blaise esquisser un mouvement et ouvrir la bouche pour demander ce que c'est. Je le coupe précipitamment, et leur fait un sublimissime sourire.

'- That's perfect! Let's meet here at 12?'

'- Hum. It'd be better if we could meet here in an hour and a half.'

J'acquiesce toujours rayonnant, faisant volontairement fi du regard désapprobateur de Blaise. Je sais déjà ce qu'il va me dire. D'accord, je ne sais pas où on va… mais il est hors de question de montrer que l'on ignore de quoi elles parlent. Ca ferait ridicule ; or un Malfoy ne se ridiculise jamais.

Elles s'éloignent avec un signe de main, se remettant à discuter. Qu'elle est belle, ma future proie. Je pense que je suis resté absorbé dans mes réflexion pendant un certain temps parce qu'en reprenant conscience de ce qui m'entoure, je me suis retrouvé face à un Blaise qui m'observait avec un sourire en coin, mais l'air manifestement ennuyé. Je lui lance un regard incendiaire, et il réagit au quart de tour.

'- You couldn't, at once, accept you were unaware of what a McDonald is, could you?' Je ne peux pas le laisser ma dire ça. Non mais franchement… Alors, je lui renvois à la figure :

'- Blaise, don't attack me because you don't know how to seduce the portrait of Trelawney!'

'- What?' Ah… si vous saviez comme c'est satisfaisant de constater que Blaise Zabini, lui aussi, perd parfois la face.

Je me suis donc occupé pendant le temps de notre attente à insupporter Blaise par des remarques de ce type, jusqu'à lui faire semi-avouer qu'il pourrait peut être considérer la possibilité que… Quel que soit son degré de sincérité, il n'a pas finit d'en entendre parler ! Vous savez ce qui l'a trahi ? C'est quand il s'est exclamé que de toutes manières elle ne ressemblait pas à la folle du Troisième œil. Avec la ressemblance flagrante qu'il y a, si ça ne fait pas une preuve irréfutable, je demande à voir !

Enfin bon, tout cela pour vous dire que nous attendons, qu'elles finissent par revenir (et il faut avouer qu'à un moment j'ai perdu espoir), et qu'elles prennent une direction en se mettant à discuter. Inutile de préciser que Blaise et moi nous suivons sagement, ne sachant pas où nous allons. Elles parlent en français entre elles, et Blaise place parfois un mot ou deux. Je me sens bête, il faut l'avouer : c'est que je ne peux pas vraiment participer à la conversation. Caroline tient toujours son bouquet, et je décide de commencer à tenter ma manœuvre d'approche : si les choses se déroulent comme prévu (c'est-à-dire comme dans la majorité des cas), je devrais passer à la phase supérieure juste après le repas. Je m'approche d'elle, et pose ma main sur son épaule : un regard et un demi-sourire gêné. Et bien… cela me semble décidément prendre une bonne tournure.

Nous arrivons devant une sorte d'enseigne colorée, et me voilà forcé de pénétrer dans une enceinte bourrée de moldus, à en devenir fou. Je préfère vous épargner le récit : commander de quoi manger ne m'a jamais paru si difficile. Déjà, il a fallu faire comme si je comprenais alors que je ne comprenais rien. Puis, commander et payer ce que je n'aurais jamais réussi sans l'assistance de Caroline, je l'avoue. Je n'avais jamais mangé de tels aliments, et dois reconnaître à mon grand dam avoir trouvé à ce plat étrange des saveurs agréables et un goût plus que bon. Autrement dit, j'en mangerais volontiers à nouveau. A part ce genre d'informations parfaitement mineures, les grandes lignes du repas sont à mon sens les suivantes : celle que je convoite m'apprécie de plus en plus. Vous pouvez vous dire que c'est l'ego démesuré des Malfoy qui me fait dire ça. Détrompez-vous ! Enfin… je ne vous cacherais pas que j'aurais été enclin à avoir cette opinion même sans confirmation ! Mais il se trouve que Blaise m'en a apporté la confirmation. Alors qu'elles croyaient sans doute que Blaise (le seul propre à comprendre leur conversation) tout comme moi ne prêtions pas attention à leur conversation, elles se dirent :

'- Alors Caro, tu fais la conquête de l'homme de ta vie ?' demande la brune.

'- Avouer que ce mec est beau !' c'est alors exclamé mon amour. Et là, j'ai reçu de Blaise un signe d'intelligence qui signifiait que j'étais clairement dans la bonne voie.

Parmi les autres informations que je peux retirer de ce repas, se trouve aussi le fait que les deux amies de Caroline s'appellent de même : Morgane. A croire, franchement, qu'elle ne fait tout que dans la symétrie. Leur nom, d'ailleurs, est assez imprononçable à mon sens… mais il a au moins le bon goût d'exister dans notre histoire… La deuxième Morgane, d'ailleurs, me parait du même avis que moi quant à Blaise. Et vu l'air conspirateur qu'elle a affiché toute la durée du repas, il y a espoir qu'elle agisse dans ce sens qui m'intéresse.

Lorsque finalement nous sortons du restaurant bondé, je ne peux cacher que je ressens une certaine satisfaction. Les deux Morgane nous quittent, en disant qu'elles doivent y aller, et Blaise se propose de les raccompagner. Je sais pertinemment que c'est pour me faciliter la tâche : il a toujours fait comme ça, pour m'aider. Je le remercie d'un signe de tête, et je reste en tête à tête avec Caroline. Merlin, qu'elle est belle : je n'en peux croire mes yeux, et il me parait incroyable que ce soit elle qui me parait sous ses traits si parfaits. Je la vois qui me regarde, et j'ai tout de même assez d'esprit pour savoir reconnaître dans son regard qu'elle me trouve beau. Etrangement, j'en tire encore davantage de satisfaction qu'en d'autres occasions (et Merlin sait que c'est loin d'être la première fois que je lis l'admiration dans les yeux d'une jeune femme !).

Elle semble attendre quelque chose… et moi aussi. Ce qui fait que nous restons immobile et muet l'un face à l'autre. Je sais parfaitement bien qu'il faudrait que j'agisse : merci, je connais les techniques de flirts. Pourtant, je ne le fais pas. Je n'ai de cesse de la regarder, de la dévorer des yeux. Et voilà. Dans le fond, je voudrais que cela dure longtemps encore. Des heures et des années. Pourtant, elle se détourne soudain, et me dis d'une voix manifestement contrariée, en esquissant déjà un pas :

'- I have to go…'

Avant même qu'elle n'ait eu le temps de s'avancer davantage, je me précipite, me saisit de sa main et la retournant vers moi l'embrasse. Très cliché… oui, je sais. Mais qu'y puis-je, si cela fait très cliché, déjà vu. J'ai juste un parfait bonheur en perceptive. Et j'en suis certain, parce que jamais baiser ne m'a paru si doux. Puis, je la regarde, et après avoir décidé que je la verrais à nouveau le lendemain, je m'éloigne. Voilà une chose de bien faite, comme les Malfoy le font si bien ! En souriant tout seul (et c'est bien parce que je suis avec des moldus et que même sans montrer ma dignité et mon dédain il est clair que je les surpasse), je rejoins un Blaise un peu fatigué, qui m'attends là où nous avons transplané à l'aller. Après avoir trouvé un endroit plus discret, parce que notre atterrissage de ce matin aurait pu être plus que remarqué, nous repartons pour l'Angleterre.


