Bonsoir à toutes et à tous !

Surprise, en ce week-end d'élections présidentielles en France, nous sommes de retour avec le premier chapitre du dernier tome de la Trilogie des Reines. Ce tome compte 16 chapitres dont les dernières lignes (la toute dernière scène) sont actuellement en cours de rédaction !

Merci aux lecteurs qui ont pris le temps de reviewer les deux tomes précédents, merci de dire que vous nous suivez, ça nous encourage à poursuivre, à remanier, à travailler chaque mot pour vous apporter des chapitres que nous espérons de qualité.

Trêve de blabla, Sygui et moi vous souhaitons bonne lecture !


LA TRILOGIE DES REINES : LA REINE DES MONDES

Chapitre 1 : Retour à Storybrooke

Dix mois plus tard…

Emma s'enfonçait dans la forêt de Storybrooke, balayant le sol du faisceau de sa lampe torche. Le temps était à l'orage et la pluie se mêlait à ses larmes. La sorcière de l'Ouest avait tué Neal. Le père d'Henry. Et leur fils, à cause de la nouvelle malédiction, n'avait plus aucun souvenir des rares moments de complicité partagés avec l'homme qu'il avait brièvement connu. Et, comble du ridicule, la voilà le dos courbé sous la pluie à farfouiller entre les feuilles mortes à cueillir de la cigüe pour une séance de spiritisme à la con.

Emma en voulait de manière irrationnelle à la terre entière. A Regina, qui lui avait effacé la mémoire (même si elle lui avait offert neuf mois de bonheur avec Henry) et dont les leçons de magie viraient au cauchemar. A elle-même, car elle était tombée amoureuse d'un pauvre type qui n'était au final qu'un singe volant au service d'une sociopathe (une de plus). A ses parents qui faisaient preuve d'un espoir niais à vomir. A Gold, qui n'avait pas pu sauver son propre fils, esclave de la folle qui le dirigeait. A Hermione, qui n'était toujours pas revenue alors que la situation était désespérée. Et à cette salope de sorcière de l'Ouest qu'elle allait tuer si elle arrivait à mettre la main dessus.

Aussi, quand elle avait vu un éclair de magie illuminer la forêt, elle n'avait pas hésité à se détourner de la cueillette que Regina lui avait confiée pour venir pourchasser la rousse.

- Je suis seule dans une forêt glauque pour traquer une sociopathe... Pas la meilleure idée de l'année, maugréa la shérif en avançant prudemment. Je ne devrais plus être très loin maintenant.

Effectivement, au détour d'un buisson épineux, elle avisa à quelques mètres un groupe de personnes. Emma se planqua contre un tronc et observa discrètement ce qui se tramait.

"Je ne savais pas qu'elle avait des alliés." pensa-t-elle en comptant quatre femmes et un homme assez âgé.

L'une des femmes, petite par rapport aux trois autres, s'appuyait sur la plus grande. La shérif prit une grande inspiration, ôta la sécurité de son arme, et surgit de sa planque.

- Vous bougez et je vous plombe ! s'exclama durement la blonde. Gardez vos mains bien en évidence !

- Emma ? fit une voix familière.

La shérif braqua le faisceau de sa lampe sur le groupe et retint un cri de surprise.

- Ruby ? Hermione ? fit-elle, stupéfaite, en baissant son arme.

La louve afficha un sourire sincère et alla sauter dans les bras de son amie.

- Bon sang, j'suis contente de te voir ! Tu m'as manquée ! Mais viens par là que je te présente aux petits nouveaux... Voici Merlin !

- Merlin l'enchanteur, enchanté ! fit le vieil homme avec une révérence, son regard clair pétillant de malice.

- Dorothy, poursuivit la louve en désignant une femme aux cheveux noirs ondulés. Et enfin, Rose.

La Rose en question semblait avoir dans les 25-30 ans. Elle avait les cheveux courts, bruns et bouclés, faisait une demi-tête de plus qu'Emma (et quelques kilos de moins, semblait-il) et soutenait sans effort visible une Hermione qui paraissait à bout de force. La Source arborait des cernes qui assombrissaient son visage blême. Elle avait sensiblement maigri et ses cheveux, ternes, lui arrivaient maintenant aux omoplates.

