Je viens de faire quelques corrections car je me suis rendue compte de certaines erreurs typographiques. J'ai dors et déjà noté que certains d'entre vous m'ont laissé des reviews, j'en ai 4 ! C'est assez extraordinaire pour moi car en général, j'ai bien du mal à avoir même une seule review par chapitre. Merci à vous, je suis contente que mon histoire vous plaise ! J'ai commencé à rédiger le chapitre suivant alors il ne tardera pas trop, ne vous en faites pas! ;p A ceux qui arrivent tout juste sur cette page, je souhaite une bonne lecture ! ^^

Chapitre I: Aaaahhhhhhh !

H. soupira. Rien de grave. Un jour de plus sur cette foutue terre. Elle regarda par la fenêtre sans que son regard puisse s'arrêter sur quoique ce fût. Ses yeux erraient simplement sur le morne paysage. Le même hiver londonien : celui d'hier, celui de demain. Rien de grave. H. soupira.

Le ciel empesé et nuageux, le soleil glauque et fatigué, les arbres sinistres et dénudés. L'asphalte, les maisons identiques alignées de part et d'autres d'une allée sinueuse et interminable, les points vert vulgaire des pelouses, minuscules taches de couleur. Mauvais goût. H. détourna le regard. Sa chambre ne valait guère mieux. Sombre, si sombre. Quelques reflets du ciel, lumière blanche d'hôpital. Le lit une place, dans un coin, l'observait avec une ignoble indifférence, lui qui ne faisait que se tenir là. Le bureau, adossé au mur, croulait sous une montagne de livres, jetés là, pêle-mêle, des livres qu'elle n'avait plus même la force d'ouvrir. Leur simple présence l'agaçait. Les murs blancs étaient assombris par les posters des films qu'elle ne se rappelait plus avoir vus, des groupes qu'elle ne prenait plus la peine d'écouter. Les yeux levés sur eux, elle se sentait étouffer, petite, si petite.

La chambre entière lui était hostile. Ce lit n'était pas le sien, ce bureau soutenait des livres qui la rebutaient, ces affiches la surplombaient avec défi. Seul le vieux fauteuil à fleurs, qu'elle avait elle-même installé devant la fenêtre, lui offrait un refuge acceptable. C'est de cette île odorante et familière – qui sentait plus le moisi et la poussière que les fleurs exotiques – qu'elle observait tout le reste. Mais pire que tout ce que ses yeux pouvaient percevoir, lui broyant impitoyablement le cerveau et le cœur, l'ennui. H. se tenait là depuis presque trois heures, ne bougeant que pour se tourner d'un côté ou de l'autre de son dossier fleuri. Depuis trois heures aussi, elle se disait que peut-être, peut-être bien qu'elle devrait allumer la lumière. Sa morosité pourrait ne pas résister à la fée électricité. Mais depuis trois heures encore, sans savoir pourquoi, ou si peu, elle n'en faisait rien.

Une voix retentit soudain, montant les marches de l'escalier : « Hermione, on mange ! ». Après quelques secondes d'hésitation, Hermione se leva, ses jambes étaient si lourdes qu'elle se demanda si elles savaient encore marcher. Elles savaient. Elle ouvrit lentement la porte, plissa les yeux : le couloir était éclairé. Elle sortit, ses pupilles rétrécirent progressivement, son ventre gargouilla, elle descendit l'escalier, la vie reprenait.

...

L. renifla. Des champignons, son père avait fait des champignons. Elle adorait les champignons. Elle slaloma rapidement entre les cartons pour atteindre la salle à manger où l'attendaient ses parents, déjà attablés. Elle commença à manger avec appétit mais s'arrêta bien vite : ils la regardaient tout d'eux d'un air grave.

« Quoi ? », s'enquit-elle, la bouche encore pleine d'omelette.

Son père se racla la gorge, lança un regard à sa femme, puis se lança avec, semble-t-il, une certaine appréhension.

« Ton grand-père veut te voir. »

« Grand-père est mort », fit remarquer L., étonnée.

« C'est mon père à moi, qui veut te voir », teint à préciser sa mère.

