Pour la bonne cause
Disclaimer : Tout à JKR sauf Loeïza. Merci à Nancy pour la correction !
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Chapitre 1: Loeïza
Il réajusta une dernière fois sa chemise et se regarda dans le miroir. Convenable. La chemise blanche, contrastant avec le noir de ses cheveux attachés en une simple queue de cheval et de son pantalon, était légèrement ouverte au niveau du col. Severus devait s'avouer que les changements qu'il avait opérés sur sa personne lui plaisaient assez. Un sort pour empêcher les vapeurs de potions de graisser ses cheveux, un autre pour améliorer sa dentition et un renouvellement de garde-robe avaient complètement modifié son apparence. Certes il y avait été forcé par l'autre barbu sénile, c'est pourquoi il n'avouerait jamais qu'il était plutôt content du résultat. Il se trouvait plus charismatique et cela lui donnait beaucoup plus d'assurance. Sans être beau, il était séduisant. Il avait hâte de profiter de son nouveau pouvoir physique, comme il aimait se dire, pour retirer plus de points aux idiots qui assistaient à ses cours. En y pensant, il arborait un large sourire.
- Severus ?
La voix le fit sursauter. Il grimaça et sortit de la salle de bain en soupirant. Évidemment, il fallait bien que son changement ait un but, et ce même but venait d'entrer dans son salon. La seconde partie du plan d'Albus, à vrai dire. Une femme. Il le maudissait, ce vieux fou, il le maudissait depuis ce fameux jour de juillet où Dumbledore avait expliqué ses plans lors d'une réunion de l'Ordre, et continuerait probablement à le maudire jusqu'à la fin de ses jours. Il se retrouvait collé à cette femme sans rien avoir demandé.
- Loeïza, dit-il en l'embrassant légèrement sur la joue, quel plaisir, vous êtes sublime.
Elle portait une longue robe rouge très décolletée, des chaussures à talons assorties et un sac à main noir. Ses longs cheveux blonds, détachés, recouvraient ses épaules lorsqu'elle marchait. Elle était bien trop maquillée au goût de Severus, et ses seins étaient si gros qu'il avait peur qu'ils explosent dans un corsage si serré. Il avait cette impression à chaque rendez-vous. Lorsqu'ils sortaient, il remarquait le regard des autres hommes sur le corps de Loeïza, l'envie se lisait sur leurs visages et cela le dégoûtait. Il ne la trouvait pas attirante, juste bonne pour une nuit sans lendemain à la limite, mais il éprouvait de la fierté à s'afficher avec une femme comme elle. L'homme-animal. La parade de la plus belle femelle de la soirée. En fait, il pensait que la blonde était inintéressante, dépourvue de conversation autre que sur la mode ou les ragots du monde sorcier, il la trouvait vulgaire au possible lorsqu'elle fumait sa cigarette en faisant les yeux doux à quiconque croisait son regard. Sa manière de s'asseoir était provocante, sa démarche, son accoutrement... Non il ne la supportait pas. Et pourtant, malgré lui, il se devait d'être aimable avec elle, de la faire parler.
Il se souvint de cette chaude journée de juillet, de cette réunion de l'Ordre où tous les membres présents élaboraient un énième plan anti-Voldemort. Severus avait alors parlé de la nouvelle protégée du Seigneur des Ténèbres, une grande blonde qu'il avait aperçue deux ou trois fois depuis juin. Elle était la cousine éloignée de Yaxley, un des Mangemorts les plus proches de Voldemort, et revenait de New York. Si Rogue crut bien faire en mentionnant la nouvelle, qui n'avait pas encore de tatouage mais qui ne cachait pas son adoration pour le Lord Noir, pour que les autres puissent éventuellement la reconnaître et s'en méfier, il n'avait pas prévu la réaction du Directeur de Poudlard. Sinon il n'aurait rien dit, bien sûr.
- Excellent, Severus ! s'était exclamé le vieil homme, l'œil pétillant.
Et il démontra à quel point c'était excellent pour l'Ordre, tandis que les autres l'écoutaient, peu convaincus. Finalement, le plan d'Albus était simple: Severus devait se rapprocher de cette femme et obtenir le plus d'informations possibles.
- Non mais... Albus, j'ai seulement dit qu'elle était nouvelle, pas qu'elle était la confidente de Voldemort, répliqua Rogue en levant les yeux au ciel. Elle semble faire partie du premier cercle mais on ne la voit pas beaucoup !
- Justement Severus, je suis certain qu'elle voit Voldemort en dehors de vos réunions... Elle pourra sûrement te renseigner, ne serait-ce que sur des détails ! Les détails sont importants dans cette guerre !
- Non. Je ne peux même pas imaginer les représailles si je commence à draguer sa maîtresse.
Les autres membres de l'Ordre éclatèrent d'un rire sonore.
- Comme si Severus pouvait draguer une femme ! Non, non, impossible ! Tonks riait tellement qu'elle était devenue entièrement rouge.
Le concerné se renfrogna, vexé de la remarque. Il savait que c'était vrai mais quand même...
- Je ne lui demande pas de la séduire, seulement d'être agréable avec elle pour qu'elle se confie sur certain aspect de sa nouvelle vie auprès de Voldemort. Dumbledore sourit. Écoute-moi Severus, nous sommes au point mort depuis le mois de janvier, je sais que tu fais de ton mieux mais nous n'apprenons rien de nouveau. Je te demande encore quelques efforts. Tonks ! Tu l'emmèneras au Chemin de Traverse, il a besoin d'une femme pour le conseiller.
