Hey !

Ça fait un moment que je réfléchis à une fiction centrée sur Draco. Un Draco qui volerait les exploits d'Harry Potter (avec tous les problèmes qui vont avec x). J'attendais d'avoir une idée assez claire de la fin avant de me lancer et... nous y voilà ! J'espère que l'idée et l'histoire vous plaira !

Edit : Cette histoire est aussi disponible sur Wattpad sous le nom "À double tranchant" (toujours aussi peu inspirée pour les titres, je sais) quelques détails, erreurs, y sont corrigés ^-^

www*wattpad*com/story/178776683

Edit2 : Les chapitres un et deux ont été fusionnés ensemble et réécris parce qu'au final, ils étaient trop courts et je n'étais pas entièrement satisfaite en les relisant. (Les changements sont mineurs et n'affectent pas le déroulement de l'histoire, je préférais seulement une meilleure entrée en matière).

Donc un grand merci à Soyann pour ses conseils et m'avoir éclairée, désolée pour tout le blabla... Sur ce,

Bonne lecture ! ^o^


Chapitre I : Sous la trappe


Les ombres de la nuit vacillaient à la lumière des torches. Dans le silence profond qui enveloppait Poudlard, on entendait parfois le grincement d'une armure ou les pas du concierge, Rusard, qui patrouillait en veillant à ce qu'aucun élève ne se balade hors du dortoir à son insu.

Sauf que cette nuit-là, quatre silhouettes lui avaient échappé. Les trois premières appartenaient à Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, cachés sous une cape qui les rendait parfaitement invisibles. Les Gryffondors avaient ainsi gravi les étages et pénétré dans le couloir interdit du deuxième étage.

Le silence qui suivit leur passage fut dérangé par le bruissement d'une robe de sorcier et l'ombre de Draco Malfoy se faufila à son tour dans le couloir interdit.

Les torches continuèrent à se consumer lentement en projetant des lueurs vacillantes, sans qu'aucun d'eux ne ressorte. Ils semblaient s'être volatilisés.

Et pour cause, Draco se trouvait loin à présent, profondément enfoncé dans les entrailles du château. Plus précisément dans une petite salle dont les sorties étaient bloquées par des flammes magiques, violettes et noires. Il s'apprêtait à traverser le feu sombre.

Il avança en plissant ses yeux gris par réflexe, bien qu'il ne ressente aucune chaleur au milieu des flammes. Au bout de quelques pas, celui-ci se fit moins dense, laissant entrevoir une grande salle circulaire au milieu de laquelle s'élevait un immense et ancien miroir.

Et devant ce miroir, sur le sol, Potter affrontait… Quirrell ?

Quirrell dont le turban était tombé au sol, dévoilant un second visage derrière son propre crâne. Un visage terrifiant. Ce n'était pas ce qu'il espérait. Tout ce qu'il voulait, c'était découvrir ce que trafiquait le survivant et sa bande dans le couloir interdit du deuxième étage. Pas ça. Le cœur battant, Draco fit un pas en arrière, mais ce mouvement attira l'attention de Potter.

– Malfoy ? fit-il, la voix étouffée par le bras de Quirrell en travers de sa gorge.

Draco recula encore, mais les flammes dans son dos l'empêchaient de revenir en arrière. Comment… Comment avait-il pu s'enliser à ce point dans la bouse de dragon ?!

Tout ça à cause de cette fichue retenue dans la forêt interdite.

Draco savait que Potter, le rouquin qui lui servait de meilleur ami et la Sang-de-Bourbe préparaient quelque chose. Un soir après le couvre-feu, il les avait surpris à sortir de l'enceinte du château pour se rendre chez Hagrid.

Au lieu de les suivre, il partit à la recherche d'un professeur à alerter. Il espérait que ce soit le professeur Snape, mais la première à croiser son chemin fut McGonagall. En le voyant, son regard sévère lança des éclairs. Draco s'empressa de s'expliquer :

– Potter, Granger et Weasley sont dehors, professeur, dit-il. Je les ai vus sortir pour aller chez Hagrid. Ils préparent quelque chose.

Le professeur McGonagall plissa les yeux, les réduisant à deux fentes.

– Venez avec moi, Malfoy.

Au lieu de se méfier de son ton sec, Draco se réjouit. Il allait pouvoir assister au sermon que subiraient les trois Gryffondors, et eux sauraient qu'il en était responsable en plus. Ça ressemblait à un cadeau de noël. Pas une seule seconde, il n'envisagea que ce joli cadeau pouvait être piégé.