L. en laissa tomber sa fourchette, qui rebondit sur le carrelage avec force bruit. Ses parents s'entre-regardèrent avec inquiétude.

« Monsieur Blum, vous voulez dire ? »

« C'est ça, ma chérie, mon père, monsieur Blumberg, ton grand-père maternel », confirma sa mère, avec une insistance qui trahissait son anxiété.

« Je sais qu'on aurait dû t'en parler plus tôt, mais il veut te rencontrer ce soir même », ajouta son père.

Le visage de L. changea sensiblement d'expression, l'étonnement laissant place à la colère.

« Quoi ? Après tout ce qu'il nous a fait subir, il veut nous voir ? Après toutes ces années ? Il nous convoque, juste comme ça ? Mais pour qui se prend-il, à la fin ? »

« Pas nous, ma chérie, toi », la corrigea sa mère. L. devenait de plus en plus rouge.

« Et vous ? Et vous, alors ? Vous n'êtes pas assez bien pour lui, c'est ça ? Mais quel culot, il est hors de question que je me retrouve seule avec lui, hors de question que je lui obéisse ! Je ne suis pas à sa disposition, ah ça non ! »

« Tu es obligée, Lucy, il organise une soirée en ton honneur. Tu ne peux pas te dérober ».

« Mais enfin, pourquoi n'avez-vous pas refusé dès le départ ? C'est quoi ce guet-apens ? En plus vous me prévenez à peine quelques heures à l'avance ! ».

« Ton père et moi pensons qu'il serait bien que tu le rencontres. Il est ton grand-père, il a le droit de rencontrer sa petite-fille ».

« Alors il refuse d'entendre parler de moi pendant seize ans et tout à coup le voilà qui organise une fête en mon honneur, à laquelle mes propres parents – qui ne sont pas même invités – veulent m'obliger à assister ? Non mais c'est quoi cette histoire de fous ? »

Lucy s'était levée, ses yeux lançaient des éclairs. Ses parents étaient à côté de la plaque, comment pouvaient-ils lui faire ça ? Comment pouvaient-ils se faire ça ? N'avaient-ils aucune fierté ?

« Qu'est-ce qui vous prend, à la fin ? Vous avez perdu la mémoire ou quoi ? Papa, dis quelque chose ! »

Son père resta muet, il baissa les yeux, incapable de répliquer quoi que ce soit. Lucy en eut les larmes aux yeux. Son propre père s'écrasait. Elle avait même pitié pour lui.

« Maman, à toi aussi, il t'as fait du mal ! »

« Tout ça ne concerne que nous, ma chérie. Ce sont des problèmes de grandes personnes ».

C'en était trop.

« Ca me concerne aussi, je suis votre fille : vous rejeter c'est me rejeter moi aussi. Il n'y a pas deux poids deux mesures, ce serait trop facile ! Et puis j'ai seize ans, je ne suis plus un bébé, j'ai le droit de prendre parti ! De toute manière c'est décidé, je n'irai pas ! »

Lucy fit volte face et partit comme une furie. Quelques secondes plus tard, ses parents sursautèrent lorsqu'elle fit claquer la porte de sa chambre. A nouveau seuls, ils fixèrent tristement les champignons que leur fille avait abandonnés dans son assiette.

...

Pourquoi donc allaient-ils à cette soirée alors que le maître de maison était un type détestable ? C'était bien simple : sa mère voulait voir du beau monde, son père ne voulait pas offenser son meilleur client. Et Hermione, pourquoi y allait-elle ? Parce que ses parents l'y obligeaient et qu'elle avait la faiblesse de toujours leur obéir: ils disaient que c'était l'occasion de la sortir de sa chambre, où elle était restée enfermée tout l'été. Etait-ce sa faute, à elle, si depuis deux mois il faisait un temps pourri ? Et, comme d'habitude, le soleil reviendrait juste à temps pour la rentrée. Non mais vraiment, si même le soleil était détestable, comment en vouloir à ce Blumberg de l'être aussi ?