Merlin, sauvez-moi. Il m'aura fallu deux mois, trois jours, et quelques heures, pour me rendre compte que je suis amoureux. Et non, vous n'allez pas m'expliquer l'air ravi que tout le monde le sait parfaitement depuis le début et que Blaise n'a eut de cesse de me le répéter : ça ne m'intéresse pas. Premièrement parce que Moi, je ne le savais pas. Et ensuite, parce que ça ne m'avance à rien du tout ! Quoiqu'il en soit, pour ma défense, je tiens à dire que ce fameux Blaise ne s'en tire pas mieux, avec son échevelée. Je ne dis pas qu'elle ne peut pas être sympathique… Juste, trop de bruit et de folie pour moi.

Enfin, pour en revenir à mon sujet, si j'ai mis autant de temps à en prendre conscience, c'est que les choses se sont faites naturellement, et que ce n'est qu'aujourd'hui, en plein questionnements existentiels, que j'ai fais le bilan. Et ça m'a sauté aux yeux : tout d'abord parce qu'un Malfoy ne fait jamais de bilan de ses affaires amoureuses avec une même femme, puisqu'elles ne font que passer dans son lit. Avoir à réfléchir à l'état de ma relation, c'était accepter qu'elle était sérieuse. Une relation sérieuse, avec une moldue, il fallait vraiment que je sois amoureux ! Et ce n'est que la partie la plus visible de l'iceberg. Je suis allé la voir presque tout le jour, je suis devenu généreux (avec ma mère, avec les élèves, etc.), j'ai d'ailleurs pris la décision de revenir à Poudlard puisque j'y étais réinscrit, mais n'y allais jamais : elle préférerait me voir studieux. J'ai appris des bases de français. Je me suis acheté des appareils moldus et j'ai appris à m'en servir ! Un Malfoy avec un téléphone portable… je me demande parfois ce que mon père aurait dit s'il m'avait vu composer fébrilement un numéro pour appeler ma copine. Dire que je suis allé jusqu'à demandé à Granger comment ça fonctionnait, parce que personne d'autre de ma connaissance ne savait le faire ! A part un sourire moqueur, elle n'est pas allée répandre partout mon intérêt pour la technologie moldue, et je l'en remercie. J'ai lu 'L'histoire de Poudlard' pour vérifier s'il n'y avait pas moyen de défier la magie trop forte du château pour une malheureuse onde téléphonique…

Je me suis beaucoup demandé comment aurait réagit mon parrain s'il avait su cela. Dans le fond, je sais très bien qu'il aurait commencé par m'expliquer que c'était anormal, indigne de moi. Puis, au bout de deux jours, il m'aurait demandé avec son air sérieux et réprobateur de la lui décrire et de me justifier. Quoiqu'il en soit, il aurait fini par exiger de la rencontrer. Et je n'ai pas de doute qu'elle lui aurait plu, au fond…

Je n'en reste pas moins honteusement amoureux d'une moldue. Cependant, une fois cette vérité avérée et vérifiée, en partie parce que je ne pouvais plus le nier, me voilà en devoir de prendre une décision. Lui avouerais-je ma nature, ce dont je meure d'envie, ou vais-je devoir continuer à vivre clandestin et à parfaire ma connaissance des menus de restaurant moldus ? J'ai parlé à McGonagall. Franchement, vous vous imaginez l'incongruité de la scène : je n'ai jamais aimé vraiment cette bonne femme, mais il faut avouer qu'elle est restée très honnête, et m'a pris au sérieux sans se moquer. Le vieux fou n'y aurait pas manqué, lui. Tout cela pour vous dire que me voici face à la directrice de Poudlard afin de tenter d'obtenir son approbation. Parce que oui, je préférerais lui parler de mon monde, mais avant tout la convaincre et lui en montrer les beautés dans ce château.

'- I have a request, professor.'

Elle me regarde un peu étonnée, parce que ce n'est pas souvent qu'un Malfoy vient demander une faveur avec tant d'humilité. Un mouvement de tête m'encourage à continuer.

'- I have a…' Je prends une inspiration de toutes mais forces, parce qu'il me faut un courage immense pour lui dire ça. Franchement, j'ai tellement peur qu'elle se moque de moi : je ne pourrais pas l'accepter. '… a muggle girlfriend.'

Je vois ses yeux s'agrandir l'espace d'un instant, mais elle reprend vite son expression habituelle, et me demande, stoïque :

'- Is that true Mr Malfoy?'

'- Well, yes. I know it sounds strange. But it's true… actually, Blaise has one too.'

A nouveau, elle marque son étonnement, mais plus discrètement encore. Je le vois qui semble réfléchir, et préfère me taire. D'abord parce qu'avouer ça m'a quand même fait un coup à l'orgueil familial… et puis, parce qu'il faut bien avouer que je crains le verdict. Pourquoi lui faut-il tant de temps ? Pèse-t-elle le pour et le contre ? Cherche-t-elle à se souvenir de la règle.

'- Mr Malfoy, do these two girls know each other?' Je hoche la tête, étonné (sans le montrer) qu'elle puisse le savoir. D'où le sait-elle ? Instinct et logique, sans doute. 'And they have a third friend, don't they?'

'- Well, yes…' fais-je davantage déstabilisé. 'Why that? How can you be aware of such a thing?'

'- I'll tell you when you'll answer this last question: are they foreigners?'

'- Yes, French.'

Elle reste silencieuse un moment, puis ouvre un tiroir, fouille dedans, et en ressort un parchemin plié en plusieurs. Elle le tapote avec sa baguette, et il s'ouvre lentement. Rapidement, je l'observe qui déplie entièrement le papier et y jette un coup d'œil inquisiteur. Inutile de vous décrire mon anxiété muette et cachée sous un masque, ni ma satisfaction fébrile lorsqu'enfin elle lève les yeux vers moi.

'- Mr Malfoy, you will bring them here. And that's not even a question of choice.'