- Bon sang, t'as besoin d'aller chez le coiffeur… Tout va comme tu veux ? s'enquit doucement Emma.

- Faut juste que je dorme, grogna la médecin. Le voyage a été... éprouvant.

- J'imagine. Mais tu étais bien accompagnée. Et tu as trouvé de la famille lointaine, à ce que je vois. Une arrière, arrière, arrière, arrière petite-fille ? finit-elle en braquant le faisceau lumineux vers la dénommée Rose. Bon sang, la ressemblance est flagrante !

Cette dernière claqua fugacement des doigts et une force invisible appuya sur le poignet d'Emma, la forçant à baisser sa main et la lampe torche.

- La lumière dans les yeux, c'est pas agréable, rabroua la jeune femme avant de promener son regard aux alentours. Je vous propose de déguerpir d'ici, cette forêt me fout les jetons.

- Vous n'avez pas vu en arrivant une sorcière rousse avec un grand chapeau noir ? demanda Emma.

- La Sorcière de l'Ouest est ici ? siffla Dorothy en avançant d'un pas.

Ruby la retint par le poignet et déposa un court baiser sur les lèvres de la jeune femme sous le regard abasourdi d'Emma.

- Calme-toi chérie, fit doucement la louve.

Dorothy acquiesça et elle entrelaça ses doigts à ceux de Ruby.

- Et bien, il s'en est passé des trucs, en 10 mois... souffla la shérif.

- Tu n'as pas idée, sourit l'ancienne serveuse. Et de votre côté ?

- C'est... c'est compliqué, murmura la blonde, sentant les larmes revenir. Le retour de la Source tombe bien.

- Ne comptez pas sur elle, shérif. Pas dans l'immédiat, répliqua Rose d'un ton dur que même Merlin ne lui connaissait pas.

- Je ne suis pas en sucre, grommela Hermione d'une voix rauque.

- On le sait tous, ma grosse, mais c'est pas le problème, fit doucement l'enchanteur. Sur ce, marchons vers la civilisation et allons-nous coucher. Et si demain y'a besoin de sorciers pour botter le cul d'une rouquine, Rose et moi sommes là !

- Vous êtes vraiment à la hauteur ? Parce qu'elle est… coriace. Le Ténébreux s'y est cassé les dents, marmonna Emma. Il est même esclave de cette garce.

Merlin se redressa, piqué au vif, et bomba le torse.

- Tu as devant toi Merlin l'Enchanteur et la Dixième Sage, Maître des Chimères… bon, sans chimère, mais quand même. On envoie du lourd. Du très lourd ! Donc un peu de respect, Barbie.

- Ok, ok, vous vexez pas, grommela la Sauveuse.

Elle sortit de sa poche les clés de sa patrouilleuse et contempla les nouveaux venus.

- Euh… j'peux juste prendre trois personnes dans ma caisse.

- On vous laisse ramener Ruby et Dorothy, répondit Rose. 110 rue Mifflin, c'est bien ça ? ajouta-t-elle pour Hermione qui acquiesça.

Merlin posa sa main sur l'épaule de la jeune femme et tous trois disparurent dans un craquement sonore.

- C'est qui cette emmerdeuse ? finit par demander Emma, les sourcils froncés.

- Rose, la fille d'Hermione, répondit Dorothy.

- Hein ? Mais elle est pas sensée être morte depuis… genre… 700 ans ? s'enquit Emma, étonnée, en passant la main dans ses cheveux.

- 788 ans, précisément. Elle a ressuscité y'a deux heures et apparemment, c'était un peu douloureux. D'où sa mauvaise humeur… expliqua Ruby.

Les paroles de son amie se frayèrent un chemin dans l'esprit d'Emma. La résurrection était donc possible ? Se pouvait-il que la Source en fasse de même avec Neal ? Elle sentit l'espoir renaître et se promit de tout faire pour que Neal bénéficie de la même chance que cette Rose.

- Les filles, j'vous ramène chez Granny. Et vous me raconterez comment vous vous êtes rencontrées…

Dorothy et Ruby échangèrent un doux regard et la blonde ressentit une petite pointe de jalousie. Personne ne l'avait regardée comme cela depuis longtemps. Sauf Crochet, mais ses approches n'étaient pas du meilleur goût.