Grâce à ses indications, ils n'eurent aucun mal à retrouver les trois fautifs. Avec un petit sourire supérieur, Draco écouta le professeur McGonagall les réprimander vertement, leur reprochant un comportement qu'elle jugeait inacceptable et déshonorant pour la maison Gryffondor. Et leurs mines décomposées quand elle leur retira cinquante points chacun valaient tout l'or de Gringotts.

– Quant à vous, Malfoy… poursuivit sèchement le professeur McGonagall en se tournant vers lui.

Draco perdit son sourire. Réalisant un peu tard qu'il avait omis un léger détail. Car en fin de compte, lui aussi se baladait hors de son dortoir après le couvre-feu.

– … soyez certain que le professeur Snape en sera informé. Vous aurez tous les quatre une retenue.

La retenue ne manqua pas. Et elle eut lieu en pleine nuit, au beau milieu des troncs sinistres de la forêt interdite. Tout était plongé dans une brume inquiétante et les hauts feuillages masquaient le ciel d'encre, empêchant les rayons de lune de parvenir jusqu'à eux. Draco eut envie de frissonner mais jeta un regard en biais à Potter et ne le fit pas – question de fierté.

Il rappela tout de même Crocdur près de lui en relevant la lanterne dont la lueur ne parvenait pas à percer l'épaisse obscurité. Dans ce silence le moindre bruissement, le moindre craquement le mettait sur les nerfs. Pour ne plus les entendre, Draco recommença à se plaindre ; cette retenue dans la forêt interdite, Poudlard pouvait être sûr que son père en entendrait parler.

– À t'entendre, on pourrait croire que tu es terrifié, commenta Harry.

– Dans tes rêves, Potter.

Non seulement il paraissait relativement calme mais en plus il prenait le temps de le provoquer. Se croyait-il intouchable parce qu'il était le Saint Potter ? Draco se jura qu'à la première créature hostile qui bondirait sur eux, il laisserait Potter comprendre qu'il avait tort.

Soudain, Crocdur cessa d'avancer et poussa un jappement apeuré, le museau tourné vers une pente dégagée, sur leur droite. Draco dépassa les troncs d'arbre qui lui barraient la vue en levant plus haut la lanterne et un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale.

Dans une clairière à quelques pas d'eux, une licorne morte gisait sur le sol, sa beauté et son faible éclat offrant un triste et terrifiant spectacle. Terrifiant en partie à cause de la silhouette encapuchonnée qui buvait le sang argenté ruisselant de son flanc déchiqueté.

Lorsque la silhouette se redressa, Crocdur aboya plusieurs fois avant de fuir ventre à terre. Draco l'imita sans ressentir le moindre remord à abandonner Potter à son sort. S'il était intelligent, il fuirait, sinon, il découvrirait qu'être le célèbre survivant ne rendait pas immortel.

À la lueur instable de la lanterne qui se balançait dans tous les sens, Draco tenta de rattraper le molosse, trébuchant contre les souches et les racines qui surgissaient sous ses pas. Une chute plus violente que les autres lui fit échapper la lanterne mais il se releva sans s'arrêter pour la récupérer. Il avait l'impression que quelque chose dans son dos attendait qu'il ralentisse pour le mettre en pièces.

Malheureusement, sans la lueur, même faible, de la lanterne, il perdit rapidement Crocdur et se retrouva bientôt seul dans les ténèbres. Incapable de ralentir, il poursuivit sa course effrénée, se heurtant aux troncs râpeux et giflé par les branches basses.

Quand il fut à deux doigts de s'effondrer, manquant d'air, il s'arrêta sans oser regarder derrière lui. Immobile, attentif au moindre bruit, il étouffa sa respiration malgré ses poumons qui le brûlaient, réclamant désespérément de l'oxygène.

Il n'entendait rien. Il semblait être seul.

D'un geste lent, Draco sortit sa baguette et murmura :

Lumos !

Une douce lumière se répandit autour de lui, projetée sur les arbres à la forme inhabituelle qui l'entouraient. L'enchevêtrement des branches, des racines et des feuillages formait des murs épineux. Draco tourna sur lui-même pour réaliser que les plantes s'élevaient en d'étranges masses noires tout autour de lui, l'enfermant dans un labyrinthe obscur.

Il ne pouvait que revenir en arrière où s'enfoncer plus profondément dans le dédale. Sauf qu'en arrière se trouvait la terrifiante apparition encapuchonnée. Draco continua donc d'avancer, avec bien plus de prudence, et au détour d'un tronc noueux, il découvrit une lueur sanglante qui illuminait le sol. La suivre le mena jusqu'à une sorte de clairière. En son centre, les ronces s'entrelaçaient, rougeoyantes, s'élevant vers le ciel comme une colonne de feu.

