Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas

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Elle ne comprenait pas. Elle était dans une pièce spacieuse, un homme assis de l'autre côté d'un bureau qui lui paraissait immense. Elle était assise sur une chaise sans rien dire mais observant tout avidement. De son côté, il y avait un couple, habillé strictement. Françoise et Maxime Duciel, s'étaient-ils présentés. Ils demandaient au juge s'ils devaient absolument la prendre, elle. La femme s'adressa soudainement à elle :

– Quel est votre nom ?

Prise au dépourvu d'être mise sous le feu des projecteurs, elle balbutia :

– Ew… Ewi…

Elle ne se souvenait plus.

– Camille. Vous vous appelez Camille, fit la femme dédaigneuse. Elle est visiblement attardée.

– C'est sans doute le choc, adoucit l'homme de l'autre côté.

Le couple ne parut pas convaincu. Camille, n'en était elle-même pas sûre. Elle ne se souvenait de rien. Comment pouvait-elle ne pas se souvenir du visage de ses parents ? Que leur était-il arrivé ? Etait-ce la nature de l'incident qui lui avait fait enfermer tout souvenir au fond de sa mémoire ?

Quoi qu'il en soit, le couple décida de la prendre avec eux. Ils signèrent les papiers nécessaires puis la nouvelle famille partit vers leur nouvelle maison. Elle était désormais Camille Duciel. Peu importait qui elle était auparavant, ses nouveaux parents lui avaient bien fait comprendre qu'ils n'en savaient rien et que toute question serait mal venue.

Les jours, les semaines et les mois passèrent, tous semblables les uns aux autres. Camille allait à l'école, rapportait des bonnes notes et obéissaient à ses parents sans discuter. Elle était polie, avec une tenue toujours impeccable, et, à la maison, elle était discrète et silencieuse, souvent plongée dans un livre pour satisfaire sa curiosité naturelle. Heureusement pour elle, les Duciel avaient investi dans une bibliothèque pour faire chic sans pour autant y mettre les pieds, ce qui lui offrait un lieu de refuge. Elle en avait en effet bien besoin.

Peu importe ce qu'elle faisait, tant qu'elle restait dans les rails qui lui étaient imposés, ses parents ne lui prêtaient pas la moindre attention. Et pourtant, se sachant rejetée pour une raison qu'elle ne pouvait comprendre, elle faisait de son mieux pour être acceptée. Mais rien ni faisait. Ni sa conduite irréprochable, ni ses bonnes notes à l'école, ni sa discrétion à la maison. Comprenant que jamais ses parents ne pourraient l'aimer, un soir, elle se mit à pleurer à chaudes larmes sur son oreiller.

Pourquoi ne pouvaient-ils pas l'aimer malgré tous ses efforts ? Quelle faute irrémédiable avait-elle commise ? Avait-elle jamais été aimée ?

– Maman… sanglota-t-elle.

« Je veux rentrer à la maison… »

Il n'y eut aucun bruit.

Aucune lumière.

Dans la chambre, il n'y avait plus personne.