En même temps, elle était tombée si bas, durant ces vacances, que ça ou autre chose...Ce qui l'embêtait vraiment, en revanche, c'était de se trouver là, au centre commercial, avec sa mère. En temps normal, elle détestait déjà le shopping mais là, c'était carrément le cauchemar : Mme Granger tenait absolument à lui parler de « choses de filles ». Depuis bientôt deux heures, Hermione supportait donc des questions telles que : « A ton avis, faut-il assortir le vernis à ongle à la couleur du rouge-à-lèvre, des chaussures ou du sac-à-main ? », « C'est quoi, ton genre de mec ? », « T'as déjà fait des rêves érotiques ? Parce que moi, je sais qu'à ton âge… » et ainsi de suite. Hermione se liquéfiait littéralement sur place, de plus en plus et encore davantage. Elle en était arrivée au point où elle se demandait sérieusement si elle reprendrait un jour une forme solide. Il fallait qu'elle débusque rapidement une robe de soirée correcte histoire d'abréger ses souffrances.

Elle ne pouvait décemment pas expliquer à sa mère qu'elle était une jeune fille sérieuse, pas une pouffe de service, raison pour laquelle elle ne portait jamais ni rouge-à-lèvre, ni sac à main, ni vernis à ongle, ne s'intéressait pas aux garçons – ni aux filles, d'ailleurs – et repoussait les assauts de ses hormones en folie jusque dans ses rêves. Elle était une amazone, que diable, pas une petite princesse ! Et même les amazones ont des coups de blues, tout le monde le sais ! En bonne guerrière, d'ailleurs, elle ne tarda pas à venir à bout de sa mission : elle dénicha une robe féminine mais pas vulgaire, de couleur noire pour se fondre dans le paysage, qui irait avec des chaussures toutes simples qu'elle avait déjà. Le rêve, pour une allergique au shopping dans son genre. Elle réussit même à convaincre sa mère que non, elle n'avait pas besoin d'un petit sac de soirée pailleté, pour la simple et bonne raison qu'elle n'aurait rien à y mettre. « Un gloss ? Un miroir de poche ? ». « Non et non ». « Des capotes ? ». « Maman ! ». Enfin, l'ennemi capitula, ce fut le retour triomphal à la maison.

Lucy, après avoir quitté la table en n'ayant presque rien mangé, avait passé tout l'après-midi enfermée dans sa chambre. Le problème, maintenant, c'est qu'elle mourrait de faim. L'oreille collée à la porte, elle tentait de définir si une incursion dans la cuisine était envisageable. Sa chambre n'en était séparée que par la salle à manger. Avec un peu de chance, elle pouvait aller se ravitailler sans croiser ses parents. Pour cela, il fallait que ces derniers soient à l'étage ou à la rigueur dans les toilettes sous l'escalier, bien qu'elle ne puisse raisonnablement envisager qu'ils puissent s'y trouver tous les deux en même temps… Cette pensée incongrue lui arracha une grimace.

Comme elle n'entendait plus un bruit au rez-de-chaussée depuis quelques bonnes minutes, elle tenta sa chance. Malheureusement, une fois dans la cuisine, elle trouva son père en train de lire la page des sports dans le Chicaneur (quelle idée !), pendant que sa mère versait du lait dans son thé (so british de la part d'une Allemande). Lucy connaissait ses parents, elle comprit immédiatement qu'ils lui avaient tendu un piège : son père aimait bien le Chicaneur mais pas au point de faire confiance à ses journalistes désaxés pour ce qui était du Quidditch, et sa mère digérait mal le lait. Tous deux, en l'entendant approcher, avaient du attraper la première chose qui leur était passée sous la main pour se donner une contenance.

« Papa, maman, vous êtes démasqués. J'ai faim, je viens chercher quelques restes dans le frigo. Vous ne me ferez pas changer d'avis ».

« Même si on t'empêche d'atteindre le frigo ? », s'enquit son père en lui lançant un regard malicieux par-dessus son journal.

Lucy ne pouvait pas résister à ce regard, et il le savait. Un gloussement lui échappa, qu'elle réprima aussitôt. Elle parvint même à lui adresser un regard noir.

Ce fut autour de sa mère de passer à l'attaque.