Fasciné, Draco éteignit sa baguette devenue inutile dans la lumière rouge qui inondait la clairière et fit le tour de la colonne. Une forte aura magique s'en dégageait, mais il n'avait aucune idée de ce qu'elle était. Pourtant les artefacts magiques, surtout les plus puissants, l'avaient toujours passionné. Il tendit la main vers les ronces lumineuses, effleurant sa surface du bout des doigts.

Une violente décharge le propulsa sur plusieurs mètres en arrière. Il atterrit le dos dans la terre sèche et hurla. Son bras semblait plongé dans du fer en fusion. Il tira sur la manche de sa robe, s'attendant à une atroce brûlure, de la chaire fondue ou toute autre vision cauchemardesque, mais son avant-bras était intact. En le retournant, il découvrit avec stupeur un symbole couleur rubis brillant, incrusté dans sa peau pâle. Un huit couché, représentant l'infini, enfermé à l'intérieur de ce qui ressemblait à la mystérieuse colonne qu'il avait touchée.

– Mon père va entendre parler de ça… marmonna-t-il aux ronces.

Il frotta furieusement le tatouage pour l'effacer, mais parvint juste à irriter sa peau. Il jura et se releva. Sa baguette avait atterri à quelques pas de lui, il allait la récupérer lorsque des bruits de sabots retentirent, résonnant avec force. La seconde suivante, d'imposantes silhouettes jaillirent du labyrinthe, l'encerclant de toutes parts. La lumière rouge leur donnait des allures inquiétantes.

Draco eut un mouvement de recul quand l'un d'eux avança vers lui alors que les autres frappaient le sol de leurs… sabots ?

Des centaures.

Il avait entendu des histoires à leur sujet : le torse d'un homme, le corps d'un cheval, une intelligence incompréhensible pour le commun des mortels (et donc douteuse à ses yeux) et de grandes connaissances en divination ainsi qu'en astrologie. Techniquement, ils étaient civilisés, ce qui n'empêcha pas Draco de fixer les sabots de celui qui approchait avec méfiance. Hors de question de se laisser piétiner par de vulgaires créatures magiques…

En voyant le centaure fixer avec colère la marque sur son avant-bras, Draco s'empressa de rabattre sa manche pour la masquer, mais trop tard. Les sabots frappèrent le sol.

– Qu'as-tu fait, inconscient ?! Le Glyphe de la tour sacrée est le privilège du centaure le plus sage, celui qui fixe les étoiles à chaque heure de sa vie ! Pas d'un simple humain !

Sa façon de prononcer « humain » sonnait comme une insulte, mais Draco ne retint que la mention d'un privilège. Ça, et le fait qu'il risquait de ne pas profiter longtemps du privilège en question, à en juger par leurs expressions outrées.

– Il a commis le pire des sacrilèges, tonna un autre centaure en surgissant dans son dos. Qu'on le traite en conséquence !

– Tuer un poulain innocent est également un sacrilège.

Draco eut un rictus. Poulain ? Une remarque acide lui brûla les lèvres mais il la garda pour lui ; sa vie était déjà en danger, inutile d'en rajouter.

– Il n'est pas innocent. Le Glyphe est là pour le prouver.

Il y eut des piétinements d'approbation.

– Mon père a beaucoup de contacts au Ministère, lança-t-il d'un ton traînant. Si vous me faites quoi que ce soit, il fera raser votre forêt.

En voyant les visages chargés de colère autour de lui, il réalisa que la menace n'était probablement pas le meilleur choix dans une situation aussi délicate que la sienne, mais il ne se laissa pas impressionner. Ou du moins il ne le montra pas. Il était un Malfoy.

– De toute façon, il y a plus important que ça dans cette foutue forêt, ajouta-t-il.

Il réprima un frisson l'idée que la silhouette cauchemardesque buvant le sang des licornes mortes pouvait surgir à tout moment…

– Nous le savons, fit mystérieusement un troisième centaure. Nous savons bien plus que ça… Mars est très visible ce soir. Le futur… l'avenir s'annonce sombre, même pour nous autres. Ce qui rôde dans notre forêt n'est qu'un présage, mais il est funeste. Quant à ton châtiment…

– Mon châtiment… répéta Draco, railleur. Avec cette horrible marque que m'a laissé votre satanée colonne, à votre place, je m'excuserais.