Incroyable ! A penser que le côté omniscient du vieux barbu s'est réincarné en elle. Comment peut-elle savoir que c'était exactement le but de ma requête… Je m'empresse de camoufler l'incrédulité qui me saisie à l'entente de ces mots : pas de doute pourtant qu'elle l'a perçue puisqu'un semi-sourire s'étire l'espace d'un instant sur ses lèvres, et elle continue.

'- Your divination teacher did prophesised something. And don't look at me that way. I am aware of her… personality, but the fact is that she sometimes can say some… true stuff.' J'acquiesce, l'encourageant à continuer. 'And what she prophesised was about these three girls. One of them more than the others actually: the third one. You have to read I guess, but you shan't talk about it.'

Impatiemment, je lui dis que je suis d'accord, que je comprends, que je promets, et je me saisis du papier. On croirait une sorte de poème.

'From another country,

And so different from us,

The three of them will come to change our world.

.

The first, unexpectedly fused to one of ours,

While appearing as impure,

Will give strength to a decaying family.

.

The second will, by marrying,

Be the link and the power,

Be the saviour from despair.

.

The last, powerful without powers,

Will be the Eris and the bone of contention;

She will be the jealousy that makes hatred grow.

But then, by despising them all,

And choosing the unknown prince,

She'll be the mediator of peace,

And will be the mother of the ruler.'

Arrivé au bout de ma lecture pour le moins étonnante, je demeure ébahi un instant en lui rendant la feuille, puis me mets à réfléchir en accéléré. Vite, je comprends de qui il s'agit, et en demeure ahuri. Ainsi, ma relation avait un sens véritable, mon amour me donnait raison. L'amour à ses raisons que certains illuminés connaissent. Je suis juste trop normal, dans le fond, pour pouvoir avoir une conscience de ce genre d'enjeu. Donc, il est totalement normal que je n'ai pas été capable d'illuminer de mon intelligence la teneur de mes sentiments, tant c'était complexe et… divinatoire ! Les deux autres paragraphes me laissent un peu pantois, surtout parce que dans le fond je ne m'y intéresse pas. Ils me sont étrangers, puisqu'ils ne parlent pas de ma dulcinée.

D'ailleurs, je me mets à penser à la première fois où je l'ai vue… ça me parait presque incroyable que mon destin soit lié au sien, sachant que je l'ai rencontrée sous l'effet de boissons à forte inhibition. Cependant, le cours de mes souvenirs est interrompu par la directrice qui se lève, et me dit de faire venir les trois jeunes femmes lundi, vers 6 heures.

M'y voici. Je suis avec Caroline, mon bras autour de sa taille, et c'est horrible de devoir s'en arracher pour faire une des annonces les plus dures au monde. A côté, Morgane est avec Blaise, et la Morgane (que je regarde bien différemment depuis que j'ai lu la prophétie) qui reste se moque de nous en disant qu'elle tient la chandelle. Je la comprends un peu… enfin, je veux dire… ça ne m'est jamais arrivé personnellement, connaissant mon succès auprès de la gente féminine. Non, mais, j'imagine un peu. J'échange un rapide regard avec Blaise : c'est le moment de leur dire. Je le vois qui se mordille la lèvre nerveusement : je pense que chez moi aussi il y a un tic qui montre ma nervosité. Je m'éclaircie la gorge.

'- J'ai quelque chose à dire vous.'

Elles se tournent vers moi, étonnée, et je tente un sourire forcé. Blaise vient à la rescousse, et franchement je l'en remercie :

'- En fait, c'est tout les deux.' Je hoche la tête et continue.

'- Just… I prefer to do it in English. It's too complicated for me to explain in French.'

'- Go on.' Chuchote Caroline. Merlin, si elle pouvait ne pas être moldue, si ce pouvait être plus simple…

'- Blaise and I, we aren't really… normal people. I know this is going to sound very strange, and you'll not believe it at first, but we are… We are wizards.'

Je me tais, et ferme inconsciemment les yeux, comme pour esquiver un coup. Pourtant, il n'y a que du silence puis deux rires. Caroline semble prête à en mourir, tandis que Morgane-la-pomme-de-discorde rit plus doucement et fait :

'- Ha, you are so funny. Really, that's a bit of a bad joke Draco.'

Je baisse la tête, un peu abattu. Je le savais, bien sûr, qu'elles n'allaient pas me croire tout de suite… mais franchement, je me sens découragé. Nous avions déjà choisi un endroit où il n'y avait personne, et en poussant un soupir à fendre les pierres, je sors ma baguette et reprends la parole.

'- The three of you remember the day we met, don't you? Just as you remember the numerous times where we looked lost, isn't it? Well… we hid it as much as possible, and in our families we are trained a lot to hide that we are lost for example… But still, we just didn't understand anything. How to order at McDonald's, what's a mobile phone, etc. If we were unaware of such things, it wasn't because we are silly lost people. No! That was just because we are wizards, and we don't know the muggle's way to live… Muggle is the word for a non-magical person.'

En finissant ma tirade, je me sens bête, ridicule et seul. J'ai cette impression que le silence n'en finira jamais. Heureusement, Blaise le coupe très vite.

'- Yes, it's unbelievable. But, we have proofs. A lot actually…'

'- So just show things out,' nous dit la Morgane frisée.

'- Here is… my wand.' Leur dis-je en ne me sentant vraiment pas à ma place lorsque je brandis avec une solennité étrange mon bout de bois qui ne m'avait jamais semblé aussi insensé et ridicule.

'- Is it?' demande-t-elle, visiblement partagée entre la curiosité et la sensation que je lui fais une immense blague.

'- Well yes, it is.' Je fis une pause. 'And… well… I can do magic with it.'

Ca me semble être le moment de vérité. C'est là que tout va basculer. Toute leur vision de ma personne. Je m'imagine (et je suis sûr) plus que je ne le vois que Blaise est dans le même état de tension que moi. J'hésite, et décide de revenir au plus simple. En pointant ma baguette sur une branchette qui traine à terre, j'ai la sensation que le souvenir de la première fois où j'ai accompli ce geste me revient en mémoire.

'- wingardium leviosa.' Comme prévu, le morceau de bois s'élève, jusqu'à ce que je le relâche. Caroline ne semble pas y croire vraiment, et reste juste interloquée. Morgane-prophétie est hésitante. La dernière à la bouche entr'ouverte. Elle semble y croire mais ne pouvoir s'en convaincre.

'- That's just prestidigitation, no?'

'- It could be you as well,' lui dis-je en esquissant le geste de lui lancer le sort. Elle secoue vigoureusement la tête, visiblement un peu inquiète. Je décide de passer à autre chose.

'- Would a Transfiguration convince you a bit more that I'm right?'

