Quand David pose les yeux sur le bon docteur, il n'a même pas besoin de l'entendre se présenter pour savoir de qui il s'agit. Oh, il sait qu'il n'est pas la flèche la plus affûtée du carquois, mais il est loin d'être un parfait imbécile.
C'est pour ça qu'il ne dit rien quand il déclare s'appeler Romani Archaman. S'il dit que c'est son nom, et bien, c'est qu'il y a une raison derrière. Il avait toujours une raison pour tout ce qu'il faisait – pas forcément une bonne, mais une raison.
Et puis… c'est aussi parce que David apprécie la situation actuelle. Ici, il n'est pas le Roi d'Israël. On ne s'en rend pas compte, mais c'est lourd d'être roi. C'est un masque contraignant qu'il faut si souvent endosser qu'il finit par vous coller à la peau, et vous oubliez comment le retirer. Être roi, c'est une occupation à plein temps. Un roi n'a pas le luxe d'être un père.
Quand il avait eu l'occasion – rare, toujours si rare – d'interagir avec lui, c'était toujours en tant que roi et prince. Mais ici… ici, il n'y a que le docteur et l'Esprit Héroïque. Ici, il y a la possibilité d'être – amis, c'est le plus que David peut espérer, c'est plus qu'il n'en a eu durant sa vie. C'est tellement quand il y pense.
Alors non, il ne demande pas plus, il ne laisse pas transparaître la moindre possibilité que ça pourrait être plus, que lui et le bon docteur pourraient dépasser le stade de l'amitié toute simple. Il ne veut pas prendre de risques – juste préserver ce qu'il a reçu.
Tant que cela lui sera donné, car il ne se fait pas beaucoup d'illusions, il sent qu'un jour viendra l'adieu, même s'il en ignore encore la forme. Mais il chérira cet état des choses autant qu'il le pourra, aussi longtemps qu'il le pourra.
Il prie juste pour que lui aussi le fasse.