– Silence, humain ! Ce n'est pas une simple marque, c'est le puissant Glyphe du TodhChaï, il ouvre les dangereuses portes de l'avenir à celui qui le porte.

Draco baissa le regard vers son avant-bras. Les portes du futur ? Ça, c'était intéressant. Il toisa les centaures qui le surplombaient de toute leur hauteur, leurs expressions flottant dans la lumière sanglante des ronces.

– Et comment ça marche ce… truc ?

– Un peu de respect, la volonté du Glyphe est impénétrable. Quant à ton sort…

– Bane, si ceci est arrivé, alors le ciel a dicté ses vœux, le coupa un centaure d'une voix douce mais ferme. Nous ne pouvons pas nous y opposer. Le mouvement des planètes est irrévocable.

– Voilà, confirma Draco avec un sourire supérieur en faisant miroiter le Glyphe.

Les portes du futur ? La fameuse divination des centaures ? Si c'était vrai, alors…

Le prétentieux petit Potter et sa horde d'admirateurs à baver devant son balai ridicule. Harry Potter le plus jeune attrapeur depuis un siècle. Le merveilleux Potter, le survivant… Célèbre juste pour une stupide cicatrice.

S'il pouvait réellement voir le futur avec ce Glyphe, les choses n'allaient pas tarder à changer.

Lorsque Draco revint dans la salle commune de Serpentard, située sous le lac, elle était vide. Des reflets émeraude coloraient les fauteuils en cuir noir et les dernières braises se consumaient dans les cheminées. Il descendit dans son dortoir plongé dans la pénombre. Les masses informes occupant les lits de Vincent Crabbe, Gregory Goyle, Theodore Nott et Blaise Zabini dormaient profondément.

Draco se laissa tomber le sien et tira les rideaux du baldaquin pour s'y enfermer. Il sortit ensuite sa baguette et lança un Lumos avant de la déposer sur la couverture. Enfin, il releva la manche de sa robe de sorcier et examina longuement le Glyphe rougeoyant.

Il ouvrait les portes de l'avenir… mais comment ?

La seule explication que les centaures avaient daignée lui donner était que la volonté du Glyphe était impénétrable. En d'autre terme, ce truc agissait par lui-même ?

Draco tenta de tapoter le mystérieux dessin, mais en vain. Le frotter ne donna rien de plus, et même en le frappant franchement, il n'obtint pas la moindre réaction. Il se laissa tomber en arrière et fixa le plafond, pensif.

Est-ce que les centaures s'étaient payés sa tête et le Glyphe ne possédait en réalité aucun pouvoir ? Non, leur colère avait été bien réelle en le voyant avec. Il fallait qu'il en comprenne le fonctionnement. Demain, il irait à la bibliothèque. Il devait bien y avoir un ouvrage sur les créatures magiques qui traiterait de la divination des centaures.

Le lendemain, après le cours de potions, Draco remonta dans le hall d'entrée. C'était l'heure du déjeuner et il vit ses deux comparses dévier vers la Grande Salle, comme attirés par un aimant.

– Où vous allez ? lança-t-il d'un ton traînant.

– Manger ? répondit Crabbe.

– Raté. J'ai des recherches à faire, on va à la bibliothèque, dit-il en tournant vers les grands escaliers de marbre.

– Mais on mangera quand ? s'inquiéta Goyle.

– Quand j'aurai la réponse à mes questions, répliqua implacablement Draco. Allez, venez.

Après un dernier regard dépité vers la Grande Salle d'où leur parvenaient de délicieux fumets, Crabbe et Goyle le suivirent en traînant des pieds. Draco savait que la bibliothèque n'était pas leur repère, mais il n'avait pas choisi ses deux acolytes pour leur cerveau. Lui était le cerveau, tout ce dont il avait besoin, c'était d'un peu de force dissuasive et la carrure de Crabbe et Goyle les rendait parfaits pour ça. Et comme leurs pères connaissaient le sien, ils lui obéissaient au doigt et à l'œil. Il ne pouvait pas rêver mieux.

Une fois dans la bibliothèque, il leur ordonna de chercher tous les livres en rapport avec les créatures magiques.

– Les créatures magiques ? répéta Crabbe. Pourquoi ?

– Ne pose pas de question… – Draco croisa le regard sévère de la bibliothécaire, Madame Pince, et baissa d'un ton – contente-toi de me ramener tout ce qui parle de près ou de loin des créatures magiques. Je ferai le tri.