Elle hésite, et je constate que Caroline et Morgane semblent être dans le même état d'incertitude totale. En dirigeant ma baguette sur la même branchette, j'utilise une incantation informulée et elle se transforme en un oisillon piaillant horriblement. A côté de moi, j'entends trois cris plus ou moins étouffés de surprise, et je dois avouer qu'au fond je suis soulagé que l'on me croie. Je reprends la parole et explique :

'- That was… really magic. And, I'd like you to visit a place called Hogwarts, which is the best wizard-school in the world, I assume. And; now that you know the reality about us both, we can tell you about our lives and etc.'

Voilà. Cela fait une heure que je parle en continue. Parfois Blaise prend la relève. Et l'on explique. La magie, pourquoi nous sommes cachés. Nous évitons d'expliquer pourquoi nous le leur avons avoué. D'abord parce qu'il y a une zone floue, et puis parce que même Blaise ne sait pas tout ce que je sais ! Nous expliquons la baguette, les sorts, les potions, les métamorphoses. Je raconte la guerre. Et je la raconte en tentant d'être impartial. J'avoue mes ascendances, mais j'explique que je n'y ai jamais vraiment cru, et que je me repends maintenant de m'être quelque temps pris à ce jeu qui n'en était pas un. Je n'ai pas de reproches, et dans leurs yeux je ne perçois pas cette lueur de désagrément que je vois d'habitude.

Et maintenant, je leur explique le fonctionnement du transplanage, du transplanage d'escorte actuellement. Elles ont l'air assez désappointées, ce que je me vois obligé de comprendre. Moi-même, lorsqu'enfant j'ai subi cette sensation, je n'y ai rien compris. Enfin… Caroline se sert contre moi, et Blaise se propose pour prendre avec lui les deux autres jeunes femmes. McGonagall nous a dit que nous pouvions arriver directement dans son bureau, qui avait été privé de sa protection pour l'occasion, et elle m'avait expliqué que cela aurait en plus le mérite de permettre de les laisser se reposer. Je sais que les moldus supportent très mal le transplanage. Nous arrivons avec quelques difficultés, mais personne n'est désartibulé, ce qui est un soulagement je l'admets.

La directrice nous aide à les assoir le temps qu'elles reprennent leurs esprits, et un silence assez gêné s'installe. Finalement elles émergent de leur inconscience et se relèvent lentement. Clignant des yeux, elles passent au crible ce qui les entoure, éberluées par les objets qui jonchent le bureau de la directrice. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi elle n'avait pas accepté de faire un peu de vide : sans doute un attachement symbolique… Enfin, après 5 minutes de silence, McGonagall se décide à ouvrir la bouche : je me souviendrais de la remercier pour avoir brisé l'état de fait actuel, car je n'aurais pas su, moi-même, comment en sortir. Elle leur adresse un de ses rares sourires et sans perdre son style habituel se présente.

'- Good afternoon, I am professor McGonagall, headmistress of Hogwarts school of witchcraft and wizardry. I don't know how much Mr. Malfoy and Zabini told you about our world, so please feel free to ask anything.'

Toutes trois hochent la tête, n'osant pas parler. Peut être qu'en plus de l'inconnu qui les entoure elles sont intimidées par la directrice. J'avoue que, personnellement, elle ne m'a jamais fait cet effet… il est possible que mon éducation n'y soit pas pour rien. Elle reprend la parole : 'I know you all, by name, but am not aware of which is who.'

'- Hum,' fait Morgane-prophétie, la première à réagir. 'I am Morgane G.; here is the other Morgane, Morgane A. and Caroline L.'

'- Well, Miss G., A., and L., would you like to visit this castle?'

Elles hochent la tête, et nous nous levons tous pour suivre McGonagall. Je n'aurais pas cru qu'elle nous accompagnerait… Tandis que nous descendons les escaliers, elle s'approche de moi et me demande :

'- You didn't tell them about the prophesy, did you?'

'- Well, no.'

'- Perfect, just don't. Please tell me which one is…' Voyant ce dont elle parle, je la coupe.

'- The one who talked is the 'Eris' one. The one with curly hair is Blaise's girlfriend, and the last is mine.' Elle acquiesce et me transperce de son regard habituel. C'est sans doute pour cela, au final, qu'elle souhaite venir avec nous.

Nous commençons par aller dans la Grande Salle, et c'est avec un grand plaisir que je les regarde s'enthousiasmer à la vue du plafond. Il faut avouer que c'est une œuvre d'art. Caroline se glisse dans mes bras et m'embrasse : bizarrement, je me sens un peu gêné, chose qui ne m'était jamais arrivée. Pourtant, personne n'y prête véritablement attention. Ce doit simplement être le fait de se trouver dans Poudlard avec ma petite amie moldue : comme un paradoxe qui met mal-à-l'aise. Au terme de cette manifestation d'admiration, Blaise explique rapidement le principe des tables et des maisons. Je leur ai vaguement parlé de l'hostilité qui y règne (même si elle est un peu en baisse), mais pas trop : c'est pourquoi je préfère ne pas trop m'appesantir sur ce sujet en particulier. Nous quittons ensuite la pièce, et suivons McGonagall : ce ne doit pas être la première fois qu'elle fait visiter le château, ne serait-ce qu'à des parents inquiets, et je ne doute pas qu'elle sache comment faire pour tout englober dans son trajet. Personnellement, je n'aurais pas su par où commencer et où aller.

Enfin… nous montons jusqu'à la tour d'Astronomie. Cependant, avant même qu'elles n'aient pu admirer la vue sur le parc, le terrain de Quidditch et tout ce qui s'en suit, je m'aperçois qu'il y a quelqu'un d'autre là-haut. La personne se retourne brusquement : il s'agit de Vincent, accompagné de Gregory et Pansy que je n'avais pas vus au premier coup d'œil. Souriant comme des Serpentards peuvent sourire, ils s'approchent. Je vois bien que Caroline et Morgane les replacent. Je m'empresse de préciser, sous le regard intrigué de la directrice, qu'ils étaient là le jour où je les ai vues pour la première fois. Je pense qu'il n'est pas nécessaire qu'elle sache un jour dans quelle état nous étions lorsque nous les avons rencontrées… je crains que ça ne ternisse l'image correcte qu'elle commence à avoir de moi. Quoiqu'il en soit, ils s'en vont rapidement, et je vois Gregory et Vincent échanger des sourires approbateurs tout en lançant des regards mi-impressionnés mi-pleins d'envie dans notre direction. J'avoue ne pas comprendre, surtout que je n'ai pas l'impression que Blaise l'ait aussi remarqué.

Après avoir passé un certain moment à les arracher à la contemplation de la vue et à expliquer le principe du Quidditch (à des oreilles assez inattentives, il faut l'avouer), nous redescendons. Et c'est à ce moment qu'elles découvrent étonnées que nos tableaux ne sont pas statiques.

