Rouge.

Ecarlate.

Cramoisie.

Sang.

Tout n'était que ruine.

Le feu léchait de sa langue brulante les restes de quelques bâtisses, faisant crépiter son bonheur en une explosion de quelques flammèches.

La pluie rajoutait de la joie à ce beau tableau.

Loin d'éteindre l'incendie, elle ramollissait la terre pour en faire une boue n'ayant pour autre but que d'engloutir voracement les débris jonchant le sol.

Avant, à cet endroit, ce tenait le seul bâtiment que j'ai pu prendre pour ma « maison ».

A un moment donné, la carcasse de ce qui avait dû être un bâtiment colossale de son temps laissa place à des restes calcinés d'arbres. Des branches nues dont les feuilles étaient éparpillées comme des flocons tombés du ciel, des troncs noircit et arrachés par une quelconque puissance dévastatrice, faisaient étalage d'un combat sans commune mesure. Et un seuil de violence jamais atteint.

Avant, je passais mon temps libre à observer les arbres, tentant d'identifier à quelles espèces ils appartenaient.

Au milieu de ces cadavres d'arbres ce tenaient des humains.

Deux hommes. L'un aux longs cheveux d'ébènes, un autre aux flamboyants cheveux roux.

Tout deux tenaient fermement leurs armes, les doigts crispés sur sabre et maillet.

Ils allaient volontairement vers l'avant, contre un ennemi partit depuis longtemps.

Leur souffle s'était figé dans leur poitrine, donnant une impression de mouvement à leur corps immobile. De vie. Leurs yeux étaient pourtant vides d'émotions. Morts.

Des statues semblants vivantes pour un jardin dévasté.

Ces deux n'étaient pourtant pas les seules victimes de ce marionnettiste.

En avançant un peu plus loin, on voyait d'autres personnes tout aussi immobiles que les deux précédentes.

Ici se trouvaient deux jeunes femmes et une personne d'un certain âge, eux engourdis dans des positions défensives.

Ils avaient ce même regard déterminé, résolu. Il continuait sa marche d'adieu, saluant ses compagnons de guerres qui avaient réussit à rendre ce grand timide aussi utile que n'importe quelle lame aiguisée. Et le bon ami toujours curieux de tout sur qui on pouvait compter.

Il n'était pas tellement triste, ces amis étaient partis dans la dignité.

Et lui-même…

Quelques regrets occupaient encore sa conscience néanmoins.

Celui de ne pas avoir eu d'autres moments de paix.

Celui de ne pas avoir un peu plus protégé tout le monde.

Celui de ne pas avoir terminé la guerre.

Celui de ne pas en voir la fin.

« Eliade… Désolé de ne pas avoir tenu ma promesse envers eux et toi… Je m'en vais d'ici… »

Il s'effondra, la figure pâle comme la mort.

Devant lui se tenait une dernière statue humaine, un jeune garçon aux immaculés cheveux blanc, à l'esprit tout aussi combatif.

L'homme leva vers lui son regard sombre, et le remercia pour tout ce qu'il avait fait pour lui. De l'avoir tiré de sa solitude et de son isolement.

Il s'endormit alors pour toujours, sa longue cape déchirée lui servant de couverture.