En attendant Draco s'arrêta devant une étagère, en retira un lourd volume et s'installa à une table pour le feuilleter. Bientôt, Crabbe et Goyle lui avaient rapporté chacun une petite montagne de livres qui s'empilèrent devant lui en masquant le reste de la bibliothèque.

Dès qu'un ouvrage se révélait inutile, Draco le refermait, le posait sur la chaise à côté de lui et en tirait un autre dans l'immense tas. Ce manège durait depuis un bon bout de temps lorsque Goyle lança :

– On va pas manger ?

Agacé, Draco sortit sa baguette et lança un sort pour consulter l'heure. Il se leva d'un bond en réalisant que le cours de métamorphose commençait dans une poignée de minutes. Sous le regard méfiant de Madame Pince, il envoya Crabbe et Goyle ranger les livres pendant qu'il en empruntait trois pour poursuivre les recherches.

Le lendemain, et pendant les semaines qui suivirent, Draco continua de les traîner à la bibliothèque à chaque temps libre. Mais bien vite, il décida quand même de leur laisser les midis de libre, car avoir l'estomac vide rendait Crabbe et Goyle particulièrement grognons et très peu fréquentables.

Au retour des beaux jours et de la chaleur qui réchauffait le parc et les salles de classe, Draco dut admettre que ses recherches n'avaient rien donné. Même en demandant une autorisation au professeur Snape pour consulter les sombres ouvrages de la réserve, il ne trouva rien de plus. Les sorciers en savaient si peu sur les centaures que s'en était consternant.

Quand il s'agissait de décrire leur physique ou leur habitat naturel, les détails abondaient. Mais dès qu'il en allait de leurs coutumes, leurs rites, leur culture… le néant total. Quelques livres évoquaient vaguement le fait qu'ils lisaient l'avenir dans les planètes et refusaient d'intervenir pour changer le futur, mais c'était tout.

Draco referma le troisième volume sans intérêt qu'il venait de consulter aujourd'hui et un épais nuage de poussière le fit tousser. Il le remit dans son rayon et quitta la réserve. Les examens de fin d'année qui se déroulaient dans la Grande Salle allaient commencer et il dut presser le pas pour ne pas être en retard.

Alors que les plumes grattaient autour de lui, Draco tira sur le col de sa chemise. Pour cacher son Glyphe dont la couleur écarlate était tout sauf discrète, il devait supporter des manches longues, en plein juin. Et il mourrait de chaud, ce qui rendait difficile de se concentrer sur les examens écrits.

Quand le professeur Binns s'avança entre les rangs d'un air morne en informant les élèves que le temps imparti était écoulé, Draco fut un des seuls à ne pas rouler son parchemin en poussant des cris de joie. Il mourrait de chaud pour un Glyphe qui ne marchait pas, il avait retourné la bibliothèque jusqu'au fin fond de la réserve sans dégoter la plus minuscule information et maintenant, Crabbe et Goyle l'observaient comme s'il agissait bizarrement.

Et si ces deux gorilles s'étaient rendu compte que quelque chose clochait… alors qu'ils étaient incapables de différencier l'endroit de l'envers en tenant un balai… ça n'allait définitivement pas.

Le parchemin de Draco s'envola de son bureau avec les autres pour aller se déposer sur celui du professeur Binns. Il se mêla ensuite à la foule de premières années qui quittaient la Grande Salle en partageant avec appréhension leurs réponses ou en se réjouissant simplement de la fin des examens.

– Alors Draco, tu t'en es sorti ? minauda Pansy en le rejoignant, bientôt suivie par Crabbe et Goyle.

– Évidemment, dit-il en se retenant de s'éventer avec sa main.

Dans le hall d'entrée, les portes grandes ouvertes laissaient voir le parc ensoleillé. Draco n'avait plus qu'une envie ; échapper à la chaleur. La salle commune des Serpentards étant située sous le lac, elle restait fraîche en permanence, il pourrait s'y réfugier. Mais visiblement Pansy rêvait de s'installer près de l'eau, à l'ombre des feuillages.

– Tu n'as pas chaud ? demanda-t-elle. Pourquoi tu t'obstines à porter des manches longues ?

– Non, je n'ai pas chaud. J'ai des choses à faire, en privé, ajouta-t-il pour leur faire comprendre qu'il voulait être seul.

Il passa devant les doubles portes et descendit dans les cachots. La salle commune était aussi fraîche et déserte qu'il l'avait espéré. Tous les autres fêtaient la fin des examens dehors, profitant du soleil et de la légère brise qu'ils avaient dû sacrifier pour se plonger dans leurs révisions.