'- But the portrait… move…' s'exclame Caroline en pointant du doigt l'un d'entre eux, et en jetant des regards étonnés à ceux qui sont à côté.

'- Yes Ma'am,' lui aboie le personnage. Ce n'est pas vrai… il fallait qu'elle tombe sur la représentation du gobelin le plus grincheux de l'histoire de la magie. Et ce n'est pas peu dire. Alors qu'il s'apprête à commencer un discours interminable et insultant, je n'en doute pas, je brandis ma baguette et marmonne les noms du Baron Sanglant et de Peeves, et le mot 'encre'. A ma droite, la silhouette de McGonagall a oscillé du chef, manifestement en approbation, et le portrait de Grudfred l'Irritable se tait après quelques insultes grommelées dans sa barbe, tandis que Morgane la future épouse de Blaise (que je n'imagine absolument pas mariée !) rajoute à la phrase de Caroline.

'-…and talk!'

Voyant leur air déboussolé, je ne peux m'empêcher de me mettre à rire, et Blaise m'imite, ce qui fait que c'est la directrice qui explique que tous les portraits sont ainsi, dans notre monde. Ce n'est pas leur première surprise, et elles intègrent assez rapidement. Nous reprenons donc notre route. McGonagall prend le chemin de la tour des Pouffsouffles et je la regarde avec étonnement. Elle me répond immédiatement, de manière indirecte :

'- Well, both these sirs are at Slytherin, but I'll show you the four Common Rooms.'

Elles hochent la tête tandis que j'échange avec Blaise un regard désespéré. Je comprends le point de vue, mais je n'ai pas grande envie de me jeter littéralement dans la fosse au lion. Et vous m'excuserez, mais le jeu de mot est presque obligatoire.

Nous pénétrons donc dans la salle commune horriblement feutrée où se trouvent quelques élèves. McGonagall ne fait que quelques simples explications, tandis que je tente de comprendre ce regard vers nous. Ca m'énerve à n'y pas croire : Ernie McMillan semble absorbé par notre vue. Et c'est franchement gênant, parce que d'habitude je suis plutôt accueillit avec froideur depuis la fin de la guerre. Cette fois, contrairement à ce qui s'est passé en présence de mes 'amis', lui s'approche tandis que nous faisons demi-tour, et viens vers Morgane-prophétie. Ah, c'est juste cela… s'ils la trouvent à leur goût ! Malheureusement pour lui, nous passons la porte avant qu'il n'ait eu le temps de lui adresser la parole. Etrangement, ça me fait penser à quelque chose, mais je n'arrive pas à replacer quoi.

Sans doute pour écourter nos souffrances et s'en débarrasser, la directrice nous mène vers la salle commune de la maison antagoniste à la notre. Alors qu'elle prononce le mot de passe, je me tends légèrement. C'est que je pressens que ça se passera bizarrement : allez savoir pourquoi une intuition de ce genre… La Grosse Dame nous ouvre la porte en nous souhaitant rapidement le bonjour, puis détale à toute vitesse pour aller entendre les derniers ragots du tableau d'à côté. Bien sûr, manque de chance, Potter, la belette et Granger en faction dans leur canapé… franchement, je n'aurais pas pu avoir davantage de chance ?

Je vois McGonagall esquisser un sourire : à croire qu'elle n'a aucune pitié pour mon pauvre cœur… en même temps, un Malfoy (même un Malfoy qui sort avec une moldue…) n'a pas besoin de pitié ! Passons… La première à nous apercevoir est Granger. Je vois ses yeux s'agrandir, puis elle m'adresse un sourire en coin, et je sens qu'elle retient un clin d'œil : je lui suis reconnaissante de ne pas mentionner le mobile qui repose au fond de ma poche de jean, sous ma robe de sorcier (que j'ai remise pour l'occasion). Puis Belette et Potter se retournent vers nous. Je vois le roux prêt à ouvrir la bouche, mais la main de Granger sur son bras l'arrête. Et bah, ils sont officiellement ensemble ceux-là… en voilà qui trainent en longueur ! Je le vois qui me lance un regard hostile, et même si je me doute que je vais déplaire, je ne peux m'empêcher de leur lancer quelque chose.

'- Weasley, are you deaf, or just unable to find a proper thing to say?'

Ma pique reste sans réponse, et je remarque qu'il est distrait. L'envie de lui lancer autre chose à la figure s'empare de moi, mais je me contrains à ne pas le faire, en partie parce que Caroline qui m'a saisit le bras m'apaise un peu. Non, je ne reconnaitrais pas que je réagis comme la belette… mais tout de même ! McGonagall, qui sent, je n'en doute pas, que l'ambiance est loin du beau fixe, abrège la visite. Cependant, alors que nous sortons, j'entends Granger lancer à son imbécile de copain :

'- You know that I'd appreciate very much if you could stop looking at other girls that way!'

'- I wasn't…'

'- You were! Ronald, don't try this with me!'

'- And you, let me breath Hermione!'

Soudain, je me souviens de la prophétie, et je comprends pourquoi ces regards me semblaient presque logiques. En effet, il semble qu'elle n'ait pas fini de semer la discorde avec ses charmes. Inconsciemment, je jette un œil à Morgane, puis à la directrice. Je la vois afficher la même expression préoccupée qui doit être la mienne, et lorsque je croise son regard je comprends qu'elle aussi a bien saisi. Elle hoche lentement la tête puis se détourne. Ca risque d'être drôle de les voir se battre pour elle… je me demande franchement qui sera ce 'prince inconnu' (et c'est une des raisons pour lesquelles je hais la divination : ses grands mots pour pas dire grand-chose…) puisque tous ici semblent s'accorder pour vouloir la séduire. Quelqu'un d'extérieur… mais qui ? Je n'en sais strictement rien, et j'avoue que ma curiosité est attisée. Je tiens à le savoir, un jour.

Comme s'il ne s'était rien passé, nous reprenons notre route. Chaque jeune homme croisé à la même réaction, et à chaque fois mon regard se porte sur une McGonagall aux lèvres pincées. Je me demande dans combien de temps la guerre va éclater, et surtout la durée qu'elle aura. La réponse vient rapidement. Alors que nous traversons à nouveau le hall pour ressortir vers les serres, nous passons à nouveau à côté de ma bande de Griffons arrogants et détestés, agrandi d'une autre chevelure rousse : Ginny Weasley. Mais, surtout, ils sont en pleine querelle. Les remarques assassines fusent dans tous les sens, et s'intensifient même à notre arrivée, sans soucis de discrétion.

'- Harry, swear you'll not leave me for her!'

'- But… I never said so…' tente le pauvre Survivant dépassé par les évènements, mais les yeux rivés sur Morgane.

'- No but your eyes are fixed upon her; and I could die there that you wouldn't even see it!'