« J'ai un petit quelque chose pour toi. » Sur ces mots, Mme McCulkin quitta la pièce. Elle revint peu de temps après, un grand paquet rectangulaire dans les bras.

« Essaierais-tu de m'acheter ? »

« Voyons, ma chérie, quelle ignoble accusation est-ce là ? Un petit cadeau improvisé n'a jamais fait de mal à personne… »

Lucy, pas dupe, soupira. Elle entreprit néanmoins de déballer son « cadeau improvisé ». Elle poussa une exclamation lorsqu'elle sortit de la boîte une magnifique robe bleu nuit de chez Bloomingdale's.

« Oh mon Dieu, maman ! Elle est… Elle est splendide ! Quand l'as-tu achetée, nous ne sommes arrivés qu'il y a trois jours ! »

« Hier, en allant faire les courses. Quitte à ce que tu ailles rendre une petite visite à mon cher père, autant que tu te pavanes dans une création d'un de ses principaux concurrents, tu ne penses pas ? »

« Me faire présenter par le PDG de Blum & B à tout un tas d'invités importants avec sur le dos une robe de chez Bloomingdale's ? L'idée me plaît assez ! Attends-moi là, je cours l'essayer ! »

De retour dans sa chambre, Lucy se dit que décidément, sa mère l'avait retournée comme une crêpe. Mais lorsqu'elle se vit dans le miroir, elle se murmura aussi que le jeu en valait vraiment la chandelle. Dans ces conditions, elle était tout à fait disposée à faire la rencontre de son détestable grand-père. Il allait voir de quel bois se chauffait une McCulkin !

...

La famille Granger était en route pour le manoir Blumberg. Au grand damne d'Hermione, perchée sur cinq centimètres de talons, ils s'y rendaient à pieds. En effet, le quartier chic – dont une bonne partie venait grossir la clientèle de son père – se trouvait à trois pâtés de maison seulement.

« Pour quelle occasion Monsieur Blumberg organise-t-il cette soirée ? », s'enquit-elle.

« En l'honneur de sa petite fille », l'informa son père.

« Vu ce que tu m'en as dit, j'aurais eu tendance à penser que ce type n'avait aucune famille », fit remarquer Hermione.

« J'en étais moi-même persuadé, il ne m'avait jamais parlé d'une petite-fille, tu sais ».

« Si tu lui maintenais la bouche ouverte à chaque fois que tu le voyais, il ne risquait pas de te parler de grand-chose… », plaisanta la jeune fille.

Son père ne rit pas à la blague. Il ne riait jamais. Il était toujours sérieux, tellement différent de son extravertie de mère. Hermione se demandait toujours comment ces deux là avaient pu en venir à se marier. De quoi parlaient-ils, lorsqu'ils étaient seuls ? Elle avait beau chercher, elle ne parvenait à leur trouver aucun point commun. Ils ne se disputaient même pas. Pas qu'elle le regrettât, mais cela l'intriguait au plus au point. Tout cela faisait d'elle la somme des contraires. Si elle avait hérité d'un minimum de sens de l'humour, elle était néanmoins plus proche de la personnalité de son père, calme, discret et concentré. Souvent, elle regrettait de ne pas être comme sa mère, elle qui avait des dizaines d'amies et qui attirait le regard des hommes. Hermione soupira. Il fallait qu'elle chasse ces idées noires de sa tête. Oui, elle était sérieuse et ennuyeuse comme son père mais elle n'y pouvait rien, autant s'y faire.

Les Granger étaient maintenant arrivés devant le portail, qui s'ouvrait sur un petit parc. Au loin, au bout d'une large allée de gravillons, on distinguait une vaste demeure de style victorien. Mme Granger siffla pour exprimer son admiration (ce que son mari n'aurait jamais fait). Une voiture, volent à gauche, immatriculée en Allemagne, s'arrêta non loin d'eux. Une jeune fille en sortit. Elle portait des talons d'au moins dix centimètres de haut et une très belle robe, du moins était-ce l'avis d'Hermione, qui se sentait petite joueuse, avec ses cinq pauvres centimètres. Après l'avoir déposée, la voiture s'éloigna. Les Granger s'engagèrent dans l'allée à la suite de l'inconnue.