- Ca doit être une histoire mignonne comme tout, ajouta-t-elle en les emmenant en direction de sa voiture. Vous vous êtes vues, vous avez eu le coup de foudre et vous ne vous êtes plus quittées ?

Dorothy prit la main de Ruby et la serra dans la sienne.

- Pas vraiment… Mais notre histoire a son charme.


Aux Enfers, deux heures plus tôt….

Aliénor s'asseyait en tailleur sur le sol de sa chambre, posant un parchemin devant elle. A ses côtés, Minerva allumait cinq bougies qu'elle plaça en étoile autour de Viviane qui semblait décontractée malgré les circonstances. A l'autre bout de la pièce, Rose et Pansy se tenaient la main et chuchotaient à voix basse. La Haute essuyait les larmes qui coulaient sur les joues de la Sage et l'embrassa tendrement.

- Tout ira bien, ne t'inquiète pas. Une nouvelle vie s'ouvre à toi. Pense à toutes les nanas que tu vas pouvoir t'envoyer ! plaisanta l'ancienne Serpentard en serrant sa femme contre elle.

- Tu ne crois quand même pas que je vais te faire ce coup-là ! s'insurgea la rouge et or.

- Pas le premier mois, j'espère… susurra Pansy. Ensuite, fais-toi plaisir ! La vie est courte. Mais on se retrouvera, tu le sais.

- Je n'ai pas envie de te laisser ici, murmura Rose.

- Je pense que te renvoyer sur Terre fera que je partirai de cet endroit pour un monde meilleur ! Maintenant file… car je fanfaronne, mais plus les minutes passent, et moins j'ai envie de te laisser.

Le Maître des Chimères embrassa une dernière fois sa compagne de toute une vie avant de s'approcher de Viviane. Cette dernière lui sourit tendrement et lui prit la main pour la presser sur sa poitrine.

- Dans cette existence, je n'ai pas été à la hauteur. Mais sache que pour moi, tu restes ma fille.

Rose acquiesça sans un mot et se tourna vers son autre mère. Le regard vert de l'ancienne Directrice de Poudlard était troublé, parfait miroir de celui de la dixième Sage. L'Ecossaise posa la dernière bougie et alla serrer fortement sa fille dans ses bras.

- Prends soin d'Hermione. Et empêche-là de faire n'importe quoi…

- Cette promesse va être dure à tenir, M'man.

- Désolée de vous interrompre, mais le temps presse. Nous devons lancer le sortilège, lança Aliénor en se frottant les mains. Viviane, Rose, approchez-vous.

McGonagall dévisagea la Dame du Lac qui s'avançait et eut un petit signe de tête.

- Merci, dit-elle sobrement avant de tendre une fiole à la Sage.

Rose la décapsula et en but d'une traite le contenu.

- Commençons et tâchons de réussir, marmonna Aliénor, tendue. C'était notre seule dose d'ambroisie…

L'ancienne présidente des Conseils relâcha ses épaules avant de poser son regard sur le parchemin. Elle se mit à réciter une incantation dans une langue étrange et, en attaquant le troisième couplet, elle tendit ses mains à Rose et Viviane. Les deux femmes en prirent chacune une et la Dame du Lac eut un sourire émue pour le Maître des Chimères.

- Je serai toujours avec toi, ma fille, murmura-t-elle avant de laisser éclater sa magie.

Aliénor capta le pouvoir qui s'échappait du corps de sa Némésis et, servant de relais, le transmit à Rose.

- Minerva, à vous, fit la Présidente des Conseils.

L'Ecossaise se saisit du parchemin et poursuivit l'incantation, suivant des lignes imaginaires entre les bougies posées au sol. Arrivée à la fin de sa lecture, elle souffla sur chaque flamme, une à une, en scandant une unique formule.

Une fois la dernière bougie éteinte, une lumière vive emplit la pièce, aveuglant les participantes au rituel. Et quand Pansy put rouvrir les yeux, elle découvrit que Rose et Viviane avaient disparu.

- Putain… Ca a marché ? demanda-t-elle, surprise.

Aliénor se frotta les yeux avant de se concentrer, recherchant la magie de sa protégée. Elle finit par esquisser un fin sourire qui rassura Minerva.