'- That's false and exaggerated Ginny! She's just…'

Alors que le balafré n'arrive pas à finir sa phrase, accablé de mille autres reproches, c'est la belette qui fini, à voix basse. Trop peu cependant…

'-…damningly cute.'

Avant même que je n'ai eu le temps de penser Quidditch, une énorme claque résonne, suivie d'exclamations indignées de la part de Granger. Il faut avouer que ma copine dirait cela d'un autre type… je ne le prendrais pas forcément bien. Surtout avec cet air de profonde admiration peint sur le visage. Tandis que la Weaslette se met à pleurer et se précipite dans les bras de son amie, Granger se lance dans un discours hargneux comme elle les fait si bien : les deux imbéciles se ratatinent à vue d'œil, mais les yeux toujours rivés dans la même direction.

C'est là qu'enfin McGonagall se décide à intervenir. Elle marche rapidement vers eux, et arrivé en face, leur dit de ce ton froid que même moi je hais voir adressé à ma personne :

'- Stop this immediately. Aren't you shameful of such a public representation? 20 points from Gryffindor, and don't do this again.'

La tête basse, les quatre repartent, à grands pas pour les deux jeunes filles, et à reculons pour Potter et Weasley. McGonagall se tourne vers nous, et très certainement afin de balayer tout soupçon, s'excuse pour cela, disant que même un certain temps après la victoire, ils sont sur les nerfs. Toutes trois hochent la tête et nous reprenons notre route. Morgane-frisée, cependant, se rapproche de Blaise, s'appuie à son bras, et lui demande :

'- Are they the ones you talked about? Some Boy-Who-Lived, and so on, isn't it?'

L'autre Morgane se rapproche d'eux, et attend aussi une réponse. Blaise se retourne, et me lance un regard un peu désespéré. Je hausse les épaules aussi discrètement que possible, et tente de l'inviter à expliquer. Tandis qu'il commence à parler, je m'approche avec Caroline.

'- Well, yes… The dark-haired one is Harry Potter, the Boy-Who-Lived, the one who killed the Dark Lord… And the other two in the Gryffindor Common room were his friends who help him in his task: Ron Weasley and Hermione Granger.'

'- Why are you so harsh with them?' demande-t-elle alors qu'elles attendent avec impatience et curiosité. Le sujet le plus délicat approche… je pense qu'il vaut mieux être clair, ne pas mentir. Je coupe Blaise avant même qu'il n'ait repris la parole, et explique aussi simplement que je le peux. Je pourrais faire plus précis plus tard, si Caroline veut, mais pour le moment…

'- As a matter of fact… It's quite complicated. There's always been a kind of hereditary hatred between our Houses. Godric Gryffindor and Salazar Slytherin, two of the creators of Hogwarts, were friends at first. Finally, they got a big argument and Slytherin left. From there, both houses hate each other. But, between the 'Golden Trio' as they are named, and I (well, I and some friends), there's even more of a hostility. It's quite exaggerated, but… that's it.' Je me tais, attendant les réactions. Il y a d'abord un silence, assez pesant à mon goût, puis Caroline reprends la parole.

'- I see. That's too bad, still.'

Un peu rassuré, je hoche la tête et l'embrasse furtivement. Elle me sourit, et il me semble soudain qu'il n'y a plus un seul problème. Cette fille a une incroyable influence sur moi ! Nous continuons donc la visite, jusqu'à avoir fait le tour du château, de fond en combles. De retour dans le bureau de McGonagall, j'échange un regard avec Blaise : nous allons partir maintenant, non ? Surtout que je doute qu'elles puissent vraiment s'éterniser ici. Il reste, cependant, une chose à faire que j'avais oubliée.

'-I hope you did enjoy this 'tour', and you are welcome any time you want. Well… more likely with one of these gentlemen, but still.'

Toutes trois acquiescent à la remarque de la directrice, et j'ajoute :

'- I'll give you a little thing enabling you to contact us when we are here… because mobile phones don't work in here: too much magic around! Just press the button and I'll get the message. If I can, I'll go and take you. And, Blaise has it already.'

Je leur donne l'espèce de petite télécommande, tout en pensant que ce sort est franchement très pratique. McGonagall nous demande si nous partons. J'acquiesce, et nous transplanons vers S. Atterrissant là d'où nous étions partis, nous attendons à nouveau qu'elles se remettent, puis les raccompagnons tranquillement vers le lycée de S. Je laisse les deux Morgane là en pleine discussion avec Blaise, et vais avec Caroline jusque devant chez elle. Arrivé devant l'immeuble, je m'arrête, et continue à serrer sa main dans la mienne. Je n'ai pas envie de la laisser partir. Je sais bien que ça ne dépend pas vraiment de moi… mais tout de même ! Elle ne bouge pas non plus, ce qui me ravit.

'- I hope telling you was a good thing.'

'- Well… It was strange, and… I think tomorrow morning I'll think I was dreaming. But I am… I'm glad you told.'

'- Perfect then!'

Elle m'embrasse rapidement et se glisse à l'intérieur, disparaissant dans l'appartement où je sais qu'un chat que je m'obstine à considérer comme sanguinaire se jette sur elle. La laisserais-je un jour ?


'- Draco Lucius Malfoy, viens ici tout de suite !'

Déjà sur-stressé, je me précipite vers la chambre de ma future épouse. Car oui… aujourd'hui, je me marie. Et ce n'est pas une petite affaire, je vous le promets.

Cela fait plus de 4 ans que Caroline et les deux Morgane ont découvert mon monde. Je sais, d'ailleurs, que Blaise hésite à demander Rigane en mariage… Oui, il faut savoir que Rigane est la frisée : à force d'entrer dans le cercle, je connais les surnoms et les 'private jokes' du groupe de ma dulcinée. Je sais que je ne peux lui dire que la prophétie en elle-même lui assure la réussite… mais j'avoue que c'est tentant : mon côté Serpentard s'amuse bien sûr énormément de ces tergiversations, mais au bout de la millième fois, je commence à me lasser, voyez-vous !

De mon côté… les choses sont relativement plus simples. Il y a quelques mois, j'ai demandé en mariage la femme de ma vie, car je n'en doute pas, elle l'est. J'ai eu quelques difficultés à défaire le contrat magique signé pour mon mariage avec Astoria, mais puisque ni l'un ni l'autre ne nous aimons, il n'y a pas eu de questions existentielles à se poser. La demande faite et acceptée (dans des effusions de joie sans nom !), je me suis mis en devoir de préparer ce mariage. J'ai été présenté à ses parents, et elle à ma mère. Au début, bien sûr, j'ai du calmer les ardeurs de ma mère… c'est vrai qu'après tout j'épouse une moldue. Moi-même, je n'aurais jamais cru que ma génialissime personne épouserait quelqu'un de se modeste extraction. Ma mère a finalement pliée, jusqu'à adoré ma fiancée, et mon père n'en sait et n'en saura rien. Jamais.

