Une suite possible de "A mon dégoût". Aucune idée de ce que ça va donner je suis juste assez motivée pour l'écrire. ^^
J'attends vos avis. Bonne lecture
Elle ne pouvait rien faire. Qu'aurait-elle dû faire ? Que pourrait-elle faire à présent ? Toute sa grande intelligence ne servait à rien aujourd'hui. Elle n'avait pas vu, pas compris. Elle n'aurait jamais pu imaginer cela. Comment ? Pourquoi ? Ce prix était bien trop élevé. Pourquoi n'avait-elle rien vu ? Son renfermement, son éloignement, sa tristesse. Cette jeune femme était en or. En or pur. Et elle a voulu se briser. Mais l'or ne se casse pas. L'or est plus pur que tout cela. Elle devait le comprendre. Elle aurait dû le comprendre.
Minerva se faisait mille reproches depuis la lecture de la lettre. Au fond, elle n'était pas si surprise. Elle comprenait les motivations de l'héroïne de guerre. Elle savait comme ce titre était lourd à porter et surtout qu'il était fallacieux. Ce n'était pas un prix. Ce n'était pas un cadeau. Une malédiction tout du moins. C'était l'art de la tromperie. Le porter était porter un masque. Faire semblant d'accepter de porter le poids du monde sur ses épaules. Faire semblant que ce poids n'était rien. Mais en réalité, ce n'était rien de moins que d'accepter pour soi la mort de tous. C'était avouer sa culpabilité. C'était délester les autres de leur responsabilité. Comment accepter cela d'une adolescente de dix-neuf ans ? Comment accepter de donner ce rôle à une fille aussi jeune ? Aussi intelligente fût-elle.
Impardonnable ! Et Minerva se sentait plus coupable encore. Elle n'avait pas bronché. Elle n'avait pas su protéger les siens. Elle avait perdu certains de ses gryffondors. Elle avait perdu certains de ses amis et elle n'avait pas une telle importance alors qu'elle avait moins à perdre qu'Hermione.
Hermione. Son prénom résonnait inlassablement dans sa tête. Son visage n'était plus éclairé comme autrefois et ça la déchirait. Dans toute son âme un cri éventrait son cœur. Comment avait-elle pu laisser passer cela ? Comment un tel acte avait-il pu se produire sous sa direction, sous sa vigilance ?
Les murs étaient trop blancs dans cette salle. Trop de pureté pour un monde impur. Non ! Non ce n'était pas comme ça qu'elle pensait. Non, elle croyait en la vie, en la joie qui la construisait. La vie est aussi belle que meurtrière. C'est un fait. Il n'en est pas moins vrai qu'elle vaut la peine d'être vécue. Ne serait-ce que pour rencontrer, une fois, un être aussi incroyable qu'Hermione Granger.
Elle l'avait senti. La jeune sorcière n'était pas n'importe qui. Dès leur première rencontre, l'avenir était tracé : Hermione Granger allait accomplir des exploits. Rien ne l'arrêterait. Rien ne l'avait arrêtée. Elle s'était arrêtée seule. Toute son intelligence, toutes ses connaissances ne pouvaient rien contre le désir d'en finir. Elle était gryffondor : elle fonçait, elle agissait. Pour une fois, elle n'avait pas écouté son cerveau. Elle n'avait pas fait attention aux autres. Pour une fois, elle s'était centrée sur elle-même. Pour une fois, elle s'était mise prioritaire sur sa liste. Seulement, c'était la mauvaise liste. Pas celle de l'avenir, pas celle de la construction. Celle de la fin, de la destruction.
Cette lettre. Elle la tenait dans son poing serré. Elle l'avait relue encore et encore. Le pire : elle comprenait le geste. Elle enviait la fausse assurance de son élève, de son amie. Etre aussi sûre de soi. Se donner soi-même le dernier coup. Hermione était définitivement quelqu'un d'extraordinaire. Mais elle devait aussi voir que son geste n'avait pas de vérité. Qui pourrait oublier de telles horreurs ? Qui accepterait que le monde oublie ? Un geste vain mais de véritables convictions. Voilà ce qu'elle pensait. Mais derrière tout ça. Un masque. Un abandon. Une fissure. Une perte.
Minerva ne pouvait pas voir un tel acte se reproduire. Elle devrait redoubler d'attention. Tous pouvaient suivre cet exemple. Si l'un des membres du Trio d'or se donnait volontiers la mort par peur de l'avenir, qu'est-ce qu'une personne anonyme pouvait faire ? Ou était-ce justement cela la raison ? Trop de regards sur elle, trop d'attentes à son encontre ? Se croyait-elle seule ? Trop seule pour faire face ? Trop seule pour tenir en un seul morceau par elle-même ? Ils étaient trous brisés. Pas un n'avait échappé sans séquelle.
Minerva tenait toujours la lettre. La lettre incriminée comme si c'était la lettre la responsable. Elle ne renfermait que les mots et les maux de la jeune sorcière. Hermione n'avait pas dit sa blessure. Elle l'avait étouffée. La lettre la criait désormais. Trop tard. C'était trop tard dès que la plume avait commencé à tracer des lettres qui formaient des mots qui incriminaient les maux.
Son corps reposait désormais sur le drap blanc. Blanc. C'était sûrement la couleur de son âme lors de leur première rencontre mais Minerva ne le jurerait plus. Elle savait qu'Hermione avait subi des discriminations diverses avant de savoir la raison. Pourtant, elle avait pleinement et joyeusement accepté son état malgré toutes les brimades que cela lui avait valu. Elle avait voulu prouver sa valeur dépassant toutes les attentes. Elle était une héroïne de guerre ! Elle avait battu et vaincu. Elle s'était vaincue.
Minerva ne pouvait détacher les yeux de la frêle silhouette. Pomfresh s'affairait comme si elle pouvait changer le cours du destin. Minerva croyait en la lettre : elle arriverait trop tard. Quoi qu'il arrivât, elle était intervenue trop tard. Hermione mourrait ou Hermione ne serait plus jamais la même.
C'était avec une fascination extrême et un souffle retenu qu'elle s'approcha du lit. Elle avait perçu un imperceptible mouvement. Elle se tenait au-dessus du regard de la sorcière brune. Ses yeux s'ouvrirent. Vides de sens, vides de question. Un puits sans fond. Pas de douleur, pas d'attente. Rien. Une seule phrase sortit des lèvres bleutées. Une phrase unique, percutante, douloureuse.
-Je vous avais dit que vous arriveriez trop tard. Vous auriez dû m'écouter.