Draco s'installa dans un des fauteuils de cuirs et sortit de son sac un énième livre parlant des créatures magiques. Il en consulta la table des matières puis l'ouvrit au chapitre concernant les centaures sans grand espoir. L'année touchait à sa fin et ce Glyphe n'avait été qu'une malédiction dépourvue d'intérêt.

Il ouvre les portes de l'avenir ! murmura-t-il en imitant le ton mystique du centaure. Mais bien sûr.

Il descendit tôt pour dîner, il n'avait pas envie de supporter la présence de Crabbe et Goyle et les regards qu'ils échangeaient, persuadés que Draco ne les voyait pas alors qu'ils étaient aussi discrets que des trolls en mission d'infiltration.

Comme l'idée d'ouvrir un énième livre inutile l'agaçait, il préféra descendre directement dans son dortoir après manger. Il jeta sa robe de sorcier sur sa table de nuit d'un geste rageur, fusilla le Glyphe rougeoyant du regard et se laissa tomber entre les couvertures. D'un coup de baguette, il tira les rideaux émeraude du baldaquin et attendit longtemps le sommeil, ses yeux gris fixés sur un point invisible au-dessus de lui. Il repassa tout ce qu'avaient dit les centaures à la recherche d'un élément qui aurait pu lui échapper… la volonté propre… l'avenir… un privilège…

Ce fut une cuisante douleur qui l'arracha de son sommeil. Draco se redressa en position assise, une main plaquée contre son avant-bras brûlant, à l'endroit exact où se dessinait le Glyphe. Le souffle coupé par la douleur, il tenta de se relever. La tête lui tournait.

Sans prévenir, les rideaux émeraude qui l'entouraient disparurent, laissant place à un tout autre décor…

Le couloir interdit du deuxième étage… ses torches à la lumière vacillante. Une musique grossière provenait d'une porte entrouverte, tout au bout. Derrière la porte, un gigantesque chien à trois têtes grognait, profondément endormi. Et devant ses énormes pattes touffues, une trappe était ouverte. Potter, Granger et Weasley se tenaient devant. Le premier à glisser à travers l'ouverture de la trappe fut Potter. Il chuta et atterrit sur une plante qui étendit aussitôt ses puissants tentacules pour l'emprisonner. Weasley puis Granger se laissèrent tomber à leur tour, aussitôt entravés par les espèces de cordes végétales. Puis Granger invoqua un feu à l'aide de sa baguette magique et la plante se rétracta brusquement pour les libérer, fuyant la lumière.

Dans le dortoir sombre, Draco se redressa péniblement, le souffle court, cherchant à s'arracher au cauchemar qui le paralysait. Qu'est-ce qu'il venait de voir à l'instant ? Le fameux pouvoir du Glyphe dont parlaient les centaures ? Sa vision semblait tellement réelle, ça n'avait rien à voir avec un rêve. Il était là, à voir le trio de Gryffondors avancer dans le couloir interdit du second étage, à suivre leur chute sous la trappe.

Est-ce qu'il avait imaginé tout ça ? Ou rêvé ce gigantesque chien à trois têtes ?

Il n'y avait qu'une façon d'être fixé ; s'il parvenait à atteindre le couloir du deuxième étage, il saurait. Il saurait si ce Glyphe était de la pure camelote ou… ou s'il venait de voir quelque chose de réel.

Lentement, il glissa hors du baldaquin. Il ne réveilla ni Crabbe, ni Goyle. Il allait falloir être discret et aucun des deux ne possédait cette aptitude. Après s'être habillé en vitesse, Draco attrapa sa baguette et remonta dans la salle commune des Serpentards. Il devait être tard, car tous les canapés étaient vides.

En sortant des cachots, Draco tendit l'oreille pour s'assurer que le grand hall d'entrée était désert. Il ne tenait pas à rencontrer Rusard ou Miss Teigne maintenant. Comme aucun bruit ne lui parvenait, il reprit sa discrète progression, ne rencontrant que les ombres des armures qui vacillaient à la lumière des torches.

Lorsqu'il arriva dans le couloir interdit du deuxième étage, il n'eut aucun mal à trouver la porte qu'il cherchait. Elle se trouvait tout au bout, parfaitement identique à celle de sa vision. Son cœur manqua un battement en se rendant compte qu'elle était déjà entrouverte.