Nous avons beaucoup discuté afin de trouver un accord : une cérémonie sorcière en petit comité, juste la famille, et les rares personnes de sa connaissance qui savent que je suis un sorcier. Celle-là a eu lieu il y a quelques jours déjà : c'était en Angleterre (où nous allons d'ailleurs rester, parce qu'elle ma dit avoir toujours souhaité quitter la France). A Poudlard, parce que McGonagall l'a voulu comme ça : comment refuser un pareil hommage ? Sincèrement, j'en garderais un très bon souvenir ! Mais nous étions peu, un dimanche, à l'extérieur.

Et, surtout, celle qui va avoir lieu aujourd'hui est une grande cérémonie moldue. Moldue… mais il n'en reste pas moins que beaucoup de sorciers vont venir. Je leur ai fait promettre de s'habiller suivant quelques règles de base, et de ne pas amener de baguette… histoire de limiter les dégâts. La famille de Caroline s'est occupée de tout, et nous avons laissé à ma mère le bonheur de choisir la robe. Je lui ai filé un grand nombre de revues de robes de mariées moldues, un 'né-moldu' (observez le progrès, j'évite Sang-de-Bourbe… !) pour faire les commandes. Elle a eu un budget illimité, a demandé à ma chère fiancée ce qu'elle désirait, et prépare la surprise. Autrement dit, je vais bientôt avoir un grand moment de vérité… encore que je fais confiance à ma mère, elle a bon goût : son éducation lui aura au moins servit à ça.

Quoiqu'il en soit, je me précipite à travers le couloir : c'est qu'aujourd'hui, je suis une boule de nerf, et c'est à Blaise de se rire de moi parce que suis indécis et à l'affut de la moindre imperfection. Le mariage à lieu dans 3 heures, ma mère arrive dans une demi-heure. En débarquant dans la pièce, je la trouve avec les deux Morgane, devant une grande boite blanche ouverte. La robe de mariée. Prudent, je m'approche.

'- Yes darling, what is it?'

'- Please, explain me why this, before 'darling' me that way!'

Oh Merlin ! J'ai un mauvais pressentiment, surtout parce que les deux Morgane se tiennent le ventre de rire. Qu'est-ce qu'il y a ? Une tâche ? ça m'étonnerait… la robe n'est pas sortie de sa boite ! Trop petite ou trop grande ? Non, non… ma mère avait les tailles, la connaissant, elle aura fait faire du sur-mesure. Et puis, si ce n'est que cela, un coup de baguette l'arrangera. Un peu revigoré, j'arrive au niveau de l'amoncèlement de tissu, et là, éclair de compréhension : pourquoi y a-t-il du rose ? J'ouvre grands les yeux, et avant que j'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, Caroline me lance :

'- Pourquoi y a-t-il du rose fluo sur ma robe de mariée ?' Oui… quand elle est énervée, elle revient au français. Ca se comprend. Franchement je ne sais pas quoi dire.

'- Je sais pas, Darling…'

'- Tu devrais !'

'- But I just don't know,' lui dis-je, l'habitude reprenant le dessus. 'You didn't tell her… ?'

'- Je lui ai dis quelque chose 'd'original' ! Pas… rose !'

Je regarde la robe. Elle n'est pas entièrement rose. Il y a peut être de l'espoir. En effet, original n'était peut être pas la consigne à donner à ma mère… Je lui propose de la mettre, pour voir ce que ça donne. Elle acquiesce, et je sors discrètement pour retrouver Blaise.

'- My mother choose a dress half-pink!'

'- Did she really? Just transfigure it!'

'- I can't… it was her only pleasure since a very long amount of time.' Je suis un Malfoy, mais pas totalement ingrat non plus.

'- Then,' dit-il avec un soupir faussement désespéré, 'prepare yourself to a nerve crisis.'

Je le remercie ironiquement de son soutien, et repars dans la chambre. A peine la porte ouverte, je reste en arrêt. A part la couleur des grands nœuds roses, ma mère n'a une fois de plus pas failli. En termes de forme, de coupe et de taille, c'est juste parfait. Pas très discret, certes… mais pour un mariage on ne cherche pas à l'être. On dirait une robe du début XIXème, mais en blanc crème. Le seul problème restant que les rubans sur le buste sont d'un rose assez agressif. Tentant d'endiguer la colère, je lui fais un large sourire.

'- It suits you perfectly.'

'- Does it?' demande-t-elle un peu hésitante.

'- Really, it does. It makes you forget about the pink things.'

Soudain, elle se renfrogne un peu : j'aurais peut être dû éviter le sujet. Elle me regarde, échange un regard avec Morgane-prophétie qui semble partagée entre l'envie de rire et l'admiration de la richesse de la robe, puis revient vers moi :

'- I imagine there's no way to change this… for your mother's sake.'

'- Well, yes.' Lui dis-je, rassuré qu'elle y pense d'elle-même.

'- Draco, I hope there are some pictures of our wedding at Hogwarts, because if there's not… Tu m'entendras !'

Non, non, je ne vais pas tomber dans les pommes. Je ne peux pas, il faut tenir le coup… Merlin ! Viens-moi en aide ! Je suis debout comme un imbécile devant le bureau du maire : ça irait très bien s'il n'y avait pas un nombre de gens bien trop grand pour que je sois à l'aise (moi, toujours comme un poisson dans l'eau en société… un comble !), en train d'attendre l'entrée en scène de Caroline au bras de son père. A côté de moi Blaise, mon témoin, à l'air totalement tranquille. Mais comment fait-il ? Le pire, c'est que je l'ai déjà fait une fois… ce n'est pas si terrible.

Enfin, elle entre… Il n'y a rien à faire, elle est belle. Derrière elle, Morgane-frisée, sa demoiselle d'honneur. Respire Draco, respire. En face de moi, l'autre Morgane me fait un clin d'œil. C'est notre autre témoin… et elle a l'air tout aussi détendue que Blaise. Mais comment diantre font-ils ? Arrivée à côté de moi, je la vois qui sourit. Ma mère, à ma gauche, semble aux anges et m'adresse un regard radieux avant d'aller s'assoir, le mouchoir déjà près pour les larmes d'émotion. Quelques discours d'usage du maire à qui j'ai envie de tordre le cou, et enfin, la question fatidique.

'- Draco Lucius Malfoy, souhaitez-vous prendre pour épouse Caroline Marcelle Yvette L. ?'