- Elle est arrivée à bon port, répondit Aliénor. Maintenant, il ne reste qu'à guider Hermione jusqu'à elle. L'histoire de quelques secondes…

Alors que la quatrième Sage commençait le sort, un portail s'ouvrit devant Pansy. Cette dernière haussa les sourcils avant de s'allumer une cigarette.

- J'crois que c'est l'heure pour moi de vous quitter, mesdames. Et j'espère que c'est pour un endroit fumeur. Min', Ali, je ne vous fais pas la bise, mais le cœur y est.

- File avant de te mettre à pleurer, sourit McGonagall, émue.

- Tu chialeras la première, plaisanta la Serpentard en tirant la langue dans une dernière fanfaronnade.

Elle leur fit un petit geste de la main et franchit le portail qui se referma derrière elle, au moment où Aliénor terminait de guider Hermione et ses acolytes jusqu'au bon univers.

Le silence régnait dans la chambre et les deux femmes s'observaient en silence. Minerva finit par s'asseoir face à l'ancienne reine de France et roula le parchemin pour le glisser dans sa poche.

- Et nous voilà seules, murmura l'animagus.

- Vous et moi, ennemies pendant des décennies, dans notre enfer personnel, répliqua la Sage sur le même ton.

- Et maintenant ? Que fait-on ? s'enquit l'Ecossaise. Le temps va être long jusqu'à la visite d'Hermione en ces lieux.

- On va boire une bière chez la Sorcière aveugle ? proposa la reine. Je vous invite, rassurez-vous.

- Je peux payer, répliqua Minerva.

- J'en doute. Vos gènes écossais vous empêchent de régler une addition...


A Storybrooke…

Regina finissait de préparer sa salle à manger en vue de la soirée qui s'annonçait agitée et étrange. Elle allait enfin confronter sa mère et connaître la vérité sur son histoire familiale compliquée (ce qui était visiblement le lot de tous les habitants de cette fichue ville). Elle soupira, agacée, et disposa soigneusement les tasses à thé sur sa nappe immaculée avant de défroisser un pli d'un geste sec de la main.

Regina en voulait de manière complètement rationnelle à la terre entière. A Emma, qui n'avait pas réussi à rendre la mémoire à Henry (alors qu'elle lui avait offert neuf mois de bonheur avec leur fils). A elle-même, car elle avait échoué à créer la potion qui aurait pu lui rendre ses souvenirs. Aux les Charmants qui faisaient preuve d'un espoir niais à vomir. A Gold, qui n'avait pas pu sauver le père d'Henry, esclave de la folle qui le dirigeait. A Hermione, qui n'était toujours pas revenue alors que la situation était désespérée. Et à cette garce de sociopathe de sorcière de l'Ouest qui lui avait volé son cœur et qu'elle allait tuer si elle arrivait à mettre la main dessus.

Un petit bruit de bouche attira son attention et elle sourit en se penchant au-dessus du cosi posé sur la table basse. Elisabeth, sa fille, agitait ses petites mains potelées tout en tétant dans le vide, ses yeux fermés.

- Elle doit faire un rêve, murmura Robin, attendri.

Le voleur prit la couverture brodée et la positionna sur le nourrisson. Sa manche se releva légèrement, faisant entrevoir le tatouage en forme de lion qu'il arborait au-dessus de son poignet.

- Elle est vraiment très belle, ajouta-t-il doucement.

Regina ne pouvait qu'acquiescer. Sa fille était une merveille (à son image). Mais à chaque fois qu'elle la regardait, la reine ne pouvait que se demander, comment un tel miracle était-il possible ? Après tout, elle s'était arrangée pour être stérile. Et puis, elle était mariée à Hermione. Même si elle n'avait pas de souvenir de ces dix mois écoulés, elle ne se voyait pas tromper son épouse, accueillir un homme sous ses draps et tomber enceinte.

- Je suis flatté que tu m'aies demandé de l'aide, reprit Robin. Surtout après le fiasco de ce matin. Je suis vraiment désolé que Gold ait récupéré ton cœur.

- Ne t'en veux pas, tu n'aurais rien pu faire face au Ténébreux, et la vie de ton fils passe avant tout, répondit Regina en passant un chiffon sur les dossiers des chaises. Ce soir, ça devrait être plus calme. Je vais seulement créer un vortex pour discuter avec ma défunte mère.

