Dream about me
Situation : Bonjour à tous, pour cette histoire, je me base sur le deuxième anime qui suit la trame du manga, car bien qu'appréciant énormément la première version et le film COS, les éléments de ce deuxième opus me serviront dans cette fanfiction. Al a retrouvé son corps, Ed n'a plus son automail au bras et a perdu son alchimie. J'explique la situation générale actuelle qui se situera donc après la fin de l'anime dans le début de la fic, donc inutile de le faire ici. Je ferai une seule modification à l'histoire (qui, j'en profite, appartient à Hiromu Arakawa), qui sera de ressusciter Maes Hugues, personnage qui aura un rôle important ici (comme si sa mort n'avait pas eu lieu, qu'il avait survécu à ses blessures, j'entends). Cette histoire verra se développer à terme la relation homosexuelle Roy-Ed, ceux qui ne l'apprécient pas sont prévenus.
Du côté personnel, je me suis toujours battue contre moi même pour finir une fanfiction, et c'est avec joie que je vous annonce que c'est la première fois que je réussis à coucher sur la toile jusqu'au bout une de mes idées de scénario, pourtant débordantes. Je retouche néanmoins peu à peu certains passages, la publication se fera donc tout de même par chapitres.
Concernant l'écriture, j'accepterai avec plaisir vos remarques. Pour tout vous dire, je lis tellement en anglais qu'écrire une fic de FMA en français m'a parfois semblé bizarre, pour certaines expressions des personnages, qui sonnent maintenant si bien à mes oreilles en anglais et qui sont si dures à retranscrire en français. Peut-être le ressentirez-vous parfois dans mon écriture.
Quoi qu'il en soit, je me fais une joie de lire vos éventuels commentaires !
Bonne lecture de ce premier chapitre.
Le soleil brillait haut dans le ciel. Ses rayons avaient teinté la peau d'Edward d'une jolie couleur pêche, mais la chaleur difficilement supportable avait poussé l'alchimiste à se réfugier à l'ombre d'un arbre. Ses yeux vagabondaient suivant les lignes d'un livre.
Il y a quelques heures encore, il avait été très concentré dans ses recherches. Mais des « gêneurs » étaient venus envahir la pelouse du parc de Central, et très vite, son esprit s'était dissipé. Ses yeux quittaient régulièrement les formules alchimiques pour regarder cette bande d'imbéciles heureux jouer au football, sport qui s'était récemment développé.
Il devait bien avouer qu'il avait été réellement surpris quand il avait vu débarquer toute la troupe de Mustang, accompagné de Hugues, Al, et les inséparables Winry et Schiezka, balle ronde en main, commencer à se défouler sur ce terrain improvisé.
Apparemment, Havoc avait lancé un challenge à Breda suite à une discussion animée sur le sport, où il avait été « injustement » reproché à ce dernier de ne pas avoir « l'allure sportive » d'un militaire digne de ce nom. Piqué au vif, il avait accepté le défi et, sans leur réel consentement, tout le reste du bureau avait été enrôlé dans l'une ou l'autre des équipes par les deux « capitaines » autoproclamés.
Bref, ils avaient commencé un match endiablé sous le regard d'un Edward ébahi.
Au fur et à mesure qu'il les observait, un sentiment de tristesse qui ne le quittait plus beaucoup se mit à l'envahir de nouveau. Ed avait réussi peu à peu à le dominer, mais ces derniers temps, les vagues de mal-être étaient de plus en plus violentes et difficiles à réprimer.
Au fond de lui, il savait très bien ce qui n'allait pas, mais chaque jour il réussissait à se convaincre que ça allait passer, grâce à la présence de ses amis et de sa famille.
Sa famille...Il lui suffisait de regarder le visage d'Al et d'entendre raisonner son rire pour sentir la joie l'envahir. Son frère était là, devant lui, il courait, il riait, respirant le bonheur, et c'est tout ce qui comptait.
Seulement, il y avait ce manque, ce vide que même cet amour si grand et si fort ne réussissait pas à combler. Quand il s'en était aperçu, peu après être revenu de son long périple il y a un an, Ed avait ressenti de la honte. Une honte qui venait du fin fond de son être, et qui disait « tu es un monstre ».