Lucy regarda autour d'elle. Elle se sentait un peu bête, elle venait de se rendre compte qu'elle ignorait totalement à quoi pouvait ressembler Monsieur Blum. Voyons voir… L'homme qu'elle cherchait devait avoir une soixantaine d'années... Presque tous les gens qu'elle voyait étaient vieux, ça allait être difficile…Bon, que savait-elle d'autre ? Allemand. Monsieur Blum est Allemand. S'il est bien le père de sa mère, il doit être grand, blond (ou grisonnant peut-être), les yeux bleus : un stéréotype sur pattes, quoi. Un des aristos présents faisait particulièrement l'affaire, il était entouré de beaucoup de monde et semblait chercher quelqu'un, elle peut-être… Leurs yeux se rencontrèrent, quatre pupilles bleues. L'homme s'empressa de quitter son cercle d'amis, il se dirigea droit sur elle, avec la vitesse tranquille d'un aigle qui fond sur une proie sans défense. Grand, il l'était. Au moins un mètre quatre-vingt dix. Lucy fut heureuse des dix centimètres artificiels que lui accordaient ses chaussures préférées. Elle nota un froncement de sourcils : Monsieur Blum venait certainement de réaliser la provenance de sa robe. Elle lui adressa un sourire d'autant plus grand qu'il était chargé de malice.

« Monsieur Blumberg. »

« Tu dois être Lucy. Je t'en pris, appelle-moi… »

Grand-père ? Il n'allait pas oser…

« … Franz ».

Fiiuuu…Elle avait eu chaud.

« Très bien, Franz ».

Tout bien réfléchi, elle se demandait si ce n'était pas pire : appeler un vieux par son prénom lui paraissait assez déplacé, ce qui était loin de la mettre à l'aise.

« Tu es devenue une jolie jeune fille. Un autre créateur aurait sans doute été plus…à même de te rendre justice, ne penses-tu pas ? »

« Pas vraiment. Bloomingdale's est mon magasin préféré ».

Et toc, prend ça, vieux schnoc !

« Si tu le dis… Tu as les yeux de ta mère…et les miens, par la même occasion. C'est comme ça que je t'ai reconnue. Il est temps de te présenter aux invités… »

Avant que la jeune fille ait le temps de protester, Blumberg joua de sa voix de ténor germanique pour exiger le silence.

« Mesdames, messieurs, je tiens à vous présenter le clou de cette soirée, à savoir ma petit fille, Lucy Blumberg ! Elle a passé quelques années en Allemagne et j'ai organisé cette soirée pour fêter son retour. Applaudissez-là chaleureusement. »

Lucy BLUMBERG ? Comment avait-il osé ? Elle était une McCulkin, pas une Blumberg ! Et puis ses yeux – des McCulkin eux aussi – étaient d'un bleu plus foncé que ceux du vieux croûton. Aucune comparaison n'était possible. Ce type était pas croyable !

Il l'entraîna à sa suite pour la présenter personnellement à tous ses invités pendant ce qui lui sembla une éternité. Le calvaire ne prit fin que lorsqu'elle se réfugia derrière une tenture.

...

Hermione se sentait mal à l'aise au milieu de ces gens riches et bien habillés. En dehors de la petite fille de leur hôte, les invités étaient tous assez vieux, elle ne se voyait pas entamer une discussion avec eux. Ses parents l'avaient lâchement abandonnée et elle se sentait encore plus seule que lorsqu'elle se cloîtrait dans sa chambre. Elle avait très envie de se cacher dans un trou de souris. Elle n'en trouva aucun et se contenta donc d'un des lourds rideaux de velours bordeaux qui ornaient les gigantesques fenêtres de la salle de bal. Elle faillit pousser un cri lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'était pas la seule à avoir eu cette idée.

« Tu m'as fait une de ces peurs ! Lucy, c'est ça ? »

« Oui, Lucy MCCULKIN. Mon cher grand-père déraille un peu. Et toi, tu es ? »

« Hermione Granger. Mon père est le dentiste de ton grand-père ».