Severus soupira, et se retrouva à faire les magasins deux jours plus tard avec cette femme même pas humaine. Comme un gamin de six ans. Il se sentait manipulé et en avait horreur, mais il devait s'avouer que le vieux avait raison: une femme telle que Loeïza ne s'intéresserait qu'à un homme propre, sûr de lui et riche. "Ah mais je te trouve tout à fait attirant Sev" lui avait murmuré Tonks après avoir fini de le relooker. Il s'était agacé de cette remarque. Il ne voulait pas être attirant, il voulait faire des potions. Aucun rapport. Ses élèves n'avaient pas besoin d'un professeur séduisant mais compétent. Quoique vu leur nullité, il se dit que ça ne ferait pas une grande différence. "J'espère que je ne perdrai pas mon autorité" grogna-t-il. Et Tonks lui assura que vu son regard et sa manière de parler ça ne risquait pas.
Donc il ne draguait pas Loeïza. Il essayait de devenir son "ami". Finalement, il avait tous les inconvénients d'une relation avec une femme insipide, sans les avantages. Et ce depuis un mois et demi. Mais Albus avait raison, une fois de plus, il avait obtenu plus d'informations en six rendez-vous qu'en six mois de réunions de Mangemorts. La jeune femme avait accepté de sortir avec lui de temps en temps "pour se distraire" avait-elle déclaré. Elle était bavarde, un peu trop d'ailleurs mais au moins Severus n'avait pas besoin de poser trop de questions et passait pour un homme discret et attentif.
Ce soir-là, il l'emmenait au restaurant. Elle prendrait une salade et une bouteille de champagne. A la fin du dîner, elle irait s'asseoir près du piano en croisant les jambes et en rejetant lentement la fumée de sa cigarette. Il avait remarqué toutes ses manies horripilantes. Elle faisait cela à chaque fois. Ce soir ne dérogerait pas à la règle, mais au moins elle lui parlerait un peu.
- Il m'a autorisée à l'appeler Tom, sourit la jeune femme en regardant le serveur déposer son assiette de crudités devant elle. Il est tellement charmant. Il m'a dit qu'il appréciait qu'un de ses plus fidèles Mangemorts me tienne compagnie lorsqu'il devait s'absenter. Je pensais qu'il serait un peu jaloux mais il semble te faire confiance.
- Mes intentions sont honorables, miss, et il le sait. Nous sommes à son service, même si depuis quelques temps, les missions se font rares.
- Oui, il attend le bon moment pour prendre le pouvoir. Il n'est pas pressé, il veut réussir du premier coup. Repose-toi, je pense que pendant quelques mois tu vas pouvoir te consacrer à tes potions, il ne fera rien pour l'instant. J'ai hâte de le voir au combat, ajouta-t-elle, rêveuse.
Severus n'en pensait pas autant mais se réjouissait de cette information. Il leur restait encore du temps pour organiser leur stratégie. Et surtout, il aurait du temps pour améliorer sa nouvelle potion. Il irait d'abord faire quelques réserves d'ingrédients chez l'apothicaire, il n'avait presque plus rien. Un nouveau chaudron, par plaisir, et puis des racines de papyrus, de la poudre de queues de ragondins, des écailles de couleuvres, et...
- ... grosse ? dis-moi franchement. Elle lui parlait.
- Pardon, je pensais à autre chose. Tu disais ?
- Tu me trouves grosse ? Tom dit que non mais moi...
- Mais non tu es très bien, l'interrompit-il avant qu'elle ne s'embarque dans un monologue sans intérêt sur sa ligne, comme d'habitude.
Elle sourit et se leva pour aller vers le piano à l'autre bout de la salle. Les hommes présents dans la salle se retournaient sur son passage et elle semblait ravie d'être soudain au centre des conversations. Severus finit le champagne et fit signe au serveur pour payer la note. Il alla ensuite proposer à Loeïza de la raccompagner. Elle refusa, comme à chaque fois. Il la salua d'un hochement de tête et ils convinrent de se revoir dans quelques semaines, après la rentrée.
En rentrant chez lui, Severus réfléchissait à tout cela. Les précautions de Voldemort étaient inquiétantes, il attendait d'être plus fort pour attaquer. L'Ordre s'en doutait déjà mais maintenant ils ne pouvaient plus remettre à plus tard l'entraînement intensif de Potter et le renforcement des protections de Poudlard. Il parlerait dès le lendemain à Dumbledore, au château. La rentrée était lundi mais les professeurs se rendaient sur place avant les élèves pour les derniers préparatifs. Il fit son sac sans motivation, et transplana à l'entrée de l'école de sorcellerie. Il faisait nuit et il ne risquait de croiser personne. Tant mieux. Il voulait profiter de ses derniers moments de tranquillité. Bientôt, des élèves hurleraient leur incompétence à travers tout le château. Il fronça les sourcils à cette idée.
Son bureau n'avait pas changé, toutes ses affaires étaient en ordre, les elfes de maison passaient tous les jours faire les poussières à la demande du professeur de potions. Parfait. Severus passa dans ses appartements situés juste derrière. Après une rapide douche, il se glissa dans son lit et s'endormit aussitôt. Le week-end s'annonçait chargé.