À présent, il ne restait plus qu'à vérifier si le chien à trois têtes existait aussi…

Lentement, Draco approcha de l'ouverture. Un bruit régulier entre ronflement et grognement lui parvint avant qu'il l'atteigne et il sut par avance que le chien s'y trouverait quand il regarderait. Il ne fut pas contredit, l'animal monstrueux était bien là, endormi derrière la trappe, une bave gluante dégoulinant de ses babines pleines de crocs et coulant sur ses pattes.

Si tout ça était réel alors cela signifiait que Potter, Granger et Weasley étaient bien descendus par la trappe. Mais pour quelle raison ? Les yeux fixés sur le chien, Draco fit quelques pas pour essayer d'apercevoir ce qu'il y avait tout au fond. Mais c'était inutile, il savait déjà que la plante y rampait, prête à amortir sa chute.

Est-ce qu'il devait les suivre ?

Cette idée semblait dangereuse. Le couloir n'était pas interdit pour rien. Le chien n'était pas là pour rien, et la plante non plus. D'un autre côté, il tenait une occasion unique de contrecarrer les plans de Potter. Et puis si une Sang-de-Bourbe et un traître à son sang s'en sortaient… un Malfoy réussirait aussi.

Un grondement féroce près de son oreille le fit sursauter. Le dangereux molosse ne dormait plus et ses trois têtes le fixaient comme leur prochain repas. Quand il bondit sur lui, Draco se jeta à travers la trappe et entendit le puissant coup de mâchoire claquer dans le vide, quelques centimètres au-dessus de sa tête. La chute le précipita loin du chien, et Draco se sentit tomber bien plus longtemps qu'il ne l'escomptait. Lorsqu'il atterrit finalement sur la plante, la trappe ressemblait à un petit carré lumineux, loin au-dessus de lui. Il leva sa baguette sans laisser le temps aux tentacules végétals de l'emprisonner.

Lumos ! s'exclama-t-il avec force.

Le Filet du Diable se rétracta aussitôt pour échapper à la soudaine lumière et Draco se releva maladroitement. En tournant sur lui-même, il découvrit un long couloir qui s'enfonçait dans les entrailles du château. Les murs de pierre reflétaient la lumière de sa baguette, mais elle n'était pas assez puissante pour dissiper les ténèbres devant lui.

Se rappelant que Potter et ses poteaux se trouvaient par là – et qu'il n'avait pas d'autres choix – il s'y engagea.

Bientôt, des bruissements, comme des millions de battements d'ailes le mirent en alerte. La vision ne lui avait rien montré après la plante, alors il ralentit le pas. Le couloir débouchait dans une salle haute de plafond. Des espèces d'oiseaux cliquetants y voletaient, créant le bruit qu'il avait entendu. Draco tourna quelques secondes en dessous avant de réaliser qu'il s'agissait de clefs volantes.

L'une d'elle, large et rouillée, avait les ailes si tordues qu'elle galérait sérieusement à voler. Draco n'eut qu'à tendre le bras lorsqu'elle passa à sa portée pour l'attraper. Il l'examina avant de se tourner face à la porte de fer qui se trouvait au fond de la salle. Son style ancien rappelait celui de la clef, alors Draco la fit tourner dans la serrure et un déclic sonore confirma son intuition.

De l'autre côté s'étendait un échiquier géant. Un échiquier en ruine. En enjambant les débris d'une tour noire, il se figea. Juste devant le cheval effondré d'un cavalier, gisait Ron Weasley, inconscient.

Draco regarda autour de lui, aux aguets, mais aucune trace des deux autres. Ils l'avaient abandonné là ? En plein milieu des pièces en morceaux ? Gryffondor était symbole de courage, mais visiblement pas de loyauté…

Il s'apprêtait à contourner le Weasley quand des pas résonnèrent à l'autre bout de l'échiquier. Draco fit rapidement machine arrière et recula dans la pénombre pour s'y dissimuler alors qu'une silhouette courrait dans sa direction. Granger. Elle ralentit pour franchir les pions et le roi blanc qui lui barraient le passage puis s'agenouilla près de Weasley.

– Ron… Ron !

Elle l'empoigna par l'épaule et le secoua avec force.

– Ron, réveille-toi ! Réveille-toi !

Elle resta sans réponse mais insista, sa voix se faisant de plus en plus aiguë et précipitée.

– Réveille-toi, Ron ! Il faut prévenir Dumbledore ! Harry a besoin de nous, il doit avoir trouvé Snape à l'heure qu'il est. S'il te plaît, réveille-toi… !

