Desperate Dark Ladies
Avis à la population : le Silmarillion et le Seigneur des Anneaux appartiennent à Tolkien, Desperate Housewives à Marc Cherry, Astérix à Goscinny et Uderzo, et la démonstration de l'hypothèse de Riemann à celui qui arrivera à la faire (et qui deviendra millionnaire par la même occasion). Et là vous vous dites, c'est quoi ce truc de malades...
Et il n'est question d'aucun corps retrouvé dans un coffre à jouets...
Episode 1 : celle qui a été traumatisée à vie
Nous étions en 403 du Premier Age. Toute Arda était occupée par le Seigneur Noir. Toute ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles elfes résistait encore à l'envahisseur. Ce village, du nom de Paumé sur Loin, était dirigé par un elfe du nom de Finarfin. Il avait quatre garçons et deux filles, nommées Galadriel et Sulring.
Ce jour-là, Finarfin reçut la visite de son grand ami et allié : Thranduil, dirigeant du village de Chépaoù. Chépaoù était situé à proximité de Paumé sur Loin, et résistait également au Seigneur Noir. Cela dit, vu que les deux villages réunis n'atteignaient pas une superficie de plus de 40km², le Seigneur Noir n'était pas à ça près.
Finarfin donna un grand banquet en l'honneur de son ami. Et pour cause, ce jour était important : Finarfin allait sceller son alliance avec Thranduil en lui offrant une de ses filles en mariage.
Pendant le banquet, les deux filles de Finarfin étaient assises à côté et discutaient.
- Dis, grande soeur, commença la plus jeune, Sulring, âgée de douze ans, c'est qui le grand blond que Père a invité ?
- Notre allié, le Seigneur Thranduil de Chépaoù, expliqua Galadriel. Père l'a invité pour confirmer leur alliance. Et il paraît que celui-ci est censé épouser l'une de nous.
- Laquelle ?
- Il choisira après le repas.
- Super, railla Sulring. N'as-tu pas l'impression d'être un melon vendu sur un marché ?
- Si. Mais le rôle d'une princesse...
- Tu parles, vu la taille du royaume...
- Donc, reprit-elle, le rôle d'une princesse est d'être mariée à un grand seigneur pour sceller une alliance.
- Système à la ...
Elle se prit un coup de coude de la part de sa soeur avant d'avoir pu finir.
- Noix, compléta-t-elle. Vive la liberté...
Puis le banquet s'acheva. Les deux soeurs se levèrent de table et se présentèrent devant Thranduil. Celui-ci les regarda attentivement. Tout semblait les opposer. L'une était grande, aux yeux bleus et aux cheveux couleur des blés, tandis que l'autre était plus petite, du fait de son âge, aux yeux vert foncé et aux cheveux noirs comme l'ébène, qui contrastaient avec son teint pâle. Mais les deux avaient les traits très fins, et étaient déjà d'une beauté sans égale.
Thranduil, ne sachant qui choisir, commença à dire : « ams stram gram... ». Il ne fit pas preuve du bon sens logique qui lui aurait dit de choisir la plus âgée, de vingt ans de plus que sa soeur, l'autre étant encore une enfant. Mais manque de bol, le sort en avait décidé autrement.
- Je choisis la plus jeune, dit-il.
Galadriel lança un regard désespéré à sa soeur, puis s'adressa à Thranduil :
- Sulring est trop jeune pour être mariée, laissez-la grandir un peu, et épousez-moi à sa place, supplia-t-elle.
- Désolé de vous décevoir, princesse Galadriel, mais j'ai choisi votre soeur.
Elle s'adressa alors à son père :
- Regardez-la, Père, elle est encore une enfant.
Finarfin ne voulait pas contrarier son allié. S'il voulait épouser Sulring, qu'il en soit ainsi.
Et deux jours plus tard, ce fut le cas. Sulring fut habillée avec une magnifique robe blanche trois fois trop grande pour elle. Elle fut également coiffée comme le sont habituellement les mariées de Paumé sur Loin, à savoir avec deux chignons de chaque côté du crâne, faisant penser à des antennes paraboliques de TPS.