- Seulement, répéta le voleur, amusé. En tout cas, pendant que tu... discuteras, je veillerai sur ta fille.

- Merci Robin, répondit machinalement la reine, l'esprit déjà ailleurs.

Son regard se porta à nouveau sur sa fille et la couverture qui la bordait. Une couverture en laine blanche sur laquelle était brodée "Elizabeth Mills" en fil de couleur bleu nuit. L'œuvre de Blanche Neige. Mais même sans cette indication, la reine avait su au premier regard que le nourrisson qu'elle tenait dans ses bras à son réveil dans son manoir était son enfant. Les cheveux sombres, les traits fins, le teint légèrement halé de sa peau étaient siens. Seuls les yeux d'une couleur noisette et la forme du petit nez ne venaient pas de sa famille. Et pouvaient ressembler aux traits de Robin. Elle chassa cette pensée incongrue de son esprit et regarda sa montre avant de pousser un soupir exaspéré.

- Mais que fait Emma ? J'ai besoin de la cigüe pour préparer la potion ! Elle est incapable d'exécuter une simple consigne dans les délais impartis.

Son téléphone portable posé sur un guéridon sonna et la souveraine s'empressa de décrocher en découvrant que le numéro de la shérif s'affichait.

- Où êtes-vous ? pesta d'entrée la brune. Pardon ? Parlez moins vite, je ne comprends rien à votre charabia.

Les paroles qu'elle finit par comprendre la scotchèrent sur place. Elle blêmit subitement, ouvrit la bouche mais ne trouva rien à dire. Sans un mot, elle acquiesça, oubliant que son interlocutrice ne pouvait pas la voir, et raccrocha.

- Robin, je reviens de suite, peux-tu surveiller Elizabeth ?

- Bien sûr, mais que se passe-t-il ? s'enquit le voleur. Tu es toute pâle...

L'ancienne maire secoua la tête et finit par afficher un sourire.

- Apparemment, nos soucis sont finis. Zelena ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir, fit-elle avant de courir hors de sa maison.

Une fois sur le perron de la demeure voisine, la reine sonna vigoureusement et attendit impatiemment, tapant du pied à chaque seconde qui passait. Cependant, quand la porte s'ouvrit, elle ressentit une immense déception. C'était un vieil homme qui se tenait sur le pas de la porte et non son épouse. Emma Swan allait payer de sa vie cette ignoble farce.

- Qui êtes-vous ? Et qui vous a donné la permission d'entrer dans cette maison ? attaqua d'emblée la reine.

L'inconnu dévisagea l'ancienne maire comme si elle sortait un autre monde avant qu'un sourire éblouisse son visage.

- Rose ! appela-t-il en tournant son visage vers l'intérieur. Y'a la dernière en date d'Hermione qui est là ! Tu gères ? J'vais me coucher...

Regina sentit la fureur l'envahir et fit un pas en avant, prête à lancer un sort au grossier personnage. Mais ce dernier disparut dans la maison pour laisser apparaître une jeune femme qui laissa l'ancienne maire bouche bée. Finalement, il se pouvait que la shérif reste en vie. Quelques minutes de plus, du moins.

- Rose Granger, reconnut la souveraine. Mais comment est-ce possible ? Où est Hermione ?

- Bonsoir Madame Mills, commença la jeune femme en l'invitant à entrer. Je devine que vous êtes impatiente de voir ma mère, mais elle se repose et je serai contrariée de la déranger. Aussi, je peux vous proposer de repasser un peu plus tard, voire demain matin.

- Elle dort ? Elle revient après dix mois d'absence et au lieu de venir me voir, elle dort ? s'étouffa la reine en pénétrant d'autorité dans la maison, poussant de l'épaule sa belle-fille. J'exige de la voir !

- Demain matin, répéta posément Rose, se mettant entre la souveraine et l'escalier. Je préparerai le café. Autre chose, votre Majesté ?

Regina fronça les sourcils, agacée par le comportement de la jeune femme.

- Pourquoi n'est-elle pas rentrée chez nous ? questionna-t-elle encore.

