Ce récit a été écrit lors de la 104e nuit du FoF en 1 heure sur le thème envie ! Cordiaaaaaaaalement !

Non, elle n'avait pas envie de prendre ces fichus médocs. Ils avaient un goût insipide, ne marchaient même pas, elle n'arrivait à les avaler qu'en manquant de s'étouffer à chaque nouvelle gélule et ne voulait pas qu'ils aient l'effet escompté, de toute façon. Kururi était morte une semaine plus tôt.

Elle était à la maison, avec sa sœur. C'était la nuit. Tous dormaient à poing fermé dans la bâtisse et la tragédie était arrivée. Depuis quelques jours, Kururi dormait mal, alors elle avait pris des somnifères. Au cœur de la nuit, la maison avait pris feu. Elle s'était réveillée en sursaut, se précipitant dans la chambre de sa sœur pour la réveiller, mais elle ne l'y avait pas trouvée. Elle avait cherché partout mais cela n'avait donné aucun résultat.

Quand elle s'était éveillée le lendemain dans un lit d'hôpital, on lui avait dit qu'elle s'était évanouie à cause de la fumée. Elle avait eu énormément de chance que les pompiers arrivent à temps pour la sauver. Sa sœur s'était alors approchée d'elle pour lui faire un câlin. Elle avait eu si peur qu'elle ne se réveille jamais. La médecin avait alors haussé un sourcil puis pris des notes sur un petit carnet et ils l'avaient laissée avec sa sœur.

Quelques heures plus tard, un jeune homme en blouse blanche, médecin lui aussi, lui avait parlé en privé. Il lui avait demandé si sa sœur était avec eux. Mairu avait répondu par l'affirmative et l'homme avait pincé les lèvres. Il l'avait regardé droit dans les yeux et lui avait appris que Kururi était morte. Elle n'y avait pas cru : « Bien sûr que non, elle n'est pas morte ! Elle est juste là ! ». Le médecin lui avait alors dit que Kururi n'était vivante que dans sa tête, et elle avait refusé de le croire. Toutes les deux, elles formaient l'union parfaite : chacune était faite pour combler les faiblesses de l'autre. Elles n'avaient au grand jamais été séparées de toute leur vie. Ce n'était pas maintenant que cela allait arriver.

On lui avait prescrit des gélules par dizaine, soi-disant que ça l'aiderait à surmonter le choc, puis on lui avait assigné une chambre dans l'hôpital psychiatrique non loin. Là-bas, elle avait vu une psychologue qui lui avait dit que c'était mauvais pour elle de parler avec Mairu, qu'elle était morte et qu'elle devait la laisser s'en aller. Mais Mairu ne voulait pas ça. Kururi était sa moitié, elle n'était rien sans sa sœur jumelle, ne pouvait exister si elle n'était pas à ses côtés.

Elle n'avait pas eu envie de lui parler de nouveau, tout comme elle n'avait pas eu envie de prendre ces stupides gélules, elle avait préféré vivre avec Kururi. Alors elle s'était enfuie avec, parcourant de nombreux kilomètres. On lui avait pris toutes ses affaires. Plus de vêtements chauds, plus de carte pour payer le métro. Elle avait donc parcouru de nombreux kilomètres à pied avant de s'écrouler dans la neige d'épuisement. Sa sœur avait disparu en même temps qu'elle, à l'instant où elle avait pour la dernière fois clos ses paupières.