Puis, Finarfin l'unit à Thranduil. Elle dut promettre amour et fidélité éternels, comme si à cet âge-là, on s'en préoccupait vraiment. Et de son côté, Thranduil promit la même chose. Puis la cérémonie s'acheva.
Galadriel serra une dernière fois sa sœur dans ses bras, avant son départ.
- On se reverra, petite sœur, je te le promets.
- Ne t'inquiète pas, Chépaoù, c'est à côté.
Mais ce que Sulring ignorait était qu'elle ne passerait pas la majeure partie de sa vie à Chépaoù, mais bien plus loin.
- Et s'il te fait du mal, tu reviens.
- D'accord, ne t'en fais pas. Au revoir grande sœur. Prends soin de toi et sois heureuse.
Galadriel lâcha sa sœur qui partit avec Thranduil.
Ils arrivèrent à Chépaoù une heure plus tard, alors que le soleil se couchait. Chépaoù était un joli petit village, de 3000 habitants environ. Ceux-ci s'étaient massés devant le palais pour acclamer le retour de leur roi. Ils se prosternèrent tous devant lui, puis celui-ci entraîna sa nouvelle épouse à l'intérieur du palais.
Sulring était épuisée par le voyage. Elle l'avait fait à pied, car les chaises à porteurs lui donnaient le mal de mer.
- Veuillez m'excuser, monseigneur, mais je vais me coucher, je suis crevée.
- Il n'en est pas question.
- Je vous demande pardon ?
- Vous oubliez la nuit de noce.
- Ca ne peut pas attendre quelques années ?
- Non.
Il la prit par le bras et l'emmena dans la chambre.
- Je vais vous expliquer votre rôle ici, Dame Sulring, commença-t-il d'un air menaçant. Vous serez ici en tant que pondeuse de gamins. Vous ferez également le ménage, la lessive, la cuisine et vous vous occuperez de vos enfants.
Elle déglutit et demanda :
- Et je serai payée ?
- Et puis quoi encore ?
- Dans ce cas, allez voir à Angband si j'y suis, fit-elle en se dirigeant vers la porte.
Cela acheva de mettre Thranduil hors de lui. Sulring avait dit le nom de cette cité maudite sans réfléchir, comme elle aurait pu dire le nom d'une autre ville, mais elle n'imaginait pas le conséquences que cela aurait. Il se planta devant la porte et lui barra le passage.
- J'ai dit ça sans réfléchir ! se reprit-elle, voyant l'air de plus en plus menaçant de son époux. J'aurais pu dire Paumé sur Loin aussi !
Thranduil s'en fichait. Il ne pouvait de toute façon pas admettre qu'une femme se révolte contre lui, surtout si celle-ci n'avait que douze ans et deux têtes de moins que lui.
- Que ce soit clair, c'est moi, le chef ici. Compris ?
- Compris, bredouilla-t-elle en reculant, morte de trouille.
- Bien, grogna-t-il. Enlève ta robe de mariée.
- Q-quoi ?
- Fais ce que je te dis.
Comme si le ton sur lequel il le disait ne suffisait pas, il dégaina une épée et la pointa sur elle. Du coup, elle obéit. Il la plaqua sur le lit et elle se mit à pleurer, en devinant ce qui allait lui arriver. Il posa son épée au sol et elle se débattit (Sulring, pas l'épée).
- Je vous en prie, ça ne sert à rien, je ne peux pas encore avoir d'enfants ! Arrêtez ! supplia-t-elle.
Il lui donna une claque qui l'assomma à moitié.
- Ne bouge pas et arrête de pleurer, c'est indigne de toi ! ordonna-t-il.
- Espèce de pédophile, grogna-t-elle alors qu'il l'empêchait de bouger.
Elle ne reçut qu'une seconde claque. Puis elle arrêta de se débattre, sachant que cela ne servait à rien. Il était trop fort pour elle. Elle se jura de se venger plus tard.