'- Oui,' fais-je dans un murmure avant de me saisir du stylo et d'apposer ma signature au papier officiel. Ca me parait presque plus puissant que le mariage magique, et pourtant…

'- Caroline Marcelle Yvette L., souhaitez-vous prendre pour époux Draco Lucius Malfoy ?'

'- Oui,' réponds-t-elle en m'adressant un nouveau sourire.

Elle aussi signe le papier. Je sais qu'il y a quelque chose après, mais je n'arrive pas à me souvenir. En jetant un œil de côté, je vois un éventail de femmes de la famille se cachant derrière leur mouchoir ou leurs lunettes, reniflant et pleurnichant. Pendant ce temps, Blaise va signer, puis Morgane. Le maire retourne le papier vers lui, y jette un œil habitué, puis se tourne vers nous :

'- Vous pouvez procéder à l'échange des alliances.'

C'était donc cela ! Blaise amène deux alliances que nous avons déjà lié par magie précédemment, et je prends la mienne. Je la passe au doigt de Caroline, et alors qu'elle s'apprête à faire de même, je me souviens de quelque chose. J'ai un étrange pressentiment. Je la laisse faire pourtant, cherchant du regard un Blaise inconscient, et une McGonagall que je n'arrive à trouver. Je ne peux donc rien faire lorsqu'un filet de lumière s'échappe de chaque bague pour se retrouver dans un artifice en l'air. J'avais oublié ça.

Tous les moldus de l'assistance restent étonnés, et les sorciers partagent le même mal-être. Reprenant conscience, je sors de ma torpeur et dis, d'une voix qui s'efforce d'être forte et assurée :

'- En espérant que cet artifice te plaise.'

Comprenant sans doute, elle me sourit et hoche la tête. Chacun se remet de son étonnement, et le maire, ayant reprit ses esprit, se tourne vers moi et me dit :

'- Vous pouvez embrasser la mariée.'

Sans me faire prier, je pose mes lèvres sur les siennes et m'écarte à nouveau sous les applaudissements et les acclamations. C'est la tête ailleurs que nous récupérons les papiers officiels, le carnet de famille et tout ce qui s'en suit. En sortant de la mairie, j'ai la sensation d'être autre part : je suis lié à Caroline par tous les liens possibles et imaginables. Dehors, nous avons droit aux confettis et aux photographies : j'ai engagé un photographe sorcier qui peut tirer des versions moldues… histoire de contenter tout le monde ! Puis, nous prenons la voiture couverte de fioritures en tous genres et de rubans, pour aller là où nous devons fêter notre union.

Je suis assis à côté de mon épouse, dans un grand restaurant, sur un morceau de la table mise en large carré. Loin, en face, je vois ma mère avec les parents de Caroline, en pleine conversation. A ma droite, Blaise et Morgane ; et à gauche de Caroline, l'autre Morgane et son copain. Nous en arrivons à la fin du banquet, et je décide de me lever pour porter un toast. L'occasion le mérite bien. Me saisissant de ma coupe de champagne, je frappe doucement dessus pour attirer l'attention.

'- Tout d'abord, merci infiniment d'être venu… Il y a presque 5 ans, j'ai rencontré, par hasard, et peut être même contre toute loi logique, une jeune fille très belle. Une fille qui n'était pas mon genre ! J'en suis tombé irrémédiablement amoureux. Alors, en ce jour, je pense pouvoir remercier le ciel, la vie… et lui dire une fois encore que je l'aime.'

Sur ce, je me rassois, accueilli par un baiser bien agréable, et suis applaudi. Morgane-prophétie, alors, se met à rire, et lance :

'- Maintenant, la mariée lance le bouquet… et après, le gâteau.'

Je ne connais pas cette coutume (et pourtant, j'ai beaucoup progressé !) mais m'empresse d'appliquer mon sourire-Malfoy de circonstance et d'encourager. Toutes les jeunes filles de l'assemblée se lèvent et vont se mettre au milieu du carré délimité par les tables. Caroline se saisit de son gros bouquet, se retourne, et le lance au hasard. Avant que j'ai eu le temps de faire quoique ce soit, j'entends un cri de joie et un :

'- C'est moi qui l'ai !' hurlé par Morgane. Jetant un œil à Blaise, je lui adresse un petit sourire moqueur que j'essaye de rendre significatif : franchement, si après ça il ne la demande pas en mariage (oui, entre temps, Caroline m'a expliqué le principe…), je m'interroge sur ce qui le décidera !

Il doit être minuit moins 10, je ne tiens littéralement plus debout, mais observe ravi ce qui m'entoure. Après avoir ouvert le bal d'une valse assez mémorable, pas que je ne sache pas danser, mais que la largeur de la robe rendait difficile une danse naturelle, la piste s'est remplie. Mais maintenant, je me suis assis un instant tandis que Caroline discute avec ma mère, sans l'assassiner pour les rubans roses : je suis impressionné !

Devant moi, Blaise danse un slow. Il a l'air de murmurer quelque chose l'air très tendu. Je vois Morgane stopper net son mouvement et le regarder dans les yeux : se serait-il enfin décidé ? Puis elle se jette dans ses bras, et s'écrit :

'- Yes! Yes of course!'

Tous se tournent vers eux, et je me dépêche, malgré la fatigue, de me lever, d'applaudir et de lancer :

'- Je pense pouvoir annoncer les fiançailles de Blaise et Morgane.'

En quête de preuve, le regard des gens va du couple à ma personne, le sourire aux lèvres, jusqu'à ce que Blaise, embrassant sa fiancée, lance à la cantonade que c'est vrai. Aussitôt, de nouveaux applaudissements. Morgane se précipite vers son amie et la félicite à grands renforts de gestes et de paroles, trainant derrière elle est Beauxbâton. Car c'est lui, le 'prince inconnu'. Après avoir été à l'origine d'un nombre incalculables de querelles, elle a rencontré le cousin de Fleur Delacourt. Un grand blond, pourvu d'un regard bleu transperçant, manifestement son idéal. Et, comme cela était prévu, dès l'instant où ils ont compris qu'ils n'avaient aucune chance, ils se sont réunis dans le même dépit. J'ai même entendu parler d'un groupe de soutien nommé le D.M.A.M., les Désespérés du Manque d'Amour de Morgane. Profondément ridicule ! Inconsciente, elle reste avec ce type, et elle ne connait pas son destin.

Je n'aurais jamais cru que ma vie pourrait prendre un tel tournant. Et quand je les vois tous danser ou rire, je me demande comment, de ma vie triste et plate, derrière une étiquette stricte, j'ai pu en arriver à un tel résultat. La solution, je la connais. Elle s'appelle Caroline Marcelle Yvette Malfoy ; elle est Mme Draco Malfoy.

Voilà, mesdames et messieurs ! Quel est votre verdict suprême ?

Merci de m'avoir lu... !