L'alchimie. Son alchimie, sa force, son savoir, sa vie. Ce qu'il avait perdu, c'était une partie de son âme. Pour être honnête, c'était beaucoup plus douloureux que de perdre un membre.
Puis, Ed avait réfléchi. Non, il n'était pas un monstre. Non, il ne regrettait absolument pas d'avoir sacrifier une partie de son âme pour Al. Il l'aurait donner toute entière, même. C'était simplement une constatation. Il avait mal. Et il détestait ça. Il détestait cette pitié qu'il captait parfois dans le regard de tous ceux qui l'avaient connu comme le « héros du peuple », comme l'alchimiste de génie Fullmetal.
Au début, il avait pensé qu'il s'en sortirait sans l'alchimie, que son bonheur futur pouvait ne résider que dans les autres. Les quelques mois passés à Rizembul après qu'il ait rendu son corps à Al avaient été remplis de joie, et leur avaient offert un quotidien paisible qu'ils n'avaient plus connu depuis longtemps. Puis, il leur avait fallu à nouveau du mouvement, à lui et à Al. Ils avaient décidé de partir en voyage, chacun de leur côté, d'explorer le monde. Winry avait été déçue de les voir repartir si tôt, mais elle savait bien que les frères Elric ne pouvaient pas rester en place.
Winry...Quand Ed y repensait, il se sentait toujours un peu gêné. Même encore maintenant, il avait du mal à se comporter tout à fait naturellement avec elle.
Le jour de son départ, elle lui avait fait une sorte de déclaration maladroite. Ed, quoi qu'étant un peu ignorant pour ces choses là, avait fini par remarquer les sentiments de Winry à son égard lors de leur séjour prolongé à Rizembul. Mais il avait toujours tout fait pour éviter la situation de ce jour là. Il avait pourtant pris le temps d'y penser, d'imaginer cette relation que Winry désirait. Mais il y avait cette petite voix qui lui disait que ce n'était pas ce que lui voulait. Winry resterait une amie d'enfance. Lui, ce qu'il voulait...
Bref, ce jour là, il n'avait pas répondu. Winry avait compris. Elle avait lu dans son silence maladroit ce qu'elle redoutait tant. Elle le connaissait assez pour qu'il n'ait même pas besoin de prononcer le moindre mot, mais il s'était quand même senti lâche.
Alors, elle avait fermé les yeux et baissé la tête. Puis elle avait relevé son regard le fixant dans le sien, et elle lui avait dit « Bon voyage » en souriant. Il avait soufflé un merci, l'avait serré dans ses bras en disant pardon et était monté dans le train sans se retourner.
Dès lors, son inconscient se fit un plaisir d'enfouir profondément dans sa mémoire sa vie à Amestris, et se consacra entièrement à ce nouveau périple. Il en avait fait, des choses. Il était retourné étudier les ruines de Xerxès, puis il s'était rendu dans le pays de Ling, avait visité chaque région, avait rencontré des tas de gens différents, et avait fini par aller saluer ce satané voleur dans la contrée qu'il dirigeait actuellement.
Au bout d'un an, Al était rentré et s'était installé à Rizembul. Mais Ed ne voulait pas rentrer. Il n'avait pas fini son voyage. Il avait trouvé un nouvel os à ronger ici. Une nouvelle passion qui ravivait sa flamme, et entretenait l'espoir, l'elixirologie. Il ne pouvait pas non plus la pratiquer, mais toutes ces nouvelles théories suffisait à sa motivation. Aucune science ne résisterait à Edward Elric.
Il avait appris les bases avec May, puis à force de lectures et de recherches, l'élève avait vite dépassé le maître, jusqu'à maîtriser tout le savoir théorique connu des Xingois. Quand il n'avait plus rien trouvé à se mettre sous la dent, et que le sourire des gens d'Amestris lui était soudain revenu en mémoire, il s'était enfin décidé à rentrer, après deux ans.