« Appelons-le Monsieur Blum, si ça ne te fais rien. C'est la première fois que je le vois, alors tu comprends… »

« C'est la première fois que tu vois ton grand-père ? »

« Oui, c'est un salop. »

« Mon père le pense aussi. Je croyais qu'il n'avait aucune famille ».

« Oh, il en a une, mais il se l'est mise à dos ».

« Que vous a-t-il fait, si ce n'est pas trop indiscret ? »

« Disons qu'il a découvert quelque chose sur mon père qui ne lui a pas vraiment plu… »

« Ah oui ? Ca me rappelle ma grand-mère paternelle, Gladys », fit remarquer Hermione, soudain perdue dans ses pensées. Lucy lui lança un coup d'œil perplexe alors elle se sentit obligée de poursuivre. « Oui, elle a appris quelque chose à mon propos qu'elle a eu du mal à avaler. En vérité, lorsque mes parents le lui ont annoncé, on aurait vraiment dit qu'elle allait étouffer. Mais c'est bon, tout est arrangé maintenant… » Il fallait qu'elle change de sujet, vite. Quelque chose de moins risqué… « Hum…Ton g… enfin… Monsieur Blum a dit que tu revenais d'Allemagne… »

« Oui, j'y ai passé toute mon enfance, ma mère est Allemande. Ca ne fait que trois jours que nous sommes à Londres. Si tu voyais la maison, un vrai champ de bataille ! »

« Vous vous êtes installés dans quel coin ? »

« Je n'arrive pas encore à me repérer, je crois que ça n'est pas très loin d'ici… Mes parents m'ont déposée en voiture mais en vérité, je pense que j'aurais pu faire le chemin à pieds ». Comme Hermione baissait les yeux sur ses chaussures, Lucy ajouta : « Oui, même avec ces talons aux pieds. J'ai l'habitude, ce sont mes chaussures fétiches. Et toi, tu habites dans le coin ? »

« Oui, à quelques maisons d'ici. »

« Nous sommes presque voisines, alors… »

« Sans doute. On aurait même pu se retrouver dans le même lycée, mais je suis en pension durant l'année ». Hermione se mordit la lèvre. Encore un sujet qu'elle aurait du éviter, quelle gourde !

« Moi aussi ! »

« Ah oui ? ».

« Hein hein ! Je suis habituée : je suis pensionnaire depuis mes onze ans. »

« Moi aussi… »

Les jeunes filles eurent un temps d'arrêt. Elles restèrent immobiles à se fixer dans le blanc des yeux puis, au même moment, elles s'écrièrent : « OH MY GOD ! ».

Lucy se pencha vers Hermione et lui demanda sur un ton très confidentiel : « Alors, tu es une sorcière ? »

« Sang-de-bourbe et fière de l'être », confirma cette dernière en lui tendant la main.

« Sang-mêlé pure souche, ma chère », répondit Lucy en serrant la main tendue.

Elles échangèrent un sourire complice.

« Alors, il y a d'autres jeunes sorciers, dans le coin ? »

Hermione secoua la tête.

« Malheureusement, je suis la seule. Si tu savais l'horreur que c'est de passer les vacances dans cette foutue banlieue ! J'ai beau être chez moi je ne connais personne de mon âge ! »

« Maintenant, si ! C'est vrai que c'est…difficile d'être ami avec un moldu. Il faut rester sur ses gardes en permanence. J'en ai fait l'amère expérience… Heureusement, il y a les amis sorciers ! »

Hermione se décomposa.

« Quoi, tu n'en as aucun ? », s'étonna Lucy.