- J'ai jugé plus prudent de la coucher chez elle, malgré ses protestations.

- Plus prudent ? Sous-entendez-vous que je suis une menace ? siffla la souveraine.

- Pour son sommeil, oui, répliqua Rose, affable.

Cette dernière désigna la porte d'entrée de la main, tout en continuant de bloquer l'accès aux escaliers. Cependant, Regina ne l'entendait pas de cette oreille.

- Qui est l'homme peu avenant et irrespectueux qui m'a ouvert ? demanda-t-elle sèchement.

- Merlin l'Enchanteur.

- Je ne suis pas d'humeur alors ne vous moquez pas de moi, grinça l'ancienne maire.

- Je vous assure que c'est Merlin l'Enchanteur, premier Sage auprès de la Source.

- Et bien, elle ne sait pas s'entourer, lâcha froidement la souveraine.

Le regard vert s'assombrit et Rose fit un pas en direction de sa belle-mère.

- Les conseils de la Source étaient composés d'illustres sorciers qui vous auraient tué juste en clignant des yeux. Merlin est certes grossier et potache mais n'allez pas le sous-estimer ou l'insulter devant moi.

Regina allait faire à nouveau une remarque acerbe qui aurait réduit Merlin à l'état de bouse de troll vaguement écartée de la pointe de ses Louboutins lorsque l'évidence la frappa. Elizabeth avait une forte ressemblance avec Rose si on oubliait la couleur des yeux et des cheveux. Le nez, les pommettes, la forme du menton...

- Hermione ne voudra sûrement pas attendre demain matin pour rencontrer sa dernière-née, fit remarquer la reine d'une voix doucereuse. Et je n'attendrais certainement pas demain matin pour qu'elle m'explique par quel miracle j'ai pu d'une part être enceinte, et d'autre part d'elle.

- M'man H est encore maman ? Oh putain... murmura Rose sous le choc.

Elle passa sa main dans ses cheveux bouclés, hésitant visiblement entre laisser sa mère dormir ou accéder à la requête de la brune. La souveraine profita de la réflexion de la Sage pour la contourner et s'engager dans les escaliers. Mais alors qu'elle posait le pied sur la première marche, elle sentit une magie puissante l'entourer et la retenir.

- Je ne souhaite pas vous contraindre et j'espère que vous allez m'écouter, fit fermement Rose. Je sais que vous avez hâte de la retrouver, mais que sont les quelques heures que je vous demande de lui accorder pour qu'elle soit ... reposée ? Vous savez, à son âge, le décalage horaire, ça épuise.

La reine s'était lentement tournée pour faire face à la brunette.

- Ne me prenez pas pour une imbécile. Le décalage horaire ? Foutaises. Vous me cachez quelque chose et j'exige de savoir ce que c'est.

Une lueur inamicale s'alluma dans le regard vert devant laquelle l'ancienne maire afficha une détermination inébranlable.

- Pensez-vous être en position d'exiger quoi que ce soit ? demanda la Sage.

- Autant que vous de me l'interdire, contra la reine.

La dixième Sage Sage Sage s'adossa contre un mur et croisa les bras sous sa poitrine.

- Ma mère a été contaminée par un bout d'âme de l'Initiale dans sa forme primitive. Elle doit rester constamment concentrée pour contrer les attaques de son parasite et cela la fatigue énormément. Si vous déboulez dans sa chambre pour lui apprendre sa nouvelle parentalité, elle ne sera pas apte à accepter la bonne nouvelle que cela représente.

La nouvelle altéra la lumière dans les yeux de l'ancienne maire.

- Je peux sûrement faire quelque chose pour l'aider. Dites-moi ce qu'il faut chercher. Je refuse de la laisser seule face à cette folie.

- Pas de panique, nous avons l'habitude, M'man H et moi. Nous avons affronté cette situation pendant plus d'une décennie.

La réponse n'eut pas l'effet escompté, si tant est que Rose ait espéré rassurer sa belle-mère. Regina se sentait non seulement démunie, mais aussi inutile. Exactement comme lorsque la dernière malédiction lui avait pris tout ce à quoi elle tenait. La colère qui lui avait tenu compagnie ces derniers jours reprit sa place dans son cœur.