Draco fronça les sourcils. Le professeur Snape ? Qu'est-ce que le professeur Snape venait faire dans cette histoire ? Qu'est-ce que l'insupportable survivant préparait encore ? Lentement, Draco longea de mur dans la pénombre pour contourner l'échiquier et se faufila de l'autre côté, de là où venait Granger.

Une odeur immonde le prit à la gorge alors qu'il approchait d'une porte grande ouverte. Après un dernier coup d'œil vers Granger qui soutenait Weasley pour l'aider à se relever, il franchit l'ouverture et se retrouva face à un immense troll, étendu au sol. C'était lui qui dégageait cette odeur pestilentielle. Avec un haut-le-cœur, Draco recracha l'air qu'il avait dans la bouche et enjamba la massue de la créature, restant en apnée jusqu'à la salle suivante.

Il se retrouva alors face à une table exposant sept bouteilles aux formes diverses, dont deux étaient déjà entamées, et un parchemin. Draco sursauta quand deux murs de feu noir et violet se déployèrent devant et derrière lui, bloquant toute échappatoire.

– Non ! murmura-t-il en approchant la main des flammes violettes.

L'intense chaleur qui émanait d'elles confirmèrent ses craintes, la salle l'avait pris au piège. Pourtant, il n'y avait aucune trace de Potter, il avait donc trouvé un moyen de poursuivre.

En se penchant sur le parchemin dans l'espoir d'y lire une indication sur comment sortir de ce piège, il se retrouva face à une énigme.

– Un chien à trois têtes, une plante étrangleuse, des clefs volantes, un échiquier géant, un troll et maintenant ça ?

Draco écarquilla les yeux sans cesser de fixer le parchemin. S'entendre énumérer toutes les épreuves qu'il avait fallu franchir pour en arriver là venait de lui faire réaliser que tous ces obstacles avaient précisément été placés là pour empêcher un intrus de passer. Mais dans quel but ?

Il relut l'énigme en se concentrant. Deux flacons contenaient du vin, trois du poison, une permettait de traverser les flammes derrière lui, et la dernière, de franchir celles qui se trouvaient devant.

En observant les flacons, Draco remarqua que deux avaient déjà été utilisés, l'un était même presque vide. Il devina que Potter et Granger avaient résolu l'énigme, que Granger avait utilisé celui qui permettait de revenir en arrière, et Potter, d'avancer. Cela ne laissait le choix qu'entre deux possibilités.

Après avoir relu une dernière fois l'énigme, Draco ramassa le flacon presque vide et le leva à hauteur du regard. Il restait à peine une semi-gorgée roulant sur le fond de verre. Il jeta un coup d'œil vers les flammes d'un noir intense qui dansaient devant lui.

À en croire Granger, Potter devait avoir retrouvé le professeur Snape. S'il ne se fiait pas au valeureux survivant, le maître des potions avait toute sa confiance. Et puis il était curieux de découvrir ce que cachaient tous ces obstacles. Si on y réfléchissait, les plantes pour Chourave, l'enchantement des clefs pour Flitwick, les potions et les poisons pour Snape… avoir métamorphosé tout un échiquier relevait du domaine de McGonagall…

Le troll et le chien, il ne voyait pas, mais de toute façon, tant que Potter passait avant lui pour s'occuper du sale boulot, il n'avait aucune raison de rebrousser chemin. Du bout des lèvres, il finit par boire le fond du flacon. Ce fut comme si un liquide glacé se répandait dans ses veines, de son cœur jusqu'au bout de ses doigts.

Il approcha des flammes devant lui et tendit sa main à travers sans en ressentir la chaleur. En plissant les yeux, il fit un pas à l'intérieur, puis un autre, et traversa le brasier avec prudence. Quand il en ressortit, il se tenait sur le seuil d'une immense salle circulaire où s'élevait un miroir ancien.

Mais au lieu du professeur Snape, s'était le professeur Quirrell qui se trouvait là, plaquant Potter au sol, le bras contre son cou pour l'étrangler. Potter fut le premier à tourner les yeux vers lui.

– Malfoy ? souffla-t-il difficilement.

Surpris, Quirrell relâcha légèrement sa prise pour le fixer à son tour. Et Draco aurait préféré qu'il reste concentré sur Potter. Surtout après avoir vu le second visage qui parasitait l'arrière de son crâne. Et lorsque ce second visage se mit à parler, ce fut d'une voix aiguë, qui lui glaça le sang tout aussi efficacement que la potion pour traverser les flammes.

– Malfoy… répéta la voix dans un murmure terrifiant. Intéressant. Ainsi donc la descendance de Lucius aurait décidé de prêter main forte à Harry Potter ?