« Si, bien sûr que si. Mais…pendant les vacances, c'est comme si je n'existais plus. Je sais qu'ils se voient entre eux et ils ne pensent jamais à m'inviter. Même à l'école, quelque chose a changé, je le sens. Avant, on était inséparables, et maintenant… On grandit, c'est tout. Les garçons et les filles ne sont peut être pas faits pour être amis… »

« Attends, tes deux amis sont des garçons ? Tu n'as aucune amie fille ? »

« Tu trouves ça bizarre, toi aussi ? »

« Eh bien… Je pense qu'au fur et à mesure que l'on vieillit, il devient difficile d'entretenir une amitié tout à fait désintéressée avec un garçon. Une gêne s'installe, il y a toujours un doute. Les autres se posent des questions et toi aussi, tu t'en poses. Qui te dit qu'il ne ressent pas plus que de l'amitié, pour toi ? Enfin tu vois le genre… »

« Harry est comme un frère, pour moi, il n'y a rien à dire de plus. Quant à Ron… »

« Ron ? »

« Je crois que ça fait un bout de temps que j'ai un faible pour lui. » Hermione était rouge comme une tomate. « Mon Dieu, c'est la première fois que je dis ça à voix haute. J'ai tellement honte ! »

« Ne sois pas ridicule, tu n'as pas à avoir honte. Tu es une fille, c'est un garçon, c'est une réaction tout à fait normale. Au moins, tu vois de quoi je voulais parler. Entre deux garçons et une fille, les choses finissent toujours par se compliquer, c'est inévitable ».

« Tu as sans doute raison. Après tout, ils sont sur un pied d'égalité, quand ils sont tous les deux, ils se comprennent. Moi, en tant que seul représentant du sexe opposé, je suis…une extra-terrestre ».

« Je n'aurais pas dit mieux moi-même ».

« Le problème, c'est qu'Harry et Ron ont toujours été mes meilleurs amis. Les autres filles ne m'aiment pas beaucoup, tu sais. »

« Moi, je t'aime bien ».

« Tu ne me connais même pas ! »

« Bien sûr que si. Dis-moi ce que tu portes et je te dirai qui tu es. Tes chaussures me disent que tu ne portes pas souvent de talons. Ces cinq centimètres doivent déjà te paraître énormes. Tu les a sûrement achetées il y a des années et tu les ressors à chaque grande occasion, n'est-ce pas ? »

Hermione hocha la tête. Bon sang, cette fille était vraiment douée.

« Pour ce qui est de ta robe, poursuivit Lucy, elle me paraît neuve. Tu as dû l'acheter spécialement pour ce soir. Elle est simple, élégante, discrète. Un classique que toute fille qui se respecte devrait avoir dans sa garde-robe. Seulement, ça, tu ne devais pas le savoir en l'achetant : tu n'aimes pas vraiment le shopping. Tu as dû la choisir pour ses lignes sobres et sa couleur discrète. Tu as peu confiance en toi donc, pour éviter de te ridiculiser en public, tu fais en sorte de passer inaperçu. Alors ? »

« Moi tout craché ».

« Je le savais ! »

« Je me sens tellement prisonnière de cette image que j'ai envie de hurler ».

« J'ai tout le temps envie de hurler. »

« Pourquoi ? Tu as l'air tellement…sûre de toi ! »

« C'est vrai mais…je fais erreur sur erreur. Tout ça, c'est de la poudre aux yeux… » Les larmes lui montaient aux yeux, Lucy évitait de croiser le regard d'Hermione.

« Puisqu'on en a toutes les deux envie…allons hurler ! », s'exclama cette dernière.

« Quoi ? »

« Tourne-toi. Qu'est-ce que tu vois ? »

« Le parc ».

« Qu'est-ce qui nous sépare du parc ? »

« Une fenêtre ».

« Mieux que ça : une porte-fenêtre. Au rez-de-chaussée. Si on l'ouvre maintenant pour sortir, aucun des invités ne s'en rendra compte. Grâce à quoi ? »

« Grâce aux rideaux ! »

« Elémentaire, ma chère McCulkin ! »

Les deux jeunes sorcières se sourirent et actionnèrent ensemble la poignée. Elles se ruèrent dehors avec soulagement et respirèrent avec bonheur l'air vivifiant du soir. Elles s'éloignèrent le plus possible du manoir.

« Au fait… »

« Oui ? », s'enquit Hermione.

« Je préfère être Sherlock Holmes. »

« Je te laisse volontiers la vedette. »

« Elémentaire, ma chère Granger. A trois… »

« Un… »

« Deux… »

« Trois ! »

« Aaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh! »

TO BE CONTINUED . . .