Dans le train, il avait trépidé d'impatience à l'idée de revoir son frère, Winry, et la team de Mustang. Mustang...Rien que l'évocation de ce nom suffisait à le faire frissonner. Il allait de nouveau être confronté à ce regard charbonneux, devoir écouter cette voix grave, subir ce sourire moqueur, et cette pression que son corps lui imposait en la présence de son ancien supérieur.
Mais bon, il l'avait bien gérée jusque là, pourquoi tout se mettrait à changer maintenant...
Puis il avait retrouvé Al, solide et enjoué, grandi. Winry faisait plus jeune femme. Pinako n'avait pas changé. Ces trois là l'avaient accueilli à bras ouverts et toutes ses inquiétudes s'étaient envolées.
Il avait failli tomber dans les pommes quand Al lui avait annoncé qu'il partageait avec Winry une relation d'une nouvelle sorte. Mais Ed s'était senti un peu soulagé. Le choc passé, ils avaient commencé à discuter de leur avenir. Al rêvait de débuter des études de médecine à Central, et Winry d'ouvrir sa boutique d'automail en le suivant. Et Ed savait bien que son envie d'y retourner était cachée quelque part au fond de lui. C'est là bas qu'il pourrait mener les recherches qu'il souhaitait, avec la matière nécessaire à cela. Là-bas, il pourrait travailler à son but ultime. Ce projet tournait depuis si longtemps dans sa tête qu'il n'en dormait plus la nuit. Avec ses connaissances de l'elixirologie nouvellement acquises et de son savoir scientifique ancré plus profondément, il allait retrouver son alchimie. C'était son nouvel objectif pour avancer.
Et c'est ainsi qu'il s'était retrouvé à payer les loyers d'un petit appartement pour le « couple » (il avait encore du mal à se faire à l'idée) et d'un autre logement pour lui même en centre ville, séparés de deux rues à peine, avec les économies qu'il avait fait grâce à ses salaires d'alchimiste d'état.
Ed aurait aimé se consacrer totalement à ses recherches, mais il savait bien que le rêve d'Al avait un coût. Même si ce dernier l'ignorait, le compte d'Ed se viderait à grande vitesse avec deux loyers à payer chaque mois. Il devait retrouver un travail au sein de l'armée. Il ne pourrait plus être alchimiste d'état, mais il pourrait probablement intégrer une équipe de recherche sur l'alchimie.
Et voilà. Un mois s'était écoulé depuis leur réinstallation à Central, Ed avait décroché le poste voulu grâce aux contacts de Hugues, Al s'était bien intégré à la fac, et la boutique de Winry se mettait doucement en place dans un local en dessous de leur appartement. Pinako avait participé de moitié aux frais d'achat, et les Hugues avaient offert le reste de bon cœur à celle qu'Elisya appelait « grande soeur ». Winry avait promis de les rembourser quand son affaire marcherait bien.
Le colonel bâtard était maintenant général et prenait soin de sa troupe, comme avant.
Et maintenant, sous cet arbre, ayant renoncé à travailler sérieusement sur son livre, et laissant son regard glisser sur les sportifs improvisés qui suaient dans leur chemise de travail sous le soleil de l'été, Ed se souvenait de tout ça, une sensation dérangeante envahissant tous les pores de sa peau bronzée.
Pourquoi tout le monde semblait-il heureux ? Pourquoi Ed faisait-il exception à la règle ?
Il le savait. Il avait eu le temps de dresser son bilan. Il avait dix-neuf ans et trois ans après la fin de la guerre contre Père et les homonculus, il n'avait toujours pas retrouvé la partie manquante de son âme.
Ses recherches avançaient trop lentement à son goût malgré toutes les heures passées à remplir des feuilles de cercles et de formules. Il passait sa journée au QG à travailler sur des théories et la nuit à s'acharner sur d'autres.
Une autre obsession venait aussi souvent le détourner de ses recherches. Une obsession brûlante, une obsession aux yeux noirs insoutenable.
Sous la chaleur ambiante, son cœur et son esprit semblait vouloir éclater.
C'est la première fois qu'Edward ressentit l'envie de tout abandonner.
L'envie de mourir.