- Ca suffit ! gronda Regina. Je ne suis pas comme les anciennes compagnes d'Hermione. Vous ne m'écarterez pas comme les sorcières dociles et inutiles qui sont passées dans sa vie. Aussi, je vais monter la voir et examiner le problème avec elle à la recherche d'une solution.

Le pouvoir de Rose enfla dans l'entrée en même temps que sa fureur.

- Reparlez une fois de M'man M en ces termes et je vous casse la gueule. N'oubliez pas que votre mariage n'aurait jamais eu lieu si ma mère n'avait pas été menacée d'être expulsée du pays.

La vérité nue énoncée froidement par la Sage cingla l'amour-propre de Regina, faisant une nouvelle fois chanceler ses convictions.

- Votre mère avait bien des façons de régler ce désagrément, se reprit-elle. Et elle a choisi de m'épouser, n'en déplaise à votre fidélité filiale. Je ne vous demande pas de m'aimer, vous pouvez même me détester si ça vous simplifie la vie, cela m'est complètement égal. Mais ne venez jamais vous imposer entre Hermione et moi.

Des bruits de pas se firent entendre à l'étage et, après avoir échangé un regard froid, Regina grimpa les marches jusqu'au palier, suivie comme son ombre par la Sage. Hermione se tenait dans le couloir, s'appuyant à un mur. Elle avait les cheveux attachés en une queue de cheval approximative et son pyjama, un simple short complété d'un débardeur, paraissait trop grand pour elle.

- Je vois que vous avez fait les présentations, fit la Source avec un sourire fatigué.

La reine fit rapidement, mais élégamment, les derniers pas qui la séparaient de sa femme pour la prendre dans ses bras et l'embrasser.

- Tu m'as tellement manquée, souffla-t-elle dans son cou, oubliant de faire preuve de la retenue tant vantée par sa propre mère. Tu nous as tellement manqués.

Hermione lui rendit son baiser avant de blottir sa tête dans le cou de son épouse.

- Toi aussi, mon amour, chuchota la brunette.

- Qu'est-il arrivé à tes beaux yeux noisette ? murmura l'ancienne reine.

- Un effet secondaire de l'horcruxe... répondit l'Anglaise. Mais ce n'est pas important. Je suis contente d'être rentrée. Tout va bien ? demanda-t-elle en glissant un regard vers Rose qui était restée au bas des marches.

- Tout va aller de mieux en mieux maintenant, lui sourit Regina en la soutenant. Il faut que tu viennes chez nous. Je dois te présenter Elizabeth, ta fille. Et surtout, tu dois assister à une séance de spiritisme.

- Ma fille ? répéta Hermione, interloquée.

- Pas de magie ! pesta Rose. Il n'en est pas question !

- Elle ne jettera pas de sort, je m'en chargerai. C'est juste que le sort sera plus efficace si la meurtrière de ma mère est présente.

- Non mais c'est une blague ! M'man, retourne te coucher ! ordonna la dixième Sage.

- Tout va bien, ma chérie, fit Hermione, rassurante. Ca fait longtemps que je n'ai pas vu de verres qui bougent tout seul. Viens, ça sera amusant ! Et puis, on va rencontrer ta petite sœur !

Rose secoua la tête, agacée.

- Tu ne veux pas être raisonnable, fort bien ! Mais je refuse d'assister à ça. Et s'il se passe une catastrophe, pas la peine de m'appeler ! fit-elle en descendant les escaliers pour gagner l'entrée. Je vais prendre une chambre chez Granny. Bonne nuit.

- Rose, attends ! lança la Source, sans effet.

La porte de l'entrée claqua violemment, faisant grimacer la souveraine.

- Désolée, mais elle est un peu à cran, la résurrection, c'est douloureux, à ce qu'il paraît... fit doucement Hermione.

- Ne t'inquiète pas, je comprends. Tu veux que je demande à Emma de la récupérer en chemin et de la ramener chez nous ?

- On va lui laisser le temps de se calmer. Mais si je n'ai pas de nouvelles après la séance de spiritisme, on lâchera la Sauveuse.


Et voilà le travail !

Alors ? Ca vous a plus ? N'hésitez pas à nous le dire !

Et n'oubliez pas d'aller voter ce week-end !

Bisous,

Link9 et Sygui