Disclaimer: L'histoire s'insipire du Seigneur des Anneaux, oeuvre originale de JRR Tolkien, tous les personnages lui appartiennent, ainsi que les lieux, seul Minyanda est un personnage de ma création.

Tous les jours je me leve de bonheur, courant dans la forêt. Tous les jours, je me couche tard, courbaturée des mes entraînements. Maniement de l'épée, maniement de l'arc, mes muscles se forgent, ma silhouette se taille, mon corps change. Ce constat devrait me rassurer, d'autant plus que je travaille d'arrache-pied pour ne pas penser à autre chose, ne pas me laisser distraire, à l'affût d'un quelconque adversaire, mais les marques demeurent. Tous les jours, je dois faire face à mon épiderme, marqué par mon passé. Des coups de griffures dans le dos, des traces de morsures sur mes épaules et le pire… mes parties intimes. Tous les jours, lorsque je me lave, je m'efforce à ne pas faire face à l'horreur de ma prison charnelle, à l'horreur de ces souvenirs qui me donnent envie de vomir.

Lui, il est là, il m'aide, il me conseille, il est mon mentor, ce rôdeur du nom d'Aragorn, mais lui… n'a jamais vu mon corps, n'a jamais mit le doigt sur la provenance de ma souffrance, n'a jamais compris mon refus d'aller au Rohan.

Parfois, j'ai l'impression que nous sommes proches, peut-être trop, mais les souvenirs des mains sales de ces hommes ressurgissent, encore et encore, leur rire gras, leur regard lubrique sur moi, leur…

Personne n'a jamais su, personne ne saura jamais, à croire que je ne suis bonne qu'à me conditionner à combattre, c'est la seule chose qui me libère. Chaque foulée ces matins brumeux me libère, chaque coup donné contre cette la défense d'Aragorn me rassure dans ma capacité à me défendre. Je ne suis plus cette femme fragile, je ne suis plus la diplomate que mon père voulait que je sois.

Ah… mon père… s'est-il seulement préoccuper de mon absence ? Me croit-il morte ? M'a-t-il oublié ? Ou pire, le sait-il et est-il rester dans le dénis d'une fille bafouée, inapte au mariage, inapte à la conception, inapte au pouvoir, inapte aux décisions…

Des cris, de plus en plus gutturaux, de plus en plus animal, soulevant mon épée, l'abattant lourdement… Je deteste mon corps, je déteste les hommes, je déteste mon père, et par dessus tout, je déteste ces rohirrim qui m'ont infligé cela, qui m'ont amené à cette conclusion.

Ce soir, mes muscles sont plus douloureux. Ce soir, je pleure silencieusement, assise seule, près de ce cours d'eau. Ce soir, c'est mon anniversaire, et enfin, ce soir, j'ai eu du réconfort.

Il est arrivé, silencieusement, comme à son habitude, fumant sa pipe, et m'a prise dans ses bras, sans rien demandé, sans prévenir. Je me suis laissée faire, j'ai pleuré, j'ai sangloté. J'ai posé mes mains par reflexe sur moi, comme pour cacher la honte qui m'habitait. Il n'a pas posé de question, il s'est contenté de m'écouter. Les rôles s'était inversé, ce n'était plus moi qui buvait ses paroles, mais lui qui s'abreuvait des miennes, ne posant pas de question, ne me brusquant pas.

Je me rappelle juste de son sourire à la fin, soulagé que je me livre, il m'a bercée, murmurant au creux de mon oreille mon nom

« Minyanda. »