Quand son calvaire fut fini, elle poussa la masse de Thranduil affalé sur elle et vomit sur le tapis. Lorsqu'il comprit (et sentit) ce qu'elle avait fait, il lui cria dessus. Elle le frappa de toutes ses forces, et finalement réussit à l'assommer.
Mais cela ne durerait pas longtemps. Elle se leva d'un bond et examina les possibilités qu'elle avait. Si elle sortait et se baladait dans le village en robe de mariée, tout le monde comprendrait et la ramènerait à son psychopathe de mari. Elle fouilla alors dans le placard et s'empara d'une tenue d'homme qui avait l'air de lui aller. Elle la mit, prit l'épée de la chose qui lui servait de mari et s'enfuit sans demander son reste.
Dehors, la nuit était tombée. Elle ne connaissait personne à Chépaoù. Elle préféra s'enfuir du village. Elle escalada les remparts et se retrouva devant une terre dévastée et stérile.
Elle courut tout droit, voulant mettre le plus de distance possible entre elle et Thranduil.
Elle regretta son geste lorsqu'elle tomba sur une armée d'orques qui se dirigeait droit devant elle. Elle avait toujours craint ses résidus d'elfes. Mais elle ne pouvait s'enfuir : ils l'avaient vue.
L'un d'eux, très laid, semblant être le chef, se dirigea vers elle et lui dit :
- T'es qui, toi ?
Si elle disait la vérité, elle se ferait tuer, ou pire. Elle avait entendu des rumeurs comme quoi les femmes elfes étaient envoyées chez le Seigneur Noir pour son usage personnel. Elle ne comprenait pas le terme « usage personnel » mais préférait ne pas savoir ce que cela signifiait. Elle décida donc de mentir.
- Je m'appelle Glorfindel, je viens de Paumé sur Loin.
- Ah oui, le fameux village de Paumé sur Loin. Je ne comprends pas pourquoi le Maître ne veut pas que nous y allions.
- On ne te demande pas de réfléchir, s'exclama un autre, mais d'obéir.
- D'accord, se résigna le premier. Mais je me demande un truc… qu'allons-nous faire de ce type ?
Sulring déglutit et déclara :
- Je peux intégrer votre armée, si vous voulez.
Après tout, c'était la seule solution qu'elle avait. Elle ne pouvait plus retourner à Paumé sur Loin chez sa sœur. Alors se faire passer pour un homme et intégrer l'armée des orques semblait être le meilleur moyen de survivre.
- Sais-tu te servir d'une épée ? demanda le chef.
- Euh, oui, mentit-elle.
- Fais-nous une démonstration, que je voie ce que tu vaux. N°S 243-67, ici ! Battez-vous en duel, jusqu'à la mort.
Sulring déglutit à nouveau tandis que le dénommé S 243-67 s'amenait vers elle. Il était immense, façon armoire à glace et portait une gigantesque masse d'armes à la main, et une épée dans l'autre. Il leva la masse et s'apprêta à l'abattre sur elle.
A cet instant précis, Sulring regretta de ne pas leur avoir dit la vérité. Elle aurait cent fois préféré servir à l'usage personnel du Seigneur Noir, quel qu'il soit. De toute façon, elle ne pouvait pas vivre de pires moments que ceux qu'elle venait de passer avec Thranduil.
Elle s'écarta juste à temps pour éviter de se faire broyer les os. Elle leva l'épée de son mari et croisa le fer avec le S 243-67. Et puis l'instinct de survie prit le dessus. Elle esquiva la majorité de ses coups. Elle était légère et rapide, alors que lui, du fait non seulement de sa corpulence, mais aussi de son armure, était lent.
Puis l'attention de son adversaire faiblit un instant, lui laissant un passage. D'un grand mouvement du bras, elle lui coupa la tête. Le reste s'affaissa sur le sol, manquant de l'écraser.
Le chef la regarda et déclara :
- Vous êtes engagé. Vous vous appellerez désormais S 243-512.
Il lui déchira sa manche et lui grava avec son épée son matricule sur le bras.
